Rachat de cliniques vétérinaires par le géant de l’agroalimentaire Mars Petcare en Europe

Depuis 2017, le groupe Mars, géant américain de la confiserie alimentaire et de l’alimentation animale a acquis sans grand bruit plusieurs centaines de cliniques vétérinaires. Mars est davantage connu pour sa production de barres chocolatées (Mars, M&Ms ou Snickers), mais son poids est également colossal dans l’industrie du Petfood via Mars Petcare.

Mars Petcare, c’est environ une cinquantaine de marques très connues telles Pedigree, Whiskas, Royal Canin, César, Greenies, Sheba, Perfect fit, Catisfaction, mais aussi la litière Catsan, et c’est aussi désormais les hôpitaux pour animaux Banfield, Bluepearl, VCA, Linnaeus, Anicura…

Après avoir racheté VCA, le plus grand réseau américain de cliniques vétérinaires (environ 800) pour 9 millions de dollars, alors qu’il détenait déjà Banfield Pet hospital et Bluepearl veterinary, Mars s’est offert en 2018 le réseau Anicura. Anicura est un réseau d’origine suédoise de cliniques vétérinaires, il représente environ 450 cliniques vétérinaires réparties en Europe.

C’est là une information importante, à connaître et dont il faut saisir la portée lorsqu’on veut défendre les animaux.

Le soin vétérinaire est devenu en effet un secteur de croissance important, car les gens ont un rapport nouveaux avec « leurs » animaux de « compagnie ». Mais cela est détourné dans le sens du profit et cela s’insère en fait dans l’exploitation animale en général.

Autrement dit, l’humanité se tourne vers les animaux, enfin ! Mais c’est fait alors que l’exploitation animale est en expansion au niveau mondial.

La question est d’autant plus brûlante que Mars a prévu de dépenser un quart du chiffre d’affaires (20 millions d’euros) en France dans la modernisation et l’agrandissement de ses cliniques. En Europe l’industrie vétérinaire se transforme en effet, à la mesure de l’émergence de nouvelles technologies, les vétérinaires se spécialisent et les infrastructures se complexifient.

Il est ici question que la France rattrape les États-Unis et le Japon où les cliniques emploient couramment au moins 300 praticiens. Anicura / Mars les décharge de tout l’aspect administratif, les vétérinaires deviennent ainsi des employés spécialisés.

C’est un processus où les vétérinaires, qui sont devenus de plus en plus vénaux et ne font rien pour leur quasi totalité en direction des refuges pour animaux ou des animaux sauvages, passent de petits capitalistes à des éléments d’un grand capitalisme.

Cela ne va d’ailleurs pas sans heurts, puisque l’Ordre des vétérinaires a annoncé la radiation de plusieurs cliniques dont trois de Anicura en 2020 en s’appuyant sur le Code rural ; il conteste en effet l’indépendance des cliniques une fois rachetées par des producteurs d’aliments pour animaux comme Mars. Il en est de même pour le groupe IVC Evidensia détenu par Nestlé.

Cette concentration du capital est donc plutôt nouvelle, là où précédemment primait la petite entreprise individuelle… Mais c’est un processus inéluctable et déjà en cours en fin de compte. On trouvera ici un article présentant de manière claire les données de l’atlas 2020 des vétérinaires en France, avec les revenus, la localisation en France, la part de salariés, etc.

Si l’on approfondit les choses, on peut voir d’ailleurs que les cliniques vétérinaires vendent depuis une dizaine d’années de plus en plus de produits d’aliments pour animaux, aliments eux-mêmes dits spécialisés et élaborés selon des recherches vétérinaires : croquettes spéciales pour les maladies rénales, pour les maladies urinaires, pour les problèmes intestinaux … problèmes de santé bien souvent générés ou au moins aggravés par les croquettes elles-mêmes d’ailleurs.

L’alimentation humide chez l’animal permet de préserver les reins par exemple, contrairement à une alimentation sèche chez un animal qui ne consomme que des croquettes, cela est plutôt logique, il s’agit un peu des mêmes problèmes que rencontre l’humain avec l’alimentation ultra-transformée.

Ainsi la boucle est bouclée : le groupe possède les cliniques vétérinaires, mais aussi les marques d’alimentation elles-mêmes vendues dans ces cliniques … où l’on soigne les animaux parfois tombés malades des suites d’années de consommation d’alimentation industrielle, ou alors aussi profitable, que l’on soigne en prescrivant telles ou telles croquettes spécialisées/pâtées spécialisées.

Et que voit-on avec Mars petcare ? Que c’est la multinationale qui se tourne vers la protection animale. Cela ne représente rien pour eux, à part du charity business. Et il est il est très facile d’investir ce terrain puisque celui-ci est complètement délaissé.

Lorsqu’on regarde la publicité du groupe Mars Petcare sur instagram par exemple, on peut y voir de tout : de la promotion pour l’adoption en refuges avec l’opération « Agir pour l’adoption » menée avec Pedigree et la fondation 30 millions d’amis, des dons de produits aux associations locales, un soutien à des associations historiques telles Handi Chiens etc.

Il faut bien souligner qu’une telle démarche de Mars n’est possible que parce que les cliniques vétérinaires n’ont jamais portées d’exigence démocratique pour les animaux, et parce que les associations de défense des animaux sont marginalisées dans la société. Il est alors facile pour des grands groupes d’intervenir et, par de savants coups de mains, apparaître comme incontournables pour des associations dans le besoin.

L’Arche des Associations par exemple, une structure ayant fédéré de nombreuses associations et refuges agissant pour les animaux, a été mise en place par Jean-Philippe Darnault, le PDG d’Animalis ; les choses marchent en tandem indirect, de manière subtile.

En fin de compte, avec ce genre de démarche, une entreprise peut se donner une bonne image, tournée vers le « bien-être animal » tout en faisant de la publicité pour ses propres marques auprès des associations, c’est une assurance de se trouver un peu partout.

On le comprend bien, les animaux domestiques font partie de notre monde, ils n’échappent pas à la fuite en avant, au libéralisme, cela va dans le même sens que la création en 2017 de l’entreprise américaine Sinogène qui est une société de clonage d’animaux de compagnie .

On peut cloner son animal de compagnie, conserver des cellules pour plus tard… D’un côté, on abandonne des animaux, environ 100 000 par an pour la France, de l’autre, on peut cloner son animal, pensant ainsi se placer au dessus de la vie et de la mort, encore une fois au final l’animal est interchangeable et ce sont deux faces d’une même médaille : on peut bien l’abandonner pour l’été, on en prendra un autre à Noël… on peut bien cloner un animal qu’on aime, s’il meurt, on obtiendra le « même »…

Enfin, concluons sur cette triste ironie de l’histoire, car dès qu’on parle de Mars, les partisans de la libération animale pensent immédiatement à la campagne de l’ARM (Milice pour les Droits des animaux) de 1984 en Angleterre.

En effet, les barres Mars étaient testées sur les animaux, plus précisément sur des singes. C’était la question dentaire qui était ici la « raison » de cette expérimentation sur les animaux.

L’ARM a alors annoncé avoir empoisonné de nombreuses barres de Mars vendues dans le commerce, ce qui n’était pas vrai mais a obligé Mars à retirer ses produits, ce qui lui a alors coûté neuf millions de livres sterling. L’affaire avait alors été retentissante en Angleterre, alors qu’alors l’ALF menait pratiquement plusieurs opérations par jour, dont de libération d’animaux des laboratoires.

C’était en fait l’apogée de la libération animale et on parle de quelque chose s’étant passé il y a quarante ans !

Pour toute personne qui connaît un minimum l’histoire de la libération animale, l’entreprise Mars est donc un symbole fort. Et la voir s’accaparer toujours plus la vie des animaux a de quoi donner la nausée. C’est une fuite en avant aux dépens des animaux qui révèle que ce monde se rapproche toujours plus du gouffre et que l’humanité refuse de le voir.

Il faut croire que l’illusion vendue à coups d’infâmes barres chocolatées, de productions culturelles prêtes à consommer, de béton partout… séduit davantage qu’une vie collective tournée vers la Nature.

Et l’inclusion toujours plus grande des animaux de « compagnie » marque ici une étape à double sens : d’abord pour eux, parce que victime directes de la barbarie anti-Nature de l’humanité ; et ensuite pour les êtres humains, qui sont au fond obligés petit à petit de réaliser que la seule réalité est la Nature.

Hors de Gaïa, point de salut, même pas d’existence, à part la folie et l’autodestruction.

Aujourd’hui encore, l’histoire semble bloquée, les consciences emprisonnées… Mais un nouveau cycle se dessine, un nouveau monde bourgeonne pour qui veut bien tendre l’oreille et prendre le temps de regarder. Patience, notre heure viendra. Pas de compromis en défense de notre mère la Terre !

L214 et l’abolitionnisme, tout un mensonge

Après l’ignominie, le mensonge, mais c’est une bonne chose que les masques tombent. En ayant ramassé ses millions, en ayant une reconnaissance médiatique totale, L214 baisse la garde. Et révèle ainsi sa véritable nature : amener la conscience morale dans un cul-de-sac, combattre l’ALF, faire croire que tout change alors que rien ne change. Tout en mentant.

Ainsi, on a un appel à lire une tribune d’un éleveur ayant écrit pas moins que « Végano-sceptique — regard d’un paysan sur l’utopie végane ». Un monde vegan ne serait pas possible, seulement un retour en arrière serait souhaitable, etc.

Sa tribune dans Reporterre, un média sur la même ligne, appelle à une sainte alliance des animalistes et des partisans de la petite-production dans le domaine de l’exploitation animale. Ben voyons !

https://reporterre.net/Paysans-et-defenseurs-des-animaux-doivent-s-unir-contre-l-industrialisation-du-vivant

Que dit l’éleveur ? Qu’il faudrait être pragmatique, raisonnable… C’est la rengaine de ceux qui demandent d’arrêter la lutte en disant qu’il faut savoir grandir…

« Nous pensons qu’il ne faut pas s’interdire des rapprochements avec des militants de la cause animale. Non pour espérer bâtir, à coup de vaines compromissions, une alliance sur la base d’un consensus idéologique qui n’illusionnera personne mais pour tenter, au nom d’un pragmatisme et au gré d’une conciliation, de récolter des victoires sur le terrain de la désindustrialisation. »

Et puis quoi encore ? Que la petite production ne soit pas la cible principale, bien entendu. Mais s’imaginer qu’il faille imaginer une utopie avec des petits assassins qui, par effet de boule de neige obligatoire dans le capitalisme, deviendront demain des grands assassins…

Tout retour en arrière est réactionnaire. Le monde peut être vegan, il doit donc le devenir. C’est l’injonction de la morale et elle doit triompher, elle prime sur tout le reste. L214 n’y croit pas et son pessimisme s’est mué en capitulation. C’est la déroute.

Mais ce n’est toutefois pas tout, car voici ce que dit L214 sur son Facebook. Il s’agit d’une réaction à des critiques faites justement à ce soutien à l’éleveur. Rappelons que les auteurs sur les médias de L214 sont des gens dont c’est l’emploi ; c’est leur travail, ils sont rémunérés, ils sont formés pour cela, etc.

C’est important de s’en souvenir, car on a ici un mensonge éhonté quant à ce qu’est l’abolitionnisme dans le véganisme.

Ce que dit L214 est là totalement mensonger. Les mots ont un sens et il est très important de s’y attarder. L’un des articles les plus lus de LTD est d’ailleurs « Welfarisme, abolitionnisme, anti-spécisme, libération animale », un article de 2011 expliquant les différences de sensibilité, d’analyse.

On ne peut pas dire qu’on est abolitionniste, mais… Car l’abolitionnisme dit que, tout comme pour l’esclavage, la seule option possible, moralement parlant, est l’abolition. Aucun « aménagement » n’est possible, car ce n’est pas acceptable moralement.

Quand on veut des réformes sur le long terme (ou plutôt le très long terme), on est dans le cadre du welfarisme, du « bien-être animal ».

Tels sont les deux concepts intellectuels apparus au cours de l’histoire du véganisme, aux côtés de celui de « libération animale », qui est selon nous le seul juste.

L214 jongle ici entre les deux notions d’abolitionnisme et de welfarisme, car d’un côté ses activistes sont des sympathisants vegans désireux de bien faire, mais de l’autre sa vraie base c’est une sorte de grand ventre mou loin d’être forcément végétarien.

L214 tronque donc les définitions pour prétendre avoir un sens dans sa démarche, alors qu’elle n’en a aucun et ce depuis le début. Tout cela pour faire l’éloge de quelqu’un comme l’Américain Henry Spira, qui négociait avec McDonald’s pour leur demander d’être moins cruel…

Ainsi que de Peter Singer, qui défend l’utilitarisme et rejette le principe de morale universelle (ainsi l’expérimentation animale pourrait se légitimer si elle est plus utile que non, un infanticide serait moins à condamner que le meurtre d’un adulte conscient, etc.).

Il n’est pas surprenant que dans le cadre de cette approche, L214 vienne de sortir une vidéo « choc » d’un élevage de cochons dans le Finistère, avec Yann-Arthus Bertrand demandant… aux candidats aux élections municipales à ce que la « viande » des élevages intensifs ne soit plus servie dans les cantines scolaires, à ce que les cantines proposent plus de protéines végétales… Ou bien trouve très bien qu’une ville comme Paris arrête d’accepter les cirques avec animaux.

C’est là de la manipulation émotionnelle : sous prétexte de valoriser des progrès, on en fait une idéologie pour prétendre qu’il n’y aurait pas besoin de tout changer de fond en comble dans la société. Alors qu’il est évident qu’il le faut !

Espérons que beaucoup de monde comprenne le caractère vain de L214 et la nature irrationnelle de l’antispécisme, et se lance dans une bataille pour changer les mentalités, la culture ! Dans une France où les heurts sociaux sont une vraie toile de fond, il faut des initiatives solides servant de phares à la morale vegan… Et la bataille pour la libération des animaux !

Crise industrielle: des centaines de millions de cochons malades tués

C’est la plus grande catastrophe industrielle de l’histoire de l’exploitation animale. Il s’agit donc d’un phénomène que tous les amis des animaux doivent étudier, pour connaître le sort des animaux et pour mener bataille.

Car on est là dans une ampleur encore jamais vue. Au moins le quart des cochons issus de la « production » industrielle sont tombés malades et sont morts. Le chiffre tourne autour de 200 millions et la crise est encore en cours.

L’impact de celle-ci est tellement immense que pour la première fois, la production globale de « viande » a chuté. C’est un coup d’arrêt à une croissance ininterrompue ces vingt dernières années et devant connaître encore une gigantesque croissance d’ici à 2050, avec la généralisation du mode de vie des pays développés.

Rappelons en effet les faits. Contrairement aux mensonges de ceux qui prétendent qu’il y a des améliorations, la production de « viande » à l’échelle mondiale ne cesse de croître. En termes de valeur, cette production est de 945,7 milliards de dollars en 2018. En 2023, ce chiffre sera de 1 142,9 milliards de dollars.

La grande crise industrielle actuelle est même un des contre-coup de cette croissance faramineuse, qui fait que le véganisme n’est pour l’instant qu’un simple sous-produit de celle-ci. La preuve en est que ce véganisme est accompagné tranquillement par l’industrie. La valeur en 2018 du marché des produits végétaux de « substitution » à la viande était de 10,1 milliards de dollars en 2018. En 2023, ce chiffre de 20,4 milliards de dollars. Il suffit de comparer avec les chiffres de l’exploitation animale…

Et, donc, la croissance de la production industrielle de « viande » est si énorme qu’elle connaît des « catastrophes industrielles ». Voici les chiffres de la production de « viande » mondiale, avec 2018 et 2019 étant comparés, fournis par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO. Rappelons que les chiffres sont en « millier de tonne équivalent-carcasse ».

Par rapport à 2018, la production industrielle de « viande » a connu un coup d’arrêt. La raison en est la peste porcine. Les articles économiques expliquent que le « cheptel porcin » a chuté d’autour 50%. Sans donner de chiffres. C’est vrai qu’il y a des imprécisions, mais dans tous les cas ils ne veulent pas marquer noir sur blanc qu’environ 200 millions de cochons sont morts, soit en raison de la peste, soit parce qu’on les abattus.

Il est vrai qu’officiellement, un million de cochons seulement sont morts. Mais c’est un mensonge de la part du gouvernement chinois, comme le montre l’explosion des prix, puisque cet animal est très largement mangé dans ce pays, qui dispose d’ailleurs de la moitié du « cheptel porcin » mondial.

Les prix de la « viande » de cochon a augmenté de 69,3 % au mois de septembre 2019, de 101,3 % en une année. Voici l’évolution au 13 novembre 2019 et depuis 2016, fourni par Reuters. Il faut savoir qu’il y a une grande peur du régime chinois d’une inflation aboutissant à des répercussions contestataires…

L’Etat chinois dit que d’ici la fin de l’année, le problème sera réglé. En réalité, il semble clairement qu’autour de la moitié des 440 millions de cochons sont morts et les analystes prévoient qu’il faudra jusqu’à huit ans pour que la « production » puisse reprendre. Il faut en effet plusieurs années pour décontaminer les sites.

Le pays compense en attendant déjà avec des importations et la relance d’autres productions (agneaux, chiens, lapins). L’épidémie, qui a commencé en août 2018, est telle qu

D’autres pays sont touchés. le Vietnam a abattu environ 1,7 million de cochons, la Corée du Sud 150 000 et a placé une noria de snipers aux frontières pour empêcher des cochons sauvages de passer la frontière depuis la Corée du Nord, par peur d’une épidémie.

Voici ce que donne le panorama pour la « production » de cochons en comparant 2018 et 2019, qu’on trouve dans la presse de la FAO.

 

Il y a là quelque chose de terrible, de monstrueux. Mais de tout à fait logique, puisque c’est l’exploitation animale qui décide. Les millions de cochons ont-ils tué pour des raisons spécistes? Pas du tout, pour les industriels, ce sont simplement des marchandises à gérer, des stocks dont il faut s’occuper. Le capitalisme n’a pas d’état d’âme.

Et la machine à profits tourne à fond. Voici l’évolution pour la production de « viande bovine », fournie par la FAO.

Voici celle des produits laitiers. La croissance depuis 2015 est énorme.

Voici celle de la « viande de poulet ».

Voici celle de la « viande » des ovins.

Il n’y a pas de chiffres encore clairs pour les poissons, mais tant la pêche que l’aquaculture sont en expansion.

Il n’y a donc qu’une seule solution, un seul choix viable. Faire la révolution dans son pays, en faire un modèle sur le plan de la transformation générale vers le véganisme, pour indiquer un chemin concret valable à l’échelle mondiale.

Tout le reste, de par le panorama très clair, est vain.

Nouvelle loi sur l’entrave : menace d’une AETA à la française

La loi sur l’entrave (article 431-1 du code pénal) a été modifiée par le sénat et va retourner au parlement. Une fois validée, les conséquences juridiques seront énormes pour beaucoup d’activistes, que ceux-ci agissent légalement ou pas.

En fait, c’est même une véritable révolution juridique qui va se dérouler. Grosso modo, toute la scène allant de L214 aux antispécistes va se faire littéralement broyer par la machine répressive.

Faudra-t-il alors considérer que ces gens ont été les idiots utiles de l’exploitation animale ou bien auront fait avancer les choses tout de même, il sera toujours possible d’en discuter.

En attendant, la nouvelle loi sur l’entrave aura des conséquences littéralement immenses et le seul équivalent strict qu’on puisse trouver est la loi dite AETA aux États-Unis, qui considère comme terroriste toute entrave de l’activité d’une entreprise liée aux animaux.

Et avec avec ce passage au sénat on apprend que des alliances au plus haut niveau se font entre le président, les chasseurs, la FNSEA, la gendarmerie… Voilà ce qui devrait être la grande cible !

Il y a deux aspects aussi importants l’un que l’autre avec cette novelle loi. Le premier, c’est que cela a un impact immédiat sur des actions menées directement contre les ennemis des animaux.

Le second, c’est que cette loi aura à moyen terme un impact immense sur les actions menées indirectement contre les ennemis des animaux. Et cette notion d’indirectement est tellement malléable qu’il sera possible, rien qu’avec cette loi, d’interdire n’importe quelle structure pro-animaux de manière très facile.

Allons droit au but. La nouvelle loi sur l’entrave implique la chose suivante :

  • un an de prison et 15 000 euros d’amendes pour une entrave aux activités professionnelles (dans le commerce, l’artisanat, l’agriculture) ;
  • 6 mois de prison et 5 000 euros d’amende pour une entrave aux activités relevant du sport ou des loisirs.

Par entrave, on parle ici notamment de menaces, d’obstruction ou d’intrusion. Au départ la loi devait préciser « par tous moyens » mais elle a été resserrée pour ne pas que le juge se retrouve à devoir lui-même préciser le mode opératoire, ce qui est délicat dans une procédure et risquait d’enrayer la machine.

Maintenant regardons concrètement ce que cela implique. Un ami des animaux voit des chasseurs commencer à se mettre en joue et se met spontanément à applaudir pour faire du bruit et avertir les animaux. C’est une entrave.

Un activiste de l’ALF détruit un de ces fameux miradors en forêt. Il est pris sur le fait par les gendarmes. Il est condamné pour dégradations, mais également pour entrave.

Une association tout à fait classique de la protection animale mène une campagne contre un magasin de sport vendant des fusils de chasse. Elle est condamnée pour entrave.

Un couple est en forêt, ils ne démarrent pas assez vite leur voiture et bloque ainsi le passage de la chasse à courre. C’est une entrave.

Des militants associatifs place des caméras dans un abattoir pour filmer les conditions de ce qui s’y déroule. C’est une entrave.

Mais attention, cela pourra être encore pire. Car la loi n’existe jamais qu’a posteriori. Elle existe aussi a priori. Il sera possible, à terme c’est inévitable, d’attaquer en justice des gens en les accusant de vouloir commettre une entrave.

Cette dimension de l’intentionnalité, d’autant plus flou que la notion d’entrave peut être facilement élargi, pose un véritable défi. Ce défi n’est pas abstrait. Il se fonde sur l’exploitation animale comme réalité économique, aux ramifications politiques. C’est cela la réalité et non pas un pseudo « spécisme » qui est un simple fantasme pseudo philosophique.

La nouvelle loi est donc un équivalent français de l’Animal Enterprise Terrorism Act (AETA) passé en 2006 dans la loi américaine. L’AETA considère que relève du terrorisme toute action de perturbation ou d’atteinte à l’activité d’une entreprise liée aux animaux de quelque manière que ce soit.

En raison des actions d’envergure de l’ALF, de l’ARM ou de l’ELF comme cela était alors le cas aux États-Unis, l’industrie (allant des fermes-usines aux tests sur les animaux) a demandé à l’État de serrer la vis.

Bien entendu, cela n’atteint pas ceux qui agissent depuis la clandestinité. Mais cela a permis d’écraser les actions à mi-chemin de la légalité et de l’illégalité, comme filmer clandestinement les conditions dans les fermes-usines, téléphoner en masse pour protester, etc. Il s’agissait d’assécher le terrain, de briser la campagne SHAC, etc. Cela a marché.

L’esprit de la loi française est similaire, même si la situation n’a rien à voir. Après avoir laissé parler les associations pro-institutionnels (comme L241) et laissé faire les associations de désobéissance civile (comme « 269 »), on met les points sur les i en sifflant la fin de la récréation.

En les remerciant au passage pour leur naïveté et leur refus d’élever le niveau de conscience, en jouant purement sur les émotions, ce qui a amené l’implication de beaucoup de gens mais sans aucun socle ni aucune perspective, ni même une culture réelle.

Au-delà du passage à une nouvelle étape pour l’État, il s’agit aussi de réduire les actions commises à des anecdotes violentes sans contenu. C’est une vaste mise à jour et les partisans des animaux, s’imaginant faire face au « spécisme », anti-politiques dans leur attitude, ne comprennent malheureusement rien à tout cela.

Le députe Guillaume Chevrollier (Les Républicains), grand défenseur de la modification, a donc clairement visé les « nombreuses actions d’intimidation, de menaces et de violences commises par des groupes d’activistes contre les éleveurs, agriculteurs, chasseurs, commerçants de bouche ».

Le site chassons.com présenta la chose exactement comme cela, en précisant d’ailleurs qu’une vaste pression a eu lieu pour faire passer la loi.

Délit d’entrave rurale: un premier pas franchi avec succès au Sénat

La Fédération nationale des Chasseurs, qui plaide depuis longtemps pour l’instauration d’un délit d’entrave aux activités rurales, qu’elles soient à caractère économique ou de loisir, se réjouit du vote à une large majorité qui a eu lieu au Sénat mardi dernier, lors de la première lecture de la proposition de loi déposée par Jean-Noël Cardoux (Sénateur du Loiret) et un certain nombre de ses collègues Les Républicains. Le vote de ce texte était particulièrement mal engagé avec l’échec du passage en Commission des lois du Sénat quelques jours auparavant.

Il a fallu la mobilisation appuyée de tous les réseaux cynégétiques et agricoles auprès des sénateurs pour tirer le signal d’alarme et faire prendre conscience de l’effet négatif du rejet d’un tel texte, très attendu dans nos campagnes. La FNC tient à saluer le pragmatisme du président de la Commission des lois, Philippe Bas (Sénateur de la Manche), et du rapporteur François Bonhomme (Sénateur du Tarn-et-Garonne), qui ont conduit à corriger la proposition de loi pour éviter qu’elle soit anti constitutionnelle et qu’elle puisse être votée.

Ce texte, une fois qu’il sera voté à l’Assemblée Nationale permettra de réprimer toutes les entraves à l’exercice des libertés dès lors que celles-ci sont autorisées par la loi. Il introduit dans la loi des sanctions beaucoup plus fortes contre tous les actes d’obstructions et d’intrusion, même s’il n’y a pas eu de dégradations.

Il permettra de sanctionner efficacement les entraves à l’exercice d’une activité économique, artisanale ou agricole ainsi que les actes d’obstruction ayant pour effet d’empêcher le bon déroulement d’activités sportives et de loisirs exercées dans un cadre légal.

Ce texte va donc concerner la chasse, mais aussi toutes les activités agricoles qui subissent des actions d’obstruction, d’entrave, de menace ou de violence initiées par des groupes d’activistes anti-chasse, animalistes, végans et autres.

La FNC a toujours souhaité que les peines infligées contre les extrémistes de la cause animale soient beaucoup plus dissuasives que la simple contravention de cinquième classe de 1500 euros maximum, ce qui était le cas pour l’entrave à la chasse.

Maintenant, il est essentiel que la FNC et les organisations agricoles se coordonnent et se mobilisent ensemble auprès des députés de la majorité comme de l’opposition pour que le texte voté au Sénat soit inscrit au plus vite à l’Assemblée nationale, avec le soutien du gouvernement, conformément aux engagements pris par Emmanuelle Wargon et Marc Fesneau lors du vote de la loi biodiversité.

Tout cela est bien écrit, chaque mot est soupesé et chaque paragraphe est littéralement une thèse politique, formulé pédagogiquement. C’est du haut niveau, zéro amateurisme.

Les dernières lignes forment également une allusion à une lettre envoyée par deux membres du gouvernement au rapporteur du projet de loi portant création de l’Office français de la biodiversité avant la réunion de la commission mixte paritaire le 25 juin 2019.

Il s’agit précisément d’Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, et de Marc Fesneau, ministre chargé des relations avec le Parlement.

On lit notamment dans la lettre la chose suivante :

« Le Gouvernement reconnaît que certaines formes d’actions militantes contreviennent au libre exercice d’activités autorisées par la loi et que ce sujet mérite d’être examiné par le Parlement. »

Voici également ce que dit François Bonhomme, rapporteur (Les Républicains) de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale, lors du débat au sénat au sujet de la loi :

Ce texte vise à apporter une réponse plus ferme et plus efficace à deux types d’infractions qui ont eu tendance à se multiplier ces dernières années et qui, à certains égards, relèvent d’un phénomène de société : premièrement, les violences, les menaces et les dégradations dirigées contre des boucheries, des abattoirs ou des élevages, en général au nom d’une conception très singulière et exclusive de la cause animale ; deuxièmement, les entraves à la chasse, qui se produisent régulièrement dans nos forêts domaniales.

Ces actions sont le fait de groupes ou d’individus radicaux issus en général de mouvements animalistes, antispécistes ou véganes, apparus voilà une trentaine d’années, mais dont certains modes d’action ont pris une forme violente plus récemment.

Au cours de la seule année 2018, la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs a ainsi recensé une cinquantaine d’attaques, sous des formes diverses et variées : vitrines brisées, murs tagués, faux sang répandu dans les boutiques, bouchers ou clients menacés ou insultés.

Certains événements, comme des attaques contre les agriculteurs, ont pu prendre un tour plus dramatique. Je pense en particulier à l’incendie de bâtiments d’élevage, il y a encore dix jours, dans l’Orne, où un jeune exploitant agricole a vu, en pleine nuit, ses trois bâtiments d’élevage détruits par le feu. Cet incendie criminel a été particulièrement traumatisant, ses auteurs ayant également peint sur les bâtiments des inscriptions comme « assassin » ou « camp de la mort ».

Je pense aussi à l’incendie volontaire, voilà un an, d’un l’abattoir dans le département de l’Ain : s’il n’a heureusement pas fait de victimes, cet incendie criminel a mis au chômage technique près de quatre-vingts salariés.

Des entreprises et des permanences de chasseurs ont également été saccagées et des interventions dangereuses pour les cavaliers ayant pour but de perturber des activités cynégétiques se sont produites dans les forêts de Chambord et de Compiègne en particulier.

Au demeurant, est-il nécessaire de réaffirmer ici que la chasse, acquis historique s’il en est, reste un loisir apprécié du plus grand nombre, avec près de 1 million de pratiquants et détenteurs de permis de chasse de notre pays ? (…)

Je rappelle également que, face à la multiplication de ces incidents, le ministre de l’intérieur a demandé aux préfets de région de prendre contact avec les représentants des professions concernées pour des échanges réguliers et pour leur fournir une protection si nécessaire.

Concernant ce dernier point, on a apprend également, de la part de Laurent Nunez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’intérieur :

Soyez assurés que Christophe Castaner et moi-même sommes pleinement mobilisés sur le sujet. D’ailleurs, la convention signée entre la gendarmerie et la FNSEA continue à se déployer, et la gendarmerie nationale a créé une cellule spécialement consacrée à ce phénomène, afin d’améliorer son action et de mieux travailler en coordination avec les services de renseignement, qui se mobilisent de plus en plus sur ces thématiques.

Il dit également :

Je le répète, mesdames, messieurs les sénateurs, je partage l’objectif qui est le vôtre de contrer ce type d’entrave. J’ai rappelé, dans mon propos liminaire, l’action des services de gendarmerie et de police, mais aussi celle de la justice et des services de renseignement, qui ont été orientés sur ces objectifs, ce qui est nouveau.

Les choses sont claires, il s’agit ici d’une alliance au plus haut niveau et il s’agit d’écraser par compression ce qui tente une rébellion, mais est incapable de se lever à un véritable niveau sérieux, qu’on peut appeler politique.

L’insupportable Esther Benbassa (EELV), le prototype de la personne prônant la décadence des mœurs, l’a tout à fait compris et elle reproche leur stupidité à ceux qui font la loi. Elle sait que cette compression va polariser et que par conséquent un saut qualitatif va se dérouler.

C’est à cela qu’on voit le rôle de gens comme elle : celui de dernier rempart du système. Voici son intervention lors des débats, qui d’ailleurs suscite des réactions pittoresques valant franchement le détour qu’on s’y attarde.

M. le président. La parole est à Mme Esther Benbassa.

Mme Esther Benbassa. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, « blocus, interruptions de représentation, invasions de terrains, huées… » : tels sont les exemples cités dans l’exposé des motifs du texte soumis à notre examen.

À en croire l’argumentaire de la droite sénatoriale, ces éléments de contestation, aujourd’hui parfaitement légaux, devraient être réprimés sous prétexte que « contrevenir à la loi, ce n’est pas nécessairement faire ce qu’elle interdit ; c’est aussi empêcher ce qu’elle autorise ». En somme, ces moyens d’action seraient davantage « l’expression de convictions que de droits ».

Ne nous leurrons pas : il est proposé ici de brider toutes les pratiques venant témoigner du moindre soupçon de défiance à l’égard de l’ordre établi.

M. François Bonhomme, rapporteur. De l’ordre bourgeois, tant que vous y êtes ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Esther Benbassa. Déjà, au mois de novembre 2018, le groupe CRCE avait demandé par voie de communiqué de presse le retrait de ce texte de l’ordre du jour.

Après la loi gouvernementale répressive venue encadrer le droit à manifester au mois d’avril dernier, c’est cette fois la majorité sénatoriale qui s’attaque à nos libertés fondamentales, par un texte choquant tant sur le fond que sur la forme.

Sur la forme, en nous soumettant cette proposition de loi, Les Républicains se prêtent à un exercice juridique particulièrement curieux. Tout d’abord, ce texte est anticonstitutionnel et sera sans aucun doute retoqué par le Conseil des sages s’il est adopté. Ensuite, il vient dénaturer l’article 431-1 du code pénal, qui sanctionne les entraves à la liberté d’expression. Ce dispositif va donc à contresens du droit positif.

Mes chers collègues, la philosophie liberticide et antidémocratique de ce texte est profondément inquiétante. Nous ne pouvons tolérer les entraves aux mobilisations citoyennes, dont la tradition s’inscrit dans l’histoire de la France et constitue son ADN.

M. Jean Bizet. Et qui fait le mal français !

Mme Esther Benbassa. Pensez aux suffragettes, par exemple.

Comment oublier que nous devons la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen aux révoltes du peuple français contre ses élites ? Comment oublier que les congés payés ont été obtenus par les piquets de grève de 1936 ? (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Duplomb. Cela n’a rien à voir !

Mme Esther Benbassa. Comment oublier le courage et la persévérance de ces milliers d’étudiants qui ont fait plier le gouvernement Villepin sur le CPE, le contrat première embauche, en 2006 ?

Des écologistes aux étudiants de Nuit debout, en passant par les « gilets jaunes », nombreux sont les exemples de revendications citoyennes ayant nourri la culture politique de notre pays.

M. Jean Bizet. En somme, vive l’anarchie !

Mme Esther Benbassa. Protester, manifester, faire entendre sa voix et ses convictions est une coutume bien française à laquelle nous ne sommes pas près de renoncer.

M. Laurent Duplomb. Hélas !

Mme Esther Benbassa. Vous cherchez aujourd’hui à rendre inconciliables certains droits : le droit de grève et le droit de travailler, le blocus devant un supermarché et le droit de consommer, le droit de manifester des lycéens et leur droit d’étudier, le droit de défendre les animaux et le droit de pratiquer la chasse à courre.

M. Jean Bizet. Ah !

Mme Esther Benbassa. Par votre vision manichéenne du monde, vous scindez la Nation en deux, avec, d’un côté, ceux qui se complaisent dans l’ordre établi, et, de l’autre, ceux qui militent pacifiquement pour le changement.

La plupart des mouvements citoyens ne sont pas mus par la haine, la violence et le rejet de l’autre. Beaucoup usent des moyens d’action collective pour exprimer leur envie d’entrer dans une ère nouvelle, plus sociale et égalitaire, plus respirable et durable.

Les revendications écologistes et féministes sont ces dernières années intrinsèquement liées à la désobéissance civile : faucheurs d’OGM, les ZAD de Notre-Dame-des-Landes et de Bure, les animalistes, les décrocheurs du portrait du président Macron, les grévistes pour le climat, les militantes protestant contre les féminicides…

Ce que vous souhaitez, somme toute, c’est une uniformisation de la société. Vous désirez une France où chacun pense de la même manière et, de préférence, comme vous.

Au risque de vous décevoir, tant qu’une opposition parlementaire comme la nôtre existera, tant qu’une jeunesse sera prête à se lever pour ses idées, tant qu’une gauche sociale et écologique s’exprimera dans ce pays, vous ne parviendrez probablement pas à vos fins et vos tentatives de nous museler seront vaines.

M. François Bonhomme, rapporteur. Nous voilà rassurés ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean Bizet. C’est surréaliste !

Mme Esther Benbassa. Mes chers collègues, ce texte a été rejeté en commission. Nous espérons donc qu’une majorité agira de la même manière en séance. (M. le rapporteur s’exclame.)

Par ailleurs, monsieur Bonhomme, merci de me laisser parler ! Pour ma part, je ne vous ai pas interrompu. C’est une entrave à ma liberté d’expression ! (Sourires.)

Esther Benbassa a la trouille : tout son fond de commerce anarchiste va tomber à l’eau, tout cela parce que les réactionnaires vont provoquer, par leur refus de lâcher du lest, un saut dans la conscience et dans l’organisation de la libération animale.

La sénatrice Cécile Cukierman pense de même. Elle est du PCF, dans sa version 2019 plus que 1919, pour résumer au mieux ses larmes devant le risque d’une vraie contestation à l’avenir…

Mme Cécile Cukierman. Sans surprise, ma collègue Esther Benbassa l’a dit en discussion générale, nous ne voterons pas cet amendement et, de fait, cette proposition de loi.

Certes, la majorité sénatoriale a justifié un recentrage de ce texte, mais nous savons tous que seuls les écrits restent. Or la proposition de loi, telle qu’elle est rédigée, permet d’autres interprétations que les seuls faits que vous entendez, dans vos interventions, vouloir réprimer. (…)

Oui, notre société est de plus en plus violente. Malheureusement, monsieur le secrétaire d’État, même si votre gouvernement n’est pas le seul responsable, le sentiment de ne pas être entendus collectivement pousse de plus en plus de nos concitoyens à commettre des actes violents, en tout cas sensationnels, et à les partager massivement sur les réseaux sociaux, ce qui nous pose de nouveaux soucis.

S’engager et défendre une cause, ce n’est pas non plus : « Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette… ». Heureusement que certains se sont introduits dans des usines pour organiser des bals sans rien détruire pour obtenir les congés payés dans notre pays ! (Protestations sur des travées des groupes Les Républicains et UC.)

M. Jean Bizet. Ça suffit avec les congés payés !

Mme Cécile Cukierman. Heureusement que des agriculteurs s’introduisent parfois dans des supermarchés pour dénoncer des accords comme le CETA, sans forcément dégrader le supermarché en question.

M. Jean Bizet. Ils ne cassent rien !

Mme Cécile Cukierman. Il existe des rapports de force. C’est pourquoi nous ne voterons pas ce texte tel qu’il est rédigé, car il va sanctionner tout le monde. Nous avons été amenés les uns et les autres à condamner des actes de violence, mais nous ne partageons pas les moyens choisis pour porter ce message politique.

Je fais partie de ceux qui ont condamné l’incendie de l’abattoir de l’Ain,…

M. le président. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Cécile Cukierman. … les exactions contre le siège de la fédération des chasseurs de l’Ardèche cet été, etc. Ne mélangeons pas les débats et évitons d’interdire demain la possibilité de toute expression dans notre pays !

Pour résumer : une partie des dominants pense qu’il faut écraser toute idée, une autre partie qu’il faut laisser parler autant que possible les idées n’amenant à rien car ou bien réformiste sur mille ans ou bien totalement velléitaire.

C’est dire si la loi sur l’entrave, dans sa version modifiée, révèle un véritable problème de fond, celui de la question animale. Et ce n’est qu’un début.

Operation Thunderball

Nous avons besoin d’une, dix, cent Operation Thunderball. Car à défi planétaire, réponse planétaire : seule une humanité unifiée est capable d’être elle-même, en se plaçant au service des animaux, de la Nature. Cela doit devenir son identité, sa fonction !

L’Operation Thunderball s’est tenue tout le long du mois de juin et elle a été rendue publique hier par Interpol. Il s’agit d’une opération contre le trafic d’animaux sauvages, mais aussi de plantes et de bois, menée dans 109 pays ! C’est la preuve d’une tendance irrépressible à la fusion de l’humanité dans son rapport à la planète.

Voici le tableau fournir par Interpol pour symboliser ses résultats. On notera qu’en plus des animaux, on a bien les plantes (2600) et le bois (ici l’équivalent de 74 camions).

Par contre, évidemment et malheureusement, il y a la comptabilité macabre d’éléments d’origine animale (ainsi 545 kilos d’ivoires, 10 000 éléments provenant de dauphins, de requins, de coraux…).

Operation Thunderball

Les chiffres sont terribles, mais il faut bien saisir qu’ils ne sont qu’une goutte d’eau dans une souffrance d’ampleur inimaginable. Le marché du trafic d’animaux est évalué à entre 5 et 23 milliards de dollars, en toute illégalité.

La passivité est de rigueur. Une étude de 2018 de l’association IFAW avait montré qu’en un an il était possible de trouver en France et en Allemagne 3 312 annonces sur internet proposant 8 244 animaux sauvages menacés ou en danger.

Seule une conception planétaire permet de saisir le problème et de poser les moyens de le résoudre. Interpol a d’ailleurs mené l’année dernière l’Operation Thunderstorm, dans 93 pays, et auparavant l’Operation Thunderbird.

Operation Thunderball

Voici des images de crimes dévoilées dans l’Operation Thunderstorm. Ici, dans un container, 4100 tortues de Horsfield (ou encore « russe », ou encore « des steppes ») sont amassées. Elles viennent du Kazakhstan, ces tortues vivant dans des zones de montagne ou bien les dunes de sable.

On notera que c’est une espèce protégée… mais qu’on peut en acheter en France comme « animal de compagnie » !

Operation Thunderball

Voici une image d’Inde, où l’on voit pareillement comment les animaux sont entassés dans des conditions terrifiantes. Ce sont des marchandises pour ceux qui les utilisent, rien de plus.

Operation Thunderball

Sur cette photographie, on voit une policière chilienne en train d’ausculter un conure à long bec, un oiseau vivant dans ce pays.

Operation Thunderball

Ce flamant nain est quant à lui en Inde, intercepté au Maharashtra. Il était en vente dans un magasin d’animaux « de compagnie ».

Operation Thunderball

Nous ne montrons normalement ce genre d’images, mais c’est sans doute nécessaire ici pour donner un exemple terrible. Il s’agit de peaux de crocodiles, trouvés en Grande-Bretagne. Il est important de ne pas attribuer au trafic une nature simplement « asiatique » ou quoi que ce soit de ce genre. Le trafic va et part aussi depuis les pays les plus riches, car c’est une question de goût décadent et de profit.

Operation Thunderball

D’ailleurs, ce bébé lion a été trouvé au Bengale, alors qu’il allait rejoindre la Grande-Bretagne. Face à une telle dimension internationale, il faut une réponse internationale, et implacable.

Operation Thunderball

Ce bébé Langur a également été trouvé dans la même zone.

Operation Thunderball

Autre exemple : le corail ici trouvé en Italie provenait de Grèce et avait comme destination la France. Les responsables ne sont pas qu’en Grèce : ils sont aussi en France, avec ceux qui importaient et ceux qui comptaient acheter !

Operation Thunderball

La photo suivante a été prise en Équateur dans le cadre de l’Operation Thunderball. On y voir un mazama rufina, un cerf vivant dans les Andes de ce pays.

Operation Thunderball

Ici, il s’agit de la Dalbergia melanoxylon, une plante à fleurs qu’on trouve dans de nombreux pays africains, ici au Kenya. Elle est pratiquement menacée.

Operation Thunderball

Sur la photo suivante, on voit comment en Chine le trafic utilise des caches. Ici, il s’agit de pangolins décédés, de pattes d’ours, d’os de léopards…

Operation Thunderball

Les biens suivants ont été interceptés en Espagne. Ils étaient en vente en ligne. Les peaux utilisés sont celles de jaguar (en haut sur la photo), de léopard (en bas), de lynx (derrière).

Operation Thunderball

Ces hippocampes décédés ont été trouvé à Singapour (au moyen de rayons X lors d’un contrôle). Ils provenaient d’Indonésie et devaient aller au Vietnam.

Operation Thunderball

Voici un dynaste Hercule, dont la corne des mâles est particulièrement grande. Cet insecte a été trouvé en Équateur, avec de très nombreux autres, une véritable « collection ».

Operation Thunderball

Ces pléco-zèbres, décédés ont été trouvés au Brésil, pays qui les a exportés en masse pour les aquariums, faisant qu’il est menacé. Beaucoup meurent évidemment lors du transport. La photographie du dessous montre par quel moyen celui-ci a lieu.

Operation Thunderball
Operation Thunderball

Voici une autre photographie montrant le transport d’oiseaux, ici en Équateur.

Operation Thunderball

En juin, Interpol avait également pour la première fois fait un grand appel de recherche pour trouver des criminels liés au trafic d’ivoire et de bois.

Operation Thunderball

Il ne peut ici y avoir que deux idées comme conclusion. Il faut que ces opérations se systématisent et qu’elles soient implacables. Seule une humanité unifiée, cessant sa guerre en son sein et posant un rapport positif à la planète, pourra amener la cessation de la guerre à la Nature (dont l’humanité est un simple élément) et le travail de protection que l’humanité doit assumer.

Il ne s’agit pas de « préserver » la vie, mais bien de la défendre, de permettre son expansion, d’en faire le sens de l’existence. L’humanité ne peut exister à l’avenir que comme vecteur de cette défense, c’est là sa nature même désormais.

« Les végans n’ont pas le droit de faire régner la peur ! »

Le titre de la tribune publiée par Le Figaro dit déjà tout, et la liste des signataires est à cette image : des sénateurs et des députés, alliés à des représentants agro-industriels.

Et leur grand argument philosophique est la liberté de choix de l’individu, reflet inversé de l’antispécisme qui existe également au nom des « individus », mais cette fois animaux.

Les deux ont tort : la question n’est pas celle des individus, mais de la place de l’humanité dans le grand tout qu’est la Nature.

On estime à plus d’une centaine les actions violentes et illégales subies par les professionnels de la filière de l’industrie de la viande entre 2017 et 2018 en France. Ces actions «coup de poing», violentes (marquage au fer rouge, abattoirs envahis et représentés en feu, faux sang déversé par litres, vandalisme de boucheries, d’abattoirs, dessins suggestifs, menaces aux personnes), dont les auteurs revendiquent une confrontation ouverte et violente notamment avec l’industrie de la viande et les forces de police, doivent être punis sévèrement par l’Etat.

Nous, représentants des professions et filières agricoles, de l’artisanat et des territoires tenons à dénoncer avec la plus grande fermeté les actions et les modes de pensées de ces extrémistes.

Leur idéologie radicale est basée sur «l’antispécisme». Elle refuse toute hiérarchie entre les espèces et prône les mêmes droits pour les animaux et pour les hommes. Comme si dans le règne animal, aucune hiérarchie n’existait entre les espèces, entre les herbivores et les carnivores ou les omnivores!

Ces idéologues apparentent l’industrie de la viande à un «holocauste». Ils comparent la fin de l’exploitation animale à l’abolition de l’esclavage et prônent purement et simplement la disparition de l’industrie de la viande au mépris des conséquences sur les emplois, les filières, l’agriculture et nos territoires.

Les modes opératoires violents et radicaux qui prônent l’action directe et la désobéissance civile pour faire adopter ces idées sont inacceptables et intolérables. Ces méthodes se rapprochent d’un intégrisme sectaire et d’un communautarisme qui trouvent une audience grandissante et interpellent les pouvoirs publics (rapport d’activité Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, 2016).

Est-ce cela que nous allons offrir à nos enfants et à nous? Un droit de faire régner la peur, un droit à l’anarchie parce que nous mangeons une blanquette de veau, un cassoulet ou un hamburger?

C’est un enrôlement dangereux qui tente de convertir nos jeunes à des croyances alimentaires fausses au détriment de notre alimentation diversifiée. Allons-nous laisser faire ces dérives spectacles au nom de croyances dangereuses pour notre société? Une très faible minorité de la population française n’a pas le droit de faire régner la terreur au moyen de croisades alimentaires.

Nous refuserons toujours de nous laisser dicter nos choix alimentaires et nos choix de consommateurs.

Faut-il imaginer des suhisbars sans poisson, des steakhouses sans bœuf? Que seront nos repas familiaux dominicaux si nous nous sommes fait imposer ce que nous devons manger? Que deviendront nos traditions et celles de notre diversité, Noël sans la dinde, l’Aïd sans les moutons, Shabbat sans le bœuf, le mouton, le poisson ou la volaille?

Nous serons collectivement les garants de ces traditions culturelles et alimentaires.

Nous défendons notre liberté à consommer de la viande, des fruits, des légumes, du fromage, des produits laitiers.

Nous demandons solennellement que l’État républicain remettre de l’ordre et fasse respecter le libre arbitre alimentaire de chacun. Il doit protéger nos traditions, notre alimentation, nos emplois, nos filières.

La France est le pays de la gastronomie, des plats de terroir à base des productions agricoles de qualité, des grands chefs, des grands vins, des traditions et des restaurants étoilés. Elle irradie depuis des siècles à travers le monde son savoir-faire, son savoir-vivre à la française, son savoir-être, son agriculture, sa culture alimentaire et culinaire. Le repas gastronomique «à la française» est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. La France est le seul pays à avoir obtenu cette reconnaissance.

Cette histoire, ce patrimoine, nous le devons notamment à des produits agricoles d’une grande qualité, élaborés par des paysans, des éleveurs qui vivent et façonnent nos territoires ; nous le devons à des artisans boulangers, bouchers, fromagers, charcutiers, traiteurs, restaurateurs, aux commerces de proximité… et aux cuisiniers avec de grands savoir-faire qui travaillent ces produits et élaborent nos recettes.

Nous, élus, représentants des professions et filières agricoles, de l’artisanat, des territoires, des administrés, n’avons de cesse de promouvoir les produits locaux, la qualité sanitaire, la diversité des productions, la richesse de nos terroirs. Quelle que soit la filière alimentaire concernée, ce sont des activités économiques, génératrices d’emplois où les concitoyens sont fiers de leurs métiers et cela fait vivre nos territoires, tant ruraux qu’urbains.

Nous nous soucions de l’impact environnemental, du bien-être animal mais aussi de la santé. Que ce soient les productions végétales ou animales, les agriculteurs produisent les matières premières nécessaires à notre alimentation. Les filières agro-alimentaires permettent de donner accès à la meilleure alimentation disponible en quantité et qualité. Certes, les modèles de consommation évoluent et nos modes de production également avec la recherche permanente de la qualité et de la sécurité alimentaire, là où par rapport à d’autres pays, nous avons une avance considérable.

C’est une chance pour nos territoires, nos filières, notre équilibre économique, nos emplois d’avoir ce niveau d’exigence pour notre alimentation.

À l’heure des Etats généraux de l’alimentation, ce choix de la société d’avoir des produits tracés locaux de qualité d’une grande diversité sont légitimes. Il en va de la qualité de vie et de la santé de nos citoyens, de leur famille, de nos enfants.

Mangeons librement! Consommons librement! Laissons à chacun ses choix et ne laissons personne nous dire ce que nous devons avoir dans nos assiettes!

Liste des cosignataires de la tribune:

COCHONNEAU Claude, Président de l’assemblée permanente des Chambre d’agriculture (APCA)

DE BELLAIGUE Charles-Hubert, Vice-Président, Fédération interdépartementale des chasseurs d’Ile-de-France

VARLET Daniel, Président de la Fédération des charcutiers traiteurs de l’Île de France

PINTEAUX Olivier, Secrétaire général, Fédération de la boucherie

THEMAUDIN Max, Vice-Président, Fédération de la boucherie

BUGUET Alain, Trésorier, Fédération de la boucherie

MONTINI Marie, Fromagère Saint Arnoult

ILLAND Jean-Charles, Fédération de la boucherie 95

BUGUET Alain, Trésorier, Fédération de la boucherie

RADET Damien, Secrétaire général, FDSEAIF

PETIT Bertrand, Président, FDSEA Eure-et-Loir

REY Dominique, Président SCIC Valor Viande Île-de-France (atelier de découpe Ile-de-France)

DEHAUDT Christophe, Eleveur

DRUMARE Sophie, Eleveur

DEGORGES Florian, Maraîcher

MESNIL Fabrice, Boucher

PECRESSE Valérie, Présidente de la Région Ile-De-France

GOUSSEAU Adeline, Ancien Sénatrice des Yvelines

ARNOULT Frédéric, Président JA Région IdF

DUBLANCHE Alexandra, Vice-Présidente Région Ile-de-France Développement économique, agriculture et ruralité

CABRIT Anne, Déléguée spéciale Agriculture & Ruralité Région Ile-de-France

CAFFIN Michel, Elu Region IDF

TETART Jean-Marie, Maire de HOUDAN

MANSAT Jean-Jacques, Président Communauté de Communes du Pays Houdanais et Maire de Tacoignières

PETIT Bertrand, Président, FDSEA d’Eure-et-Loir

GREFFIN Damien, Président FDSEA Ile-de-France

MILARD Cyril, Président FDSEA Seine-et-Marne

PRIMAS Sophie, Sénatrice des Yvelines, Présidente Commission Affaires Économiques

Jean-Noël CARDOUX, Sénateur du Loiret

Anne CHAIN-LARCHE, Sénatrice de Seine-et-Marne

Anne-Marie BERTARND, Sénateur des Bouches-du-Rhône

Marie-Christine CHAUVIN, Sénatrice du Jura

Jean-Marc BOYER, Sénateur du Puy-de-Dôme

Laurent DUPLOMB, Sénateur de la Haute-Loire

Alain SCHMITZ, Sénateur des Yvelines

Pierre CUYPERS, Sénateur de Seine-et-Marne

François CALVET, Sénateur des Pyrénées-Orientales

Jean Paul EMORINE, Sénateur de Saône-et-Loire

Anne-Catherine LOISIER, Sénatrice de la Côte-d’Or

Jackie PIERRE, Sénateur des Vosges

Aurore BERGE, Député des Yvelines

Bruno MILIENNE, Député des Yvelines

Jean-Baptiste MOREAU, Député de la Creuse – Rapporteur loi EGALim

Michel DANTIN, Député européen

Pierre BEDIER, Président Conseil Départemental des Yvelines

Pauline WINOCOUR-LEFEVRE, Vice-Présidente déléguée aux ruralités

Fabrice MOULARD, Président FDSEA de l’Eure

Dégradations, incendie et « front commun » des éleveurs

La situation a encore gagné en intensité ces derniers jours. Pas du côté de la chasse à courre, car là il y a un vrai travail de masse et les partisans de la chasse à courre n’ont pas pu chercher à écraser violemment l’opposition. Ils savent que maintenant la lutte est solidement implantée en différents endroits, qu’elle va durer plusieurs années, que l’écho est grand et que donc il s’agit à tout prix d’éviter d’être poussé à la faute.

En un sens, la bataille est devenue à la fois politique et culturelle. Il en va différemment du côté des éleveurs, qui sont en panique et ont réalisé un document assez particulier, puisque rassemblant l’ensemble de leurs syndicats. Voir la Confédération paysanne ou le MODEF, qui se prétendent engagés à gauche, signer avec la FNSEA, qui représente pour eux le monstre agro-industriel, est quelque chose d’assez unique…

Le prétexte est la destruction, dans la nuit de jeudi 27 à vendredi 28 septembre 2018, par six départs de feu, de 2000 m2 des 4000 m2 d’un abattoir à Haut-Valromey dans l’Ain, mais on sent bien que le document était déjà prévu.

D’autres actions récentes ont également lieu:

– dans la nuit de lundi 17 à mardi 18 septembre 2018, une boucherie et une fromagerie ont également connu des dégradation à Saint-Arnoult-en-Yvelines ;

– dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 septembre 218, une boucherie parisienne, dans le 13e arrondissement a été recouverte de peinture rouge, alors qu’au sol une affiche montrait un boucher avec écrit : « Je suis boucher, j’adore découper des cadavres d’innocents pour votre bon plaisir ».

Voici le communiqué du « front commun » des éleveurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris, le 28 septembre 2018

COMMUNIQUE DE PRESSE

Front commun pour le respect des éleveuses et des éleveurs

Les tentatives de culpabilisation des consommateurs et de stigmatisation des éleveurs s’intensifient et un pas supplémentaire a été franchi la nuit dernière.

Un abattoir de l’Ain a en effet été victime d’un incendie manifestement criminel, occasionnant des dégâts majeurs. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer et les animaux présents sur le site ont pu être évacués à temps.

Cet événement intervient dans un contexte de mobilisation très violent de certaines associations vegan contre les bouchers et les abattoirs, où les mots utilisés atteignent l’indécence et l’injure quand ils font référence au drame de l’holocauste.

Alors qu’ils font déjà face à une situation économique fragile, les éleveurs n’en peuvent plus de ces attaques répétées contre leur métier.

Nous rappelons que nous ne dénonçons pas le véganisme en tant que tel : chacun est libre de choisir le régime alimentaire qu’il souhaite pour lui-même. Mais le prosélytisme qui est orchestré autour n’est pas acceptable. La majorité des Français mangent de la viande, l’apprécient et entendent continuer à le faire. Les éleveurs travaillent au quotidien avec leurs animaux, et les respectent en appliquant scrupuleusement les normes européennes et françaises.

Des abus existent dans certains abattoirs et nous les dénonçons. Mais ces abus ne représentent pas l’ensemble des situations ni l’ensemble de la production. Les associations qui prônent l’arrêt complet de l’élevage se trompent de combat.

L’élevage participe au dynamisme économique et culturel des territoires, façonne nos paysages, ne l’oublions pas ! Son bilan environnemental est positif avec la valorisation des 13 millions d’hectares de prairies, joyaux de biodiversité et puits de carbones irremplaçables.

C’est la diversité de notre agriculture qui fait sa richesse et sa renommée et qui doit continuer à se retrouver dans nos assiettes. Les protéines animales ont toute leur place dans notre équilibre alimentaire d’omnivore, comme l’affirment de très nombreux médecins et nutritionnistes.

Pour toutes ces raisons, nous n’acceptons ni les insultes proférées en direction des éleveuses et des éleveurs, ni les agressions contre les acteurs de nos filières. D’autant qu’elles sont menées par une minorité de provocateurs qui recherchent et obtiennent un écho médiatique démesuré et causent un tort réel aux Hommes et aux filières.

Nous, syndicats agricoles, demandons ensemble le respect de nos métiers et demandons aux pouvoirs publics de faire cesser cette violence inacceptable.

L’appel à la répression de l’État ne sert à rien contre des gens agissant hors de la légalité de manière clandestine. Cependant, ce n’est pas vraiment cela qui est visé, car l’ALF qui a cette démarche existe en France depuis plusieurs décennies. Les éleveurs savent bien que dès qu’est posé un affrontement ouvert, opposant frontalement deux camps extérieurs l’un à l’autre, de toutes façons la question est réglée et c’est la bataille.

Non, il s’agit surtout en fait ici de viser les « antispécistes » qui mènent des actions ouvertes et veulent transformer cette société de l’intérieur. On est là dans une lutte au sein de la société elle-même, sur la base de cette société, surtout contre « 269 Libération Animale » qui appelle à l’action directe minoritaire, une chose absurde. Le préfet local a ainsi interdit 48 heures avant une « Nuit Debout devant les abattoirs » que l’association « 269 Libération Animale » comptait organiser dans les Yvelines. Pas besoin d’être devin pour comprendre que c’est le prélude à  un étouffement progressif.

On notera également que le mercredi 26 septembre avait eu lieu un rassemblement devant l’abattoir de Houdan, rassemblant des centaines d’agriculteurs, bouchers et charcutiers. Le tout dans une ambiance significative…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il va de soi que, dans un tel contexte, les personnes ayant davantage d’expérience, une solide conscience en faveur des animaux mais également un haut niveau de conscience sociale, doivent penser à la suite. Car l’antispécisme va se faire balayer, jamais il ne tiendra le choc.

Il est porté par des gens idéalistes, sans expérience, sans aucune connaissance historique, n’ayant par exemple même pas entendu parler de Barry Horne, reliés d’une manière ou d’une autre aux couches sociales petites-bourgeoises, vite hystériques dans un sens comme dans l’autre…

Il en va de la défense du véganisme – et de l’offensive contre l’exploitation animale, et de la formation d’une base populaire – alors que bientôt toute une étape va se clore.

La Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteur sur les vegans

L’offensive des bouchers contre les vegans, en raison des dégradations récentes, est de plus en plus virulente. Est-elle surjouée, reflète-t-elle une hantise fondamentale ressortant à cette occasion ?

Il y a là un vrai sujet de réflexion. Et il y a matière à réfléchir. Jean-François Guihard, président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT), n’y va en effet pas de main-morte.

Voici les points les plus importants, avec des propos qu’il a tenus au Figaro. Notons que Le Figaro affirme qu’une centaine de boucheries ont été ciblées en une année. C’est évidemment n’importe quoi. Jean-François Guihard explique également de son côté qu’il y aurait 200 000 personnes véganes en France. Euh, comment dire…

Fantasme expression de panique, ou bien corporatisme surjoué?  En tout cas, et cela ne tient évidemment pas debout non plus, il y a l’accusation faite par Jean-François Guihard comme quoi les cassages des vitrines seraient en liaison directe avec la mort d’une personne, qui était bouchère, en raison d’un attentat islamiste. On se souvient qu’une personne lamentable s’était réjouie d’un tel meurtre.

Pour Jean-François Guihard, c’est le déclencheur : les vegans seraient en quelque sorte un prolongement de la barbarie islamiste.

Depuis l’attentat de Trèbes du 23 mars, et les propos inqualifiables d’une militante vegan suite à l’assassinat du boucher de Super U, les actes hostiles à notre égard sont montés en puissance. On assiste au caillassage de nos vitrines.

Le second point, c’est la mobilisation poujadiste, c’est-à-dire l’appel indirect à l’armement des petits commerçants et à l’auto-défense offensive. Et encore quand on dit indirect…

Le ton est clair, avec un sens de la tragédie : les vegans attaqueraient dans tout le pays, il en irait de vitrines plusieurs fois détruites (ce qui n’a jamais été le cas), il est parlé de vigiles qui mettraient une « raclée » (ce qui est totalement interdit bien entendu), etc. etc.

Nous représentons 18.000 points de vente et 80.000 emplois au total. Les vegans s’attaquent à nous car nous sommes partout sur le territoire et que grâce à nous, ils font leur promotion.

Ils ne vont pas s’attaquer à la grande distribution car les deux ou trois vigiles qui sont à l’entrée du magasin leur colleraient une raclée. Ils agissent à visage masqué la nuit. Ce sont des lâches.

(…)

À la suite à notre courrier envoyé au ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, nous allons être reçus par un de ses représentants mardi 3 juillet. On va lui demander l’arrêt de l’impunité pour ces associations vegans. Je ne les nommerai pas. Les services de l’État les connaissent bien.

Certaines d’entre elles, extrémistes, gravitent autour d’organisations qui ont pignon sur rue. Elles font le sale boulot à leur place.

On va demander aux représentants de l’État de leur faire un rappel à la loi et de prendre des sanctions. On préfère prévenir que guérir.

Quelqu’un qui s’est fait caillasser sa vitrine deux fois, la troisième il prendra les mesures nécessaires. Il peut y avoir alors des débordements.

Ma crainte c’est qu’il y ait un confrère qui pète les plombs. Beaucoup habitent sur place. Je ne voudrai pas qu’on en arrive là. Je suis optimiste de nature. J’ose espérer que les choses vont s’apaiser.

N’importe qui ayant un tant soit peu de politique sait bien que lorsqu’on dit, justement en politique, « Je ne voudrai pas qu’on en arrive là », cela veut dire : attention, sinon on se lâche, alors…

Tout cela est finalement bien étrange, quand on y pense. La libération animale est extrêmement faible en France. Les médias parlent du véganisme, mais cela a été happé par les bobos et l’esprit business. Les actions de L214 et 269 sont médiatiques et ne touchent nullement les gens.

Pourquoi les bouchers lancent-ils leur offensive ? Est-ce parallèle au combat des chasseurs contre le mouvement d’opposition à la chasse à courre, le seul réellement populaire ? Est-ce une peur panique ? Est-ce surjoué pour mettre en avant de simples intérêts corporatistes ?

Est-ce un moyen d’enfin organiser la « cause animale » en l’institutionnalisant, au moyen de L214 ? Le Figaro relate dans un article les propos suivants, qui forment un écho significatif…

« Ce ne sont pas nos modes d’actions. Cela nous rend triste. Nous sommes opposés à tout acte de violence, dénonce Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association vegan L214, dont le nom fait référence à l’article du code rural concernant la protection animale. Nous organisons 1 000 opérations par an vers le public pour encourager le changement vers une société sans la consommation des animaux. Je ne vois pas en quoi le caillassage de vitrines fera avancer la cause animale. Il vaut mieux bâtir des ponts entre les différentes parties pour faire avancer les idées. »

« Nous ne sommes pas opposés aux vegans, renchérit Jean-François Guihard. On veut qu’ils nous laissent travailler tranquilles. »

Des bouchers pas opposés aux végans ? Évidemment, si ceux-ci résument le véganisme à leur petite vie… et des ponts qu’il faudrait faire entre les différentes parties pour faire avancer les idées, comme le demande L214 ?

Mais quelle idée ? Le véganisme n’est pas une idée. C’est une morale, une philosophie. Ayant une valeur universelle, sans négociation possible, sans compromis. Triomphant inéluctablement dans les 20-40 prochaines années, par la révolution, parce qu’il s’agit de sauver la planète.

La Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs contre le véganisme

Si les vegans ne sont pas à la hauteur du véganisme, l’ennemi lui l’est parfaitement. Car il a compris que la seule vérité du véganisme c’est l’affrontement avec l’exploitation animale, une révolution culturelle, un changement complet de valeurs.

Pour preuve, la lettre au ministre de l’intérieur écrite par la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT), dans un esprit de criminalisation.

Les naïfs n’y verront qu’une réaction corporatiste. Les réalistes y verront une composante du vaste dispositif reliant la France profonde, depuis la chasse à cour jusqu’à la haute bourgeoisie en passant par les boutiques du terroir et la grande distribution.

 

Emmanuel Macron au salon de l’agriculture

Incroyable, il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce qui s’est passé au salon de l’agriculture. Et en même c’est tellement banal, tellement guignolesque comme on sait le faire dans notre pays. Car quelle scène : Emmanuel Macron va pour saluer des gens déguisés en animaux et à la question comment ça va, il y a une personne qui répond que cela va mal.

Emmanuel Macron tente de maintenir sa prestance et bascule sur une salutation à la vache, c’est-à-dire l’éleveur déguisé en vache. Celui-ci dit que la vache est inquiète pour son avenir : Emmanuel Macron explique qu’il va rassurer la vache. Et qu’il va rassurer le poulet.

Surréaliste. A un autre moment, un éleveur offre un poulet à Emmanuel Macron. Ce dernier est obligé d’accepter par démagogie, tentant de la prendre tant que bien mal. L’infantilisme est total.
Une heure après, l’éleveur et le poulet en question sont à BFMTV pour parler en bien d’Emmanuel Macron. C’en est presque burlesque.

Moins comique, l’intervention très agressive de la fraction pro-industrielle « dure » des partisans de l’herbicide glyphosate et de l’absence de normes a été vigoureuse.

D’ailleurs, aujourd’hui dans le Journal du Dimanche Nicolas Hulot a en partie reculé sur l’interdiction du glyphosate dans les trois ans :

« On est en train de recenser les alternatives qui existent et de leur donner les moyens de faire leurs preuves. Mais je ne suis pas buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse: si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions. »

Evidemment, lui-même ne s’est pas déplacé au Salon de l’agriculture : cela aurait été dangereux pour lui. On sait bien que c’est une mobilisation ultra-réactionnaire, agressive au plus haut degré.

Certains, apparemment, apprécient cela, puisqu’il y a eu des gens cherchant à tout prix à se manger de la matraque téléscopique. En quête de rédemption, des militants de l’association 269 qui réclament « justice pour les animaux » sont allés réclamer cela en plein salon lors de la visite d’Emmanuel Macron.

On image quelle a été la situation avec des gens exigeant la fin de l’élevage au milieu d’éleveurs chauffés à blanc pour accueillir Emmanuel Macron. Les gens de 269 se sont faits bien entendu  expulser manu militari, pouvant remercier les caméras de ne pas se faire lyncher.

Aberrant, franchement.. Réclamer l’abolition de l’élevage aux éleveurs… pourquoi ne pas manifester non plus place Vendôme à Paris devant les bijouteries de luxe pour réclamer l’abolition des riches ?

Au-delà de la négation de la société (et donc du principe de révolution), c’est dangereux. Car l’association 269 a communiqué de la manière suivante :

« L’action directe menée ce matin par les activistes de 269 Libération Animale au Salon de l’agriculture devant le stand INTERBEV juste à côté de la délégation présidentielle est relayée dans tous les grands médias nationaux.
Il est primordial de faire savoir qu’il existe un mouvement d’opposition à l’exploitation animale et que ce mouvement est déterminé et offensif.
Forçons les gouvernants à regarder vers nous !
Le militantisme légal et traditionnel est impuissant face à un tel système.
Il est temps d’envahir les lieux où l’oppression se déroule ou se défend. »

C’est un appel à aller au casse-pipe. Ce n’est pas un appel à s’organiser en évitant la répression, comme peut le faire par exemple l’ALF, que l’association 269 rejette formellement, ce qui en dit long. C’est un appel à faire tout pour passer à BFM télévision en prime time, quitte à se faire coffrer et condamner.

L’association appelle même à faire de son corps une « arme »… On est là en plein culte chrétien du martyr.

Pendant ce temps-là, la grande majorité du pays reste étranger à tout cela, alors que les petits agriculteurs se font happer par les discours des éleveurs sur la « concurrence déloyale » des autres pays.

Quiconque pose un regard objectif voit bien que tout cela est très mal parti, à moins d’aller diffuser le véganisme dans la population, et non plus dans les centre-villes ou le salon de l’agriculture !

Prévision de la croissance de l’exploitation animale en 2018

L’exploitation animale connaît une croissance immense ; d’ici 2026, rien que la production de « viande » à l’échelle mondiale devrait augmenter de 13%. Bien entendu, l’écrasante majorité de cette croissance repose sur les pays du tiers-monde, qui adoptent le mode de consommation des pays riches.

Voici un petit aperçu pour 2018, avec des données fournies par la Rabobank, une très puissante institution financière internationale de bancassurance d’origine néerlandaise.

Commençons par regarder et mettre de côté la question du végétalisme. Il est vrai, et heureusement, qu’il existe une croissance puissante de la consommation végétalienne. Voici les tableaux montrant cette croissance.

Mais les chiffres sont en milliers de tonnes… Ce n’est strictement rien aux non pas millions, mais milliards de tonnes de l’exploitation animale… Des tonnes qui masquant un nombre gigantesque d’êtres vivants!

L’une des formes d’exploitation qui connaît ici la plus forte croissance est l’aquaculture. Celle-ci devrait connaître l’année prochaine une croissance d’entre 3 et 4%, notamment en raison de la généralisation de cette forme dans le monde, son extension à l’Afrique, l’Amérique latine, le Sud-Est asiatique.

La pêche ne connaît quant à elle pas de changement concernant son niveau.

Certains secteurs de production connaissent eux-mêmes une croissance significative. Ainsi, aux Etats-Unis, la consommation de produits d’origine bovine augmente, tout comme massivement leur exportation.

Au Brésil, la production continue sa croissance dans les secteurs des cochons et des poulets… On parle là encore une fois de millions de tonnes.

Il en va de même des boeufs au Brésil, ainsi qu’en Argentine où la croissance reprend sa marche après une chute en 2010.

Il ne faudrait pas croire que l’Union Européenne ne participe pas à cette tendance. Voici les chiffres pour les exportations tout d’abord, et ensuite la consommation des poulets, en pleine expansion.

En ce qui concerne les cochons et les boeufs, cela reste stable sur le plan de la consommation locale (parallèle à la croissance des exportations).

En Chine, la production concernant les cochons augmente après un pic suivi d’un recul, mais les importations continuent massivement.

Il en va de même pou les importations de boeufs, alors que pour les poulets, il y a une vaste modernisation en cours. Les marchés locaux ont été fermés pour des raisons d’hygiène, ce qui est un pas essentiel vers le passage à une consommation de type industrielle (avec abattoirs modernes, produits réfrigérés, une chaîne de distribution systématisée, etc.).

Les poulets sont, malgré le ralentissement chinois, les victimes de la croissance de la production des autres pays du sud-est asiatique.

Ce qu’on voit ici est très clair et signifie qu’il faut avoir en tant que personnes véganes un point de vue mondial concernant les animaux, et certainement pas uniquement national. Célébrer une avancée ici en France, en admettant qu’elle soit réelle, est totalement hypocrite par rapport à la croissance mondiale de l’exploitation animale…

C’est même une trahison de la Cause.

Etude sur le potentiel planétaire de l’aquaculture

Nature Ecology & Evolution est une nouvelle revue scientifique, existant en ligne depuis le début de l’année. C’est une revue indépendante sur le plan du contenu, mais lié à l’une des principales revues scientifiques mondiales, Nature.

De manière dramatique, cette nouvelle revue a publié un article marquant l’ouverture d’une nouvelle époque, celle de la crise écologique finale, avec l’organisation de l’exploitation animale à l’échelle de l’océan.

Un nouvel article, Mapping the global potential for marine aquaculture, vient en effet de proposer une cartographie du potentiel de l’aquaculture océanique. C’est un pas ouvert vers la destruction finale de la planète, dans la mesure où toute la vie se voit asservie pour une consommation immorale et destructrice.

L’article se veut ouvertement au service du projet général d’aquaculture océanique et la première phrase de l’article est explicite :

« L’aquaculture océanique présente une opportunité pour augmenter la production de nourriture marine, face à la demande croissante de protéines marines et la perspective limitée d’expansion des pêches de poissons sauvages. »

Le cynisme d’une telle phrase est impressionnant et typique de scientifiques sans conscience. Traduit dans un langage normal, cela donne : nous avons tellement anéanti la vie sauvage de l’océan qu’il faut désormais asservir l’océan lui-même.

L’article présente donc l’océan comme une « ressource agricole » et, pour la première fois de manière formelle, s’intéresse non pas à des zones spécifiques ou des espèces particulières, mais à l’aquaculture à l’échelle planétaire.

L’article est ainsi le résultat d’une double analyse, avec l’utilisation de toutes les données scientifiques disponibles : tout d’abord ont été étudiées les caractéristiques de 120 poissons et de 60 bivalves, c’est-à-dire certains mollusques comme les huîtres et les moules.

Les scientifiques partent du principe que les poissons devront faire en moyenne 35cm (la « taille d’une assiette ») et les bivalves 4cm de long : comme on le voit, rien n’est laissé au hasard pour satisfaire les exigences de l’exploitation animale et de la commercialisation des « produits ».

Ont été prises en compte la question de la profondeur, de l’alimentation, des conditions environnementales, des températures minimale et maximale supportées.

Ensuite, l’océan a été cartographié en entier et divisées en petites zones, pour voir les possibilités de production. Puis, ensuite, les chercheurs ont enlevé les zones non adéquates, en partant tout d’abord du fait que les zones à plus de 200 mètres de profondeur n’ont pas été prises en compte en raison de la difficulté qu’il y a à « ancrer les fermes » à cette profondeur.

Les chercheurs – plutôt les criminels – ont ensuite enlevé les zones inadéquates, comme celles où l’oxygène se dissout trop lentement ou où il y a trop peu de phytoplanctons. Les zones où il y a trop de bateaux ont été enlevés, comme les zones protégées, celles aussi où passent de nombreux bateaux.

Des zones à moins de 200 mètres, il a fallu ainsi enlever 25.3% du total en raison du trafic maritime, 3,9 % à cause de la dissolution problématique de l’oxygène, 2,5 % à cause des plate-formes pétrolières, seulement 0,1 % à cause des zones protégées.

Le résultat est terrifiant, puisque les chercheurs proposent pas moins de 11,4 millions de km² disponibles pour l’exploitation des poissons, 1,5 million de km² pour celle des bivalves.

L’article annonce la possible « production » de 15 milliards de « tonnes de poissons » (sic) chaque année.

Comme bien entendu, les chercheurs auteurs de l’article comptent faire carrière, ils mentionnent certains points encore à étudier. Ils parlent ainsi de la question de l’accès aux marchés et aux ports, de la nature des infrastructures portuaires, de la disponibilité du capital « intellectuel » et du capital « business », des « interactions sociales » avec les entreprises de pêche existantes, etc.

Les zones considérées comme les plus propices à l’aquaculture, celles au meilleur potentiel sont en rouge.

C’est à cela qu’on voit bien que sans révolution, l’exploitation animale se maintiendra et se renforcera, disposant de moyens économiques, d’appuis politiques, de soutiens scientifiques.

On a déjà passé le cap des 50 % pour la part de l’aquaculture dans la « production » de poissons par l’exploitation animale et ici on a un exemple de comment un grand saut dans un monde où la vie serait entièrement subordonnée, à l’échelle planétaire, à un mode de vie destructeur.

La France a ici un potentiel énorme, malheureusement ; c’est d’ailleurs l’un de grands leitmotivs de Jean-Luc Mélenchon, pour qui l’aquaculture représente l’avenir. La France dispose en effet de la zone économique exclusive pratiquement la plus grande du monde, avec 10 263 100 km², seuls les États-Unis ayant autant.

Bizarrement, les auteurs de l’article ne semblent pas au courant ; il faut dire que leur démarche visent surtout les côtes directes des pays. A ce titre, ils affirment qu’il est possible de faire « mieux » que la Norvège, la Chili et la Chine, pays où l’aquaculture est déjà intensive. Ils soulignent que l’Inde et le Kenya ont un gros potentiel, alors que leurs populations augmentent…

Les chercheurs se réjouissent même du Gulf of Mexico Fishery Management Plan for Offshore Aquaculture, qui depuis 2016 permettent l’établissement de 20 fermes dans le golfe du Mexique, ce que la NOAA américaine présente comme étant « aux bénéfices de la nation ».

Nul doute, par ailleurs, que leur appel soit entendu. Au Maroc, un appel d’offres va être lancé dans deux jours par l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture, pour une exploitation de 470 hectares.

Au Sénégal, un expert soulignait cette semaine l’importance de l’aquaculture dans les projets de « développement » :

« Le coordonnateur scientifique du projet Isra/Crodt, Moustapha Dème, a insisté sur « la place importante » de l’aquaculture dans la politique de développement économique et social du Sénégal, soulignant que le Plan Sénégal émergent (Pse) la positionne parmi les six secteurs prioritaires à haut potentiel de création d’emplois et de richesses. (…)

Ce projet est coordonné par l’Isra/Crodt (institut sénégalais de recherches agricoles/centre de recherche océanographiques Dakar-Thiaroye) et exécuté sur le terrain avec la collaboration de l’Anida (agence nationale d’insertion et de développement agricole), de l’Ana (agence nationale d’aquaculture) et de l’Iupa/Ucad (institut universitaire de pêche et d’aquaculture). Selon lui, ce projet a des objectifs de production de 30.000 tonnes de produits aquacoles en 2018 et de 50 000 tonnes avant 2023. »

Le Vietnam, un pays en pointe dans l’aquaculture, organise également fin octobre un exposition internationale, «Vietnam Aquacuture 2017», au Centre des expositions internationales de Cân Tho, dans le delta du Mékong. L’endroit est choisi symboliquement, puisque le delta du Mékong est la source de 67% des « produits aquacoles » vietnamiens.

Toutes les forces de l’économie actuelle tendent à trouver de nouvelles voies pour renforcer l’exploitation animale, afin de former de nouveaux débouchés, de trouver d’autres ressources à piller.

Le phénomène est planétaire et est d’une ampleur telle que, comme nous l’avons souligné, tout va se jouer dans les 20-30 prochaines année. L’océan, cette dernière grande frontière, est en train de tomber !

L’exploitation animale : prévisions d’ici 2026

L’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture a publié un nouveau rapport, au sujet des perspectives agricoles pour la période 2017-2026. C’est l’occasion de porter un regard approfondi sur l’évolution de l’exploitation animale.

Cette évolution ne peut être comprise qu’à l’échelle mondiale. Il n’est pas possible, si on fait les choses sérieusement, de se limiter à ce qui se passe dans son propre pays, même si c’est bien sûr important.

En effet, de la même manière qu’il existe un effondrement complet de la population animale vertébrée ces cinquante dernières années, il y a un accroissement de la population animale utilisée dans l’exploitation animale.

Le rapport nous fait la projection suivante au sujet de la « viande » :

« En 2026, la production de viande devrait avoir augmenté de 13 % par rapport à la période de référence (2014-16).

La hausse a été de près de 20 % au cours de la décennie écoulée. Les pays en développement devraient représenter la majeure partie de l’augmentation totale, moyennant une utilisation plus intensive d’aliments pour animaux dans le processus de production. »

Pour les produits laitiers, il y a également un accroissement :

« Sous l’effet de l’accroissement des revenus et de la population, mais aussi de l’uniformisation des habitudes alimentaires dans le monde, les pays en développement devraient consommer davantage de produits laitiers.

La consommation par habitant devrait passer de 20.2 kg (extrait sec du lait) en 2014-16 à 21.4 kg en 2026 dans les pays développés, et de 10.9 kg à 13.2 kg dans les pays en développement. (…)

La croissance de la production mondiale de lait devrait être ramenée de 1.94 % à 1.87 % par an au cours de la décennie à venir. La production devrait toutefois avoir augmenté de 22 % à l’horizon 2026 par rapport à la période de référence (2014-2016). »

Pour les animaux marins, voici ce qui est prévu :

« La production totale de poisson à l’échelle mondiale devrait gagner tout juste plus de 1 % par an sur la période visée, soit bien moins que lors de la décennie précédente (2.4 %).

En termes absolus, la production totale devrait atteindre 193.9 Mt d’ici 2026, signant une hausse de 15.2 % (25.6 Mt) par rapport à la période de référence, en partie sous l’effet d’un épisode El Niño anticipé en 2026. (…)

La décélération observée dans l’aquaculture devrait se poursuivre puisque la croissance annuelle devrait passer de 5.3 % sur la période 2007-16 à 2.3 % sur la période 2017-26.

La production aquacole devrait supplanter les captures (y compris celles destinées à des usages non alimentaires) en 2021, année au cours de laquelle ces dernières devraient s’inscrire en baisse du fait d’un épisode El Niño ; elle devrait ensuite continuer sa progression en termes absolus jusqu’à la fin de la période de projection.

La production aquacole mondiale devrait passer la barre des 100 Mt pour la première fois en 2025 et atteindre 102 Mt en 2026. »

Ces constats, faits par un organisme on ne peut plus sérieux, montrent bien qu’à l’échelle mondiale, l’exploitation animale connaît une croissance.

Une croissance économique, une croissance en termes d’animaux martyrisés, mais également une croissance culturelle, dans la mesure où la consommation « occidentale » se généralise.

Cela signifie, si l’on regarde les choses objectivement, que d’ici 9-10 ans, l’exploitation animale sera plus forte économiquement et plus ancrée dans les mœurs.

Le « moteur » est ici le développement anarchique des pays du tiers-monde, avec une urbanisation débridée et un style de vie chaotique, calquée sur les pays occidentaux jusqu’à la caricature.

La FAO dresse un tableau assez apocalyptique malgré le ton tout à fait mesuré : le déséquilibre mondial sur le plan de la consommation de produits d’origine animale se résout, mais d’une telle manière que cela implique une pression gigantesque sur les animaux.

« La consommation mondiale de viande par habitant devrait se stabiliser à 34.6 kg en poids au détail d’ici à 2026, soit une progression de moins de 500 g par rapport à la période de référence.

Toutefois, compte tenu du fort accroissement démographique dans une grande partie du monde en développement, la consommation totale devrait augmenter de près de 1.5 % par an.

La consommation supplémentaire par habitant se composera principalement de viande de volaille, tandis que la consommation par habitant de viande porcine sera en recul à l’échelle mondiale.

En valeur absolue, l’augmentation de la consommation totale des pays développés représentera au cours de la période de projection environ un cinquième de celle du monde en développement, où elle est alimentée principalement par une croissance démographique et une urbanisation rapides.

Ces facteurs jouent un rôle particulièrement important en Afrique subsaharienne, où la consommation totale au cours de la période croît plus rapidement que dans toute autre région. »

Quelle réponse apporter ? C’est très simple : il est absurde de penser qu’une lente évolution des mœurs, apportant l’existence d’un minuscule secteur végan dans la société, va réellement apporter quelque chose.

Les scientifiques du dernier rapport sur l’extinction en cours disent que nous avons 20-30 ans ; on peut penser la même chose.

Ou bien un pays décroche du système de l’exploitation animale, par une révolution, indiquant au monde un chemin totalement différent, mobilisant à l’échelle mondiale en sa faveur, provoquant d’autres révolutions…

Ou bien cela sera trop tard et les secteurs vegans existant dans les pays occidentaux ne seront que le pendant à la mondialisation de l’exploitation animale.

Regardons ce que dit la FAO sur la production de lait de vache aux Etats-Unis, d’ici 2026 :

« La production laitière des États-Unis devrait augmenter de 1.1 % par an au cours de la décennie à venir ; cette hausse tiendra essentiellement à celle des rendements (1 % par an). »

Que signifie ce terme de « rendement » ? Davantage de pression sur les travailleurs bien entendu, mais surtout une pression encore plus grande sur les animaux. 1 % par an est un chiffre gigantesque si l’on considère cela à l’échelle d’une décennie !

D’ailleurs, la croissance de l’exploitation animale va de paire avec un ciblage bien précis sur certains animaux, parallèlement à l’extinction d’espèces sauvages, d’ailleurs :

« La production de certaines espèces d’eau douce, comme les silures, les pangas, les tilapias et les carpes, devrait afficher les plus forts taux de croissance au cours des dix prochaines années, tous supérieurs à 35 %, contre environ 27 % pour le saumon/la truite, et 28 % pour les crevettes, et environ 24 % pour les mollusques. »

Ces chiffres sont terribles et prouvent bien que l’exploitation animale s’étend, se modernise, augmente sa puissance destructrice.

Prenons un autre exemple, avec ce que dit la FAO sur la production de viande au Brésil :

« La croissance de la production brésilienne tirera parti de l’abondance des ressources naturelles, des aliments du bétail et des pâturages, ainsi que des gains de productivité et, dans une certaine mesure, de la dévaluation du réal. »

Traduit en langage normal, cela signifie ni plus ni moins que la continuation de l’anéantissement de l’Amazonie.

Mais cela est vrai pour d’autres pays, car la production de « viande » se concentre souvent, comme toujours dans la division du travail de type capitaliste, fondée sur la compétition et la spécialisation :

« En 2026, la production de viande bovine dans les pays en développement aura augmenté de 16 % par rapport à la période de référence, et représentera 80 % de la hausse de la production de ce type de viande.

Pas moins de 75 % de cette production supplémentaire est attribuée à l’Argentine, à la Chine, au Brésil, à l’Inde, au Mexique et au Pakistan. »

Cela veut dire également que dans ces pays, l’exploitation animale formera un secteur d’une importance capitale, façonnant les mœurs, imprimant ses valeurs, mobilisant l’État en sa faveur, bref faisant de ces pays de nouveaux bastions.

Cela signifie aussi que des structures comme la FAO seront encore davantage mobilisées en faveur de l’exploitation animale, puisque celle-ci sera encore plus incontournable dans l’alimentation humaine.

La FAO s’inquiète d’ailleurs des « politiques commerciales » et des « problèmes sanitaires et de sécurité des aliments liés aux épizooties » qui pourraient perturber la marche en avant de la production de « viande ».

Enfin, l’un des points essentiels d’ici 2026 est que l’aquaculture va devenir majoritaire dans l’exploitation animale des poissons. La FAO constate « sobrement » :

« La croissance future de la production de poisson devrait tenir essentiellement à l’aquaculture.

Le secteur aquacole devrait continuer de croître grâce à l’intensification, la diversification des espèces, l’expansion dans de nouveaux milieux, y compris les eaux extracôtières, et l’introduction de technologies d’élevage innovantes et plus économes en ressources. »

Mais ce que cela signifie, c’est que l’océan, ce dernier bastion de la vie sauvage malgré bien entendu la pêche, va désormais devenir directement intégré à l’économie de l’exploitation animale, dans son ensemble.

En effet, les conséquences d’une industrialisation de l’exploitation animale des poissons vont être d’une importance terrifiantes pour l’équilibre de l’océan.

Nous avons 20, 30 ans… Pas plus.

Bénin : l’exploitation des lapins se modernise

L’Afrique est un continent de l’avenir : son développement est inévitable et la manière dont cela va se dérouler va être décisif pour la planète.

Dans les années 1960, un peu moins de 300 millions d’êtres humains y vivaient, plus de 600 millions dans les années 1990, et désormais il y en a plus 1,2 milliard.

D’ici trente ans, ce nombre doublera. Avec toutes les nécessités qu’on imagine sur le plan des infrastructures, de l’alimentation, etc.

C’est une des raisons pour lesquelles le véganisme comme utopie doit être présenté clairement et comme concept systématique et révolutionnaire.

Car, comme nous le soulignons régulièrement, l’exploitation animale est en croissance exponentielle à l’échelle planétaire ; le véganisme des pays occidentaux n’est qu’un sous-produit naturel de cette évolution.

Voici un exemple de ce qui se passe au Bénin, présenté par Afriqueinside.com, dans un article intitulé « Bénin : l’élevage du lapin sur la voie de la professionnalisation » :

« Dans une étude effectuée par le laboratoire de recherches en Biologie, au Bénin, la production annuelle de viande de lapin est passée de 4 tonnes en 1993 à 240 tonnes en 2005.

En 1987 le Bénin ne comptait que 214 élevages cunicoles possédant chacun en moyenne 17 sujets.

Et pour améliorer les performances au fil des années, la Stratégie Nationale de Développement de la Cuniculture au Bénin validée au travers de cet atelier  se décline en quatre axes stratégiques et objectifs spécifiques.

Le premier axe concerne l’accroissement de la productivité de la profitabilité et de la production de lapin.

L’amélioration de la compétitivité et de l’accès au marché de la viande de lapin local, le développement de la chaîne de valeur viande de lapin et la création d’un environnement favorable pour le développement de la filière en sont les autres axes stratégiques définis par le document-programme.

Quatre objectifs sont dédiés à ces axes stratégiques de la SNDC 2018-2022. L’objectif premier est d’augmenter la production à 6.930 tonnes  de viandes de lapins en 2022.

L’accès au marché local est envisagé à hauteur de 90% et 1% sur le marché sous-régional correspond en effet au deuxième axe stratégique.

La SNDC se veut également renforcer la gouvernance de la chaine de valeur viande et l’attractivité de la filière cunicole. « 

On apprend également que :

« Pour favoriser la filière cunicole, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) soutient la professionnalisation de la filière. »

C’est un exemple significatif. Et sans émergence d’une vraie vague de contestation générale de l’exploitation animale, on va devoir ces trente prochaines années se contenter d’accumuler ce genre d’informations.

L’exploitation animale se systématise, se modernise. Les pays se développant reprennent directement les schémas dominants, en pire sans doute d’ailleurs. En l’absence de modèle culturel alternatif, révolutionnaire, les formes de consommation les plus affreuses prédominent sans aucune opposition.

C’est une catastrophe généralisée qui se produira si cela arrive. L’Afrique est ici un enjeu majeur. C’est notamment là que se joue la question de l’avenir ou non de la libération animale, d’un rapport pacifié avec la Nature.

Si l’Afrique bascule dans la même logique qui se déroule actuellement en Asie, notamment en Chine mais aussi en Inde, l’exploitation animale va atteindre un stade bien plus grand, une capacité bien plus puissante qu’actuellement.

Nous ne sommes pas en train de dépasser le cauchemar de l’exploitation animale, comme le font croire de nombreuses associations en France. A l’échelle mondiale, nous nous y précipitons.

Carrefour et le « bien-être animal »

Le bien-être animal est une triple escroquerie : le concept ne veut rien dire, il permet de donner le change en faisant croire qu’il y a une évolution, il sert à élever le prix des produits.

En voici un nouvel exemple avec le label « bien-être animal » élaboré par Carrefour avec Welfam (l’ex-PMAF).

On sait que les grands distributeurs se font des marges énormes, ce sont des tyrans du capitalisme, et pourtant il faudrait encore leur permettre de se prétendre démocratique ?

Voici ce que raconte Carrefour, qu’il y a lieu d’étudier, parce que souvent, on se demande pourquoi les gens ne réagissent pas, pourquoi ils ne deviennent pas végans.

Mais comment le devenir alors qu’il y a de tels discours très élaborés pour endormir les esprits, pour masquer les faits ?

Meilleur chaque jour

Pour garantir le bien-être animal

C’est aussi bien pour des raisons éthiques, sanitaires et économiques que le bien-être animal est fondamental du champ à l’assiette.

Pourquoi le bien-être animal est-il fondamental dans les élevages ?

Dans une perspective de qualité des produits, et d’une meilleure valorisation, le bien-être animal est une préoccupation incontournable du métier d’éleveur.

Si les consommateurs sont aujourd’hui de plus en plus sensibilisés à la nécessité d’un traitement respectueux de l’animal d’élevage tout au long de sa vie, cette préoccupation est présente de longue date dans le métier d’éleveur.

Dès la fin du XIXe siècle, la loi sur la police rurale pose les premiers principes de meilleur traitement de l’animal, de bonnes conditions de transport, d’un suivi de l’hygiène et des équipements.

Récemment, le Parlement a adopté le projet de loi modernisant le statut juridique de l’animal en reconnaissant sa nature d’être vivant et sensible.

Enfin, plusieurs études sérieuses ont démontré le lien qui existe entre le bien-être animal et la qualité des produits d’origine animale.

C’est donc aussi bien pour des raisons éthiques, sanitaires et économiques que le bien-être animal est fondamental du champ à l’assiette

Comment s’assurer de la bonne prise en compte du bien-être animal ?

Lire les étiquettes et rechercher les informations sur le mode d’élevage de l’animal.

Les «  Cinq Libertés Fondamentales », principe posé par le Farm Animal Welfare Council (FAWC) en 1979, ont été reprises par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) pour définir les conditions du bien-être animal :

liberté d’accès à de l’eau fraîche et à un régime alimentaire adapté pour être en pleine santé.

liberté d’accès à un environnement approprié, comportant des abris et des zones de repos confortables.

liberté de bénéficier d’un programme de prévention et d’accès à un traitement rapide et adapté contre les douleurs, les blessures et la maladie.

liberté d’exprimer des comportements normaux, au contact avec des animaux de la même espèce.

liberté d’accès à des conditions d’élevage et à un traitement évitant la souffrance mentale, pour être protégé de la peur et de la détresse.

Selon ce principe, quel que soit le mode d’élevage des animaux, en plein air ou en bâtiment (poulailler, bergerie, chèvrerie, étable…), il est possible de garantir un certain niveau de bien être animal.

En bâtiment, l’enrichissement de l’environnement (litière, lumière naturelle, perchoirs …) et des densités adaptées seront des paramètres déterminants  alors qu’en plein air les éleveurs seront plus vigilants vis-à-vis sur la rusticité des animaux, l’accès à de l’eau propre et la possibilité de s’abriter.

En plus de ces Cinq Liberté, la traçabilité est une attente forte des consommateurs qui aujourd’hui souhaitent connaître le pays d’origine, la région d’élevage, l’alimentation des animaux et ses conditions de vie.

Certaines informations volontaires sur les étiquettes permettent d’avoir des indices sur le mode d’élevage comme les signes officiels de qualité « Bio », « Label rouge », « Appellation d’Origine Protégée », la mention « Elevé en plein air » sur les œufs ou les volailles ou encore l’origine France ou locale.

Pour autant, aucune de ces informations n’apporte l’assurance d’une gestion intégrale du bien être animal.

Aujourd’hui, il semble pertinent d’engager une démarche de certification et d’information à grande échelle avec le développement de filières d’élevage pour toutes les espèces consommées.

Quelles solutions apporte Carrefour ?

La première démarche de certification sur le bien être animal cette année.

Cette prise de conscience, nous l’avons eu depuis longtemps : en 1992, nous mettions en place la traçabilité dans les premiers élevages de nos Filières Qualité Carrefour.

A l’époque, même si le bien être animal était déjà très présent, on parle plutôt de bonnes pratiques d’élevage.

Cette démarche insiste sur la qualité de l’alimentation et le soin apporté aux animaux par l’utilisation de méthode de soins naturels alternatifs aux traitements antibiotiques, tels que la phytothérapie : des conditions d’élevages uniques et novatrices dans la distribution.

Notre classement en progression et en bonne place  parmi les entreprises agro-alimentaire, pour la prise en compte du bien-être animal, établi par le BBFAW (Business Benchmark on Farm Animal Welfare ) nous encourage à poursuivre nos actions avec nos partenaires.

En 2017, nous renforçons notre engagement en lançant la 1ère démarche de certification sur le bien-être animal, en partenariat avec les éleveurs, l’ONG Welfarm (association pour la protection mondiale des animaux de ferme est une association française) et un organisme certificateur indépendant.

Pourquoi tout le monde ne fait pas ça ?

Quand tout le monde va dans le même sens, les résultats sont positifs
Cette prise de conscience n’est pas récente mais elle nécessite l’engagement de toutes les parties prenantes : des éleveurs, aux distributeurs, en passant par les organismes indépendants et la législation.

Chez Carrefour, nous vous informons sur le niveau de bien être animal quel que soit le mode d’élevage.

Nos engagements en termes de bien-être animal sont les suivants : arrêter la vente d’œufs issus de poules en cage d’ici 2020 pour les marques Carrefour ; 100% des mayonnaises Carrefour soient réalisées avec des œufs de poule élevées en plein air ; développement d’une filière de lapins en habitat alternatif plus adapté au bien être ; et des dindes élevées en plein air.

Dès avril, les consommateurs trouveront dans nos magasins Carrefour Market et nos enseignes de proximité (Carrefour City, Carrefour Contact, Carrefour Express), du porc élevé en plein air sous la marque Reflets de France, et nous garantissons déjà pour 50% de nos porcs FQC l’absence de castration.

En 2017, pour valoriser le travail effectué par les éleveurs et les abattoirs partenaires des filières, et dans un souci de transparence vis-à-vis du consommateur, nous poussons la traçabilité de nos filières animales plus loin grâce à la technologie blockchain.

C’est une première française pour un acteur de la grande distribution de proposer à chaque acteur de la filière d’inscrire dans un registre virtuel et infalsifiable les informations relatives à son produit quel que soit son degré d’intervention. Ainsi, le consommateur peut connaître tout l’historique de son produit, du champ à l’assiette.

Quand la qualité alimentaire progresse, le monde va mieux et vous aussi.

Petit à petit, on peut tout changer.

Ce dernier slogan résume tout. Et il faut être bien naïf pour y accorder une quelconque valeur !

Emmanuel Macron et l’éleveur « qui pleure quand un animal meurt »

La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) a invité les candidats aux présidentielles à un grand oral, à l’occasion du dernier jour de son congrès.

Cette invitation au moment du congrès signifie qu’il faut aller se soumettre et, d’ailleurs, il fallait être présent en personne. Jean-Luc Mélenchon voulait envoyer un représentant, il a été éconduit, Benoît Hamon ne s’est pas déplacé.

C’est que la FNSEA, c’est le symbole du conservatisme et des grandes entreprises ; être présent à son congrès quand on veut se donner une image de gauche n’est pas faisable…

Emmanuel Macron, lui, y est allé de bon coeur, saluant l’ancien président mort tout récemment, avant de se lancer dans un éloge de la compétitivité, dans un décor assez hallucinant de kitscherie…

Et, dans le prolongement de ce qu’il a dit au WWF (Emmanuel Macron : » je continuerai à manger l’agneau des Pyrénées ») et au congrès des chasseurs (Emmanuel Macron veut développer le « tourisme cynégétique »), il a maintenu son courant ultra-libéral sur le plan de l’économie et des moeurs, ultra-réactionnaire sur le plandes valeurs.

Ses propos au sujet du bien-être animal ont été littéralement abjects, se basant qui plus est sur l’image d’Epinal du petit élevage, de taille raisonnable, avec l’éleveur connaissant ses animaux, veillant même l’animal malade la nuit…

Une telle vision du terroir est digne des années 1930.

Nous avons retranscrits ses propos, qui valent le détour, d’autant plus qu’il aborde la question des oeufs, confirmant l’interprétation que nous avons fait de sa mesure au sujet des oeufs issus de poules en cages.

« – Il y avait cette question qui vient de la salle.

Que pensez-vous des attaques des différentes associations sur le bien-être animal, comment pensez-vous valoriser notre agriculture dans de telles conditions, nos produits, le travail ?

– Ben, là dessus, j’ai répondu d’ailleurs à une organisation environnementaliste qui m’interrogeait sur ce sujet.

Moi, j’ai jamais connu un éleveur qui était heureux avec des animaux malades. Faut me le présenter.

C’est comme l’idée qu’un employeur serait forcément quelqu’un qui adore licencier des gens.

[mettant sa main vers sa tête pour indiquer que ce serait « fou »] C’est parfois les représentations qu’on a dans le débat public.

Si quelqu’un est malheureux lorsqu’il y a un problème de bien-être animal, c’est l’éleveur le premier.

Et l’éleveur, ce qu’il veut, c’est justement pouvoir élever ses animaux dans les meilleures conditions, parce que c’est lui qui se relève la nuit, c’est lui pleure quand un animal meurt.

[faisant un signe de dénégation avec l’index] C’est pas les gens qui sont dans des associations ou dans des bureaux.

Donc aujourd’hui… [applaudissements du public]

Donc aujourd’hui, le problème c’est quand c’est un éleveur n’est pas en situation d’améliorer les choses pour ses bêtes et pour lui-même.

Et donc c’est pour cela que moi je veux faire ce plan d’investissement agricole qui permet, quand on a un projet, qu’on veut l’améliorer…

Moi j’étais il n’y a pas longtemps dans la région, chez monsieur Nédelec, qui passe justement, qui a un élevage de cinquante vaches, qui passe à une production bio.

Il a pu installer, parce que il a eu des aides de la région, pour accompagner ses bêtes, des capteurs qui permettent de mieux accompagner la bête quand elle veule [Emmanuel Macron se trompe et veut en fait dire quand elle vêle], etc., et d’éviter des souffrances.

Eh bien, ça, je suis désolé de vous le dire, c’est de l’investissement, c’est pour bon pour l’élevage [brouhaha dans la salle, le modérateur fait « chut chut » au public], c’est bon pour le professionnel et c’est bon pour tout le monde.

C’est pour ça que ce plan d’investissement d’avenir, il permet de résoudre le problème de la condition animale, mais en même temps, il permet d’améliorer le fonctionnement.

Après, on a un problème dans les abattoirs, mais c’est la transformation, ce n’est pas l’élevage.

Et là dans les abattoirs, pardon de vous le dire, mais les premières victimes, ce sont celles et ceux qui y travaillent, hein.

Et la raison on la connaît bien. Donc là aussi y a un plan de modernisation à faire.

– [Christiane Lambert, président de la FNSEA, prend la parole] Toutefois, monsieur Macron, vous nous avez donné l’impression de surfer un petit peu sur la vague welfariste, lorsque vous avez dit qu’il fallait que vous alliez interdire en 2025 tous les œufs provenant de poules en cage.

Nous sommes dans une région où 70 % des poules sont élevées en cages, modernisées agrandies, mais quand même 70 %.

Les bâtiments qui ont été rénovés il y a cinq ans, qui ont encore dix quinze ans d’amortissement, comment allez-vous faire d’un coup – claquement de doigt tweet – pour résoudre ce problème de l’agriculture française [applaudissements, bravos].

– Je vais vous dire deux choses. La première, c’est que 2025, ce n’est ni un tweet ni un claquement de doigt. C’est quand même un objectif.

La deuxième, c’est que je n’ai jamais dit que je la prendrai moi ou que je l’interdirai. J’ai dit que je me fixerai cet objectif. Et il est atteignable.

La troisième chose, si vous m’avez écouté précisément, madame la présidente [brouhahas, le modérateur fait « chut chut chut »], c’est que j’ai parlé de la GMS [grandes et moyennes surfaces]. J’ai parlé de la GMS.

Or une large majorité des œufs qui sont produits dans la région et vendus, ils le sont pour les industries agro-alimentaires et la transformation.

J’ai pas une seule seconde dit, en l’espèce, qu’il fallait revenir sur les normes actuelles.

La dernière chose, c’est que, justement, et quand j’ai rencontré les professionnels au salon de l’agriculture, je leur ai dit, je pense qu’il faut pour la grande distribution – ce qui est une part minoritaire de la vente des œufs, comme vous le savez aujourd’hui qui sont produits – pour la grande distribution, il faut se fixer cet objectif à dix ans, parce que de toutes façons, sinon nous aurons à le subir.

Moi, je vous fiche mon billet, on peut se faire plaisir, je peux vous dire le contraire, mais dans trois, dans quatre ans, dans cinq ans, vous aurez des associations de plus en plus, des associations de consommateurs et autres, qui vous diront [tapant dans ses mains] « moi je veux de la meilleure qualité ».

On l’a eu sur le poulet, on l’a sur tout, donc il faut se fixer cet objectif à dix ans en disant : on va l’accompagner.

Ce n’est pas surfer sur une vague. C’est se dire : on peut quand même avoir un objectif décennal. Ce n’est pas une loi qui l’interdira demain, ce n’est pas une nouvelle norme, mais on dit il faut accompagner cette transformation, uniquement pour ce qui est vendu en GMS, et ça passe aussi par ce plan d’investissement.

On l’a calé avec la profession, il faut cinq cent millions d’euros d’investissement pour, dans les cinq six années à venir, moderniser. Ils seront accompagnés par le plan d’investissement que je porte.

– Vous avez évolué, c’est bien… Mais merci d’avoir précisé

– J’ai dit des choses précises. »

Augmentation de la consommation de « viande » en 2016 en France

Se confronter aux données économiques de l’exploitation animale est très important : cela permet de constater les faits. Et de faire la part des choses.

Sommes-nous en décalage avec la réalité lorsque nous disons que l’exploitation animale est en croissance exponentielle à l’échelle mondiale, que rien n’est possible sans révolution ? Ou bien le réformisme des « droits des animaux », y compris à prétention végane, n’est-il que la caution « morale » de l’exploitation animale ?

Parlons cette fois de la France, puisque le réformisme prétend qu’il s’y passe des choses à grande échelle, il y aurait un basculement.

Ce n’est pas du tout ce que disent les données du ministre de l’agriculture, qui viennent de tomber. Voici comment Le Figaro les résume :

La consommation française de viande a légèrement augmenté de 0,9% en 2016, tirée par la volaille, mais la consommation de viande à domicile par les ménages a régressé, selon les services statistiques du ministère de l’Agriculture.
En 2016, la consommation apparente de viande, c’est à dire mise à disposition sur le marché intérieur, a augmenté de 0,9% par rapport à 2015, un hausse quasi comparable à celle de 2015 (+1%) après une période de baisse, indique le bulletin d’Agreste.
La situation est toutefois contrastée selon les types de viande: alors que la consommation de viande de boucherie, qui représente 68% de la consommation totale de viande est en légère baisse sur un an (-0,6%), celle de volaille de chair progresserait (+4%), après s’être stabilisée en 2015.
Il n’y a pas de baisse de consommation de la « viande » en France (rappelons qu’il manque, de notre point de vue, les chiffres pour les autres animaux, notamment les poissons et les crustacés).
Et pour cause l’exploitation animale est un système économique. Il n’y a pas de « spécisme », mais une réalité économique, comme le paradoxe que les chiffres montrent.
En effet, les chiffres qui constatent l’augmentation de la consommation de viande en France disent, en même temps, que les ménages achètent moins de viande…
Voici un tableau de données.
Comment expliquer cela ? Tout simplement, par la consommation hors foyers. Cette consommation que, précisément, le réformisme de l’exploitation animale « oublie ».
Historiquement, pour les végans, McDonald’s a toujours été un ennemi, au même titre que Nestlé ou toutes les autres grandes compagnies de l’exploitation animale.
Pour le réformisme de l’exploitation animale, ces grandes compagnies ne comptent pas, tout dépendrait du « consommateur ».
C’est un point de vue de bobo et d’universitaires de centre-ville, d’entrepreneur plus ou moins hipster.
Voici d’ailleurs un autre tableau de données très intéressant, rappelant une vérité élémentaire. Le but de la production de « viande » est le profit. Il n’y a pas de spécisme.
Et on peut voir qu’effectivement, les prix d’un certain de type production augmentent, pour compenser la baisse des ventes… C’est une logique implacable.
Mais c’est une logique implacable seulement quand c’est possible. Les deux tableaux suivants présentent d’un côté la consommation de l’autre l’évolution des prix.
En raison de la concurrence, il est très difficile d’augmenter les prix de manière générale…
Et quelle sera la conséquence inévitable ? L’augmentation des cadences, le renforcement de l’exploitation animale, afin de vendre plus et moins cher !
Ne négligeons pas le fait que le marché est également « insensé », au sens où il y a des tendances dépendant des « goûts » du consommateur.
Voici ce que cela donne pour les différentes « viandes », et la tendance générale est dans tous les cas à la hausse…
Pour conclure, ce n’est pas parce que les ménages achètent moins de « viande » qu’il n’y a pas pour autant une hausse générale de la consommation de « viande ».
Il y avait, en 2009, 1141 McDonald’s en France. En 2015 il y en avait 1380, ce qui fait  deux millions de repas par jour…

L’exploitation animale contrôle la production de produits pour animaux

Il est tout à fait naturel que l’exploitation animale se dirige vers les produits pour animaux « de compagnie ». C’est une question de profit, de logique d’investissement.

Prenons ainsi PetSmart et Petco, deux grandes chaînes américaines de magasins vendant des produits pour animaux.

Elles ont été achetées il y a respectivement trois et deux ans, chacune par un fonds d’investissement : BC Partners pour la première, CVC pour la seconde, pour respectivement 8,7 et 4,6 milliards de dollars.

Les magasins vendent des produits et des animaux, mais aussi des services, comme la formation des chiens. Il s’agit d’élargir les besoins, jusqu’à l’absurde.

En voici un exemple avec l’alcool comme prétexte, noté par Les échos :

« Plusieurs start-ups américaines proposent désormais du faux vin pour chat, en bouteilles miniatures de 250 millilitres.

Sans alcool, coloré à la betterave bio, le breuvage s’appelle « Catbernet », « Pinot Meow » ou encore « Purrgandy », et se vend près de 12 dollars le flacon ( le « Meow et Chandon » étant naturellement un peu plus cher).

Brandon Zavala, fondateur d’Apollo Peak, le premier fabricant à avoir proposé ces boissons, raconte avoir vu décoller les ventes lorsqu’il a eu l’idée de les présenter comme du vin, avec le mot clé #whydrinkalone. (pourquoi boire seul ?).

Depuis, l’offre s’est enrichie de cocktails baptisés « Meowgarita » ou « Doggy Mary ». Et des concurrents sont apparus. »

La tendance est encore plus forte dans le secteur de l’alimentation pour animaux.

Mars est ainsi un groupe économique très connu des gens connaissant l’histoire de la lutte pour les droits des animaux, car il a été une cible importante de la lutte contre la vivisection.

Eh bien il s’agit désormais d’un poids lourd important des produits pour animaux.

Voici une présentation de sa puissance économique par Capital :

« Le groupe alimentaire américain Mars, numéro un mondial des aliments pour chiens et chats avec ses marques Pedigree et Whiskas, se renforce sur le marché des soins vétérinaires avec l’acquisition annoncée lundi de VCA, un opérateur de cliniques spécialisées, pour 7,7 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros).

L’opération permettra à Mars, surtout connu pour ses confiseries comme les M&Ms et Snickers, d’ajouter environ 800 établissements à son réseau existant de plus de 900 cliniques pour animaux de compagnie (…).

VCA, fondé en 1986, a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 2,13 milliards de dollars [et est surtout connu pour sa nourriture pour animaux Camp Bow Wow].

Mars détient déjà les chaînes de cliniques vétérinaires Banfield [Banfield Pet Hospital], fondée en 1955, et BluePearl [BluePearl Veterinary]. Son chiffre d’affaires dans les aliments pour chiens et chats a atteint 17,80 milliards de dollars en 2015, selon Euromonitor. »

A Mars, il faut ajouter Nestlé, qui avait acheté, en 2001, Ralston Purina pour 10,3 milliards de dollars. Mars et Nestlé, c’est ainsi 80 % de la nourriture pour animaux dans le monde…

Nourritures pour animaux, cliniques vétérinaires, produits pour animaux… Tout est relié, avec des énormes entreprises, toujours plus grandes.

La famille Versele, qui possède Versele-Laga, est par exemple une des familles multi-millionnaires en Belgique (avec pratiquement 200 millions d’euros).

C’est un panorama édifiant, qui en dit long sur les leviers qu’il faudra prendre en compte et même contrôler si l’on veut réellement changer la condition des animaux et notre rapport avec eux.

Et il y a ici une liaison évidente et flagrante entre l’exploitation animale et l’idéologie des « animaux de compagnie », de la réduction des animaux à des objets « utiles » étant, finalement, des marchandises comme des autres.

Il n’est pas possible de vouloir changer les choses et de ne pas prendre en compte de tels facteurs.

Emmanuel Macron :  » je continuerai à manger l’agneau des Pyrénées »

Emmanuel Macron est un phénomène médiatique très important et le WWF est un poids lourd des associations « écologistes » liées ouvertement aux institutions. Leur rencontre hier lors d’un petit questions-réponses a visé naturellement à faire un petit buzz médiatique, dont on voit cependant les limites : 16 000 vues sur facebook, 40 seulement sur youtube.

Et on apprend pas grand-chose, dans la vidéo de ces questions-réponses, à part qu’Emmanuel Macron est un homme de dossiers, qui répond aisément, posément, en expert… en finalement pas grand-chose.

Voici notre retranscription des propos, qui sont assez cocasses et qui témoignent qu’Emmanuel Macron n’y connaît rien et par ailleurs s’en fout. Cela se passe à un peu plus de deux minutes avant la fin dans la vidéo.

Emmanuel Macron : Il y a un sujet, on le sait, l’élevage des poules en batterie. Là il faut être dessus très clair sur les œufs.

Moi je souhaite et je prends même l’engagement, que euh donc d’ici 2025 on ne vende plus…

Le responsable du WWF : Donc d’ici 2025 dans dix ans

Emmanuel Macron : Qu’on ne vende plus, que ce soit interdit dans les grandes surfaces, des œufs issus justement des élevages en batterie.

Le responsable du WWF : L’ANSES [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail] recommande de manger moins de viande, Jean-Luc Mélenchon a dit qu’il mangeait moins de viande, quels sont vos engagements personnels sur ce sujet et évidemment sur la politique d’alimentation ?

Emmanuel Macron : Non, moi je je… [sourire]

Le responsable du WWF : Non ?

Emmanuel Macron : Moi j’aime bien la viande, donc je continuerai à en manger.

Le responsable du WWF : A en manger quel que soit l’impact carbone etc ?

Emmanuel Macron : Non.

Le responsable du WWF : Sur la planète.

Emmanuel Macron : Non, parce que ce n’est pas une fatalité. D’abord, il y a de la viande française, qui est formidable, donc je continuerai à manger l’agneau des Pyrénées ou d’ailleurs. Je continuerai…

Le responsable : Justement, moins de viande mais mieux de viande c’est quelque chose dans laquelle vous vous retrouvez ?

Emmanuel : Bien sûr. Mais d’ailleurs… Mais totalement.

Il est tout à fait révélateur que le responsable du WWF, à savoir son directeur général en France, Pascal Canfin, cherche à sauver la mise à Emmanuel Macron, en commençant à parler de « moins mais mieux ».

Car il était évident qu’Emmanuel Macron ne connaît rien à la question de l’empreinte carbone de la « viande ». Il a simplement compris cela comme une question de transport, montrant qu’il ne connaît rien à la question.

N’importe qui s’intéressant un tant soit peu à la question sait que produire de la « viande » implique une vaste production de gaz à effets de serre, environ 18 % du total causé par l’humanité…. Au minimum, certains chiffres allant jusqu’à 51 %.

Les raisons sont bien connues : transport des aliments pour les animaux (les 2/3 des terres agricoles sont occupées par l’exploitation animale), déforestation intensive, fermentation gastrique des ruminants, stockage du lisier…

Apparemment, Emmanuel Macron ne le sait pas… Ce qui est impossible. On voit bien dans ses réponses que c’est quelqu’un de cultivé et de méthodique. C’est donc qu’il ment, c’est évident.

La preuve, il connaît très bien le thème des œufs en batterie mis en avant par L214 et il se précipite dessus par choix électoral  ! Aucun hasard là-dessus.

Il cite même, à la fin des questions-réponses, L’enracinement de Simone Weil, montrant son haut intellectualisme, Simone Weil correspondant à une certaine critique très « années 1930 ».

Voici un extrait de cet ouvrage parlant du déracinement et de l’enracinement, avec ce thème ultra-réactionnaire des racines :

« Un jeune moine bouddhiste était inquiet pour le salut éternel de son père, vieil avare qui ne pensait qu’à l’argent.

Le prieur du couvent se fit amener le vieux et lui promit un sou chaque fois qu’il pratiquerait la récitation du nom du Seigneur ; s’il venait le soir dire combien de sous on lui devait, on les lui paierait.

Le vieux, ravi, consacra à cette pratique tous ses moments disponibles. Il venait se faire payer au couvent chaque soir.

Soudain on ne le vit plus. Après une semaine, le prieur envoya le jeune moine chercher des nouvelles de son père.

On apprit ainsi que le vieux était maintenant absorbé par la récitation du nom du Seigneur au point qu’il ne pouvait plus compter combien de fois il la pratiquait ; c’est ce qui l’empêchait de venir chercher son argent.

Le prieur dit au jeune moine de ne plus rien faire et d’attendre. Quelque temps après, le vieux arriva au couvent avec des yeux rayonnants, et raconta qu’il avait eu une illumination.

C’est à des phénomènes de ce genre que fait allusion le précepte du Christ : « Thésaurisez pour vous des trésors dans le ciel… car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur. »

Cela signifie qu’il y a des actions qui ont la vertu de transporter de la terre dans le ciel une partie de l’amour qui se trouve dans le cœur d’un homme. »

Si Emmanuel Macron est capable de chercher une référence pareille, alors il est en mesure de connaître la question de l’empreinte carbone de la « viande »…

Alors pourquoi ment-il ? Parce qu’il est libéral sur le plan économique, sur le plan des mœurs, sur tous les plans, ce qui implique non pas l’éloge du terroir comme François Fillon, mais au moins son acceptation.

Par conséquent, il fait donc l’éloge de l’agneau des Pyrénées, pour montrer qu’il ne compte nullement entrer en rupture avec les traditions. Emmanuel Macron avait d’ailleurs fait l’éloge de Jeanne d’Arc, de Philippe de Villiers au Puy du Fou (où il avait pour la première fois assumé de ne pas être socialiste).

C’est la ligne d’Emmanuel Macron, qui est le partisan d’unir, d’unifier, d’accorder… Notre-Dame-des-Landes ? On nomme un médiateur, je verrai dans six mois. Le nucléaire ? On vise 32 % d’énergies renouvelables en 2030. Les OGM ? On interdit, mais on continue les recherches à leur sujet. Le diesel ? On taxe à parité avec l’essence. Etc. etc.

En clair, on modernise mais on ne touche à rien, on libéralise mais on reste bien réactionnaire. Concluons d’ailleurs sur des photos terrifiantes, venant du site agneaudespyrenees.com. Elles montrent des jeunes animaux, notamment avec leurs mères, alors qu’ils les assassinent…

Proposition de loi sur le transport animal

Philippe Noguès est un député qui a quitté le parti socialiste en soutenant les « frondeurs », après avoir pourtant par le passé soutenu Dominique Strauss-Khan.

Comprenne qui pourra, en tout cas il vient de déposer une proposition de loi sur le transport animal. Il est soutenu par 33 autres députés et sa proposition a été élaborée en partenariat avec CIWF France, l’ancienne PMAF.

On est ici dans l’accompagnement ouvert à l’exploitation animale, qu’il s’agit ici d’enjoliver à coups de mesures qui, d’ailleurs, ne servent qu’à permettre uniquement aux grosses entreprises de survivre.

Voici le début de cette proposition de loi, qui le prouve totalement : les chiffres énormes dont il est parlé représentent des êtres vivants… Une telle logique est inacceptable, mais apparemment pas pour les députés concernés.

« Mesdames, Messieurs,

Beaucoup d’animaux sont engraissés ou abattus loin de leurs lieux de naissance pour des raisons principalement économiques.

Au niveau européen, on estime que chaque année, près d’un milliard de volailles et 37 millions de bovins, cochons, moutons, chèvres et équidés sont transportés vivants à l’intérieur de l’union européenne et vers des pays tiers.

Les transports d’animaux longue distance (de plus de huit heures) représentent environ 10 % de l’ensemble des transports, soit 17,5 millions d’animaux.

Certains sont particulièrement fragiles, comme les jeunes animaux. Ainsi, en 2015, 1,3 million de veaux non sevrés ont été transportés entre les pays européens.

La France figure parmi les premiers exportateurs d’animaux vivants et est à l’origine de nombreux transports longue distance sur son territoire.

Elle exporte ainsi plus d’un million de gros bovins, en majorité destinés à être engraissés. Il s’agit essentiellement d’animaux mâles de 8 à 12 mois (broutards) mais également d’animaux « finis » destinés à l’abattage. Elle exporte également plus de 500 000 ovins. »

Maintenant, voici le passage qui suit immédiatement cela, et qui explique ouvertement que la réforme du transport des animaux est bon pour l’opinion publique, mais surtout pour le business…

« Les filières d’élevage françaises sont ainsi actuellement dépendantes des exportations, en particulier vers l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne mais également vers des destinations plus lointaines, hors de l’Union européenne (UE), notamment vers les pays d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Libye), le Moyen-Orient (Liban) et la Turquie.

Les exportations vers ce pays se sont ainsi développées de façon extrêmement forte en 2015, avec plus de 80 000 broutards exportés vivants vers la Turquie, et des objectifs affichés encore bien supérieurs (plus de 200 000 animaux), encouragés par le ministère de l’agriculture avec la création d’une plate-forme « France Viande Export » pour faciliter les partenariats économiques avec les pays importateurs.

Or nos concitoyens, de plus en plus sensibles à la question du traitement des animaux et au respect du bien-être animal, sont nombreux à nous interpeller sur les conditions de transports et sur ce qu’il advient des animaux issus de nos élevages.

Par ailleurs, le transport d’animaux sur de longues distances dans des conditions défavorables peut augmenter le risque de transmission et de propagation des maladies et le respect du bien-être animal peut influer sur la qualité des produits animaux.

Enfin, relocaliser l’abattage est une exigence pour nos filières et pour répondre aux attentes des citoyens, en termes de protection des animaux, de lutte contre le changement climatique, d’emploi mais aussi pour conserver et affirmer nos labels de qualité, et ainsi d’améliorer l’image de la filière viande auprès du consommateur UE et hors UE. »

Comme quoi cela sert de lire les propositions de loi. On voit très bien qu’il s’agit de renforcer la « qualité » du produit, de la valoriser.

La condition animale n’est qu’un prétexte. Il faut être bien naïf pour penser que ce discours économique serait un prétexte pour faire avancer la condition animale.

Le discours du « bien-être animal » masque de plus en plus une réalité nouvelle : comme avec la fausse écologie, tout cela n’est qu’accompagnement de la modernisation de l’exploitation animale.

Marine Le Pen : le « bien-être animal » comme soutien à la « puissance agricole »

Marine Le Pen a rendu public les 144 propositions composant son « projet présidentiel ». Étant donné qu’elle s’est positionnée à de nombreuses reprises comme favorable aux animaux, voyons ce qu’il en est.

On trouve une proposition qui aborde directement la question, et six qui l’abordent indirectement.

La proposition qui traite de la question animale est formulée de la manière suivante :

137. Faire de la protection animale une priorité nationale. Défendre le bien-être des animaux en interdisant l’abattage sans étourdissement préalable et en remplaçant le plus possible les expérimentations animales. Refuser le modèle des fermes-usines, du type « ferme des 1000 vaches ».

Comment comprendre cela ? En fait, de la manière suivante : le bien-être animal est vu par le prisme de la question de « l’abattage sans étourdissement » tel que pratiqué dans les rituels casher et halal.

Ici, Marine Le Pen a un boulevard en raison des idiots utiles qui se sont focalisés là-dessus, avec plus ou moins de bonne foi. La question animale est bien entendu utilisée ici de manière non universaliste, dans un esprit d’accusation, les animaux n’étant qu’un prétexte.

Preuve de cela, le véganisme n’est pas abordé comme thématique, les ferme-usines étant refusées ce qui signifie qu’il y a une défense du mode de production de la petite exploitation. C’est l’esprit pétainiste, commun aux fachos et aux zadistes, qui idéalise la petite production « à l’ancienne ».

Preuve de cela, les six autres mesures, où le « bien-être animal » est utilisé comme prétexte au protectionnisme de ce secteur capitaliste. En clair, les animaux sont un moyen d’apparaître faussement progressiste, de trouver un vecteur de mobilisation en sa faveur, de s’approprier le soutien d’un secteur économique en trouvant un prétexte à sa défense par la nation toute entière…

LA FRANCE, PUISSANCE AGRICOLE AU SERVICE D’UNE ALIMENTATION SAINE

125. Appliquer le patriotisme économique aux produits agricoles français pour soutenir immédiatement nos paysans et nos pêcheurs, notamment au travers de la commande publique (État et collectivités).

126. Transformer la Politique Agricole Commune en Politique Agricole Française. Garantir le montant des subventions dont les critères seront fixés par la France et non plus par l’Union européenne, avec l’objectif de sauver et soutenir le modèle français des exploitations familiales.

127. Refuser les traités de libre-échange (TAFTA, CETA, Australie, Nouvelle-Zélande, etc.). Développer les circuits courts de la production à la consommation, en réorganisant les filières.

128. Simplifier le quotidien des agriculteurs en stoppant l’explosion des normes administratives et encourager l’installation des jeunes agriculteurs, par le biais de défiscalisations durant les premières années.

129. Défendre la qualité : afin de lutter contre la concurrence déloyale, interdire l’importation des produits agricoles et alimentaires qui ne respectent pas les normes de production françaises en matière de sécurité sanitaire, de bien-être animal et d’environnement. Imposer la traçabilité totale de l’origine géographique et du lieu de transformation sur l’étiquette, afin de garantir la transparence et l’information complète des consommateurs.

130. Promouvoir les exportations agricoles, notamment en soutenant les labels de qualité.

On ne peut pas dire qu’on veut le « bien-être animal » et soutenir de manière unilatérale la petite production. A moins d’avoir comme conception du « bien-être animal » un simple retour en arrière, avec une critique démagogique des fermes industrielles à qui on attribuerait une valeur entièrement nouvelle.

La réduction de la question animale à un vecteur de nationalisme est ici évidente et malheureusement elle fonctionnera au moins un peu, parce que le véganisme n’a pas été placé au coeur de la critique de la situation animale aujourd’hui.

Dès qu’on se place sur le terrain du relativisme, tout est perdu…

« La Compagnie des Vétérinaires » à l’assaut du profit

Reparlons des Echos, ce média promoteur du capitalisme, avec un thème qui nous est extrêmement cher : l’incinération des animaux.

Naturellement, nous préférons bien entendu les enterrer, c’est bien plus conforme au cycle naturel. Néanmoins, dans les villes il est très difficile de faire cela, pour ne pas dire impossible et il est donc important de savoir préserver la dignité du défunt.

Malheureusement, c’est bien entendu un commerce comme un autre. Un commerce terriblement sous-développé par ailleurs et une question essentielle se pose : en France, il y a des millions d’animaux dit de compagnie, que deviennent-ils une fois décédés ?

Il y a ici un non-dit terrible. Dans une société « normale », c’est l’État qui l’organiserait, tout en faisant la promotion du véganisme et en le systématisant, mais comme il n’y a pas eu de révolution, tournons-nous vers les Echos pour voir l’actualité dans ce domaine, en l’occurrence avec l’entreprise « La Compagnie des Vétérinaires ».

Le spécialiste de la fin de vie des animaux lèvent 3 millions d’euros. La PME développe de nouvelles games de service : assurance pour les propriétaires de chien et de chats et informatique pour les cabinets vétérinaires

La fin de vie animale est un marché en pleine expansion. La très discrète Compagnie des Vétérinaires, née il y a vingt ans à Cambrai sur l’idée de développer des crématoriums pour les animaux, vient de décider d’investir 26 millions d’euros, à la fois pour se développer à l’international et pour créer de nouveaux services.

Basée à Villeneuve-d’Ascq, la société, dont les 2.000 actionnaires sont des vétérinaires, emploie 320 salariés, réalise un chiffre d’affaires de 29 millions d’euros et détient le quasi-monopole de la crémation des animaux en France. (…)

Avec son dernier centre ouvert à Faulquemont (Moselle) en décembre, le groupe compte désormais 14 centres sous l’enseigne Incinéris, qui couvrent l’Hexagone. Le premier volet du programme prévoit de consacrer 10 millions d’euros à l’international, avec un programme d’acquisitions et de créations qui débute par la Pologne et l’Allemagne.

La Compagnie des Vétérinaires ouvre aussi son activité à d’autres segments comme celui de l’assurance-santé animale, démarrée il y a six ans. L’offre, encore émergente, sous la marque Bulle Bleue a séduit 35.000 premiers clients, mais le potentiel existe.

L’entreprise se lance aussi dans l’édition logicielle à destination des vétérinaires. Mi-2016, elle a acquis deux entreprises dans cet univers, Vétocom à Pau et Bourgelat à Caen, et prévoit d’investir 10 millions d’euros.

Il s’agit d’élargir sa palette pour offrir aux vétérinaires des solutions qui faciliteront le lien avec les clients, mais aussi de créer une plate-forme de services. Une tranche de 6 millions d’euros sera enfin dévolue à la modernisation des centres actuels et à leur mise aux normes.

Ces développements doivent porter le chiffre d’affaires à environ 50 millions d’euros avec 400 voire 450 salariés dans les trois ans.

Le financement de ce programme passe par plusieurs opérations de dette, dont la première est une ligne obligataire de 3 millions d’euros souscrite auprès du nouveau fonds Humanis Croissance, partagé entre l’IRD et la mutuelle Humanis, dont c’est la première participation. Le groupe prévoit également une recapitalisation de 15 millions d’euros en deux temps en 2018, dont une ouverture du capital à des non-vétérinaires. Celle-ci doit être autorisée par la prochaine assemblée générale en mars.

La prose liée à la question de l’enrichissement a toujours quelque chose de saisissant. Il est toujours admirable de voir des gens en quête de profit tirer des plans sur la comète.

Sauf que là c’est honteux et terrible, car il s’agit de vétérinaires. C’est la faillite de cette corporation, qui non seulement ne dit rien en faveur des animaux, mais qui plus est plonge de manière éhontée dans la quête de l’enrichissement, sans même faire un tant soit peu semblant.

Investissements à l’international, mise en place d’un monopole, ouverture aux non vétérinaires pour se renforcer… Les cours pour devenir vétérinaires doivent en fait avoir comme contenu parfois les mêmes que ceux des écoles de commerce…

Le Conseil national du cuir en guerre contre le « cuir vegan »

C’est une initiative qui rejoint la problématique abordée hier avec la fermeture des supermarchés allemands Veganz, mais également le combat mené par les industriels contre les dénominations des simili-carnés.

En effet, l’industrie du cuir se lance dans la bataille. Elle est prête à reconnaître l’habillement végan, mais cela passe par son intégration comme forme minoritaire.

Le Conseil national du cuir vient de publier un livre blanc, avec dix mesures, dont la suivante.

PROTÉGER LE MOT CUIR ET RENFORCER LA LUTTE CONTRE LA CONTREFAÇON

De plus en plus, le consommateur est aujourd’hui confronté à des articles évoquant des produits fabriqués avec des matières issues de fibres de fruits ou de légumes appelées «cuir »

Le Conseil National du Cuir rappelle que l’utilisation du mot « cuir » est encadrée par le décret 2010-29 du 8 janvier 2010 portant application de l’article L.214-1 du code de la consommation : «  L’appellation « cuir » concerne uniquement la matière obtenue de la peau animale qui est ensuite transformée pour être rendue imputrescible ». Le but étant de renseigner au mieux le consommateur et d’éviter qu’il ne soit trompé.

Cependant, plusieurs entreprises de la filière ont constaté que le décret ne tient pas compte des produits importés venant d’Europe, vendus en magasin ou via internet.

Cette situation est très défavorable pour les entreprises françaises car elle constitue une distorsion de concurrence.

En conséquence, le CNC est décidé à agir avec la plus grande détermination contre cette forme de concurrence déloyale qui usurpe l’utilisation du mot cuir.

La France s’est dotée d’un cadre juridique large et contraignant en matière de lutte contre la contrefaçon, mais reste le 3ème pays au monde le plus touché par ce fléau. La contrefaçon engendre là encore une concurrence déloyale et représenterait une perte de 40 000 emplois chaque année. En outre, le trafic de produits frauduleux peut mettre en danger la santé et la sécurité des consommateurs.

Les entreprises victimes de contrefaçon rencontrent ainsi des difficultés pour protéger leurs brevets, leurs marques et leurs créations. Dans la pratique, cela se traduit par un usage timoré des saisies-contrefaçon mais aussi par des sanctions minimales prononcées à l’encontre des contrefacteurs. Il en résulte que la vente de produits contrefaisants demeure en France une source de revenus facile et sans risque pour les trafiquants.

Le Conseil National du Cuir propose de prendre un certains nombre de mesures pour lutter efficacement contre la contrefaçon notamment en renforçant les compétences des tribunaux en matière de propriété intellectuelle grâce à la spécialisation des magistrats, en créant un guichet unique chargé de centraliser le traitement des plaintes des consommateurs, en collaboration avec les titulaires de droits de propriété industrielle et les opérateurs de paiement en ligne et en instaurant un « devoir de diligence » des acteurs de l’internet en matière de contrefaçon.

En apparence, on voit mal le rapport au véganisme. Mais c’est l’Usine nouvelle qui explique ce qu’il y a derrière cette mesure, dans un article intitulé pompeusement « La filière française du cuir craint de souffrir de la tendance vegan ».

Pompeusement, car l’article reconnaît lui-même que l’industrie du cuir en France représente 9 400 entreprises, 130 000 salariés et 25 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Le véganisme n’est encore, malheureusement, nullement une menace…

Et d’ailleurs, l’expression « cuir vegan » n’est pas si répandu que cela.

Mais on sait comment les industriels savent faire « pression » juste avant les élections (un livre blanc avait pareillement été publié en 2012 d’ailleurs).

C’est une manière également pour le Conseil national du cuir de se montrer solidaires de l’exploitation animale en général. Les propos recueillis par l’Usine nouvelle sont très clairs d’ailleurs.

« Parmi les principales craintes des entreprises du cuir, la montée du mouvement vegan. Mené par des associations au nom du bien-être animal, le rejet des produits animaliers prend de l’ampleur.

En promouvant des matières synthétiques appelées « cuir vegan », à base de fibres de fruit ou de légume, ces associations cherche à détourner ls consommateurs du cuir véritable.

Car le mot est « galvaudé » selon Jérôme Verdier, le président de la Fédération française de la tannerie mégisserie. « Le cuir vegan n’existe pas », martèle-t-il.  (…)

Un savoir-faire reconnu partout dans le monde à travers les grandes marques françaises du luxe. La filière du cuir, qui réalise 9,3 milliards d’euros d’exportations, veut protéger sa part d’activité dans le haut de gamme en augmentant la qualité de ses peaux.

Mais là encore, la tendance vegan porte préjudice à ce secteur. Les nombreuses vidéos volées dans les abattoirs ont mis en lumière des actes de maltraitance animale, mais ont surtout servi à détourner un peu plus les Français de la viande.

Les effets néfastes sont bien connus dans la filière de la viande, mais reste confidentiels quant à leur impact sur la filière cuir.

Chaque année, la consommation de viande diminue de 4 % en France et c’est autant de peaux non-récoltées par la filière cuir.

« En l’espace de 25 ans, la quantité de peaux disponibles a été divisée par deux », déplore Denis Geissmann, le président du syndicat général des cuirs et peaux. »

Voici une perversion de plus : le véganisme est pris comme prétexte par les industriels pour renforcer leurs exigences…

La loi sur les caméras dans les abattoirs

Les députés ont voté hier une loi concernant les abattoirs. Les médias ont réduit cela à la question de l’installation de caméras dans ces lieux de mises à mort.

C’est en réalité plus compliqué que cela. Il s’agit en effet d’une opération générale de modernisation des abattoirs d’un côté, du rapport des institutions à la question animale de l’autre.

Voici, pour comprendre l’arrière-plan, la manière dont l’un des députés ayant proposé la loi votée a lancé la discussion à ce sujet à l’assemblée.

M. Olivier Falorni, rapporteur de la commission des affaires économiques.

Madame la présidente, monsieur le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, madame la présidente de la commission des affaires économiques, mes chers collègues, le débat que nous entamons ce soir est, en quelque sorte, historique, car c’est la première fois que la question des abattoirs fait l’objet d’un débat spécifique dans cet hémicycle, ce qui est déjà, en soi, une première avancée.

Les abattoirs, ces lieux cachés dans lesquels on abat quotidiennement des animaux, se sont rappelés, hélas, à notre souvenir, avec la diffusion, depuis maintenant deux ans, par l’association L214 Éthique et animaux, de vidéos montrant des comportements scandaleux de maltraitance animale, vidéos qui ont profondément choqué chacun de nous, ici présents.

Allons plus loin, car les députés ont même parlé du véganisme lors de leurs discussions…

Mme Karine Daniel. Madame la présidente, monsieur le ministre, chers collègues, au cours des deux dernières années, l’opinion publique s’est largement saisie de la question des pratiques et des méthodes qui ont cours dans certains abattoirs de notre pays.

Nous devons en partie cette prise de conscience aux actions et aux vidéos réalisées par l’association L214. Bien que les méthodes employées par celle-ci soient peu orthodoxes, il est indéniable qu’elles ont comme résultat positif de mettre en lumière des abus illégaux et des pratiques qui, bien que légales, sont largement contestables.

On peut constater l’évolution majeure et récente de certaines sociétés de la grande distribution, de l’industrie, de la restauration collective ou de l’hôtellerie quant à la provenance des œufs commercialisés ou consommés.

Ces sociétés s’engagent désormais à s’acheminer progressivement vers un abandon total en 2025 de l’approvisionnement en œufs de catégorie 3, c’est-à-dire pondus par des poules élevées en batterie. Ce mouvement d’ampleur va dans le sens d’un plus grand bien-être des animaux mais induit également et évidemment une profonde mutation de cette filière, que nous devons observer et accompagner dans les années à venir.

La finalité que porte l’association L214 est celle d’une société se passant de produits d’origine animale, reposant donc sur l’alimentation dite « végane ». Bien qu’une telle vision de la société soit défendable et respectable, ce n’est pas la position de la majorité du groupe socialiste, écologiste et républicain, que je représente aujourd’hui.

M. Thierry Benoit. Très bien !

Mme Karine Daniel. Notre position n’est pas non plus celle d’une vision industrielle de l’élevage fondée sur un productivisme débridé niant aux animaux le moindre degré de sensibilité.

M. Thierry Benoit. Très bien !

Mme Karine Daniel. Nous pensons qu’il existe un chemin entre ces extrêmes, qu’on peut pratiquer un élevage respectueux des animaux et de leur bien-être et avoir une alimentation reposant en partie sur des produits d’origine animale.

La chose est entendue : pour les gens qui ont voté la loi, celle-ci renforce non pas le véganisme, mais le chemin entre deux « extrêmes » (sic).

Et c’est vrai : c’est une manière de masquer les problèmes de fond, de nier la dimension morale, de mobiliser dans des choses qui font perdre le lien avec l’ensemble, etc.

Aussi, les institutions ont prévu le coup : elles instaurent un pseudo comité d’éthique, chargé de rendre valide leur démarche sur le plan philosophique, en embarquant comme prévu avec elles les associations orientées vers le « bien-être animal ».

Voici l’extrait concerné de la loi votée hier.

« Mise à mort et abattage des animaux

« Art. L. 214-19. – Un comité national d’éthique des abattoirs est mis en place au sein du Conseil national de l’alimentation mentionné à l’article L. 1 afin de débattre de l’évolution de la législation et de la réglementation relatives à la protection animale en abattoir.

« Ce comité comprend notamment des représentants du secteur de l’abattage, des représentants des organisations professionnelles de salariés représentatives du secteur, des éleveurs, des associations de protection animale, des associations de consommateurs, des vétérinaires, des personnalités qualifiées en matière de bien-être animal, des représentants des cultes concernés par l’abattage rituel et des parlementaires.

« La composition et les modalités de fonctionnement de ce comité sont précisées par décret. »

Subtile loi, qui met en place sans en donner les modalités ! C’est que justement, la loi est un espace formé pour happer tous les idiots utiles possibles…

Il en va d’ailleurs de même pour le passage concernant l’installation des caméras.

« Art. L. 214-22. – À compter du 1er janvier 2018, à l’issue d’une expérimentation permettant d’évaluer l’opportunité et les conditions de leur mise en place, des caméras sont installées dans tous les lieux d’acheminement, d’hébergement, d’immobilisation, d’étourdissement, d’abattage et de mise à mort des animaux.

« La finalité exclusive de cette installation est la protection animale. Toutefois, si un accord collectif le prévoit, les images peuvent être utilisées à des fins de formation des salariés.

« Au titre de la protection animale, seuls ont accès aux images les services de contrôle vétérinaire et les responsables protection animale, au sens du règlement (CE) n° 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort. Au titre de la finalité de formation des salariés, ont également accès aux images les représentants du personnel ainsi que les personnes habilitées et nommément désignées par l’établissement.

« Les images ne peuvent être conservées plus d’un mois.

« Ces enregistrements sont soumis à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, notamment en ce qui concerne le contrôle de la Commission nationale de l’informatique et des libertés et le droit d’accès aux enregistrements.

« Les modalités d’application du présent article et d’utilisation des données collectées sont définies par un décret en Conseil d’État pris après avis de la Commission nationale de l’informatique et des libertés. »

En clair, il y a des caméras, mais dont les images ne pourront être évaluées que par les institutions…

Voici justement la position de L214 au sujet de la loi votée hier, qui souligne très bien le caractère hypocrite de la démarche générale.

Paradoxalement d’ailleurs, car c’est cette association qui est à l’origine même de la proposition de loi !

Et donc de l’hypocrisie, qui était inévitable, comme nous l’avions expliqué lorsque les représentant de L214 ont participé aux premières loges à la fameuse Commission d’enquête parlementaire.

Loi sur les abattoirs: les animaux peuvent continuer à souffrir.

Ce soir l’Assemblée nationale a voté sur les articles de la Loi Falorni concernant l’abattage des animaux. Seuls 32 députés présents (sur 577 élus) dans un hémicycle presque vide, ont décidé du sort des animaux: rejet de l’interdiction de l’abattage des vaches gestantes, rejet de l’interdiction de l’abattage sans étourdissement, rejet du droit de visite inopinée des parlementaires dans les abattoirs…

Parmi les maigres mesures adoptées, une expérimentation de contrôle vidéo a été validée, destinée à évaluer l’opportunité de sa mise en place dans tous les abattoirs d’ici 2018.

Mais seuls les services vétérinaires et un salarié de l’abattoir y auront accès: ni les associations, ni les citoyens, n’auront la possibilité de savoir ce qu’il s’y déroule au quotidien, alors que les contrôles du ministère de l’Agriculture révèlent que 80% des abattoirs ne respectent même pas les normes minimales, qui n’empêchent déjà pas d’immenses souffrances.

Par ailleurs, au lieu de légiférer contre le gazage au CO2 ou l’abattage des vaches gestantes, seuls des rapports vont être produits à ces sujets par le gouvernement.

Au cours des débats en séance publique, les élus n’ont eu de cesse de soutenir l’industrie de la viande et de chercher à rassurer les consommateurs. Saluons en revanche le courage politique de la députée Laurence Abeille (EELV) pour avoir défendu une loi plus ambitieuse et tournée vers les animaux.

Les élus n’ont eu cesse de soutenir l’industrie de la viande, lit-on. Quelle découverte !

Seulement il ne suffit pas de dire cela, il faut en tirer des conséquences. A savoir, ne pas participer au pseudo comité d’éthique…

Le secteur agroalimentaire se détourne-t-il vraiment massivement de l’élevage des poules en cage?

Le quotidien Le Monde publie régulièrement des éloges de l’association L214, comme il y a quelques jours l’article sobrement intitulé « L214, les croisés de la cause animale« .

Le problème est évidemment qu’il faut plus que de la mise en valeur virtuelle, il faut prétendre qu’il y a des résultats. Hier, Le Monde a donc publié un article avec un titre tout aussi sobre : « L’industrie alimentaire se détourne en masse des œufs de poules en cage« .

A lire ce titre, on se dit : grande victoire, l’ennemi recule, c’est un pas énorme. La première phrase de l’article est d’ailleurs grandiloquente en ce sens :

Le temps des poules en cage pourrait bientôt être révolu en France.

L214 ne se prive pas de célébrer sa victoire, légitimée par Le Monde.

Maintenant soyons sérieux et regardons ce qu’il en est. Car l’industrie alimentaire ne se détourne nullement des oeufs de poule en cage, même si, comme l’article du Monde l’explique, le groupe de grande distribution Les Mousquetaires (Intermarché, Netto, etc) va arrêter de les distribuer, tout comme Carrefour, Lidl, Aldi, Norma, Super U (sur sa seule marque), Monoprix.

Relativisons tout de suite : Les Mousquetaires va procéder de manière lente, d’ici à 2020 sous sa marque propre et d’ici à 2025 pour l’ensemble des fournisseurs de ses rayons.

Mais la question de fond n’est pas là, même si le temps est important : il faut faire vite.

Car ce n’est pas une victoire, mais une tendance de fond, comme l’article du Monde est obligé lui-même d’en convenir :

Un changement majeur car la France est le premier producteur européen d’œufs, avec 14,7 milliards d’unités en 2015, selon les données de la filière avicole.

Or 68 % des 47 millions de poules pondeuses sont aujourd’hui élevées en cage, contre 25 % en bâtiments avec accès au plein air et 7 % au sol sans accès au plein air.

L’Hexagone reste à la traîne de ses voisins européens, qui enregistrent une moyenne de 56 % d’élevages en batterie. En Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne, tous les supermarchés ont déjà banni de leurs rayons cette production.

Il apparaît que la France est à la traîne : elle ne fait que rattraper une tendance existant déjà. Celle, bien entendu, à proposer des produits plus chers, plus élaborés, avec plus de profit à la clef…

Notons également que l’article du Monde reconnaît lui-même qu’il faut relativiser ce qui se passe :

« Les marques ne se rabattront pas exclusivement sur les poules élevées en agriculture biologique ou en plein air. Elles vendront également des œufs issus d’élevages au sol, dans lesquels les poules sont neuf par mètre carré (soit un cercle de 38 cm de diamètre chacune), sans accès à l’extérieur ni à la lumière naturelle. »

Mais ce n’est pas tout et là est un aspect peut-être central. Les statistiques officielles donnent les chiffres suivants pour la manière dont l’exploitation animale organise l’exploitation des poules :

En 2010, 70 % des élevages disposaient de 1 000 à 20 000 poules (21 % des effectifs nationaux), 15 % des élevages disposaient de 20 000 à 100 000 poules (37 % des effectifs) et 5 % disposaient de plus de 100 000 poules (41 % des effectifs)

La tendance est, comme toujours dans le capitalisme, à du plus gros, du plus lourd.

En effet, 40 % de la production française d’œufs est destinée aux industries alimentaires (pâtisserie, biscuiterie, pâtes alimentaires, industries laitières, etc.) et à la restauration hors domicile.

Ici, ce sont les oeufs de poule élevées en cage qui vont être utilisés.

C’est cela la vraie raison pour laquelle l’industrie alimentaire se « détourne » des oeufs en cage.

Car ici on est dans la production de masse sans « qualité », alors qu’inversement lorsque le consommateur va au supermarché, on peut élever les prix sous des prétextes divers afin de davantage faire de profit.

La raison de l’agrandissement des cages des poules, c’est de pouvoir tuer la petite concurrence à coups de règlements, c’est de trouver des prétextes pour arracher plus de profits au consommateur.

Il faut être bien naïf pour y voir une ouverture des entreprises au bien-être animal !

D’autant plus que les poules de l’industrie alimentaire connaissent des cadences toujours plus grandes, des modifications génétiques terribles….

On a bien une accentuation de l’exploitation animale et ceux qui prétendent le contraire confondent une tendance particulière avec la tendance générale…

L’Etat vient à la rescousse de la Financière Turenne Lafayette

Nous avions parlé récemment de Monique Piffaut, une multi-millionnaire décédée : un article sérieux de la presse avait donné l’information erronée comme quoi elle allait laisser 400 millions d’euros à une association de protection des animaux, à condition qu’on s’occupe de son chien (voir Les 400 millions de Monique Piffaut n’iront pas aux animaux).

On reparle beaucoup d’elle, car en effet on s’est aperçu qu’étaient truqués les comptes de son entreprise, la Financière Turenne Lafayette (William Saurin, Garbit, PetitJean, Soulié, La Lampaulaise de salaisons, Montagne noire, les jambons Madrange et Le Foué, le traiteur Ecochard, etc.).

Naturellement, c’est ridicule : on ne s’aperçoit pas du jour au lendemain qu’il manque… 350 millions dans les caisses !

Mais comme on le sait, le capitalisme sait se préserver et là nulle faillite, nulles arrestations ! Bien au contraire, l’État intervient, à la rescousse de l’exploitation animale…

Voici le communiqué officiel, qui on le notera, ne mentionne pas les 70 millions d’euros fournis illico presto à la Financière Turenne Lafayette…

STEPHANE LE FOLL
MINISTRE DE L’AGRICULTURE, DE L’AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORET
PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT

MICHEL SAPIN
Ministre de l’Economie et des Finances

CHRISTOPHE SIRUGUE
SECRETAIRE D’ETAT CHARGE DE L’INDUSTRIE

Le groupe Financière Turenne Lafayette, acteur majeur du marché français de la salaisonnerie, des plats traiteurs et de la conserverie (Madrange, William Saurin, Garbit…) a informé les services de l’Etat de la découverte de pratiques de présentation trompeuse de ses comptes.

Des audits sont en cours pour clarifier au plus vite la situation exacte du groupe et déterminer l’ampleur et le détail des difficultés économiques et des pratiques constatées. La justice a été saisie du dossier pour mener les investigations nécessaires, et déterminer les responsabilités et les causes de ces pratiques.

Face à cette situation, qui représente un risque pour la pérennité du groupe et afin de s’assurer de pouvoir préserver les 3 000 emplois directs et les 1 500 emplois intérimaires et prestataires, l’Etat prendra ses responsabilités pour accompagner la nouvelle direction et les salariés, et se mobilisera, aux côtés des clients, des fournisseurs, des banques et des partenaires historiques du groupe pour soutenir l’entreprise dans cette période.

Les services du ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, du ministre de l’Economie et des Finances et du secrétaire d’Etat à l’Industrie seront pleinement mobilisés dans les prochaines semaines pour accompagner la nouvelle direction du groupe.

Des réunions avec les clients, les fournisseurs et les banques seront organisées à brève échéance. Une rencontre avec les organisations syndicales sera également organisée dans les prochains jours.

Tout cela est un exemple tout à fait caractéristique. L’impunité est ici totale : une enquête sur le long terme qui attend l’audit de l’entreprise, alors qu’on se doute bien que ce n’est pas simplement la propriétaire de la holding qui a faussé les comptes…

Comptes faussés, « depuis plusieurs années », sans qu’on sache donc par qui, comment, etc. : c’est ridicule.

Quant aux 70 millions, officiellement ils sont prêtés, mais l’État n’en verra plus la couleur, évidemment…

Un exemple d’horreur : aperçu sur les fermes de poules sans cages

Voici un article absolument terrible donnant un aperçu sur les fermes de poules sans cages. L’approche est à la fois réformiste et radicale, tentant de prendre en compte la dimension économique tout en essayant d’amener à changer les choses de l’intérieur du système.

Une contradiction en soi, bien sûr, mais cela ne nuit pas aux informations fournies par ce texte publié sur le Huffington post canadien.

«Elles se font dévorer vivantes»: ce que j’ai vu dans une ferme de poules sans cages

Wayne Hsiung

Avocat, ancien professeur de droit à l’Université Northwestern et enquêteur en chef de l’Open Rescue Network du Direct Action Everywhere

La première chose que j’ai entendue, dans la noirceur, c’est un cri. Je me suis demandé s’il y avait des enfants. Ça sonnait comme un bébé qui pleure.

Mais, avec un peu de lumière, j’ai compris d’où venait ce cri. À l’autre bout du bâtiment, des poules hurlaient parce qu’elles se faisaient attaquer. Plusieurs d’entre elles – une douzaine, selon les données de la ferme – n’allaient pas passer la nuit. Dans cette ferme de Costco, où il n’y a pas de cages et les poules sont «en liberté», elles s’étaient fait dévorer vivantes.

Des centaines de grandes bannières se mettent à l’élevage sans cages, croyant offrir aux animaux un cadre de vie plus humain. Mais en tant qu’enquêteur en chef de l’Open Rescue Network du Direct Action Everywhere, je vois les choses autrement. Je suis habité par l’horreur. Parce qu’en allant au-delà de l’aspect marketing de l’opération, on se rend compte que l’élevage sans cages est loin d’être inoffensif pour les poules.

Mise en garde : la vidéo ci-dessous montre des images crues de poules blessées et tuées. Certains passages pourraient choquer.

Le cannibalisme est le premier côté sombre de l’élevage de poules sans cages

Une étude démontre que le taux de cannibalisme augmente de 3 000 % dans ces conditions. C’est une façon horrible de mourir. Le cloaque de la poule (l’équivalent du vagin) est pris pour cible parce qu’il est mou, charnu et couvert de fluides de l’œuf. Rendues un peu folles par la surpopulation, les volailles attaquent cette partie et, ce faisant, tirent des organes internes hors de la poule. Les victimes de ces attaques meurent à petit feu. À la ferme de Costco, j’ai regardé un oiseau – en sang et incapable de marcher – traîner son corps dans un tas de fumier pour tenter de s’enfuir. Malgré les efforts de notre équipe, cette poule n’a pu être sauvée.

Le cannibalisme n’est que la pointe de l’iceberg. Sur presque tous les points de vue, de la qualité de l’air jusqu’aux fractures, les poules se portent moins bien dans un système sans cages. Trois fois plus de poules meurent prématurément. Si de telles statistiques pesaient sur une prison, ses directeurs seraient poursuivis en justice.

Voici le principal problème auquel les poules font face : dans les fermes sans cage – comme dans celles avec cages – les oiseaux sont entassés dans un espace pas plus grand qu’une feuille 8,5 x 11. Imaginez passer toute votre vie dans votre douche. Maintenant, imaginez passer toute votre vie dans votre douche… avec une foule d’étrangers! Cage ou non, les conditions sont atroces.

Les fermes sans cages ne sont pas bonnes pour les animaux, mais elles profitent à l’industrie

Bloomberg a démontré que le consommateur moyen était prêt à payer plus du double pour une douzaine d’œufs venant de poules élevées dans une ferme sans cages. Une prime de 2 $ par douzaine d’œufs. Mais les coûts reliés à cet élevage n’augmentent que de 0,15 $ par douzaine. Si tous les œufs étaient produits dans des fermes sans cages, l’industrie verrait ses profits augmenter de 7 milliards de dollars!

Ces chiffres ne sont pas que spéculatifs. Après une année marquée par plusieurs passages au système sans cages, l’American Egg Board projette un accroissement de 5 % de la consommation d’œufs par habitant. Les investissements dans la production d’œufs ne cessent d’augmenter. Ce qui veut dire que des millions de poules vivront dans des conditions horribles sur des fermes d’œufs dites modernes. La ferme de Costco, où nous avons enquêté, vient de recevoir une aide d’un million de dollars pour agrandir ses installations.

La solution à ce problème n’est pas de changer les pratiques des entreprises, mais bien les systèmes à la prime qui se cachent sous ces pratiques.

Les entreprises vivent dans un monde où les actionnaires veulent des profits, où les animaux sont des «choses» qui aident à atteindre ces profits et où les réglementations sur le fait de transformer ces animaux en profits sont inexistantes. Ce n’est donc pas une surprise si –contrairement au monde financier – les réformes volontaires sont sans cesse sapées. Avec le système actuel, les entreprises ont les mains liées. Celles qui tentent de faire les choses correctement sont punies par le marché pour avoir mis leur argent au mauvais endroit.

C’est exactement ce qui se produit avec les productions sans cages. Les sociétés trouvent des moyens ingénieux pour entasser plus d’oiseaux dans des espaces déjà trop exigus. Tant que le système ne changera pas – en donnant un semblant de droit légal aux animaux – ces abus vont se poursuivre.

Le vrai changement ne peut dépendre d’entreprises comme Costco. Le changement viendra, comme de grands mouvements nous l’ont prouvé par le passé, en changeant les règles politiques. L’idée d’avoir une Déclaration des droits animaux semble utopique, mais c’était le cas aussi, il n’y a qu’une génération, du mariage entre conjoints de même sexe ou du droit de vote pour les femmes, au tournant du 20e siècle. Pourtant, nous avons fait du progrès.

En résumé, nous devons «libérer les poules», comme l’a si bien dit Bill Maher à Costco l’an dernier. Mais cette liberté ne viendra pas en faisant la promotion de l’élevage sans cages. Elle viendra quand nous reconnaîtrons la liberté, la dignité et même la personnalité des animauxsur des bases légales.

Cette situation vous choque? Demandez à Costco de prendre des mesures pour cesser ces pratiques.