Mother Sarah et Mother Earth

[Republication d’un article de Vegan Revolution, qui a précédé La Terre d’abord!, au début des années 2000.]

Mother Sarah est un manga, paru en français chez Delcourt en 11 épisodes entre 1996 et 2004, dont le scénario est d’un intérêt certain pour nous qui sommes pour la libération de la Terre. Il faut d’ailleurs noter au passage que ce scénario a été élaboré par Katsuhiro Otomo, qui est également à l’origine du très grand classique manga qu’est Akira.

On retrouve d’ailleurs la même dimension apocalyptique, et on devine aisément à quel point les explosions nucléaires de Nagazaki et Hiroshima ont traumatisé les gens au Japon, et amené l’affirmation du besoin d’un monde sans destruction.

Mother Sarah est l’histoire d’une mère à la recherche de ses enfants qu’elle a perdu. Cette quête se déroule sur la planète Terre, qui a été martyrisé par un conflit nucléaire. Les humains ont été pour cette raison obligé de se réfugier dans des bâtiments spatiaux et au début du manga, les terriens ne sont installés que depuis assez récemment.

Là où le scénario prend une première tournure incroyable, c’est avec les deux factions se faisant la guerre sur Terre, une guerre déjà commencée dans les bases spatiales.

En effet, un scientifique avait, au bout de sept ans dans l’espace, proposé de jeter une nouvelle bombe nucléaire sur la Terre, dans le but de modifier l’axe terrestre. L’hémisphère nord, qui est irradié, serait alors pris dans les glaces, tandis que les déserts de l’hémisphère sud deviendraient habitables.

Deux factions se font alors la guerre: « Epoque » et « Mother Earth ». Les partisans d’Epoque ont pris ce nom car ils sont favorables à la bombe, et espèrent ainsi rentrer dans une nouvelle ère.

A l’opposé, les partisans de la Terre-Mère (Mother Earth) refusent catégoriquement cette nouvelle attaque contre la Terre.

Au bout de trois ans de conflit marqué par l’envoi de la bombe nucléaire, la grande majorité des terriens des bases spatiales revient sur Terre, où la guerre reprend entre les factions.

Le scénario se concentre alors sur une présentation des hommes comme barbares et guerriers, alors que les femmes sont elles orientées vers le pacifisme, tout en étant continuellement victimes des hommes. Les soldats sont présentés comme brutaux et systématiquement violeurs, tentant d’assassiner des innocents dès qu’ils le peuvent.

Mother Sarah est la seule femme combattante, et malheureusement la très grande majorité du manga consiste en des scènes de bataille où Sarah affronte des ennemis, retrouvant par moments ses enfants. Elle se voit ainsi confrontée surtout aux partisans d’Epoque, mais aussi parfois à ceux de Mother Earth, cette faction ayant décadé et s’étant transformée en une armée équivalente à l’autre sur le plan moral. Les deux armées finissent d’ailleurs par projeter de s’allier.

Le scénario fait alors intervenir une nouvelle faction, venue de l’espace à partir des bases spatiales restantes. Cette faction consiste en la Mother Earth originelle.

On a ainsi un parallèle entre la quête de Sarah en tant que mère avec la quête pour notre mère la Terre. Tout le scénario se fonde sur cette double quête.

Les terriens venus de l’espace interviennent car ils ont réussi à recréer une semence devant permettre à l’humanité de survivre de nouveau. Ils ont mis toute leur énergie non pas dans la guerre, mais dans la science et la culture, dans la célébration des végétaux.

Ils sont d’ailleurs dirigés par des sortes de « sages », qui tentent de guider les derniers habitants des bases vers un horizon nouveau, ce qui n’est pas sans erreurs non démocratiques qui sont clairement montrées: encore une fois les hommes pêchent par orgueil et autorité.

Les semences ayant besoin de beaucoup d’apport nutritionnel, les terriens des bases spatiales ont décidé de se les implanter, se sacrifiant pour que les semences puissent réussir à être fertilisé sur la Terre.

La quête de la Terre-Mère signifie donc un sacrifice, une identité totalement tournée vers elle, sur la base d’un altruisme absolu.

L’oeuvre finit sur la destruction du vaisseau de la Mother Earth originelle par des soldats d’Epoque, la Mother Earth militaire étant elle plus ou moins paralysée par le poids de la valeur morale de la Mother Earth originelle.

Mais la fertilisation a réussi, et l’une des dernières images consiste en une famille unie , et on notera qu’il s’agit d’une famille musulmane, l’oeuvre assumant souvent d’ailleurs une orientation humaniste et universaliste.

Mother Sarah n’est pas forcément un excellent manga sur le plan de l’action, qui est uniquement tournée vers Sarah et très décalée par rapport à l’énorme questionnement qui se profile derrière.

Et absolument jamais la question des animaux n’est abordée; il n’y a sur Terre que des êtres humains, voire que des hommes d’ailleurs, tellement les femmes sont présentées comme passives ou seulement capables d’initiatives pacifistes de type religieuse – mystique.

On ne voit pas non plus très bien si le manga est une dénonciation pessimiste d’une catastrophe inévitable, ou bien un appel à saisir le rapport essentiel à la Terre-mère.

C’est donc à nous de faire notre choix, de prendre nos responsabilités!

La chanson « Supernature »

Nous sommes en 1977 et Marc Cerrone, un Français est expatrié aux États-Unis, seul pays à avoir initialement reconnu ses apports musicaux. Il produit alors la chanson Supernature, un grand classique de la disco.

L’atmosphère est ici inquiétante, l’ambiance est froide et dansante, hypnotique, avec un véritable fond critique puisque les paroles sont un incroyable mélange de libération animale et de libération de la Terre.

Le texte raconte en effet la vengeance rétributive des animaux à l’encontre des humains, du Earth Crisis en mode disco, une quinzaine d’années avant, en quelque sorte.

La musique est de Cerrone, la chanteuse est Kay Garner. Les paroles sont de Cerrone et Alain Wisniak, mais une personne bizarrement non créditée est forcément à la base de tout cela : Lene Lovich.

On connaît cette figure new wave notamment de par la compilation Animal Liberation faite par Peta en soutien à la ligne de l’ALF en 1987.

Once upon a time science opened up the door
We would feed the hungry fields till they couldn’t eat no more
But the potions that we made touched the creatures down below, oh
And they grew up in the way that we’d never seen before

Il arriva une époque à laquelle la science ouvrit la porte
Nous pourrions alors nourrir les champs affamés jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus
Mais les potions que nous fîmes ont touché les créatures en-dessous, oh
Et elles ont grandi d’une manière jamais vue auparavant

Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature

They were angry with the man ’cause he changed their way of life
And they take their sweet revenge, as they trample through the night
For a hundred miles or more you can hear the people cry
But there’s nothin’ you can do even God is on their side

Elles étaient en colère avec l’homme car il a changé leur mode de vie
Et elles prirent leur vengeance sucrée en piétinant à travers la nuit
Sur des centaines de kilomètres ou plus vous pouvez entendre les gens crier
Mais il n’y a rien qu’on puisse faire car même Dieu est de leur côté

Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature

How can I explain, things are different today
Darkness all around and nobody makes a sound
Such a sad affair, no one seems to care

Comment puis-je expliquer, les choses sont différentes aujourd’hui
L’obscurité partout autour et personne ne fait un bruit
Une affaire si triste, personne ne semble s’en préoccuper

Supernature, better watch out
Look at you now, better watch out
Look at you now, supernature
Better watch out, there’s no way to stop it now

Supernature, vous feriez bien de faire attention
Regardez-vous maintenant, vous feriez bien de faire attention
Regardez-vous maintenant, Supernature
Vous feriez bien de faire attention, il n’y aucun moyen de stopper cela désormais

You can’t escape, it’s too late
Look what you’ve done, there’s no place that you can run
The monster’s made, we must pay
Supernature, you better watch out

Vous ne pouvez pas vous échapper c’est trop tard
Regardez ce que vous avez fait, il n’y a pas d’endroit où fuir
Les monstres créés, nous devons payer
Supernature, vous feriez bien de faire attention

Supernature, look at you now
Supernature, you better watch out
Supernature, look at you now
Better watch out, there’s no way to stop it now
You can’t escape, it’s too late

Supernature, regardez-vous maintenant
Supernature, vous feriez bien de faire attention
Supernature, regardez-vous maintenant
Vous feriez bien de faire attention, il n’y aucun moyen de stopper cela désormais
Vous ne pouvez pas vous échapper, c’est trop tard

(Supernature)

Look what you’ve done, there’s no place that you can run
The monster’s made, we must pay

Regardez ce que vous avez fait, il n’y aucun endroit où fuir
Les monstres créés, nous devons payer

Maybe nature has a plan to control the ways of man
He must start from scratch again many battles he must win
Till he earns his place on earth like the other creatures do
Will there be a happy end, now that all depends on you

Peut-être que la nature a un plan pour contrôler les voies de l’homme
Il doit recommencer à zéro, beaucoup de batailles il doit gagner
Jusqu’à ce qu’il mérite sa place sur la terre comme le font les autres créatures
Y aura-t-il un happy end, cela dépend de toi

Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature

Voici également la vidéo originale de l’époque, avec une version raccourcie de la chanson (par rapport à la version des clubs, qui est l’original).

108 : weapon, solitary, opposition, holyname

Sans que le cœur soit changé
Tu ne feras rien à part ré-arranger
La situation dérangée
De l’exploitation humaine

Quelle horreur que cette course aux identités à laquelle on assiste depuis quelques années et qui démolit même le véganisme à travers « l’antispécisme ». Alors que le véritable but, cela doit être la suppression des egos et la dévotion pour la vie. Qu’est-ce que l’amour authentique d’ailleurs si ce n’est la dévotion?

Le groupe 108, qui vient de faire deux concerts aux Etats-Unis à l’occasion de la célébration du 25e anniversaire de l’album Songs of separation, a écrit à ce sujet de merveilleuses chansons, qui sont une incroyable source d’inspiration. Ceci est l’arme de la réelle révolution, de la rébellion finale…

108 est un groupe majeur du Krishnacore, avec Shelter ; l’album dénonce le job qui paralyse la journée, l’esprit, démolit l’existence et la réduit à un vide. Il puise dans la « séparation de Krishna » une manière de dénoncer la réalité.

« Chaque moment sans toi je meurs, oh Krishna ! »

Qui s’arrête toutefois à la dimension religieuse passe tout à fait à côté de la portée culturelle de la démarche, qui vise une remise en cause de soi complète et non pas superficielle : c’est un appel à une vie naturelle dans une soumission au tout (« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple« ).

Condemned cell incarcerates me
No walls, no bars on this cage
It’s just “me”
The penitentiary is my “identity”
In this solitary
I learn what it’s like to be so
Alone

Une cellule condamnée m’incarcère
Pas de murs, pas de barreaux pour cette cage
C’est juste « moi »
Ce pénitencier est mon « identité »
Dans cet isolement
J’apprends ce que c’est d’être tellement
Seul

Crouched in a lonesome corner I shiver
Head faced to the wall my eyes
Glued to the mirror
Masculinity beats the living hell out of me
Vanity is only my reality
My only cold companion
Alone

Accroupi dans un coin solitaire je frissonne
La tête face au mur mes yeux
Collés au miroir
La masculinité fait ressortir l’enfer en moi
La vanité est ma seule réalité
Mon seul froid compagnon

Seul

Each moment without you I die
Each moment without you I die
Each moment without you I die
O, Krishna

Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Oh, Krishna

This is the weapon of the real revolution
This is the fire of the final rebellion
This is the weapon of the real revolutionary
This is the fire…

Ceci est l’arme de la réelle révolution
Ceci est le feu de la rébellion finale
Ceci est l’arme du réel révolutionnaire
Ceci est le feu…

Politics, that ain’t gonna solve this
Sociologist, your plan is useless
This is the fire of the final rebellion
This is the weapon…

La politique, cela ne résoudra pas cela
Sociologue, ton plan est inutile

Ceci est le feu de la rébellion finale
Ceci est l’arme

Without the heart being changed
You won’t do nothing but re-arrange
The deranged situation
Of human exploitation
And that is why I imply
That is why…

Sans que le cœur soit changé
Tu ne feras rien à part ré-arranger
La situation dérangée
De l’exploitation humaine
Et c’est pourquoi je dis que cela implique

C’est pourquoi...

This is the weapon of the real revolution
Unlock the coils the clamped around you
Around your spiritual frame
By crying out the holyname

Ceci est l’arme de la réelle révolution
Brise les chaînes les fers autour de toi
Autour de ton cadre spirituel
En criant le nom sacré
[Krishna]

Your hypocrisy
Suave brutality
Your empty religion
Your proud hollow philosophy

Ton hypocrisie
Brutalité suave
Ta religion vide
Ta fière philosophie creuse

Consumerism
Thrice daily, cannibalism
Your tv
Your constant sexuality

Consumérisme
Trois fois par jour, cannibalisme
Ta télévision
Ta sexualité constante

I oppose
Vehemently, I vow

Je m’oppose
Avec véhémence, je fais serment

Ces trois chansons sont sur l’album Songs of separation, mais il serait injuste de ne pas conclure sur l’incroyable Holyname, de l’album éponyme sorti un an après, en 1994. Une chanson qui il y a plus d’un quart de siècle dénonçait avec justesse l’absence d’empathie, un mouvement général de notions abstraites vers la promotion de l’ego.

La chanson fait d’ailleirs partie de la brochure Songs of separation fait par 108, avec les textes de l’album et leurs explications, avec des photos

I have no emotion
I have no devotion
It’s empty motion
Oceans of notions
Intent on ego promotion

Je n’ai aucune émotion
Je n’ai aucune dévotion
C’est un mouvement vide
Des océans de notions
Avec l’intention de la promotion de l’ego

No elation
Just devastation
Supplication seems a foreign creation

Pas d’allégresse
Seulement la dévastation
La supplication semble une création étrangère

Battered and beaten and broken and bruised
Is the briar-ridden thorn-land of my heart
My cries are lies from conceitful eyes

Battue et battue et brisée et meurtrie
Est la terre épineuse pleine de bruyères de mon coeur
Mes pleurs sont des mensonges de la part de yeux vaniteux

I’ll cry it out:
The Holyname

Je le crierai :
Le nom sacré [Krishna]

[Reprise des couplets]

I won’t simmer in this complacency
I won’t settle for this false me

Je ne m’apaiserai pas dans cette complaisance
Je ne m’installerai pas dans ce faux moi

108 en 1993  (Photo: Kate Tucker Reddy)

Le militantisme à « l’anglo-saxonne »

Il y a plein de gens formidables faisant un travail de fond, changeant les choses dans leurs fondements mêmes, en affrontant les gens tels qu’ils sont. Cela s’appelle un travail démocratique et c’est cela le noyau dur de toute activité authentique.

Mais dans notre société ceux et celles qui font ce travail sont isolés et anonymes, quand ils ne sont pas méprisés, ostracisés. On n’échappe à la domination de la célébration des egos et au culte de l’apparence.

Ainsi, c’est un aspect de plus en plus prégnant à la fois dans l’activisme écologiste, du moins en faveur du climat, et dans celui lié à la question animale en général. Il existe une tendance très marquée à agir de manière « hors-sol », en étant ouvertement déconnectée de la situation locale ou nationale, pour s’appuyer sur des tendances liées aux réseaux sociaux.

En voici un exemple. Personne en France ne connaît la « Official Animal Rights March », dont voici le logo. Et pourtant c’est une manifestation annuelle qui ce mois d’août a rassemblé des petits cortèges à Londres, Berlin, Amsterdam, Copenhague, Athènes, Helsinki, Milan, Dublin, Cologne, Istanbul, Zurich, Oslo, Vienne, Bruxelles, Prague, Sofia, Varsovie, Ljubljana, Bucarest, Toronto, New York, Dallas, Miami, Séoul, Manille, Perth, Auckland, Osaka, etc.

Pourquoi, comment? C’est très simple : le groupe à l’origine de cela – une sorte de structure vegan à la sauce éducative activiste anglo-saxonne – envoie des gens un peu partout pour monter une manifestation dans des grandes villes. Tout est donné clef en main. C’est totalement hors-sol. Donc, pour des gens consommateurs, cela marche.

C’est une véritable tendance de fond et il ne faut pas se voiler la face. Aucune structure qui fait un travail de terrain n’a réussi ces dernières années à progresser numériquement dans les questions de l’écologie ou des animaux, à part en s’appuyant sur les réseaux sociaux et les médias. L214, 269, Extinction Rebellion, Youth for climate… toutes ces structures sont nées de raisonnements à la va vite faits sur les réseaux sociaux, de passions poussées par la « crédibilité » virtuelle.

Toutes ces structures vivent d’ailleurs d’une fuite en avant pour le bruit médiatique. Et ils sont prêts à tout, même à aller en Chine sans contact et sans parler chinois, comme le relate candidement ici un membre de « DxE France » dans une interview à la revue des bobos Les inrocks :

En général nous enquêtons dans des élevages Français mais, au mois de juillet, nous sommes partis en Chine avec l’aide de l’association Stéphane Lamart, qui a financé le voyage.

On voulait aller filmer dans un élevage de chiens destinés à la consommation, pour interpeller la population. Une minorité de la population en Chine consomme du chien, mais, en Europe, c’est considéré comme quelque chose de choquant. On voulait donc montrer comment se passe l’abattage d’animaux que nous considérons comme des compagnons, qui sont proches de nous, parce que cela touche plus.

L’idée avec cette enquête était de dire que ça se passe pareil chez nous pour les cochons, les vaches et les poulets, et que si on est choqué pour les chiens, il n’y a pas de raison de ne pas l’être pour les autres animaux.

Nous n’avons finalement pas pu faire de vidéo dans un abattoir de chiens, parce qu’aucune association locale n’a bien voulu nous donner une adresse, de peur que les autorités fassent fermer leurs refuges. Par ailleurs, en ne parlant pas chinois, c’était un peu compliqué. Mais nous avons pu aller dans un refuge qui recueille des chiens sauvés par des activistes chinois, ainsi que sur un marché aux chiens.

Jamais par la population, toujours par en haut, jamais par la raison, toujours par l’affect. Les animaux sont ici les otages pour beaucoup d’une sorte de crise existentielle face à l’horreur du monde, mais dans le refus de toute perspective concrète de changement. La révolution? Jamais entendu parler. Le peuple, la démocratie? Connais pas.

Pour cette raison, face à cette déferlante, il n’y a pratiquement pas de place pour quelque chose de construit, de conscient, de raisonné. Parce que les gens ne font aucun effort et qu’il y a eu à chaque fois des structures virtuelles se montant en série pour siphonner les forces vives.

Pas étonnant qu’il n’y ait personne dans les refuges, et autant de monde pour toutes les initiatives bruyantes qui ne changent rien à rien !

La seule exception, et de taille, c’est AVA, dont le mouvement contre la chasse à courre a des fondements résolument ancrés dans les situations locales, d’où sa force.

Mais eux-mêmes doivent faire face à ces tendances de repli sectaire et folklorique. Ainsi, des gens qui, en Bretagne, ont quitté AVA, ce qui est par définition regrettable, ont formé un groupe avec comme nom… « Forest Keepers », soit les gardiens de la forêt en anglais. C’est bien connu, en Bretagne, on parle anglais.

Il y a deux raisons à cela à ce constat d’échec général, à part donc AVA :

– les gens sont fainéants et fonctionnent à l’affect seulement ;

– ils sont passifs et consommateurs ;

– ils veulent la reconnaissance de leur ego.

Les gens font donc confiance à ce qui fait du bruit dans les médias et sur les réseaux sociaux. Leur mot d’ordre : je te valorise, tu me valorises. Cela marche entre les gens, cela marche avec les « causes ». C’est du donnant-donnant, uniquement du donnant-donnant.

La raison des gens s’efface, s’annule, disparaît totalement devant Greta Thunberg, une construction d’ONG de bout en bout, parce qu’on la vend comme une adolescente suédoise ayant tout fait d’elle-même. Sa pseudo-pureté devient la pureté des gens qui la soutiennent. C’est donnant-donnant.

Et pour les personnes sur le terrain, le vrai, comment exister quand quelqu’un comme elle est lancée par une semi-ONG avec une chaîne youtube, reprise directement par un représentant d’une grande banque (Nordea, en Finlande) qui a 200 000 personnes suivant son compte twitter?

Et le succès médiatique nourrit le succès médiatique. Ainsi Amnesty International a remis prix Ambassadeur de conscience pour l’année 2019 à Greta Thunberg et Fridays for Future.

Rappelons qu’en juillet 2019, Greta Thunberg était également accueilli en star à l’Assemblée Nationale. c’est un vrai déni de démocratie.

A chaque fois le processus a été le même : le militantisme est donné clef en main, avec logos, slogans, mots d’ordre, ligne mono-thématique. A cela s’associe un soutien sur les réseaux sociaux et une crédibilité au moyen d’actions symboliques « chocs ».

Cela ne veut pas dire que cela marche tout le temps. PeTA France a cette démarche depuis une décennie au moins, sans jamais décoller pour autant, malgré la force de sa maison soeur américaine, malgré Pamela Anderson et le soutien de nombreuses stars avec des postures racoleuses, de partenariats plus ou moins branchés, etc.

Voici un exemple, avec les chaussures de la marque André « Peta approved » venant tout juste de sortir.

PeTA continuera sa démarche hors-sol jusqu’à réussir, quitte à avoir des va et vient incessant dans son noyau dur. Car l’approche « anglo-saxonne » vise à interpeller l’opinion publique par en haut et à accrocher ainsi un certain nombre de gens. c’est un vrai style.

Voici une photographie de la marche pour le climat du 21 septembre 2019. On y voit, à Paris, un slogan placé sur un pont. C’est une allusion au fait que l’année dernière, Emmanuel Macron a reçu le titre de « Champion de la terre », décerné par l’ONU.

Mais c’est en anglais. L’objectif de la banderole, c’est quelque chose d’au-dessus de la réalité, c’est une opinion publique virtuelle.

Voici une autre photographie. Elle est tirée d’une vidéo très récente dans le plus grand abattoir de cochons de France, avec des images insoutenables. Elle n’a eu que très peu d’écho. Là encore tout est en anglais pour cette action du groupe Direct Action Everywhere (mentionné plus haut), qui a mené l’action de manière « internationale », car sa section française n’a pas participé, préférant « les enquêtes aux manifestations et blocages ».‬ Le principe, c’est de forcer l’entrée au groupe dans chaque pays.

Dans un registre bien différent, début septembre, l’ALF a libéré des perdrix en France. Mais les signatures sont en anglais… « ALF says hi », « hunters will be hunted ».

Voici un autre exemple de ce style hors-sol.

Tout cela peut bien entendu être utile. Mais cela ne touche pas le noyau dur de la population. Cela ne touche que marginalement la société. C’est en décalage complet avec la réalité quotidienne des gens, avec les besoins d’implication concrète, anonyme, en acceptant d’être un simple rouage anonyme d’une cause qui dépasse les individus.

En fait, on a des initiatives qui sont à l’image de la société. Comme celle-ci est pourrie, rien de bon ne sort, car il faut une rupture à la base et bien peu veulent en payer le prix, par ego, besoin de reconnaissance, envie de confort, etc.

Si tu veux faire mon bonheur… Marguerite, Marguerite

Le terme de marguerite en français peut désigner un prénom comme une fleur. Ce qui intéressant, c’est que ce n’est pas le cas dans les autres pays, où si le prénom existe, le terme désignant la fleur est différent. Pourtant, tant le prénom que la fleur ont eu un succès historique très grand, notamment au moyen-âge.

Il est intéressant de voir comment en France, pour une fois, nature et culture se sont ouvertement combinés.

Le terme « marguerite » vient du sancrit mañjarī, la perle, ainsi que du persan Morvarid, signifiant également la perle, ou plus exactement l’enfant de la lumière, la perle apparaissant ici de manière imagée comme le fruit de la goutte de rosée de la lumière de la lune.

C’est sans doute à la suite des conquêtes d’Alexandre le grand que la fleur est parvenue en Grèce, et marguerite vient du grec μαργαρίτης (margarites), voulant également dire la perle.

Est-ce la beauté de la fleur qui a fait qu’on l’a désigné comme perle en français, puisque le terme de margerie voulait dire perle au moyen-âge ?

En tout cas le succès de la marguerite ne s’est jamais arrêté et on connaît le principe de l’effeuiller en se question : elle/il m’aime un peu beaucoup à la folie pas du tout etc., jusqu’à ce que la dernière pétale décide de la réponse.

Le prénom a été prétexte à de nombreuses chansons, comme un tube de Richard Cocciante, tiré de l’album Concerto per Margherita en 1978.

De manière plus rigolote, on a le fameux Si tu veux faire mon bonheur de Harry Fragson. Cette chanson de 1913 est indirectement connue de tout le monde.

Pas seulement parce qu’elle a connu une variante assez connue comme comptine, mais c’est surtout de cette chanson qu’est tiré le grand refrain classique (et vulgaire des manifestations (X, si tu savais, ta réforme, ta réforme, où on s’la met).

Comme quoi on peut être certain que toute personne ayant lu cet article pourra désormais briller à chaque moment de contestation en expliquant l’origine mélodique du slogan…

Voici les paroles qui valent le détour de par leur approche humoristique, peut-être en partie féministe de par le caractère bien trempé du caractère de Marguerite.

Connaissez-vous Marguerite
Une femme ni grande ni p’tite
Qu’a des yeux troublants
Un teint rose et blanc
Une p’tite bouche d’enfant ?

Eh bien cette beauté suprême
Quand je lui ai dit je t’aime
M’a donné des fleurs
Me disant farceur
Je veux faire ton bonheur !
J’lui dis merci du bouquet
Mais c’est pas ça qu’il faudrait :

Si tu veux faire mon bonheur
Marguerite Marguerite
Si tu veux faire mon bonheur
Marguerite donne-moi ton cœur

Elle me dit comme c’est dimanche
Je vais mettre ma robe blanche
Mes souliers d’satin
Et dans un sapin
Nous filons à Tabarin

Elle ne dansait pas en m’sure
Elle piétinait ma chaussure
Dans mon œil bientôt
Elle me plante presto
L’épingle de son chapeau
Tu me crèves l’œil c’est gentil
Mais c’est pas ça qui m’suffit !

Si tu veux faire mon bonheur
Marguerite Marguerite
Si tu veux faire mon bonheur
Marguerite donne-moi ton cœur

Le soir même sous sa fenêtre
J’chantais pour la voir paraître
Je suis malheureux
Car tes jolis yeux
Ont mis tout mon cœur en feu !

Alors elle par bonté d’âme
M’envoie pour éteindre ma flamme
Un seau d’eau vivement
M’disant gentiment
Es-tu plus heureux maintenant ?
J’lui dis merci du seau d’eau
Mais c’est pas ça qu’il me faut

Si tu veux faire mon bonheur
Marguerite Marguerite
Si tu veux faire mon bonheur
Marguerite donne-moi ton cœur

Comme c’est une jeune fille bien sage
Elle dit j’connais que l’mariage
Je lui dis j’veux bien
Et dès le lendemain
Son père m’accordait sa main

L’soir d’la noce après la fête
Elle me dit en tête-à-tête
Toi tu m’as donné
Ton nom à porter
Moi j’peux plus rien te refuser

Ayant tiré les verrous
Elle me dit mon cher époux
Maintenant pour ton bonheur
Marguerite Marguerite
Maintenant pour ton bonheur
Marguerite te donne son cœur !

[Petit ajout : la chanson est également présente dans le film très connu La grande illusion de Jean Renoir, de 1937.]

 

Le prénom a été très populaire au moyen-âge, ainsi que par la suite sauf en France où il est tombé en désuétude après 1945. Ce succès est vrai en fait dans tous les pays où le christianisme a prédominé : Margaret en allemand, Margaret en anglais, Margarete en allemand, Margarita en espagnol, Maarit en finnois, etc.

Il y a des variantes également : la fleur a comme nom Daisy en anglais, et c’est un prénom également. Il y a aussi des diminutifs : Gretchen en allemand, Mette au Danemark, Rada en serbe, Marjeta en slovène, Markéta en tchèque, Peggy, Megan ou encore Marge dans la langue anglaise, Margit en suédois mais aussi en français Magalie, Margaux, Margot.

Par contre, la fleur a un autre nom dans les autres pays, sauf en Allemagne. Il y a un nombre véritablement innombrable de termes locaux, mais le terme de margerit l’a emporté. Juste avant la première guerre mondiale, la journée des fleurs consacrée à la marguerite consistait en une grande vente de fleurs aux bénéfices des hôpitaux pour enfants, dans une optique de charité plutôt conservatrice.

Du point de vue botanique, la marguerite est sinon la Leucanthemum vulgare, ou marguerite vulgaire. Il est toujours étrange de voir ce terme de « vulgaire », comme si, finalement, il y avait quelque chose de ne pas suffisant dans cette fleur.

Un site sur les belles fleurs de France dit, on devine avec mépris, qu’elle est « Très commun dans toute la France continentale et la Corse ».

C’est qu’il en va des fleurs comme des objets : la rareté décide du prix, de la valeur. On perd sa capacité à s’émerveiller devant les choses simples…

La turbah de l’Islam chiite

Tout comme le nouvel an lié au soleil – le Norouz – qui s’est maintenu malgré ou à travers l’Islam en Iran (le nevroz), le « turbah » révèle beaucoup de choses de la tradition du rapport à la Nature en Perse historiquement.

On connaît en effet le principe du tapis de prière des hommes dans l’Islam. Sauf qu’en fait, ce n’est vrai que chez les musulmans sunnites. Chez les chiites, dont la base est persane, on doit pour les hommes prier à même la terre, ou bien sur de la pierre, sur du sable ou de l’herbe.

On reconnaît aisément la nature de ces éléments, sorte de base primordiale de la matière, de parties les plus élémentaires… En particulier dans des zones du monde où le désert, l’aridité a une telle importance.

Le Coran explique lui-même également que Dieu aurait procédé à la création de l’être humain au moyen d’argile (« Nous avons certes créé l’homme d’un extrait d’argile »).

L’Islam chiite, en plus de ces éléments « primitifs », autorise le papier, car il provient d’un arbre. Mais on n’a pas le droit de se prosterner sur un tapis ou sur des vêtements, ni même sur des végétaux pouvant servir à fabriquer des vêtements.

Ce qui est visé, c’est la pureté du contact avec ces éléments « primordiaux ». Le rapport le plus direct à la Nature est ici évident et la religion a tenté de briser en partie ce rapport au moyen de la turbah, le mot voulant directement dire terre ou boue par ailleurs.

Il s’agit d’un petit objet, le plus souvent en forme de disque, fait de terre, sur laquelle les hommes posent leur front au moment de prosterner. Cependant, il y a des limites dans la récupération. Ainsi, la turbah ne doit pas être faite de terre cuite, c’est-à-dire qu’elle doit conserver sa dimension à proprement parler naturelle.

A cela s’ajoute que les éléments sur la turbah – un nom en arabe, la représentation d’un mausolée, les noms des douze imams à la suite de Mahomet – ont tellement de relief, que la forme vient s’imprimer littéralement sur le front. L’importance de ce phénomène est essentiel pour comprendre comment le rapport à la Nature a été dévoyé en religion.

Rappelons en effet que chez les musulmans chiites, les douze imams à la suite de Mahomet, tous morts en martyr sauf le dernier qui s’est « voilé » et revient à la fin des temps – servent d’intercesseurs entre le monde de l’au-delà et le monde matériel. La Nature se voit ici « chiper » la première place par ces entités magiques.

S’incruster ce qui est inscrit permet d’avoir un rapport direct avec les intercesseurs… Pour bien souligner cela, il faut que la terre dez la turbah soit celle autour d’un mausolée d’une figure sainte, idéalement celle de Hussein, le fils d’Ali, mort lors de la bataille de Kerbala, grand symbole de la martyrologie chiite.

La turbah devient alors pratiquement une amulette aux propriétés protectrices ou thérapeutiques, au point de connaître deux nouvelles formes : celle en tant que chapelets, celle directement absorbée diluée dans l’eau (à quoi s’ajoute même l’onction des mains et du front d’une personne décédée).

L’Islam chiite affirme conserver dans sa mémoire religieuse, dans cette perspective pratiquement panthéiste en version religieuse, la phrase suivante qu’aurait prononcé Mahomet :

« La terre m’a été donnée en tant que lieu de prosternation et de purificateur. »

Tout cela semblera naturellement à la fois pétri de superstition et de lien fantasmé avec la Nature. Cependant, il serait absurde de ne pas voir une quête évidente de dignité dans le rapport au monde.

On ne trouve pas historiquement en Perse de réel pas vers les animaux, mais la végétation est puissamment reconnue comme ayant une valeur en soi ; les éléments naturels comme la terre elle-même se voient accordés une valeur aussi. Sans doute faudrait-il, pour avoir la réponse, demander aux gens tenant le restaurant végétalien de Téhéran, qui s’appelle… Zamin, c’est-à-dire la terre.

Les compilations pour PETA « Animal Liberation » (1987)

 

Wax Trax! Records est un label de Chicago qui a joué un grand rôle dans la genèse de la musique electro-industrielle.

Fondé en 1980, il s’est lancé grâce à Ministry et par la suite on peut retrouver dessus des productions de Minimal Compact, Front 242, KMFDM, etc.

Cette scène electro-indus – parmi les grands noms il faut citer également Front Line Assembly, SPK, Die Krupps, Cabaret Voltaire et Skinny Puppy – a toujours eu une orientation extrêmement critique sur la société et ses aliénations.

On ne sera donc pas étonné qu’un esprit d’engagement affleure, notamment sur des questions directement liées à une remise en cause du mode de vie dominant.

Wax Trax a ainsi, en avril 1987, sorti un album en soutien à l’association PETA qui, rappelons le, est à l’époque une sorte de mouvement légal parallèle à l’ALF et refusant formellement de s’en dissocier.

Et encore, quand on dit refus de s’en dissocier, la photo que l’on voit sur le vinyl de la compilation veut dire bien autre chose…

Parmi les figures les plus connues, on retrouve dessus les deux chanteuses de New Wave Nina Hagen et Lene Lovich, Chris & Cosey auparavant membres du groupe anglais de musique industrielle Throbbing Gristle, Captain Sensible du groupe punk anglais The Damned, ainsi que le belge Luc Van Acker, qui participa au projet Revolting Cocks avec Richard 23 de Front 242 et Al Jourgensen de Ministry. Ce dernier réalisa les extraits de nouvelles et les citations sur l’album.

On retrouve également Shriekback, un groupe de postpunk avec un membre de XTC et un autre des Gang of four ; la version anglaise de l’album connaît une version live de Meat is murder des Smiths, placée tout à la fin.

Al Jourgensen – « International Introduction » (1:36)
Nina Hagen / Lene Lovich – « Don’t Kill The Animals » (Rescue Version) (6:36)
Al Jourgensen – « Civil Disobedience Is Civil Defence » (0:58)
Attrition – « Monkey In A Bin » (2:26)
Chris & Cosey – « Silent Cry » (3:27)
Al Jourgensen – « Lab Dialogue » (0:24)
Lene Lovich – « Supernature » (5:40)
Al Jourgensen – « Life Community » (0:49)
Colour Field – « Cruel Circus » (3:58)
Luc Van Acker – « Hunter » (3:31)
Shriekback – « Hanging Fire » (3:00)
Captain Sensible – « Wot? No Meat! » (3:11)
Al Jourgensen – « Meat Farmer » (0:28)
Howard Jones – « Assault And Battery » (4:50)

Voici ce qu’on pouvait trouver comme affiche dans la pochette du vinyl.

A noter que la première chanson dispose d’une vidéo.

Un an après la sortie de l’album, un Animal Righs Festival fut organisé par PETA, à Wahsington. Gratuit, on y retrouvait notamment les B-52’s, ainsi que Nina Hagen et Lene Lovich, Exene Cervenka et Tony Gilkyson du groupe punk californien « X ».

En 1991 fut produite une autre compilation sur le label Rhino, Tame Yourself, qui connut également un maxi spécial avec des « Housebroken Dance Mixes ».

Voici la liste des chansons, si jamais quelqu’un retrouve quelque part la compilation. On remarquera avec attention la très grande majorité de femmes chantant sur cet album.

« Don’t Be Part of It » – Howard Jones
« Tame Yourself » – Raw Youth
« I’ll Give You My Skin » – Indigo Girls and Michael Stipe
« Damned Old Dog » – k.d. lang
« Quiche Lorraine » (Live) – The B-52’s
« Slaves » – Fetchin’ Bones
« Born for a Purpose » – The Pretenders
« Don’t Kill The Animals » (’91 Mix) – Nina Hagen and Lene Lovich
« Fur » – Jane Wiedlin
« Asleep Too Long » – The Goosebumps
« Rage » – Erasure and Lene Lovich
« Bless the Beasts and the Children » – Belinda Carlisle
« Across the Way » – Aleka’s Attic
« Do What I Have to Do » – Exene Cervenka

Les deux films « Le Jour où la Terre s’arrêta »

Le Jour où la Terre s’arrêta est un film de science-fiction de 1951, qui a connu une nouvelle version en 2008. Si dans les deux cas il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre, la problématique est formidable, en faisant quelque chose d’incontournable pour qui s’intéresse à la défense de la Terre.

En fait, on peut largement penser que ces films ne sont que des prétextes pour une critique intelligente de la situation ; le message est vraiment ce qui ressort, bien plus que la forme très largement kitsch.

Le scénario est en effet le suivant : un extra-terrestre débarque sur Terre en soucoupe volante. L’armée se comporte, bien évidemment, avec une attitude hostile et meurtrière, avec des humains agressifs par rapport à ce qu’ils ne connaissent pas, cherchant toujours à détruire ce qu’ils ne contrôlent pas.

L’extra-terrestre, qui a une forme humaine, se balade alors et constate l’arriération de l’humanité sur le plan des valeurs. Ce message est bien sûr une critique ouverte des comportements humains, prétexte à une critique générale faite par le film en lui-même à la société de l’époque.

Le contenu de la critique est cependant fort différent, même si cela se rejoint bien entendu.

Dans le film de 1951, l’extra-terrestre vient expliquer aux humains que maintenant qu’ils ont progressé sur le plan technologique, ils doivent devenir pacifiques, sans quoi ils représentent une menace inacceptable pour les autres planètes. C’est un appel au pacifisme en pleine hystérie générale aux États-Unis alors.

Voici la scène finale, où l’extra-terrestre tient un discours pacifiste, d’une portée incroyable quand on connaît le contexte historique alors. Ce discours se tient devant des scientifiques, avec une présence soulignée de scientifiques indiens et chinois, soviétiques et américains : le message s’adresse à l’humanité toute entière.

C’est d’ailleurs la première fois peut-être que l’humanité est représentée de manière universelle au cinéma.

I am leaving soon, and you will forgive me if I speak bluntly. The universe grows smaller every day, and the threat of aggression by any group, anywhere, can no longer be tolerated. There must be security for all or no one is secure.

Je pars bientôt, vous m’excuserez si mes paroles sont brutales. L’univers est plus petit chaque jour, et la menace d’une agression, d’où qu’elle vienne, n’est plus acceptable. La sécurité doit être pour tous ou nul ne sera en sécurité.

Now, this does not mean giving up any freedom except the freedom to act irresponsibly. Your ancestors knew this when they made laws to govern themselves and hired policemen to enforce them. We of the other planets have long accepted this principle.

We have an organization for the mutual protection of all planets and for the complete elimination of aggression.

Cela ne signifie pas renoncer à la liberté mais renoncer à agir avec irresponsabilité. Vos ancêtres l’avaient compris quand ils ont créé les lois et engagé des policiers pour les faire respecter. Sur les autres planètes, nous avons accepté ce principe depuis longtemps.

Nous avons une organisation pour la protection mutuelle des planètes et la disparition totale des agressions.

The test of any such higher authority is, of course, the police force that supports it. For our policemen, we created a race of robots. Their function is to patrol the planets—in space ships like this one—and preserve the peace. In matters of aggression, we have given them absolute power over us; this power can not be revoked.

At the first sign of violence, they act automatically against the aggressor. The penalty for provoking their action is too terrible to risk.

Une autorité aussi haute repose bien sûr sur la police qui la représente. En guise de policiers, nous avons créé une race de robots. Leur fonction est de patrouiller dans des vaisseaux tels que celui-ci, et de préserver la paix. Pour les questions d’agression, nous leur avons donné les pleins pouvoirs. Ces pouvoirs ne peuvent être révoqués.

Au premier signe de violence, ils agissent contre l’agresseur. Les conséquences de leur mise en action sont trop terribles pour s’y risquer.

The result is that we live in peace, without arms or armies, secure in the knowledge that we are free from aggression and war—free to pursue more profitable enterprises.

Now, we do not pretend to have achieved perfection, but we do have a system, and it works. I came here to give you these facts. It is no concern of ours how you run your own planet.

Résultat : nous vivons en paix, sans arme ni armée, ne craignant ni agression ni guerre, et libres d’avoir des activités plus profitables. Nous ne prétendons pas avoir atteint la perfection, mais nous avons un système qui fonctionne.

Je suis venu vous donner ces informations. La façon dont vous dirigez votre planète ne nous regarde pas.

But if you threaten to extend your violence, this Earth of yours will be reduced to a burned-out cinder. Your choice is simple: Join us and live in peace, or pursue your present course and face obliteration.

We shall be waiting for your answer; the decision rests with you.

Mais si vous menacez d’étendre votre violence, votre Terre sera réduite à un tas de cendres. Votre choix est simple : joignez-vous à nous et vivez en paix ou continuez sur votre voie et exposez-vous à la destruction.

Nous attendrons votre réponse. La décision vous appartient.

C’est un terrible avertissement et un appel à la paix, à une humanité unifiée. Comme on a perdu du temps depuis 1951 pour aller en ce sens!

Dans le film de 2008, l’extra-terrestre explique que l’humanité est en train de tuer la Terre et qu’elle doit donc disparaître. Le scénario est alambiqué, car pourquoi venir annoncer quelque chose au lieu de le faire, pour ensuite naturellement changer d’avis ?

Autant dans la version de 1951, il y a un certain charme suranné des Etats-Unis des années 1950, autant dans la version de 2008 les faiblesses de 1951 reprises directement sous la forme d’un remake ne passent pas du tout.

Le film est totalement hollywoodien, mais heureusement il y a un aspect qui ressort qui est très fort et reflète un vrai questionnement. Voici un passage significatif.

– I need to know what is happening.
– This planet is dying. The human race is killing it.
– So you’ve come here to help us.
– No, I didn’t.

– J’ai besoin de savoir ce qui se passe.
– Cette planète est en train de mourir. L’espèce humaine la tue.
– Alors tu es venu ici pour nous aider.
– Non, ce n’est pas ce que j’ai fait.

– You said you came to save us.
– I said I came to save the Earth.
– You came to save the Earth. From us. You came to save the Earth from us.
– We can’t risk the survival of this planet for the sake of one species.

– Vous avez dit que vous êtes venu nous sauver.
– J’ai dit que je suis venu sauver la Terre.
– Vous êtes venu sauver la Terre. De nous. Vous êtes venu sauver la Terre de nous.
– Nous ne pouvons pas risquer la survie de cette planète pour une seule espèce.

– What are you saying ?
– If the Earth die, you die. If you die, the Earth survives. There are only a handful of planet in the cosmos that are capable to support complex life.

– Qu’est-ce que vous dites ?
– Si la Terre meurt, vous mourez. Si vous mourez, la Terre survit. Il y a seulement une poignée de planètes dans le cosmos qui sont capables de soutenir la vie complexe.

– You can’t do this.
– This one can’t be allowed to perish.
– We can change. We can still turn things around.
– We watched, we waited in the hope that you would change.

– Vous ne pouvez pas faire ça.
– On ne peut pas autoriser que celle-ci périsse.
– Nous pouvons changer. Nous pouvons encore renverser les choses.
– Nous avons regardé, nous avons attendu dans l’espoir que vous changeriez.

– Please.
– It has reached the tipping point, we need to act.
– Please.
– We’ll undo the damage you’ve done and give the Earth a chance to begin again.
– Don’t do that. We could change. We can change.
– The decision is made. The process has begun.

– S’il vous plaît.
– Le point de basculement a été atteint, nous devons agir.
– S’il vous plaît.
– Nous réparerons les dégâts que vous avez causé et donnerons à la Terre une chance de recommencer.
– Ne faites pas ça. Nous pourrions changer. Nous pouvons changer.
– La décision est prise. Le processus a commencé.

L’intensité dramatique est évidente pour qui ne voit pas la culture comme un simple divertissement. On a là quelque chose de grave et comment ne pas voir dans les propos de l’extra-terrestre, appelé Klaatu, quelque chose de si parlant?

Le Jour où la Terre s’arrêta n’est pas un bon film, ni en 1951, ni en 2008. Cependant, il a le mérite de permettre l’affirmation d’un vrai questionnement, qui se maintient malgré la dimension totalement commerciale de leur production.

Leur existence permet une bonne mise en perspective d’inquiétudes et de questionnements existant dans la société, allant dans le sens de l’universalisme et de l’écologie.

Arkangel : « Prayers upon deaf ears »

« Les Lamentations des morts glorifient la révolution
Les larmes des victimes
Flottent dans une mer de désespoir »

 

« Dans un bassin de rouge
Les outils de la mort forgés dans les flammes du mépris
Les animaux non humains meurent au nom de l’ignorance égoïste »

 

« Alors que les larmes tombent de mes yeux et roulent sur ma la joue comme une pluie de tristesse, je prie pour le salut de l’innocence mais mon esprit endeuillé et mon coeur saignant savent que ce sont des prières dans des oreilles sourdes »

 

« La folie industrielle consomme Gaïa
Témoignez de la disparition de la vie sous le siège de l’humanité
Mère sans respiration, impuissante elle meurt »

C’est un album emblématique d’un groupe de musique qui a eu une grande influence. Lorsque le groupe belge Arkangel sort en 1998 l’album « Prayers upon deaf ears », on fait face en effet à un monument.

On est dans une affirmation vegan straight edge profonde, avec des paroles reflétant une vision du monde comprise et exprimant une colère sourde. Il y a quelque chose de profond, de vrai, de juste, dit avec émotion et vérité.

La musique, de par son tournant métal dans le hardcore, apporte quelque chose de nouveau, qui a été marquant. Il y a un côté à la fois sombre et agressif, une tristesse et une colère qui sont terribles et engagés : la partie parlée à la fin de l’album est un appel à la compassion.

Mais il est difficile d’être au niveau et de comprendre l’ampleur de ce qu’on porte. Les musiciens d’Arkangel ont ainsi entièrement rompu avec tout ce qui a un rapport avec la culture vegan straight edge et ses principes, profitant toutefois de leur aura et d’un style découvert pour continuer une carrière sous le même nom.

C’est étrange et révoltant. La forme aussi, perdant tout rapport avec son contenu, a alors irrigué une scène metalcore allant parfois jusqu’au nihilisme (Arkangel est ainsi proche de « Kickback », du « negative hardcore » français avec chaque concert tournant en bagarre, une fascination pour la « transgression » jusqu’au morbide, etc.).

Bref, Arkangel s’est transformé en son contraire. Cela doit nous rappeler que nous devons rester humbles et disciplinés, écraser toujours notre ego pour toujours savoir se mettre au service de Gaïa, sans céder.

C’est Gaïa qui prime – la Terre d’abord !

Voici les paroles de l’album « Prayers upon deaf ears », « Prières dans des oreilles sourdes ». L’ordre des chansons suit l’album (qui fait un peu moins de 20 mn), les lecteurs sont calibrés pour chaque chanson.

Within The Walls of Babylon
Au sein des murs de Babylone

Immersed in a sea of pain
Chained to a lifetime agony
Existence becomes a thorn stuck in the side of the innocents
Born different, destined to suffer
A throne usurped by man for a Kingdom plagued with tyranny
Immergée dans une mer de douleur
Enchaînée à une agonie à vie
L’existence devient une épine planté dans la côte des innocents
Né différent, destiné à souffrir
Un trône usurpé par l’homme pour un Royaume rongé de tyrannie

Malicious, vile, merciless
Modernity devours the children of earth disgraced
Before humanity’s demented eyes
Driven by sickness civilization indulges in suicidal madness
Malicieuse, vile, impitoyable
La modernité dévore les enfants de la terre déshonorés
Devant les yeux de déments de l’humanité
Conduite par la civilisation de la maladie, engagée dans la folie suicidaire

Within the walls of Babylon, wickedness is rampant
And snakes crawl under virgin skin
I seek a moral elevation
To salvage hopes of paradise
No more cupidity but altruism to restore harmony
Au sein des murs de Babylone, la folie furieuse est rampante
Et les serpents rampent sous la peau vierge
Je cherche une élévation morale
Pour sauver les espoirs du paradis
Plus de cupidité mais l’altruisme pour restaurer l’harmonie

Under a red sky of dying nature
Laments of the dead praise revolution
Tears of the victimized
Flow into a sea of despair
Sous un ciel rouge de la nature mourante
Les Lamentations des morts glorifient la révolution
Les larmes des victimes
Flottent dans une mer de désespoir

One Standard, One Ethic
Une norme, une éthique

In the mist of inferno, I seek salvation
Filth cannot taint my allegiance
For my heart
Holds the truth
Dans le brouillard de l’enfer, je cherche le salut
La saleté ne peut pas corrompre mon allégeance
Car mon cœur
porte la vérité

My heart and my mind worship discipline and filter right from wrong
Purification
Mon cœur et mon esprit adorent la discipline et filtrent le bien du mal
Purification

Sworn to justice to cast iniquities into the shadows of oblivion
Untouched by the dirt of lust
One standard, one ethic
Redemption for all innocent life
One standard, one ethic
Reverance for the sentiment
Jurer à la justice de jeter les iniquités dans l’ombre de l’oubli
Intact de la crasse de la luxure
Une norme, une éthique
La rédemption pour toute vie innocente
Une norme, une éthique
La révérence pour le sentiment

(reprise)

Built Upon The Graves
Construit sur les tombes

Emissaries of demise slit the defenseless
In an act of barbarity
Sharp knives give the final embrace
In a pool of red
Les émissaires de la faille ont fendu les sans défense
Dans un acte de barbarie
Les couteaux aiguisés donnent l’étreinte finale
Dans un bassin de rouge

Deathtools forged in the flames of scorn
Non human animals die in the name of selfish ignorance
Les outils de la mort forgés dans les flammes du mépris
Les animaux non humains meurent au nom de l’ignorance égoïste

Blood spilled for lust
In temples of terror
Factory farms
Le sang répandu pour la luxure
Dans les temples de la terreur
Les fermes usine

Vivisection laboratories
Fur ranches Slaughter houses
All replace concentration camps still injustice remains
Les laboratoires de la vivisection
Les séries d’abattoirs pour la fourrure
Tous remplacent les camps de concentration encore l’injustice reste

End this evil empire built upon the graves
Of murdered and devoured creatures
Salvation I whisper thy name and scream for liberation
Consumption of lifeless bodies is a vote for genocide
Terminons-en avec cet empire maléfique construit sur les tombes
D’assassinées et dévorées créatures
Le salut je murmure ton nom et je hurle pour la libération
La consommation de corps sans vie est un vote pour le génocide

In The Embrace Of Truth
Dans l’étreinte de la vérité

I am not tempted by your paradise of lies
Never will I fester in the boels of decadence
Committed to nobility for a higher destiny
In the embrace of truth belongs my heart and soul
I walk the path of righteousness
Je ne suis pas tenté par votre paradis de mensonges
Jamais je ne me farderai dans les bouffées de la décadence
Engagé pour la noblesse pour une destinée supérieure
Dans l’étreinte de la vérité appartient mon coeur et mon âme
Je parcours le chemin de la droiture

My quest for justice is enlightened by the blazing sun of harmony
I refuse to partake into man’s craving for lechery
A desire fueled by the flames of greed in this world Mother
Culture is a legacy of prejudices
Against non human animals
Ma quête de justice est éclairée par le soleil brûlant de l’harmonie
Je refuse de participer à l’envie de l’homme pour la luxure
Un désir alimenté par les flammes de la cupidité dans ce monde Mère
La culture est un héritage de préjugés
Contre les animaux non humains

Day Of Apocalypse
Jour de l’apocalypse

« And there were angels who could not accept the lifting of man above them,
and like Lucifer rebelled against the armies of the loyal arch-angel Michael,
and there arose a second war in Heaven » [From the movie The Prophecy, inan extra chapter of the Book of Revelation]
«Et il y avait des anges qui ne pouvaient pas accepter la levée de l’homme au-dessus d’eux,
et comme Lucifer se révoltèrent contre les armées du fidèle archange Michel,
et il y a eu une seconde guerre au ciel » [Tiré du film La Prophétie, dans un chapitre supplémentaire du Livre de l’Apocalypse]

I hear the trumpets of the apocalypse
Announcing the end of man
So please end this exploitation
Thou shall not poison the earth
Essence of all existence for with her
We fall along into the abyss of avidity
J’entends les trompettes de l’apocalypse
Annoncer la fin de l’homme
Donc s’il vous plaît cessez cette exploitation
Vous ne devriez pas empoisonner la Terre
Essence de toute existence, avec elle
Nous tombons dans l’abîme de l’avidité

Sealing our fate with the kiss of death
Defense of innocent life is my declaration
Retribution, humanity harvests destruction
As we have sown desolation
Scellant notre sort avec le baiser de la mort
La défense de la vie innocente est ma déclaration
La rétribution, l’humanité transporte la destruction
Comme nous avons semé la désolation

Vision of apocalypse complete devastation
Final judgement falls upon us as we rape the land
Vision de l’apocalypse, dévastation complète
Le jugement définitif tombe sur nous alors que nous violons la terre

When mother earth’s lifeforce depletes
Action must be taken to free the world from its sickness
Action for justice leads to freedom
Lorsque la force vitale de la terre-mère s’épuise
Il faut prendre des mesures pour libérer le monde de sa maladie
L’action pour la justice conduit à la liberté

Scorched landscape burned to ashes
Original state of balance forever lost
Creation of nature is drowned into concrete
Paysage brûlé en cendres
L’état d’équilibre original perdu à jamais
La création de la nature est noyée dans le béton

Oblivion embraces paradise while helpless species die
We forge this world into an hell
Industrial madness consumes Gaïa
Witness the demise of life under the siege of humanity
Breathless mother, helpless she dies
L’oubli embrasse le paradis alors que les espèces sans défense meurent
Nous forgeons ce monde en un enfer
La folie industrielle consomme Gaïa
Témoignez de la disparition de la vie sous le siège de l’humanité
Mère sans respiration, impuissante elle meurt

Evilization
Mal-isation

Legions of demons advance in the shadow of mankind
Infernal hordes of chaos wage war against Earth
Soldiers of doom pour venom on the land
Final shreds of nature swing on the brink of abyss
While non human life agonizes
Anthropocentrism is tainted by the suffering of millions
Des légions de démons avancent dans l’ombre de l’humanité
Des hordes infernales du chaos font la guerre contre la terre
Des soldats de la destruction versent du venin sur la Terre
Les fragments finaux de la nature se balancent au bord de l’abîme
Alors que la vie non-humaine agonise
L’anthropocentrisme est entaché par la souffrance de millions

Admist inferno, I seek salvation to bring an end to your mindless destruction
We conquer a wind of protest
Blows to enlighten
Au milieu de l’enfer, je cherche le salut pour amener une fin à votre folle destruction
Nous conquérons un vent de protestations
Soufflant pour éclairer

The blackness of ignorance when absolute evil forms
I raise an avenging sword and strike the beast into its heart
To preserve innocence, to protect the defenseless
I am striving for an all encompassing golden age
Where justice and compassion prevail
In reaction to decadence emerges a shining order
One that ensures freedom not enslavement
La noirceur de l’ignorance quand le mal absolu se forme
Je soulève une épée vengeresse et frappe la bête dans son cœur
Pour préserver l’innocence, protéger les sans défense
Je tends à un âge d’or embrassant tout
Où la justice et la compassion prévalent
En réaction à la décadence émerge un ordre brillant
Celui qui assure la liberté et non l’asservissement

[Spoken Part]
[Partie parlée]

As tears fall from my eyes and roll over my
cheek as a rain of sadness, I pray for the salvation of innocence
but my mourning soul and bleedings heart know that they are prayers
upon deaf ears for I have witnessed so much disregard in the actions
of our greed ridden civilization.
Alors que les larmes tombent de mes yeux et roulent sur ma
joue comme une pluie de tristesse, je prie pour le salut de l’innocence
mais mon esprit endeuillé et mon coeur saignant savent que ce sont des prières
dans des oreilles sourdes, j’ai été témoin de tant de mépris dans les actions
de notre civilisation dominée par l’avarice.

After all the pain, after all the suffering non human animals
have to endure, imprisoned in the factory farms, tortured
in the vivisection laboratories and killed in the slaughterhouses,
symbols of ignorance and cruelty, I hope that somewhere there
is a place where they can finally rest in peace.
Après toute la douleur, après toute la souffrance que les animaux non humains
doivent endurés, emprisonnés dans les fermes industrielles, torturés
dans les laboratoires de vivisection et tués dans les abattoirs,
symboles de l’ignorance et de la cruauté, j’espère que quelque part là-bas
il y a un endroit où ils peuvent enfin se reposer en paix.

But the sad and bitter truth is that no heaven awaits us,
only an hell that man creates on earth, En hell that burns
everything on its path, leaving ashes of desolation in its wake.
Mais la triste et amère vérité est qu’aucun paradis ne nous attend,
seulement un enfer que l’homme crée sur terre, un enfer qui brûle
tout sur son chemin, laissant les cendres de la désolation dans son sillage.

Dominion over nature ensures our demise for we destroy
the unique life support systems we’ll ever have, this beautiful
planet which brought us into the sunlight.
La domination sur la nature assure notre disparition car nous détruisons
les uniques systèmes de soutien de la vie que nous n’aurons jamais, cette belle
planète qui nous a amenés à la lumière du soleil.

Love, compassion and justice are not just beautiful words,
they are a weapon against the greed and selfishness
of the society we live in.
L’amour, la compassion et la justice ne sont pas seulement des mots magnifiques,
ils sont une arme contre la cupidité et l’égoïsme
de la société dans laquelle nous vivons.

Love, compassion and justice are a weapon for revolution
in the mind and in the soul of every man and every woman,
a revolution for the coming of harmony.
L’amour, la compassion et la justice sont une arme pour la révolution
dans l’esprit et dans l’âme de chaque homme et de chaque femme,
une révolution pour l’avènement de l’harmonie.

Veganism is compassion, is justice, is a tool for the love
and caring to prevail on this earth. The only true happiness
is the one we all share in total freedom.
Le véganisme est la compassion, est la justice, est un outil pour que l’amour
et le fait de prendre soin prévalent sur cette terre. Le seul vrai bonheur
est celui que nous partageons tous en totale liberté.

Peut-on avoir deux mères?

Qu’est-ce qu’une mère? La définition obéit-elle à la Nature, ou faut-il dépasser celle-ci, en rejeter les fondements et parvenir à une définition « culturelle » – en partant alors du principe que Nature et culture s’opposent?

mere1Pour aborder la question, prenons un exemple pratique, avec le coupe d’Europe de football des équipes féminines qui s’est achevée dimanche dernier. Il s’agit d’athlètes de haut niveau, que rien ne distingue des hommes dans ce sport, à part un niveau technique encore faible en comparaison, mais elles courent autant, font autant de duels, l’agressivité sur le terrain y est peut-être même plus marquée, etc.

Or, qui dit sport de haut niveau amène la question de savoir comment combiner cela avec le fait d’être enceinte, d’avoir des enfants. Il y a le risque potentiel de perdre le fil ou d’interrompre une carrière à succès, de se « disperser », ce qui est bien sûr impardonnable aux yeux d’une société fondée sur la compétition. C’est la même problématique que dans les entreprises.

La joueuse de tennis belge Kim Clijsters est ainsi connue pour avoir été numéro un, fait une pause « bébé » en 2009, pour revenir avec succès ensuite. La joueuse de beach volley Kerri Walsh a trois médailles d’or et trois titres de championnes du monde, elle en aurait eu bien davantage sans trois « pauses bébé ».

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Le regrettent-elles? Sans doute pas, sinon elles ne l’auraient pas fait. Elles connaissaient forcément la pression existant à ce niveau. La question revient toujours sur la table, car la pression de l’esprit de compétition, de concurrence, d’accumulation de prestige et de gains, tout cela a ses exigences.

Parmi les femmes qui jouent la coupe d’Europe de football, très peu sont les femmes qui ont eu une maternité suivie d’une reprise : les islandaises Málfridur Sigurdadottir (trois enfants), Harpa Thorsteindottir (qui a eu son second enfant en février), Sif Atladottir (un enfant), l’Autrichienne Jasmin Pfeiler.

Le porte-parole officiel des 368 femmes membres des 16 équipes de la coupe d’Europe de football n’était même pas au courant. Il s’est vu poser la question de savoir s’il y avait des mères parmi les joueuses et sa réponse fut simple et même répétée deux fois, alors que pourtant elle est donc fausse : « No mothers. No mothers. »

mère 4Mais les corrections qui lui ont été faites dépassent ce à quoi on pouvait s’attendre, et c’est là que la question de la définition de ce qu’est une mère intervient.

L’équipe anglaise a en effet tout de suite remis en cause ces propos, la joueuse Casey Stoney étant « mère de deux enfants ». Mais le terme est-il le bon? Car c’est sa compagne Megan Harris qui a mis au monde les deux enfants en question.

Est-elle la mère, ou la compagne d’une mère?

L’équipe suédoise précisa également qu’il y avait de son côté deux « mères », sans plus de précisions. Mais là encore, le terme est une association d’idées seulement, puisque que si on regarde de quoi il en retourne, c’est Sabine, la compagne maritale de Hedvig Linthal, qui a eu un enfant, tout comme la compagne de Lisa Dahlqvist, Jessica Danielsson.

Le statut de mère est ici réduit à une formulation juridique simplement : femme ayant la responsabilité d’un enfant.

Il semble bien que cette définition tende à l’emporter. Ainsi, l’équipe hollandaise a félicité une de ses joueuses de la manière suivante en avril :

« Nous avons une mère dans notre équipe. La petite amie de Sherida Spitse a donné naissance à un bébé cette année. »

Il y a naturellement un souci ici, car il y a bien un père. Quels sont ses droits et devoirs, et dans quelle mesure l’enfant a-t-il accès à ses informations?

Mais il y a aussi cette question qu’il faut poser ici : qu’est-ce qu’une mère? D’un point de vue naturel, il s’agit d’une femme ayant porté un enfant qui est le sien. Il y a un lien affectif naturel, de par le fait que la vie donne la vie, qu’on porte un être vivant qui est le sien.

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Les partisans des mères porteuses disent ici qu’on peut faire en sorte qu’un femme porte
un enfant qui, sur le plan de l’ADN, n’est pas le sien. Que par conséquent on peut être mère sans porter l’enfant.

Mais dira-t-on alors que le footballeur Cristiano Ronaldo a été la mère de ses enfants, portée par mères porteuses? Car celles-ci, contre un gros chèque, ont disparu. Et qui est d’ailleurs la mère de ces enfants?

Est-il possible, comme lui, d’être simplement « père »? C’est bien sûr possible, puisqu’il le fait, mais ne faut-il pas considérer cela comme totalement fou?

Un père, mais aucune mère, comme si celle-ci n’avait jamais existé?

Mais donc, qu’est-ce qu’une mère? Certains diront : c’est celle qui s’occupe d’un enfant, qui en a la responsabilité. Mais pour autant, une femme adoptant un enfant en est-elle la mère? Une femme s’occupant d’un jeune enfant qui n’est pas le sien, par exemple lors d’un remariage, est-elle la mère?

Peut-on remplacer une mère, la changer par une autre, aussi simplement que cela? Une personne n’ayant jamais connu sa mère n’aurait-il aucun rapport avec elle?

mère 7Les exemples sont infinis et pour faire bref et ne pas se perdre dans le propos, voyons simplement qu’il n’y a que deux possibilités.

Soit on dit que la définition de père et de mère n’existe pas en soi, ne consistant qu’en une seule réalité : la responsabilité juridique d’un mineur. Père, mère sont alors des termes recouvrant simplement un statut juridique, celui au sens de « parent » comme tuteur légal.

Soit on dit que la définition de père et de mère correspond à la réalité naturelle de la procréation. Dans la Nature, il faut un homme et une femme pour avoir deux enfants, c’est la seule réalité et tout le reste n’est que contournement technique de cette réalité.

Dans le premier cas, il peut y avoir une mère comme deux mères, ce qui compte étant la responsabilité juridique et non pas le lien naturel (physiologique, affectif, etc.). Il ne peut y avoir aussi qu’une mère toute seule, qu’un père tout seul, deux pères, deux mères.

Dans l’autre cas, ce n’est pas possible. Même dans le cas de deux femmes vivant ensemble, il n’est pas possible de les appeler toutes les deux mères, car la réalité du rapport à l’enfant n’est pas le même. Ni du rapport tout court menant à cet enfant, puisqu’il faut forcément un père pour aboutir à la procréation.

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Encore faut-il pour cela reconnaître la Nature et ne pas considérer que ce qui compte, c’est le choix individuel d’une conscience abstraite vivant hors de la Nature.

On voit aisément comment une telle problématique est porteuse de choix historiques pour l’Humanité. Les religieux l’ont très bien compris et mènent des campagnes tambour battant, cherchant à détourner le respect de la Nature en quête mystique.

Les partisans de l’ultra-libéralisme l’ont très bien saisi aussi, expliquant que leur démarche de refus de la Nature permet de gagner de nouveaux droits… Comme celui du « droit à l’enfant ». Un droit qui peut passer par le droit de ne pas porter cet enfant, comme avec les mères porteuses.

Un tel panorama est terrible, car il amène forcément les partisans de la Nature à être pris entre le marteau des religieux et l’enclume des « modernes ». Les véritables athées, qui ne reconnaissent que la Nature, doivent affronter les religieux comme les existentialistes qui trouvent un sens à leur vie uniquement dans l’individualisme.

mère 6Tant les religieux et les existentialistes seront par conséquent forcément anti-écologistes, car le seul moyen d’être écologiste, c’est de reconnaître la Terre comme mère, comme lieu abritant la vie et la protégeant de par sa nature d’ensemble où tout est lié.

Les uns parleront par contre de Dieu, les autres de leur petit moi et de leurs « choix ». Jamais ils ne se sentiront liés à la défense d’un animal à l’autre bout de la planète, ou même d’une plante en bas de chez eux!

Les uns voient la mère comme celle qui est soumise au père, les autres abandonnent la notion de mère et de père. Dans tous les cas, la réalité naturelle leur échappera, car ils refuseront toujours de reconnaître les faits – au profit d’un « Dieu », au profit d’un « choix personnel ».

Culture : Memento mori (Hunters will be hunted)

Le groupe « Culture »

La Floride a connu une importante vague musicale de metalcore dans les années 1990, en particulier la ville de Miami, où la scène a été relativement importante, dans un climat de violence propre à la brutalité des grandes métropoles, en particulier aux États-Unis.

La culture vegan straight edge y a été significative, avec notamment le groupe ayant justement pris le nom de « Culture ». Il a eu une certaine influence, certains musiciens faisant une carrière musicale.

Le single « Deforestation »

Le groupe a sorti plusieurs albums, mais la chanson « memento mori » présente sur le single « Deforestation » sorti en 1996 a marqué les esprits. Nous la présentons ici, avec la musique et les paroles, ainsi que la reprise qui vient d’en être faite par le groupe xElegyx, également de Floride.

« Memento mori » signifie en latin «  souviens-toi que tu vas mourir ». Cette expression désigne tout un genre de peintures et de poèmes qui appellent à reconnaître la « vanité » de la vie.

Seule compterait la vie éternelle et donc il faut se tourner vers la religion, en abandonnant ses préoccupations « terrestres ».

La chanson renverse la perspective, puisqu’on retrouve le thème très classique dans la culture vegan straight edge des années 1990, celui de la rétribution. La violence des chasseurs doit être rétribué : « œil pour œil, dent pour dent » ; pour instaurer la justice, il faut écraser les oppresseurs en renversant la violence qu’ils assument contre les animaux.

Voici les paroles de « Memento mori », avec la musique de Culture, puis du groupe xElegyx. Suit la chanson « Hunters will be hunted », qui reprend les paroles clefs de la chanson, par le groupe Heaven Shall Burn.

Ce groupe, qui a eu un succès important, est constitué de vegans, tout en ayant certains musiciens invités uniquement végétariens, pratiquement tous sont également straight edge. Cependant, il ne s’est pas défini stricto sensu comme un groupe relevant de la démarche « vegan straight edge », comme par exemple Culture ou xElegyx.

Hunters will be hunted
Blood spilled for blood
In my mind
Your end is justified
Les chasseurs vont être chassés
Le sang répandu pour le sang
Dans mon esprit
Votre fin est justifiée

No exceptions
No acceptance
No forgiveness
Your merciless sport
Pas d’exceptions
Pas d’acceptation
Pas de pardon
Ton sport sans pitié

Blood spilled for blood
Your blood for their blood
Blood spilled for blood
In the name of recreation
Le sang répandu pour le sang
Ton sang pour leur sang
Le sang répandu pour le sang
Au nom du loisir

I deny
I deny it
Je refuse
Je le refuse

I’ve heard it said
That life is a series
Of trade-offs
J’ai entendu dire
Que la vie est une série
De compensation

Your life for theirs
Seems only fair
Your life for theirs
Seems only fair
Ta vie pour la leur
Cela semble tout à fait juste
Le sang répandu pour le sang

Blood spilled for blood
Le sang répandu pour le sang

Voici l’excellente reprise par xElegyx ; il s’agit de la seconde chanson dans le lecteur.

Voici la chanson du groupe Heaven Shall Burn « Hunters will be hunted », dont les paroles du début disent donc :

This is the end of all endurance
No mercy for assassins
Violence against violence
And hunters will be hunted
Until the slaughter ceased to be
C’est la fin du fait d’endurer
Pas de pitié pour les assassins
La violence contre la violence
Et les chasseurs seront chassés
Jusqu’à ce que le massacre ait cessé

L’architecture vue par les pigeons, par Basile Plumagile

Basile Plumagile est un pigeon qui voyage et décrit des constructions humaines marquantes.

Il raconte ainsi le Taj Mahal, la tour Eiffel, le Colisée à Rome, la Maison sur la cascade de Frank Lloyd Wright, Beaubourg à Paris, des bâtiments publics de Brasilia, l’opéra de Sydney, la Sagrada Familia de Barcelone, la muraille de Chine…

L’auteur réel, l’américaine Stella Gurney, est allé jusqu’au bout de son raisonnement : c’est justement Basile Plumagile qui est l’auteur officiel de cet ouvrage destiné aux enfants autour de sept ans.

L’oiseau se présente même comme envoyé officiellement par la maison d’éditions Phaidon pour son enquête et réaliser l’ouvrage (qui coûte 19,95 euros).

Tout l’esprit de l’oeuvre rejoint cette excellente mise en perspective, Basile expliquant de manière fort sympathique que les pigeons sont des « animaux intelligents et doux » et qu’il va justement le montrer en donnant aux hommes un petit cours d’architecture.

L’approche est ouvertement engagée et dans sa présentation, Basile Plumagile raconte même :

« J’espère te transmettre, au fil de notre périple, ma passion pour les monuments, et que tu saches qu’il y a plus à découvrir sur les pigeons que tu n’aurais pu l’imaginer, beaucoup plus… »

Voilà une démarche excellente et on a donc Basile qui survole au fur et à mesure des bâtiments, les présentant de manière détailléeà chaque fois, le tout avec des dessins bien amenés de la japonaise Natsko Seki.

Voici un exemple, avec le « Patchwork aux merveilles », nom que Basile donne à la cathédrale de Canterbury.

« Ce matin, je me suis envolé, ailes déployées, pour la côte sud-est de l’Angleterre.

Malgré ma tristesse de quitter ma chère Elsa et mes amis, j’avais hâte d’entamer mon voyage. Et quoi de plus beau pour commencer que la cathédrale de Canterbury ?

Tout l’intérêt d’une cathédrale, vois-tu, est de faire en sorte que les visiteurs soient émerveillés par la gloire des cieux, et effrayés par les horreurs de l’enfer.

Une cathédrale est en fait une immense machine médiévale à effets spéciaux, un peu comme lorsque la scène la plus incroyable d’un film en 3D te cloue à ton fauteuil, sauf qu’il s’agit ici de pierre et de vitraux.

J’ai aperçu de loin les hautes flèches ornementées de l’imposante cathédrale. En m’approchant au-dessus de la ville, profitant d’une brise aux senteurs marines, alors que le soleil se réfléchissait sur les immenses vitraux, un frisson d’impatience m’a traversé.

Commencée en 597, la cathédrale a été de nombreuses fois reconstruite et agrandie au fil des siècles et dans de nombreux styles différents.

L’archevêque de la cathédrale est le chef de l’Église d’Angleterre. Pendant des centaines d’années, ce statut a représenté un pouvoir équivalent à celui du roi.

Chaque nouvel archevêque a voulu ainsi laisser sa propre empreinte sur l’édifice pour marquer son territoire, un peu comme les chiens font leurs besoins sur les lampadaires, mais de façon bien plus élégante.

Des centaines de touristes se pressent toujours dans la cathédrale. En sautillant, j’ai réussi à franchir les anciennes portes en bois de l’entrée avant de me cacher sous un banc.

Ouah ! Impressionnant ! Je peux te dire que les effets spéciaux fonctionnent ! Il y a tant de belles choses à voir que je ne savais plus où regarder…

Dans la crypte, je me suis retrouvé face à un monstre hideux. Heureusement, ce n’était qu’une statue très réaliste, façonnée par des tailleurs de pierre du Moyen Âge pour que les croyants aient peur de l’enfer.

Quand j’ai vu un énorme lutrin (un pupitre pour poser les livres) de bronze en forme d’aigle prêt à s’envoler, mon sang n’a fait qu’un tour.

Épuisé par tant d’émotions, je suis sorti, chancelant, pour me reposer sur la tombe d’une certaine Mme Spurgeon. Cette cathédrale est d’une beauté à couper le souffle, et de combien d’édifices peut-on dire cela ? »

Comme on le voit, Basile donne son avis et il n’hésite pas à constater que de prime abord, il a trouvé Beaubourg et ses tuyauteries bien affreux…

Mais il apprécie l’endroit, pour une raison pratique montrant la subtilité pro-pigeons de l’auteur :

« Sur la place, les passants et les pigeons peuvent s’asseoir ou se promener alors que le reste du quartier est très construit. »

Dans l’image suivante, qui montre la Sagrada Familia de Barcelone, on voit les oiseaux qui sont posés sur le bâtiment de manière symbolique, en train de discuter avec Basile : une belle manière de défendre les pigeons et leur droit à vivre en ville.

Lorsque Basile est au Colisée, il n’oublie pas de mentionner les animaux massacrés :

« Fascinant !

Mais je suis partagé.

D’un côté j’admire la taille colossale du Colisée et sa beauté. (….)

Mais de l’autre, je n’arrive pas à croire ce qui s’y passait !

Rou !

Pendant cinq siècles, des spectateurs se sont réjouis en regardant des gens s’entre-tuer et des hommes mettre en pièces des lions, des tigres et des éléphants. »

On notera que d’une certaine manière, l’ouvrage est une allusion à la belle fable des deux pigeons, car après avoir voyagé il s’empresse de retourner chez sa compagne Elsa, tout comme le pigeon de la fable retourne chez sa compagne après s’être imaginé qu’il avait besoin de davantage de choses à voir…

La conclusion est, par ailleurs, admirable. La voici, elle est très belle et rien qu’elle mérite la large promotion de l’ouvrage.

« Si tu ne devais retenir qu’une chose, sache que l’architecture est faite pour toi, que les édifices sont faits pour que tu les utilises et les admires, et que ce que tu en penses est important.

Bien sûr, ce que tu penses des pigeons est tout aussi important. J’espère que ton opinion aura changé depuis notre première rencontre.

La prochaine fois que tu vois un pigeon, fais-lui un petit clin d’oeil : il te répondra sûrement d’un petit hochement de tête.

Je ne porte pas toujours mon chapeau, tu sais… »

C’est donc un très bel ouvrage, indéniablement à conseiller, à acheter, à offrir!




Norouz, le nouvel an persan

Le 21 juin, c’est l’arrivée du printemps et dans l’aire culturelle persane, cela est fêté de manière grandiose.

C’est une fête très ancienne (autour de trois mille ans), qui date bien entendu d’avant le triomphe du monothéisme.

L’origine du mot employé, Norouz, vient d’ailleurs d’une très vieille langue, l’avestique, les racines étant modifiées pour donner « no », « nouveau », et « rouz », le jour.

L’UNESCO a placé en 2006 cette fête sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En voici la présentation, qui souligne la célébration de la Nature, du renouveau de la vie.

Le Novruz, ou Nowrouz, Nooruz, Navruz, Nauroz, Nevruz, marque le nouvel an et le début du printemps dans une zone géographique très étendue, comprenant, entre autres, l’Azerbaïdjan, l’Inde, l’Iran, le Kirghizistan, le Pakistan, la Turquie et l’Ouzbékistan.

Il est fêté chaque 21 mars, date calculée et fixée à l’origine en fonction des études astronomiques.

Le Novruz est associé à des traditions locales diverses, par exemple l’évocation de Jamshid, roi mythologique d’Iran, à des nombreux récits et légendes.

Les rites qui l’accompagnent dépendent des lieux, depuis les sauts par-dessus les feux et les ruisseaux en Iran jusqu’aux marches sur la corde raide, le dépôt de bougies allumées à la porte de la maison, en passant par des jeux traditionnels, tels que des courses de chevaux ou la lutte traditionnelle pratiqués au Kirghizistan.

Chants et danses sont presque partout la règle, ainsi que des repas semi-sacrés familiaux ou publics.

Les enfants sont les premiers bénéficiaires des festivités et participent à nombre d’activités comme la décoration d’œufs durs.

Les femmes jouent un rôle central dans l’organisation et le déroulement du Novruz, ainsi que dans la transmission des traditions.

Le Novruz promeut des valeurs de paix, de solidarité entre les générations et au sein des familles, de réconciliation et de bon voisinage, contribuant à la diversité culturelle et à l’amitié entre les peuples et les différentes communautés

Ce dernier point est très important, car le Novruz est une fête concernant tout son entourage, comme l’UNESCO le souligne. Il y a une portée universelle, dans un rapport avec la Nature qui est assumé.

Une importante tradition propre à cette période veut que les individus se rassemblent autour d’une table, décorée d’objets qui symbolisent la pureté, la clarté, la vie et la richesse, pour partager un repas avec leurs proches.

Les participants portent à cette occasion de nouveaux vêtements et rendent visite à leurs parents, notamment à ceux qui sont âgés, et à leurs voisins.

Des cadeaux, surtout destinés aux enfants, sont échangés ; il s’agit généralement d’objets fabriqués par des artisans.

Le nawrouz inclut également des spectacles de musique et de danse donnés dans la rue, des rituels publics faisant intervenir l’eau et le feu, des sports traditionnels et la fabrication d’objets artisanaux.

La fête dure douze jours et la tradition veut que le 13ème, on aille pique-niquer ; c’est le sizdah, « passer le treizième jour à l’extérieur ». Les jeunes filles célibataires font même des noeuds dans le gazon, pour espérer être marié dans l’année.

On l’a compris, le printemps c’est le retour de la vie, de la fertilité. Aller pique-niquer collectivement, c’est un retour à la Nature, la végétation étant particulièrement valorisée dans la culture persane, historiquement pas du tout tourné vers les animaux par contre.

Voici la liste des éléments utilisés désormais pour cette fête en Iran, présentée par la revue de Téhéran, et qui tournent justement autour de la fertilité. Même la religion a dû céder devant la force de cette fête célébrant la vie…

La tradition principale de Norouz est la disposition des haft sin. Il s’agit de sept éléments dont le nom commence par la lettre « s » ou sin de l’alphabet persan.

On les dispose sur une nappe sur la table et ils y restent jusqu’au 13e jour après le nouvel an.

Le plus souvent, on décore la table avec d’autres objets tels que des œufs colorés (symbole de fertilité), des bougies (bonheur), des poissons rouges (vie), ainsi qu’avec le Coran, le Divân de Hâfez ou le Shâhnâmeh et un miroir.

Voici quelques objets avec lesquels les Iraniens décorent leur table de haft sin :

sabzeh – germe de blé ou lentille poussant dans un plat (symbole de la renaissance)

sir – ail (symbole de la médecine)

samanou – crème très sucrée faite avec des germes de blé (symbole de l’abondance)

senjed – fruit séché du jujubier (symbole de l’amour)

somâq – baies de sumac (symbole de la couleur du lever du soleil et santé)

sib – pomme (symbole de la beauté et bonne santé)

serkeh – vinaigre (symbole de l’âge et la patience)

sonbol – jacinthe (symbole de l’arrivée du printemps)

sekkeh – pièces de monnaie (symbole de la prospérité et de la fortune)

Voici une représentation idéalisée sur un mode conservateur de cette fête, dans une lecture moins festive. On peut y voir toutefois les éléments décrits pour le haft sin.

Voici une petite présentation en vidéo résumant le principe du norouz.

On notera également que la veille du dernier mercredi avant la fête de Norouz, il y a une fête appelée « Chaharshanbe suri », où les gens sautent au-dessus de feux improvisés.

Voici la présentation par le site Persiennes, afin de saisir le principe :

L’Iran connait les derniers jours de l’an 1394 du calendrier perse, et ce soir, le dernier mardi soir précédant Norooz (le nouvel an perse) c’est « Chaharshanbe suri  » ou, la Fête du Feu.

Un soir où l’Iran brille, dans la joie. Des feux sont allumés sur les places des villes, des feux d’artifice éclatent ça et là.

Le feu symbolisant l’espérance, un bonheur qui irradie la nouvelle année.

Un feu qu’on défie, en sautant au dessus de brasiers et en récitant la phrase traditionnelle : « Zardie man az to, Sorkhie to az man » signifiant « je te donne ma couleur jaune, tu me donnes ta couleur rouge ».

Confier ainsi sa pâleur, sa fatigue et prendre toute la bonne énergie du feu qui crépite, pour une nouvelle année pleine de force.

C’est une fête populaire avec des pétards, des feux d’artifice, des sucreries qui sont données : l’Adjilé Moshkel Gosha (un mélange de noisettes, de noix de cajou, de noix, de pistaches, de raisins secs et de mûres blanches séchées). Il y a de grandes variations selon les régions, avec d’autres traditions s’y ajoutant.

Concluons justement avec une histoire, pas du tout végane malheureusement malgré son culte de la vie, qui est une version kurde d’une légende persane, racontée notamment dans le fameux Livre des Rois de Ferdowsi.

Ici Zahak devient Dehak et Kaveh devient Kawa, mais la particularité surtout est que cette histoire est précisément ce qui est célébrée dans l’équivalent kurde du Norouz, le Newroz.

Il y a bien longtemps, entre les deux grands fleuves du Tigre et de l’Euphrate, était une terre appelée Mésopotamie.

Au-dessus d’une petite ville dans la montagnes de Zagros, était un énorme château de pierre avec des grandes tourelles et de hauts murs foncés.

A l’intérieur de ce château, vivait un roi cruel nommé Dehak. Ses armées terrorisaient toutes les personnes vivant sur ses terres.

Tous les rois précédents avaient été bons et avaient encouragé le peuple à irriguer la terre et à maintenir leurs champs fertiles.

C’est pendant le règne du roi appelé Djamshid que les choses ont commencé à changer. De part ses actions, il a perdu la faveur de son peuple. Un esprit du mal appelé Ahriman, saisi cette chance, choisi Dehak pour succéder au trône et tue Djamshid.

Le mauvais esprit, déguisé en cuisinier, alimentait Dehak avec le sang et la chair des animaux. Un jour Dehak l’a complimenté sur ses plats de viande . Il l’a remercié et a demandé de lui embrasser ses épaules. Ce que Dehak accepta.

A ce moment là, deux serpents noirs géants sont apparus sur ses épaules. Dehak fut terrifié et a tout essayé pour s’en débarrasser. Lorsqu’il les coupaient, ils réapparaissaient aussitôt.

Ahriman (le mal) déguisé en tant que médecin et a indiqué à Dehak qu’il ne pourrait jamais se débarrasser des serpents ; et que, quand ils auront faim, ils devraient être nourris de cerveaux de jeunes garçons et filles.

Depuis ce jour noir, tous les jours, deux enfants étaient choisis parmi les villes et les villages autour du château. Leurs cerveaux ont été placés aux portes de château et placés dans un grand seau en bois et donnés au serpents.

Depuis ce jour, le soleil a refusé de briller. Les récoltes, les arbres et les fleurs se sont défraîchis. Les pastèques géantes qui s’étaient développées là pendant des siècles se sont décomposées. Les paons et les perdrix qui avaient l’habitude de se pavaner autour des arbres géants de grenades étaient partis.

Près de ce château, vivait un forgeron. Son nom était Kawa. Dehak avait déjà pris 16 de leurs 17 enfants.

Un jour l’ordre est venu du château que la dernière fille de Kawa devait être tuée et son cerveau apporté à la porte de château dès le jour suivant.

Kawa a réfléchi toute la nuit comment sauver sa dernière fille des serpents de Dehak.

Il a eu une idée… Le matin suivant il est monté sur son cheval, tirant lentement le chariot avec les deux seaux en métal pour les emmener jusqu’au château.

La porte du château s’ouvrit, et deux gardes ont pris les seaux et les ont ramenés dans le château. Les cerveaux ont été donnés aux deux serpents affamés.

Quand Kawa est revenu à la maison il a trouvé son épouse se mettre à genoux devant un feu de bois et pleurait. Il s’est mis également à genoux et a doucement soulevé son grand manteau de velours. Sous ce manteau, y avait leur fille.

Au lieu de sacrifier sa propre fille, Kawa avait sacrifié un mouton et avait mis le cerveau du mouton dans le seau en bois. Et personne n’avait rien remarqué.

Bientôt, tous les citadins ont entendu parler de ce stratagème.

Ainsi, à chaque fois que Dehak exigeait un sacrifice d’enfant, ils ont tous fait la même chose. Ainsi, des centaines d’enfants ont été sauvés.

Ils se sont tous réfugiés dans la montagne de Zagros, là où personne ne pourrait les retrouver. Ils ont appris comment survivre avec leurs propres moyens. Ils ont appris comment monter les chevaux sauvages, comment chasser, pêcher, chanter et danser.

Kawa leur a également appris à se battre pour un jour en finir avec ce roi tyran. Le temps s’est écoulé, et l’armée de Kawa était prête à commencer leur marche vers le château. Ils ont rapidement maîtrisé les hommes de Dehak et kawa a coupé la tête de ce méchant roi.

Il est alors monté tout en haut de la montagne, a allumé un grand feu pour dire aux habitants de la Mésopotamie qu’ils étaient libres.

Sur ce, des centaines de feux ont été allumées pour faire circuler le message. Les flammes se sont élevées haut dans le ciel. L’obscurité avait disparue.

Les fleurs ont lentement commencé à s’ouvrir. Les pastèques ont se sont développées, comme elles l’avaient fait pendant des siècles auparavant. Les aigles sont revenus et ont volé parmi les crêtes de la montagne.

Les feux ont brûlé de plus en plus haut. Le peuple a chanté et dansé au son des tambours en cercle autour des ces feux. Maintenant ils étaient libres.

Interview de xREIGNx à l’occasion de leur demo

A l’occasion de la sortie de leur demo, voici une interview du groupe américain xREIGNx de San Diego, qui pratique une musique résolument dans l’esprit de la scène vegan straight edge des années 1990.

Accompagnant cette interview, nous présentons les paroles des chansons de la demo, avec leurs traductions.

1.Peux-tu présenter le groupe, comment il s’est fondé comme projet et quel est son identité ?

Matt A est au chant, Matt L joue de la basse, Justin est le batteur et Rex est le guitariste. Chacun d’entre nous voulait depuis longtemps être dans un groupe de musique vegan straight edge militant ; en fait, c’était le seul projet dans lequel nous étions tous prêt à nous investir.

Nous sommes tous xVx depuis des années. Certains d’entre nous se sont rapprochés de l’idée d’un groupe pendant plusieurs années, mais n’ont jamais mis l’énergie pour réaliser cela.

Maintenant que c’est réel, cela m’a personnellement ouvert les yeux sur la nouvelle génération vegan straight edge, qui est mondiale. C’est rafraîchissant à voir.

J’espère que cela continuera jusqu’à constituer un élan. Peut-être que des jeunes écoutant du hardcore standard peuvent être introduits au véganisme et au straight edge, puis espérons-le aller plus loin et commencer à remettre en cause les institutions.

Si cela ne se produit pas, nous espérons au moins avoir fait une contribution positive à la lignée hardcore vegan straight edge.

2. Votre choix musical est vraiment portée sur le punk hardcore, avec l’objectif clair d’exprimer une certaine attitude rebelle à contre-courant. Quelles sont vos sources d’inspiration, pour la musique et les paroles ?

Nous sommes massivement influencés par la scène locale en Californie du sud. L’époque du label New Eden Records : Tears of Gaia, Purified in Blood, 7 Generations (demo) était très bien ; Excessive Force, Adamantium.

Nous avons grandi en allant au Che Cafe à San Diego [un lieu alternatif de réunions et de concerts, sans alcool], pour voir des groupes comme Find him and kill him, Over my dead body et Tamora. Nueva Etica est un de nos favoris, ils détruisent tout et représente bien l’Amérique du Sud. Purification, Undying, Day of suffering… Tous les grands groupes xVx.

3. Parle nous du symbole Θ que vous avez choisi, comme beaucoup de gens vegan straight edge. Comment le comprenez-vous ?

C’est le symbole de l’écologie. Il a été dessiné dans les années 1960 et a été utilisé par de nombreuses organisations environnementalistes (y compris des groupes hardcore vegan).

Évidemment, l’un des arguments pour le véganisme est son impact environnemental bien moins grand que celui des fermes-usines conventionnelles.

Le symbole de l’écologie a été utilisé pour représenter l’Ordre Naturel / la Loi Naturelle.

La philosophie de l’écologie profonde reconnaît la valeur intrinsèque à toute vie et souligne la coexistence vis-à-vis de l’exploitation.

La libération de la Terre, la libération animale, la libération humaine, tout cela doit commencer avec ce principe comme noyau.

4. Comment voyez-vous la situation actuelle dans le monde pour le mouvement vegan straight edge ?

Nous ne sommes pas certains de pouvoir évaluer cela de manière adéquate, mais à mon avis il y a l’espoir que la communauté xVx à travers le monde grandira et ne se limitera pas à des thèmes politiques précis.

Il s’agit de s’étendre et de coopérer avec d’autres mouvements et communautés. Et vu comment le véganisme commercial largement s’est largement répandu ces quinze dernières années, espérons que les gens resteront dans la course et auront moins d’excuses pour capituler.

5. En France, beaucoup de gens ont été choqués par la décision de Donald Trump de rejeter les accords de Paris sur le climat. Quelle est la situation des gens conscients aux États-Unis ?

Les surprises de Trump ne viennent pas comme des surprises, c’est tout son mode opératoire en fait. Les Etats-Unis ont connu une grande polarisation de par son élection.

C’est une honte que les blancs de la classe ouvrière ont été – de nouveau – trompés, en croyant que les hommes blancs riches se préoccupent tout, en présentent des boucs-émissaires.

Il semble qu’une série d’événements similaires se soient déroulés au Royaume-Uni, juste en ce moment. Personnellement je ne m’occupe pas vraiment de la politique en général ou de la politique du pays en-dehors d’un cycle électoral. Les élections au niveau de l’État et les municipales semblent plus concrètes, le changement, s’il y en a, a plus de chances d’être vu ou ressenti.

Voici les paroles des chansons de la demo, dans leur ordre sur celle-ci.

Voici les paroles de la chanson « Upper Echelon« , « Échelon supérieur ».

Life reduced to resource
Bled dry for capital
La vie réduite à une ressource
Saignée pour le capital

Week after week. check to check.
never gaining ground. we create.
They dictate,
and we’re extorted for their fucking privilege
Semaine après semaine. Echec apès échec.
Ne gagnant jamais de terrain. Nous créons.
Ils dictent,
et nous sommes extorqué pour leur saleté de privilège

Socialize the burden while concentrating wealth
Power won’t be granted
Power must be seized
Socialiser le fardeau pendant que se concentre la richesse
Le pouvoir ne sera pas accordé
Le pouvoir doit être saisi

The enemy won’t capitulate to ever meet our needs
Speaking truth to power never changed a thing
Les ennemis ne se résoudront jamais à répondre à nos besoins
Dire la vérité au pouvoir n’a jamais rien changé

For those who dare to organize
They’ll “make the economy scream”
Power won’t be granted
Power must be seized
Pour ceux qui osent s’organiser
Ils vont faire « hurler l’économie »
[« make the economy scream » est le titre d’un documentaire sur le rôle de Nixon et de la CIA dans le coup d’Etat de Pinochet au Chili]
Le pouvoir ne sera pas accordé
Le pouvoir doit être saisi

Speaking truth to the enemy won’t change a thing
They take relentlessly until there’s nothing left
Pummel unrepentant abusers into the ground
Dire la vérité à l’ennemi n’a jamais rien changé
Ils accaparent implacablement jusqu’à ce qu’il ne reste rien
Frapper les agresseurs impénitent à terre.

Voici les paroles de la chanson « Complicit« , « Complice ».

When the excuse of ignorance has run its course
You can comfort yourself with the affirmation:
“that’s just the way the world is”
if not by your hands then by those of another.
So why waste the effort?
Lorsque l’excuse de l’ignorance a fait son temps
Vous pouvez vous réconfortez en vous disant :
« C’est comme ça que le monde marche »
Si ce n’est de vos mains alors de celles d’un autre
Alors pourquoi faire des efforts inutiles ?

Complacent means complicit
La complaisance signifie la complicité

Idle hands still assist in the wringing of necks
Unmoving feet still weigh heavy on the backs of the oppressed
Your own passive acceptance reinforces the notion that this cruelty is
An unfortunate necessity
Les mains paresseuses prêtent secours au tordage de cous
Les pieds immobiles pèsent lourd sur le dos des opprimés
Votre propre acceptation passive renforce l’idée que cette cruauté est
Une malheureuse nécessité

And so bloodshed continues
Factories remain rooted
Torture and slaughter, unchallenged
Et ainsi l’effusion de sang se poursuit
Les usines continuent à être soutenu
La torture et le massacre, incontestés

Complacent means complicit
La complaisance signifie la complicité

Spectator. Consumer. Killer
Spectateur. Consommateur. Tueur.

Voici les paroles de la chanson « No absolution« , « Pas de pardon ».

You’re no keeper of peace, but a protector of cutthroat suppression
Belligerant arm of the law
An enemy lurking in plain sight
You’re no savior, but a terrorist with a lust for control and domination
Tu n’es pas un gardien de la paix, mais un protecteur d’assassinats
Le bras belligérant de la loi
Un ennemi qui se cache à vue
Tu n’est pas un sauveur, mais un terroriste avec un désir pour le contrôle et la domination

Predicated on a falsehood of protection
Cultivating subservience through violence and fear
Fuck you, motherfucker
Fondé sur un mensonge de protection
Cultivant l’asservissement par la violence et la peur
Je t’emmerde, ordure

Power-hungry, gun-wielding fascist
Obedient servant one directive away from brutality
Fasciste brandissant une arme, assoiffé de pouvoir
Serviteur docile toujours prêt à la brutalité

Demanding of respect and admiration
You’ve earned nothing but contempt
I reject your lie. i reject your power
Recherchant le respect et l’admiration
Tu ne mérite rien d’autre que le mépris
Je rejette ton mensonge. Je rejette ton pouvoir.

I long for the day your dominion crumbles
A day of retribution for those you’ve made to suffer
J’attends impatiemment le jour où ta domination s’écroulera
Un jour de réctribution pour ceux que tu as fait souffrir

No sympathy
No understanding
No absolution for a single one of you
Pas de sympathie
Pas de compréhension
Pas de pardon pour un seul d’entre vous

Voici les paroles de la chanson « Proclamation » .

I refuse to surrender to comfort and docile conformity
Je refuse de me soumettre au confort et à la conformité docile

Social engineering. normalized violence.
profits prioritized over personal and collective well-being.
L’ingénierie sociale. La violence normalisée.
Les profits prioritaires sur le bien-être personnel et collectif.

It’s more than a personal choice
or some pious notion of purity
This is my uncompromising stance
An adamant opposition to your tradition of enslavement
C’est davantage qu’un choix personnel
ou qu’une notion pieuse de pureté
C’est mon point de vue intransigeant
Une opposition inflexible à votre tradition d’asservissement

I deny you validation.
I deny you my life
Je vous dénie toute validité.
Je vous dénie ma vie.

I don’t want escape.
i don’t want pacification.
i want to burn your whole fucking world down.
burn it down
Je ne veux pas m’échapper.
Je ne veux pas de pacification.
Je veux brûler jusqu’aux fondations votre horrible monde.
Le brûler jusqu’aux fondations.

Straight edge
Straight edge

To you it’s a joke.
you wait for the day i fall
and give in to the misery and consumption
that suffocates life
Pour toi c’est une plaisanterie
tu attends le jour où je tombe
Et où je plonge dans la détresse et la consommation
qui fait suffoquer la vie

But i could never sell out
that which means so much to me
I will never break
Mais je ne pourrai jamais trahir
ce qui signifie tellement pour moi
Je ne capitulerai jamais

I will never break
We will never break
Je ne capitulerai jamais
Nous ne capitulerons jamais

xReignx : Proclamation

Voici les paroles d’un groupe américain de San Diego, xReignx. La chanson s’intitule « Proclamation » et formule le refus de capituler, de maintenir le cap de la morale vegan straight edge.

Il s’agit ici de la quatrième chanson.

I refuse to surrender to comfort and docile conformity
Je refuse de me soumettre au confort et à la conformité docile

Social engineering. normalized violence.
profits prioritized over personal and collective well-being.
L’ingénierie sociale. La violence normalisée.
Les profits prioritaires sur le bien-être personnel et collectif.

It’s more than a personal choice
or some pious notion of purity
This is my uncompromising stance
An adamant opposition to your tradition of enslavement
C’est davantage qu’un choix personnel
ou qu’une notion pieuse de pureté

C’est mon point de vue intransigeant
Une opposition inflexible à votre tradition d’asservissement

I deny you validation.
I deny you my life
Je vous dénie toute validité.
Je vous dénie ma vie.

I don’t want escape.
i don’t want pacification.
i want to burn your whole fucking world down.
burn it down
Je ne veux pas m’échapper.
Je ne veux pas de pacification.
Je veux brûler jusqu’aux fondations votre horrible monde.
Le brûler jusqu’aux fondations.

Straight edge
Straight edge

To you it’s a joke.
you wait for the day i fall
and give in to the misery and consumption
that suffocates life
Pour toi c’est une plaisanterie
tu attends le jour où je tombe
Et où je plonge dans la détresse et la consommation
qui fait suffoquer la vie

But i could never sell out
that which means so much to me
I will never break
Mais je ne pourrai jamais trahir
ce qui signifie tellement pour moi
Je ne capitulerai jamais

I will never break
We will never break
Je ne capitulerai jamais
Nous ne capitulerons jamais

Des élections législatives sans lisibilité du côté écologiste

Les élections législatives se sont déroulées hier et il est arrivé une chose assez étrange : nous avons reçu de très nombreux mails à ce sujet.

Des gens, des journalistes, des institutions mêmes, nous ont pris pour tel ou tel parti politique se revendiquant de l’écologie.

Tel électeur dit avoir voté mais attend plus, telle électrice demande pourquoi il n’y avait pas de bulletin dans l’enveloppe qu’elle a reçu, telle autre s’étonne de l’absence de candidat.

Tel journaliste d’une grande chaîne de télévision demande une photo de tel candidat, telle chambre de commerce et d’industrie propose d’envoyer une plaquette à tous les candidats, tel quotidien régional de grande importance demande les coordonnées de tel candidat (il y a plusieurs cas).

Il y a même eu une société s’occupant, selon ce qu’elle dit, de la mise sous enveloppe des circulaires et bulletins de vote pour les élections législatives….

Le fait de recevoir des mails étranges n’est pas nouveau : LTD est très lu et de ce fait, il y a aussi beaucoup de gens lisant de travers. Cela est même allé jusqu’à quelqu’un proposant de rejoindre un collectif « écologiste » du Front National : en fait, il y a un article qui critiquait ce collectif, et la personne a mal lu… ne l’a pas vraiment lu… C’est difficile à dire.

Mais apparemment il en va de même pour les journalistes. En fait, c’est aussi un problème de lisibilité, beaucoup de gens ne percevant pas trop ce qu’est LTD. Un courant d’idées, un groupe, des gens en réseaux, un média donnant un point de vue quotidien, un activisme culturel, un centre de références pour des gens « vénérant » la Nature ?

C’est sans nul doute un peu de tout cela et cela pose problème à des gens habitués à une perspective très utilitaire, que ce soit avec des associations (où les dirigeants aiment particulièrement à se mettre en avant, même si c’est une coquille vide parfois) ou des petits partis politiques.

Si d’ailleurs ceux-ci se présentent, c’est pour une raison simple : s’il y a des candidats ayant obtenu chacun au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions, cela donne alors 1,42 euros par voix obtenue chaque année d’ici les prochaines élections.

Francetvinfo cite ici un spécialiste de la question soulignant ce qui en découle :

« Pour René Dosière, spécialiste du financement des partis, ces détournements sont « faciles ». « Dans ma circonscription – 70 000 électeurs et 40% d’abstention en général – 1% ça fait 420 voix. Si vous avez un nom correct, que vous mettez en avant la nature, la protection des animaux, etc, 400 voix ce n’est pas compliqué à obtenir », estime-t-il sur franceinfo, dénonçant une porte ouverte à « la tricherie et à l’escroquerie vis à vis des fonds publics ». »

Or, c’est évidemment impossible à prouver. N’importe qui peut se cacher derrière une sincérité apparente…

Après, on est libre de trouver certaines approches ridicules et peu sérieuses. Quand une candidate, comme le raconte la Montagne, investit 13 euros dans sa campagne électorale, c’est vraiment qu’elle sert de faire-valoir et ne compte avoir aucune influence…

Cette candidate creusoise de 48 ans ne fait pas partie  des « notables ».  Et pour cause : la candidate de l’Alliance écologique indépendante est actuellement demandeuse d’emploi : « J’ai dû cesser mon activité de commerçante en produits bio. J’étais en auto-entreprise et j’ai fini avec un bilan négatif. Je me retrouve avec des dettes et au RSA », explique  cette habitante de Saint-Saint-Sébastien.

Cécile Pinault  espère se reconvertir et  va suivre des formations, mais sa situation  matériellement précaire ne lui fait pas renoncer à la défense de ses idées. Installée en Creuse depuis 2010, elle a connu à Nice  Jean-Marc Governatori,  qui a su la convaincre. Ce chef d’entreprise niçois  a lancé plusieurs micro-partis et alliances, principalement d’inspiration écologique, depuis 1997 :  les résultats électoraux de ces formations sont restés confidentiels lors des différentes échéances électorales nationales ( sauf lors des dernières élections régionales en PACA).  Cela dit, l’ Alliance écologique indépendante se maintient sur la durée.

Cécile Pinault était déjà suppléante pour ce parti en Creuse en 2012 : avec le titulaire, Felix Crespo, ils avaient glané 363 voix ( 0,6%).

Avec un certain fatalisme teinté  d’humour , la candidate annonce qu’elle a investi davantage cette année dans la campagne  : « En 2012, j’avais collé mes affiches sur les panneaux électoraux avec un rouleau d’adhésif, cette fois-ci, j’ai acheté un pinceau et de la colle » Ses frais de campagne ne sont pas trop durs à chiffrer : « 8 euros pour la colle, 5 euros pour le pinceau ».

Cette candidate super sobre et qui applique en quelque sorte les principes de la  « décroissance »  à la politique ne va pas se ruiner non plus en carburant : « L’alliance écologique indépendante ne m’a envoyé qu’une quinzaine d’affiches. Je les ai collées sur ma commune, Saint-Sébastien, à la Souterraine, Dun-le-Palestel et Guéret ».

Ou bien, lorsque le « parti animaliste » utilise un chat sur son affiche, on voit bien qu’il s’agit de jouer sur les émotions, de manière éminemment grossière… Le minou est sympa, allez on vote pour lui: telle est la réaction attendue.

C’est le problème avec l’écologie et la défense des animaux. Il y a eaucoup d’émotion, aucune perspective sociale, énormément de sincérité, mais des éléments hyper-carriéristes…

Et comme la situation est dramatique, il y a beaucoup de tension, de nervosité, et il est facile pour les hyper-carriéristes de s’imposer en présentant apporter des solutions, une perspective, etc.

De plus, tout le monde aime la Nature et les animaux : c’est l’avantage et le désavantage, et pour l’instant c’est ce dernier aspect qui l’emporte, car cela bloque la bataille du contenu.

Et cela dessert la cause, car sans changement de fond en comble, les animaux resteront forcément victimes de l’exploitation animale, la Nature sera forcément victime de la course au profit…

Ce qu’il faut, c’est une morale stricte, une culture entièrement tournée vers la Nature, un engagement à toutes épreuves.

Taxi Driver et sa vision des bas-fonds la nuit

Le film « Taxi Driver » est un film de Martin Scorsese, sorti en 1976, qui a comme particularité d’être très dérangeant. Palme d’or du Festival de Cannes, il présente la vie de Travis Bickle (joué par Robert de Niro), un conducteur de taxi roulant la nuit à New York.

Révolté par le crime régnant dans les bas-fonds, tout en cherchant un sens à sa vie, il dresse un panorama apocalyptique d’une vie quotidienne contaminée par des choses ignobles et tente d’arracher une jeune fille de 12 ans à la prostitution.

Le film est très célèbre et en France le film « La haine » reprend directement l’un des passages, celui où devant le miroir un protagoniste s’entraîne à réagir violemment (« C’est à moi que tu parles? Non mais c’est à moi que tu parles? »).

Mais il y a un autre passage tout aussi célèbre, où le conducteur de taxi roule et regarde les gens dans les bas-fonds. Voici les paroles, la traduction et l’extrait du film, avec son atmosphère étouffante.

Les paroles :

All the animals come out at night – whores, skunk pussies, buggers, queens, fairies, dopers, junkies, sick, venal.

Someday a real rain will come and wash all this scum off the streets.

La traduction :

Il y a toute une faune qui sort la nuit : putes, chattes en chaleur, enculés, folles, pédés, pourvoyeurs, camés, le vice, la vénalité.

Un jour viendra où une vraie pluie lavera les rues de toute cette racaille.

L’extrait :

Lorsque Earth Crisis sort sa première demo en 1993, ce passage est directement repris dans l’introduction de la chanson « Firestorm », qui appelle à reprendre de manière violente la rue face aux mafias, par une « tempête de feu ».

Vu en France alors, cela pouvait sembler très lointain et typiquement américain, avec comme on le sait les gangs occupant de vrais territoires, gangrenant la société, etc.

Mais la France n’a pas échappé à l’américanisation de la société, non pas au sens culturel, mais au sens de l’effondrement des acquis sociaux et le règne toujours plus grand de la débrouille qui s’ensuit.

Peut-on changer les choses si des pans entiers de la société échappent aux choix sociaux, culturels ou politiques ? Qu’on pense à l’Italie où la mafia a bloqué le sud dans son développement et dont les crimes contaminent toujours plus le reste du pays, depuis que dans les années 1960 la mafia est devenue une structure moderne, une vraie place-forte financière.

Un ouvrage vient d’ailleurs de sortir :  «l’Empire de l’or rouge : Enquête mondiale sur la tomate d’industrie», de Jean-Baptiste Malet.

On y apprend comment la mafia contrôle l’industrie de la tomate, important massivement des tomates (y compris non franîches) pour remaquiller le tout en produits « made in Italy », pour un chiffre d’affaires annuels de plus de 15 milliards d’euros…

On peut bien sûr romancer les bas-fonds et s’imaginer que les gens vivant dans la marginalité liée au crime sont « libres », parce qu’ils sont amoraux. Mais la morale n’est pas réductible à un choix individuel, elle est une valeur indiscutable, universelle.

Ce serait une erreur de croire qu’on peut changer le monde sans se confronter à des comportements criminels, à l’éloge de la vénalité, de la débrouille individuelle, du mépris des autres…

Bien sûr, cela veut dire défendre une utopie et non pas sombrer dans une aventure existentielle comme le protagoniste de Taxi Driver.

Mais que se passe-t-il si on n’est pas à la hauteur? Eh bien les fachos arrivent comme des « justiciers »…

« La Nature, cette force suprême, continue son oeuvre créatrice et réparatrice… »

Puisque nous parlions de Diderot hier, plongeons une nouvelle fois dans le passé.

Nous sommes à l’été 1897 et dans la revue « L’État Naturel et la part du prolétaire dans la civilisation », le militant « naturien » Émile Gravelle publie un long article, dont voici la fin.

Il s’agit d’une tentative de voir différemment le rapport entre l’humanité et la Nature…

La prostitution n’existe pas à l’Etat Naturel

La femme ayant, de même que l’homme, la jouissance complète des biens de la terre, possède donc la même indépendance matérielle et n’obéit qu’ à ses impulsions.

Sitôt nubile, elle subit la loi toute naturelle d’attraction, et si elle se livre à l’homme, ce n’est que sous la poussée des désirs qui incitent à l’acte de génération.

La cause principale de la prostitution dans les pays civilisés, c’est-à-dire en progrès, c’est la misère, le dénuement absolu des choses impérieusement nécessaires comme la nourriture et l’abri.

Elle se produit parfois aussi, mais le cas est moins fréquent, par convoitise des choses de luxe créées artificiellement, telles que toilettes, parures, dignités sociales (!), dont la valeur fictive consiste en leur rareté ( ce qui implique que ne pouvant être mises à la disposition de tous, elles détermineront toujours le sentiment de l’envie).

Toujours hypocrite et menteuse, la Société civilisée (bizarre réunion d’associés, les uns gavés, les autres indigents), la Société, ne voulant point se reconnaître coupable envers la catégorie des prostituées par misère, leur impute des penchants à la luxure, et, complaisamment, les a dénommées : folles de leurs corps ou filles de joie.

Filles de joie, les malheureuses ! Allez leur demander quelles sont les joies du trafic qu’elles opèrent, elles vous répondront que la première est de ne plus sentir la faim.

Mais à l’état naturel, la misère n’existant pas, la prostitution ne peut avoir lieu de ce chef. On a cité dans les relations de voyages aux pays non-civilisés l’exemple de femmes indigènes se livrant aux visiteurs pour la possession d’objets inconnus : rubans, bijoux, colliers de verroterie.

Si cela est exact, c’est la meilleure démonstration de l’influence corruptrice de l’artificiel, et ces femmes ne se fussent pas prostituées pour l’acquisition de choses naturelles, en ayant suffisamment et gratuitement à leur disposition.

L’Humanité recherche le bonheur c’est-à-dire l’Harmonie.

L’être humain si parfaitement constitué et si bien satisfait dans ses besoins par la prodigalité de la terre exempt de soucis matériels, n’a d’aspirations que vers la joie.

Et il peut la désirer avec l’assurance de la posséder et de la ressentir constamment s’il ne s’écarte du milieu favorable ou la Nature l’a placé.

Il peut maintenant constater ce qu’il lui en coûte d’avoir voulu corriger l’oeuvre de sa Productrice et par le seul déboisement du sol, d’avoir compromis l’ordre établi par de longs siècles de formation.

Ayant déréglé le régime de l’air et des eaux, il revoit le chaos initial, l’eau se mélange de nouveau à la terre par l’inondation fréquente et l’éboulement des montagnes ; son être, son corps, déplacé de sa situation normale, quoiqu’encore animé de fluide vital, se décompose, et sa chair tuméfiée et suintante expulse, reconstituées, les substances minérales originelles.

Mais le mal n’est pas irréparable, car la Nature, cette force suprême, continue son oeuvre créatrice et réparatrice ; et la terre reprendrait vite son merveilleux si l’homme voulait bien reconnaître sa présomption et cesser de contrarier l’allure régulière de sa production.

L’Harmonie pour l’Humanité réside en la Nature.

Elle apparaît partout cette harmonie ; dans la division des continents et des mers, dans la disposition topographique du sol, dans les hautes montagnes dont les glaciers, ces réservoirs naturels, alimentent d’eau en été les plus grands fleuves ; dans les collines et les vallons donnant côte à côte et dans la même région des productions différentes ; dans les arbres géants qui sont la protection de l’abondance du sol et êtres qui en jouissent.

Elle apparaît dans la diversité des formes, des couleurs, des parfums et des sons et dans la disposition des organes de notre corps qui nous permettent de les percevoir.

Elle est bien la condition de la vie humaine. Que dans la faune et la flore, le fort dévore ou écrase le faible, qu’importe, si le résultat est au bénéfice de l’homme.

Ce n’est pas l’instant de faire du sentiment, à l’égard des plantes et des animaux ; ayons-en d’abord pour nous-mêmes. Qu’il suffise de constater que nous, êtres privilégiés, n’avons nullement besoin de dévorer notre semblable pour vivre et qu’il est possible d’atteindre un résultat heureux : la suppression de nos souffrances.

« Nous suivons le pur instinct de la nature »

Le véganisme ne doit pas être le point d’arrivée, mais le point de départ ; la misanthropie n’a aucun sens et ne fait qu’utiliser les animaux pour développer un discours pessimiste et fataliste, une protestation vaine et symbolique.

Il faut au contraire partir du fait que l’humanité est bonne, qu’il faut donc l’aider à bien s’orienter. Voici justement un extrait du grand classique de Diderot, le Supplément au voyage de Bougainville.

Les méfaits des valeurs erronées de la civilisation sont dénoncés par Diderot à travers la bouche d’un vieux Tahitien…

Il s’agit de vivre suivant la Nature, de ne pas courir derrière des absurdités ; le Tahitien rejette ceux qui veulent le corrompre lui et les siens : « Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques »…

« Au départ deBougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, etpleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sévère, et dit :

« Pleurez, malheureux Taïtiens ! pleurez ; mais que ce soit de l’arrivée, etnon du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous lesconnaîtrez mieux.

Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyezattaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté decelui-là, dans l’autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux.

Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne laverrai point.

Taïtiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner leconseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. »

Puis s’adressant à Bougainville, il ajouta : « Et toi, chef des brigands quit’obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive : nous sommesinnocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur.

Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tenté d’effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien.

Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous ; et tu es venu allumer en elles desfureurs inconnues.

Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgéspour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommeslibres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage.

Tu n’es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc, pour faire desesclaves ? Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes-Là, dis-nous àtous, comme tu me l’as dit à moi, ce qu’ils ont écrit sur cette lame de métal : Ce pays est à nous.

Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis lepied ? Si un Taïtien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât sur une devos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres : Ce pays appartient auxhabitants de Taïti, qu’en penserais-tu ?

Tu es le plus fort ! Et qu’est-ce que cela fait ? Lorsqu’on t’a enlevé une des méprisables bagatelles dont tonbâtiment est rempli, tu t’es récrié, tu t’es vengé ; et dans le même instant tu asprojeté au fond de ton cœur le vol de toute une contrée !

Tu n’es pas esclave : tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, et tu veux nous asservir ! Tu croisdonc que le Taïtien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ?

Celui dont tuveux t’emparer comme de la brute, le Taïtien est ton frère. Vous êtes deuxenfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ?

Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé tonvaisseau ? t’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi.

Laisse-nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons.

Sommes-nous dignes de mépris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis ?

Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter, lorsqu’ils n’auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires.

Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières, la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos.

Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques.

Regarde ces hommes ; vois comme ils sont droits, sains et robustes Regarde ces femmes ; vois comme elles sont droites, saines, fraîches et belles.

Prends cet arc, c’est le mien ; appelle à ton aide un, deux, trois, quatre de tes camarades, et tâchez de le tendre. Je le tends moi seul ; je laboure la terre ; je grimpe la montagne ; je perce la forêt ; je parcours une lieue de la plaine en moins d’une heure.

Tes jeunes compagnons ont eu peine à me suivre, et j’ai quatre-vingt-dix ans passés. Malheur à cette île ! malheur aux Taïtiens présents, et à tous les Taïtiens à venir, du jour où tu nous as visités !

Nous ne connaissions qu’une maladie, celle à laquelle l’homme, l’animal et la plante ont été condamnés, la vieillesse, et tu nous en as apporté une autre ; tu as infecté notre sang. »

xDestroy Babylonx – Destroy Babylon

Voici une chanson « classique » de la culture vegan straight edge. xDestroy Babylonx signe ici en 2008 une chanson éponyme qui tente de synthétiser la profondeur de l’engagement total qu’implique l’approche vegan straight edge.

Il n’y aura pas de compromis, pas de corruption : l’engagement dans la bataille est complet et implique chaque fibre de son être.

La bataille pour la Nature grandit chaque jour et la tempête de la libération animale est inévitable. Toutes les infâmies seront balayées!

The French Revolution — what was it based on?
The landless against the landlord.
What was it for? Land.
How did they get it? Bloodshed.
La révolution française – quel était son fondement ?
Les sans-terres contre les propriétaires terriens.
Quel était son but ? La terre.
Comment l’ont-ils obtenu ? Par l’effusion de sang.

Was no love lost; was no compromise; was no negotiation.
Pas d’amour dispersé, pas de compromis, pas de négociation.

I’m telling you, you don’t know what a revolution is.
‘Cause when you find out what it is,
you’ll get back in the alley; you’ll get out of the way.
Je vous le dit, vous ne savez pas ce qu’est une révolution.
Parce que quand vous comprenez ce que c’est,
vous vous rangez, vous vous effacez.

The Russian Revolution — what was it based on?
Land. The landless against the landlord.
La révolution russe – quel était son fondement ?
Les sans-terres contre les propriétaires terriens.

How did they bring it about? Bloodshed.
Comment l’ont-ils réalisé ? Par l’effusion de sang.

You haven’t got a revolution that doesn’t involve bloodshed.
And you’re afraid to bleed.
Vous n’avez pas de révolution qui n’implique pas l’effusion de sang.
Et vous avez peur de saigner (Discours de Malcolm X)

War.
Fuck your compromise
with a half life of indulgence
Fuck your shaking hands
dripping blood and disgrace
La guerre.
Allez-vous faire foutre avec votre compromis
avec une demi-vie de complaisance
Allez-vous faire foutre avec votre serrage de mains
d’où coulent le sang et la disgrâce

Peace is the inspiration of my struggle
Though war is the only state of mind I know
La paix est l’inspiration de ma lutte
Bien que la guerre soit le seul état d’esprit que je connaisse

Every image of exploitation
Every image of exploitation is my war
Toute image d’exploitation
Toute image d’exploitation est ma guerre

I want to step onto a higher level of consciousness
and declare open war
against those who still rape Mother Nature
Je veux faire un saut à un plus haut niveau de conscience
et déclare une guerre ouverte
contre ceux qui continuent de violer Mère Nature

Use your third eye and do believe
those towers of filth can be destroyed one more time.
Utilise ton troisième œil et croit vraiment
ces tours d’ordures peuvent être détruites une fois de plus.

Read and educate yourself, embrace arms
as talk has failed us to bring their liberation.
Lis et éduque toi, saisis les armes
comme la discussion a échoué a amené leur libération.

This is what we used to scream out loud
Now you believe in violence
Well I do too,
yours is against Nature
Mine is against you
C’est ce que nous avons crié fort
Maintenant tu crois en la violence
Eh bien moi aussi,
la tienne est contre la Nature
La mienne est contre toi

Direct action is the only weapon we have
to accomplish our goals.
L’action directe est la seule arme que nous avons
pour accomplir nos objectifs.

I still swear allegiance to self, human, Earth and animal liberation
That’s why I want to destroy
That’s why I want to destroy Babylon
Destroy Babylon, now.
Je jure toujours allégeance à la libération de moi-même, la libération humaine, la libération de la Terre, la libération animales
C’est pourquoi je veux détruire
C’est pourquoi je veux détruire Babylone
Détruire Babylone, maintenant.

Interview du groupe xELEGYx

Nous avons traduit plusieurs chansons du groupe de musique américain XELEGYx. Voici une interview!

1. Peux-tu te présenter, ainsi que le groupe ?

xELEGYx est composé de moi-même (Sven) à la guitare, d’un second guitariste, Burke, du batteur Mikey, du bassiste Cejas et de Kass au chant. Nous sommes un groupe vegan sxe du Sud de la Floride.

2. La culture vegan straight edge est présente dans différents types de musique. Mais en un certain sens, il y a eu une certaine tendance, passant d’une approche militante liée au hardcore (Vegan Reich, Earth Crisis) à une musique plus élaborée, plus sombre et avec une sorte de description poétique-apocalyptique de la réalité.

Comment définirez-vous la musique que vous faites ?

La musique que nous faisons est, sur le plan des paroles, plutôt condamnatoire. Nous sentons qu’il y a lieu d’être plus que bouleversé que content quant à la question de l’environnement et des droits des animaux.

Mais nous essayons également d’incorporer beaucoup d’harmonie et de mélodie également, parce qu’il y a beaucoup de choses qui peuvent être articulés musicalement, à l’inverse de pester dans son coin.

3. Pourquoi avez-vous choisi xELEGYx comme nom de groupe ?

Nous avons choisi le nom parce que nous voulions que notre musique soit une sorte d’élégie pour les morts, avec tellement d’animaux non-humains mourant chaque jour en raison des idées reçues de suprématie humaine.

Nous sommes également des grands fans du groupe Day of Suffering, « elegy » est le nom d’une de leurs chansons. Nous ne sommes pas appelés comme cela directement en rapport avec ça, mais nous pensons que c’est sympa d’avoir un lien et de leur rendre hommage, même si c’est une chanson avec laquelle nous ne sommes pas d’accord sur le plan des paroles.

[Day of suffering est un groupe de musique vegan straight edge de la fin des années 1990, l’album The Eternal Jihad ayant une influence certaine sur le mouvement. La chanson « elegy » aborde la question de l’avortement.]

4. Dans certaines chansons, vous mettez des éléments de l’extérieur (la série Westworld pour la citation de Shakespeare, le discours de Severn Cullis-Suzuki de 1992). Pourquoi ce choix ?

Nous apprécions le sample de west world parce que la série a été vraiment très bien et nous étions enthousiastes à son sujet quand nous apportions les dernières touches à notre demo.

Nous avons considéré que cela ferait un bon sample, parce que c’était une version vraiment moderne de quelqu’un citant Shakespeare et nous pensions que c’était une bonne synthèse de quelque chose de classique et de quelque chose de moderne, ce que nous visons musicalement.

Nous avons aimé le discours de Severn Cullis-Suzuki en raison du fait qu’elle a directement parlé des changements qu’elle a vu se dérouler dans le monde où elle vivait et de sa sincérité avec laquelle elle a imploré les gens auxquels elle s’adressait (les Nations-Unies), afin qu’ils s’occupent des changements indéniables qui se déroulaient autour d’eux, au sujet duquel les gens ferment fréquemment les yeux.

5. Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Nous avons beaucoup d’inspirations différentes, de nombreux endroits, mais musicalement nous mentionnerions Undying, Congress, Caliban, Prayer for cleansing, Arkangel, Day of suffiering, xDestroy Babylonx, et quelques autres.

Notre chanteuse écrit toutes les paroles elle-même. Nous lui avons précisément demandé de rejoindre le groupe, parce que de tous nos amis vegan straight edge (qui sont nombreux en Floride du sud), elle est la plus passionnée et la plus vocale au sujet du véganisme et son dégoût de la culture des drogues.

Elle prend vraiment son temps pour écrire, parce qu’elle est une sorte de perfectionniste, donc typiquement les paroles sont écrites par elle seule dans la semaine ou un peu plus après que la chanson soit finie sur le plan instrumental.

6. Comment voyez-vous la situation de la culture vegan straight edge ?

Le straight edge n’est jamais allé nul part, mais récemment nous avons noté que beaucoup plus de groupes parlaient du véganisme et c’est un sentiment vraiment bon que d’avoir des gens se préoccupant et parlant de thèmes importants qui sont trop longtemps passés à l’arrière-plan du hardcore.

Nous pouvons simplement espérer que cela s’étendra davantage dans le futur. Il y a beaucoup de raisons d’être enthousiastes pour les végans sur le plan de l’alimentation, c’est accessible maintenant comme jamais. Il n’y a vraiment rien qui bloque l’accès au véganisme pour personne, au moins au minimum pour essayer.

xelegyx : elegy

Voici les paroles d’une chanson du groupe américain xElegyx, titré « Elegy » et résumant en quelque sorte l’approche culturelle choisie.

Les paroles sont exceptionnelles et nous espérons que cela motivera particulièrement pour aller de l’avant, tant pour être inspiré que pour fournir l’inspiration!

Il s’agit de la troisième chanson dans le lecteur ci-dessous.

[Extrait du discours de Severn Cullis-Suzuki, âgé de douze ans, au nom de l’Environmental Children’s Organisation lors du dernier jour du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992.]

« I am here to speak for all generations to come.
I am here to speak on behalf of the starving children around the world whose cries go unheard.
I am here to speak for the countless animals dying across this planet because they have nowhere left to go. »
« Je suis ici pour parler au nom de toutes les générations à venir.
Je suis ici pour parler au nom des enfants affamés de partout dans le monde, dont les cris ne sont pas entendus.
Je suis ici pour parler au nom des innombrables animaux qui meurent parce qu’ils n’ont pas d’autre endroit où aller. »

« You don’t know how to fix the holes in our ozone layer.
You don’t know how to bring back an animal now extinct.
And you can’t bring back forests that once grew where there is now desert.
If you don’t know how to fix it, please stop breaking it! »
« Vous ne savez pas comment réparer la couche d’ozone
Vous ne savez pas comment ramener à la vie les animaux désormais éteints
et vous ne pouvez pas ramener les arbres des zones qui sont maintenant des déserts.

Si vous ne savez pas comment réparer tout ça,
S’il vous plaît, arrêtez la casse ! »

Mother
Defaced for the sake of your children spoiled by your forgiveness
This requiem will be heard
Mère
Effacée pour les intérêts de tes enfants gâtés par ton sens du pardon
Ce requiem sera entendu

Gracious bounty
Undeserving of you
For my repentance
I will emancipate you
Gracieuse bienfaisance
Ils ne méritent pas de toi
Pour ma repentance
Je vais t’émanciper

Mother
Slave no longer bound by human avarice
human avarice
Mère
Plus longtemps esclave emprisonné par l’avarice humaine
L’avarice humaine

But with our selfish improvidence humanity dirties our world, destroying this source of all life.
If we humans suffer for our actions
then maybe we’ll get what we deserve.
Mais avec notre imprévoyance égoïste l’humanité salit le monde, Détruisant cette source de toute la vie.
Si nous humains souffrons de nos actions,
Alors peut-être que nous aurons alors ce que nous méritons.

Unnecessary luxuries
have rendered my Mother defenseless
Unable to cleanse the leeches from Her back
I will take up the mantle
Des luxes non nécessaires
Ont rendu ma Mère sans défense

Incapable de nettoyer les sangsues de Son dos
Je vais assumer cette responsabilité

We are creating a world
in which innocent animals suffer as a result of our actions,
and that is something that I can’t forgive.
The foolish acts of our fellow humans,
the seas we have blighted, nature itself,
I will return everything to its unspoiled beginnings.
Nous créons un monde
Où souffrent des animaux innocents, comme résultat de nos actions, et c’est quelque chose que je ne peux pas oublier.
Les actes fous de nos compagnons humains,
les mers que nous avons ravagées, la nature elle-même,
je vais faire en sorte que tout retourne à ses commencements intacts.

Brigitte Bardot : « Si Macron passe, les animaux trépassent! »

Marine Le Pen, dont nous présentions hier l’hypocrisie concernant l’écologie, peut se frotter les mains.

Elle qui veut qu’on vote pour elle, elle peut profiter des anarchistes antispécistes qui font campagne contre Emmanuel Macron, ce qui est anecdotique, mais surtout de Brigitte Bardot.

C’est une alliée de poids dans la bataille électorale et cela n’a aucune originalité, puisqu’on connaît bien les opinions de Brigitte Bardot. Cependant, cette fois il y a davantage de subtilité, puisqu’elle ne défend pas Marine Le Pen, mais dénonce Emmanuel Macron.

Cela revient au même, mais la méthode « indirecte » a fait ses preuves…

Il est vrai qu’Emmanuel Macron s’est sacrément lâché dans le genre (voir Emmanuel Macron : » je continuerai à manger l’agneau des Pyrénées » ainsi que Emmanuel Macron et l’éleveur « qui pleure quand un animal meurt »  et Emmanuel Macron veut développer le « tourisme cynégétique »).

Sauf qu’il ne fait qu’appuyer des choses qui sont portées par le Front National à la base : le culte du terroir, la soumission aux traditions passéistes, le soutien unilatéral aux éleveurs, etc.

Si l’on a des principes et qu’on regarde concrètement, Marine Le Pen n’est en rien favorable au véganisme…

Alors faire inversement d’Emmanuel Macron le grand ennemi des animaux, comme dans son communiqué, c’est plus que « forcé » comme tentative de surfer sur la « bonne image » que tente de s’approprier Marine Le Pen depuis quelques mois sur le plan de la question du rapport aux animaux…

Voici donc le message de Brigitte Bardot.

 

Quel lyrisme!

« Si Macron passe, les animaux trépassent! »

Et que dire devant les propos suivants :

« Le mépris qu’il affiche devant la souffrance animale résume son manque total d’empathie que prouve la froideur de son regard bleu acier. »

C’est là une dramatisation irrationnelle, comme malheureusement on les connaît si bien dans la protection animale en général.

Entre les photos chocs des uns, les rassemblements où des gens tiennent des animaux morts dans les mains (comme L214), les brûlures au fer rouge de l’association 269, on est sacrément servi.

Et le résultat est un décalage complet par rapport à la réalité de l’exploitation animale, des postures moralistes individuelles faisant office de témoignage, un infantilisme sur le plan des idées dont tentent de profiter les pires démagogues.

xelegyx : Crimson dawn

Voici les paroles d’une nouvelle chanson du groupe américain xelegyx, dont nous avons déjà parlé : « Crimson dawn » (Aube cramoisie).

– He said : « These Violent Delights Have Violent Ends »
– Does it means anything to you ?
– No, I don’t think so.
– Il a dit : « Ces plaisirs violents ont des fins violentes » [Shakespeare, Roméo et Juliette]
– Cela te dit quelque chose ?
– Non, je ne crois pas.

Skin dripping with the crimson of the innocent
The last flutter of air escapes as the light dims in the eyes of our brethren
Viewed as nothing more than a replaceable possession
Born into a world of suffering solely to please self appointed gods
La peau goutte avec le cramoisi de l’innocent
Le dernier flottement de l’air s’échappe lorsque la lumière diminue aux yeux de nos frères
Vus comme rien de plus qu’une possession remplaçable
Né dans un monde de souffrance uniquement pour satisfaire des dieux auto-nommés

Lessons of sharing taught to children
Over the corpses of our Mothers offspring
Des leçons de partage enseignées aux enfants
Sur les cadavres de la progéniture de notre mère

Greed shadowing the malicious acts of our parasitic species
Whispered lies to remain ignorant to the massacre in our wake
La cupidité qui masque les actes malveillants de notre espèce parasite
Des mensonges chuchotés pour rester ignorants du massacre dans notre sillage

Obedience in exchange for acceptance
An unmerited hierarchy a self righteous claim to a dying world
Only to be cherished for the body that they can give
Sacrifice purely for the appetite of man
Obéissance en échange de l’acceptation
Une hiérarchie imméritée une prétention auto justifiée à l’égard d’un monde agonisant
Seulement chéris pour le corps qu’ils peuvent donner
Le sacrifice purement pour l’appétit de l’homme

Given no claim on the life they have been granted
we are the ones that make them suffer
Tongues salivate for the taste of murder
No longer will I sit in silence in the wake of the animal holocaust
Ne donnant aucune créance à la vie qu’ils ont reçu,
nous sommes ceux qui les font souffrir
Les langues salivent pour le goût du meurtre
Plus jamais je ne resterai assis en silence dans le sillage de l’holocauste animal

Les « merguez » de Whirlpool : « 1 euro, c’est ultra compétitif »

Les médias ont longuement parlé hier de la visite d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen à l’usine Whirlpool d’Amiens, qui doit être délocalisé.

A priori, rien qui ne concerne directement les animaux, mais il y a un petit détail très révélateur : la présence de « merguez ».

Cette saucisse fait en effet partie du « patrimoine » historique des manifestations syndicales, aux côtés du pastis ou de la bière.

Et donc il ne faut pas s’étonner que Marine Le Pen fasse les scores qu’elle fait avec une telle tradition beauf. Celle-ci a d’ailleurs pu faire son show, jouant à « être populo », comme le raconte l’Usine nouvelle :

« Elle est resté là 35 minutes avec les employés et les ouvriers, le temps de prendre un verre et des merguez dans un sandwich »

De manière significative, on retrouve dans une même apologie du sandwich un autre représentant de la « gauche » beauf, François Ruffin, rédacteur en chef du journal amiennois très connu dans la région, Fakir.

Celui-ci a également réalisé Merci Patron !, qui traite des délocalisations, et il sera candidat du mouvement de Jean-Luc Mélenchon aux prochaines élections.

Alors qu’il est en Picardie, il évite soigneusement de parler de la chasse, thème pourtant forcément clivant et qu’il faut forcément refuser quand on se prétend opposé aux « réacs »…

Seulement voilà, c’est la culture beauf qui prédomine et on n’échappe pas aux merguez.

Nous sommes en 2017, l’exploitation animale est en expansion à l’échelle mondiale, les pauvres sont toujours plus gros avec l’alimentation qu’on leur impose, et on a pourtant encore la culture « merguez » chez les ouvriers !

Voici ce qu’on apprend par 20 minutes :

« Avec les ouvriers, François Ruffin attend de pied ferme Macron

Selon un journaliste de RTL, le réalisateur de Merci Patron regrette : « Aller bouffer une merguez sur le parking avec les Whirlpool c’est pas un truc qu’il a eu l’occasion de faire. C’est dommage qu’il rate ce moment.

C’est moins difficile d’aller à la chambre de commerce que dans une usine qui ferme. J’ai l’impression de voir un pingouin qui découvre le sable du désert. » »

Pire encore, voici ce qu’on apprend dans L’Obs (l’ex Nouvel Observateur) :

« 14h30 sur le parking de l’usine. Emmanuel Macron n’est pas encore là. Mais c’est déjà le grand barnum. A l’entrée, le réalisateur François Ruffin est venu manger sa merguez « comme tous les jours », s’amuse-t-il. « 1 euro, c’est ultra compétitif »… »

Et c’est là qu’on comprend tout. François Ruffin prétend combattre les délocalisations, mais est très content de manger des « merguez » à un euro, tous les jours !

Alors qu’évidemment, cette « merguez », pour être à ce prix là, signifie une terrible souffrance animale, à quoi s’ajoutent les terribles cadences des gens travaillant dans l’abattoir, environnement aliénant s’il en est…

Il est pourtant évident qu’on ne peut pas dénoncer les délocalisations d’un côté, et saluer des « merguez » à un euro de l’autre !

Mais c’est que le seul horizon intellectuel et culturel, sans parler de morale, reste encore celui de la beauferie…

Et après on s’étonne que tout va mal !

Des élections qui ne sont pas à la hauteur des exigences de notre époque

Avec Marine Le Pen et Emmanuel Macron en tête du premier tour des présidentielles, c’en est totalement fini de l’écologie dans ces élections. On en a quasiment pas parlé, d’ailleurs, mais Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont prétendu la représenter.

Beaucoup de gens, notamment chez les jeunes, y ont cru à ce niveau, même si cela n’allait pas bien loin. Par exemple, lors de son passage il y a quelques jours chez Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV, Jean-Luc Mélenchon s’est totalement dégonflé quant à sa proposition d’un repas végétalien dans les cantines… (voir ici à 20:40).

Hier encore, après sa défaite (et sa quatrième place), il a évidemment parlé de la nécessité de l’écologie, mais que propose-t-il ? Simplement de vagues réformes, sur cinquante ans… et sans brusquer les mentalités.

Alors qu’on vit une époque qui est un tournant et qui demande au contraire d’être à la hauteur !

Alors, il y a bien sûr le fait que Marine Le Pen prétend se tourner vers les animaux, mais c’est simplement pour avoir une bonne image puisqu’il n’y a aucun contenu. Elle tient beaucoup à son image sur ce plan par contre ; annulée au dernier moment, sa dernière initiative du premier tour devait être même la visite d’un refuge.

Mais elle est proche des chasseurs et elle ne fait que jouer sur la corde sensible, cherchant à tout prix à éviter d’aborder la question du contenu.

Dans tous les cas, la France est sous l’hégémonie des beaufs, dont Emmanuel Macron fait d’ailleurs partie, et il ne s’en cache pas.

Tout est donc vide, dramatiquement vide, alors que la défense de la Nature devrait être une préoccupation constante et générale. La seule question posée par tous est de savoir comment renforcer la France, comment avoir des entreprises plus compétitives, comment faire en sorte que les riches ne partent pas ailleurs, etc. etc.

C’est la contradiction profonde et complète entre l’esprit de concurrence économique et le besoin d’une perspective unifiée à l’échelle mondiale pour sauver la Nature.

On ne peut plus raisonner à petite échelle, et cela ne veut pas dire que s’il faut refuser le nationalisme de Marine Le Pen, il faille apprécier l’Europe des profits dont rêve Emmanuel Macron.

Il s’agit de raisonner à l’échelle planétaire, en reconnaissant la vie à l’échelle de celle-ci. Cela veut dire admettre l’existence de la Nature, chose qu’en France on ne fait toujours pas.

L’anthropocentrisme prédomine totalement, on oppose culture et nature, on pense que l’être humain est qualitativement différent des animaux, qu’il n’est « plus » un animal.

La Nature est alors une ennemie, les animaux sauvages considérés comme des intrus. En France, on peut par exemple organiser impunément une battue aux pigeons avec des chasseurs tirant dans tous les sens en pleine ville, comme à Villeréal.

Le changement ne viendra pas donc pas d’autre chose que l’affirmation d’une nouvelle culture. Il ne suffit pas de dire que telle chose est mauvaise, tel acte immoral, il faut proposer une démarche générale, touchant tous les aspects de la vie.

Car une personne devenant végane qui n’aime pas les animaux ne le restera pas longtemps, ratant la dimension essentielle qu’il faut porter : l’harmonie avec la Nature.