Un exemple d’enquête sur l’activisme vegan

La mise en place de la « cellule Déméter » du côté de la gendarmerie ne doit pas masquer le fait qu’il s’agit, en réalité, d’un processus général. Voici un exemple avec un petit compte-rendu, avec quelqu’un de convoqué et ayant subi un coup de pression.

Naturellement, nous appelons à ne procéder à aucune recherche pour savoir qui est concerné, quand et où cela s’est déroulé, de quelle action il s’agit, etc. Ce serait une erreur contribuant à encore plus faire diffuser des informations qui n’ont pas lieu de l’être.

Comme on le voit en effet, l’État fait son travail et on sait bien qu’il n’a pas comme orientation le véganisme, la défense des animaux. Il veut simplement que les choses restent telles qu’elles sont et surtout pas qu’il y ait du remue-ménage. Il procède donc à des surveillances et, bien évidemment, profite des réseaux sociaux.

Il effectue des enquêtes, des coups de pressions et tente de retourner des gens. On peut se douter également qu’il est procédé à des infiltrations.

Maintenant, sans être paranoïaque, la question est forcément la suivante : combien de coups de pression de ce type ont déjà eu lieu ? Dans quelle mesure cela a-t-il réussi ?

Il y a lieu de s’inquiéter. Il n’est pas évident de résister à la pression d’une convocation ou à la répression. Il faut pour cela un état d’esprit fort, une détermination intellectualisée. Cela ne s’improvise pas. Les idées ne suffisent pas, ni même la bonne volonté : il faut être formé, pas tant pour oser faire opposition que maintenir cette opposition.

Être vegan et vouloir la défense des animaux, c’est bien. Rester vegan et continuer à vouloir la défense des animaux, c’est mieux… et c’est autre chose.

Ce qui aboutit même à une seconde inquiétude. Les gens ne restant pas, le mouvement de défense des animaux ne se structurant pas, il n’y a pas de capacité à recenser les faits de ce type, à les évaluer, à les analyser, à transmettre tout un bagage. Il faudrait un mouvement qui parte d’en bas, qui soit démocratique, avec une agrégation des structures par affinité.

On n’a pas cela, seulement des groupes le plus souvent éphémères faisant des réseaux sociaux l’alpha et l’oméga de leur existence.

Il y à ce titre triplement lieu de s’inquiéter. Il ne s’agit en réalité pas de savoir si le sabotage de miradors de chasse et de piège à corbeaux, sont des actions justes ou pas, ou bien si c’est juste mais qu’il y a mieux à faire, etc. Il s’agit déjà tout simplement de savoir si la défense des animaux, au sens le plus large, doit être influencée, orientée, dirigée par l’État, ou pas.

Veut-on un mouvement pour la défense des animaux avec des gens au milieu aux mains de la police, poussant les choses dans un sens plutôt que dans un autre, en toute opacité ?

Il y a comme on le voit 10 000 questions sur la table et pas de perspective pour y répondre encore. Alors, que faire ? Savoir que ce compte-rendu existe. Ne pas chercher à savoir d’où il vient, ni s’il est vrai. Simplement le prendre en compte, en l’évaluant selon sa propre expérience, au sein de son réseau fermé.

Et ne pas céder à la tentation des réseaux sociaux, pour se tourner vers les gens concrets et, au-delà, avant tout, vers les animaux réels, qui ont besoin d’aide, maintenant !

Les implications de la « cellule Demeter »

Déméter est la déesse grecque de l’agriculture et des moissons ; c’est le nom choisi par l’État pour sa « cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole ». Elle vient d’être annoncée par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner (le 13 décembre) et dépend de la gendarmerie qui l’a mise en place le 3 octobre.

Les vegans sont les premiers concernés, non pas car ils volent des tracteurs pour les collectionner comme le raconte Valeurs Actuelles il y a peu, mais de par la signification de ce dispositif. Il s’agit en effet :

a) de bloquer l’activisme visant à filmer les élevages, d’en parler, etc. ;

b) de bloquer l’activisme visant à bloquer les élevages, en mode « désobéissance civile » ;

c) de criminaliser les activistes opérant depuis la clandestinité, en premier lieu l’ALF.

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, présente lui-même la chose de manière on ne peut plus parlante :

« Depuis quelques années, un phénomène grandit, inacceptable. De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes. Des individus s’introduisent dans leurs exploitations agricoles et les bloquent. Ils font des films aux commentaires orduriers, avant de jeter les exploitants en pâture sur les réseaux sociaux. Parfois même, les intrus dégradent, cassent et volent.

En se multipliant, certains actes confinent à l’absurde. Je pense à ces militants animalistes responsables de la mort de plus de 1 400 animaux dans l’Eure pour leur avoir fait peur en s’introduisant dans un élevage de dindes.

Ces phénomènes, nous devons les prendre très au sérieux : ils gâchent la vie des agriculteurs, inquiets chaque jour de savoir ce qui peut leur arriver. Ils nourrissent l’agribashing, la défiance et l’hostilité. »

Mais il faut donc ajouter un autre point essentiel à ceux mentionnés plus haut :

d) de fusionner éleveurs et agriculteurs (cultivant la terre) – deux activités séparées – en un seul bloc promouvant le « terroir ».

L’opération a ici une immense portée culturelle. Il faut d’ailleurs ajouter les chasseurs, puisqu’il s’agit vraiment de former un bloc éleveurs – agriculteurs (cultivant la terre) – chasseurs. En pratique, cela ne peut être contré que lorsque les vegans diront, de manière fort logique, que les agriculteurs cultivant la terre ont tout à gagner à un pays végétalien. Il y a ici une réflexion à mener.

Il y a surtout une conséquence très importante, qu’il faut bien saisir. Voici ce que dit le ministre de l’Intérieur :

Créée au sein de la Gendarmerie nationale, la cellule Demeter va permettre :

– d’améliorer notre coopération avec le monde agricole et de recueillir des renseignements ;

– de mieux connaître les groupes extrémistes à l’origine des atteintes et de pouvoir anticiper et prévenir leurs actions ; 

– de pouvoir gagner en efficacité par des actions et des enquêtes mieux coordonnées. 

Cela implique des enquêtes approfondies sur le mouvement végan, des infiltrations, le recueillement de renseignements complets à tous les niveaux, etc. Si nous n’avons jamais utilisé Facebook, c’est justement pour éviter une telle situation. Avec Facebook, nous aurions démultiplié notre écho, mais nous aurions grillé tous les sympathisants de la libération animale. Ce qu’ont fait et ce que font ceux pour qui Facebook est le moyen absolu de communiquer pour agir.

Il faut bien ici comprendre que de par l’amplitude des tâches dévolues à la cellule Demeter, il y aura désormais l’enregistrement officiel de tous les messages postés sur les réseaux sociaux concernant la question animale au sens le plus large.

Avant, cela était bien entendu fait également, mais là ce sera fait légalement, avec tous les moyens publics officiels. Avec le terme « anticiper » et ceux de « mieux connaître », tout est permis, tout le monde va être surveillé de près, autant bien entendu que c’est techniquement possible.

Concrètement, si tel ou tel message donne prétexte à suspicion, il pourra y avoir écoute téléphonique, accès aux mails, filatures, à quoi s’ajoutent des tentatives d’infiltration, etc.

Voici d’ailleurs la présentation en mode blabla incompréhensible expliquant que les informations seront partagées à tous les niveaux étatiques :

La « Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole » (cellule DEMETER) est destinée à apporter une réponse globale et coordonnée à l’ensemble des problématiques qui touchent le monde agricole en menant  collégialement les actions dans les 4 domaines :

– de la prévention et de l’accompagnement des professionnels du milieu agricole par des actions de sensibilisation et de conseils destinées à prévenir la commission d’actes délictueux, en lien avec les organismes de représentation du monde agricole (SDSPSR) ;

– de la recherche et de l’analyse du renseignement en vue de réaliser une cartographie évolutive de la menace et détecter l’émergence de nouveaux phénomènes et/ou groupuscules (SDAO en coordination avec SDPJ) ;

– du traitement judiciaire des atteintes visant le monde agricole par une exploitation centralisée du renseignement judiciaire, un partage ciblé de l’information et une coordination des investigations le nécessitant (SDPJ) ;

– de  la  communication,  en valorisant  opportunément  toutes  les  actions  menées  dans  ces  différents domaines par la gendarmerie au nom de la cellule DEMETER et par des actions ciblées destinées à rassurer le monde agricole par la prise en compte de ses problématiques par les forces de l’ordre (SIRPA).

Il est ici parlé par exemple de la SDAO. La SDAO, c’est la sous-direction de l’anticipation opérationnelle, c’est-à-dire les « services secrets » de la gendarmerie. La SDAO travaille évidemment de manière étroite avec le « Service Central du Renseignement Territorial », au sein de la « Direction Centrale de la Sécurité Publique » de la « Direction Générale de la Police Nationale ».

Pour dire les choses plus directement, il s’agit ici de structures dévolues à l’antiterrorisme notamment et disposant de moyens illimités. Si par exemple quelqu’un fait une action illégale, prend une photo et l’envoie, cette photographie sera décortiquée afin de voir son « empreinte » graphique et il sera recherché en ligne d’autres photos avec la même empreinte, ou bien un infiltré fera en sorte de se faire envoyer des photographies par une personne suspectée, histoire de vérifier.

Naturellement, les vols seront une thématique de la cellule Déméter… et même dans les faits sa principale activité. Mais la lutte contre la cause animale est ouvertement mise sur le même plan, ce qui est présenté comme suit :

« Le périmètre de compétence de la Cellule DEMETER englobe la prévention et le suivi :

– des actes crapuleux, qu’il s’agisse d’une délinquance de proximité et d’opportunité (ex : vol isolé de gasoil ou d’outillage,etc.) ou d’une criminalité organisée voire internationale (ex : filière de vol de GPS agricole, etc.) ;

– des actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques. »

Il y a d’ailleurs une petite liste d’exemples d’actions et cela de la destruction de miradors aux free parties. On notera par contre, chose terrible, que la libération d’animaux est placée comme « action symbolique ». Les antispécistes sont ici les responsables de cela, en défigurant la lutte historique avec leur manie sans perspective du « témoignage ».

– les violations de domiciles ou intrusions visant des exploitations agricoles ou des professionnels de l’agro-alimentaire  aux  fins  d’y  mener  des  actions  symboliques  (libération d’animaux, tournage de vidéos clandestines,etc.) ;

– les  occupations  illégales  de  terrains  agricoles  aux  fins  d’installation  temporaire  par  des  groupes constitués de gens du voyage ou d’organisation d’événements festifs non autorisés (free-parties) ;

– les dégradations commises à l’encontre de certains professionnels liés aux milieu agricole ou agro-alimentaire (boucheries, abattoirs, activités de transport d’animaux d’élevage, etc.) ;

– les actions anti-fourrure liées à des élevages spécifiques ;

– les actions menées par certains groupes antispécistes vis-à-vis du monde de la chasse, intimement lié au monde agricole (impact de la régulation cynégétique sur la protection des cultures, identité rurale, etc.) peuvent être intégrées à la cellule DEMETER en fonction des circonstances.

Ce qui est d’autant plus grave, dans toute cette histoire, c’est que la gendarmerie nationale assume ouvertement d’avoir fait une convention de partenariat avec la FNSEA/JA. L’État assume de faire un partenariat avec un syndicat professionnel, tout en se prétendant neutre… voilà qui en dit long. Et c’est un argument qui sera à utiliser en cas d’accusation. L’État a choisi son camp et ne peut pas prétendre le contraire, comme le montre cette « convention ».

La présentation de la cellule Déméter contient également un exemple d’une telle opération « approfondie ».

A cela s’ajoute que la structure est étatique mais para-légale :

La Cellule DEMETER est une structure :

– fonctionnelle, n’imposant pas de mise à disposition co-localisée des personnels des entités impliquées  ;

– permanente afin d’assurer néanmoins un suivi constant de la problématique.

Elle est un réseau de référents (titulaire/suppléant) spécifiquement chargés, au sein de leurs sous-directions ou services, de la centralisation et de l’analyse des informations.

Ce n’est donc pas un service spécifique, qu’on pourrait évaluer. C’est une structure para-légale : elle est mise en place, mais au sein du reste, de manière non officielle, invisible. Cette structure est pourtant « permanente » et cependant, en même temps… elle n’existe pas. On ne peut donc pas lui rendre des comptes, en parler comme institution, car ce serait simplement quelque chose de transversal, etc.

C’est le degré zéro de la démocratie, ce qui n’est guère étonnant, puisque la gendarmerie, c’est une organisation de type militaire. Cela veut dire qu’une surveillance non seulement accrue, mais professionnelle et aux moyens militaires, attend désormais les végans. Et que personne ne pourra légalement avoir un regard déçu. Seule la gendarmerie et le sommet de l’État le pourra.

Cela ne dérangera nullement ceux pour qui être vegan c’est rester dans son coin à broyer du noir en se disant qu’on ne peut rien faire ou bien à signer des pétitions de L214 en s’imaginant faire quelque chose.

En apparence du moins, car dans les faits, la pression va commencer à devenir réellement intense.

Cela va être le début du reflux.

La tension qui va s’imposer va littéralement aplanir le mouvement pour les animaux. Car on ne contourne pas l’Histoire comme cela. Le véganisme date des années 1980-1990, voilà la vérité. Nier cela et s’imaginer que le véganisme était « nouveau », que la victoire allait être à court terme et facile, par les pétitions et la désobéissance civile, tout cela était prétentieux, vain, trompeur, mensonger.

C’est maintenant que la bataille va commencer. Et il n’y aura pas de compromis dans la défense de notre mère la Terre !

Verdict du procès des antispécistes de Lille

Il fut un temps où le fait d’être vegan en France suscitait une incompréhension, surtout que le mot n’était même pas connu. L’incompréhension est une chose mauvaise bien entendu, mais il y a pire : c’est l’indifférence. Et c’est là où nous amène l’esprit consumériste bobo et « l’antispécisme ».

Car la France est un pays ultra-moderne, avec une économie extrêmement puissante. Elle a largement les moyens d’avoir une petite minorité désobéissante sur certains principes, et cela d’autant plus que, finalement, cela renforce le libéralisme et de nouvelles formes de consommation.

C’est pour cela que l’émergence du véganisme en France est un échec complet. Arrivé avec 20 ans de retard dans notre pays, le véganisme a été happé par les bobos et le sentimentalisme infantile. On ne peut plus ouvrir un magazine féminin sans y avoir l’éloge de tel ou tel produit vegan, alors que les commerces et les restaurants font du véganisme un argument de mode, de modernité.

Quant à l’antispécisme qui croit avoir découvert quelque chose, il se réduit de plus en plus à une sorte de néo-anarchisme, soit tolstoïen comme Aymeric Caron, soit propagandiste par le fait comme « 269 » ou, donc, les fameux antispécistes peinturlurant « stop spécisme », cassant des vitrines, voire mettant le feu.

Il faut bien parler ici de propagande par le fait, car les accusés du procès de Lille ont bien souligné qu’ils visaient à « visibiliser » la lutte. Ce qui n’a rien à voir avec, donc, une lutte qui vise à avoir un effet sur la société, au-delà du symbole.

L’ALF, par exemple, n’a jamais été une organisation utilisant le principe de la propagande par le fait. Cela a toujours relevé soit d’une libération directe d’animaux, soit d’une attaque à des intérêts économiques bien précis, dans un plan d’ensemble.

C’est important de le souligner, car le néo-anarchisme, cela fait du bruit mais tout le monde s’en moque. Et on le voit avec l’extrême mansuétude et le timing du procès des « antispécistes » de Lille, qui n’aura été que pour les médias qu’une petite anecdote pittoresque.

Le verdict est en effet tombé le lundi 8 avril 2019. Cela donne la chose suivante :

– C. : 18 mois de prison, dont 10 ferme, mise à l’épreuve de trois ans ;

– M. : 15 mois de prison, dont 6 ferme, mise à l’épreuve de trois ans ;

– E. : mise à l’épreuve de trois ans, mise à l’épreuve de trois ans ;

– J. : mise à l’épreuve de trois ans.

Il n’y a pas eu de mandat de dépôt, ce qui signifie que les deux condamnés à la prison ferme sont ressortis libres et qu’elles devront voir en mai 2019 comment leur peine va être mise en place. C’est très intelligent, car il va se poser la question de l’accessibilité à une alimentation végétalienne pour les personnes emprisonnée. Ici la question est repoussée, noyée dans les détails administratifs. L’État français a ici très bien joué la carte de la neutralisation de tout antagonisme.

Le tribunal a également demandé l’indemnisation des victimes pour les préjudices subis, à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros, cependant on ne saura qu’en décembre 2019 quelles sommes seront à verser aux parties civiles.

Là encore, c’est très bien tourné, puisque cela empêche une actualité de l’information à ce sujet. Bien que, de toutes façons, le procès de Lille a été pratiquement oublié par les médias, alors qu’au moment où les vitrines étaient brisées, cela faisait une grande actualité nationale. Mais c’est là le propre de la propagande par le fait d’agiter vainement, sans résultat au bout.

Les personnes condamnées ne savent pas encore si elles vont faire appel, ce qui est logique, car de par la situation actuelle, le rapport de forces, leurs aveux, ces peines sont les plus faibles qu’elles auraient pu obtenir.

Il y a naturellement l’épée de Damoclès de la somme à rembourser, mais on aura compris qu’il s’agit là d’un moyen pour l’État de faire pression sur ces personnes, afin qu’elles « rentrent dans le droit chemin » individuellement, et également de voir à quoi ressemble la situation dans six mois, pour savoir s’il faut cogner ou pas une éventuelle activité « antispéciste ».

Cela montre la toute-puissance de l’État, qui a balayé cette affaire « antispéciste » d’un revers de la main, comme un simple fait-divers bruyant, mais sans aucun impact sur la société, tout en organisant l’intégration de cette vague de violence au moyen d’un dispositif juridique bien rôdé.

Naturellement, si les « antispécistes » avaient assumé leurs actes, s’ils avaient levé le drapeau de l’ALF, là tout aurait été différent. On aurait eu un engagement inébranlable et décidé, avec un horizon bien déterminé, un état d’esprit facile à cerner, une démarche facile à comprendre.

Là, la situation se serait renversée et cela aurait été un véritable manifeste pour la libération animale. Cela aurait fait vaciller l’idéologie dominante, cela aurait galvanisé les activiste, cela aurait présenté un horizon très clair.

Figure de l’ALF, puis de l’ARM, Barry Horne est un exemple d’opiniâtreté et de politisation de ses procès.

Cependant, c’est là de la politique-fiction, dans la mesure où ce n’était pas d’actualité à Lille. Les « antispécistes » méprisent ce qu’il y a eu avant leur apparition récente, au point d’ailleurs que pour eux rien n’a existé avant eux.

Aymeric Caron a d’ailleurs répondu il y a peu de temps de cela à une critique d’un végétarien, Hugo Clément, qui vient de publier un ouvrage : « Bon, ben heureusement que t’es arrivé Hugo ». Sauf qu’Aymeric Caron a fait exactement la même chose, débarquant en prétendant tout découvrir, en niant par conséquent tout ce qu’il y avait avant lui, en profitant de son aura de beau gosse passant à la télévision…

C’est bien le problème : déconnecté de l’amour pour les animaux d’un côté, d’un engagement pour objectif très clair de l’autre (la libération animale!), les antispécistes vivotent en se racontant des histoires, en niant la société. Ils sont une expression immédiatiste et sans envergure, et ils n’assument pas, parce qu’ils ne peuvent pas assumer, parce qu’ils ne savent même ce qu’il y aurait à assumer !

Les « antispécistes » sont en fait les gilets jaunes du véganisme : ils ont le même rapport aux idées, à l’organisation, à l’histoire de la lutte, et c’est un rapport inexistant. Les « antispécistes » sont comme les gilets jaunes : ils pensent qu’il y a une sorte de déluge, et qu’ils arrivent dans un monde neuf, n’ayant jamais existé, qu’ils seraient les seuls à comprendre.

Pure illusion ! Car les antispécistes ne sont que le sous-produit sociologique du triomphe de l’exploitation animale, de sa généralisation. Ils n’ont aucun recul, aucune continuité, simplement du volontarisme véllétaire, aboutissant à des choses marquantes mais sans effet.

D’où un procès qui n’aura été qu’un fait-divers, sans dimension politique, sans envergure nationale. Une anecdote réglée administrativement par l’État qui siffle la fin de la récréation. Tout est neutralisé, aseptisé.

Naturellement, la Fédération des Bouchers – Charcutiers du Nord est par contre déçue de son côté. Elle espérait que cela aille plus loin. Car les partisans de l’exploitation animale savent que, par définition, les choses ne peuvent pas en rester là. Ils auraient donc bien aimé avoir comme ennemis des « antispécistes » sans envergure, anthropocentristes, socialement marginalisés, incapables d’assumer leur combat au tribunal.

Voici le communiqué de la la Fédération des Bouchers – Charcutiers du Nord.

Les partisans de l’exploitation animale auraient largement appréciés avoir une série de petits procès de ce type, non pas pour assécher le terrain au maximum, mais au contraire pour le remplir d’antispécistes, cet ennemi qui ne menace rien. Au grand désespoir des bouchers et charcutiers, éleveurs et chasseurs… ils vont s’effacer, bien trop vite !

Afin de laisser la place à une vraie démarche d’affrontement pour la libération animale, de manière ancrée dans la société, portant un projet écologiste d’ampleur par la reconnaissance de la Nature. Une lutte à la fois sans compromis, mais cherchant et trouvant des brèches pour mobiliser la population, pour renverser d’un côté, produire une nouvelle culture de l’autre !

« Les animaux n’ont personne à part nous, nous ne les abandonnerons pas. » (Barry Horne)

Le « terroir » en guerre contre AVA

Les opposants à la chasse à courre rencontrent une opposition qui compte bien rassembler tous ceux qui sont selon nous vraiment affreux : les chasseurs, les bouchers, les éleveurs, les partisans acharnés du terroir, etc. Et ils sont acharnés, vraiment acharnés ; en voici quelques exemples concrets.

Rappelons l’importance du moment, puisque nous arrivons à la fin de la saison de chasse à courre. Celle-ci est devenue un vrai abcès de fixation, les chasseurs faisant tout ce qu’ils peuvent pour la protéger. L’année dernière, AVA avait conclu une année de lutte par une rassemblement de mille personnes à Compiègne, et cela est resté en travers de leur gorge.

Cette fois, la « grande fête pour célébrer le retour du printemps et la fin de la barbarie dans nos forêts » se déroule dans pas moins de quatre endroits :

➡ CASTELNAU-DE-MONTMIRAL (81)
https://www.facebook.com/events/630452914062142/

➡ PAIMPONT (35)
https://www.facebook.com/events/2058111597630303/

➡ PONT-SAINTE-MAXENCE (60)
https://www.facebook.com/events/399881824094636/

➡ RAMBOUILLET (78)
https://www.facebook.com/events/925073987883666/

AVA bye bye! la chasse à courre

Comprenant qu’il y a là une opposition démocratique qui porte en elle des valeurs les condamnant, les fanatiques du terroir et des valeurs anciennes, dépassées, reprennent la bonne vieille méthode éprouvée en 1871. Déjà, au moment de la Commune de Paris, la France profonde était poussée à la panique, avec la dénonciation des ultras qui depuis les villes comptent détruire tout ce qui compte vraiment… et surtout porter atteinte à la propriété privée.

Le parallèle n’est pas du tout erroné, malgré son côté ancien. Si l’on prend mai 68, c’est la même chose qui s’est passé. Après le mouvement étudiant et la grande grève à l’échelle du pays, cela a été un raz-de-marée électoral en faveur de la Droite. La France profonde, enchaîné à son style de vie individualiste, a fait face à une grande frayeur.

Ce tract dénonciateur caricaturant AVA montre que c’est vraiment le fond de la stratégie des chasseurs : faire peur au pays.

Fake news de la Société de Vénerie

Voici le texte de présentation d’une initiative en Bretagne. Elle vise à manifester le 30 mars également, directement contre AVA, en défense de la ruralité et des traditions. Les « néo-ruraux » y sont dénoncés, qui ne supporteraient pas le « carillon » d’une église ! Et le texte se conclut par un appel à boire une bière « du pays ».

C’est là un discours classiquement pétainiste : la terre ne ment pas, des étrangers à notre terre viennent démanteler nos valeurs, il faut donc d’autant plus se tourner vers notre terroir, etc.

C’est donc un vaste front qui tente de se mettre en place. Voici l’appel de Rambouillet, destiné aux veneurs, aux chasseurs à tir, aux agriculteurs, aux éleveurs, aux bouchers, charcutiers, etc.

« Rassemblement festif et solidaire des amis de la chasse et de la ruralité »

Qui est derrière cela ? Bien entendu, les notables, dans le sens de gens de gens aisés, d’une droite décomplexée, ayant un sens aristocratique de la vie, mais en même temps capable de mettre les mains dans le cambouis s’il le faut et surtout en mesure de diriger un mouvement s’il le faut.

Ce n’est pas la personne aisée dans son ghetto de Neuilly – Auteuil – Passy, mettant des gants dans le métro parisien. Il s’agit là, en arrière plan, de « la haute », de gens considérant que le pays leur revient, et qui comptent bien le faire comprendre à qui se met sur leur chemin.

Les soutiennent tous ceux qui se complaisent dans une telle vision du monde. Être « réac », c’est tout un style.

La dernière illustration mentionne la contre-campagne, et effectivement elle est intense. Elle vise à arracher systématiquement les affiches d’AVA, à aller discuter fermement avec les commerçants ayant mis une affiche dans leur boutique, etc.

Il ne s’agit pas seulement de développer un contre-discours : les chasseurs veulent étouffer le discours même d’AVA.

Il faut ici bien souligner un aspect important, qui explique pourquoi le cadre de cette campagne anti-AVA dépasse largement celui des partisans de la chasse à courre. Il s’agit en effet de faire oublier à l’opinion publique l’agression terrible commise à l’encontre d’un opposant à la chasse à courre. Il s’agit de faire oublier qu’il est tombé dans le coma.

Et quelle est la méthode employée ? Faire en sorte que tous les gens les plus conservateurs du pays se serrent les coudes. Pour qu’on ne parle plus de la chasse à courre, pour qu’on la protège en l’englobant dans une ruralité telle que définie par les notables.

Cela va avec un second aspect, qui est la question de la condition animale. En protégeant des animaux sauvages, AVA a fait quelque chose d’une très grande importance. Cela rejoint, d’une manière ou d’une autre, le principe de la protection animale, des refuges, du fait d’apprécier les animaux pour ce qu’ils sont.

Nous avons déjà souligné que même si ce n’est pas du véganisme, cela en participe et c’est une très bonne chose, une excellente dynamique. Car il n’y a pas de véganisme sans amour des animaux.

Cela dérange profondément les anti-animaux, qui eux étaient très contents de L214 et des « antispécistes » qui ne parlent que des animaux allant dans les abattoirs et véhiculent une démarche uniquement négative dans ses exigences, voire misanthrope.

Simple hypothèse ? Absolument pas, comme en témoigne ce document de l’Association pour la Défense de la Ruralité et de ses Traditions, qui va manifester en Bretagne contre AVA.

Ces gens ont très bien compris qu’il valait mieux des opposants rejetant la Nature que des opposants en proposant une vision différente. Ils se focalisent donc sur la ligne fanatiquement anti-nature des théoriciens « antispécistes », afin de dire aux gens : vous voyez bien que ces gens sont déconnectés.

Voici le document en question.

« François Palut, un homme debout, un maire et un citoyen engagé !

Pas un jour ne se passe sans qu’un nouveau soutien, qu’un nouveau groupement professionnel, qu’une nouvelle association ne vienne grossir les rangs de l’Association pour la Défense de la Ruralité et de ses Traditions et nous assure de leur présence le 30 mars prochain à Paimpont.

C’est un peu comme la grande marche du Cid :

 » Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort,

Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port »

Beaucoup de témoignages de sympathie nous arrivent, beaucoup de lassitude aussi dans la voix de bon nombre d’agriculteurs, de chasseurs, d’éleveurs, de pêcheurs, de familles rurales qui nous appellent et nous rejoignent.

Comment peut-on encore tolérer que des groupuscules, des ultra-minorités voir même des marginaux puissent à ce point poursuivre en toute impunité leurs actions violentes, leurs actions de désinformation fondées sur leur haine du réel ? Comment accepter que l’on fasse si peu de cas de tous ces hommes et femmes qui tous les jours travaillent la terre nourricière, régulent les espèces sauvages, entretiennent nos forêts et vivent paisiblement dans nos campagnes !

C’est la question que nous avons posée à François Palut, personnage engagé, un battant, un homme aux multiples responsabilités qui ne cesse de clamer son amour pour la ruralité, défenseur de l’économie des territoires, passionné pour l’élevage avec un sens aiguë du service depuis son fauteuil de maire mais aussi comme Président de l’association pour le maintien de l’Élevage en Bretagne (AMEB) !

Voilà un homme bien informé, qui nous livre son analyse précise et documentée sur ces groupuscules antispécistes.

 » Il ne faut pas se tromper, les attaques que subissent les agriculteurs, toute l’industrie agro-alimentaire, les chasseurs, les familles rurales, … ne sont pas des attaques ponctuelles, il s’agit d’attaques organisées, concertées financées et planifiées.

Tous les groupuscules antispécistes L214, AVA et autre manipulent le grand public et les journalistes : ils prétendent agir pour le bien-être des animaux, alors qu’en fait, ce sont de véritables gourous.

Ils ont pour projet de faire disparaitre la souffrance sur terre, et pour cela ils veulent supprimer tous les animaux carnivores sur terre et dans les océans… Pour leur bien !

Ils font croire au grand public qu’ils sont une association qui veut améliorer le bien-être des animaux d’élevage (conditions d’élevage, de transport et d’abattage) alors que derrière leur idéologie se cache un projet radical dont personne n’a conscience, pas même leurs adhérents, qui eux pensent défendre la cause animale !

Prenons par exemple l’association L214 qui fait tant pour détruire les élevages bretons ! Estiva Reus cadre fondatrice de l’association L214 (trésorière) est l’une des rédactrices des « Cahiers Antispécistes ». C’est l’association qui a poussé́ Brigitte Gouthière et Sébastien Arsac à créer L214 en 2008.

C’est clairement exprimé dans leur livre : L214, Une voix pour les animaux.

Le projet consiste à « éliminer les animaux sauvages pour leur bien », projet décrit par Estiva Reus dans les Cahiers Antispécistes N°41, 40 et 39 (documents disponibles sur internet).

Ce projet s’appelle RWAS (Réduction de la souffrance des animaux sauvage)

Le projet RWAS prévoit 2 moyens pour faire disparaitre la douleur de la planète :

1. Éliminer tous les animaux carnivores sur terre et dans les océans.

2. Convertir tous les animaux carnivores au véganisme, grâce aux progrès des biotechnologie : génétique, nanotechnologie, pharmacologie, neurochirurgie

Alors que beaucoup de propriétaires d’animaux de compagnie font des dons à L214 en pensant soutenir une association welfariste, ils donnent en fait de l’argent à des abolitionnistes qui veulent faire disparaitre leur animal de compagnie au nom du refus de l’exploitation de l’animal par l’homme !

Donc toutes ces associations antispécistes ont une stratégie parfaitement huilée : derrière le marketing d’ONG très cool, personne, pas même un journaliste n’entrevoit le projet de ces militants radicalisés et très manipulateurs.

Ce sont des terroristes alimentaires qui veulent nous imposer leur façon de vivre et de s’alimenter… Chacun est libre de s’alimenter comme il le souhaite, qu’il soit végane, omnivore ou viandard. Par contre, aucun de nous n’a le droit d’imposer à l’autre sa façon de vivre et de s’alimenter…

C’est pour cela que le 30 mars prochain je serai à Paimpont pour manifester auprès de tous les acteurs du monde rural qui viendront joyeusement redire leur fierté d’être agriculteur, d’être chasseur, pêcheur ou tout simplement attaché au réel, loin des délires de ces fanatiques. »

Merci Monsieur pour ce beau témoignage.

Tous à Paimpont le 30 mars prochain, à transmettre, à faire suivre et à partager autour de vous.

Le réveil de la ruralité, c’est maintenant ! »

Nous avons déjà parlé de ce thème du RWAS effectivement valorisé par les Cahiers anti-spécistes. Le rejet de la Nature est de toutes façons une norme historique du courant antispéciste (d’où le rejet véhément de LTD par ses théoriciens). Un nouvel ouvrage est sorti par ailleurs tout récemment, « La révolution antispéciste », avec des écrits de Thomas Lepeltier, Yves Bonnardel et Pierre Sigler.

Rien que le sommaire donne déjà le ton : il n’y a pas de Nature, pas d’espèces, etc. Bref, comme expliqué et critiqué déjà il y a plus de dix ans dans « véganisme utopique et véganisme scientifique », il n’y aurait que des individus. Ce texte avait anticipé cette utilisation déviante du véganisme pour le transformer, d’une défense des animaux, en culte des individus.

Préface. Renan Larue
Introduction. Pourquoi la révolution antispéciste ? Yves Bonnardel, Thomas Lepeltier et Pierre Sigler
Chapitre 1. Qu’est-ce que le spécisme ? David Olivier
Chapitre 2. Qu’est-ce que la conscience ? Pierre Sigler
Chapitre 3. La vie mentale des animaux. Pierre Sigler
Chapitre 4. Quelques réflexions concernant les plantes. Yves Bonnardel
Chapitre 5. En finir avec l’idée de nature. Yves Bonnardel
Chapitre 6. L’idée de Nature contre la pensée animale. Yves Bonnardel
Chapitre 7. Vers un écologisme non naturaliste. David Olivier
Chapitre 8. Faut-il sauver la gazelle du lion ? Thomas Lepeltier
Chapitre 9. Utilitarisme et anti-utilitarisme dans l’éthique animale contemporaine. Estiva Reus
Chapitre 10. Les espèces non plus n’existent pas. David Olivier
Chapitre 11. Sur la supériorité. David Olivier
Chapitre 12. Les animaux à l’assaut du ciel. Yves Bonnardel

Les chasseurs ont bien compris les enjeux et ils apprécient les « antispécistes », comme cela ils peuvent se prétendre les seuls qui aient compris la Nature. Ils ont ainsi les arguments intellectuels et culturels pour justifier la « régulation » qu’ils font. Si en effet la Nature est chaos, il faut bien que l’humanité intervienne…

Mais la Nature n’est pas le chaos, elle porte la vie, l’évolution. L’humanité n’est qu’une composante de ce processus de la vie à l’échelle planétaire. C’est le sens du slogan « la Terre d’abord ! ». Le tout prime sur les parties et les parties n’ont aucun sens sans s’aligner sur les nécessités historiques du tout. L’humanité doit rejeter son anthropocentrisme. C’est cela le vrai enjeu du 21e siècle.

Procès des antispécistes de Lille : Candide face aux juges

Il y a un conte philosophique très connu de Voltaire, que beaucoup d’élèves ont eu à lire pour le bac français : Candide. Le personnage éponyme découvre que le monde est beaucoup plus compliqué qu’il ne le pensait et sa naïveté est ainsi remise en cause lors de son périple à travers le monde.

Mardi 19 mars 2019, lors du procès se tenant à Lille, on a eu droit à des Candide modernes. Il s’agissait en effet du procès de quatre activistes pour dégradations et violences aggravées, dans le cadre de la fameuse campagne « stop spécisme ».

Les personnes concernées sont trois femmes et un homme, âgé de 29, 39, 33 et 23 ans. Le procureur a demandé respectivement quinze mois de prison dont neuf avec sursis, deux fois six mois avec sursis, et dix-huit mois de prison dont huit avec sursis. Le tribunal donnera sa décision dans deux semaines.

Rappelons que cette campagne « stop spécisme », marquée surtout par des vitrines de boucheries ou de restaurants brisées, avait attiré l’attention de toute l’opinion publique. Qu’on le veuille ou non, toutes les personnes véganes se sont retrouvées « impliquées » d’une manière ou d’une autre et ont dû prendre position dans leur entourage par rapport à cela.

Ce premier procès concernant des gens mêlés à cette campagne était donc d’une importance capitale. L’impact sur la situation du véganisme en France allait être décisive.

Il y avait en effet plusieurs possibilités :

– les activistes assument leur action de manière collective et appellent à participer à une processus révolutionnaire, jusqu’à la victoire ;

– les activistes se dissocient de leurs actions, tout se réduisant à un épisode individuel, un accident dans un parcours personnel ;

– les activistes deviennent des renégats, se repentant pour leurs actes, faisant acte de contrition.

Mais même en raisonnant ainsi, on était déjà au-delà de ce que les « antispécistes » pouvaient représenter. Insultant plusieurs décennies d’engagement dans la libération animale, qu’ils ont toisé de leur mépris hautain et arrogant, ils se sont littéralement écrasés eux-mêmes face au tribunal en révélant qu’ils ne pouvaient rien assumer, rien porter, que tout cela était bien trop lourd pour eux.

Pourtant le tribunal avait été incroyablement sympathique, car il a fait venir un essayiste exposant ce qu’est l’antispécisme, et a même donné la parole à la militante « antispéciste » suisse Virginia Markus. C’était un incroyable cadeau dont il aurait été possible de profiter. Les « antispécistes » avaient un boulevard pour exposer leurs idées, revendiquer leur engagement, publier un manifeste antispéciste qui aurait été forcément largement diffusé, faire du tribunal une véritable tribune, etc.

Quand on est révolutionnaire, cela fait partie du b-a-BA de l’attitude lors des procès. Mais les « antispécistes » ne sont pas des révolutionnaires, ce sont des individus qui ont considéré que ce qui se passait dans leur environnement n’était pas correct. Cela ne va pas plus loin.

Prenons par exemple l’incendie du Burger King de Marcq en Baroeul. Eh bien l’une des personnes poursuivies a benoîtement expliquée : « L’idée vient de moi ». Comment peut-on être assez stupide pour casser la définition politique d’un acte et la résumer à un choix individuel, pour en plus s’auto-accuser ?

Une personne a fait également dix jours de grève de la faim en prison. Pourquoi ? Avec quelles revendications ? On ne le sait pas. Il n’y a aucune conscience politique, tout est dans l’immédiat et on ne sera pas étonné que la même personne, au procès, a affirmé :

« Je militerai autrement. J’exprime des remords. Je ne recommencerai pas. »

Toute la France regarde, et voilà ce qui est dit.

Très concrètement, notons également l’erreur fondamentale qui a joué pour leur arrestation. En utilisant de manière régulière deux voitures, elles ont été faciles à repérer. Même si on ne sait pas comment cela s’est déroulé dans l’enquête, on peut se douter que la police a pu procéder par recoupement. Il suffisait de regarder ce que disait la vidéosurveillance disponible et de voir quelles voitures étaient présentes à chaque fois.

Une autre erreur a été… d’éteindre en même temps les téléphones portables juste avant l’action ! On est là dans une très grande naïveté et effectivement, cette candeur est générale. Ces « antispécistes » sont en fait tout à fait conformes à l’image que nous avons de notre côté donné aux antispécistes : coupés de tout patrimoine historique du véganisme, velléitaires tout en s’imaginant faire quelque chose de formidable, sincères mais en même temps ne dépassant pas leur petit horizon individuel.

Les ennemis en ont tout à fait conscience. A l’extérieur du procès, Damien Legrand, avocat du Syndicat des bouchers du Nord (partie civile dans le procès), a cherché lui à faire monter la pression, tout comme Laurent Rigaud, le président du syndicat des bouchers du Nord. Eux ont bien conscience des enjeux et les propos de Laurent Rigaud appellent directement à élever le niveau de confrontation, avec une bonne dose de paranoïa et d’agressivité militarisée :

« Nous avons fait le choix, avec la fédération des bouchers, de nous mettre en première ligne, d’aller au contact. Nous ne voulons pas courber l’échine face à ces violences. Nous n’avons pas peur de ces militants mais nous craignons une réaction de nos collègues. Nous sommes pour la plupart des chasseurs, imaginez qu’un collègue sorte à la fenêtre avec son fusil car il voit son habitation être incendiée… »

On voit le problème : avec les « antispécistes », on n’a rien gagné, mais par contre l’ennemi a élevé son niveau de cohérence, de motivation, de compréhension des enjeux

Le tribunal n’a évidemment pas fait que des cadeaux non plus. On a ainsi eu des commerçants qui ont cherché à faire pleurer Madeleine lors du procès. Un tenant de restaurant s’était endetté pour tout rénover, il voulait même proposer un burger végétal… Un autre est déçu du fait qu’il a moins de clients, etc.

C’est donc un ratage complet, sur toute la ligne. Il aurait fallu politiser le procès de manière collective, même pour dire que la campagne « stop spécisme » était une erreur, mais une erreur inévitable historiquement (ce que nous ne pensons pas, c’était une erreur tout à fait évitable si la prétention des « antispécistes » avait été moins grande)

Il y aurait pu y avoir une remise de ce procès dans son « contexte » historique et une campagne d’amnistie en faveur des « utopistes » qui se sont trompés de chemin, mais dont l’exigence a un sens. Cela n’a pas été le cas.

Dégradations, incendie et « front commun » des éleveurs

La situation a encore gagné en intensité ces derniers jours. Pas du côté de la chasse à courre, car là il y a un vrai travail de masse et les partisans de la chasse à courre n’ont pas pu chercher à écraser violemment l’opposition. Ils savent que maintenant la lutte est solidement implantée en différents endroits, qu’elle va durer plusieurs années, que l’écho est grand et que donc il s’agit à tout prix d’éviter d’être poussé à la faute.

En un sens, la bataille est devenue à la fois politique et culturelle. Il en va différemment du côté des éleveurs, qui sont en panique et ont réalisé un document assez particulier, puisque rassemblant l’ensemble de leurs syndicats. Voir la Confédération paysanne ou le MODEF, qui se prétendent engagés à gauche, signer avec la FNSEA, qui représente pour eux le monstre agro-industriel, est quelque chose d’assez unique…

Le prétexte est la destruction, dans la nuit de jeudi 27 à vendredi 28 septembre 2018, par six départs de feu, de 2000 m2 des 4000 m2 d’un abattoir à Haut-Valromey dans l’Ain, mais on sent bien que le document était déjà prévu.

D’autres actions récentes ont également lieu:

– dans la nuit de lundi 17 à mardi 18 septembre 2018, une boucherie et une fromagerie ont également connu des dégradation à Saint-Arnoult-en-Yvelines ;

– dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 septembre 218, une boucherie parisienne, dans le 13e arrondissement a été recouverte de peinture rouge, alors qu’au sol une affiche montrait un boucher avec écrit : « Je suis boucher, j’adore découper des cadavres d’innocents pour votre bon plaisir ».

Voici le communiqué du « front commun » des éleveurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris, le 28 septembre 2018

COMMUNIQUE DE PRESSE

Front commun pour le respect des éleveuses et des éleveurs

Les tentatives de culpabilisation des consommateurs et de stigmatisation des éleveurs s’intensifient et un pas supplémentaire a été franchi la nuit dernière.

Un abattoir de l’Ain a en effet été victime d’un incendie manifestement criminel, occasionnant des dégâts majeurs. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer et les animaux présents sur le site ont pu être évacués à temps.

Cet événement intervient dans un contexte de mobilisation très violent de certaines associations vegan contre les bouchers et les abattoirs, où les mots utilisés atteignent l’indécence et l’injure quand ils font référence au drame de l’holocauste.

Alors qu’ils font déjà face à une situation économique fragile, les éleveurs n’en peuvent plus de ces attaques répétées contre leur métier.

Nous rappelons que nous ne dénonçons pas le véganisme en tant que tel : chacun est libre de choisir le régime alimentaire qu’il souhaite pour lui-même. Mais le prosélytisme qui est orchestré autour n’est pas acceptable. La majorité des Français mangent de la viande, l’apprécient et entendent continuer à le faire. Les éleveurs travaillent au quotidien avec leurs animaux, et les respectent en appliquant scrupuleusement les normes européennes et françaises.

Des abus existent dans certains abattoirs et nous les dénonçons. Mais ces abus ne représentent pas l’ensemble des situations ni l’ensemble de la production. Les associations qui prônent l’arrêt complet de l’élevage se trompent de combat.

L’élevage participe au dynamisme économique et culturel des territoires, façonne nos paysages, ne l’oublions pas ! Son bilan environnemental est positif avec la valorisation des 13 millions d’hectares de prairies, joyaux de biodiversité et puits de carbones irremplaçables.

C’est la diversité de notre agriculture qui fait sa richesse et sa renommée et qui doit continuer à se retrouver dans nos assiettes. Les protéines animales ont toute leur place dans notre équilibre alimentaire d’omnivore, comme l’affirment de très nombreux médecins et nutritionnistes.

Pour toutes ces raisons, nous n’acceptons ni les insultes proférées en direction des éleveuses et des éleveurs, ni les agressions contre les acteurs de nos filières. D’autant qu’elles sont menées par une minorité de provocateurs qui recherchent et obtiennent un écho médiatique démesuré et causent un tort réel aux Hommes et aux filières.

Nous, syndicats agricoles, demandons ensemble le respect de nos métiers et demandons aux pouvoirs publics de faire cesser cette violence inacceptable.

L’appel à la répression de l’État ne sert à rien contre des gens agissant hors de la légalité de manière clandestine. Cependant, ce n’est pas vraiment cela qui est visé, car l’ALF qui a cette démarche existe en France depuis plusieurs décennies. Les éleveurs savent bien que dès qu’est posé un affrontement ouvert, opposant frontalement deux camps extérieurs l’un à l’autre, de toutes façons la question est réglée et c’est la bataille.

Non, il s’agit surtout en fait ici de viser les « antispécistes » qui mènent des actions ouvertes et veulent transformer cette société de l’intérieur. On est là dans une lutte au sein de la société elle-même, sur la base de cette société, surtout contre « 269 Libération Animale » qui appelle à l’action directe minoritaire, une chose absurde. Le préfet local a ainsi interdit 48 heures avant une « Nuit Debout devant les abattoirs » que l’association « 269 Libération Animale » comptait organiser dans les Yvelines. Pas besoin d’être devin pour comprendre que c’est le prélude à  un étouffement progressif.

On notera également que le mercredi 26 septembre avait eu lieu un rassemblement devant l’abattoir de Houdan, rassemblant des centaines d’agriculteurs, bouchers et charcutiers. Le tout dans une ambiance significative…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il va de soi que, dans un tel contexte, les personnes ayant davantage d’expérience, une solide conscience en faveur des animaux mais également un haut niveau de conscience sociale, doivent penser à la suite. Car l’antispécisme va se faire balayer, jamais il ne tiendra le choc.

Il est porté par des gens idéalistes, sans expérience, sans aucune connaissance historique, n’ayant par exemple même pas entendu parler de Barry Horne, reliés d’une manière ou d’une autre aux couches sociales petites-bourgeoises, vite hystériques dans un sens comme dans l’autre…

Il en va de la défense du véganisme – et de l’offensive contre l’exploitation animale, et de la formation d’une base populaire – alors que bientôt toute une étape va se clore.

Vandalisme « stop spécisme » : série d’arrestations

Des vitrines de la boucherie des Fils de René Comte ont été brisées à Saint-Julien-en-Genevois. Rien n’a été inscrit sur les murs, cependant évidemment cela fait écho aux actions récentes de vandalisme. Le maire de la commune s’est donc fendu d’un communiqué se voulant pacifiste mais prônant en réalité l’embrigadement :

« Les fascistes anti-spécistes qui veulent vous interdire de manger de la viande contre votre gré se sont attaqués à une boucherie du centre-ville cette nuit. Par solidarité avec les excellents bouchers saint-juliénois, je vous propose cette semaine de vous souvenir, en mangeant beaucoup de viande, que l’on peut débattre, échanger et dialoguer sans violence. »

Il y a justement plus d’une semaine, la police a mené un raid et procédé des arrestations à Lille. Il n’y a pas eu de communiqué à ce sujet de la part des personnes concernées, aussi est-il nécessaire de présenter les faits, pour autant qu’ils soient connus.

La police est intervenue chez six personnes, le lundi 10 septembre dans l’après-midi et le mardi 11 au matin. Six personnes sont concernées : cinq femmes et d’un homme âgés entre 22 et 54 ans. Elles ont gardé le silence face à la police.

Une seule personne est mise en examen, une femme de 21 ans accusée d’avoir participé à des « dégradations volontaires en réunion » contre trois commerces du centre-ville de Lille, une boucherie, une poissonnerie et une chaîne de restauration rapide. Son procès aura lieu le 14 décembre 2018.

Selon les informations diffusées, les preuves censées avoir été trouvées ont trois sources :

– un travail de téléphonie, c’est-à-dire des écoutes téléphoniques,

– des perquisitions,

– l’ADN,

– des arrestations lors d’inscriptions de slogans sur la faculté de Villeneuve d’Ascq.

Le fait que la personne soit accusée de dégradations volontaires en réunion signifie :

– que l’intention va être mise en avant,

– que l’organisation de cette intention va être soulignée.

Juridiquement, cela concerne les points suivants :

Section 1 : Des destructions, dégradations et détériorations ne présentant pas de danger pour les personnes

Article 322-1

La destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, sauf s’il n’en est résulté qu’un dommage léger.

Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 3 750 euros d’amende et d’une peine de travail d’intérêt général lorsqu’il n’en est résulté qu’un dommage léger.

Article 322-3

L’infraction définie au premier alinéa de l’article 322-1 est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende et celle définie au deuxième alinéa du même article de 15 000 euros d’amende et d’une peine de travail d’intérêt général :

1° Lorsqu’elle est commise par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice ;

Le procès aura une tournure qui dépendra des rapports de force. Sans le contexte actuel, il y aurait eu une grosse amende, un sursis, des travaux d’intérêt général. Mais les choses étant ce qu’elles sont, comme le dit l’expression, il va y avoir une grosse pression pour faire un exemple.

Cela peut se faire discrètement : il suffit que le procureur réclame que la personne passant en procès balance ses « complices » pour qu’elle fasse preuve de sa « bonne foi ». Tout dépend donc du position initial lors du procès.

Il est difficile de savoir ce qu’il en sera : l’antispécisme apparu ces dernières années, ce n’est pas l’ALF ni l’ARM, sa démarche ne semble finalement que le pendant du réformisme de L214 et autres. Ce sont les deux faces de la même médaille.

Voici d’ailleurs, pour illustrer ce propos, deux communiqués. Le premier correspond à l’option réformiste, avec une dissociation complète et une tentative d’intégration de la rébellion : la « fédération végane » voit déjà la personne en procès et est prête à lui envoyer de la B12, trop sympa !

Le second est celui de 269 libération animale, qui tente d’intégrer les actions de vandalisme dans une sorte de perspective historique de « désobéissance civile » dont elle serait le cœur.

NE PAS CONFONDRE VÉGANISME ET ANTISPÉCISME (COMMUNIQUÉ DE PRESSE)

Lancer des pierres dans les vitrines des boucheries, poissonneries et crèmeries ou incendier les caisses d’un zoo n’a rien de végane. Les revendications accompagnant ces dégradations sont antispécistes. L’antispécisme est confondu avec le véganisme. Cette idéologie joue pourtant sur un tout autre registre que le véganisme. Ses méthodes et ses objectifs peuvent même être antagonistes. Dissipons la confusion.

Véganisme (1944)

Le véganisme est une consomm’action qui consiste à vivre sans exploiter les animaux. Court-circuiter les intermédiaires animaux permet de tuer moins d’animaux et d’organismes vivants tous règnes confondus et c’est la seule garantie de ne participer à aucune des souffrances pouvant résulter de l’exploitation animale.

Vivre ainsi est devenu possible grâce à la découverte de la vitamine B12 (fin 1947), seul nutriment dont les besoins ne peuvent pas être satisfaits par les aliments végétaux. Le véganisme est une technique d’expression de la compassion humaine, laquelle se développe par la transmission d’informations fiables, et non par des actions illégales.

Les informations de sécurité sur la vitamine B12 sont vitales pour les véganes, comme pour les personnes qui réduisent significativement leur consommation de produits animaux en variété, en quantité et en fréquence. La Fédération végane propose donc des documents grand public ou pour les professions de santé et organise un relai quotidien bénévole de prévention. C’est la condition d’un développement durable.

La longévité des véganes est normale, mais le niveau de garantie qu’exige l’obtention d’un consensus réclame plus d’études comparatives. La Fédération végane recommande donc de participer aux études nutritionnelles : chaque végane compte.

Les véganes ne représentent probablement que 0,1 % des populations en France, mais ce petit nombre fait exister et se développer la demande en restauration et en gammes de produits, qui, projetée jusqu’au remplacement total des ingrédients animaux profiterait par exemple à l’extension des habitats naturels des animaux sauvages : la moitié des terres cultivées en France pourraient être réensauvagées, comme les pâturages français (lesquels sont tous artificiels).

Antispécisme (1970)

Les dégradations matérielles s’accompagnent de revendications à l’encontre du « spécisme ». C’est écrit sur les murs, les vitrines ou dans les textes revendicatifs. Les rares reportages sur les responsables des dégradations le confirment.

Le spécisme est l’hypothèse selon laquelle l’humanité discrimine les autres animaux « parce qu’ils appartiennent à une espèce différente de la nôtre ».

L’idée d’un spécisme très ancien est contestable, car jusqu’à la découverte de la B12, l’humanité n’avait pas d’autre option que de consommer des produits d’origine animale pour survivre : la carence en B12 est hautement débilitante, voire mortelle pour les nourrissons.

Une revendication de spécisme aurait-elle été formulée par le passé, qu’elle n’aurait pas été authentique avant d’être dégagée de toute nécessité nutritionnelle vitale. Les personnes qui consomment encore des produits d’origine animale aujourd’hui ne font quant à elles que reproduire l’héritage des habitudes alimentaires ayant permis à l’humanité de survivre. Ce n’est pas du spécisme.

L’antispécisme consiste à remplacer l’hypothétique discrimination spéciste par une autre forme de discrimination : le sentientisme. Cette théorie postule que la capacité de sentience chez un être vivant devrait nous conduire à lui accorder des droits. Ce système de discrimination nous dégagerait de toute obligation à l’égard des bactéries, archées, champignons, algues et plantes. Contrairement aux idées reçues, la sentience est probablement peu répandue chez les animaux. Pour faire le tri entre les 5 à 15 millions d’espèces, autant d’expérimentations seraient nécessaires.

Les personnes qui soutiennent l’action directe infligent aux entreprises exploitant les animaux des préjudices justifiés à leurs yeux, car elles pensent avoir l’obligation de secourir les animaux sentients. Cette idéologie a conduit ses adeptes les plus fantaisistes à imaginer que l’espèce humaine pourrait avoir la charge d’abolir la prédation, d’éliminer la vie sauvage, voire d’annihiler toute vie sur Terre… Les pierres dans les vitrines paraissent presque modérées en comparaison.

La Fédération végane n’est pas antispéciste

Les personnes qui appliquent l’idéologie antispéciste de manière littérale et consciencieuse peuvent consommer les animaux chez qui la sentience ne peut être démontrée : insectes, moules, huîtres ou œufs de poules de réforme. C’est à l’opposé du véganisme.

La Fédération végane suggère logiquement à toute personne qui souhaite développer le véganisme de ne jamais promouvoir l’antispécisme.

Oui à l’éducation, non à l’action directe !

Le développement du véganisme est un processus qui paraît bien lent à l’échelle individuelle, compte tenu du milliard de naissances et de morts programmées annuellement pour les animaux terrestres en France (soit 2,8 millions d’abattages par jour). Les reportages qui exposent leurs pires souffrances rendent cette attente encore plus difficilement supportable et contribuent à radicaliser. Présentée comme une revendication politique, l’idéologie antispéciste peut alors donner l’impression de légitimer l’action directe, mais ses conséquences individuelles et collectives ne profitent pas aux activistes interpellés, polarisent le débat sans éduquer personne et ne mènent théoriquement pas à l’abolition de l’exploitation animale de toute façon.

Seule la transmission d’informations vérifiées aide réellement les personnes qui financent encore l’exploitation animale à faire des choix plus éclairés, même parmi celles qui travaillent dans les filières animales (comme nous le rappelions lorsque la Fédération française de boucherie implorait une protection policière).

Si les récentes interpellations des personnes ayant invoqué l’antispécisme pour dégrader des commerces menaient à des peines de prison ferme, La Fédération végane attendrait de la justice qu’elle montre l’exemple d’un traitement respectueux de la liberté de conscience, c’est-à-dire en ne forçant personne à consommer quelque produit d’origine animale que ce soit (si ce souhait était formulé). La Fédération végane propose de fournir la vitamine B12 à titre gracieux, si l’administration pénitentiaire n’est pas en mesure de le faire.

Le véganisme n’est contre personne. La compassion est pour tout le monde.

  • Véganisme : recherche et mise en œuvre des techniques permettant de vivre sans exploiter les animaux (espèce humaine comprise, lorsque le consentement éclairé ne peut pas être obtenu).
  • Spécisme : hypothèse selon laquelle l’humanité discrimine certains organismes vivants en fonction de leur appartenance à une espèce.
  • Antispécisme : substitution de l’hypothétique critère de discrimination spéciste par un critère de discrimination sentientiste.
  • Sentientisme : théorie de philosophie juridique selon laquelle seuls les organismes sentients possèdent des intérêts (intérêt à vivre, par exemple).
  • Sentience : terme philosophique désignant la partie réduite de la conscience qu’est la capacité à éprouver une expérience subjective de la vie.

Voici le second communiqué.

269 Libération Animale
16 septembre

EN DÉFENSE DES ACTIVISTES INCULPÉ.E.S POUR LES BLOCAGES D’ABATTOIRS ET LES CAILLASSAGES DE BOUCHERIES : UN MOUVEMENT DE JUSTICE SOCIALE N’EXISTE PAS SANS ENNEMIS DÉSIGNÉS ET CIBLÉS !

[En résumé : Ces actions directes ciblées redonnent de la puissance politique au mouvement antispéciste. Répéter constamment que nous luttons contre un « système » et non contre des individu.e.s est le meilleur moyen de rendre inoffensif et inefficace notre mouvement de justice sociale ! Privé de toute perspective de confrontation directe avec celles et ceux qui font l’Etat et l’économie spéciste, il semble condamné au registre purement symbolique dans un espace public sous contrôle. On peut s’interroger : pourquoi les mots « opposition », « ennemi », « pouvoir » sont-ils bannis de nos répertoires militants ? Pourquoi avons-nous si peur de nous positionner clairement « contre » ? Les institutions de domination que nous combattons s’incarnent dans des individus bien réels. Elles ne sont pas que de vagues entités inatteignables car non définissables. Nos ennemis ont un nom et un visage ; il faut les nommer, les viser par notre activisme. Face à la répression déployée par l’Etat, nous devons faire bloc derrière les activistes inculpé.e.s et pratiquer massivement l’action directe. Les « grandes » associations animalistes qui s’empressent de se désolidariser de ces actions par pur souci « marketing », craignant de perdre leurs dons et adhésions, ne sont pas seulement inutiles mais néfastes au mouvement de libération animale.]

ACTUALITÉ • Nous avons assisté, cette semaine, à une inquiétante instrumentalisation de l’appareil répressif contre des activistes antispécistes, et ce dans le but clairement affiché de freiner la pratique de l’action directe. Ce double phénomène de criminalisation des opposant.e.s à un système d’oppression et de dépolitisation de leurs actes devant les tribunaux de droit commun doit être dénoncé avec force.

♦️ Lundi, ce sont des activistes de l’organisation 269 Libération Animale qui ont été condamnés à 3000 euros d’amende chacun pour avoir, avec 70 autres militant.e.s, occupé un abattoir et bloqué son activité durant plusieurs heures.

Une condamnation qui s’ajoute à une longue série de mesures répressives que subissent les deux fondateurs et activistes de cette organisation : www.politis.fr/…/tribune-halte-a-la-repression-de-la-cause…/

Mais pendant que le bâton de la justice vient sévèrement frapper ces activistes, rappelons que Monsieur Vincent Harang, directeur de l’abattoir du même nom, demeure impuni. Il a pourtant, au cours de cette action, plaqué violemment au sol un jeune photographe accompagnant les activistes, puis placé un couteau sur sa gorge et enfin prononcé des menaces de mort explicites à son encontre. Qu’attend la procureure de Versailles pour le mettre en examen ?

♦️Mardi, ce sont des activistes lillois.es suspecté.e.s d’avoir caillasser des boucheries qui ont été perquisitionné.e.s et placé.e.s en garde à vue dans des conditions absolument honteuses et en totale méconnaissance de leurs droits. Suite à ce coup d’éclat d’une police à la solde des lobbies spécistes, une activiste que nous connaissons et qui participe par ailleurs aux actions dites de « désobéissance civile » de notre association, se trouve placée sous contrôle judiciaire jusqu’à son procès. Nous lui témoignons aujourd’hui tout notre soutien.

La disproportion des moyens répressifs mis en oeuvre contre ces personnes montre une instrumentalisation inquiétante de l’appareil judiciaire. Mais le plus grave demeure sans aucun doute l’absence de soutien de l’ensemble du mouvement antispéciste, à commencer par les représentants des grandes associations.

POURQUOI SI PEU DE SOUTIEN ?

• Ces activistes, qu’ils agissent dans le cadre d’actions organisées par 269 Libération Animale ou de manière autonome, sont globalement peu soutenus dans un milieu animaliste si attaché au regard de la “sainte” opinion publique (instrument au service des dominants), incapable de sortir du dogme de la non-violence et de comprendre qu’on ne combat pas un système d’oppression en convertissant les gens. Aucun mouvement de justice sociale n’a jamais réussi à atteindre son objectif en utilisant, comme stratégie majoritaire, le prosélytisme consistant à changer le comportement des citoyens dans leur vie privée ! Jamais. Il faudrait peut-être que les militant.e.s se montrent plus curieux sur l’histoire des luttes et apprennent à réfléchir par eux-mêmes, au lieu d’attendre les directives données par des associations devenues de véritables entreprises de la “protection animale”. Oser faire les louanges a posteriori et de façon révisionniste de la non-violence est uniquement permise par une situation initiale de privilège et une volonté de mettre en scène les luttes.

« En 1906, l’opinion publique était largement favorable au droit de vote féminin mais en quoi cela servit il la cause ? Nous demandions au public beaucoup plus que de bons sentiments. Nous l’appelions à exiger du gouvernement de céder à l’opinion publique et de donner le droit de vote aux femmes. Nous déclarions la guerre non seulement à toutes les forces anti-vote mais aussi à toutes les forces neutres et inactives. Chaque homme ayant un vote serait considéré comme un ennemi du vote des femmes à moins qu’il ne s’engage activement pour notre cause. »
(Extrait de l’autobiographie d’Emmeline Pankhurst, « Suffragette. Genèse d’une militante », éd. Ampelos, 2016)

ISOLEMENT DES ACTIVISTES RADICAUX • La police, les médias et la justice construisent une « narration » mensongère de ces actions aujourd’hui incriminées : elles seraient l’expression de la violence propre à une petite minorité au sein du mouvement antispéciste, une minorité animée par des idées « gauchistes », « insurrectionnelles », etc. Cette vision réductrice de ce qui se passe empêche toute appréhension politique de cette séquence, le mouvement antispéciste ne semble pas percevoir l’importance de faire « bloc » derrière ces activistes inculpé.e.s alors même qu’ils sont parvenus à créer une brèche médiatique énorme.

Nous sommes nous-mêmes accusés par les autorités (et indirectement les médias) d’avoir encouragé ce type d’activisme en défendant ouvertement la pratique de l’action directe. Peut-être. Peut-être que le fait d’avoir (enfin !) oser parler d’échec de la cause animale, d’avoir montré que nous pouvons affronter des puissants sur les lieux même d’exploitation, d’avoir fait se rencontrer des activistes, d’avoir politisé le discours antispéciste et enseigné les modes de lutte ont inspiré en partie ce type d’actions mais pourquoi faudrait-il s’en offusquer ?

269 Libération animale n’a jamais été pensée comme une “association” classique, elle est un déclencheur. Elle a réussi à amorcer une réflexion stratégique dans le mouvement ; son objectif : “mettre le feu aux poudres” et montrer que nous pouvons être puissants et que nous devons engager une véritable lutte. Elle a toujours encouragé l’autonomie et une pratique populaire de l’action directe. Elle se réjouit aujourd’hui que des activistes puissent agir de manière autonome sans étiquette car c’est ainsi qu’adviendra une véritable révolution. Tant que la protestation ne s’exercera que par le biais des associations, rien n’adviendra de concret pour la libération animale.

Lancer des frappes contre des cibles symboliques participe d’une nécessaire propagande par le fait : d’une part, cela permet d’exprimer ouvertement une critique radicale envers certaines industries, et le système spéciste en général et, d’autre part, de ternir l’aura sacrée qui entoure les biens de consommation dans notre société (et mettre en lumière les liens existant ente les luttes antispéciste et anticapitaliste). Désigner nos ennemis, les viser, les cibler par des blocages, des occupations ou d’autres actions permet d’engendrer un rapport de force et par conséquent un mouvement social à même de gagner en puissance politique.

L’ÉTAT, NOTRE ENNEMI

• Face à cette répression, nous avons un ennemi commun : l’Etat, c’est lui qui occasionne ce « radicalisme ». Si les tracts et pétitions avaient suffit, si nous avions des résultats pour les opprimés avec un militantisme « gentillet », ces actions directes n’existeraient peut-être même pas. Les luttes sociales sont des situations au cours desquelles l’ordre des discours dominants peut être rompu collectivement et par lesquelles on peut apprendre ensemble à penser les racines des oppressions.

L’Etat n’est pas un allié de notre combat ni celui auquel nous devons quémander des réformettes législatives. Passer à l’action directe (et potentiellement à la violence) est ainsi lié au constat que la revendication de l’égalité ne peut être adressée pacifiquement à l’Etat puisque ce dernier est le principal instigateur des inégalités, qu’il est vain de lui demander justice car il est précisément l’instance première qui institutionnalise l’injustice sociale, qu’il est donc illusoire de se mettre sous sa protection puisqu’il soutient les mêmes dispositifs qui vulnérabilisent, qu’il est même insensé de s’en remettre à lui pour défendre les animaux. Surtout, il maîtrise aujourd’hui la contestation et « quand l’Etat se pose comme détenteur d’un droit de regard sur la protestation, quand il refuse qu’elle trouble l’ordre public alors que c’est sa fonction, il dénaturalise ce droit. » (Geoffroy de Lagasnerie : https://blogs.mediapart.fr/…/sortir-de-notre-impuissance-po…)

Les activistes qui empruntent le chemin de l’action directe sont accusés de provoquer un « engrenage de la violence », mais pourquoi se focaliser sur les actions alors que le problème réside dans le fait qu’elles soient réprimées ? C’est bien contre cela qu’il faut lutter. Car la répression est fonction des lois en vigueur, autant que de l’identité assignée aux personnes qui en sont cibles. C’est un outil dont l’État se sert pour diviser et catégoriser des groupes afin de mieux régner. Les gouvernants décident à un moment T qui va être réprimé.e et pour quelles pratiques.

PRATIQUER L’ACTION DIRECTE POUR SORTIR DE L’IMPUISSANCE POLITIQUE

• Nous, les activistes de toutes les luttes confondues, avons aujourd’hui beaucoup de mal à orienter les choix de nos gouvernements. Bien sûr, il n’y a rien de nouveau à ce que les Etats soient animés par des logiques contre lesquelles nous nous battons. Mais ce qui est spécifique, c’est notre incapacité à influencer le cours des choses : lorsque nous intervenons, lorsque nous protestons, lorsque nous manifestons, cela débouche de moins en moins sur des transformations effectives : « Il faut regarder le présent avec lucidité. Il ne faut pas se raconter d’histoire comme nous avons parfois tendance à le faire pour ne pas tomber dans une forme de désespoir. Il faut partir de la vérité : depuis quelques années, lorsque nous nous situons dans le camp du progrès et de l’émancipation, nous perdons les combats. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, vivent leur vie politique sur le mode du désarroi et de la tristesse. » (Geoffroy de Lagasnerie : https://blogs.mediapart.fr/…/sortir-de-notre-impuissance-po…).

Penser notre impuissance politique et tenter d’y remédier impose d’abord de réfléchir sur nos modes d’actions ! Nous tirons trop peu les conséquences du fait que l’espace de la contestation est peut être l’un des plus codifiés de la vie sociale : les protestations se déroulent selon des formes établies. Des institutions, solidement installées, structurent le temps et l’espace de la contestation démocratique : « Nous devons nous interroger sur ce que nous faisons lorsque nous utilisons les modes institués de la contestation démocratique. Est-ce que nous agissons? Ou est-ce que nous nous contentons de protester, d’exprimer notre désaccord – avant de rentrer chez nous ? Si nos protestations ne changent rien – ou, en tout cas, n’ont d’effets réels qu’exceptionnellement – cela ne signifie-t-il pas que les formes d’actions traditionnelles fonctionnent comme des pièges et des ruses de la raison étatique : lorsque nous y recourrons, nous avons le sentiment d’avoir agi quand, en réalité, nous n’avons rien fait de plus qu’exprimer notre mécontentement. D’autre part, ces formes ne se sont-elles pas routinisées avec le temps ?

N’ont-elles pas perdu leur efficacité ? Si nous voulons mettre en crise l’Etat, ne devons-nous pas inventer des modes de protestation qui surprendraient l’Etat et ne seraient plus prescrits par le système ? » (Geoffroy de Lagasnerie : https://blogs.mediapart.fr/…/sortir-de-notre-impuissance-po…). Justement, l’action directe change complètement le rapport du militantisme à l’Etat : fini le rapport de soumission, de négociation… C’est un rapport de force qui s’installe : « elle met hors service le Gouvernement et c’est là l’élément essentiel de toute révolte, peu importe comment on y parvient. » (Howard Zinn, « A flash of the possible », The Progressive, volume 64, n°1, janvier 2000)

POURQUOI NOUS OPPOSER OUVERTEMENT AUX ASSOCIATIONS ANIMALISTES TRADITIONNELLES ?

• Ces associations ont besoin, afin d’augmenter leur nombre d’adhérent.e.s, d’annoncer des succès alors très souvent leurs dirigeants surestiment la signification de réformes à vrai dire très mineures (voire purement symboliques) pour les animaux, sans voir ce qu’a d’inquiétant la situation globale. On finit par sous-estimer le rôle des entreprises et de l’État dans la défense d’une société basée sur l’exploitation animale et les grandes ONG animalistes finissent par s’intégrer au système, en collaborant de manière à peine déguisée avec l’industrie – une industrie assez avisée pour savoir que la contestation qu’elle affronte est susceptible d’être résorbée par le partenariat avec des associations et la promotion d’une viande et d’un abattage « éthiques ». Enfin, par ignorance et surtout par lâcheté, les associations collaborationnistes rejettent massivement l’usage de stratégies offensives et refusent toute discussion sur l’usage de la violence, qui ont pourtant fait leurs preuves dans tous les mouvements sociaux et sont absolument nécessaires pour politiser la question animale.

LA QUESTION DE LA VIOLENCE

• Inutile d’en user comme d’un épouvantail contre des militant.e.s qui décident de sortir de la passivité pour co-résister avec les opprimé.e.s ; la violence, elle est cachée là, derrière les portes des élevages et des abattoirs. Les activistes antispécistes obtiennent rarement plus qu’une citation de deux lignes ou de dix secondes dans les médias ; ainsi lorsque les dirigeants des “grandes” associations animalistes sont interrogés et critiquent fermement cet activisme plus offensif, ils gaspillent leur minute d’audience en se mettant sur la défensive et en faisant passer leur cause au second plan par rapport à la critique de l’action directe. Une nouvelle preuve que la non-violence conduit aussi à de mauvaises stratégies médiatiques… Ils critiquent les plus courageux qu’eux pour renforcer leur conformité idéologique et pour asseoir leur leadership sur le milieu militant. Ils s’en servent aussi comme d’une assurance, afin de pouvoir protéger leur organisation d’être diabolisée dans les médias. Ils ressortent alors le code de la non-violence comme preuve qu’eux ne sont pas responsables de la violence et se prosternent devant l’ordre régnant : « (…) La défense dogmatique de la non-violence est trop souvent une manière de se présenter comme politiquement et moralement supérieur aux yeux des autres, y compris des autorités politiques, de la police et des médias publics et privés. (…) Prôner la non-violence à tout prix, c’est adopter une approche autoritaire des luttes sociales et des mobilisations populaires. » (Peter Gelderloos, Comment la non-violence protège l’Etat ?, éd. Libre, 2018)

NOUS NE SOMMES PAS LÀ POUR JUGER LES ACTIVISTES INCULPÉ.E.S, MAIS POUR LES SOUTENIR !

#269LibérationAnimale

Le festival vegan de Calais annulé par l’Etat devant les menaces de violence des bouchers-charcutiers et chasseurs

Cela fait pratiquement deux semaines que nous n’avons rien publié, pour une raison très simple : nous tenions à ce que le maximum de gens apprennent la répression contre AVA avec le procès lancé par l’ONF, et il y a aussi la brochure présentant l’activité incessante des chasseurs pour gagner l’opinion publique qui gagne à être connu également.

Le fait de chercher à torpiller AVA en plein été, au coeur des vacances estivales, est une entourloupe à laquelle il fallait bien essayer de répondre un minimum de manière efficace, afin de contribuer au maintien du mouvement.

Car il est évident que, désormais, la rigolade est finie. Le fossé est là, l’envergure du véganisme a été compris par tout le monde. Pour preuve, les bouchers-charcutiers ont carrément fait une pression énorme pour faire annuler le festival vegan devant se tenir à Calais le 8 septembre 2018.

En assumant ouvertement, par l’intermédiaire de propos tenus à Libération :

Laurent Rigaud, le président du syndicat des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord, assume la responsabilité de cette annulation :

 «Nous avions prévenu que nous irions au contact quand les végans manifesteraient.

Nous serions venus en nombre au festival à Calais. L’ensemble des acteurs autour de l’alimentation, commerçants, agriculteurs, pêcheurs, ont fait passer le message auprès des autorités.

Il était en effet plus sage d’annuler.»

On est là non pas dans l’intimidation, mais carrément dans la menace ouverte, avec l’Etat censé être de droit qui capitule ouvertement.

Et d’ailleurs qui avait annoncé le début de la campagne contre le festival, début juillet? Le chef des chasseurs, avec un discours ultra-agressif, appelant à l’interdiction du festival par la mairie qui avait fourni une salle…

C’est là encore une nouvelle très importante et comment faire qu’elle se diffuse, alors qu’on est encore en été, que les esprits ne sont pas encore assez ouverts, voire présents?

C’est là un véritable problème qui doit appeler à réflexion et de notre côté nous temporisons encore les publications, nombreuses par ailleurs car il s’est passé de nombreuses choses ces derniers temps.

Mais l’opinion publique végane et l’opinion publique en général sont tellements difficiles à toucher qu’il faut savoir souligner l’essentiel. Il n’y a pas de base démocratique organisée, seulement des gens profitant d’une aura médiatique au moyen de la personnalisation, avec des actions spectaculaires.

D’ailleurs, le festival vegan de Calais n’était pas une initiative démocratique non plus, mais une démarche commerciale cherchant à profiter des initiatives véganes. Voici la présentation de l’organisateur par lui-même :

Farplace France est une association de protection animale et environnementale. Notre équipe franco-anglaise, forte d’une solide expérience en Grande-Bretagne en matière de festivals vegan (+ 20 événements en 2018), est ravie d’organiser à présent des événements en France.

Notre premier salon français a eu lieu le 2 juin à Paris-Nanterre. (Vous pouvez voir quelques témoignages d’exposants et de visiteurs sur ce site.) Les bénéfices nous aideront à organiser d’autres salons, et aussi à faire des dons à des petites structures qui sauvent des animaux au quotidien.

On arguera que c’est déjà pas mal, sauf que cette fois la déconnexion avec la réalité française n’a pas pardonné. On ne plaque pas des choses sur une société, il faut connaître celle-ci et en trouver les failles. La chasse à courre est une de ces failles, voilà pourquoi il faut soutenir la lutte contre celle-ci.

Il faut aussi rendre les choses claires, lisibles. Voici par exemple le communiqué officiel de la mairie de Calais. Il est d’une hypocrisie folle : la mairie dit qu’elle n’annule pas le festival pour sa nature… mais qu’il l’annule quand même, au nom bien entendu d’un risque de troubles à l’ordre public qui est un concept formidablement élastique dans son interprétation.

Il devrait être facile de dénoncer la mairie pour son action anti-démocratique !

Communiqué: annulation Festival Vegan
(Vendredi 24 Août 2018)

Ce jeudi 23 août 2018, la Ville de Calais a pris la décision d’annuler la tenue du Festival Vegan, initialement prévu le 8 septembre, au Forum Gambetta.

Cette décision est consécutive à des informations annonçant une série d’opérations visant à semer le trouble et à perturber l’ordre public, en marge de l’organisation de ce Festival. La multiplication de ces informations parvenues ces derniers jours en mairie a fait peser des incertitudes sur les conditions dans lesquelles le Festival pourrait se tenir.

Afin de garantir la sécurité publique et de ne pas exposer les visiteurs, partenaires et organisateurs du salon à un risque de débordement, le choix a été fait d’annuler cet événement, sans que cette décision soit liée à la nature et au thème du Festival.

Tout cela montre bien que, comme nous l’avons constaté, tout a changé pour le véganisme ces derniers mois. Il y a une recomposition générale de la situation. Et on ne s’en sortira pas sans une implication de gens bien formés, éprouvés dans la lutte et par le temps, menant un travail de fond vers les gens « normaux », synthétisant les expériences.

Tentative de meurtre politique : l’État réclame 55 000 euros à AVA en plein été

Dans la tradition politique et juridique, on appelle cela quelque chose de « scélérat ». Il y a en effet une vieille tradition politique française visant à faire passer les lois juste avant l’été ou en profitant d’une heure avancée pour « forcer » la décision.

Et c’est donc une mesure politique scélérate à laquelle doit faire face AVA, une mesure immanquablement avalisée par le chef de l’État lui-même.

L’idée est la suivante : faire un exemple en torpillant financièrement les gens d’AVA en leur réclamant plus de 50 000 euros par l’intermédiaire de l’Office National des Forêts, afin de masquer la nature politique de l’opération.

Et afin que tout se déroule au mieux, lancer l’opération… le 27 juillet, juste avant la période la plus creuse de l’été, pour empêcher la diffusion de l’information, l’organisation d’une opposition…

Sans compter que la plainte étant devant le Tribunal de Grande Instance, il y a 15 jours pour trouver un avocat, sans quoi tous les arguments de la plainte sont considérés comme admis !

Heureusement, AVA a pu faire face à cette attaque et s’organiser juridiquement conséquemment.

Mais que dire !

C’est ni plus ni moins qu’une tentative de meurtre politique. C’est là une opération dont le seul mot qui peut la caractériser est « dégueulasse ». C’est une véritable crapulerie, une manière mesquine et sordide de poser les problèmes.

Bref, c’est totalement conforme à l’esprit des chasseurs, qui savent qu’ils sont dépassés historiquement et utilisent tous les leviers anti-démocratiques possibles.

Une véritable magouille, qui en dit long sur Emmanuel Macron. Il prétendait représenter une sorte de modernité politique : on est là pourtant dans un machiavélisme politique le plus traditionnel.

Surtout que les 18 page de l’assignation faite par l’Office National des Forêts devant le Tribunal de Grande Instance est une blague juridique d’un amateurisme pratiquement surprenant.

Le principe est le suivant : l’ONF dit qu’AVA empêche l’actualisation de contrats entre l’ONF et les chasses à courre, qui « louent » les forêts. Qui est AVA ? L’ONF choisit trois personnes, d’elle-même.

Qu’ont-elles fait : y a-t-il des arrestations, des condamnations, des faits juridiquement établis ? Comme il n’y a rien, l’ONF présente les faits à sa façon.

Tout le reste est à l’avenant et la plainte prend vraiment d’ailleurs le Tribunal de Grande Instance pour des idiots et des serviteurs zélés, car jamais il ne pourra pas s’appuyer sur de telles allégations sans preuves, sans faire sauter tant la séparation de pouvoirs que la valeur légale même d’une preuve, bref sans dynamiter tout l’édifice juridique.

L’ONF a posé sa plainte en s’imaginant qu’en France le régime juridique tourne comme sous Mussolini, Franco ou Hitler, qu’il suffirait qu’un organe d’État dise une chose pour que ce soit vrai !

Les rédacteurs de la plainte fournissent d’ailleurs eux-mêmes l’argument faisant tomber celle-ci, en présentant la chose comme suit :

« Au regard des actions menées par le collectif AVA, l’ONF est fondé à poursuivre les membres connus de cette organisations en sa qualité de bailleur, d’une part, pour le trouble de jouissance causé aux preneurs, et en sa qualité de gestionnaire des forêts domaniales, d’autre part, pour l’atteinte portée au droit de propriété de l’État dont l’ONF est le représentant légal en vertu du code forestier (art. D221-2CD). »

En reconnaissant s’occuper des intérêts de l’État, l’ONF montre qu’il agit en tant qu’État et que sa plainte au TGI est donc une plainte de l’État envers lui-même, ce qui ne tiendrait pas une seconde devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

L’ONF a fait deux stupidités éhontées : affirmer sans aucune preuve des choses sur AVA, qui par ailleurs pourraient amener des plaintes pour diffamation mais surtout amènerait le TGI à juger sur de simples affirmations… et s’adresser au TGI comme si l’État se parlait à lui-même, ce qui ferait de l’État à la fois juge et partie, ce qui est impossible à part, comme dit plus haut, sous Mussolini, Franco, Hitler, etc.

Juridiquement parlant, il aurait fallu que les « équipages » des chasses à courre portent plainte, que leurs plaintes aboutissent à des condamnations… Que sur la base de ces condamnations et seulement de celles-ci, l’ONF se retourne contre les personnes condamnées pour, en quelque sorte, des frais de dommages et intérêts…

Mais il est vrai qu’Emmanuel Macron veut faire vite et il espère qu’il parviendra à forcer autant que possible l’écrasement de la lutte contre la chasse à courre. On est là dans une situation résolument politique.

C’est l’expression de la valeur ô combien significative de la chasse à courre dans la société française, pour les plus riches, pour les plus réactionnaires. C’est une citadelle, un verrou…

En triompher passe par là pour la libération animale !

ASSIGNATION ONF AVA

Bure : Lettre ouverte à M. Sébastien Lecornu

A la suite de l’éviction par l’Etat des opposants présents sur le terrain contre le projet de centre d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure, une « lettre ouverte » a été écrite par ceux-ci, pour présenter les faits et accuser les reponsables.

Lettre ouverte à M. Sébastien Lecornu,

Secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire

Monsieur,

Mardi 20 février 2018, nous avons appris votre déplacement de deux jours sur le site de Bure.

Mercredi 21 février 2018, nous avons pris fortuitement connaissance que vous rencontriez les associations d’opposant.es et d’élus ce vendredi de 9h à 10h30 en préfecture de Bar le Duc, par l’intermédiaire d’un communiqué/planning envoyé aux rédactions des médias. Quelques associations ont été contactées en effet, mais seulement en fin de journée.

Nous avons fait l’effort de répondre positivement à cette demande, malgré ces manières cavalières et le peu d’espoir que suscitait une rencontre aussi tardivement préparée et sans ordre du jour.

Ce jeudi 22 février à 6h du matin, les « Hiboux de Bure » ont du affronter 500 gardes mobiles, venus les déloger sans sommation, au bois Lejuc, sur leurs lieux de vie. La maison de résistance de Bure a fait elle aussi l’objet d’une nouvelle effraction policière.

Etiez-vous au courant de cette opération musclée, qui accompagne votre visite de façon si peu glorieuse, crédible, honorable ? Opération filmée, dont les images passent en boucle sur les médias, preuve que tout était bien anticipé, et que la propagande est plus importante que l’information…

Qui pilote l’avion ? Qui décide quoi ? Intérieur et Transition écologique ou Intérieur contre Transition écologique ?

Du côté du ministre de l’Intérieur, celui-ci a clairement annoncé la couleur : répression aveugle et sans concession, au nom de l’Etat de droit. Même si il s’agit de conforter une agence de gestion des déchets radioactifs dont la présence dans ce Bois Lejuc est contestée devant les tribunaux (4 recours juridiques en attente). Même si l’on sait que le projet Cigéo est un désastre technologique, financier et sociétal annoncé.

Ce ministre a tenu, le jour de votre visite, à montrer les dents et à affirmer son mépris total de toute concertation. Cette opération de communication de grande ampleur met en danger la liberté d’expression et de contestation dans ce pays. C’est la leçon que l’Etat veut faire passer. Vous aussi ?

Qu’en est-il de la position de Nicolas Hulot, en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire, membre de ce gouvernement ; en tant qu’homme soucieux de l’avenir de la planète ?

Vous ne nous rencontrerez pas demain vendredi, car il ne peut plus être question comme annoncé, de volonté de concertation, ni de reprendre le dialogue dans ce lourd dossier Cigéo.

Que vous soyez pour ou contre cette opération de communication opérée sur le compte d’une opposition juste, légitime et inébranlable depuis trois décennies, sachez que l’Etat vient d’envoyer un signal d’une brutalité inouïe, indigne d’un Etat de droit, qui présage tout le contraire.

Expulser les acteurs d’une cause juste est un acte d’une gravité certaine, qui ne peut éteindre, soyez-en assuré, la contestation. Nous espérons que vous en saisirez, à temps, toute l’importance.

Le 22 février 2018 Les associations d’opposant.es citoyen.nes et élu.es : Burestop55, Bure Zone Libre, Cedra52, Eodra, Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château, MNE, Mirabel LNE, et des Hiboux de Bure

Sven Van Hasselt, prisonnier vegan

Sven Van Hasselt est un vegan désormais emprisonné pour cinq années en Grande-Bretagne, pour ses activités en faveur de la libération animale. Il mérite donc une importante solidarité dans cette épreuve.

Néerlandais, il a participé à la campagne intitulée Stop Huntingdon Animal Cruelty (SHAC) et visant les laboratoires Huntingdon Life Sciences (HLS, désormais Envigo) testant sur les animaux.

Dans ce cadre, il est accusé d’avoir envoyé des lettres de menace de novembre 2001 à août 2011 à des entreprises et des gens liés à HLS.

Rappelons ici les méthodes de la campagne de SHAC, fort critiquable au sens où il s’agit non pas d’une violence, mais d’une violence mal employée. Pour résumer, le site de SHAC rendait public le lien de certaines entreprises ou personnes avec HLS.

Alors commençait une campagne de menaces, allant à des fausses alertes à la bombe, des accusations de pédophilie dans l’entourage, les menaces d’agression, l’envoi de messages de spams, des coups de téléphones anonymes, la dégradation des façades des logements, etc.

Rappelons que les personnes et entreprises ciblées pouvaient avoir des liens extrêmement indirects avec HLS : cela pouvait être une société de nettoyage s’occupant d’une entreprise liée à HLS, par exemple.

Cet harcèlement, qui visait un isolement total de HLS, se voyait mettre un terme si les liens étaient coupés.

Sven Van Hasselt a également été accusé d’avoir placé des engins incendiaires sous des véhicules, notamment des voitures de sport, d’employés d’entreprises liées à HLS.

Sa compagne Natasha Simpkins a quant à elle été condamné, lors du même procès, à deux années de prison avec sursis. Tous avaient été arrêtés aux Pays-Bas en 2012, accusés d’avoir participé à la libération de 5000 visons d’une ferme, puis extradés en Grande-Bretagne.

Voici l’adresse de Sven en prison. Rappelons que si vous écrivez :

– votre courrier sera lu par la police britannique ;

– vos coordonnées seront fournies à la police française ;

– la police française ira faire un tour sur les réseaux sociaux si vous les utilisez et profitera notamment de facebook pour connaître vos idées si vous les exprimez ouvertement, ainsi que votre entourage, amenant une éventuelle surveillance de votre entourage, etc. etc.

Sven van Hasselt A3021ED
HMP Winchester
Romsey Road
Winchester
SO22 5DF
Royaume-Uni

Il est né en 1986, son anniversaire est le 6 octobre.

Il existe un site de soutien, proposant notamment de faire des dons. Si vous écrivez, il est important d’en faire un, pour payer les timbres notamment. Un t-shirt de soutien est également disponible.

7 novembre 2016 : procès à Paris pour des autocollants

Quelques autocollants collés se voient qualifiés de « dommages graves » et sont accompagnés de 24 heures de garde à vue : face à une telle répression, la solidarité est de rigueur.

Voici l’appel à l’aide des personnes concernées, expliquant l’affaire.

Mobilisation nationale jusqu’au 7 Novembre pour le procès des autocollants !

Le 6 août 2016, alors que nous commencions le jeûne action contre la bombe nucléaire* (triste anniversaire des bombes lâchées sur Hiroshima le 6 et sur Nagasaki le 9), nous avons décidé de faire un die-in devant le siège du parti Les Républicains, rue de Vaugirard à Paris.

Cette action non-violente avait pour but d’exprimer notre refus des armes nucléaires et de dénoncer le coût exorbitant de leur modernisation alors qu’il se prépare actuellement un traité d’interdiction des armes nucléaires à l’ONU. Nous voulions interpeller les candidats de droite comme de gauche sur cette question.

À peine nous étions installés, les forces de police sont arrivées : c’est que ce lieu est « sensible » nous dit la police.

Deux interpellations ont lieu : Sophie pour avoir écrit à la craie « Non au financement de l’arme nucléaire : 4 milliards d’euros par an à économiser !!! » et Rémi pour avoir collé 15 autocollants « abolition des armes nucléaires » sur la vitre du local du parti.

Une garde à vue de 24h est appliquée suivi d’une présentation devant le procureur de la République, soit 28h30 de privation de liberté.

Une inculpation est prononcée pour « dommages graves » et un procès aura lieu le lundi 7 novembre à 9h devant la 29è cour du Tribunal Correctionnel de Paris (4 boulevard du Palais 75001 Paris).

C’est un procès politique, c’est le procès de l’armement nucléaire. Ce n’est pas un hasard si la réaction politique et policière a été si forte, voire illégale, compte tenu de l’absence de dégradation.

Alors que les candidats du parti Les Républicains annoncent vouloir passer le budget de modernisation de l’armement nucléaire de 3,5 à 6 milliards d’euros par an, dénoncer cette arme de destruction massive est apparemment un crime de « lèse majesté » en France !

Appel à soutien
Action nationale de collage d’autocollants contre l’arme nucléaire le samedi 5 novembre

Le 5 novembre, pour montrer notre solidarité avec Sophie et Rémi, une action décentralisée de collage d’autocollants contre l’arme nucléaire est prévue. Des mobilisations sont déjà prévues à Nantes, Rennes, Tours, Paris, Montpellier, Bordeaux. Pour vous inscrire et recevoir vos autocollants gratuitement : man.lyon@nonviolence.fr

Vos selfies de solidarité d’ici le 5 novembre

Chacune et chacun est invité(e) à se prendre en selfie en collant des autocollants sur les sièges des principaux partis politiques (Les Républicains et Parti Socialiste). Vos photos seront publiées sur la page www.facebook.com/procesautocollants.

Le jour du procès

Vous êtes invité-e-s le 7 novembre à 8h45 à être présents au tribunal pour soutenir les inculpés !

À l’occasion du procès et pour montrer que nous ne sommes pas les seuls à refuser l’arme nucléaire en France, nous déposerons à l’Assemblée Nationale les pétitions « France sans Arme Nucléaire » (plus de 10 000 signataires sur fsan.fr).

Contact, renseignement : Serge PERRIN – 06 03 80 39 95

man.lyon@nonviolence.fr

Ce message est à diffuser largement dans vos réseaux. Merci.

* le jeûne-action est organisé chaque année du 6 au 9 août par le collectif « Armes nucléaires stop » avec le soutien du Réseau Sortir du nucléaire, le Mouvement de la Paix, le collectif des Désobéissants, le Mouvement pour une Alternative Non-violente, la Maison de vigilance, le réseau ICAN.

Giuseppe se remet de son agression

[Désolé pour la non publication d’un article hier, nous nous sommes emmêlés dans les dates.]

Nous avons déjà parlé de Giuseppe, un SDF vivant à Paris, dans un camion, et qui s’occupe des pigeons (Il faut aider Giuseppe !, « SDF parce qu’il nourrit les pigeons », Nouvelle vidéo sur Giuseppe, l’ami des pigeons).

Il a connu de nombreuses agressions, dont une toute récente, il y a quelques jours dont il se remet. Elle a été commise avec brutalité, avec le classique sentiment d’impunité des patrons de bar.

Voici comment les choses se sont passées, racontées par les amis de Giuseppe, une page facebook de solidarité.

Giuseppe a de nouveau été gravement agressé. Ils vont finir par le tuer à force de bêtise, de méchanceté, de haine!

Un jeune employé ou patron de bar a, ce matin, aspergé Giuseppe d’eau de javel le blessant très gravement.

A 5H du matin, Giuseppe met en effet quelques graines devant le bistrot de ce Monsieur. Ce matin, l’homme est sorti et a lancé un seau plein de javel sur le visage de Giuseppe. Sur le visage!!!

Une plainte a été deposée. Giuseppe a passé la matinée aux urgences.son oeil est très gonflé et très douloureux. Sa vue est très mauvaise. Ce, malgré les crèmes et autres traitements administrés par l’hôpital.

Ce quartier du centre de Paris me fait vomir. Je suis allée dans ce café. J’ai prévenu le monsieur qu’une plainte avait été déposée et que Giuseppe a des graves problèmes de vision depuis l’agression.

Je me suis fait traiter de clocharde. L’homme a bien regardé mon vélo, sans doute pour le reconnaître et se venger . Il m’ont demandé mon nom, plusieurs fois.

Ces gens sont des malades, d’une violence inouïe . Le traitement réservé à Giuseppe est totalement démesuré et profondément inhumain. Giuseppe nourrit les oiseaux les gars! C’est un homme âgé qui nourrit les oiseaux !

Ce quartier est vraiment un quartier de violence, de sexe, d’alcool et de zone, où chacun fomente sa vengeance contre celui qui dérange.

Mais bon sang de la javel plein les yeux pour quelques graines…. Pauvre humanité , pauvre quartier! Pauvre Giuseppe, nous sommes avec toi… De tout cœur.

On notera que « les amis de Giuseppe » avaient rencontré des gens de la mairie, et on lit dans le compte-rendu que :

La mairie nous a invité a venir discuter de Giuseppe et du nourrissage des pigeons.

Il a été glissé dans la discussion que la page de soutien à Giuseppe risque des poursuites pour incitation au nourrissage des pigeons.

Quelle sinistre attitude! Quelle approche nauséabonde et indigne! A quoi il faut répondre par l’exigence de la morale. Cette histoire de poursuite pour « incitation au nourrissage des pigeons », la municipalité voit cela comme une simple question administrative.

Cela est faux ; en réalité, il s’agit d’une question d’identité, pratiquement révolutionnaire, née de la compassion et de la rupture. S’il y a des limites, elles doivent être dépassées par un élan en faveur des animaux, et non contre.

On peut critiquer les comportements comme ceux de Giuseppe ou de la « vieille-folle-aux-chats« . Mais cela doit être fait de manière adéquate.

Car il y a plus de dignité dans leurs actions, désordonnées voire erronées, que dans les postures faussement civilisées de représentants du désastre actuel, détruisant notre planète.

Répression contre le collectif Straight Edge Madrid

Poster une image et une vidéo du groupe « Tears Of Gaia » (dont nous parlions justement hier) aura été la dernière chose que le collectif Straight Edge Madrid aura publié sur son twitter, avant d’annoncer son autodissolution sur son facebook.

Le collectif a en effet été démantelé par la police, avec l’accusation d’avoir construit une « organisation criminelle » et commis des actions illégales. Déjà en mars 2015, alors qu’à la suite d’une manifestation il y avait eu des affrontements avec la police, et que trois personnes sur les 17 arrêtées appartenaient au collectif, il y avait eu une campagne de criminalisation dans la presse.

Voici des documents concernant la répression du collectif (qui était en fait vegan straight edge, pour la libération animale et la libération de la Terre, dans un esprit anarchiste insurrectionaliste qu’on peut considérer comme proche de la scène latino-américaine).


Voici une information du Secours Rouge, basé en Belgique :

7 novembre 2015
Espagne : 4 des 6 straight edge libérés ce midi sous caution
Après avoir passé deux jours au poste de police, quatre des six membres du collectif Straight Edge de Madrid arrêtés ont été libérés aujourd’hui à midi contre caution de 20.000 euros par la troisième cour de l’Audience nationale. Les deux autres personnes restent en détention provisoire. La somme des dépôts des quatre personnes libérées montants à un peu plus de € 20,000.

Lors de l’opération la police nationale a accusé les détenus d’être « responsable de l’attaque avec des engins incendiaires de quatre succursales de banques à Madrid ». Une vidéo diffusée par la police montre que les détenus avaient des vis, des écrans d’ordinateur mais pas les « dispositifs incendiaires » que la police prétend avoir trouvés. Pour sa part, le collectif Straight Edge de Madrid a publié aujourd’hui sur sa page Facebook un communiqué annonçant sa dissolution.

Voici des informations diffusées par Non Fides,  un média anarchiste insurrectionaliste français (donc non vegan straight edge) :

Madrid : Opération Ice

Six anarchistes arrêtés lors de l’opération « Ice » du 4 novembre 2015, dont deux envoyés en taule

dimanche 8 novembre 2015

Mise à jour du 6 novembre : Finalement, on apprend que six compagnons (au lieu des 5 annoncés initialement) ont été arrêtés lors de l’opération « Ice ». Deux d’entre eux ont été envoyés directement en taule. Les autres devraient sortir sous caution. Durant la matinée du vendredi 6 novembre, des compagnons se sont rassemblés en solidarité devant l’Audiencia Nacional.

Le 4 novembre, la brigade d’information de la police nationale de Madrid a arrêté 5 personnes, membres du groupe anarchiste « Straight Edge », accusés d’appartenance à une organisation criminelle à des fins terroristes, destructions et apologie de terrorisme.

Lors des perquisitions aux domiciles des compagnons, les flics ont mis la main sur du matériel servant selon eux à confectionner des engins explosifs, diverses quantités de poudre et de manuels pour fabriquer des bombes artisanales.

Cette énième opération policière envers le milieu anarchiste, baptisée cette fois-ci « Operacion Ice », est menée dans le cadre de l’enquête concernant l’attaque incendiaire de quatre agences bancaires de Madrid. Les flics les soupçonnent également d’être les auteurs de l’incendie d’un autre établissement bancaire et d’un centre commercial à Barcelone.

Les compagnons détenus comparaîtront devant l’Audiencia Nacional pour appartenance à une organisation criminelle à des fins terroristes, destructions et apologie de terrorisme. Quatre des compagnons arrêtés résident à Madrid, le cinquième résidant dans la municipalité madrilène de « Las Matas ».

En plus de ces 5 arrestations, les flics de la brigade d’information de Madrid ont mené plusieurs perquisitions de domiciles avec l’autorisation du Tribunal central n°3 de l’Audiencia Nacional. Lors de ces perquisitions, les flics ont trouvé de la poudre, ds mèches, des manuels pour confectionner des bombes artisanales et des engins explosifs. Les flics ont annoncé s’être aussi emparés de plusieurs documents et propagande relatifs aux Groupes Anarchistes Coordonnés (GAC), ce pourquoi plusieurs compagnons – dont Monica et Francisco – sont incarcérés.

A la suite des perquiz, les flics font le lien entre le groupe « Straight Edge » et les GAC. Cette nouvelle vague d’arrestations contre les anarchistes est la cinquième depuis l’incarcération de Monica et Francisco pour l’attaque incendiaire de la basilique « Del Pilar » de Saragosse. S’en est suivi l’opération Pandora le 16 décembre 2013, celle du 30 mars 2014 nommée opération Pinata, ainsi que celle plus récente du 28 octobre dernier (qui serait la suite de la première opération), pour laquelle une personne est incarcérée.

[Traduit à partir de la presse espagnole par Le Chat Noir Émeutier]

*****
Cinq compagnons de plus, une même lutte !

Dans la matinée du 4 novembre 2015, la brigade d’information a fait irruption aux domiciles de cinq compagnons appartenant au collectif STRAIGHT EDGE MADRID, en perquisitionnant les logements et en s’emparant un matériel du collectif. Les perquiz se sont soldées par l’arrestation de cinq compagnons qui se trouvent détenus au commissariat de Moratalaz et ils ne pourront pas parler à un avocat jusqu’au jour suivant. On s’attend à ce qu’ils comparaissent devant la justice ce vendredi.

C’est une autre opération contre le mouvement anarchiste après le deuxième épisode qui vient de se dérouler de l’Opération Pandora, où des compagnons de Barcelone (des quartiers de Graçia, de Sant Andreu et de Sants) et de Manresa ont été arrêtées pour appartenance supposée aux GAC (Groupes Anarchistes Coordonnées) et dont l’une d’elles se trouve en détention préventive.

La même année, nous avons vécu il y a quelques mois à Madrid, à Barcelone, à Palencia et à Grenade la dénommée Opération Piñata durant laquelle la même chose s’est passée : des perquisitions de domiciles et de centres sociaux qui se sont soldées par l’arrestation de 15 personnes accusées “d’appartenance à une organisation terroriste”.

Idem en décembre dernier nous avons subi la même chose lors de l’Opération Pandora : la police a fait irruption dans 14 maisons et centres sociaux et les flics ont arrêté 11 anarchistes à Barcelone, à Sabadell, à Manresa et Madrid. Nous ne pouvons pas oublier nos compagnons enfermés depuis 2013, Monica et Francisco, qui dès le début ont été envoyés en prison sous le régime F. I. E. S (déclaré illégal par le Tribunal Supremo [sic ; NdT]) accusés d’avoir placé un engin explosif dans la basilique del Pilar à Saragosse, sans blesser personne. […]

Face à la répression notre solidarité est une arme.

Solidarité avec les compagnons détenus !

[Traduit de l’espagnol par Le Chat Noir Émeutier de Contra Madriz]


« Disparition » de l’oeuvre commémorative en l’honneur de Rémi Fraisse

A l’occasion du triste premier anniversaire de la mort de Rémi Fraisse, un collectif « La Pelle Masquée » avait installé à Sivens – à la barbe des forces de l’ordre – une oeuvre commémorative dans la zone humide du Testet, dans la forêt de Sivens.

Voici comment le quotidien Le Monde la décrit:

« Le monument de 1,8 tonne et de plus de 2 mètres de haut représente une main en pierre de Castries sur laquelle est posée la planète Terre en roues de charrette de bois cerclées d’acier. »


Le collectif résuma son initiative ainsi:

« Dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 octobre 2015, le groupe « La Pelle Masquée » a érigé clandestinement une sculpture en pierre de Castries et roues de charrette en bois cerclées d’acier de 1,8 tonne et plus de 2m de haut.

Ce monument rend hommage à la mémoire de Rémi Fraisse, tombé sous les tirs des gendarmes il y a un an, et à toutes celles et ceux qui continuent à lutter pour l’environnement et l’humanité. »

Le choix des matériaux relève-t-il d’un choix? C’est possible : on sait comment les charrettes sont appréciées des zadistes et de leur romantisme médiéval. De la même manière, la pierre de Castries dont il est parlé dans le communiqué ne doit peut-être rien au hasard. En effet, cette pierre vient de cette petite commune située dans l’Hérault et Wikipédia nous dit à ce sujet qu’elle est particulièrement liée à la vie de la Terre:

« Les environs de Castries sont parsemés de carrières. La roche extraite est un calcaire de 20 millions d’années (datant du Miocène) d’une belle couleur jaune pâle. Cette pierre est utilisée à de nombreux endroits du département : au Peyrou à Montpellier, ou encore à la cathédrale de Maguelone… C’est une pierre riche en fossiles (coquillages, dents de requins, etc.).

Au Miocène, le littoral languedocien était sous l’eau, ce qui englobe les régions actuelles de Narbonne, Béziers, Montpellier et Nîmes. La sédimentation des squelettes et coquilles de cette mer donnera cette roche tendre, utilisée comme matériau de construction. »

Tout cela n’est qu’hypothèse et de manière plus pertinente en tout cas, on pouvait également lire sur la stèle la phrase suivante :

« Nous humains, enfants de la terre, continuons le combat pour la vie »

L’oubli de la majuscule à « Terre » est regrettable : s’agit-il de la planète ou du sol, dans la logique zadiste? Sans doute bien de la planète, vue l’oeuvre, mais c’est ambigu.


Il y a quelques jours, cette oeuvre a « disparu ». La gendarmerie s’est empressée d’expliquer qu’il n’y avait là aucun acte illégal, car « la seule infraction est le fait que la stèle ait été installée sur une propriété privée ».

Le terrain pour le barrage appartient en effet aux yeux de la loi à Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne qui est le maître d’ouvrage délégué du projet. Partant de là, la mort de Rémi Fraisse n’est qu’un épisode « administratif », n’ayant pas de signification.

On peut se douter par conséquent que ce ne sont pas tant les pro-barrages que des forces appartenant à l’Etat qui ont mené cette opération de « nettoyage ». La zone étant surveillée, une éventuelle action des pro-barrages n’a de toutes manières pas pu être menée sans l’accord de l’Etat…

Cela en dit long sur l’absence de morale, sur le cynisme de l’Etat, alors que nous sommes à trente jours de la COP21!

Ce qu’on lisait sur la stèle était juste: nous sommes les enfants de la Terre, il faut défendre la vie… Mais ce n’est pas la justice qui intéresse l’Etat ni les entreprises qu’il sert et l’écologie qu’il met en scène n’est que poudre aux yeux et tentative de gestion du désastre.

Un an après la mort de Rémi Fraisse, l’absence de vérité

Il y a un an, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, Rémi Fraisse était tué lors d’affrontements avec les forces de l’ordre et désormais les choses sont très claires : l’Etat cache la vérité, comme il l’avait d’ailleurs immédiatement fait à l’époque.

Voici ce qu’explique Le Monde :

Le Monde a pu prendre connaissance du retour de commission rogatoire déposé en mars par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) sur le bureau de la juge Anissa Oumohand, chargée de l’instruction ouverte pour « violences par une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». (…)

Reste le point central de l’argumentation des gendarmes : l’état de danger dans lequel ils se seraient trouvés, avec notamment de nombreux jets de cocktails Molotov. Mais là encore, les contradictions dominent.

Au sein du 4e peloton, celui du chef J., un gendarme n’a « pas vu de cocktail Molotov », un autre est « certain » d’en avoir vu, un troisième en a vu un, mais il a éclaté « à une dizaine de mètres » devant eux.

Lors de l’audition du responsable de la cellule image de l’escadron, chargé de filmer les événements, l’enquêteur s’étonne d’ailleurs : « Nous ne voyons pas de cocktails Molotov sur les vidéos. »

En réalité, il y a bien eu des jets de bouteilles enflammées, mais peu et loin des militaires. Les gendarmes sont bien protégés dans le carré de 30 mètres sur 30 mètres qu’ils sont chargés de garder. La « zone vie » du chantier est entourée d’un grillage de 1,80 m, et d’un fossé profond de 2 mètres et large de 1,50 m.

Malgré les efforts déployés, l’IGGN ne parvient pas à documenter les effets des « violences caractérisées » des opposants : le seul blessé, côté gendarme, s’est fait mal au genou en trébuchant tout seul lors d’une sortie…

On comprend que le président du conseil général du Tarn, le préfet et le commandant de gendarmerie aient refusé les demandes faites par la Ligue des Droits de l’Homme, pour l’établissement d’un rapport au sujet de la mort de Rémi Fraisse, qui vient justement d’être rendu public.

Ce que dit le rapport est clair : c’est l’Etat qui a posé le choix de la violence, de la casse. Voici ce que dit un résumé :

« A cet égard, ce que met en évidence le rapport est accablant. S’il n’est pas contestable qu’un petit groupe d’individus avait décidé de profiter des manifestations pour s’en prendre aux forces de l’ordre, tel n’était pas le cas de l’immense majorité des manifestants. Et les forces de l’ordre n’ont jamais été réellement en danger, et encore moins en risque de perdre le contrôle de la situation.

Qu’est-ce qui peut justifier, dans ces conditions, les violences, les insultes, les humiliations, la destruction de biens personnels, la complicité avec les milices locales constatées (parfois filmées) tout au long des événements et qui ne donneront jamais lieu à poursuites malgré les plaintes déposées ?

Qu’est-ce qui peut justifier, la seule nuit de la mort de Rémi Fraisse, l’usage de 703 grenades de toutes sortes et le tir de 74 balles en caoutchouc, dont on sait qu’elles peuvent avoir un effet létal ? Rien, si ce n’est les ordres reçus et le sentiment d’impunité généré par l’attitude des responsables politiques.

La suite de ces débordements d’Etat suit la même logique. Un homme est mort ? On tente d’abord de dissimuler, de nier parfois jusqu’à l‘évidence la réalité du drame ; et puis de justifier cette mort par la violence démesurée attribuée aux manifestants, victimes comprises.

Pour un peu, et même si tous ne l’ont pas dit sous cette forme, elle n’aurait eu que ce qu’elle méritait. Du Premier ministre et ses rodomontades agressives à l’Assemblée nationale, au ministre de l’Intérieur qui n’a su qu’en début de matinée et n’a donné que des consignes d’apaisement, au préfet, qui s’aligne sur son ministre aux hommes de terrain qui démentent leur ministre, c’est une sorte de sauve-qui-peut, de déni obtus face à une mort subitement trop lourde à assumer…

Cette fuite générale en dit long sur la valeur accordée à la vie brutalement interrompue de Rémi Fraisse. 48 heures après la mort de Rémi Fraisse, on attendait toujours un signe, ne serait-ce que de compassion, de la présidence de la République et du Premier ministre…

Malgré le mutisme systématique des autorités publiques qui ont refusé tout contact avec notre commission d’enquête (comme si c’était déchoir que de dialoguer avec
la société civile), ce rapport démonte la mécanique de camouflage destinée à exonérer les forces de l’ordre, comme les responsables politiques, de leur implication dans ce drame. »

Voici les liens : le rapport est  ici, les annexes du rapport ici, l’abstract qui résume ici.

Chili : Lettre de Tamara Sol

Voici une lettre de Tamara Sol Farís Vergara, qui a été condamnée à sept ans de prison pour avoir tiré sur un vigile d’une banque lors de l’attaque de celle-ci.

Elle est significative de cette « scène » dont nous avons déjà parlé: les insurrectionnalistes d’Amérique latine. De manière étrange et conformément à cette scène, Tamara Sol se revendique « nihiliste », alors qu’elle propose un projet très construit, combinant libération animale, libération de la Terre, et insurrection sociale généralisée immédiate, affirmée au nom de l’anarchisme (dans une forme plus qu’éloignée donc des anarchistes tels qu’on les connaît en France, tant sur le plan pratique que sur le plan des idées).

Ces mots sont mes premiers mots publics à travers l’internet suite à la sentence de 7 ans et 61 jours prononcée contre moi pour tentative d’homicide et vol simple.

De nombreuses personnes croient que Angry était mon partenaire, ou que j’ai eu une relation avec lui, chose que je démens totalement. C’était un compagnon précieux avec qui j’ai partagé un nombre infini d’idées et de ressentis. Il était anarchiste et nihiliste et je revendique la vengeance de son assassinat comme acte politique, car je croirai toujours que sa mort n’était pas un hasard. N’oublions pas que TVN a mis l’emphase sur cet acte comme « héroïque », et qu’il n’y aurait même pas eut d’assaut manqué.

Même si je n’ai pas tiré sur le même qui a appuyé sur la gâchette et rechargé son pistolet pour l’achever, l’acte est clair et le message aussi, gardiens : vous ne pouvez pas continuer à tuer nos sœurs et nos frères, ni à risquer vos vies pour un salaire de misère ni pour aucun montant! Demandez-vous ce que vous surveillez, qui sont vos patron.e.s, à qui appartient l’argent que vous protégez avec vos vies!

Je ne crois pas en la justice. Les prisons et tout le système juridique sont faites par les gens riches, puissants, et uniquement pour préserver leurs propriétés et leur ordre social de mort. Les policier.e.s, les juges, les procureur.e.s, les gendarmes se prêtent à cela et deviennent donc sans aucun doute mes ennemis.

En tant qu’individu.e, il y a des choses que l’on ne peut laisser passer quand il s’agit de l’État et du pouvoir qu’il exerce sur chacun.e. L’emprisonnement, l’assassinat, le vol de nos vies au profit du bien être de quelques un.e.s, c’est du terrorisme d’État.

Comme ce que vivent aujourd’hui Nataly Casanova, Guillermo Durán, Juan Flores et Enrique Guzmán, qui sans aucune preuve accréditant une quelconque participation dans les explosions à la bombe, sont mis.es en cause et incarcéré.e.s en tant que terroristes avec un spectacle médiatico-juridique, risquant des condamnations qui leurs couteront leurs vies ; tout comme l’assasinat du compagnon Angry, alors que le gardien-militaire-privé a été mis là le jour même de l’assaut pour tuer, il a été envoyé pour faire « ce travail » et il y a des gens derrière tout ça. Pourquoi la justice dégueulasse ne punit pas ce gardien?

Voilà ce qu’est la terreur d’État, lorsque la mort d’une personne est légitimée pour la protection de la propriété privée ; quand on emprisonne des pauvres pendant des dizaines d’années pour des actes qui sont incomparables à la dévastation de la terre depuis des siècles ; on ne peut comparer cela non plus à comment la dictature a implanté le néolibéralisme par la force en tuant, en torturant, en faisant disparaitre des gens. Ceux qui l’on fait ont des prénoms et des noms et vivent encore, travaillent encore, marchent dans les rues, comme le maudit Labbé, qui a été libéré sous caution de 500,000 misérables pesos. Je ne crois pas non plus qu’il devait aller en prison.

Mais alors…que se passe-t-il avec ces terroristes? Que se passe-t-il avec les Angelini et les Matte qui laissent tous les peuples du sud sans eau et sans forêt ? C’est Bachelet, ou le Pouvoir Exécutif qui les maintiennent à travers leurs décrets et leurs lois qui les protègent et contribuent à les rendre toujours plus riches. Et aux dépens de qui ? De communautés entières qui ne peuvent semer à cause des sècheresses, obligées de travailler pour eux jusqu’à mourir à la tâche. Ça c’est du terrorisme !

Que les médias de communication manipulent les évènements et l’information, qu’ils mettent des programmes machistes dégueulasses dans lesquels les femmes sont des objets et les hommes sont des patrons ; en plus de faire appel aux citoyen.ne.s à collaborer avec la police dans la capture de gens pauvres, de voleur.euse.s, ou en lançant des programmes grossiers comme « 133 », les fameux « cazanoticias », transformant les voisin.e.s en policier.e.s, en tortionnaires ou en espion.e.s, alors que les politiciens-voleurs, comme avec le cas Cascadas, le cas Penta ou jusqu’au propre fils de la présidente Bachelet, ni un seul œuf ne leur a été lancé ; tou.te.s sont libres, sain.e.s et sauf.ve.s. Tous prennent part à l’oligarchie chilienne, à l’État et au pouvoir.

On ne peut, en tant qu’individu.e avec une volonté propre, naturaliser l’omnipotence de la loi qui les préserve et encore moins protéger leurs propriétés et leur argent. Les conduites sociales sont régies par les personnes mêmes. L’État est une structure mentale soutenue par la force publique, par la police $hillienne, par la gendarmerie et par qui reconnait leur travail comme nécessaire.

Nous n’avons pas besoin d’État ni de Gouvernement. L’effondrement de l’esclavage moderne, de la reprise en main de nos vies par l’assaut et le renversement de leurs privilèges est entre nos mains. Ne travaillons plus pour eux, ne reconnaissons pas d’autorités, puisque nous savons que la démocratie fait partie d’un show médiatico-mental afin de maintenir intactes leurs si précieuses richesses, sans que personne n’y touche ou les dérange.

Leur paix sociale et leur ordre public traite de cela…de la peur qu’ils ont de tout perdre, parce que sans pauvre il n’y a pas de riche, sans État il n’y a pas de loi, sans patriarcat il n’y a pas d’autorité ni de domination. La liberté de vivre autonome est entre nos mains, sans maître ni patron, ni horaires. Nous valorisons notre volonté, nous sommes capables de nous éloigner du matérialisme, des marchandises, de la consommation ; redevenons sages, écoutons de nouveau les vieux et vieilles, les enfants. Laissons de côté les rôles binaires qui génèrent les dépendances et les hiérarchies dans les relations et soyons nous-mêmes sans préjugés.

Nous n’avons besoin ni d’un père, ni d’un homme, ni d’un État qui nous protège, la créativité et la connaissance sont des capacités innées qui conforment notre être, nous pouvons nous auto-suffire avec ce que nous donne la terre, nous n’avons pas besoin de plus. Recommençons à sentir, à observer notre intérieur, reconnectons-nous avec la vie, avec la nature, en apprenant de nos ancêtres. La technologie et la science ne sont pas en notre faveur, elles appartiennent aussi aux riches. Monsanto en est l’exemple évident : en utilisant la biotechnologie pour transformer des semences et des plantations agricoles, en les rendant résistantes à un pesticide unique (cancérigène) qui leur appartient aussi, en prenant le contrôle absolu des plantations de fruits et de légumes, c’est-à-dire la base de notre alimentation.

Cela se produit également avec la sylviculture et les plantations de pins et d’eucalyptus, qui sont des matières importantes pour l’exportation et donc l’une des principales sources de richesse, la monoculture de ces espèces requiert un pesticide spécifique pour affronter les maladies, ayant déjà été transformées biochimiquement pour être résistantes à celles-ci, ainsi qu’à tout types de températures, demandant de plus grandes quantités d’eau qu’une forêt vierge, contaminant et stérilisant la terre.

Ils expérimentent avec nos corps en inventant des maladies et en nous vendant les antidotes a travers la mafia pharmaceutique et leurs collusions flagrantes.

Sans cesse séduits à travers la publicité (tromperie) a consommer certains aliments pour « la bonne santé » comme le lait (viols répétés), la viande (cadavres) ou les œufs, encourageant la marchandisation en masse de la viande animale, en centre de torture et de maladie pour ces êtres (comme Agrosuper, Superpollo ou quelconque abattoir).

L’oligarchie soutenue par l’État est le terroriste.

Nous comprenons que l’idée de consommer et de posséder est vide, que cela n’a rien a voir avec la vie et la sagesse de comprendre que nous sommes une part de l’univers et que nous ne pouvons pas continuer à être des participants de l’immense dommage que les puissants font à la planète sur laquelle nous vivons, tout est pour leurs privilèges. Si nous sommes conscient.e.s de cela nous pouvons les arrêter et récupérer notre autonomie, notre volonté individuelle, notre sensibilité, la fertilité de la terre et de nos corps, la joie de vivre sans misère affective ni sexuelle, jouissant du chaos des flux de relations libres et de la nature sauvage.

Sans regret, savoir qu’il y a encore des cœurs inquiets, rebelles et autonomes et que d’autres continuent de naître me réjouit, des êtres qui ne se laissent pas séduire par la marchandise du néolibéralisme et de la démocratie. Je vous porte toujours dans mon esprit et dans mon cœur. D’ici je vous serre fortement dans mes bras, sachez que vos actes nous rendent plus fort.e.s et illuminent les journées.

La solidarité dans toutes ses formes nous maintient de pied ferme, pour cela je salue les jeunes de Villa Francia et les compagnon.ne.s toujours prêt.e.s à la confrontation à coups de poing et coups de pieds contre la police à chaque audience de ce procès judiciaire dégueulasse, dont plusieurs ont finis matraqué.e.s ou prisonnier.e.s. Sachez que vous êtes de valeureux.ses guerrier.e.s. Je remercie mes frères et sœurs qui n’ont jamais arrêté de venir me visiter et de me cuisiner des bons plats. Je vous aime beaucoup et vous me manquez.

Tout mon respect à l’équipe de défense juridique. L’outil que vous avez choisi d’utiliser sort les compagnon.ne.s de prison. Ce sont des actions concrètes dans la confrontation des forces…une arme. Salutations affectueuses et solidaires à Freddy, Marcelo, Juan, Carlos, Hans, Alfredo, Alejandro et Nicolas, séquestrés dans les cages de l’État Chilien. Affection complice à la Tato et à Javier, force à Natalia, Juan et Guillermo, alors qu’ils et elles en sont à 45 jours en grève de la faim liquide, force à Enrique Guzman; tout mon appui dans cette dure bataille.

Solidarité et respect aux gens de la terre dans le Wallamapu !
Solidarité avec les prisonniers à travers le monde !
Contre la société patriarcale techno-industrielle !
Contre l’État, l’oligarchie et toute forme de domination !
Pour la destruction de toutes les cages !
Coeur, volonté, mémoire, intuition et instinct! Confiance en soi !

Ana, Luisa, Manuel, Alen, je vous aime infiniment.
SOL MALEN
PRISONNIÈRE NIHILISTE
INCARCÉRÉE DANS LE MODULE 2 DE LA PRISON SAN MIGUEL

Aimer les pigeons au marchais nantais de Talensac…

C’est une information par le site nantais NALO.

Pigeons à Talensac : «C’est plus fort que moi ! J’aime les animaux, tous les animaux»

Heidi est un vendeur de fruit sur le marché de Talensac à Nantes, il est à quelques mois de la retraite. Ce week-end la presse révélait une petite « affaire » le concernant : il a reçu de la police municipale un avis d’expulsion du marché pendant 15 jours (sachant que c’est un marché ouvert du mardi au dimanche).

La raison de cela ? Ce monsieur a nourrit à plusieurs reprise des pigeons autour de son étal, malgré les mises en garde de la police.

La plupart des gens l’ignore certainement, mais il est interdit de nourrir les pigeons dans les grandes villes. Ces malheureux animaux sont considérés par les humains comme des indésirables, des « nuisibles ».

Le commerçant de Talensac n’est pas un provocateur gratuit qui s’est amusé de la police, il reconnaît ses « tords » vis-à-vis de la réglementation :

« La police municipale a raison, elle fait son travail. Moi, c’est vrai, j’ai désobéi et j’ai déjà été averti plusieurs fois. »

Au contraire d’un provocateur, il fait preuve d’une grande dignité, d’un grand sens moral en expliquant par contre :

« Mais c’est plus fort que moi ! J’aime les animaux, tous les animaux. »

Voilà des paroles d’une grande valeurs qu’on aimerai lire ou entendre plus souvent !

Les gens sont « dérangés » par les fientes de ces malheureux oiseaux qui ne font que se nourrir ? Certes. Mais il est complètement erroné de penser que les pigeons sont « coupables » et devraient être rejetés, éjectés.

Les fientes des oiseaux sont un phénomène naturel qui participe au fonctionnement général de la vie sur Terre. Cela ne pose pas de « problèmes » au milieu de la végétation, de la terre et de l’humidité quotidienne.

Le problème ce n’est pas les fientes des pigeons, le problème c’est le bitume et le béton.

Du point de vue des végétaux, les fientes sont essentiellement une source d’azote et d’autres nutriments minéraux. Dans la nature, les « déchets », les choses « sales » n’existent pas en tant que tel, puisque tout a une utilité, tout a une une place dans ce qui est un immense système favorisant perpétuellement le renouvellement et l’évolution de la vie dans son ensemble.

Rejeter les oiseaux comme le fait la réglementation interdisant de nourrir les pigeons est une attitude profondément erroné. Non seulement cela est totalement égoïste, surtout sur un marché de fruits et de légumes (que seraient nos fruits et légumes sans les animaux et les insectes participants aux processus naturels ?), mais en plus c’est totalement « suicidaire » pour l’humanité.

A moins bien sûr de vouloir manger des « fruits » et des « légumes » sans saveurs et sans nutriments, à moins de penser que les végétaux dans nos villes ne doivent exister que comme décors, à moins de s’imaginer que l’ont pourrait véritablement se développer de manière harmonieuse et heureuse entouré de béton et de bitume, sans oiseaux, sans animaux.

Les pigeons sont autant que nous des habitants des villes, pas plus que nous ils ont « choisi » ou non d’y habiter, d’y subir la pollution, d’y manger de la nourriture souvent mauvaise pour leur santé.

Alors autant que nous ils ont le droit d’y vivre de manière heureuse. Les personnes qui les aident à se nourrir font preuve d’un grand sens moral, d’une grande solidarité pour nos voisins et amis les pigeons !

Au contraire, les parents qui trouvent amusant de voir leurs gamins courir après les pigeons comme ont le voit trop souvent sur les places des grandes villes ont une attitude stupide et dénaturé. C’est exactement le genre d’attitude qui conduit l’humanité droit dans le mur.

Les fientes des pigeons à Talensac ne sont qu’un problème secondaire, qui ne coûterait pas grande chose à nettoyer si l’on décidait de s’organiser correctement et d’arrêter de mépriser les pigeons.

Que l’on compare cela, au hasard par exemple, avec le coût de la pollution et des problèmes engendrés par les gros 4×4 SUV tellement à la mode dans nos rues… N’est-ce pas là une problème plus sérieux que ce sympathique marchant de fruits dont le tord n’est que d’aimer les animaux, « tous les animaux » ?

Ouest France publie une photo de ce marchant, nous la reproduisons ci-dessous, en espérant que cela aidera les gens à le reconnaître pour venir acheter leurs fruits chez lui quand il sera de retour à Talensac !

Violence pro-corrida et policière à Arles

Voici une information diffusée par PlanèteAnimaux.com, qui se présente comme un « média animalier ». Il s’agit d’un blog d’infos sur la condition animale, lancé par une ancienne membre de la SPA (de Paris) et contenant de la publicité.

L’un de ses « journalistes » a été tabassé par des partisans de la corrida, voici leur communiqué. Nous mettons « journaliste » entre guillemets parce que pour être journaliste, il faut une carte de presse, ce qui n’est manifestement pas le cas, ce qui est tout à fait secondaire il est vrai, pour autant quel intérêt de parler de « journalisme » au moyen d’une définition « neutre » qui n’existe de toutes manières pas?

Rien n’est « neutre » dans cette société, il faut voir les choses en face, sans quoi inévitablement on affronte la déception ou la répression.

Hier, dimanche 5 avril 2015, le média animalier PlanèteAnimaux.com réalisait un reportage à Arles sur le déroulé des manifestations anti-corrida qui avaient lieu pendant la féria.

En marge de celles-ci, une action militante pacifique a été organisée : 7 manifestants se sont couchés sur la route, le 5 avril vers 14 heures, afin de bloquer la route des deux camions qui emmenaient les taureaux vers les arènes. Simon MICHEL, journaliste pour Planète Animaux, était là et réalisait des photographies du sitting. Soudain, la situation a dégénéré.

«Je couvrais cette action non violente sur la voie publique à titre professionnel. Je suis resté en arrière. J’ai vu les camions du manadier sortir du corralles escortés par une voiture de police. Les militants sont sortis d’un champ et se sont allongés entre la voiture de police et les camions, sur la chaussée.

La police a commencé à asperger les manifestants de gaz lacrymogènes. Un policier est venu vers moi et m’a aspergé aussi, je lui ai indiqué que j’étais journaliste et que je prenais des photos pour un média. Il est reparti. A ce moment là, les manadiers et membres du personnel du corralles ont commencé à frapper les manifestants, qui ne ripostaient pas.

Ils recevaient des coups de poings et de pieds. L’un avait le visage en sang, un autre avait une marque de chaussure sur le visage. Les aficionados ont traîné l’un deux par les deux pieds sur le sol sur plusieurs mètres avant de le jeter dans un petit cours d’eau en contrebas de la route ! Un membre du corralles s’est approché de moi et m’a dit qu’il allait me tuer si je continuais à prendre des photographies. Il a insisté pour savoir de quel média je faisais partie.

Puis il est revenu en courant avec un autre homme, les deux m’ont sauté dessus. Ils ont arraché mon manteau et m’ont asséné plusieurs coups de poings dans les côtes et au visage. Je leur ai rappelé que j’étais journaliste, ils ont continué à me frapper. Ils m’ont violemment baissé la tête de force pour me voler mon appareil photo que je portais avec un tour de cou.

Celui qui avait mon matériel photo s’est enfui avec, et 3 policiers sont venus m’immobiliser, pendant que l’individu fracassait mon appareil photo à plusieurs reprises contre le chaussée, avant de le jeter dans un arbre !», témoigne Simon, dénonçant là une justice protégeant les agresseurs plutôt que les agressés.

15 minutes plus tard, les camions ont pu repartir, leurs occupants n’étant nullement inquiétés par les forces de l’ordre, alors qu’ils venaient de tabasser 8 personnes sous leurs yeux. Les 8 victimes en revanche, ont été conduites au poste de police, soit disant pour « pouvoir porter plainte ». Mais une fois arrivés au commissariat, tous ont été placés en garde à vue, y compris notre journaliste !

Tous les 8 étaient blessés. Leur détention durera finalement 20 heures, au cours desquelles aucune nourriture ne leur sera fournie !

Des accusations mensongères

Les 8 personnes ont été notifiées qu’elles étaient gardées à vues pour « entrave à la circulation » ; « violation de propriété privée » ; « vol aggravé » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Notre journaliste qui a pu observer le déroulement des opérations, réfute ces accusations qu’il qualifie de « mensongères ».

L’un des manifestants blessés à sa sortie de garde à vue

« J’ai suivi ce groupe de militants depuis 10 heures du matin. Aucun d’entre eux n’a pénétré dans le corral, et aucun d’eux ne s’est approché des camions, à part lors du sitting, mais jamais vers les portes des véhicules. Les manadiers ont porté plainte contre eux et moi, affirmant que les militants ont volé les clavettes de sécurité des camions.

Cela est totalement insensé ! Jamais ils n’auraient fait une chose pareille, car cela aurait mis la vie des taureaux en danger car ceux-ci auraient alors pu tomber des camions en marche. Ces personnes étaient là pour défendre les animaux, pas pour risquer de les blesser ! Aucun militant n’avait d’outils sur lui, ou de fumigènes. Il n’y avait que mon appareil photo. La seule chose prévue était, je le répète, une action totalement pacifique », affirme Simon.

Une enquête est en cours. Planète Animaux portera plainte dans cette affaire, et espère être soutenu dans cette démarche par des associations de protection animale. Nous sommes scandalisés par ces événements, et par la justice à deux vitesses qui sévit en terres taurines… Simon le journaliste avait réalisé des photographies très explicites des violences survenues, mais la carte mémoire de son appareil photo a été saisie par les forces de l’ordre. Nous ne savons pas encore si nous pourrons récupérer ces images.

Voilà un fait divers qui prouve une nouvelle fois la violence des amateurs de corrida qui, non contents de torturer et de tuer des bêtes, s’en prennent également aux hommes. De plus, la liberté de la presse à été totalement bafouée ce 5 avril, autant par les aficionados, que par les fonctionnaires de police. Cela doit être dénoncé.

« Au cauchemar du vegan » à Saint-Pétersbourg

Le 23 janvier à Saint-Pétersbourg en Russie, trois personnes ont été arrêtées pour avoir attaqué la façade d’une boucherie appelée pas moins que… « Au cauchemar du vegan » (ou littéralement « le rêve horrible du vegan »).
Voici à quoi cela ressemble, avec une photo où le propriétaire se met en scène…


Les trois activistes sont accusés d’avoir agi le 5 janvier 2015, en jetant de la peinture, écrit des slogans et en brisant la vitrine, une chose qui n’arrive pas pour la première fois. Les dégâts sont de 4000 euros environ.
On peut voir ici une vidéo présentant les protagonistes.

Les activistes risquent jusqu’à deux années de prison, et ont besoin de solidarité !

Notamment sur le plan financier, pour payer les frais d’avocats, avec ici des comptes où on peut leur envoyer de l’argent :

Western Union: Sokolova Anastasya Andreevna, Russie, Saint-Petersbourg
Qiwi: +79650832342
Yandex money: 410012645006999
Sberbank: 4276 5500 2824 7826

Voici également deux comptes de réseaux sociaux :
https://www.facebook.com/spb.three
https://vk.com/club85632126

Il est évident qu’il y a lieu d’exprimer tout son soutien, parce qu’il y a là une dimension symbolique plus qu’importante. L’existence même de ce « magasin gastronomique » qui s’appelle « Au cauchemar du vegan » est une provocation et une insulte.

Bien entendu, il ne s’agit pas de perdre de vue ici qu’il s’agit de la défense des animaux qui compte, pas d’une quelconque posture anthropocentrique (du type antispéciste). Il y a ici une affirmation en faveur du meurtre, d’un style de vie destructeur, qui est une attaque fondamentale contre les animaux.

La bataille pour la libération animale a une dimension culturelle, l’exploitation animale joue énormément là-dessus pour faire levier sur les gens et banaliser son existence. Ne pas accepter les règles du jeu que l’exploitation animale impose est donc essentiel ; voilà pourquoi la mise en avant des produits simili-carnés est purement suicidaire culturellement (mais pas économiquement à court terme pour les commerçants les vendant, bien sûr!).

On peut se douter également que la situation en Russie est loin d’être facile, et on voit mal Brigitte Bardot téléphoner à son ami Poutine pour soutenir les activistes. C’est donc encore l’occasion de souligner la dimension universaliste de la libération animale.

Cette cause concerne toute l’humanité, dépassant toute distinction de couleur de peau ou de sexe, d’origine ou de nationalité. Elle rappelle qu’il n’y a qu’une humanité, qui a des responsabilités en tant que tel, les gens ne devant pas se voiler la face derrière des revendications « individuelles », « communautaires », nationales, etc. etc.

Si chaque pays apporte quelque chose à la culture, il n’y en a pas moins une seule humanité, qui doit reconnaître Gaïa, admettre que ses prétentions anthropocentriques sont absurdes. La libération animale est une cause universelle et universaliste ; voilà ce que cette boucherie russe tente de dénoncer de par son existence provocatrice.

La Coordination Antinucléaire du Sud-Est a besoin de soutien face à AREVA

AREVA porte plainte contre la Coordination Antinucléaire du Sud-Est… La solidarité s’impose!

LIBERTE D’EXPRESSION MENACEE

AREVA porte plainte contre la Coordination Antinucléaire du Sud-Est ! Nous ne nous laisserons pas bâillonner !

Le site internet de la Coordination Antinucléaire du Sud-Est vient d’être informé ce mardi 6 janvier 2015 d’une plainte en diffamation d’Areva pour un reportage* mettant en cause la pénétration du lobby nucléaire auprès des élus alors que le crime nucléaire sanitaire se poursuit à Fukushima et en vallée du Rhône.

Par cette attaque en justice, le géant du nucléaire veut faire taire la contestation au moment même où le groupe Areva est en décrépitude financière (-52% de sa valeur en Bourse) et industrielle (échec de l’EPR en Finlande, investissements hasardeux, réduction de ses ventes de Mox notamment au Japon, mis en cause dans des financements de budget étranger,…), où les incidents se multiplient dans ses installations en France et alors que se meurent à petit feu des milliers d’enfants et d’adultes (recensés ou pas encore) à Fukushima et ailleurs, comme au Niger.

La Coordination Antinucléaire du Sud-Est qui regroupe, en dehors de tout parti politique, des citoyens qui agissent pour l’arrêt immédiat et inconditionnel du crime nucléaire pour des raisons sanitaires et de santé publique, dénonce

. la guerre idéologique fanatique que les tenants de la destruction atomique mènent contre une pensée libre et contre le peuple, l’arrogance et l’impérialisme du lobby nucléaire et de sa caste dirigeante,

. les atteintes à la santé et à la vie des populations et la contamination des territoires par les rejets radioactifs dans l’air et dans l’eau de chacune des 125 installations nucléaires civiles auxquelles s’ajoutent les Installations Nucléaires de Base secrètes militaires disséminées sur le territoire français.

Atteintes voulues, répétées et quotidiennes, telle la fabrication par Areva de l’uranium « appauvri » radioactif, sans doute utilisé dans les armes de guerre.

. l’exploitation colonialiste des travailleurs et ressources du Niger ainsi que la contamination radioactive des territoires de vie et de culture des populations touareg et autres de ce pays,

. le noyautage des institutions, de l’État, et des assemblées élues par un groupe d’intérêts privés et leurs relais idéologiques pour imposer un ordre dominant et un état de terreur nucléaire sur le pays et la planète,

La Coordination antinucléaire du Sud-est rappelle qu’il n’y a pas de dose de radioactivité artificielle inoffensive.

La Coordination antinucléaire du Sud-est appelle à la Solidarité
. toutes les personnes éprises de liberté et attachées au droit d’expression et de critique,
. tous les collectifs, et groupes, et organisations

. à s’opposer à cette atteinte à la liberté d’expression,

. à adresser à la Coordination des messages de soutien : sudest.antinucleaire@free.fr

. à soutenir la défense en justice de la Coordination antinucléaire du Sud-est : j’apporte mon aide

. à manifester directement son indignation auprès des pouvoirs et de Areva par les voies que chacun-e déterminera

( Monsieur Philippe Varin Président du Conseil d’Administration d’Areva 1, place Jean-Millier 92084 Paris-La Défense cedex Tél : 01.34.96.00.0001.34.96.00.00 Fax : 01.34.96.00.01  – 1er Ministre Manuel Vals : 57 Rue de Varenne, 75007 Paris http://www.gouvernement.fr/contact/ecrire-au-premier-ministre – Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes 14, avenue Duquesne 75350 PARIS 07 SP Tel : 01 40 56 60 00 )

. à faire connaître partout cet autre versant des atteintes à la liberté d’expression en France

. à signer la pétition en ligne avec cyber@cteurs : (lien prochainement disponible)

. soutien financier (remboursé en cas de retrait de plainte par Areva et non procès) : à adresser à CAN 180 chemin de la Parisienne
84740 Velleron – France ou clic sur ce bouton :

Etats-Unis: libération d’Eric McDavid

Eric McDavid a été libéré de prison au bout de neuf années. Il avait été piégé aux États-Unis par un agent provocateur du nom d’Anna qui avait infiltré à partir de 2004 le mouvement pour la libération de la Terre.

Pendant deux années, elle a fourni des manuels sur les explosifs ainsi que l’argent pour se procurer le matériel, aboutissant en 2006 à l’arrestation d’Eric McDavid, accusé d’avoir voulu attaquer un barrage et des installations de modification génétique des élevages de poisson.

Eric McDavid, qui est végan, a alors été condamné à 235 mois de prison et 36 mois de liberté surveillée, devenant la première personne condamnée officiellement aux États-Unis pour appartenance au Front de Libération de la Terre. Grâce à la mobilisation notamment du comité de soutien, il a été libéré au bout de neuf années.

Voici un communiqué au sujet de sa libération, d’un groupe local soutenant les prisonniers, la traduction a été produite par Contra-Info.

Chers ami-e-s et compagnon-ne-s

C’est le cœur chaud que nous écrivons pour vous faire parvenir des nouvelles incroyables. Le 8 janvier, la libération de prison d’Eric a été ordonnée. Cela fait presque exactement 9 ans qu’il avait été arrêté à Auburn, en Californie, le 13 janvier 2006.

La libération d’Eric a eu lieu du fait de la demande d’habeas que lui et son équipe de soutien légal ont remise en mai 2012.

Puisque le gouvernement a retenu d’importants documents pour la défense lors de son procès, le jugement original d’Eric a été invalidé, et il a plaidé coupable pour des charges mineures pouvant faire encourir des sentences de cinq ans au maximum.

Cela signifie qu’Eric a déjà passé en prison quatre ans de plus que ce qui aurait pu être requis pour la charge à laquelle il a plaidé coupable. Il a reçu des compensations pour le temps qu’il a fait en trop, et a été libéré.

La date de libérabilité d’Eric était – avant aujourd’hui – février 2023.

Nous tremblons d’excitation de savoir qu’Eric sera bientôt de retour parmi nous, là où est sa place. Mais rien ne change au fait qu’Eric et ses êtres chers se sont vu voler 9 ans par l’État. A l’époque, ce combat semblait presque impossible. Eric a enduré des grèves de la faim, l’isolement et la froideur des murs et des câbles de la prison.

Toutes ces choses étaient sensées le briser – mais l’État a totalement échoué dans cette tentative. Eric est resté ferme et fort. Eric a fait face aux charges qui pesaient contre lui il y a 9 ans parce qu’il savait que c’était la bonne chose à faire. Il a maintenu son intégrité toutes ces années, en restant vrai avec lui-même et avec les choses en lesquelles il croit.

Mais il n’a pas fait ça dans le vide. Merci à tous ceux et toutes celles qui lui ont démontré leur amour et leur soutien ces neuf dernières années. Cela a fait toute la différence.

A tous ceux et toutes celles qui ont écrit une lettre, envoyé des dessins de dragons ou des images de fées, ou joint des images de choses aussi simples qu’un peu d’herbe… vous avez donné à la vie d’Eric de la couleur, du feu et des connections ces 9 dernières années. Vous avez prouvé que la solidarité est notre meilleure arme.

Nous trépignons de fêter ça ! Mais nous devons aussi nous souvenir que le cas d’Eric n’est qu’un cas parmi de nombreux autres, et il n’est en aucun cas le plus conséquent.

Depuis le 11 Septembre, l’État a engagé des persécutions politiques contre des centaines de personnes dans ce pays – dont une majorité appartient aux communautés musulmanes – pour leurs affiliations politiques et religieuses. Et nos compagnon-ne-s continuent d’être pris-es pour cible et arrêtées pour oser rêver. Nous débordons de joie de savoir qu’Eric revient parmi nous. Mais nous savons également que nous ne devons pas nous arrêter avons que tous et toutes ne soient libres.

Eric a été libéré de la prison de Sacramento, mais sa lutte est loin d’être terminée. Il fait face à deux ans de liberté surveillée et sera sous leur surveillance tout ce temps. Sortir de prison est un voyage compliqué et difficile, mais c’est un voyage qui nous excite et que nous sommes prêt-e-s à commencer.

De nouveau, merci à vous tous et à vous toutes, et un grand cri pour les avocats d’Eric, Mark Vermeulen et Ben Rosenfeld, qui ont travaillé passionnément et sans repos sur son affaire pendant des années, pro bono.

Nous en redirons quelque chose dans les semaines à venir. D’ici là, fêtez ça !
Et comme dirait Eric… trouvez VOTRE joie !

Enormément d’amour à vous tou-te-s.

Jusqu’à ce que tou-te-s soient libres !

Sacramento prisoner support

« J’ai vu deux patators, des frondes et des lance pierres »

Voici un autre témoignage de quelqu’un présent sur place dans la nuit où Rémi Fraisse a été tué. Il décrit le niveau de violence qui a eu lieu, et tente de formuler un point de vue global à ce sujet.

Je lis ça et là que les manifestants auraient utilisé des coktails molotov contre les forces de l’ordre dans la nuit de samedi à dimanche. Je n’en ai vu aucun.

Il est vrai que je n’ai pas vu la mort de Rémy mais il y avait charge des GM, volées de lacrymos et d’assourdissantes et j’étais tout occupé à relancer ou éteindre les lacrymos proches où à guetter les trajectoires pour me boucher les oreilles avant l’explosion (sinon ça fait mal!).Je n’ai rien jeté d’autre que ce qu’on m’a envoyé.

J’ai vu deux patators, des frondes et des lance pierres. J’ai vu voler des cailloux et des mottes de terre (assez dures, faut le dire, ce n’est pas un doux humus qu’ils ont laissés!), des fusées d’artifices (certaines ont mis le feu dans la zone défrichée des pentes où il y avait des GM déployés, une seule est allé dans le carré vide défendu par les flics), des fusées de détresses (deux tirées en direction de l’hélicoptère de la gendarmerie, pour le faire reculer, ce qui a marché) et même un feux d’artifice complet.

J’ai vu voler des bûches enflammées et des bouts de bois. Rien qui ne soit qu’assez inoffensif, approximatif ou imprécis, rien qui ne soit propulsé par autre chose que la simple force humaine ou qui ne soit que quelques milligrammes de poudre et d’oxydes colorants sans projectile d’impact.

Ayant passé la nuit de Dimanche à lundi avec ceux qui gardaient le « Dance Floor », dont certains ont participé activement à la bagarre, j’ai aussi demandé s’il y avait eu coktails. Niet.Ceux là étaient sur zone depuis Septembre et en ont pris plein le gueule depuis plus d’un mois, seuls ou presque devant les GM et les engins de chantier. Ce ne sont pas des black-blocs extérieur.

Ils ont tout fait, action non violente, clown, médiation, barricades et caillassage. Toutes leurs stratégies se sont heurtées à une machine inexorable quelque soit la forme de l’opposition. Ils en ont gros sur la patate et c’est pas moi qui va le leur reprocher, comptez plus sur moi pour ce genre de débat stérile inutile et épuisant.

Face à la coercition et au cynisme de notre état, aucune stratégie ne peut prétendre s’imposer comme étant la seule valide. La non violence a prouvé mille fois sa non efficacité si elle est utilisée seule. Il y a des contextes où cela marche, d’autres pas du tout. Regardez l’histoire autrement qu’avec des grilles de lecture toutes faites, des grands récits et des fantasmes (Gandhi!).

Pour la violence c’est pareil et d’ailleurs les zadistes savent bien jusqu’où y aller. Ils sont nombreux à venir de NDDL, la procédure de la flicaille ils connaissent…Utiliser des armes létales entraîne une réplique proportionnée et on va au massacre que nul ne veut dans ce camp. On a des doutes vis à vis de l’autre, de plus en plus justifiés et il faut en tirer les conséquences (..dégage!).

J’ai croisé à Albi un gars qui m’avait tenu la veille tous les propos non violents du monde. Il avait un pavé à la main. La rage monte devant tant de provocations. Il en faut autant pour s’interposer, bras levés entre les flics et les violents que pour lancer des pavés.

Ce n’est pas exactement le même genre de courage cependant, l’un vient plus facilement aux jeunes taillés comme des baraques, mais chacun fait avec celui qu’il a ou pas, on a le droit d’avoir peur et il y a mille choses à faire ailleurs que sur le front.

Mais il faut aussi y être en nombre sinon les engins passent, les arbres tombent et sont rasés, la terre est chamboulée et « Carcénac » nous dit: « au point ou on en est pourquoi s’arrêter… ».

Autre chose, la parité…il n’y a plus les petites nanas à l’infirmerie et les gros pépères costauds valeureux au front. Il y a de tout partout et sans quota! La grille de lecture traditionnelle sur le machisme de la lutte en est un peu chamboulée, intégrez cela camarade-e-s.

Moi j’ai l’impression qu’ils sont de moins en moins nombreux à craindre leurs stupides lacrymos et leurs gros pétards et que tous, « violents » et « pacifistes » montent à l’assaut du « vieux monde » dont , à ce stade, ils n’ont plus peur et qu’ils sont juste déterminés à ne plus accepter.

« Échos de la guerre en cours »

Il est désormais clair que Rémi Fraisse est mort des suites d’une attaque des gendarmes au moyen d’un type de grenade utilisé pour le « maintien de l’ordre ». Voici un récit de la nuit où s’est déroulé l’affrontement.

Sur le site Tant qu’il y a aura des bouilles, on trouve la liste des initiatives en soutien.

Si au départ il n’y a avait pas eu de prises de position, désormais tout le monde exprime son avis sur cette mort provoquée par la répression. Mais « bizarrement », il est parlé du gouvernement surtout, notamment de la part des gens d’EELV pour se dédouaner. D’autres prennent comme thème la répression.

Mais la défense de la Nature, quant à elle, est comme passée à la trappe de nouveau…

Échos de la guerre en cours

Dans le brouillard ambiant on ne peut faire l’impasse sur quelques questions évacuées du débat public par les médias dominants et leur logique du spectacle permanent.

Le rassemblement prévu sur le site du projet de barrage était annoncé comme pacifique. Quelques jours avant, la préfecture faisait savoir qu’il n’y aurait pas de présence policière sur la zone pendant le weekend du 25 et 26 octobre.

Sur le site tantquilyauradesbouilles.wordpress.com le 22, on pouvait lire que «  La préfecture du Tarn se plie déjà à l’événement: le préfet s’est engagé à ce qu’aucun gendarme ne soit présent sur la zone durant le week-end. Ce rassemblement sera sans risque de violence ni répression. C’est le nombre et la détermination qui montreront notre force et amèneront la victoire. Venez nombreux.ses. avec bonne humeur ! »

Pour qui en doutait, ceux et celles qui sont venu.e.s sur la zone ce weekend-là ne se préparaient pas à la guérilla.

Mais alors que les premiers participants arrivent vendredi soir, la nuit s’illumine. Il reste un préfabriqué et un générateur sur la zone, au niveau du parking construit pour accueillir les machines du chantier. Ce soir-là, ils partent en fumée.

Qui pouvait sincèrement penser que le matériel laissé sur la ZAD resterait intact alors qu’un rassemblement contre le projet de barrage était annoncé depuis plus d’un mois? Qui viendra nous dire que les équipes du barrage ont eu le temps de tout retirer de la zone sauf ces deux éléments, juste assez peu coûteux pour ne pas représenter une perte trop importante mais suffisamment pour donner un vernis de légitimité au retour des forces de l’ordre sur zone?
Cet incendie marque le retour des flics sur la zone et donc des affrontements.

Le lendemain, la matinée se déroule dans une ambiance familiale et festive. Cela fait drôlement plaisir de voir toutes ces bouilles de mômes courir partout, des personnes de tous les âges se balader autour de la Métairie, elle qui fût si souvent cernée par les milices en armures bleu marine. Les conférences, les témoignages, la pièce de théâtre et la cantine à prix libre, le programme se déroule sous le soleil et avec le sourire.

L’accalmie prend fin vers 16h30. Les bleus sont de retour au niveau du parking, la tension monte . Le face à face se déroule entre le parking et la colline qui remonte vers les bois. S’en suit environ 4h d’affrontements, ou plutôt de guerre asymétrique. 200 personnes à la louche, cagoulées ou non, violentes ou pas, clowns activistes et pacifistes font face à des robots en armures, boucliers, casques, et armes diverses à la main.

Il parait qu’ils représentent l’ordre et la loi. Mais alors qu’est-ce qu’ils foutent là, à provoquer tout le monde? Que protègent-ils? Il n’y a plus rien à brûler ou à saboter. Pire, qui protègent-ils?

Visiblement personne. Par contre ils attaquent, manquant de faire cramer ce qu’il reste de forêt à Sivens avec leurs grenades incendiaires. Ils provoquent des incendies à plusieurs reprises, tirs tendus de lacrymos, puis les grenades assourdissantes, désencerclantes qui fusent de toutes parts. Ils visent au milieu des personnes présentes, « dans le tas ».

Plusieurs blessé.e.s sont évacué.e.s alors que ces cinglés en uniforme continuent de les canarder. Un homme en état de choc s’effondre à côté de moi, on le met sur le côté en évitant autant que possible les palets de gaz qui nous sont volontairement lancés dessus. L’équipe médic prend le relais.

Oui, on a lancé des pierres. Et peut-être que quelques-unes d’entre-elles ont frôlées leurs casques. Oui, on a envoyé des patates. Et alors quoi? C’est cela que l’on appelle le terrorisme? Nous on n’éborgne personne, et on assassine encore moins. Oui on est plusieurs à préférer rester cagoulé.e.s.

Mais c’est pour des raisons toutes simples et bien moins romanesques que ce qu’on peut laisser entendre. Le fichage est une réalité. Les robots auxquels nous faisons face sont équipés de cameras et nous filment en permanence. Ils cherchent le moindre prétexte pour faire tomber ceux qui les gênent sous la loi réservée aux terroristes. L’anonymat est un droit, et on le prend. Non, on n’a aucune envie de donner des armes supplémentaires à leur dictature. La cagoule et le choix de vêtements plutôt sombres permettent également, à l’image des zapatistes, de créer une foule unie et soudée, sans différence de sexe, de statut ou de couleur.

Et puis, de façon très pragmatique, pour continuer à respirer dans un nuage gaz lacrymogène il vaut mieux avoir quelque chose sur le nez. Voilà nos explications mais où sont les leurs? Pourquoi étaient-ils là le samedi après-midi alors que tout était calme et allait pour le mieux sur la zone? Pourquoi y avait-il plus de 40 camions de GM et une dizaine de fourgons de CRS?

Les affrontements de l’après-midi prennent fin quand, après une pause des deux côtés, les zadistes décident de partir d’eux-mêmes. On les laisse plantés là sur leur ligne stupide, sans adversaires. La soirée se déroule normalement jusqu’à 1h du matin. Sur le fameux parking il reste quelques fourgons et les bleus sont rassemblés autour. Ils ont deux grands projecteurs qui éblouissent les personnes venues voir ce qu’il se passe.

Au départ elles ne sont pas nombreuses mais suite aux premiers effets d’annonce des policiers (« Gendarmerie Nationale, dispersez-vous, nous allons avoir recours à la force! ») d’autres les rejoignent. L’ordre est donné dans les rangs zadistes de ne pas tirer les premiers. « On attend qu’ils commencent, on ne fait rien avant. ».

Les premiers palets de lacrymo déchirent la nuit suivis des premières pierres. Certaines parviennent jusqu’aux carrosseries des fourgons. Le gros de la masse des personnes présentes s’éloigne un peu des grilles du parking.

On y voit pas grand chose et plusieurs d’entre nous tombent dans les tranchées du chantier en courant pour échapper aux grenades. Quatre fusées d’artifice sont tirées, elles touchent le sol après avoir laissé un filament scintillant. Aucune d’entre-elles ne touche un véhicule et encore moins un flic. Par contre les grenades envoyées par le camp adverse passent très près, leurs explosions résonnent à travers la zone, ramenant le voile de la guerre sur l’ambiance festive.

J’ai quitté la zone du parking à 1h30 du matin. J’étais seule à ce moment-là. Sans binôme et fatiguée par la journée je ne me sentais plus de rester au front. J’ai passé le trajet du retour à la tente à me demander pourquoi ils étaient restés alors qu’à 20h tout était calme. Au milieu de ce face à face nocturne, j’avais peur de leurs armes et me sentais terriblement vulnérable dans mon pauvre pull à capuche.

Le lendemain matin au café on apprend la mort de Rémi. On est tous.te.s sonné.e.s, sous le choc. Puis viennent un mélange de tristesse et de rage et l’urgence d’une réponse.

Maintenant il reste beaucoup de questions. J’aimerai vraiment qu’on m’explique pourquoi il y avait des flics sur zone, surtout le samedi alors qu’il n’y avait plus rien à protéger. Personnellement je ne peux pas m’empêcher d’y voir le moyen de gâcher un weekend festif qui avait ramené du monde sur la zone du projet. Je ne peux pas croire que les promoteurs du barrage aient pu oublier ou ne pas avoir le temps de sortir l’Algeco et le générateur avant le rassemblement. Rémi semble être la victime d’une stratégie de pyromanes et de flics à qui cela fait bien longtemps qu’on a donné carte blanche sur cette zone.

C a m i l l e

Rémy, 21 ans, est mort dans la nuit de samedi à dimanche à Sivens

On en sait plus sur la mort de Rémy Fraisse, le 25 octobre. Apparemment, celle-ci a été provoquée par une explosion, donc logiquement d’une grenade envoyée par la police, qui depuis le début a une démarche d’une grande brutalité dans sa répression.

Voici le point de vue de la coordination ayant organisé la manifestation du 25 octobre.

Rémy, 21 ans, est mort dans la nuit de samedi à dimanche à Sivens. Selon plusieurs témoignages convergents, il s’est écroulé à quelques mètres du camp retranché de la police, atteint par un tir au niveau de l’épaule, avant d’être immédiatement ramassé par la police. S’agissait-il d’un flash-ball ou, plus vraisemblablement, d’une grenade de désencerclement projetée à tir tendu ?

Seule la police le sait qui, jusqu’à présent, occulte la vérité de diverses manières. Elle prétend qu’il n’y a pas eu de blessé-e-s parmi les opposants alors que l’équipe médicale de la coordination témoigne qu’il y en a eu de nombreux le samedi.

La police affirme avoir « découvert un corps » dans la nuit en omettant de mentionner la violence des affrontements à ce moment-là (la préfecture a affirmé que les affrontements se seraient arrêtés vers 21h et omis de dire qu’ils ont repris de plus belle vers minuit).

Elle prétend n’avoir pu venir sur place le dimanche pour lancer l’enquête (une fois le crime accompli, la police a brusquement quitté les lieux sans, jusqu’à ce jour, tenté d’y revenir).

Nous exigeons que toute la lumière soit faite au plus vite sur cet homicide, par respect pour Rémy, sa famille et ses ami-e-s. Nous souhaitons aussi que les responsables de ce drame soient poursuivis au plus tôt.

Et pour nous, le responsable n’est pas seulement le robocop matricule xxx qui a appuyé sur la gâchette samedi soir – et encore moins Rémy.

Il s’agit de savoir qui a construit cette situation de violence qui ne pouvait que tourner au drame.

Que faisaient donc les forces de l’ordre samedi au Testet, alors que le préfet s’était engagé à ne pas en poster pendant ce week-end, vu les milliers de militants attendus (7000) ?

Il n’y avait aucun ouvrier à protéger, ni aucune machine à défendre : la seule qui n’avait pas été évacuée le vendredi avait été brûlée le soir même.

Pourquoi donc avoir posté 250 gendarmes mobiles et CRS armés de grenades et de flash-blalls pour garder un petit carré de terre entouré d’un fossé large de plusieurs mètres ? S’agissait-il de protéger les précieux grillages ? Ou bien de générer de la tension et de faire de la provocation ?

Les autorités savaient très bien ce qui allait arriver en laissant un engin au Testet le vendredi et en y postant une armada le samedi.

A l’heure actuelle où l’inanité du projet de barrage au Testet apparaît au grand jour, à l’heure où tous les mensonges et conflits d’intérêts dénoncés par les opposants depuis des mois ont été confirmés par les investigations des journalistes (Le Monde 24/10 et le Figaro, 26/10) et le rapport des experts ministériels rendu public aujourd’hui, le président du Conseil général et le Préfet du Tarn n’ont plus aucun argument en faveur du barrage si ce n’est de monter en épingle la prétendue violence des opposants.

Ils avaient donc besoin de violence samedi. Ils l’ont provoquée. Elle a coûté la vie à Rémy.

Nous sommes sous le choc et adressons nos plus sincères condoléances à ses proches.

La coordination du 25 octobre

PS : Nous exigeons d’ores et déjà qu’une seconde autopsie indépendante soit effectuée et avertissons la préfecture que si le corps n’était pas conservé de sorte à ce que cette contre- expertise soit possible, ce serait une preuve de plus que les autorités veulent cacher la vérité.

Nous dénonçons les tentatives de salir la mémoire de Rémy en prétendant que les causes de sa mort seraient liées à son « alcoolémie » ou à sa « violence ».

Rémi est mort sur le chantier du barrage de Sivens

Une personne est morte ce samedi, dans le cadre du rassemblement à Sivens. Il y a encore peu d’informations, et on peut « s’étonner » du peu d’empressement de l’Etat à clarifier la situation. Voici trois documents à ce sujet.

Voici tout d’abord le communiqué d’après-rassemblement de Tant Qu’il y aura des Bouilles. La mort de Rémi n’est alors pas connu.

Enracinons la résistance !
Publié le octobre 25, 2014

MERCI A TOUS ! D’être venus de toute la France : Nantes, Lille, Dijon, Marseille,…c’est tous ensemble que nous gagnerons cette lutte, celles en cours et celles à venir !

Plein de monde partout, entre 5000 et 7000 personnes selon les estimations dans une ambiance bonne enfant : musique, transhumance de mouton, discussion, débats, etc… Quelques couacs au programme mais globalement tout le monde satisfait. Beacoup de gens qui continuent à arriver ce soir.

Spectacle pyrotechnique habituel des GMs, postés à l’extrémité ouest du site (côté D999). Vite lassant pour les habitués, il a été découvert par des milliers d’autres, dans une belle lumière d’automne. La génératrice oubliée sur le site lors du départ des machines hier ayant malencontreusement brulée durant la nuit, on se demande pourquoi ils étaient là, n’ayant plus rien à protéger.

La vie continue de déferler sur la ZAD demain, tous les véhicules peuvent passer côté Barat et se garer sur le site. A bientôt !

Voici le communiqué suite à l’annonce de sa mort.

Communiqué du collectif Tant Qu’il y aura des Bouilles
Publié le octobre 26, 2014

Rémi est mort cette nuit entre 2h et 3h à proximité des gendarmes et des CRS positionnés sur le chantier du barrage de Sivens à Lisle sur Tarn.

Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès, au plus vite.

Nous sommes sous le choc et présentons toutes nos condoléances à sa famille et amis-ies.

Ce soir, dimanche à 18h nous appelons à un rassemblement à Gaillac, place de la libération.

Un second rassemblement est d’ores et déjà prévu ce lundi à 14h à Albi, devant la préfecture.

Voici un « premier récit » effectué par Reporterre; en fait cela consiste en une description de la manifestation et en les premières informations connues concernant le décès, dont l’origine reste pour l’instant encore inconnue.

Drame au Testet : un mort. Premier récit

Plus de cinq mille personnes étaient présentes ce week-end au Testet, dans le Tarn, pour s’opposer à la construction du barrage de Sivens. Alors que le rassemblement était festif et joyeux, une personne est morte dans les affrontements qui ont opposé des opposants radicaux aux forces de police, dans la nuit de samedi à dimanche.

– Lisle-sur-Tarn, reportage

Tout avait pourtant bien commencé samedi 25 octobre. Malgré les difficultés, l’organisation était parée à gérer l’arrivée du flux de manifestants sur le site de la zone humide du Testet, où les autorités veulent construire un barrage. L’ambiance est chaleureuse, bon enfant, les familles sont là, beaucoup sont venus pour la première fois. La présence de Jean-Luc Mélenchon et José Bové crée un léger chahut, certains y voyant là une tentative de récupération là où les intéressés déclarent « apporter leur soutien plein et entier dans cette lutte d’importance » déclare à Reporterre M. Mélenchon. Au fil des heures, l’affluence grandit.

Tandis que d’un côté on explique l’histoire de la lutte, ou anime des ateliers clowns, de l’autre une marche menée par les moutons et les éleveurs traversent la zone, sorte de commémoration de la zone humide désormais détruite.

Le spectacle est désolant ; Sur plus d’un kilomètre, un espace détruit, tandis qu’au bout, à l’emplacement de la digue, le terrassement a commencé.

Arrivé à l’extrémité de la zone, les forces de police sont là. La destruction la veille au soir d’un local technique les a ramenés sur le site, alors qu’au départ elles ne devaient pas être présentes. Une dizaine de camions sont ainsi parqués dans une plateforme entourée d’une douve, à l’écart, et protégés par des barbelés.

A 17 h, samedi, premiers affrontements

Vers 17 heures, la pression monte. Plusieurs dizaines de personnes habillées de noir et parées pour l’affrontement affluent tandis que le public retourne à l’autre extrémité, là où se trouvent les chapiteaux, près de la ferme de la Métairie Neuve. Ils tentent, expliquent quelques-uns, de profiter de l’affluence pour tenter de repousser les forces de police.

Les informations contradictoire circulent, entre un appel à venir soutenir pacifiquement cette action, ou au contraire dénonçant le non respect des décisions collectives de ne pas provoquer la police. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas longtemps avant que les renforts de police n’arrivent sur place et ce sont plus de trente camions qui se massent à l’entrée de la D999, zone d’accès au chantier.

On entend bientôt les premières détonations, les lacrymogènes puis les grenades assourdissantes. Tandis que l’affrontement se poursuit à une extrémité de la digue, des clowns-arbres arrivent pour calmer la tension. Les manifestants, bigarrés et joyeux forment une chaîne humaine juste devant le cordon policier. La situation se calme pendant une demi heure mais la tension remonte d’un cran avec la volonté de la chaine humaine pacifique d’avancer et de se rapprocher du cordon.

Nous quittons alors la zone, pensant que la situation se calmerait avec l’arrivée de la soirée. Et effectivement, l’arrivée du repas et des concerts de la soirée calme le jeu. Mais les forces policières ne partent toujours pas.

La reprise des combats durant la nuit

C’est après une heure du matin que reprennent les combats, cette fois sans caméra ni public extérieur. Vers 2 heures du matin, les CRS procèdent à une forte charge, avec gazage massif, tirs incontrôlés de projectiles. C’est juste avant cette charge qu’une des personnes présente remarque que son voisin est tombé par terre. Après la charge, les opposants tentent de venir le récupérer. Mais, dans un nouvel assaut, ce sont les policiers qui viennent récupérer le corps et le traînent jusque dans leur zone à l’arrière.

La suite est plus confuse, puisque nous ne disposons pour l’heure que d’un communiqué très succinct de la Préfecture du Tarn, envoyé ce matin aux rédactions :
« Vers 2 heures du matin, le corps d’un homme a été découvert par les gendarmes sur le site de Sivens. Les sapeurs-pompiers sont intervenus rapidement mais n’ont pu que constater le décès de la victime. Une enquête a été ouverte sous l’autorité du procureur d’Albi afin de déterminer les causes du décès et l’identité de la victime ».
Les forces de police se retireront finalement en début de matinée.

Interrogé par l’AFP, le lieutenant-colonel Sylvain Renier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, n’a pas voulu faire de commentaire sur le décès. M. Renier, qui gérait sur place les opérations de gendarmerie lors des échauffourées de samedi soir, a simplement indiqué que le calme était revenu « vers 21 heures ». Il a indiqué que sept membres des forces de l’ordre avaient été blessés mais que les pompiers ne lui avaient pas signalé dans la soirée de blessé dans le camp adverse.

Des traces de sang

Sur place, de nombreux opposants sont sous le choc, partagés entre la colère et la tristesse. En conférence de presse ce midi, ils délivraient les premières informations certifiées à leur disposition : « Selon les premiers éléments que nous avons recueillis, la mort a eu lieu dans le contexte d’affrontements avec les gendarmes. Nous ne disons pas que les forces de l’ordre ont tué un opposant mais un témoin nous a dit que le décès s’était passé au moment d’affrontements », indique Ben Lefetey, porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet. Le jeune décédé serait âgé d’environ trente ans et s’appellerait Rémi.

Nous apprenions également peu après que des traces de sang ont été découvertes ce matin à l’endroit où la personne est tombée cette nuit, ce qui écarte a priori l’hypothèse d’une crise cardiaque.

Quel que soit son affiliation politique, ce serait le premier mort dans une lutte écologiste en France depuis que Sébastien Briat a été écrasé le 7 novembre 2004, à Avricourt, en Lorraine, alors qu’il s’opposait au passage d’un train de déchets nucléaires.

Afin de faire toute la lumière sur ce tragique évènement, les opposants ont indiqué : qu’ils allaient « mener l’enquête et coopérer avec les enquêteurs », mais ont surtout exhorter la Préfecture du Tarn et le Conseil Général de ne pas faire revenir de forces de police sur place et de ne pas renvoyer les machines de chantier dès le lendemain. On ignore à cette heure ce qu’il en sera, la Préfecture restant injoignable ce dimanche.