750 000 personnes…

Une année se termine, et cela fait un peu plus de quatre années que LTD existe, puisque le site a ouvert le 5 octobre 2008, soit il y a un peu plus de 1500 jours. 1500 jours où sont passées un peu plus de 750 000 personnes différentes, ce qui est un chiffre plutôt sympa, surtout que chaque année il y a une augmentation de 20 % du nombre de gens venant sur le site.

Ce ne sont que des chiffres et pas les plus essentiels ; ce qui compte c’est que des gens deviennent vegans ou bien le restent, ce qui est également très important. Face à la pression sociale ambiante, être vegan est une bataille, et beaucoup de gens s’imaginant capable aisément de résister se sont faits avoir par sous-estimation des dangers qui existent.

Ce qui compte également c’est que des gens soient sensibilisés à toutes les questions qui sont si importantes pour nous, tant sur le plan de l’écologie que du refus des drogues, qui pour nous vont de pair.

Beaucoup de gens ont été touchés par notre article sur la drogue « crocodile », et s’il y a également une part de sensationnalisme malsain chez des jeunes pour s’intéresser à cette question, nous espérons que cela aide à aller dans le bon sens. Ce qui compte aussi pour nous, c’est montrer que tout est lié, c’est d’établir des passerelles intellectuelles en montrant que culturellement, tout va ensemble !

Cela va donc de soi, mais il faut le rappeler parce que c’est une question de définition et qu’à nos yeux les définitions sont très importantes pour avancer. Nous avons cette année continué de publier un article par jour (à part une fois en raison d’un bug, pour être précis), comme auparavant, et nous nous efforcerons de continuer.

Nous savons qu’il y a parfois des périodes moins intéressantes que d’autres, mais nous considérons que symboliquement il est important de prouver notre opiniâtreté et notre continuité, mais également que la libération animale et la libération de la Terre sont la porte ouverte à une nouvelle culture, riche et productive.

Nous redisons également que nous ne céderons pas aux pièges de l’électoralisme, de l’institutionnalisation (universitaire ou autre), ni au profit (par exemple avec des publicités du type adsense de Google, etc.).

Nous pensons que l’année 2013 va être importante, parce que le terme « vegan » est devenu de plus en plus connu en France, et qu’il y aura forcément un tournant.

Est-ce que le véganisme sera un appendice d’un mouvement « végéta*ien » pseudo-écologiste, sur la base de la quête du « bien-être animal », principalement focalisé sur des combats particuliers comme la corrida, la chasse, le foie gras, le cirque ?

Ou bien est-ce que le véganisme sera une morale allant de pair avec la reconnaissance de la Nature, la passion pour la sensibilité des êtres vivants, l’esprit positif d’une vie naturelle ?

Ce qui est certain en tout cas, de notre point de vue, est que l’année 2013, sur le plan objectif, sera une année encore pire que 2012 pour la planète et ses êtres vivants. L’exploitation animale va encore plus se renforcer, la destruction de la vie sauvage va encore plus se déployer.

La question est de savoir si du côté subjectif, la libération animale et la libération de la Terre vont se diffuser comme théorie et comme pratique, comme points de repère pour changer le monde.

C’est la grande question de 2013, mais aussi du 21ème siècle. Il n’est pas difficile de voir les conséquences pour la réalité de notre planète, qui soit se transformera en mégalopole géante, soit redeviendra bleue et verte, avec une humanité ayant compris qu’elle n’est qu’une composante de Gaïa.

Interview du Vegan Black Metal Chef

Nous avions parlé de sa première recette: le vegan black metal chef vient de sortir une autre vidéo, toujours aussi délirante, où il cuisine toujours dans une atmosphère typiquement black metal. Voici une interview de lui republiée sur le site de la TV Quécoise (elle n’est donc pas de nous, nous le précisons car d’habitude c’est le cas). Pour voir les vidéos du Vegan Black Metal Chef, il suffit d’aller sur sa page youtube.

Il y a de cela un an, Brian Manowitz a mis sur YouTube le premier épisode de sa série culinaire Vegan Black Metal Chef, un clip de 14 minutes où il cuisine du pad thai végétalien avec une narration de chant criard et une atmosphère de black métal en portant du maquillage corporel, une cotte de mailles et une armure d’épines végétaliennes. Sa vidéo a atteint la marque du million de visionnements.

Manowitz, qui a deux groupes de métal en Floride, a mis en ligne le deuxième épisode de son émission (voir ci-dessous) où il écrase des pommes de terre avec une massue et prépare des légumes sur un autel pentagramme. Qu’est-ce que le succès de cette vidéo virale dévoile à propos du futur de la télévision culinaire? Nous ne le savons pas.

Le constat est que Brian Manowitz sait comment faire rire les gens en exploitant le côté kitsch et théâtral du black métal dans le contexte aseptisé de la télévision culinaire. Nous avons parlé au seigneur des ténèbres du végétalisme dans sa maison d’Orlando et lui avons demandé comment il a construit son décor de cuisine métal, s’il a des groupies, et s’il croit que son succès durera.

Pensiez-vous que votre premier épisode atteindrait la marque d’un million de visionnements?
Non. Bien sûr, je voulais qu’il soit populaire et j’y ai mis beaucoup de temps, mais je n’avais aucune idée que ce serait si rapide.

Pensez-vous que votre succès sera éphémère ou durable?
Le deuxième épisode est sorti et il est déjà couronné de succès. Ce n’est pas qu’une blague. Si c’était une blague, l’affaire se serait essoufflée après une minute et demi dans la première vidéo.

L’accent est mis sur l’enseignement de bonnes recettes végétaliennes et sur la bonne musique, et je crois que si on continue sur cette lancée, on continuera à avoir du succès. Je prends très au sérieux musicalement le black métal que je fais, mais si on ne peut pas y voir l’humour, on doit moins prendre la vie au sérieux. L’émission parle à trois types de personnes se prenant trop au sérieux : les chefs culinaires, les végétaliens et les métalleux, et on se moque d’eux.

Expliquez-nous comment vous créez un épisode.
Ce que je fais, c’est avoir une idée et faire une vidéo à partir de cette idée. Je fais tout cela moi-même. J’ai une petite caméra digitale Canon SLR avec un trépied et un écran pivotant où je peux me voir. Le tournage prend beaucoup de temps, certes. Je crois commencer pendant la nuit pour éviter qu’il y ait des rayons de soleil dans la vidéo, et je termine habituellement au milieu de la nuit, soit à quatre ou cinq heures du matin. J’essaie d’en faire le montage autant que possible, puis je fais la musique. L’audio prend entre dix et quinze jours à faire. Je mets le micro devant l’ordinateur et chante pendant que la vidéo joue. Je fais absolument tout, c’est la production d’un seul homme.

Quelle expérience culinaire avez-vous? Êtes-vous un chef professionnel?

Non. J’ai appris à l’école de l’expérimentation et je veux vraiment manger de la nourriture qui goûte très bon. J’aime vraiment cuisiner, et c’est quelque chose à laquelle je crois exceller. Je suis végétalien depuis onze ans. J’ai commencé ma première année d’université, je n’étais pas végétalien ou végétarien avant cela, mais j’avais une copine au secondaire qui est devenue végétarienne. J’ai cru que c’était bien, mais que ce n’était pas tout à fait pour moi encore. Lentement, j’ai pris plus conscience de mes gestes et de ce que je mange et je suis devenu végétalien.

Comment décririez-vous l’approche culinaire du Vegan Black Metal Chef?
Premièrement, j’aime que le goût soit très bon à condition que les ingrédients soient dénués de cruauté animale. On examine chaque couche de subtilité et on met beaucoup d’intention et d’énergie dans le processus culinaire, ce qui influence les aspects plus subtiles de la cuisine et ce qu’on met dans notre corps. C’est cela qui influence ma philosophie culinaire en général.

Parlez-nous de votre cuisine. Est-ce qu’elle a toujours été un antre au style métal ou l’avez-vous décorée pour en faire un plateau de tournage?
J’ai dû tout la décorer. Lorsque je me suis dit : «Hé, je vais le faire», la préparation et le décor m’ont pris environ un mois. J’ai fait plusieurs marchés aux puces et antiquaires pour trouver des trucs pas chers.

Vous l’avez donc peinte en noire et remplie de vieux trucs?
[Rires] Oui, c’est cela, juste un tas de vieux trucs. J’ai un ami, qui est aussi dans un de mes groupes, qui travaille comme cascadeur sur des films et s’y connaît un peu en design de décor, et il m’a aidé à construire le mur de château en arrière-plan dans ma deuxième vidéo. Sinon, nous avons trouvé du caoutchouc dans une usine, puis nous l’avons coupé et clouté pour les meubles. C’est génial parce qu’honnêtement, c’est à cela que je voulais que ma cuisine ressemble. En incluant tout, cela m’a coûté environ 250 dollars.

Si on en juge par le succès extrêmement viral de votre émission, où se dirige la cuisine à la télévision?
Ce qui est drôle, c’est que je n’ai même pas de télé alors je ne regarde pas vraiment d’émissions de cuisine. De ce que j’ai vu de ces émissions récemment, je ne pense pas manquer grand chose. Je crois que mon succès est plutôt drôle, il en dévoile beaucoup. Une des choses que j’essaie de faire avec l’émission est de ne pas avoir une liste fixe de recettes et d’ingrédients. Certes, je pense que les proportions sont importantes, mais je crois que la cuisine est avant tout un processus créatif et expressif duquel on en tire une œuvre. Si nous suivons une recette stricte, nous imposons notre œuvre à autrui sans lui permettre de créer. Internet est le médium tendance par défaut parce que n’importe quel «jackass» avec un costume de style black métal et une caméra peut se montrer et faire une émission de cuisine.

Quel est donc le but ultime de votre émission?

J’irai où elle me mènera, en autant que ce soit juste et intègre : le moment où quelque chose perd en intégrité, c’est terminé. Honnêtement, MTV m’ont contacté pour faire quelque chose, mais ils ne savent pas quoi encore. Ils m’ont demandé des suggestions, mais rien n’est fait encore. Je ne dévoilerai pas tout ce que j’ai dit à MTV, mais l’émission aurait certainement une nouvelle formule.

Je ne suis pas intéressé à faire une émission de cuisine seulement pour exploiter la «gimmick». Bien sûr, cette «gimmick» est ce qui fait rire les gens, et à mon avis, le rire est intégral au spiritualisme de la chose. Il y a un philosophe qui a dit que lorsqu’on rit, on ne pense pas, alors dans l’état de rire notre soi ultime a la chance de se dévoiler pendant quelques instants sans que la conscience se mette dans son chemin. Si nous n’avions que la «gimmick» de l’humour, nous nous essoufflerions très rapidement.

Avez-vous des groupies?
J’ai reçu plus de demandes en mariage le mois dernier que je n’aurais jamais cru recevoir. (J’ai déjà une femme.)

La ZAD pète les plombs

Nous parlions récemment de la tendance négative qui grandissait dans la ZAD, avec un article intitulé De Tarnac à Notre-Dame-des-Landes et qui s’est avéré terriblement correct dans son interprétation de la situation. Terriblement, parce que ce qu’on a là est… c’est difficile à dire, disons au moins terrible, en tout cas c’est pratiquement indéfendable.

Car qu’on ne nous la raconte pas: le coup des individus en quête de leur propre libération contre toute politique et contre la démocratie, symbolisant leur lutte par une marche aux flambeaux, on a déjà vu, on sait ce que cela signifie et ce que cela donne…

Et ce qui va se passer n’est pas difficile à comprendre: après la fameuse « trêve des confiseurs » comme la période des fêtes de Noël est appelée en politique, l’Etat s’empressera de briser les restes d’une lutte isolée, dont les gens s’éparpilleront sur des bases terriblement malsaines (voir notre article « La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. »).

Mais voici donc le compte-rendu de ce fameux « happening » qui vient d’être rendu public, dont l’esprit est hégémonique vu l’appel au festival, que nous publions après, et qui est tout aussi explicite.

Malheur à vous !

Hier, dans l’obscurité, des flambaux sont sortis du bois, des mannequins sur des pics ont été brûlés et des incantations ont été dites.

Une tentative comme une autre de nous libérer de la présence policière, de cette occupation militaire qui duuuuuuuuure maintenant depuis plusieurs semaines. Jours et nuit, à 3 ou à 160, les flics sont là, juste pour dire qu’ils sont là, même si le gardiennage de carrefour n’a jamais fait aucun sens.

Hier, après que la cérémonie vaudou ait pris fin, quelques personnes sont arrivées sur la route et ont pris le relai afin de continuer à emmerder les flics, à leur dire qu’ils devraient vraiment, vraiment partir. Les affrontements ont duré jusqu’à très tard dans la nuit, jusqu’à ce que de très loin même, on entende des tirs de grenades assourdissantes, plusieurs dizaines d’affilée, encore quelques dizaines de trop. Hier, dans le nuage de gaz lacrymos, quelqu’un a été grièvement blessé au pied par une grenade assourdissante, et a été hospitalisé, avec un risque d’amputation de son orteil.

Alors, César, jusqu’où es-tu prêt à mener ton carnage et jusqu’où les démons de la nuit devront-ils aller pour t’arracher ton ego ?

La nuit nous appartient.

Le rayon noir (récit de la soirée du dimanche 16 décembre 2012)

« L’or brûlant de la grande obole inondait la voûte du ciel, Le scorpion et la hyène avançaient en aveugles boiteux, Le sable suintait de larmes fumantes, Et la tempête à l’horizon paraissait soulever une meute chevauchant vers la cité maudite. »

La Blessure du désert, Al Morzad’Him Molat, XVe s.

La nuit s’était écroulée depuis longtemps sur les cieux alentours lorsque notre cortège macabre s’ébranla en direction du Moulin de Rohanne. Nous étions une centaine, peut être plus, bardés de fer, de feu et d’ossements, de toute manière incalculable dans notre folie. Ce qui nous animait alors ressemblait à d’antiques superstitions, à de vieilles sorcelleries qu’on a jugé désuètes.

Désuètes aussi une certaine idée de la communauté et de tous les rituels qui faisaient sa chair. Nous ne sommes pas nostalgiques de ces temps où la réalité grouillait d’irrationalités. Cependant, si il arrive que la multiplicité qui hante la boue du bocage en vienne parfois à faire communauté, et qu’à ce moment-là, ce qui fait communauté, entretient un certain rapport avec la guerre : il se peut que nous puissions tirer quelque puissance de ces comédies magiques. Et d’abord il faut abolir certaines catégories qui grèvent encore l’appréciation de nos gestes.

À savoir par exemple la distinction entre des faits prétendument symboliques et des faits prétendument guerriers. Il ne devrait y avoir qu’un continuum liant nos attaques, nos voix, nos présences, et qui serait en toute chose la mesure de notre effectivité. On peut être effectif, c’est-à-dire perforant, tantôt grâce à un texte, tantôt grâce à une embuscade. Ce qui tisse ensemble ces gestes peut se nommer “enchantement”. Comprenons-nous bien : nous entendons en matière de magie être aussi rigoureux que n’importe quel apparatchik léniniste en son temps.

La procession s’étendit dans un bruissement continu de pas et de murmures, sur le chemin de Suez, puis dans la forêt et enfin tout le long de la lisière du dernier champ. Se distendant, se regoupant, s’ébrouant dans une sorte d’angoisse impatiente. Le ciel crevait d’étoiles et nos immenses torches encore éteintes ressemblaient à des piques vengeresses. Malgré ses obscènes lumières, l’ennemi n’entendit point la rumeur monter. La terreur l’abattit une première fois lorsque notre armée de flambeaux envahit littéralement l’espace qui lui faisait face.

Quatre effigies de paille, plantées sur des pieux de bois, furent immolées en guise d’ultime menace. Formant un arc de cercle, la rumeur se fit tonnerre. Des hurlements stridents ou gutturaux, résonnaient, lourdement rythmés : “Ma-lheur à vous ! Ma-lheur à vous ! Ma-lheur à vous !” Après un court silence, l’incantation s’éleva, toute de rugissements et de psalmodies :

« Nous ne sommes ni humains, ni animaux, pas même vivants ou morts, pas encore spectres, déjà disparus pour le monde.

Pourtant, nous habitons les landes brûlées, les forêts fangeuses, les roches croissantes, nous habitons, ou plutôt, nous rodons, invectivant l’invisible, dépouillant vos momies, tous les déserts ont connu nos débauches corrosives.

Notre existence n’est attestée par aucun calendrier, aucun Empire ne pouvait soupçonner la résurrection de notre pacte scandaleux, Le feu de la bataille a précipité notre naissance. Nous ne sommes pas une armée, nous sommes la lie du monde qui se fait projectile, Aguerris aux fouets de la vengeance, Chaque coup que vous portez précise cette certitude : Votre défaite ressemblera pour nous à un sanglant Festin. »

Une énergie débordante affleurait partout autour de nous, une énergie guerrière aussi surgissant malgré le rituel, couvant en lui. Les bois nous rappelaient, mais dans le même temps nous ne pouvions résister au vertige qui nous inclinait en direction de l’ennemi. Nous nous approchions toujours plus dans une mêlée de bruits qui ne voulait plus cesser. Un second groupe s’était formé sur la route partant au nord. Se mêlant aux imprécations et aux feux d’artifices, on vit s’envoler quelques bouteilles incendiaires. Ce fut progressivement une autre ambiance, plus familière, qui s’installa ; certains la retrouvaient avec une joie identique.

Les projectiles se multipliaient, les insultes commençaient à fuser. En face, des panaches irritants cisaillés dans la lumière vomit par leurs projecteurs, parfois, des tirs tendus. Des ombres assaillaient de toute part l’imbécile grappe de gendarmes. Puis, après une inaudible sommation, une salve de grenades couvrit le chemin et le champ. Un cri plaintif appelant au secours. Un pied déchiqueté au travers d’une botte. Un orteil risquant d’être amputé, un nerf atteint, des os concassés.

Il s’agit d’une guerre. Nous la désirons. Mais nous décidons d’être toujours plus préparés et liés pour se mesurer à l’agressivité qui nous fait face. Il est temps de faire définitivement corps avec l’obscurité, de stagner toujours moins sous les projecteurs, de réapprendre l’ubiquité. Nous attaquerons après le crépuscule ou au beau milieu de la journée, lorsque le soleil du zénith plombe la terre de son rayon noir, et que l’opacité contamine jusqu’à la lumière.

Il est temps de faire corps avec la nuit.

Que dire? Il n’y a rien à dire tellement on est là dans une sorte de caricature du style fasciste ou nazi.

Il ne faut pas croire non plus qu’une telle initiative soit décalée. Voici l’appel pour le festival sur la ZAD début janvier. Nous nous épargnons l’affiche avec Astérix et Obélix dessus, le texte est suffisamment explicite.

Que notre volonté soit fête !

Pendant 3 jours, nous proposons d’exprimer de manière festive notre rage contre toutes celles et ceux qui décident de nos futurs loin de nous. Contre toutes celles et ceux qui, pour leurs seuls intérêts personnels, sont prêts à foutre en l’air des milliers d’hectares de notre héritage le plus précieux. Le monde de l’aéroport est un monde de guerres, de pauvreté et de misère, d’aliénation des populations et de destruction de l’environnement. Un monde d’ennui, un monde de mort ! Si justement, il y a un mal contre lequel la Fête Libre est souveraine, c’est bien l’ennui.

Dans sa forme mentale, policière, policée, forcée ou consommée, peu importe. La Fête Libre et la Lutte Radicale s’entremêlent en un flot de créativité qui répand les germes de la subversion. La Fête Libre c’est la vie. Et la vie ce n’est pas cet aéroport !

Nous n’attendrons pas demain pour vivre ! Le grand soir, c’est ce soir, demain matin et demain soir. Ce soir, nous sortons les enceintes et nous faisons la fête. Bien sur, pas une fête conditionnée, standardisée, tarifée. Un festival n’est pas politique. Une fête évolue en acte politique dès lors que chacun et chacune en devient actrice, où l’espace réquisitionné devient autogéré, lieu d’échange, de création, de tolérance.

Ce qui est expérimenté ici aujourd’hui sert à concevoir demain au quotidien. Dans une Zone d’Action Festive, nous sommes autonomes, nous ne dépendons que de nous mêmes. Une Fête Libre n’a pas de hiérarchie. Qu’on soit dans l’orga ou simplement de passage, nous y sommes toutes et tous chez nous. La réussite de nos actions n’est le résultat que de notre seul effort commun. « Créer c’est Résister, Résister c’est Créer ! »

La Fête Libre, éphémère, brise parfois le cours d’une histoire, d’un projet. Si périssable soit-elle, elle engendre des semences d’idées et de désirs, jusque-là inconnus, et qui, souvent, lui survivent. Celles et ceux qui parlent de révolution et de lutte sans comprendre ce qu’il y a de subversif dans une Manifestation Festive, de positif dans le refus des dogmes, des contraintes et des cloisonnements, celles-ci et ceux-là ont dans la bouche un cadavre.

Mais laissons leurs illusions à celles et ceux qui pensent tout posséder, tout contrôler. Qu’ils soient rouges ou gris, en passant par le noir, le vert, le rose et le bleu, ils nous ont toujours trahis ! Ne soyons plus complices de notre propre soumission à leurs sociétés pseudo-démocratiques, ou même pseudo-libertaires, et à leurs modes de pensée. Nous avons déjà choisi. Les coupables ne seront pas Ayrault ou Vinci. Les coupables seront toutes celles et ceux qui n’auront rien fait contre l’aéroport, contre ce monde injuste et destructeur. Il n’y a pas de méchant système, juste une somme d’individuelles lâchetés…

La Liberté absolue offense, déconcerte. On préfère alors invoquer la maladie, la démoralisation ou encore la déviance pour légitimer son oppression. Qui nous juge n’est pas né à l’esprit, à cet esprit de Liberté que nous voulons dire, et qui est pour nous bien au-delà de ce que vous appelez la liberté. Gare à vos logiques, Mes-sieurs-dames, vous ne savez pas jusqu’où notre haine de la logique peut nous mener. Il faut lutter sans plus attendre pour l’apparition concrète de l’ordre mouvant de l’avenir. Les forces réactionnaires à l’œuvre dans notre pays ne laisseront à aucun prix, tout en affirmant le contraire, une véritable contestation se développer en dehors de celle qu’elles ont pris soin d’organiser elles-mêmes.

Des ordres injustes existent : nous satisferons-nous de leur obéir, tacherons-nous de les amender, allons-nous obéir jusqu’à ce que nous y ayons réussi, ou les transgresserons-nous sur le champ ? On estime en général devoir attendre d’avoir persuadé la majorité de les altérer. On pense que si l’on résistait, le remède serait pire que le mal. Or c’est de la responsabilité du gouvernement et du capital que le remède soit pire que le mal. C’est eux qui le rendent pire !

Alors jetons notre vote, pas un simple bout de papier, mais toute notre influence. Une minorité est impuissante tant qu’elle se conforme à la majorité. Ce n’est du reste plus une minorité, mais elle devient irrésistible quand elle la bloque de tout son poids. La Victoire sera pour celles et ceux qui auront su faire le désordre sans l’aimer. Il nous reste, dans les limites où il nous appartient d’agir avec efficacité, à témoigner en toutes circonstances de notre attachement absolu à l’Autonomie de nos existences.

Non pas seulement en assurant individuellement la sauvegarde de ce principe, non pas seulement en élevant une faible protestation contre chaque violation qui en est faite, mais encore en recourant, le cas échéant, aux moyens d’agitation générale les plus propices. Notre participation à cet acte de Résistance à l’ordre établit est salutaire, nous devons prendre soin de cette Liberté si fragile que nous nous sommes réappropriée. Nous sommes toutes et tous coupables de refuser leur aéroport et le monde qui va avec !

Nous résistons à l’avenir probable dans le présent, car nous faisons le pari que ce présent offre encore matière à Résistance, qu’il est peuplé de pratiques encore vivantes même si aucune n’a échappé au parasitage généralisé qui les implique toutes. Nous montrons à toutes celles et ceux qui voudraient nous voir rentrer dans le rang ou envoyer au purgatoire, que nos modes de vies Autonomes et Festifs sont bien plus fertiles que leur vieux monde décrépi plein de projets inutiles. Ce monde fascisant qui n’a su répondre à l’expression de nos désirs que par la répression et la calomnie.

Nous leur donnons ce spectacle fascinant d’une horde sauvage qui, sans chefs et sans moyens, construit un espace accessible à toutes les classes, à toutes les populations. Nous offrons à la face de ce monde nos Alternatives et nos Solidarités afin de semer nos Idées et nos Désirs. Ces germes nous survivront et finiront d’effriter petit à petit les fondements de cette société réactionnaire…

Nous ne sommes pas nées pour être possédées, pour être subalternes aux ordres, serviteurs ou instruments utiles de tout souverain de part le monde. Nous sommes nées pour marcher sur la tête des rois, apprenons à marcher seules ! Nous briserons celles et ceux qui, dans leur monde qui se meurt, n’ont que l’ambition de mourir avec lui. Aux réactionnaires qui veulent que l’histoire fasse machine arrière, à tous les soumis, indécis, suppôts de la tradition, aux apologues de la masse, à tous les serviles qui se complaisent dans les lambris ministériels, opposons notre entêtement : votre aéroport ne se fera pas et votre vieux monde, nous le briserons !

« Au vent qui sème la tempête, se récolte les jours de Fête »

FLY

Scène Concert (25kw sous chapiteau chauffé) :

  • Anonyme(s) (rap)
  • Chas Gourlen (punk)
  • Battucada (Percus)
  • Beer Beer Orchestra (Ska Punk)
  • Buffet Froid (chanson)
  • Cabadzi (hip-hop)
  • Emma Pills [Les Vieilles Salopes] (punk)
  • H.k (soul)
  • HK et les Saltimbanks (rap)
  • Hop Hop Hop Crew (jazz manouche)
  • Jabul Gorba (balkan punk)
  • Jah Gaia (reggae)
  • Jeny (chanson)
  • Kabal (rap)
  • Kenny Arkana (rap)
  • Koleweize (Percus)
  • La Parisienne Libérée (chanson)
  • La Jonction (rap)
  • Massacror’s (punk)
  • Mc Metis (Hip-Hop)
  • On y pense… [Le Pied de la Pompe + Guizmo/Tryo + Zeitoun/LaRueKetanou + Alee] (chanson)
  • Pogomarto (punk)
  • Premiere Ligne [Bboykonsian] (rap)
  • Prince Ringard (punk)
  • RPZ (rap)
  • Unite Mau Mau (rap)
  • ZEP (hip-hop)
  • Zikabilo (cubano-tzigane)

+ d’autres groupes en cours de confirmation (a suivre…)

+ Tekno Sound System TNK & Friends (15kw sous chapiteau) : Tekno, Acid, Trance, Breakbit, Dubstep, Drum, Tribe, Hardcore, Breakcore, Speedcore…

La chasse, esprit du tueur

« Jour de chasse » indique aux chasseurs non pas ce qu’il faut penser, cela ils le savent déjà, mais comment il faut le formuler. Voici par exemple une identité forte et récurrente: les chasseurs sont là pour réguler la nature.

Par conséquent, il faudrait qu’il y ait davantage de chasseurs, et il y a ainsi l’appel à faire pression sur l’administration, en des points bien précis… Cette idée relayée en de nombreux endroits peut alors triompher!

Et bien évidemment, les appuis sont présentés, afin qu’on sache sur qui on peut compter…

Le portrait des amis est quelque chose de très important dans un milieu fermé!

On remarquera que, si la revue reste très propre dans ses formulations afin de ne jamais prêter le flanc à une critique, les faits ne sont pas spécialement cachés, comme cet édifiant chiffre de plus de 100 000 animaux blessés… Comme si les meurtres ne suffisaient pas!

On reste bien dans une idéologie de mort. « Le succès enfin » dit l’article présentant un animal assassiné. Le meurtre est stylisé, comme élégant, intelligent…

On remarque la combinaison terroir – vieilles maisons – traditions  avec l’esprit high tech, fusils à lunettes et GPS! C’est propre à la haute bourgeoisie, qui veut de la tradition, mais de la tradition moderne comme les publicités dans « jour de chasse »: Jaguar, Porsche…. Le reste étant des 4×4!

Il n’est pas difficile de comprendre comment tout cela se décline de haut en bas dans la société. La chasse, c’est l’esprit du tueur, le tueur masqué derrière des valeurs nobles, protégé par le fait d’être en haut de la société. Si on ne voit pas cela, on ne voit pas quelle nature a la chasse en France.

Le style de vie chasse – haute bourgeoisie

Continuons notre périple commencé hier dans « Jour de chasse ». Nous avons parlé de la mentalité, mais il faut parler du style, et les images se suffisent à elles-mêmes. Les choses sont très claires en effet: on est « entre soi ». La chasse est un lieu de rencontre, de passage. C’est incontournable dans la haute bourgeoisie.

Si ce sont les hommes seulement qui chassent, bien sûr, les femmes ont le droit de cité, elles peuvent rejoindre le style. A ce titre, les marques que l’on retrouve mises en avant son pratiquement inconnues, c’est un milieu très fermé. Et l’argent ne compte pas, bien entendu.

Le code vestimentaire pour les hommes est par contre extrêmement rigide: il faut rejoindre l’uniforme, les codes sont très précis. C’est une question de « goût. »

Et qui dit goût dit décoration. « Jour de chasse » regorge d’articles sur les romans, les tableaux, les sculptures etc. qui célèbrent la chasse. On peut même acheter ses chaussons ultra chics avec des animaux victimes de la chasse brodés dessus. C’est tout un monde!

Bien entendu, les publicités savent qui elles visent…

Tout comme les articles savent quel public ils visent, quel public ils éduquent…

La haute bourgeoisie, c’est tout un style de vie! La marque Vicomte Arthur en est un symbole récent, bien dans l’esprit décadent…

Voilà le milieu qui met la chasse en avant… C’est édifiant! Faut-il s’étonner après que l’équivalent anglais de la haute bourgeoisie française ait réussi à contourner l’interdiction de la chasse au renard? On est là dans un milieu très fermé, qui se serre les coudes, qui dispose d’appuis au plus haut niveau de l’Etat, ainsi que des moyens financiers pour pouvoir contourner matériellement les obstacles. C’est une société dans la société, qui a une influence très profonde.

Là est le paradoxe que la chasse populaire n’est que le pâle reflet de cette chasse là. C’est cette chasse de la haute bourgeoisie qui irrigue culturellement la chasse populaire, guidant ses valeurs, ses démarches, en trustant les directions des associations, en jouant sur les mentalités virilistes ainsi qu’obséquieuses par rapport aux gens de la haute!

La mentalité de la chasse française

Nous avons parlé de la chasse ces derniers jours, alors nous allons continuer en plongeant dans « Jour de chasse. »Cela va être un plongeon un peu long et nous allons le découper en trois parties, parce que cela en vaut la peine, tellement cela dit des choses.

« Jour de chasse » est en effet la grande revue de la chasse; elle représente le point de vue des vrais acteurs et idéologues de la chasse en France. Il suffit de regarder l’ours pour le comprendre.

Le groupe de presse Valmonde ne dira pas grand chose à beaucoup, et pour cause. Le principal représentant du groupe est « Valeurs actuelles », une revue dont le tirage augmente, ce qui est rare, tire à pratiquement 89 000 exemplaires, dont 91,2% par abonnement! C’est en effet la revue intellectuelle de la droite ultra-conservatrice, elle est donc très connue et assidûment suivie…

On peut remarquer d’ailleurs que le vice-président de « Jour de chasse », et auteur de l’éditorial, est Olivier Dassault, de cette grande famille de l’armement. On ne s’étonnera pas que soit salué la mémoire de Patrick Ricard, dont nous parlions dans La chasse et la (très) haute bourgeoisie.

Pour bien saisir la mentalité de « dominateur » qui existe ici, voici un extrait qui va troubler certainement beaucoup d’ennemis de la chasse. Il s’agit du chasseur « traditionnel » qui a existé dans le passé, dans la haute bourgeoisie. Il dénonce la chasse qui ne met pas en jeu le chasseur, dans toute une philosophie dominatrice, où le risque est très présent.

Il est obligé de remarquer par contre que les mentalités ont changé, qu’on est passé de la barbarie élitiste à la barbarie de grands bourgeois massacreurs. D’ailleurs, le même numéro de « Jour de chasse » fait l’apologie de chasseurs suédois mettant des GPS sur les chiens utilisés lors de la chasse, pour mieux traquer les animaux…

Cette mentalité élitiste est couramment mise en avant, pour masquer les tueries. Car, il ne faut pas se voiler la face: ces gens tuent des éléphants, et ils en sont fiers… En ce début de 21ème siècle en France, il y a des gens heureux de tuer des éléphants…

Voici un point de vue sur un roman, avec un extrait absolument terrible sur les éléphants, à la fin… il faut le lire pour le croire!

On a là tout un pan de la chasse française, en particulier dans la haute bourgeoisie, qui révèle sa mentalité: aventurière, exotique, finalement très d’esprit colonial. Ce sont ces gens qui répandent l’idéologie de la chasse en France, en général.

En Angleterre, la chasse au renard jamais autant pratiquée, malgré l’interdiction

L’exploitation animale est une réalité sociale; il n’y a pas de spécisme abstrait qui surplomberait une humanité indifférenciée. A Londres par exemple, la fourrure n’est plus vendue dans les grands magasins, sauf évidemment chez Harrods, qui vise le luxe des classes sociales « chics. »

De la même manière, la haute bourgeoisie anglaise n’a pas abandonné « sa » chasse aux renards, qu’elle considère comme relevant de sa propre identité (pour la France, voir par exemple notre article La chasse et la (très) haute bourgeoisie). Elle a donc défendu son identité en contournant la loi.

Voici un article du Figaro expliquant cela, et on notera bien que l’article constate simplement que la loi d’interdiction a été obtenue de haute lutte:

Un demi-million de personnes dans les rues de Londres au plus fort de la crise. Sept cents heures de débat à la Chambre des communes (contre trois heures pour l’engagement militaire en Irak!).

Et pourtant, pour se justifier, les chasseurs prétendent désormais traquer l’odeur du renard, plus le renard lui-même. Et ça passe… Car là est évidemment la grande contradiction chez les personnes combattant un certain type d’exploitation animale, mais niant sa réalité sociale. La fourrure, tout comme le « foie gras », fait partie de l’attirail de la haute bourgeoisie. Et les personnes riches qui dominent dans la société ont largement le moyen de contourner la loi, vue que celle-ci est organisée et appliquée par des gens qui leur sont intimement liées…

En Angleterre, ils chassent le renard envers et contre tous

Outre-Manche, la loi interdisant la chasse au renard date de 2004. Pourtant, cette activité n’a jamais été aussi pratiquée.

Un matin d’hiver, il y a quelques mois, non loin du château de Badminton (là même où fut inventé le jeu de raquettes du même nom), sur les terres du duc de Beaufort. Droit comme un «i» sur son destrier, Ian Farquhar, alias «le Capitaine» (ex-officier du Queen’s Own Hussars, il fut écuyer de la reine mère), sanglé dans sa veste verte, pibole (petite trompe) autour du cou et fouet en main, savoure le moment.

C’est l’heure du meet, rassemblement des cavaliers. Des hommes, des femmes, et même des enfants juchés sur des poneys. Des bénévoles en bottes de caoutchouc et aux joues rougies par le froid leur proposent un verre de porto ou de whisky, servi sur un plateau. Un rituel immuable dans une ambiance festive. Les chevaux piaffent. Les chiens, superbes et racés, s’impatientent, vont de l’un à l’autre.

Une meute de 35 foxhounds, élevés et dressés pour une seule chose: la chasse au renard. Pratique pourtant interdite depuis quelques années! «Il faut que tout change, pour que rien ne change». Visiblement, les Anglais ont fait leur cet adage tiré du Guépard. On se souvient de la polémique suscitée par cette abolition.

Un demi-million de personnes dans les rues de Londres au plus fort de la crise. Sept cents heures de débat à la Chambre des communes (contre trois heures pour l’engagement militaire en Irak!).

Et Tony Blair qui confesse dans ses Mémoires avoir commis une «erreur politique majeure» en faisant voter la loi. Explication de Pierre de Boisguilbert, secrétaire général de la Société de vénerie et fin connaisseur du sujet: «Ce fut une décision purement politique. Arrivé au pouvoir en 1997, Tony Blair a finalement été contraint d’interdire la chasse au renard en 2004, sous la pression de l’aile gauche du parti travailliste. Le but poursuivi n’était pas tant de protéger le renard (en surnombre outre-Manche, y compris à Londres) que de s’en prendre au symbole de l’Angleterre conservatrice et traditionnelle: le gentleman-farmer qui chasse à courre. Sauf que ce clivage droite/gauche se double d’une autre fracture, plus profonde encore: celle entre les urbains et les ruraux. Deux univers, deux modes de vie».

Pour contourner l’interdiction gouvernementale et perpétuer un hobby ancestral (la chasse au renard date du XVIIe siècle), les équipages ont donc modifié leur façon d’opérer. À défaut de traquer Charlie (le surnom du renard), les chiens se contentent de pister son odeur.

C’est ce qu’on appelle le trail hunt: à l’aube, des cavaliers traînant un drag (sac de jute imprégné d’urine de renard en flacon made in USA!) sillonnent la campagne, reconstituant le parcours qu’aurait suivi le gibier avant la funeste année 2004. Plus l’itinéraire est compliqué, plus il est apprécié des aficionados: murets, clôtures, ruisseaux, bosquets, fourrés. Un sport autant qu’une chasse. Et si chute il y a, la partie n’en sera que meilleure.

Autre différence: la présence toujours possible de ce qu’on appelle les «saboteurs». Entendez les opposants anti-chasse de la très militante et virulente LACS (League Against Cruel Sports). Ces forcenés se tiennent en embuscade, équipés de caméras et autres appareils, bien décidés à surprendre leurs ennemis en flagrant délit.

Car la loi exige du plaignant la preuve que la meute poursuivait un renard et non son odeur. Ce qui la rend quasiment inapplicable: moins de 10 condamnations nationales en tout et pour tout depuis son adoption. Pour environ 200 équipages chassant en moyenne quatre fois par semaine!

À en croire Ian Farquhar, ex-master of foxhounds de Beaufort (soit le grand manitou), ces quelques cas ne sont que des «accidents»: «Comprenez bien que nos chiens appartiennent à la 25e génération d’une lignée dont le pedigree remonte à 1743. Il a fallu deux siècles et demi pour obtenir cette meute exceptionnelle qui fait l’admiration de tous . Si jamais un renard est débusqué, par une regrettable coïncidence, of course, comment voulez-vous briser l’élan de 35 bêtes aussi athlétiques et surentraînées?».

Au pays de l’euphémisme et du double sens, chacun interprétera ces propos à sa manière. Seule certitude: en ce lundi glacial, la centaine de cavaliers (les grands jours, l’effectif peut atteindre 200 chevaux) lancée à la poursuite d’une proie virtuelle s’en est rentrée bredouille, après une demi-journée de galopade et de steeple-chase.

Une spectaculaire chorégraphie dans un décor champêtre, il faut le reconnaître. Mais de Goupil, point. Ultime question du journaliste cartésien à un Nemrod aussi fourbu que sa monture:- Finalement, vous n’attrapez jamais rien?- Si, des rhumes.

Qui est le plus rusé des deux, le chasseur ou le renard? Après vingt-cinq ans de loyaux services, Ian Farquhar a pris sa retraite l’été dernier. Sur les quelque 200 équipages recensés en Angleterre et au pays de Galles, seuls deux d’entre eux (Beaufort et Heythrop) sont autorisés à porter cette couleur.

Tous les autres sont en rouge. Badminton est considéré comme la Mecque de la chasse au renard et l’équipage de Beaufort, le nec plus ultra en la matière. Jusqu’en 2005, c’est là que le prince Charles et ses fils s’adonnaient à ce passe-temps.

Lexique pour néophytes

Si la vénerie française possède son propre jargon, il en va de même avec son homologue britannique. La barrière linguistique en plus.

– Meet: rendez-vous de l’équipage et des participants, vers 11 heures du matin, devant le pub du village ou la demeure d’un particulier.

– Master of foxhounds: le maître d’équipage. Il est le patron, l’organisateur et le responsable de la chasse.

– Huntsman: le piqueur. Muni de la fameuse pibole, il mène les chiens pendant le laisser-courre. Dans le cas de l’équipage de Beaufort, Ian Farquhar, légende vivante de ce milieu, cumule les titres de master of foxhounds et de huntsman.

– Kennelsman: il s’occupe des chenils, de l’élevage, du dressage et de la santé des chiens.

– Whipper-in: le second. Armé d’un fouet, il assiste le huntsman en veillant à ce que les chiens restent en meute et ne s’égayent pas dans la nature.

Ceux-là sont des professionnels, qui arborent la couleur de leur équipage (vert ou rouge). Les participants se contentent d’une jaquette bleue mais la couleur du revers indique s’ils sont des chasseurs réguliers ou simplement des invités occasionnels!

Snapshot Serengeti

Voici un projet très intéressant, qui montre comment le monde pourrait être totalement différent si l’humanité ne s’investissait pas dans un grand n’importe quoi anti-naturel.

Le projet s’appelle Snapshot Serengeti et concerne, forcément, le Parc National du Serengeti (nous en parlions avec la route devant être construite en plein milieu – Une route en plein parc du Serengeti?!Le projet de route en Tanzanie).

Le principe est simple : il y a des caméras qui sont cachées dans le parc et des millions de photographies ont été prises. Le projet Snapshot Serengeti les propose, avec une interface vraiment très bien faite afin qu’on puisse identifier les animaux sur les photos.

Bien évidemment, on peut penser que les scientifiques qui vont profiter de ces recherches n’auront pas forcément des bonnes méthodes, que leur compréhension des animaux sera immanquablement mécanique, au moins en partie. Cependant, c’est un pas en avant et une expérience importante.

Un autre aspect est bien entendu que certaines photographies pourront choquer, vue que la vie sauvage est marquée par la symbiose mais que celle-ci n’est pas forcément visible ; ce qui ressortira peut être bien souvent la « violence » crue de certains êtres contre d’autres, en raison de la nécessité de continuer à vivre, malheureusement aux dépens des autres.

Il ne faut pas oublier des aspects de Gaïa, ni évidemment sombrer dans la vision ridicule d’une « lutte de chacun contre chacun », mais bien saisir la complexité de la vie en Gaïa, une Gaïa qui comme on le sait évolue, se transforme (et pas forcément dans le bon sens pour le moment avec le réchauffement climatique, bien entendu).

Le projet Snapshot Serengeti est à comprendre comme un avancée dans la vaste compréhension de tout cela.

L’interface étant en anglais, voici une petite présentation, pas forcément nécessaire, car tout est très intuitif.

Le principe est qu’on a une photographie, et là soit on ne voit personne, soit on voit quelqu’un. Si on sait de quel type d’animal il s’agit, on choisit à droite, sinon clique sur « look like », « ressemble à » et là on a un choix restreint, rendant le choix assez facile.

Après on peut utiliser l’interface « pattern », pour définir sa robe.

De la même manière, on peut choisir la couleur, ou la forme des cornes.

Il s’agit en fait de filtres. Par exemple, ici en choisissant une robe unie, l’interface propose une série de choix, choix qui se réduisent plus on ajoute de sélections dans la catégorie couleurs, robes, forme de l’animal, forme des cornes, forme de la queue.

Si on clique sur la petite image, on l’a en plus grande et on peut s’assurer que c’est bien l’animal en question.

On arrive alors à la confirmation. On a trois photos de l’animal choisi (en cliquant les petits points sous la photo), et même un avertissement comme quoi on pourrait le confondre avec un autre animal (« often confused with » : souvent confondu avec).

Il faut préciser le nombre d’animaux, l’activité (standing : debout, resting : se reposant, moving : en mouvement, eating : mangeant, interacting : en interaction).

Une petite case est à cocher si un jeune animal est présent. Et bien sûr il faut être logué pour pouvoir confirmer.

Il est évidemment dommage que l’interface ne soit qu’en anglais, mais vue la nullité de l’engagement écologiste en France, on voit mal un financement avoir lieu quelque part pour aider à la traduction de l’interface, que bien peu de personnes en France utiliserait.

Pas parce qu’en France on aime moins les animaux qu’ailleurs, mais parce qu’en France, les animaux restent mis à l’écart dans la logique cartésienne leur ôtant toute valeur naturelle. Ce n’est pas pour rien que la chaîne britannique BBC finance des reportages fameux sur la vie sauvage, alors qu’évidemment du côté de France télévisions…

Le projet Snapshot Serengeti est en tout cas absolument passionnant pour qui aime les animaux et a envie de jeter un œil discret sur le Serengeti, tout en contribuant en même temps à ce qui doit être une compréhension plus approfondie d’une réalité complexe, car vivante.

Il y a une dimension d’humilité là dedans, quelque chose de bien, quelque chose d’utile !

Soulignons également que plus les gens participeront, plus cela contribuera à sanctuariser le parc du Serengeti… C’est d’une importance capitale.

Et imaginons. Imaginons un monde où à la place d’aller à l’armement, les investissements d’une humanité unifiée irait dans la compréhension respectueuse de la vie sauvage. Une caméra qui ne dérange pas la vie sauvage, une personne végane dotée de connaissances scientifiques étudiant ce que montre la caméra, en plein respect de la sensibilité animale, de sa complexité…

Voilà ce qui est une utopie, belle et exigeante, réaliste et nécessaire !

Le rat des baumettes (2)

Nous parlions il y a peu de l’intense propagande autour des rats lors du scandale des conditions de vie dans la prison marseillaise des Baumettes (Le rat des Baumettes). Cela n’a pas raté : en catastrophe, le Conseil d’État a annoncé des mesures devant être appliquées d’urgence.

Evidemment tous les médias ont résumé cela d’une seule manière : la « dératisation. » Ce qui s’est passé est un peu laborieux à comprendre, mais pour résumer : les journalistes ont manié le copié-collé et ont utilisé le terme de « dératisation » qui n’apparaît pas chez le Conseil d’Etat, mais que ce dernier a « gentiment » sous-entendu afin de masquer les questions d’ensemble.

Regardons de plus près comment cela est arrivé, afin de bien comprendre, non pas donc la méchanceté ou une volonté de « spécisme », mais bien un processus social-darwiniste où les rats sont pris en otage pour tenter de nier la réalité sociale des prisons.

Le Conseil d’Etat, pour prendre ses décisions, se fonde sur une demande de l’Observatoire International des prisons, concernant des choses vitales, tel que « garantir un accès régulier à l’eau potable à l’ensemble des personnes détenues. »

Voici l’extrait du document du Conseil d’État précisant les mesures demandées par l’Observatoire International des prisons :

d’enjoindre au centre pénitentiaire de Marseille de :- faire procéder à une inspection, par une entreprise spécialisée, ou à défaut parla sous-commission départementale pour la sécurité, des équipements électriques de l’ensemble des cellules en vue de faire sécuriser immédiatement les installations qui présenteraient undanger imminent au regard du risque de déclenchement des incendies ou de blessures par électrisation ;

– procéder à une inspection de l’ensemble des cellules en vue de retirer tout objet dangereux susceptible d’entraîner des blessures accidentelles ou volontaires ;

– procéder à la désaffectation des cellules au sein desquelles les deux types d’interventions précitées ne seraient pas réalisables ;

– faire procéder à une inspection, par une entreprise spécialisée, ou tout organisme administratif départemental compétent, de l’ensemble des locaux en vue de détermineret de mettre en oeuvre les mesures pouvant être prises en vue d’éradiquer les animaux nuisibles dont la présence et le développement dans ces locaux sont susceptibles d’exposer les détenus et le personnel pénitentiaire à des risques sanitaires ;

– garantir un accès régulier à l’eau potable à l’ensemble des personnes détenues ;

Comme on le voit, beaucoup de choses sont concernées. Le Conseil d’Etat n’y répond pas vraiment, se contentant de constater :

Considérant que les requérants demandent qu’il soit enjoint à l’administration pénitentiaire d’ordonner une inspection de l’ensemble des cellules individuelles du centre pénitentiaire des Baumettes, en vue, en premier lieu, d’assurer la sécurisation des équipements électriques, en deuxième lieu, d’y prélever tout objet dangereux pour les détenus ou le personnel pénitentiaire et, en troisième lieu, de garantir un accès effectif à l’eau courante

Considérant, d’autre part, qu’il résulte de l’instruction ainsi que des échanges à l’audience que, postérieurement aux recommandations du Contrôleur général du 12 novembre 2012, le chef d’établissement du centre pénitentiaire des Baumettes a fait procéder, par une équipe de surveillants, à l’inspection de l’ensemble des cellules individuelles que compte cet établissement ; que cette inspection, achevée le 20 décembre 2012, avait notamment pour objet de vérifier l’état des équipements électriques, de la plomberie ainsi que des huisseries de chacune de ces cellules ; qu’elle a en outre permis d’effectuer un prélèvement des bris de verres correspondant aux carreaux cassés de certaines cellules ; qu’à l’issue de ce contrôle systématique, il apparaît, au vu des éléments fournis par l’administration pénitentiaire, que 32 cellules présentent un problème lié à l’alimentation en eau courante, 131 comportent une chasse d’eau défectueuse et 121 présentent un problème au regard de l’équipement électrique, notamment en ce qui concerne l’éclairage intérieur

Par contre, voici alors ce qu’ordonne le Conseil d’Etat :

Article 3 : Conformément aux motifs de la présente ordonnance et dans un délai de dix jours à compter de sa notification, il est enjoint à l’administration pénitentiaire de procéder à la détermination des mesures nécessaires à l’éradication des animaux nuisibles présents dans les locaux du centre pénitentiaire des Baumettes.

Comme on le voit, le terme de « dératisation » n’est pas employé, mais les médias n’avaient pas besoin de plus. Les problèmes généraux de la prison des Baumettes sont gommés grâce à la « campagne », bien entendu urgente, salvatrice, censées résoudre les problèmes de fond, etc., contre les « animaux nuisibles » résumés aux rats pour les besoins du sensationnel.

Il n’en fallait pas plus pour que les principaux médias se précipitent.

Un seul média présente la chose différemment, le Courrier Picard. Mais cela ne va pas dans le bon sens, en fait ! Le Courrier Picard a le mérite de ne pas utiliser le terme de « dératisation », il se veut moins racoleur dans l’accroche.

Mais si on lit l’article, on retombe dans la dératisation, le terme étant employé dans ce qui serait une citation du Conseil d’Etat, mais qui n’apparaît pas dans l’ordonnance de celui-ci… Voilà ce que dit le Courrier Picard:

Face à l’insalubrité de la prison des Baumettes à Marseille, l’Etat a été contraint par la justice à prendre des mesures d’urgence, dont la dératisation et la désinsectisation de l’établissement pénitentiaire où le traitement réservé aux détenus est jugé illégal.

Saisi par l’Observatoire international des prisons (OIP) et d’autres organisations, le Conseil d’Etat a ordonné samedi une « opération d’envergure susceptible de permettre la dératisation et la désinsectisation de l’ensemble des locaux du centre pénitentiaire des Baumettes », et ce « dans les plus brefs délais ».

En fait, le Courrier Picard, comme la plupart des médias sans journalistes pour réécrire l’information, a simplement repris la dépêche de l’AFP, où on peut lire :

PARIS (AFP) – Face à l’insalubrité de la prison des Baumettes à Marseille, l’Etat a été contraint par la justice à prendre des mesures d’urgence, dont la dératisation et la désinsectisation de l’établissement pénitentiaire où le traitement réservé aux détenus est jugé illégal.

Saisi par l’Observatoire international des prisons (OIP) et d’autres organisations, le Conseil d’Etat a ordonné samedi une « opération d’envergure susceptible de permettre la dératisation et la désinsectisation de l’ensemble des locaux du centre pénitentiaire des Baumettes », et ce « dans les plus brefs délais ».

La plus haute juridiction administrative veut que soit réalisé d’ici à 10 jours « un diagnostic des prestations de lutte contre les animaux nuisibles » prévoyant « des interventions préventives et curatives ».

Mais où les médias ont-ils trouvé le terme de dératisation ? En fait, le document du Conseil d’Etat est un courrier administratif de dix pages, au jargon insoutenable.

C’est là que c’est vraiment intéressant. On est plus seulement dans le raccourci des médias, des journalistes qui manient le copié-collé. On est dans la construction d’une idéologie qui vise à résumer tous les problèmes de la prison – qui devrait être rasée, pour toute personne un tant soit peu logique – aux rats.

Voici l’impressionnante prose du Conseil d’Etat :

Sur les conclusions tendant à ce que soient ordonnées la détermination et la mise en œuvre des mesures permettant l’éradication des espèces nuisibles présentes dans les locaux de l’établissement :

10. Considérant qu’il résulte de l’instruction, et notamment des éléments rapportés à l’audience par la représentante du Contrôleur général des lieux de privation de liberté qui a été mis en cause pour observations dans les présentes instances, que les locaux du centre pénitentiaire des Baumettes sont infestés d’animaux nuisibles ; que les rats y prolifèrent et y circulent, en particulier la nuit ; que de nombreux insectes, tels des cafards, cloportes et moucherons, colonisent les espaces communs ainsi que certaines cellules, y compris les réfrigérateurs des détenus ; qu’en raison d’une carence du service d’entretien général, il apparaît que des cadavres de rats peuvent rester plusieurs jours consécutifs sur place avant d’être prélevés ; qu’une telle situation, que l’administration pénitentiaire ne conteste pas, affecte la dignité des détenus et est de nature à engendrer un risque sanitaire pour l’ensemble des personnes fréquentant l’établissement, constituant par là même une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ;

11. Considérant, il est vrai, que l’administration pénitentiaire, qui a pris la mesure de cette situation, a commencé d’y porter remède ; que, d’une part, 36 détenus ont été affectés à compter du mois de décembre 2012 au service général de l’établissement afin de renforcer les effectifs dévolus à l’entretien et à l’hygiène dans les locaux ; que, d’autre part, dans le cadre du contrat qui lie l’établissement à un prestataire de services chargé d’assurer la dératisation et la désinsectisation des locaux, l’administration pénitentiaire a augmenté la fréquence des interventions curatives, la dernière ayant eu lieu le 10 décembre 2012 et les prochaines devant normalement intervenir les 26 décembre 2012 et 11 janvier 2013 ; que, toutefois, il résulte de l’instruction que ces modalités d’action restent, en dépit des progrès qu’elles constituent, et ainsi que l’ont reconnu l’ensemble des parties à l’audience, insuffisantes pour remédier de manière efficace à cette situation d’atteinte caractérisée à une liberté fondamentale ; qu’il y a donc lieu, eu égard à l’urgence qui s’attache au prononcé de mesures de sauvegarde sur ce point, de prescrire à l’administration de prendre, dans un délai de dix jours à compter de la notification de la présente ordonnance, toutes les mesures utiles susceptibles de faire cesser au plus vite une telle situation, sans qu’il y ait lieu d’assortir cette injonction d’une astreinte ; que ces mesures doivent, en premier lieu, permettre la réalisation, au vu de la situation actuelle, d’un diagnostic des prestations appropriées à la lutte contre les animaux nuisibles, dans la perspective de la définition d’un nouveau cahier des charges pour la conclusion d’un nouveau contrat, après l’expiration, en mars 2013, de celui actuellement en vigueur ; qu’en effet, ce contrat devra prévoir des modalités et une fréquence des interventions préventives comme curatives adéquates à la situation effectivement observée au sein de l’établissement des Baumettes ; que ces mesures doivent, en second lieu, permettre d’identifier une solution de court terme proportionnée à l’ampleur des difficultés constatées, sans attendre la définition du nouveau cahier des charges et sans préjudice des interventions devant être effectuées dans le cadre du contrat actuellement en vigueur ; qu’en effet, il appartient à l’administration pénitentiaire de faire procéder, dans les plus brefs délais, selon les modalités juridiques et techniques les plus appropriées, et dans toute la mesure compatible avec la protection de la santé des détenus et des autres personnes fréquentant l’établissement ainsi qu’avec la nécessité de garantir la continuité du service public pénitentiaire, à une opération d’envergure susceptible de permettre la dératisation et la désinsectisation de l’ensemble des locaux du centre pénitentiaire des Baumettes ;

12. Considérant qu’il résulte de tout ce qui précède que la Section française de l’observatoire international des prisons et l’Ordre des avocats au barreau de Marseille sont seulement fondés à soutenir que c’est à tort que le premier juge a rejeté, par l’ordonnance attaquée, les conclusions tendant à la détermination et à la mise en œuvre de mesures appropriées à l’éradication des animaux nuisibles présents dans les locaux du centre pénitentiaire des Baumettes ;

Le Conseil d’Etat ne manque pas de gens brillants. En effet, de manière très subtile, l’ensemble des problèmes s’est vu résumé aux rats. Le Conseil d’Etat ne dit pas : on va refaire les murs, refaire le sol, redonner accès à l’eau potable, refaire les toilettes, tant qu’à faire agrandir le tout afin qu’il n’y ait plus surpopulation etc., non il dit, et il sait que les médias vont suivre: supprimons les rats, cause des vrais problèmes.

Comme si les pauvres rats étaient des « méchants » – le Huffington Post et Le Parisien ont d’ailleurs diffusé ce qui relève de la pure propagande : comme quoi des rats attaqueraient les détenus et les surveillants.

S’il y a des rats, comme des cafards, par ailleurs, dans la prison des Baumettes, c’est que celle-ci est insalubre (ces animaux n’envahissent rien du tout et ne sont pas la cause de la saleté, ils utilisent simplement une situation) et qu’il faut la raser (sans nuire aux animaux!). Tout le reste, c’est du rafistolage anti-humaniste et le prolongement du déni et de la fuite en avant dans le grand n’importe quoi.

Et l’anti-humanisme rejoint le social-darwinisme. La vraie question des prisons est gommée au moyen de la campagne contre les rats, entre jargon administratif et campagne médiatique !

Lettre ouverte de neuf Prix Nobel de la Paix aux dirigeants du monde

Le Réseau Sortir du Nucléaire a publié un document datant d’il y a plusieurs mois, mais toujours intéressant, puisqu’il s’agit d’un appel à sortir du nucléaire et des énergies fossiles, dans une lettre ouverte adressée par neuf prix Nobel de la Paix.On peut bien entendu considérer que cette lettre a de nombreuses faiblesses, puisqu’elle en appelle au bon sens tout en acceptant plutôt l’esprit très pragmatique de dirigeants en quête de profits; c’est-à-dire que c’est une lettre faussement naïve. Cependant, c’est toujours un argument de plus dans le combat contre le nucléaire!

Lettre adressée aux dirigeants du monde par 9 Prix Nobel de la Paix dans les premiers mois de la catastrophe de Fukushima et pour le 25ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl.

Préférez les énergies renouvelables à l’énergie nucléaire

Lettre ouverte de neuf Prix Nobel de la Paix aux dirigeants du monde
26 avril 2011

En ce 25ème anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine – et plus de deux mois après les gigantesques tremblement de terre et raz-de-marée qui ont dévasté le Japon – nous, soussignés et lauréats du Prix Nobel de la Paix, vous demandons d’investir dans un futur plus sûr et plus pacifique en vous engageant pour favoriser les sources d’énergie renouvelable. Il est temps de reconnaître que le nucléaire n’est pas une source d’énergie propre, ni sûre, ni économiquement abordable.

Nous sommes extrêmement inquiets de voir que la vie des Japonais est menacée par la radioactivité dispersée dans l’air, l’eau et la nourriture suite à la panne qui a eu lieu à la centrale nucléaire de Fukushima. Nous sommes fermement convaincus que si le monde cesse d’utiliser l’énergie nucléaire, les générations futures des peuples du monde entier – et en particulier les Japonais qui ont déjà trop souffert – connaîtront une vie plus pacifique et plus sûre.

« Vingt-cinq ans après Tchernobyl, il y a des gens qui affirment que les choses s’améliorent. Je ne suis pas d’accord », c’est ce que dit Mykola Isaiev, qui fut l’un des liquidateurs de Tchernobyl (les personnes qui contribuèrent à nettoyer le site). « Nos enfants sont malades parce qu’ils ont mangé des aliments contaminés et notre économie est anéantie. » Isaiev ajoute qu’il peut se mettre à la place des liquidateurs qui travaillent actuellement au Japon. Comme lui, ils ne mettaient probablement pas beaucoup en question la sûreté nucléaire.

Entendez ce que déclare un commerçant de Kesennuma, l’une des villes de la côte Nord-Est ayant subi de plein fouet le tsunami : « Ces radiations sont quelque chose d’absolument effrayant. C’est bien pire qu’un tsunami. Un tsunami, ça se voit. Mais ça, on ne peut pas le voir ».

La triste réalité, c’est que la crise radiologique qui frappe actuellement le Japon peut se produire à nouveau dans d’autres pays, comme elle s’est déjà produite à Tchernobyl en Ukraine à l’époque soviétique (en 1986), à Three Mile Island aux États-Unis (en 1979) ainsi qu’à Windscale/Sellafield au Royaume-Uni (en 1957).

Les accidents nucléaires peuvent être engendrés – et le sont effectivement – par des catastrophes naturelles – comme un tremblement de terre ou un raz-de-marée – ainsi que par des erreurs et négligences humaines. Dans le monde entier, les gens craignent aussi l’éventualité d’attentats terroristes dirigés contre des centrales nucléaires.

Mais la radioactivité ne doit pas seulement nous inquiéter en cas d’accident nucléaire. Chaque étape de la chaîne du combustible nucléaire relâche de la radioactivité, à commencer par l’extraction de l’uranium ; ensuite, cela continue durant des générations car les déchets nucléaires contiennent du plutonium qui restera toxique pendant des milliers d’années.

Malgré des années de recherche, les pays ayant un programme nucléaire, à l’instar des États-Unis, ont échoué à relever le défi que constitue la recherche d’un stockage sûr et sécurisé du combustible nucléaire « usagé ». En attendant, des déchets nucléaires supplémentaires sont produits chaque jour.

Les partisans de l’énergie nucléaire doivent affronter le fait que les programmes nucléaires civils fournissent les matières nécessaires à la fabrication d’armes nucléaires. C’est bien là la préoccupation sous-jacente face au programme nucléaire iranien. Tandis que, pour continuer dans la voie de l’énergie atomique, l’industrie nucléaire préfère ignorer cette énorme menace, celle-ci ne disparaît pas du simple fait qu’on la minimise ou qu’on l’ignore.

Nous devons également nous confronter à la dure réalité économique de l’énergie nucléaire. Dans une économie de libre marché, le nucléaire ne rivalise pas avec les autres sources d’énergie, tout simplement parce qu’il n’en a pas la capacité. L’énergie nucléaire est un choix énergétique au coût exorbitant, qui est en général payé par les contribuables.

L’industrie nucléaire a reçu des subventions considérables – l’argent des contribuables, donc – de la part des gouvernements, qui ont apporté leur garantie pour le financement de la construction des centrales, pour limiter la responsabilité des opérateurs en cas d’accident et assumer les coûts sanitaires et de dépollution. Il ne tient qu’à nous d’utiliser cet argent public d’une manière plus responsable en l’investissant dans les nouvelles sources d’énergie.

Il y a actuellement plus de 400 réacteurs nucléaires à travers le monde – dont un grand nombre se trouve sur des sites à haut risque de catastrophes naturelles ou de bouleversements politiques. Ces centrales fournissent moins de 7 % de la consommation mondiale d’énergie [1].

En tant que dirigeants du monde, vous pouvez travailler ensemble afin de remplacer cette petite quantité d’énergie d’origine nucléaire par d’autres sources d’énergie facilement disponibles, très sûres et économiquement abordables, pour nous engager vers un avenir sans carbone ni nucléaire.

Il nous est impossible d’empêcher de se produire les catastrophes naturelles comme celle qui vient d’avoir lieu au Japon, mais ensemble nous pouvons faire de meilleurs choix quant à nos sources d’énergie.

Nous sommes en mesure d’abandonner les combustibles fossiles ainsi que l’énergie nucléaire et d’investir dans une révolution des énergies propres. Ce changement est déjà en marche. Ces cinq dernières années, à l’échelle mondiale, l’éolien et le solaire ont produit plus d’énergie que les centrales nucléaires.

Les revenus mondiaux provenant du solaire, de l’éolien et des autres sources d’énergie renouvelable ont bondi de 35 % en 2010. Investir dans ces énergies renouvelables sera également créateur d’emplois.

Les sources d’énergie renouvelable sont l’une des clés majeures pour un avenir pacifique. C’est pourquoi on trouve tant de gens à travers le monde – et spécialement les jeunes – qui s’engagent déjà de leur propre initiative dans cette transition, sans attendre que les gouvernements agissent en ce sens.

En s’engageant pour un avenir sans nucléaire et faiblement émetteur de carbone, les États pourront s’associer et renforcer le mouvement mondial, grandissant et de plus en plus influent, de citoyens qui rejettent la prolifération nucléaire et soutiennent les énergies renouvelables. Nous vous demandons de vous joindre à eux pour transmettre un héritage fort qui assurera la vie et la protection non seulement des générations futures mais aussi de notre planète elle-même.

Cordialement,

Betty Williams, Irlande (Prix Nobel 1976)
Mairead Maguire, Irlande (Prix Nobel 1976)
Rigoberta Menchu Tum, Guatemala (Prix Nobel 1992)
Jody Williams, États-Unis (Prix Nobel 1997)
Shirin Ebadi, Iran (Prix Nobel 2003)
Wangari Maathai, Kenya (Prix Nobel 2004)
Archevêque Desmond Tutu, Afrique du Sud (Prix Nobel 1984)
Adolfo Perez Esquivel, Argentine (Prix Nobel 1980)
Président Jose Ramos Horta, Timor oriental (Prix Nobel 1996)

Traduit de l’anglais au français par Laurienne Mazure et Xavier Rabilloud pour le Réseau « Sortir du nucléaire ».

[1] Note du Réseau « Sortir du nucléaire » : il s’agit ici de la consommation d’énergie primaire. La statistique la plus significative, car seule à rendre compte à la fois des différences de rendement entre sources d’énergie et de la couverture effective des besoins énergétiques réels, est la consommation d’énergie finale, dont le nucléaire couvre à peine plus de 2 % au niveau mondial. Pour bien saisir la différence entre énergie primaire et énergie finale – cruciale dès lors qu’il s’agit de comprendre le sens réel de statistiques énergétiques – on consultera avec profit la fiche synthétique « De l’énergie primaire à l’énergie finale » de Global Chance, une association d’experts indépendants en énergie. Téléchargez la fiche en PDF.

« Fine food »: les enchères bobos de l’exploitation animale

«Voilà vous avez six ans de travail devant vous» a-t-elle indiqué en désignant son jambon qui nous aurait presque ému.

Voilà la teneur d’un article de Libération qui célèbre des riches qui ont la « bonté » d’acheter des produits du « terroir » aux enchères, faisant ainsi une aumône à la Croix Rouge qui recevra 90% des bénéfices… Avec un bourgeois bohème expliquant: «Oui, je suis un super militant en guerre contre l’industrie, les grands groupes alimentaires qui raisonnent en clône et en volume quand je pense respect de l’individu.»

Voici un extrait de cet article absolument édifiant.

«250 euros la côte de bœuf, une fois, deux fois… adjugé !»

Reportage Pour la deuxième année s’est tenue mardi la vente aux enchères gastronomiques Fine Food, dont les recettes sont destinées à la Croix-Rouge.

«La côte de vache Jersiaise à 200, personne à gauche, ni à droite, j’adjuge à 200.» Et le marteau de François Tajan, une des stars des commissaires-priseurs parisiens, de s’abattre. La scène s’est répétée 147 fois, mardi soir, lors de la deuxième édition des enchères gastronomiques Fine Food. Un concept inédit et presque subversif dans ce temple de l’argent et des belles «choses» qu’est l’hôtel Marcel-Dassault, en bas des Champs-Elysées, où Artcurial a abrité pendant quelques heures le travail de dizaines d’artisans de bouche.

Une longue salle blanche au premier étage, dominant l’avenue Montaigne, une des plus chères au monde. Au pied du perchoir de Tajan, dont la voix semble avoir été créée pour ce métier là et rien d’autre, deux énormes jambons et un magnum de cognac. Sur un écran défilent des photos des produits (ne manquent que les odeurs) et l’évolution des enchères libellées en euro, dollars américains, livres anglaises, francs suisses, yens japonais et yuans chinois. Dans la salle une population hétéroclite, pas ostensiblement riche mais discrètement chic, des hommes en veste et jeans pouvant s’offrir un demi-saumon sauvage de l’Adour pour 1200 euros. Et au téléphone, un mystérieux acheteur «1006» qui enquille les emplettes en cédant rarement aux renchérissements de la salle. Enfin, assis au pied du perchoir de Tajan, Bruno Verjus, tout de noir vêtu.

Verjus, c’est l’homme par lequel la gastronomie s’est glissée au milieu des tableaux, montres, bijoux ou automobiles, le lot commun d’une salle d’enchères. Même les vins et spiritueux y ont trouvé de longue date leur place. «Un soir en dînant avec Nicolas Orlowski j’ai lancé l’idée comme une blaque: et si on faisait des enchères gastronomiques?», se souvient avec gourmandise Bruno Verjus. Nicolas Orlowski, le patron d’Artcurial, donne son feu vert à Bruno Verjus. Une étape de plus dans la vie de ce bloggeur (Food intelligence, depuis 2005), auteur de livres sur la cuisine, chroniqueur gastronomique sur France Culture («On ne parle pas la bouche pleine» depuis 2011), et expert auprès d’Artcurial. Un homme qui, alors qu’on lui téléphone vers 16 heures, enfourne un lapin.

«Un super militant en guerre contre l’industrie»

Mais derrière une allure rabelaisienne se cache un militant politique, avec un grand P, tout heureux de jouer la carte de l’entrisme le temps d’une enchère. Car 90% (117 lots sur 147) des recettes recueillies mardi soir seront reversées à la Croix-Rouge française, qui s’en servira pour sa banque alimentaire dans les prochaines semaines. Quelques instant avant l’ouverture de la vente, Karine Thomas, représentant l’organisation caritative, est venue timidement exprimer sa satisfaction «dans cet univers un peu éloigné de nos réalités au quotidien» habitées «par ces nouveaux visages de la pauvreté, les jeunes et les travailleurs pauvres». La Croix-Rouge distribue chaque année 55 millions de repas.

«L’argent achète tout, ou presque, mais pas le goût.» C’est armé de ce genre de certitudes que Bruno Verjus a lancé les enchères Finefood.

«Oui, je suis un super militant en guerre contre l’industrie, les grands groupes alimentaires qui raisonnent en clône et en volume quand je pense respect de l’individu.»

Et de brandir en étendard un coq Barbezieux élevé spécialement pour la vente de mardi soir et pendant 300 jours, «quand les volailles vivent au maximum 28-30 jours». Verjus estime aussi «que nous avons encore le pouvoir de savoir auprès de qui nous dépensons notre argent». Dans son futur restaurant, «Table» qui ouvrira en mars à Paris, il travaillera avec deux cents petits artisans plutôt qu’avec hui gros fournisseurs. Il promet une carte jusqu’à 25 euros le midi, et environ 70 le soir.

Si c’était certes pour la bonne cause, il a quand même fallu mardi délier sa bourse pour s’offrir quelques produits d’exception, Bruno Verjus s’amusant de quelques symboles comme celui d’un Comté millésimé et d’un Gruyère suisse de Gstaad, «pour 280 euros, on a un café à Gstaad, non?». [Gstaad est une station de ski en Suisse, de type hyper chic.]

Les deux fromages sont partis pour 300 euros. Pendant deux bonnes heures, il n’y avait plus qu’à se laisser bercer par cette promenade gustative, culturelle, parfois tenté, dans un impulsion, de lever le bras quelques secondes avant que le marteau de Tajan ne s’abatte. Et de finalement se dire que 780 euros (tiens, environ 5000 francs) pour ces incroyables truffes blanches dont on avait pu humer le parfum puissant et fleuri, ce n’était malgré tout pas raisonnable.

Il y a aussi eu des lots de truffes noires (parties pour environ 400 euros les 250 grammes) dont Bruno Verjus a vanté la rareté car en raison d’un excès de pluie cet été et d’un froid insuffisant cet automne leur matûrité peine à venir. Les trois grammes de safran du Périgord ont été vendus 180 euros.

On a vu le demi saumon sauvage de l’Adour de Jacques Barthouil, qui n’en produit que dix par an, partir pour 1200 euros. La poularde à l’égyptienne de Yves-Marie Le Bourdonnec, enfermée dans un sarcophage en terre cuite, a été renchérie à 250 euros pour un kilo.

Ses côtes de boeuf «Wagyu» et «Longhorn» sont parties à 250 euroes chacune. Un acheteur aura le privilège, contre 1200 euros, de réserver une table pour deux au Noma de René Redzepi à Copenhague sans attendre environ un an. Les 10 centilitres de jus de bouleau, dénichés dans le grand nord suédois par Bruno Verjus, ont trouvé preneur pour 400 euros.

On a aussi appris qu’une côte de vache Blonde Aquitaine, mâturée 45 jours, pouvait se conserver «des dizaines d’années dans un congélo» grâce à la technique d’Alexandre Polmard (un procédé de surcongélation à -50 degrés qui fige la viande sans attenter à sa tendreté et son goût). Un jambon Pata negra de 2008 s’est envolé pour 1900 euros, sa propriétaire ayant raconté comment ses porcs s’ébattent chacun dans un espace de huit hectares au lieu d’un en général, avant d’être affinés pendant 58 mois.

«Voilà vous avez six ans de travail devant vous» a-t-elle indiqué en désignant son jambon qui nous aurait presque ému.

Libération est censé être un journal « de gauche », mais on voit bien que culturellement, c’est un journal conservateur, pour ne pas dire archaïque à la française! Malheureusement, on peut voir que ce discours bourgeois bohème est présent ailleurs qu’à Libération: depuis les associations welfaristes jusqu’à la ZAD, on fera l’éloge de la petite production fondée sur l’exploitation animale, comme un moindre mal, mais aussi et finalement surtout comme un gage de qualité!

Laisser « s’ébattre » un cochon avant de le charcuter relèverait de la morale, on pourrait manger l’animal assassiné en toute quiétude, avec bonne conscience… C’est là non seulement une formidable hypocrisie, mais en plus une forme d’exploitation animale alliée de la grande industrie, car cette consommation de bourgeois bohème se prétend « révolutionnaire » alors qu’elle n’est que le pendant de la grande industrie.

Au 19ème siècle, les ouvriers étaient maigres et le patron était gros, c’est désormais le contraire: aux gens qui travaillent une nourriture trop grasse trop salée etc., fondée sur l’exploitation animale la plus terrible, aux bourgeois « modernes » l’exploitation animale « morale » permettant de prétendre à un mode de vie plus sain et plus juste!

« …bien qu’il soit un amateur de corrida… »

L’une des pires choses qui puissent nuire au véganisme, c’est le relativisme. S’il y a des « poches » d’incertitude, ou de libéralisme, on ne convainc pas, on a pas l’air sûr de soi, on laisse place au doute.

On ne peut qu’être affligé de voir comment Brigitte Bardot vient ainsi de torpiller la lutte contre la corrida. Et nous disons cela alors qu’à LTD, si nous sommes bien entendu contre la corrida, nous ne considérons pas la campagne contre la corrida comme devant être une campagne centrale pour une stratégie de libération animale.

Voici donc ce qu’a dit Bardot :

Je soutiens Gérard Depardieu, victime d’un acharnement extrêmement injuste, bien qu’il soit un amateur de corrida, ce qui ne l’empêche pas d’être un acteur exceptionnel qui représente la France avec une popularité et une célébrité uniques

Il ne s’agit pas de critiquer Bardot une énième fois. Il s’agit juste d’évaluer l’impact culturel énorme de ses propos. En effet, Bardot s’est donnée l’image d’une irréductible. Or, ici elle relativise.

Relativiser, cela signifie qu’on peut accepter, à certains moments, qu’il ne s’agit pas d’une ligne de fracture. Il n’est pas difficile de comprendre que si Bardot « l’irréductible » relativise la corrida, alors en général on peut la relativiser.

Comment alors les personnes qui mènent campagne contre la corrida pourront-elles arriver en disant : c’est barbare, cruel, il faut l’abolition ?

Comment la grande masse des gens acceptera-t-elle un discours pour l’abolition de la corrida comme seule solution, si « même Bardot » accepte de mettre parfois cette question de côté ?

Tout cela par ailleurs pour défendre un beauf comme Depardieu, qui joue dans les médias le personnage archaïque du franchouillard aviné et rebelle, grande gueule et chef d’entreprise. Depardieu n’a vraiment rien de l’ami des animaux, assumant le véganisme, un mode de vie positif en refusant l’alcool, l’utopie écologiste, etc….

Mais bon tout cela on le sait, c’est comme quand Bardot proteste qu’on doive mettre sa ceinture en voiture, etc. C’est de la rébellion du café du commerce, cela n’a rien de nouveau et on ne va pas perdre de temps à ce sujet.

Non, ce qui compte, c’est que la campagne contre la corrida se voulait jusqu’au boutiste et comme une première étape. Or, on voit bien que sans garde-fou – le véganisme – on ne peut pas avancer, en raison du relativisme non vegan.

Jamais une personne végane ne dirait ce que Bardot a dit de Depardieu. Un jeune étudiant qui mange de la viande peut être quelqu’un de sympathique qui se trompe, mais un matamore comme Depardieu qui apprécie la corrida, ce n’est pas vraiment un camarade qui se trompe !

On pourra arguer qu’on va trop loin ici et que Bardot ne connaît pas forcément la position de Depardieu à ce sujet. Sauf que ce n’est bien sûr pas le cas. Voici justement la « Lettre ouverte » de Brigitte Bardot à Gérard Depardieu à propos de la corrida.

Cette lettre suit une interview accordée à Midi Libre à Nîmes à l’occasion de la sortie du film Bellamy sortant le 25 février 2009, où Depardieu avait affirmé:

« La corrida est un rituel sublime. Il ne faut pas entendre les arguments de ceux qui s’élèvent contre cette tauromachie, d’ailleurs les anticorrida sont beaucoup plus violents que tous les matadors qui tuent les toros. »

Ce qui montre que Depardieu s’y connaît et rejoint ici le mysticisme idéologique développé notamment par Simon Casas (voir Simon Casas, un faux humanisme de faux prophète).

Voici ce que disait Bardot alors en réaction :

Monsieur,

Je suis atterrée par votre déclaration sur la corrida parue, dimanche, dans Midi Libre : La corrida est un rituel sublime. Il ne faut pas entendre les arguments de ceux qui s’élèvent contre cette tauromachie, d’ailleurs les anti-corrida sont beaucoup plus violents que tous les matadors qui tuent les toros.

Comment pouvez-vous tenir de tels propos, vous pâmer devant cette boucherie à ciel ouvert, jouir d’un acte de cruauté passible de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 d’amende partout où le lobby tauromachique na pas imposé sa loi ?

Non, la corrida n’est pas un rituel sublime mais un rituel barbare et primaire.

Les Français, dans leur très grande majorité, ont honte de cette pratique sanglante. La violence que vous condamnez n’est pas le fait des anti-corrida, la violence, la lâcheté sont le fait de ces bouchers en collants roses qui torturent à mort un animal.

A vos propos affligeants, je préfère garder en mémoire ceux de Victor Hugo pour qui : Torturer un taureau, pour le plaisir, pour l’amusement, c’est beaucoup plus que torturer un animal, c’est torturer une conscience Mais la conscience aujourd’hui, tout le monde s’assied dessus !

Soyez assuré de mes sentiments consternés.

Brigitte Bardot Présidente

Depardieu est cohérent : il affirme un « style de vie » de matamore, assumant d’être une « grosse gueule », comment ne pourrait-il pas apprécier la corrida, qui est un acte de mise en jeu de sa propre vie pour se « transcender », pour vivre des émotions fortes ?

Bardot n’a pas seulement torpillé la lutte contre la corrida avec son relativisme, elle montre ici, en disant que Depardieu « représente la France », qu’elle est incapable de saisir que pour faire triompher la cause animale, il faut vaincre la beauferie.

Entre Depardieu le beauf et les animaux, elle a choisi Depardieu. Elle ne peut pas se prétendre amie des animaux alors qu’elle abandonne le taureau dans l’arène.

Notons pour finir que dans son communiqué de soutien à Depardieu, Bardot demande également à un acteur ayant critiqué Depardieu de :

garder son venin, sa vulgarité, sa médiocrité et sa jalousie pour insulter ceux qui en valent la peine

Nous, à LTD, étant cohérent, n’acceptons pas l’utilisation du terme « venin » dans ce contexte. Parler de « venin » est une insulte aux animaux ayant du « venin », car eux sont naturels, alors que là sinon on est dans du matamore, de l’egotrip, du narcissisme, du beauf, médiatique qui plus est !

Emission de radio sur la ZAD et l’aile ou la cuisse

Voici une émission de radio faite sur la ZAD et consacrée à la libération animale (dans un esprit antispéciste et anarchiste), à écouter en podcast (http://archive.org/details/RadioKlaxonEmissionneSurLaLiberationAnimale).

 

Nous trouvons bien entendu très courageuses les personnes véganes qui sont sur la ZAD, pas seulement parce que toutes les personnes sur la ZAD sont courageuses, mais également qu’être vegan sur la ZAD…

Les personnes dans l’émission de radio sont obligées de l’admettre : depuis la répression, l’esprit a changé et déjà que nous trouvions la lutte sur la ZAD ambiguë, à nos yeux désormais c’est vraiment intenable.

Une preuve de cela est que Coreff, une marque de bière bretonne, lance une bière spéciale « non a l’aéroport », à la demande de la confédération paysanne… 5000 bouteilles de bière vont être vendues, 1 euro par bouteille revenant au collectif carhaisien d’opposants à Notre-Dame-des-Landes.

C’est tout un symbole de ce qu’est devenue la lutte à Notre-Dame-des-Landes. Au départ, ce n’était pas très net, mais cela portait à l’universel, il n’y avait pas le travers de la lutte locale ou identitaire. Là c’est fini, tout est évident : la lutte est devenue celle du petit capitalisme contre le gros capitalisme, des petits capitalistes et de leur bocage contre les gros capitalistes qui ont besoin d’un aéroport.

Les revendications dans la lutte contre l’aéroport sont désormais totalement focalisées sur « l’indépendance alimentaire » et le refus de l’État, sur l’autonomie locale et la petite production.

Le combat contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale n’apparaît même plus, par contre le foklore « contre l’ayraut-porc », on y a droit ! On en est revenu à une dimension bien franchouillarde, très 19ème siècle – mon pavillon mon lopin de terre.

Et les gens qui veulent cela se sentent proches de l’anarchisme, ce qui est vrai, mais encore faut-il préciser qu’il s’agit de l’anarchisme individualiste, celui de Max Stirner ou de Proudhon.

Tout cela n’a rien à voir avec l’esprit collectif des anarchistes, des socialistes, des communistes qui entendaient établir un projet collectif. Les revendications sont d’un individualisme exacerbé qui est absolument odieux.

Et justement comme la lutte à Notre-Dame-des-Landes est individualiste, elle va échouer, en étant incapable de se relier à un projet global, donc de mobiliser à grande échelle les gens « normaux » et donc en étant isolés…

Et en sombrant dans une sorte d’apologie de la petite propriété qui va amener tous ces gens dans les eaux les plus troubles, que remarquent déjà de plus en plus de personnes observatrices : si les fachos n’ont pas le droit de citer, de part les thématiques, il y a des lieux de passage assez effarants.

On pourra arguer que nous exagérons et que nous reprenons notre critique d’un certain pétainisme ambiant qu’on trouve à la ZAD (« La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. »), mais on ne peut qu’être vite fixé et les faits parleront vite d’eux-mêmes !

En attendant, on peut légitimement penser que l’esprit de la lutte sur la ZAD, c’est désormais l’aile ou la cuisse, comme le fameux film de Claude Zidi sorti en 1976.

Dans ce film, on a un critique gastronomique, Charles Duchemin, qui parcoure les restaurants en France en étant déguisé, et va se retrouver confronter à la « bouffe » industrielle de Jacques Tricatel, symbole du « mal absolu », de l’absence de goût, de nourriture industrielle, etc. Louis de Funès a immortalisé le personnage de Duchemin, appuyé par Coluche dans sa bataille contre la « malbouffe. »

Le projet de la ZAD est dans cet esprit, ou encore dans l’esprit du programme télévision du dimanche 9 décembre 2012. Sur TF1, Robin des bois, avec des gens heureux de vivre en communauté en pleine forêt, l’image finale étant des gens marchant derrière Robin des Bois, portant une biche assassinée ou des poissons au bout d’un fil ! Sur France 2, Le seigneur des anneaux : la communauté de l’anneau, avec encore une petite communauté repliée sur elle-même, auto-suffisante, etc. !

Et dans les deux scénarios, une puissance obscure venue de l’extérieur empêchant la communauté de pouvoir vivre de manière auto-suffisante !

La lutte sur la ZAD a été contaminée par l’esprit français de repli individualiste, le rêve censé être américain du pavillon individuel, mais qui est en réalité bien français. En France, il y a le culte de l’indépendance, avec le petit pavillon et son « bout de terrain. »

Un pavillon qui coûte une fortune en entretien, qui sur le plan de l’énergie est une catastrophe écologique, qui amène un isolement social et qui étale la ville aux dépens de la Nature… Qui empêche l’émergence d’un rapport humain authentique à la Nature.

Il semble encore une fois que les Français refusent l’universalisme, et cherchent une voie à travers leur « terroir » : c’est cela finalement ce qui va ressortir de la ZAD. C’est triste, mais quand on ne veut pas l’universel, on ne peut que retomber dans le restreint, les raccourcis, le mesquin !

L’équithérapie, entre mysticisme et exploitation animale

Les enfants aiment les animaux, même s’ils ne savent pas s’y prendre, et même s’ils ont très vite intégré des comportements sociaux-darwinistes parfois extrêmement agressifs, comme par rapport aux pigeons.

Cela relève là du rapport à la Nature ; les êtres humains aiment la Nature. Il y a là bien entendu une contradiction avec l’esprit, la culture de l’exploitation animale. C’est là qu’intervient par exemple quelque chose comme l’équithérapie.

Voici la définition fournie par Wikipédia :

L’équithérapie, souvent appelée hippothérapie en Belgique, est une médecine non conventionnelle et complémentaire prenant en considération le patient dans son entité physique et psychologique, et utilisant le cheval comme partenaire thérapeutique afin d’atteindre des objectifs fixés en fonction de la spécialité du thérapeute

Justement, le « journal des psychologues » est une revue « qui s’adresse à l’ensemble des professionnels de la psychologie. » Dans le dernier numéro, de décembre 2012 / janvier 2013, on a droit à un article sur l’équithérapie.

Voyons de quoi il en retourne. En fait, on va voir que c’est vraiment impressionnant dans le délire et dans le mysticisme. L’article présentant l’équithérapie commence à la fois par une acceptation revendiquée de l’exploitation animale, mais surtout un début d’allusion à une conception visant à établir un rapport « énergétique » entre l’enfant et le cheval, pas moins !

Ensuite, il apparaît que le cheval est considéré selon un angle où cet animal serait une sorte de magma primitif, une soupe psychologique quasiment pas développé, permettant une « régression ».

On passe alors au mysticisme : le rapport érotique au cheval, puisqu’il est « chevauché » sans selle, ouvre la porte à un retour dans le ventre maternel… On nage en plein délire.

On remarquera qu’il est parlé de « dialogue » entre l’enfant et le cheval, alors qu’il est en même temps précisé que le cheval se limite à sa fonction de « portage » !

L’enfant « absorbe » alors d’une certaine manière le cheval, retrouvant « un plaisir anal et phallique » ! Ce que les « psychologies » ne doivent pas chercher pour justifier leur vision du monde absurde et nier le fait très simple que l’enfant est heureux d’un rapport avec un être vivant, un rapport qui ne soit pas faussé, aliéné, violent, teinté d’exploitation, de racisme, de sexisme, etc. !

D’ailleurs, l’auteur de l’article parle de la dureté de la « vie », en général, présentant une « vie » en général se résumant à ce qui se passerait dans le « psychisme »… On atteint là un point culminant de la négation de la Nature et d’anthopocentrisme !

L’équithérapie n’est qu’une fumisterie sans nom, servant à l’exploitation animale pour masquer le fait que l’on se sente forcément mieux lorsqu’on rétablit un rapport à la Nature.

La véritable thérapie, c’est celle qui nous reconnecte à la Nature, à Gaïa, non pas de manière mystique, mais de manière rationnelle, en utilisant sa sensibilité pour reconnaître la sensibilité qui existe sur notre planète. Le sensible appelle le sensible : voilà pourquoi l’enfant et le cheval s’entendent. Ce n’est nullement une régression, mais un progrès, une avancée dans le développement de sa sensibilité.

Une éducation sans Nature, une société sans reconnaissance pleine et complète de la Nature, n’est qu’aliénation !

Une baleine à bosse sauvée de la mort par seulement 5 personnes

Voici une histoire incroyablement belle, qui pourrait arriver à tout ou le monde, ou presque.

Car à condition d’être attentif et attentive à son environnement, il est souvent possible de venir en aide à des animaux en danger, que ce soit des animaux abandonnés dans la rue, jetés dans des cartons ou dans des sacs poubelles, ou que se soit pour aider un pigeon blessé qui se serait réfugié dans un coin ou se cacherait sous une voiture.

Le tout est d’être alerte, de regarder autour de soi et d’avoir toujours à l’esprit qu’il est possible de trouver un être en danger dehors.

Voici une histoire qui s’est déroulée en février 2011 dans la mer de Cortez, mais dont l’information ne ressort que maintenant. Un scientifique répertorie les baleines à cet endroit depuis 2 mois. Un jour comme les autres, lors d’une promenade en mer avec sa famille, ils tombent sur une baleine à bosse qui semble morte.

Cette baleine est à l’agonie, en effet, elle est complètement emprisonnée dans un filet de pêcheurs. Sa queue était entièrement prise dans un filet, et ses nageoires pectorales étaient plaquées sur son corps à cause du filet et sa nageoire dorsale était aussi prise dans les mailles.

Après un long  et patient acharnement d’une heure, la baleine, épuisée, fut enfin libérée de ce filet qui menaçait sa vie, si ces personnes n’étaient pas heureusement passées par là.

Cette vidéo, qui montre une très belle et heureuse histoire, est à regarder en entier (elle ne dure que 8 minutes), ne serait-ce que pour apprécier la joie des sauveteurs et les sauts que fait dans son lieu de vie, la baleine enfin délivrée.

Une baleine à bosse, adulte, fait environ 14 mètres de long. Vu à quel point cette baleine était entravée dans ce filet, on peut en déduire qu’il était terriblement long, comme tous ces filets industriels qui envahissent et détruisent les mers et tous ses habitantEs.

Cette baleine a eu énormément de chance, les filets de pêche perdus en mer (à cause d’une tempête, accrochés à un récif de corail) ou tout simplement jetés, sont des dangers constants pour toute la vie marine. Les poissons, les mammifères marins, les tortues, les crustacés et même les oiseaux marins sont victimes de ces « filets fantômes. »

Que les animaux meurent à cause de l’irresponsabilité de l’être humain est déjà une aberration, mais en plus ces filets causent une lente et terrible agonie de plusieurs jours, les animaux mourant de faim ou asphyxiés.

Peu de chiffres sont trouvables à ce sujet, mais environ 640 000 tonnes de filets de pêche seraient abandonnés ou jetés en mer ou à l’océan chaque année. Par ailleurs, dans la Baie de Chesapeake aux Etats-Unis, on estimerait que 150 000 pièges à crabes seraient perdus chaque année sur les 500 000 qui sont utilisés.

Que se soit de la pêche industrielle de masse ou de la pêche « de loisir » dans un étang, les résidus de la pêche tuent les poissons et les autres animaux marins. Dans les étangs et autres petits points d’eau où vivent des poissons, il n’est pas rare de trouver des restes de fils de pêche, avec parfois un hameçon au bout… Ce fil se retrouvant dans la bouche, dans la gorge, dans le bec d’un animal…

Tous les animaux n’ont pas la chance de s’en sortir comme cette baleine, au contraire, bon nombre meurent dans d’atroces souffrances, dans une longue agonie, sans que personne ne puise leur venir en aide, comme le montre cette dramatique image d’une tortue emprisonnée dans un inextricable filet.

Nous n’aimons pas montrer des photos d’êtres en souffrance ou décédés, mais il est parfois indispensable de rappeler la vie cauchemardesque que subissent, en silence, les êtres de Gaïa. Surtout lorsqu’il s’agit d’un problème dont personne ne parle et dont peu de monde se soucie.

Manger les animaux n’a pas seulement un impact direct sur ces personnes que l’on massacre, cela va bien au delà, avec les problèmes environnementaux que l’on connaît par exemple (le méthane rejeté à cause de l’élevage).

Dans le cas de ces filets fantômes différentes solutions sont proposées, allant des primes pour les pêcheurs récupérant leurs filets, en passant par les nouveaux matériaux pour ces filets etc.

Tout ceci est bien gentil, mais cela ne change strictement rien au problème de fond, tourner ainsi autour du pot ne change strictement rien à l’exploitation animale et à l’agression que subit Gaïa… Alors que la solution est simplement le véganisme!

Le rat des Baumettes

Il y a quelques jours a été diffusé un document du contrôleur général des lieux de privation de liberté sur la prison des Baumettes à Marseille. Y était dénoncé des conditions de vie abjectes, comme en témoigne par exemple cette photo.

Parmi les photographies, on trouvait également celle-là.

C’est cette photographie qui est également importante de notre point de vue. En effet, il n’existe pas de point de vue neutre. Toute photographie, de la manière dont elle est cadrée, le choix de la luminosité, par le choix de ce qu’elle représente, est un parti-pris.

Et cette photographie, justement, relève du social-darwinisme. Parce que les conditions de la prison sont inhumaines, il « fallait » que soit montré le caractère inhumain, et alors le social-darwinisme en appelle à ce qui est « monstrueux », animal.

C’est là qu’on retrouve nos pauvres amis les rats, qui sont encore une fois utilisés de manière démagogique afin de symboliser ce qui est inhumain. Mais les humains ne peuvent pas être inhumains : s’ils ont l’air de l’être, c’est que quelque chose ne va pas, il est totalement faux de prétendre que cela serait un « retour en arrière » au côté « animal. »

En présentant un rat mort, la photographie ôte toute dignité à cet être vivant ; le rat est utilisé comme « preuve » utilitaire du caractère inhumain de la prison. Sa réalité sensible est niée, son corps mort est exploité comme moyen d’affirmer quelque chose de totalement extérieur à lui.

Sont-ce les rats qui ont construit la prison des Baumettes ? Sont-ce les rats qui ont fait que les humains se retrouvent dans une société où l’on met des gens en prison en tentant de leur arracher toute dignité ? Sont-ce les rats qui sont à l’origine du crime dans la société française ?

Absolument pas. Et le fait de présenter de la sorte un rat mort montre bien que la photographie en appelle à une « amélioration » qui passe par la « culture » et non pas la nature. En fin de compte, on en appelle ici à une prison plus « moderne » et plus « humaine. »

Or, il est évident que si le crime existe, c’est parce que la société prétendument humaine ne l’est pas ; si les personnes emprisonnées allaient travailler en rapport avec la nature, si elles exerçaient des activités socialement utiles mais aussi et surtout utiles à la vie en général, alors elles se transformeraient, elles progresseraient.

Il existe une multitude de choses faciles à faire qui donnent un sens à la vie, et les personnes emprisonnées, si elles fabriquaient par exemple des voiturettes pour chiens, trouveraient facilement un sens à aller de l’avant, à se rendre utiles.

Ceci dit, c’est valable pour les gens en-dehors des prisons et inversement il faut rappeler qu’il existe déjà des emplois en prison, payés absolument une misère et qui représente un degré terrible d’exploitation !

En tout cas, ce qui est certain, c’est qu’une société humaine qui nie la Nature ne peut qu’aller dans le mur, elle n’a pas de perspectives, car elle nie la réalité sensible. Comment s’épanouir si on nie pourtant cela ?

La photographie du corps d’un rat mort n’est donc pas un témoignage en appelant à la dignité, c’est une tentative de sortie par le social-darwinisme, en attaquant plus faible que soi. Les prisons n’auront un sens que lorsque les rats seront reconnus dans toute leur dignité, mais alors il n’y aura plus de prison du tout, car l’humanité vivra en reconnaissant la vie et son épanouissement !

Rimbaud, La Rivière de Cassis

Ce qui manque bien sûr en France, c’est de célébrer la Nature, non pas pour ce qu’on imagine voir à travers elle, mais pour elle-même, comme réalité sensible. Rimbaud fait bien sûr partie de ceux et celles qui ont essayé d’aller en ce sens.

La Rivière de Cassis

La Rivière de Cassis roule ignorée
En des vaux étranges :
La voix de cent corbeaux l’accompagne, vraie
Et bonne voix d’anges :
Avec les grands mouvements des sapinaies
Quand plusieurs vents plongent.

Tout roule avec des mystères révoltants
De campagnes d’anciens temps ;
De donjons visités, de parcs importants :
C’est en ces bords qu’on entend
Les passions mortes des chevaliers errants :
Mais que salubre est le vent !

Que le piéton regarde à ces claires-voies :
Il ira plus courageux.
Soldats des forêts que le Seigneur envoie,
Chers corbeaux délicieux !
Faites fuir d’ici le paysan matois
Qui trinqué d’un moignon vieux.

Arthur Rimbaud, Derniers vers

Communiqués d’Amérique latine et de Grèce

Jusqu’à présent, le mouvement insurrectionaliste anarchiste qui existait parallèlement en Amérique latin et en Europe avait ceci de particulier qu’outre-atlantique, il y avait une ligne vegan, pour la libération de la Terre et anti-civilisation.

Voici quelques documents très instructifs pour comprendre la teneur de ce mouvement et aussi, peut-être, un certain changement en Europe.

Voici tout d’abord le communiqué d’une action de l’ALF à l’Université de Concepción au Chili, au moment de la tenue du « International Symposium on Biomedical Research Models. » Nous publions le document, en plus de son intérêt informatif, car on y trouvé présenté la conception hégémonique au sein de l’ALF en Amérique latine, dont l’esprit est très loin bien sûr de « ALF le film. »

L’action illégale a eu lieu le 14 novembre, le communiqué vient d’être rendu public par le site Bite back!

chaque individu doit être en mesure de prendre en charge sa propre santé, et il n’y a aucune excuse pour externaliser la responsabilité de connaître son propre corps, rien ne justifie la vivisection comme une méthode de guérison.

rien ne justifie la supériorité auto-convaincue et vaniteuse avec laquelle les humains disposent d’autres animaux, de leurs corps, de leurs vies, de leurs temps, même de la manière la plus hygiénique, feutrée, sophistiquée, ou anesthésiée possible.

qu’il est contradictoire de faire souffrir et tuer des animaux pour en arriver à la santé. les gens pensent qu’ils aident alors qu’ils ne font que perpétuer le déclin humain.

les scientifiques qui jour après jour provoquent des maladies chez des animaux, beaucoup d’entre eux transgéniques, pour appliquer leurs remèdes chez l’homme, pour l’améliorer, pour le rendre toujours plus immortels, plus parfait, pour améliorer la race humaine, sont des nazis en blouses blanches! des tortionnaires payés par l’État et les laboratoires pharmaceutiques.

nous avons attaqué le Symposium International sur les Modèles de Recherche Biomédicale [http://www.creav.cl/simposiointernacional] dans la mesure où se réunissent là-bas des exploiteurs d’animaux qui sont prestigieux, tant nationalement qu’internationalement.

nous l’avons fait au moyen de 2 engins incendiaires explosifs, un placé sous une camionnette appartenant à l’université de concepcion, plus particulièrement au département de la recherche, et une autre placée sous le camion du docteur fidel castro, pionnier latino-américain dans la création d’animaux transgéniques et expert en clonage d’animaux, il est e fait le premier à cloner une vache au chili, mais cela montre clairement ce à quoi il se dédie :

« de là sont nées les bio-usines, c’est ce à quoi je me suis engagé à Cuba, pour générer des usines d’animaux pour produire des médicaments à usage médical et c’est ce que nous voulons faire (ici) si nous modifions ces animaux de telle manière que leur lait contienne génétiquement des médicaments introduits par l’ingénierie génétique, le coût serait réduit et la disponibilité augmenterait… »

cela, en plus de la mise en œuvre d’un nouveau centre de torture animale (un vivarium) dirigée par la doctoresse Roxana Pincheira et ses laquais qui l’ont rapidement mis en chantier à l’université de conception, constitue la motivation de nos actes.

à ceux qui profitent de la souffrance animale et l’artificialisation de la vie de savoir que nous sommes proches et que nous ne nous reposons pas.
ce matin la mémoire de Barry Horne nous a protégés et sa force nous a accompagnés.
liberté pour tous les animaux emprisonnés et torturés

salutations remplies d’amour et de rage aux guerriers et guerrières nicola gai et alfredo cospito à braulio duran gonzales à henry zegarrundo et particulièrement à marco camenisch. la distance nous sépare mais la lutte nous unit.

frente liberacion animal

Voici quelques précisions au sujet des personnes nommées.

Nicola Gai et Alfredo Cospito sont deux personnes accusées d’avoir tiré au pistolet dans les jambes du responsable du nucléaire en Italie, en mai dernier. Braulio Arturo Durán González est en prison au Mexique depuis septembre 2010, il est accusé de participation au mouvement pour la « libération totale » et d’incendies de banques.

Henry Zegarrundo est en prison depuis mars 2012 ; il est accusé de participation à une série d’attaques illégales, notamment contre la construction d’une route devant traverser un parc national. Enfin, Marco Camenisch est emprisonné en Suisse ; il est accusé de différentes actions illégales.

Voici maintenant un communiqué d’Argentine ; à Buenos Aires, une centaine de voitures de luxe a été incendiée par les AmiEs de la Terre/ Fédération Anarchiste Informelle.

Nous informons qu’au cours du mois de novembre passé plus d’une centaine de voitures de luxe ont été incendiées à Buenos Aires dans les quartiers de Recoleta, Palermo, Belgrano, Nuñez, Villa Urquiza et Villa Devoto. Ces actions incendiaires ont pour auteurs des mains anonymes qui se font appeler « AmiEs de la Terre » FAI.

La voiture qui a brûlé sur l’Avenue Coronel Díaz au 1700 le samedi 8 décembre à 2h30 et le camion de la police fédérale du commissariat 5 minutes après à quelques pâtés de maison de là, comme l’attaque incendiaire sur le concessionnaire Volkswagen le dimanche 9 décembre à 3h30 sur l’Avenue San Martín au 6700, ont été un geste de libération pour tous les êtres de ce monde qui subissent l’oppression et l’exploitation du système qui nous domine.

En décembre nous souhaitons pourrir les fêtes hypocrites et fascistes de tous ces chrétiens de merde qui feront attention à ce que tout ce qu’ils ont de valeur dans les mains ne leur échappe pas.

Nous allons faire notre possible pour que vos voitures, banques, commissariats, ambassades et vous-même soyez touchés par notre feu.

Nous encourageons les autres noyaux de la FAI de cette région à participer à l’offensive contre l’État et le Capital de la façon qui leur semble que l’action directe anarchiste doit se faire.

Les coups que les différents secteurs du Pouvoir donnent aux compagnonNEs n’enrayeront pas les pratiques subversives qui s’étendent dans les cœurs révolutionnaires.

Salut et anarchie pour tous ceux qui luttent, spécialement pour les compagnonNEs prisonnierEs en Grèce, Italie, Allemagne, Suisse, Indonésie, Mexique, Chili et Bolivie.

QUE LE CHAOS ET LE FEU LIBÉRATEUR SE PROPAGENT

AmiEs de la Terre / Fédération Anarchiste Informelle

Voici le communiqué d’une action en Europe, en Angleterre, dans une formulation plus « traditionnelle. »

Fin novembre un élevage de dinde au sud de l’Angleterre a subi la perte de 30 dindes. Soit disant il s’agissait d’une ferme de haute qualité pour les dindes, mais même ainsi nous avons été dégoûtés, mais pas surpris, en voyant d’énormes plaies infectées sur plusieurs volailles.

L’abattage commence la première semaine de décembre, ainsi ces dindes ont eu la chance de s’échapper. Elles auront toutes une maison pour toujours et bien que nous étions attristés de voir certaines que nous n’avons pas pu libérer, si nous ne l’avions pas fait aucune n’auraient été sauvées.

Les dindes sont maintenant en sécurité et prêtes pour profiter d’une vie sans cruauté,

les vrai-e-s Père et Mère noël

Jusqu’à ce que toutes les cages soient vides !

Enfin, et c’est justement nouveau et assez particulier, voici la revendication de l’explosion de la bombe posée au siège du local du parti nationaliste en Grèce, à Aspropyrgos, le 4 décembre 2012.

Comme dit plus haut, le mouvement anarchiste insurrectionaliste n’assume normalement pas la libération animale, ni la libération de la Terre, pas plus que la lutte « anti-civilisation. » Or, le communiqué suivant salue la « Fraction Anti-Civilisation du Front de Libération de la Terre (Fédération Anarchiste Informelle). » Est-ce une figure de rhétorique, une reconnaissance de différences (la fraction au sein de l’ELF, elle-même composante de la FAI)? C’est difficile à dire.

Nous publions ainsi de manière un peu exceptionnel ce (long) communiqué en entier, même s’il n’a pas de rapport direct avec la libération animale et la libération de la Terre (ce qui est notre critère pour ce qui est publié sur LTD!), car c’est une bonne illustration de la question: on peut bien sûr penser que tout cela n’est pas forcément très clair, voire parfois contradictoire (puisque certainEs anarchistes insurrectionalistes sont végans, d’autres pas, pareil pour la problématique de la libération de la Terre, etc.) ; cependant et justement, ces documents permettent de se forger un avis, ou de tenter de s’en forger un !

Le Front Antifasciste/Fédération Anarchiste Informelle (FAI) revendique la responsabilité de la pose d’un dispositif explosif dans le bâtiment abritant les bureaux régionaux d’Attique de l’Ouest d’Aube Dorée, dans la banlieue d’Aspropyrgos, au kilomètre 17 de la route nationale Athènes-Corinthe.

Les caractéristiques particulières de l’emplacement (c’est une zone où il n’y a quasiment pas de circulation, en particulier la nuit) nous a donné l’avantage de poser l’engin explosif sans avoir à faire un appel téléphonique d’avertissement – qui aurait pu inciter les flics à désactiver le dispositif d’horlogerie que nous avons utilisé, afin de protéger les bureaux de leurs collaborateurs et amis, les chrissavgites/partisans d’Aube Dorée.

Par ailleurs, les compagnons qui ont déclenché l’engin explosif avaient vérifié le périmètre de la zone avant l’attaque, de sorte qu’aucun passant lambda ne soit blessé.  Il n’était pas dans notre intention de porter préjudice à l’atelier d’enseignes situé au rez-de-chaussée, car notre objectif était exclusivement de viser les bureaux d’Aube Dorée situés au premier étage.

Mais soyons clairs, que ceux qui tolèrent d’être logés dans le même bâtiment que des fascistes sont responsables d’amener  le problème sur leur palier. Par conséquent, nous leur recommandons de demander à être indemnisés par leurs ignominieux voisins néo-nazis.

Nous avons choisi de frapper les bureaux de l’Aube Dorée parce que nous croyons que, quand il s’agit des fascistes, il faut frapper le premier et ne pas attendre qu’ils fassent le premier pas. Nous n’allons pas nous asseoir et attendre et ne rien faire en attendant que le serpent soit tué.

Nous refusons d’accepter la passivité des dénonciations publiques, ainsi que le rôle des victimes éternelles qui ne peuvent  pas trouver les tripes de s’opposer ouvertement aux fascistes.

Nous détestons l’hypocrisie humanitaire et la respectabilité professionnelle des hommes politiques et des journalistes qui diabolisent Aube Dorée afin de consacrer la démocratie de la démagogie. Nous avons la rage contre le recours systématique à la légalité ainsi que le ridicule plaidoyer selon lequel « Aube Dorée devrait être interdit ».

Pour nous, il n’est même pas une question qu’Aube Dorée soit interdit mais qu’il devrait être anéanti. C’est alors seulement qu’Elias Kasidiaris – ce gamin maniéré avec ses milliers de tics nerveux [sic] – comprendra qu’il fait une énorme erreur quand il affirme [en tant que porte-parole du parti] que « ni les bombes, ni les balles ne peuvent arrêter Aube Dorée ». En outre, de grandes paroles n’ont jamais aidé quiconque.

Bien sûr, nous sommes conscients qu’aujourd’hui, en dehors de quelques dizaines de tas de viande aux crânes rasés avec une cacahuète à la place du cerveau, Aube Dorée possède une structure de parti organisé (ce qui implique aussi le financement public de millions d’euros) et une assise populaire encrée dans une partie de la société.

Nous sommes également conscients du fait que tout le monde parmi les milliers de personnes qui ont votés pour eux ne sont pas des néo-nazis. Leur corps électoral est la mosaïque pittoresque d’une foule réactionnaire, composée de fossiles tels que les partisans de la monarchie et/ou de la dictature, de jeunes gens lâches subjugués par le mode de vie militariste des partisans d’Aube Dorée, de démocrates déçus éblouis par la surface brillante et le populisme redresseur de tord, de nouveaux pauvres dont les fantasmes nationalistes sont le seul bien qui leur reste, de petits-bourgeois apeurés qui ont projeté le sujet de leur mort financière sur les étrangers et l’ont transformé en haine, et de dizaines d’autres graves caricatures sociales qui tentent de compenser leur misère et lâcheté en adoptant l’attitude pseudo-machiste d’Aube Dorée.

La majeure partie de ces électeurs ne sont pas des néo-nazis, mais cela ne signifie pas qu’ils sont innocents. Ils sont juste la queue du serpent. Bien sûr, il n’y a pas d’immunité pour eux, mais la tête vient en première.

Très souvent, Aube Dorée utilise une rhétorique anti-système afin de garder intacte cette queue.

L’aube dorée anti-système est l’Aube Dorée qui reçoit des fonds publics, qui est dirigée par un membre du service de renseignement K.Y.P (c’est à dire Michaloliakos Nikolaos qui était dans la masse salariale officielle de l’agence grecque de renseignement dans ses premiers temps), qui se compose de bandits, qui mouchardent sur leurs propres anciens sbires – comme dans le cas de Haris Kousoumvris [qui a été dénoncée par la racaille nazie après la publication d’un livre sous le titre « La démolition du mythe de l’Aube Dorée »] – et fait ses affaires avec la police par des vas-et-viens de renseignements au sujet de leurs nouvelles recrues, afin qu’ils puissent faire une cartographie de la « scène de l’extrême-droite ».

C’est également un fait notoire que le parti Aube Dorée, au-delà des escarmouches avec les flics mises en scène, est en excellents termes avec les forces de répression, puisqu’elle tire de la police une grande partie de ses électeurs. Ainsi, ayant les flics pour les couvrir, ils font leurs rondes en toute impunité, paradant leur machisme à coups de pied dans les cartons vides que les vendeurs ambulants immigrés utilisent ou en poignardant d’autres…

Dans un antipode apparent, les bouffons professionnels de la gauche essaient de traiter la question des immigrés en diffusant l’éclat magique de « l’humanitarisme ». Cependant, s’occuper des réfugiés ne peut faire disparaître la scélératesse. Il ne peut y avoir aucune excuse pour quiconque viole (que cette personne soit « grecque » ou « immigrée »), ni aucune pitié pour ceux qui ligotent, bâillonnent et torturent d’autres personnes pour leur voler de l’argent au lieu d’aller dévaliser une banque.

Donc, tout conservatisme  et accélération sociale du fascisme est, en fait, augmenté par la rhétorique de la défense des gauchistes et des anarchistes, telle qu’elle est exprimée dans de vagues généralisations « innocentantes » comme le slogan « nous sommes tous des immigrés ».

L’ethnicité et la diversité ne peuvent être ni un critère de culpabilité, ni une présomption d’innocence. Toute personne doit être appréciée sur la base de ses choix et de ses actions, et non sur des motifs de race ou de couleur de peau.

Aujourd’hui, les membres d’Aube Dorée et leurs partisans se réfugient dans la lâcheté du patriotisme. C’est le moment de la cohésion contre la peur. Le Front Antifasciste/Fédération Anarchiste Informelle se bat contre le régime de la peur. Rompant avec les plates-formes bureaucratiques, de la défense, nous passons à l’attaque.

Nous n’attendons rien ni personne. Il n’y a pas d’excuses. Il est temps de mettre fin à la passivité et au défaitisme.

Nous attaquons les fascistes par tous les moyens – tabassages, couteaux, tournevis, incendies, attaque à la bombe et balles.

Nous sommes des cartographes anticipant les mouvements des partisans d’Aube Dorée, nous leurs tendons des embuscades, nous les rouons de coups de poings et de pieds, nous brûlons leurs motos, et nous les « privons par-là » de leurs prétendues intimidations. Mieux vaut en jeter quelques-uns d’entre eux vers le sol maintenant, avant qu’ils commencent à croire qu’ils peuvent lever la tête pour de bon. Cela ne requière aucune spécialisation militariste ; cela ne requière que la conscience, le courage et la détermination…

Il n’y a aussi pas besoin de lycophilia (amitié factice) ou d’aucun aventurisme pour l’appât du gain opportuniste au sein des alliances éphémères « contre la menace fasciste » qui mettraient en évidence l’Aube Dorée en tant que contrepoids de la démocratie, acquittant ainsi la dictature parlementaire de tous ses crimes.

Cependant, le fascisme le plus dangereux n’est pas celui des crânes rasés pittoresques d’Aube Dorée, mais le genre de fascisme qui n’est pas visible pour tout le monde, le fascisme qui se cache derrière les politesses de velours du totalitarisme démocratique, le fascisme statutaire des patrons, des multinationales, des tribunaux, des prisons, de l’armée, de la police, de la connaissance stérile de l’école, de l’église, des lois, des publicités, du contrôle de la vie quotidienne, de l’ennui et de la solitude qui règnent dans les camps de concentration modernes que sont les métropoles.

Autant ils peuvent se cacher derrière un mur d’uniformes et d’armes à feu, tous ces tyrans de notre vie seront toujours dans la ligne de mire du Front Antifasciste/Fédération Anarchiste Informelle.

L’attaque contre Aube Dorée est aussi (quoique prématurément, avant les dates annoncées) un salut et une participation active à l’appel que la Fraction Anti-Civilisation du Front de Libération de la Terre (FAI) a fait en perpétrant un double attentat à la bombe au Mexique en invitant à une semaine d’action directe internationale pour notre frère anarchiste Mario López, qui est emprisonné là-bas.

Salutations fraternelles à tous nos frères et sœurs qui font de la Fédération Anarchiste Informelle une réalité…

Que notre insurrection pour la liberté mette le feu à nos cœurs.

PENSEZ EN RÉVOLUTIONNAIRES – AGISSEZ DE FAÇON OFFENSIVE

Front Antifasciste/Fédération Anarchiste Informelle – Front Révolutionnaire International (FAI-FRI)

PS : Nous envoyons également notre salut complice à tout un chacun qui attaque les fascistes, de Veria à Patras, et de la Crète et Agrinio à Xanthi. Chacun des coups contre les partisans d’Aube Dorée et la destruction de leurs bureaux font partie du front antifasciste. Le fascisme ne pourra vraiment être détruit que par des actes, non par des mots…

Prendre les oeufs des poules relève de l’exploitation animale

Hier, nous parlions de L214, qui mène campagne notamment pour que la chaîne de distribution Monoprix stoppe de vendre des œufs de batterie.

Nous voulons parler justement de la question des œufs, qui revient de manière récurrente comme source de critique du véganisme. L’idée formulée à l’encontre du véganisme est en effet parfois la suivante :

a) les poules pondent des œufs de manière régulière ;

b) si les poules n’ont pas rencontré de coqs auparavant et eu des rapports sexuels, alors les œufs pondus ne sont pas fécondés ;

c) par conséquent, il n’y aurait pas de dommage pour la poule à prendre son œuf qui, de toutes manières, ne servirait à rien sinon.

Cela est faux de bout en bout, voici pourquoi. En fait, la raison est très simple, et semble échapper aux personnes critiquant le véganisme en prétextant que les œufs ce serait « moral », « naturel », etc.

Cette raison, c’est que les poules… sont des oiseaux. Et par conséquent, les poules savent voler. Cela signifie que, nécessairement, pour utiliser des poules « pondeuses », il y a deux alternatives :

a) les mutiler ;

b) les enfermer.

Il est évident ici que ces deux méthodes, incontournables pour « conserver » des poules « pondeuses » (sans qu’elles ne s’enfuient), relèvent absolument de l’exploitation animale.

On ne peut pas dire que quelque chose est « naturel » et « indolore » alors que la poule est placée dans un environnement décidé par l’être humain pour son propre intérêt. Et ne parlons pas de la mutilation, pratique courante chez les éleveurs « amateurs », c’est-à-dire ceux qu’il faut appeler des petits capitalistes s’appuyant sur l’exploitation animale.

Voici justement la définition donnée par Wikipédia de ce qu’on appelle l’éjointage.

L’éjointage est une pratique qui consiste à couper les rémiges des oiseaux, voire le bout de l’aile, afin de les empêcher de voler.

Les éleveurs de volailles domestiques (pintades, canards, oies…) utilisent cette technique pour empêcher les oiseaux de s’échapper. Cette pratique est également utilisée pour la chasse aux gibiers d’eau : un canard d’élevage est lâché au centre d’un plan d’eau, afin d’attirer les canards sauvages, tandis que les chasseurs restent à l’affût.

L’éjointage se pratique sur les oisillons de moins d’une semaine sans quoi l’hémorragie est importante. Il faut amputer l’oisillon au niveau du métacarpe ce qui le rend définitivement incapable de voler une fois adulte.

En France, cette pratique a été interdite pour les appelants [animaux utilisés par les chasseurs pour en attirer d’autres – NDLR] depuis décembre 2005 par le Conseil d’État en s’appuyant sur l’article 8 de la directive oiseaux qui interdit la mutilation d’oiseaux.

Cette décision fait suite à l’arrêt du 16 avril 1999 de la même cour annulant une circulaire de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage qui autorisait l’éjointage des appelants et la chasse de nuit. Seule la taille des rémiges, qui doit être renouvelée après chaque mue, est jugée compatible avec la directive Oiseaux.

On notera bien entendu que « l’éjointage » – un horrible terme « technique » pour ce qui est en fait une mutilation – est pratiquée sur les oisillons et les canetons, c’est-à-dire des bébés animaux !

Voici justement comment un site d’éleveurs présente cela :

En pratique, on tient le jeune oiseau dans le creux de la main, tout en saisissant l’aile à amputer entre le pouce et l’index de manière à effectuer un effet garrot. De l’autre main, on sectionne l’aile d’une manière franche et rapide.

Cette « manière franche et rapide » fait froid dans le dos.

Comme fait froid dans le dos l’hypocrisie des « petits producteurs », y compris « alternatifs » comme ceux installés dans le sud de la France. Cela se veut opposé à la grande industrie et au capitalisme, mais cela n’hésite pas à prendre un bébé oiseau pour le mutiler.

Ou bien à enfermer des animaux, les rendant captifs pour utiliser des œufs qui, sinon, ne « serviraient » à rien…

Notons ici l’hypocrisie assez incroyable de comment un éleveur justifie cette pratique :

Tout dabord, cest évident, pour éviter de perdre des animaux. Pour la plupart, ces échappés mourront dans un milieu inadapté et hostile. Ensuite, et cest un aspect peut-être moins connu, pour éviter dintroduire dans la nature des animaux exotiques.

Le même éleveur, de manière hallucinante, explique au sujet de « l’éjointage » :

Les avis divergent la plupart des éleveurs conseillent de le faire à lâge de 10-15 jours. Je considère qu’il est préférable de pratiquer léjointage à la sortie de l’incubation. Les animaux ne sont manipulés quune fois et, à cet âge, ils ne sentent rien et ne saignent pas.

Il est ici dit explicitement qu’un bébé oiseau ne sent rien ! Il faut avoir ici atteint le fond du fond du rejet complet de la réalité pour oser expliquer une chose pareille.

On peut lire, toujours du même éleveur, cette explication qui fait froid dans le dos…

Certains conseillent toute une panoplie : rasoir, bistouri électrique, fil électrique chauffant, etc. Il existe même dans le commerce des outils spéciaux. Personnellement, j’utilise une paire de ciseaux tout à fait ordinaire.

A LTD, nous pensons que l’humanité peut dépasser le stade où elle en est à utiliser un rasoir ou un bistouri électrique pour mutiler un oisillon… Qu’elle peut au contraire admirer cet oisillon, et protéger la vie sur toute la planète, parce qu’elle peut disposer de la compréhension de cette réalité.

Cependant, ce n’est pas tout. Il existe des moyens de contourner l’éjointage, car l’exploitation animale considère que cela coûte cher. Pour cela, sont utilisées les méthodes suivantes :

a) utiliser des grillages pour empêcher les oiseaux de s’enfuir

b) pratiquer une sélection afin que les animaux soient dans l’incapacité de voler en raison de surpoids, d’un problème génétique, etc.

c) tailler (deux fois par an) les plumes d’une aile, afin de déséquilibrer toute tentative de vol.

Cela signifie que même la petite exploitation animale qui n’utilise pas l’éjointage a intégré cette démarche de manière industrielle en faisant en sorte que son résultat soit là dès le départ !

L’exploitation de poules pondeuses va forcément de pair avec l’enfermement et / ou la mutilation et / ou la sélection selon des critères d’utilité décidés par l’exploitation animale.

Voilà la simple réalité ; appeler à consommer des œufs bio, c’est clairement participer à l’exploitation animale. La réalité présentée dans l’excellent film Chicken Run est ce qu’elle est : un enfermement, un emprisonnement, l’exploitation, la mort !

En 10 ans, la consommation française de foie gras a augmenté de 25%

Ce jeudi 13 décembre, l’association L214 lance sa campagne contre le gavage des oies, aboutissant à la production de foie gras. Nous ne parlons jamais de L214, ni de ses campagnes qui sont à notre sens totalement erronées, nous allons expliquer très simplement pourquoi.

De plus, nous allons expliquer cela sans grands discours théoriques ou stratégiques. En fait, nous allons simplement constater quelque chose. Une chose mauvaise, par ailleurs, mais inévitable dans les conditions actuelles.

En 10 ans, en effet, la consommation française de foie gras a augmenté de 25 %.

Cela veut tout dire. La campagne contre le foie gras n’est pas un combat d’avant-garde, mais le résultat de l’explosion de l’industrie du foie gras. Il ne s’agit pas d’un combat offensif contre l’exploitation animale, mais d’une réaction tentant de freiner une tendance impossible à bloquer, car s’appuyant sur la société française elle-même.

Les campagnes contre le foie gras, aussi moralement justes qu’elles soient, ne sont que l’écho inversé de la généralisation du foie gras. Accepter de se placer dans une telle configuration est du suicide.

Regardons un autre fait qui va avec. Dans un peu moins d’une année, en septembre 2013, le site de production de Delpeyrat, filiale du groupe Maïsadour, à Saint-Pierre-du-Mont dans les Landes, va grandir de 10 000m², passant à 35 000 m².

Ce seront alors 5 000 tonnes de foie gras vont être produites chaque année, soit 25 % de la production française.

D’ailleurs, la France est à l’origine de 75 % de la production mondiale, dans un marché en pleine expansion.

Si l’on prend la Suisse par exemple, où la production de foie gras est interdite depuis 1978, eh bien la consommation était de 130 839 kilos en 1997, et désormais de 199 311 kilos…

D’ailleurs, la coopérative béarnaise Euralis a obtenu l’agrément pour exporter vers la Russie le foie gras produit à Sarlat en Dordogne et à Maubourguet (dans les Hautes Pyrénées), chaque usine faisant 20 000m².

Ce n’est pas tout : Euralis possède une usine en partenariat à Pékin, depuis 2007, et entend en ouvrir une à Shanghaï…

Le terme de coopératives ne doit donc pas tromper. Les coopératives – ce petit paradis aux yeux de beaucoup, même « alternatifs » – forment un vrai capitalisme : dans les Pyrénées-Atlantiques, il y en a 700, et cela concerne pas moins de 6 millions de canards chaque année !

Tout cela pour dire quoi, en fin de compte ? Que la stratégie de vouloir grappiller des résultats à la marge n’a pas de sens. Attaquer la corrida, les œufs en batterie, le foie gras, est censé faire progresser les choses, donner naissance à un mouvement, etc.

Nous ne sommes pas d’accord avec cela, mais les faits non plus justement. Le foie gras est en pleine expansion. Ceux et celles qui protestent contre le foie gras agissent de manière moralement juste, mais en faisant cela il y a la diffusion d’une illusion : celle comme quoi la tendance est la faveur de l’abolition du foie gras.

On ne va justement pas du tout dans cette direction. Le foie gras est une composante inaltérable de l’idéologie dominante française. Ne pas reconnaître cela, c’est participer à une illusion « wellfariste » (qui entend faire avancer le « bien-être » animal).

Mais c’est aussi rater la nature de la société française. Or, si l’on rate la nature de la société française, si l’on méconnaît sa réalité, tant culturelle qu’économique, comment peut-on mener des campagnes victorieuses ?

Ce qui montre, en définitive, qu’il ne faut pas considérer que le « particulier » amène naturellement au « général », car ce n’est pas vrai, vue qu’une personne pouvant être contre le foie gras ne va nullement automatiquement au véganisme….

Et qu’il faut assumer le général pour changer le particulier : ce n’est qu’en affirmant la libération animale comme une véritable démarche cohérente, pertinente, globale, qu’on peut profiter d’éléments particuliers de la réalité pour pousser dans le bon sens.

Sans saisir cela, le véganisme se réduit à une posture de Don Quichotte face aux moulins à vent ; le véganisme ne serait qu’une démarche d’individus écoeurés face à l’horreur.

Or, le véganisme, c’est la révolte face à l’horreur, l’appel à un véritable changement complet, une bataille face à l’exploitation animale toujours plus grande. Il n’y a aucune raison de croire en l’illusion que des petites batailles isolées, coupées de la globalité, suffiraient comme base pour former un mouvement pour les animaux.

Refuser le foie gras est nécessaire, c’est un impératif moral ; considérer que la victoire est possible à court ou à moyen terme, par une pression morale et des campagnes, ne se fonde par contre en rien sur la réalité.

Hamster d’Alsace face à des communes du Bas-Rhin : la question du biocentrisme

L’article que nous republions ici, qui vient du Monde, est d’une grande importance, et il est significatif que ce soit ce quotidien qui en parle, parce qu’il a l’habitude de tenter d’atténuer les contradictions, d’aider les gestionnaires de l’État dans leur travail.

Pour résumer, même s’il ne le faut pas car il faut bien cerner les enjeux : des communes d’Alsace veulent se « développer » et s’opposent formellement à une réglementation visant à protéger le hamster d’Alsace (qui est en voie de disparition).

La contradiction est extrêmement simple à comprendre. C’est soit l’humain d’abord – l’humain dans sa version liée à un certain type de développement, capitaliste pour dire les choses telles qu’elles sont – soit la Terre d’abord !

Entre les deux, il n’y a rien. Soit on dit : le hamster d’Alsace, il est bien gentil mais le développement économique capitaliste est plus important, il ne faut pas empêcher l’étalement urbain des maisons individuelles, il faut maintenir la monoculture de maïs parce qu’elle est économiquement profitable, etc.

Soit on dit : le hamster d’Alsace a des droits en soi, parce qu’il est un être vivant, et l’humanité doit se soumettre. C’est un point de vue biocentriste, qui est le nôtre.

Bien entendu des associations, voire même l’État parfois, interviennent pour tenter de préserver une partie de la « biodiversité », au nom de l’utilité de celle-ci (recherche, nouvelles productions, santé, paysage, etc.).

Mais ce que l’article retranscrit bien, c’est que la contradiction est totale : soit on est biocentriste, soit on ne l’est pas ; entre les deux, tout est broyé par l’impitoyable machine du profit.

C’est d’ailleurs pourquoi la lutte contre la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes est dans une terrible contradiction, parce que l’appel à refuser l’État va très souvent de pair avec un élan individualiste, un appel à la petite production, à l’artisanat.

Or, cela revient à dire que chacun peut faire ce qu’il veut. Et c’est en contradiction avec la soumission nécessaire de l’humanité à Gaïa.

Et ce n’est pas une figure de style ! Nous savons très bien que le béton et les tracteurs peuvent triompher, malheureusement, du hamster d’Alsace. Mais Gaïa est un ensemble, la vie sur la planète, et l’humanité peut bien s’imaginer, au nom de Dieu ou du profit (ou des deux!) qu’elle est sortie de la Nature et qu’elle peut faire ce qu’elle veut : c’est une fiction !

La vérité est qu’inéluctablement, la réalité planétaire rappellera à l’ordre l’humanité. Le réchauffement climatique en est bien entendu une des principales formes de ce rappel à l’ordre.

Alors, inévitablement, l’humanité devra non pas s’imposer, ou bien « composer », « biaiser » ou toute autre chose du même genre. Elle devra reconnaître qu’elle est une composante de Gaïa, et que c’est la Nature, qui évolue, qui est au cœur de la vie, de la planète vivante se transformant.

Nous ne savons pas si l’humanité le comprendra à temps ou si de grandes catastrophes vont se dérouler avant qu’il n’y ait une prise de conscience. Nous avons ici bien évidemment plus confiance dans les nouvelles générations que dans les anciennes. Mais nous le savons : l’humanité doit changer son mode de vie et sa conception du monde, et cela arrivera inévitablement en ce 21ème siècle !

Hamster d’Alsace : des communes du Bas-Rhin refusent d’être transformées en « réserves »

Le débat autour de la protection du hamster d’Alsace prend une tournure politique. Une cinquantaine de communes du Bas-Rhin ont annoncé, vendredi 30 novembre, avoir déposé un recours « pour excès de pouvoir » devant le Conseil d’État. Le motif : un arrêté gouvernemental qui étend les périmètres de protection de ce rongeur « de façon disproportionnée » et « sans aucune concertation avec les élus locaux ».

L’association Alsace Nature, fédération régionale de France Nature Environnement (FNE), qui doit tenir, mardi 11 décembre, à Strasbourg, avec six autres associations alsaciennes liées à l’environnement, une conférence de presse sur le devenir de l’espèce, conteste, quant à elle, « le manque d’ambition »du programme de l’Etat.

Naguère chassé comme nuisible, Cricetus cricetus aurait pu disparaître sans bruit de la région – la seule en France où il ait jamais pu se développer – s’il n’était devenu le symbole de la lutte contre l’urbanisation et la monoculture de maïs, qui recouvre aujourd’hui plus de 80 % de la plaine d’Alsace. Et, surtout, s’il n’avait fait l’objet d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne. Le 9 juin 2011, celle-ci estimait que la France n’avait pas pris de mesures suffisantes pour protéger le rongeur, et lui demandait d’y remédier « dans les meilleurs délais ».

En cause : les 480 terriers comptés dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin en 2010, répartis sur 25 communes. Loin en deçà du seuil minimal de population viable, estimé à 1 500 terriers sur une zone de sols favorables de 600 hectares d’un seul tenant.

RAYON DE PROTECTION DE 600 MÈTRES

Menacé un peu partout en Europe, le hamster commun a fait depuis dix ans l’objet de plusieurs opérations de sauvetage sur ses terres alsaciennes. Doté d’un budget de 1,5 million d’euros, le plan d’action pour la période 2007-2011 se limitait à trois zones d’action prioritaire. Soit au total 3 200 hectares à vocation purement agricole, sur lesquels ont été appliqués le lâcher annuel de hamsters élevés en captivité, et la signature de contrats avec des exploitants agricoles pour lesencourager à diversifier leurs cultures. Un cautère sur une jambe de bois : on ne comptait plus que 460 terriers en 2011, et 309 en 2012.

Pour tenter de se conformer aux exigences européennes, les ministères de l’écologie et de l’agriculture, par un arrêté du 6 août, ont étendu les zones de protection du rongeur à toutes les surfaces « situées dans un rayon de 600 mètres autour d’un terrier connu au cours des deux dernières années ». Le 31 octobre, un nouvel arrêté précisait le territoire sur lequel étaient désormais interdites « la destruction, l’altération ou la dégradation » de ces sols favorables à l’espèce.

Publiés plus d’un an après la sanction de la Cour européenne de justice, ces arrêtés, qui concernent au total plus de 9 000 hectares, ont-ils été élaborés trop tard ? Trop vite ? Ils ont en tout cas déclenché l’ire des élus locaux, pour qui ce dispositif a été conçu « au plus grand mépris des attentes légitimes des collectivités, dont l’adhésion est fondamentale pour la préservation de l’espèce ».

Les constructions ne sont pas interdites dans ces zones protégées. Mais elles doivent faire l’objet d’une demande de dérogation et de mesures compensatoires : les promoteurs d’un projet d’aménagement doivent trouver – et payer – des agriculteurs prêts à cultiver du blé ou de la luzerne, afin de reconstituer un habitatpropice au hamster. Et ce, quelles que soient la superficie et la teneur du projet.

« DES COMMUNES OÙ TOUT DÉVELOPPEMENT DEVIENT IMPOSSIBLE »

« Concrètement, cela signifie que si vous voulez construire une maison, il vous faut, en plus des autorisations habituelles, consulter le Conseil national de protection de la nature, démarcher des agriculteurs et les dédommager pendant au moins vingt ans… Et tout ça parce qu’on a découvert un terrier de hamster à moins de 600 mètres de chez vous ! », tempête Baptiste Kugler, directeur du Schéma de cohérence territoriale du piémont des Vosges, qui concerne 35 communes du Bas-Rhin.

« Depuis 2006, nous avions nous-mêmes défini 1 500 hectares où le hamster est protégé, dans des zones naturelles non urbanisées. Mais les mesures touchent maintenant des communes entières, où tout développement devient impossible »,se désole Audrey Schimberlé, directrice de la communauté de communes d’Obernai (Bas-Rhin).

« On fait reposer sur quelques dizaines de communes la totalité des efforts de conservation… Ce n’est pas sérieux. Il aurait fallu depuis le début définir une zone plus large, et prévoir une gradation des compensations », estime également Stéphane Giraud, directeur de l’association Alsace Nature.

Constatant que le plan national d’actions 2013-2016 conduit « à s’acheminer indirectement vers une création de « réserves » à hamsters », les associations environnementales devraient réaffirmer, le 11 décembre, que la politique proposée par l’État est insuffisante pour assurer la survie de l’espèce à long terme.

Elles soulignent par ailleurs que « l’abandon du projet particulièrement destructeur des milieux et non compensable qu’est le grand contournement autoroutier de Strasbourg » – projet qui, lui aussi, déchire les élus et l’opinion – constitue a contrario « un symbole fort » de la volonté de l’État de prendre en compte la biodiversité.

La fameuse citation de Bentham

Voici un très intéressant article de Vean, au sujet de la question de la philosophie utilitariste par rapport aux animaux.

Avant-hier nous avons publié, sans commentaire, une citation de Bentham.

La question n’est pas :

peuvent-ils raisonner ?

ni : peuvent-ils parler ?

mais : peuvent-ils souffrir ?

Il est  nécessaire de revenir sur cette publication, et de donner des explications, car nous voulons être bien compris.

Nous avons eu tort de publier une phrase d’un auteur que nous ne connaissons pas, et,  il faut l’avouer, hors contexte, car nous l’avons recopiée d’une brochure animaliste.

Nous sommes mobiliséEs pour la cause animale parce que les animaux sont des êtres sensibles qui souffrent individuellement et collectivement du sort que leurs font subir les humains, en particulier dans le cadre de la société capitaliste.

Nous sommes d’accord avec Bentham en ce sens : les animaux souffrent. Ceci étant, il est évident pour nous que les animaux peuvent raisonner, et il est certain qu’ils peuvent parler entre individus d’une même espèce voire au delà de leur espèce. Ces faits sont prouvés par la science et toute personne sensible ayant observé des animaux en groupe ne peut qu’être convaincue de cela.

Bentham a donc tort, et nous le savions en reprenant la citation. Mais Jérémy Bentham (1749-1832) a l’excuse d’être d’un autre siècle, d’une époque historique moins avancée scientifiquement que la notre.

Mais alors, pourquoi avoir cité cette phrase, si Bentham a tort?

La réponse est que nous avons compris la chose comme cela : il n’est pas nécessaire d’avoir la certitude qu’un animal puisse raisonner, il n’est pas nécessaire d’être convaincu qu’un animal puisse parler, pour s’abstenir de le faire souffrir. Car tous les animaux sont des êtres sensibles à la douleur, qu’elle soit morale ou physique.

Trop de personnes, y compris parfois dans le milieu militant, ne sont révoltées que parce que les animaux opprimés, emprisonnés, torturés et assassinés ont des caractéristiques humaines. Pour ces personnes, tel animal est digne d’intérêt (à l’exclusion d’un autre) parce qu’il est d’une intelligence rare, ou parce qu’ »il ne lui manque que la parole ».

Combien d’opposants à l’hippophagie mangent-ils la chair du poulet? Combien d’opposants à la corrida chassent-ils les mouches chez eux à grands coup d’insecticide?

Nous avons été touchéEs par cet argument de Bentham : la souffrance existe, même chez les animaux qui nous semblent éloignés de l’espèce humaine. Mais là encore, à bien y réfléchir, nous avons eu tort.

Et c’est Bentham qui nous a mis dans le mur.

Jérémy Bentham est un penseur, et il a inventé un courant de pensée appelé « utilitarisme ». Pour ce courant de pensée, toute chose doit être jugée en fonction des conséquences qu’elle a. Une chose est positive, ou négative, non pas en elle-même, mais en fonction des conséquences qu’elle a.

Si on applique ce principe à la cause animale, la mise à mort d’un animal doit être évaluée en fonction des conséquences qu’a l’acte de mise à mort.

On se trouve alors à entrer dans les considérations sur la souffrance de l’animal, comme cela était le cas il y a quelques mois avec le débat autour de l’abattage rituel des animaux. Si on suit la logique utilitariste de Bentham, le fait de tuer un animal est plus acceptable sans souffrance.

C’est cette idée de Bentham qui a inspiré le courant « welfariste » qui cherche à réduire les souffrances des animaux.

A VEAN,  nous voulons la liberté pour les animaux!

La nature a une valeur en elle-même. Les animaux ne méritent pas notre respect parce que dans le cas contraire, ils souffrent.  En réalité, les animaux doivent être respectés car ils sont vivants.

Il faut corriger la citation :

La question n’est pas :
peuvent-ils raisonner ?
ni : peuvent-ils parler ?
ni même : peuvent-ils souffrir ?
mais : sont-ils vivants ?