Ce que veulent les chats : intérieur ou extérieur?

Voici ci-dessous un texte qui pose un questionnement très intéressant : faut-il laisser « son » chat aller dehors ou non?

Quand on vit avec des chats, c’est une question inévitable à laquelle il n’y a pas de réponse toute prête et tranchée.

Comme l’article le précise, les dangers extérieurs sont nombreux : voitures, chiens errants, empoisonnements, vols, animal qui se perd etc…

Tout dépend aussi de la personnalité de l’animal, certains chats s’accommodent parfaitement d’une vie en intérieur sans sortie, d’autres seront malheureux de ne pouvoir mettre le nez dehors.

Le contenu de l’article adopte une tournure parano-dramatique qui prend les chats pour des êtres stupides, inconscients, qui ne feraient que des conneries, et incapables de sentir le moindre danger. Il est donc évident que cet article est clairement contre le fait de laisser des chats aller dehors. Ce qui ce comprend, au vu des multiples dangers qu’ils encourent dehors… Mais de là à affirmer que :

Un chat n’a besoin de sortir que s’il n’a pas ce qui lui est nécessaire chez lui : une litière propre, un espace de jeu suffisant et ludique, une gamelle d’eau et à manger à volonté. Ajoutez-y une dose de caresses et d’amour et il sera heureux comme tout.

C’est clairement prendre les chats pour des êtres primaires ! Qui n’a jamais vu un chat heureux d’humer l’air ? Qui n’a jamais vu un chat heureux de découvrir de nouvelles senteurs dehors ? De sentir le vent ? De découvrir la neige ? De prendre la chaleur du soleil ? De regarder les oiseaux et les insectes ? De rencontrer d’autres chats?

Une très bonne solution est de pouvoir profiter d’un jardin, ou un petit bout de terrain, mais tout le monde n’a pas cette possibilité, loin de là. Une autre alternative serait d’habituer le chat à se promener en harnais, il en existe pour chats, alors certes, le chat ne peut pas faire ce qu’il veut, quand il veut, mais tant que l’humanité ne sera pas vegan, on sera obligé d’imposer des contraintes à nos amiEs. Pour leur sécurité…

Cette question n’est pas évidente du tout, tout est une question d’environnement et du tempérament du chat, de son vécu.

Contrairement à la tournure anthropocentriste de l’article qui joue sur les sentiments avec « Préfère-t-on vivre 4 ans avec Minou qui n’est jamais là ou 18 voir 19 ans avec Minou sur les genoux qui ronronne ? » la question doit se poser en fonction DE L’ANIMAL, au cas par cas.

D’un côté, il y a le fait de faire sortir un chat, qui sera content d’être dehors, mais ce sera dangereux pour lui ; de l’autre côté il a le fait de garder un chat enfermé, de ne pas savoir comment il ressent cet enfermement et prendre le risque de le faire sortir dehors sans surveillance.

C’est un acte tellement délicat et difficile qu’on le ne règle certainement pas à coups de propos transformant les matous en « braves bonnes petites peluches » qui ronronnent pendant 18 ans sur ses genoux.

Le chat d’extérieur plus heureux que le chat d’intérieur ?
Un chat d’intérieur est-il malheureux ? Cette question, nombre de propriétaires de matous se la posent… Comportementaliste du chat, Marie-Hélène Bonnet tente d’y répondre, et revient sur les nombreux dangers qui menacent nos petits félins.

Les croyances populaires sont tenaces, et bien souvent elles sont fausses ou basées sur des époques tellement lointaines que les choses ont changé radicalement.
Quelle espérance de vie pour un chat d’extérieur ?
Celle qui veut qu’un chat heureux doit être un chat qui sort librement en extérieur est tenace mais fausse, voir dangereuse pour nos petits félins domestiques.

Nous savons tous qu’un chat peut se faire écraser, c’est d’ailleurs la principale chose à laquelle nous pensons quand on envisage de laisser sortir Minou.

Mais on ignore la plupart du temps que l’espérance de vie chez le chat est actuellement de 19 ans pour un chat d’intérieur, et seulement 4 ans pour un chat qui sort en liberté. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Un chat n’a besoin de sortir que s’il n’a pas ce qui lui est nécessaire chez lui : une litière propre, un espace de jeu suffisant et ludique, une gamelle d’eau et à manger à volonté. Ajoutez-y une dose de caresses et d’amour et il sera heureux comme tout.

Éventuellement une sortie en laisse dans un endroit calme et sans danger pour vous faire plaisir, à lui et à vous.
Quels dangers menacent les chats d’extérieur ?
Dangers, dangers mais quels sont ces fameux dangers qui guettent nos chats dehors ?

D’abord la route, mais aussi les pièges, les chasseurs en campagne qui de loin ont tôt fait de confondre lapin et chat. Mais nous oublions le vol pur et simple, l’enfermement involontaire, surtout en période de vacances : Minou a peur et se réfugie dans le garage d’un voisin. Le voisin part pour 4 semaines camper et ne voit pas Minou caché sous une bâche, il ferme la porte et voilà Minou sans eau, et sans nourriture en pleine chaleur…

Parlons aussi des poisons pour le chat : un peu de goudron frais rebouche un nid de poule, Minou marche dessus, il a plein de goudron sur la patte, il se cache dans un buisson et nettoie sa patte souillée. Quelques minutes plus tard il titube, il perd connaissance et il est déjà trop tard. Une abeille se trouve dérangé par Minou qui veut jouer avec, elle le pique à la gorge…

Un oiseau vient de se nourrir de quelques baies de gui, Minou réussi à l’attraper, il avale le petit oiseau repu, et Minou commence à montrer des signes de faiblesse. On court chez le vétérinaire qui ne sait pas ce qui se passe, et Minou ne s’en remet pas… La piqûre d’une vipère peut aussi lui être fatale.
Des risques de maladies<
Et les maladies transmissibles par les bagarres et les rapports sexuels du chat, tel que le FIV ou le FeLV (leucose féline) qui sont mortelles et inguérissables.

Mais aussi le coryza, le typhus, et autres saletés que les chats errants se transmettent à qui mieux-mieux, et les vaccins ne suffisent pas toujours à les protéger… Sans omettre les blessures plus ou moins graves qui peuvent être provoquées par d’autres chats, mais aussi chiens ou animaux divers, y compris bipèdes…

Je vous passerai le passage sur les trafics de fourrures et les ramassages d’animaux errants qui finissent euthanasiés dans un refuge dans le meilleur des cas.

Alors, reprenons notre réflexion, est-il vraiment nécessaire de laisser Minou sortir ? Ne serait-il pas plus prudent de le sortir en laisse s’il le demande vraiment ? N’est ce pas plutôt pour soulager notre conscience parce qu’on le croit plus heureux qu’on veut le faire sortir ? Préfère-t-on vivre 4 ans avec Minou qui n’est jamais là ou 18 voir 19 ans avec Minou sur les genoux qui ronronne ?

A vous de choisir en connaissance de cause !

Un reportage sur « les végétariens de l’extrême »…

Hier, dans 66 minutes à la une, on a pu voir un petit reportage sur le véganisme.

C’est visible ici, émission du 28 avril  2013 (si cela ne marche pas, cela repasse le 5 mai à 17h20, sur m6).

C’est encore racoleur, le véganisme est encore mal défini avec un libéralisme énorme qui plane sur les définitions (y compris chez les gens présentés. Un coup on parle de végétarisme, l’autre de végétalisme, le tout mélangé n’importe comment), sans parler du simili carné qui montre la non rupture culturelle avec les goûts façonnés par l’exploitation animale.

De manière plus nouvelle, par contre, on voit de présenté un couple qui est menacé par les services sociaux, leurs deux enfants étant végétaliens. On voit également deux personnes âgées de la famille qui ont porté plainte auprès des services sociaux en raison de la « maltraitance alimentaire » qui serait infligée aux enfants !

Il n’y a pas lieu de rappeler une énième fois le caractère moyen-âgeux de la France concernant le véganisme. Il est aberrant de voir qu’être végan ne pose pas de problème en Angleterre ou en Allemagne, pays voisins, alors qu’en France…

Cependant, il n’y a pas pour autant lieu de considérer qu’il faille accepter absolument tout de l’administration française. Les parents ont été convoqués quatre fois par l’administration.

Ce qu’il faut faire à ce moment là est très simple. Il suffit de faire un blog en présentant les faits et les documents. Alors, il suffit d’envoyer un email en expliquant l’affaire à tous les sites végans francophones, puis de prendre contact avec les groupes et associations.

Si on peut, il faut également prendre contact à l’étranger. Naturellement, l’argument « massue », c’est le principe de recourir à la Cour européenne des droits de l’Homme… Ce qui prend du temps, mais si l’on se montre décidé et organisé, qu’on montre qu’on est prêt à aller jusqu’au bout, l’administration se calme toujours très rapidement…

Il y a une différence entre une administration qui s’imagine faire face à des individus isolés, et une administration qui fait face à des gens prêts à se proposer comme grande cause nationale, avec des idées pouvant être reprises…

Indubitablement, cela demande une capacité de conflictualité. Et ce n’est pas conforme à un certain esprit bobo, pour qui le véganisme est une sorte de morale ultra, sans aucune conséquence politique. Le reportage de 66 minutes était dans cette lignée, expliquant que le véganisme serait arrivé il y a quelques années, depuis les Etats-Unis.

C’est bien entendu totalement ridicule, puisque le véganisme existe depuis au moins le début des années 1990 comme vague politique, liée aux squatts dans le Nord de la France, comme mouvance de réflexion sur les animaux à Lyon, etc.

Mais c’est très parlant d’un certain état d’esprit. Il y a ceux et celles qui ont compris que le véganisme était antagonique à l’idéologie dominante, et ceux et celles qui aimeraient que le véganisme se développe en s’intégrant au système.

Ce qui est impossible en général, et encore plus en France. Il y a ici beaucoup de désillusions qui vont se produire, beaucoup de déceptions sont à prévoir ! Car vivre en « adulte » dans la société française et être végan, cela demande de l’opiniâtreté, il en faut de la capacité à persister face à la propagande ennemie, de la fermeté pour rejeter tout compromis !

On comprend tout le mal que nous pouvons penser d’initiatives comme L214, qui tente de diluer le véganisme dans une sorte de frontisme végétarien qui non seulement n’a aucun résultat, mais en plus désarme culturellement les vegans.

A moyen terme, ce qui se joue, c’est de savoir si le véganisme n’est qu’un appendice « radical » d’une sorte de mouvement de protection animal s’inféodant de moins en moins discrètement à Marine Le Pen, ou bien si le véganisme s’affirme comme véritable proposition indépendante.

Car comment veut-on que les gens soient végans, si le véganisme n’est pas défini, s’il est une sorte de démarche présentée comme un « végétarisme extrême » ( le titre de l’émission de 66 minutes est d’ailleurs « Les végétariens de l’extrême »), comme une forme secondaire d’un « vaste » mouvement aux contours flous et aux valeurs jamais définies ?

Francione et la vision des « animaux de compagnie » dans une nature « statique »

Les conceptions religieuses ne sont pas forcément là où on pense ; à moins de s’y connaître en théologie afin inversement d’y échapper, difficile de ne pas tomber dedans…

Voici un exemple avec l’argumentaire de Gary Francione sur les « animaux de compagnie. » Francione est pour leur « abolition » ; voici ce qu’il dit :

Les animaux domestiqués dépendent de nous pour tout ce qui est important dans leurs vies : quand et si ils vont manger ou boire, quand et où ils vont dormir ou se soulager, s’ils obtiendront de l’affection ou s’ils feront de l’exercice, etc. Bien qu’on puisse dire la même chose concernant les enfants humains, la majorité d’entre eux deviennent, une fois adultes, des êtres indépendants et autonomes.

Les animaux domestiques ne font pas réellement partie de notre monde, ni du monde des non-humains. Ils sont pour toujours dans un enfer de vulnérabilité, dépendant de nous en toute chose et en danger dans un environnement qu’ils ne comprennent pas vraiment. Nous les avons élevés afin qu’ils soient conciliants et serviles, qu’ils soient dotés de caractéristiques qui sont réellement dangereuses pour eux mais plaisantes pour nous.

Nous pouvons les rendre heureux dans un sens, mais cette relation ne peut jamais être « naturelle » ou « normale ». Ils ne font pas partie de notre monde et y sont coincés, indépendamment de la façon dont nous les traitons.

Nous ne pouvons justifier un tel système, quand bien même il serait très différent de la situation actuelle. Ma compagne et moi vivons avec cinq chiens sauvés, dont certains souffraient de problèmes de santé lorsque nous les avons adoptés.

Nous les aimons beaucoup et nous efforçons de leur procurer les meilleurs soins et traitements. (Et avant que quelqu’un pose la question, nous sommes végans tous les sept !) Vous ne trouveriez probablement pas sur cette planète deux autres personnes aimant plus que nous vivre avec les chiens.

Et nous encourageons toute personne à adopter ou accueillir autant d’animaux (de n’importe quelle espèce) qu’elle le peut de façon responsable.

Mais s’il n’y avait plus que deux chiens dans l’univers et qu’il ne tenait qu’à nous de décider s’ils pourraient se reproduire afin que nous puissions continuer à vivre avec des chiens, et même si nous pouvions garantir que tous ces chiens auraient un foyer aussi aimant que le nôtre, nous n’hésiterions pas une seconde à mettre fin au système de possession d’« animaux de compagnie ».

Les dernières lignes sont, en fait, éminemment religieuses. Expliquons cela simplement.

Dans la religion chrétienne, ou juive ou musulmane, Dieu a créé le monde. Le problème évidemment, comme nous le savons en athées, c’est que la Bible (pas plus que le Coran) ne parle des dinosaures.

Le « truc » est que la religion a considéré que les animaux avaient été créés pas Dieu, et qu’ils se reproduisaient, restant tels quels.

Ou pour dire les choses de manière plus simple et plus connue : la religion a « oublié » l’évolution.

Il n’y a pas eu d’Adam, pas plus que d’Eve ; les humains sont le fruit d’un long cheminement. Mais pas seulement les humains : c’est le cas de tous les animaux. Et c’est encore le cas aujourd’hui.

Quel rapport avec Francione ? Eh bien Francione a la même approche que la religion. Il dit ainsi :

« Les animaux domestiques ne font pas réellement partie de notre monde, ni du monde des non-humains. Ils sont pour toujours dans un enfer de vulnérabilité, dépendant de nous en toute chose et en danger dans un environnement qu’ils ne comprennent pas vraiment. »

« Nous pouvons les rendre heureux dans un sens, mais cette relation ne peut jamais être « naturelle » ou « normale ». Ils ne font pas partie de notre monde et y sont coincés »

Or, cela veut dire que pour Francione les chiens, tout comme les chats ou les cochons d’Inde, ne seraient plus « naturels. »

Les humains ne le seraient plus non plus d’ailleurs. Et donc les animaux (non humains) doivent être « repoussés » dans la Nature.

Mais c’est une vision catholique, et même catholique extrême. Pour les catholiques (comme pour les autres religieux), les humains ont un statut spécial, les animaux relevant de la simple « nature. »

Mais pour les athées, les humains appartiennent à la Nature, comme tous les êtres vivants. Et en plus, la Nature est en mouvement, il y a évolution.

Un athéisme conséquent ne dirait pas : les chiens ne sont plus conformes à ce qu’ils étaient à la « création » du monde, donc ils doivent disparaître !

Un athéisme conséquent dirait : les chiens accompagnent les humains depuis qu’ils sont organisés en société, et donc il faut abolir le rapport d’oppression qu’ils vivent, mais non pas les abolir eux puisqu’ils vivent en « symbiose » avec les humains.

C’est pareil pour les chats, qui sont devenus des « partenaires » des humains. Ou encore des cochons d’Inde, des chinchillas…

En fait, il est trop tard pour les « repousser » et il est religieux de nier leur existence. Francione est ultra-religieux quand il dit qu’il veut supprimer l’existence des vaches, car elles ne seraient pas « conformes » à leur statut lors d’une hypothétique création.

Va-t-on supprimer les platanes de France parce qu’il s’agit d’un hybride entre le platane d’Occident (Amérique du Nord) et le platane d’Orient (ouest de l’Asie, sud est de l’Europe) ?

Non, bien entendu : c’est trop tard, on ne peut pas aller en arrière dans l’histoire, et de toutes manières la vie c’est le mouvement, l’évolution.

Nous reviendrons sur cette question des « animaux de compagnie » et de leurs droits, mais disons déjà simplement qu’ils ont droit à l’existence, que l’humanité a établi un rapport avec eux qui ne donne pas le droit de les supprimer.

Les cochons d’Inde ont été domestiqués, ils sont exploités, mais pour en terminer avec cela, il ne faut pas les « supprimer », mais leur donner les moyens de profiter d’une vie la plus épanouie possible, en les assumant. Toute autre position est de l’abandon, du déni. A l’humanité d’assumer!

Les humains font partie de la Nature, tous les êtres vivants en font partie ; les rapports évoluent, et imaginer que tout doit être statique, comme à la création, relève du religieux.

« Victimes de Tchernobyl : le nucléaire et la bougie »

Voici une tribune parue hier dans Libération, à l’occasion du triste anniversaire de Tchernobyl.  Elle a été écrite par trois « figures » écologistes qu’on est largement en droit de ne pas apprécier: Daniel Cohn-Bendit, Corinne Lepage et Michèle Rivasi. De par leur importance, cependant, connaître leur avis est incontournable.

En l’occurrence, on reconnaît ici l’écologie « gestionnaire », dont l’argument est qu’il faut être écologiste non pas par philosophie, par morale, mais surtout parce que c’est un moyen d’économiser, d’éviter des problèmes, etc. Il va de soi qu’une telle écologie est très limitée, sans horizons…

Victimes de Tchernobyl : le nucléaire et la bougie

Tribune C’était il y a vingt-sept ans. Souffler les bougies d’anniversaire d’un accident nucléaire, un triste paradoxe pour les défenseurs de l’environnement et de la santé…
Par Daniel Cohn-Bendit, Corinne Lepage et Michèle Rivasi, députés européens

Des bougies, on n’est pas prêt d’arrêter d’en souffler, tant les conséquences d’un accident nucléaire sont sans fin. Tchernobyl aurait dû être un rappel à l’ordre pour l’humanité entière. Pourtant Fukushima a eu lieu et il est à craindre que les statistiques poussent le risque d’un autre accident majeur vers une probabilité certaine.

Une fois de plus, cet anniversaire nous rappelle pourquoi nous luttons contre le nucléaire. Tout d’abord pour honorer justement les centaines de milliers de liquidateurs qui se sont sacrifiés pour empêcher une contamination massive en Europe. Mais aussi pour les victimes qui n’auront d’autre choix que de vivre au milieu d’une catastrophe sanitaire et environnementale permanente.

Entre 6 et 7 millions de personnes vivent encore dans les 150 000 km2 de territoires contaminés au césium en Ukraine, en Biélorussie et en Russie. Victimes de l’irradiation lors de l’accident ou même victimes de la contamination interne par l’ingestion d’aliments cultivés dans ces territoires, 2,4 millions d’Ukrainiens (dont 428 000 enfants) souffrent de troubles liés à la catastrophe, selon les chiffres du ministère ukrainien de la santé.

L’absence de démocratie en Ukraine comme en Biélorussie empêche tout devoir de vérité et de prise en charge médicale des victimes. Et l’histoire nucléaire de ces deux pays n’est pas étrangère au maintien de régimes autoritaires.

Aujourd’hui la sécurisation du site de Tchernobyl n’est pas achevée. Et quand les travaux seront finis, la solution ne sera que temporaire, pour une centaine d’années. Un fonds de 856 millions d’euros a été abondé pour créer une arche visant à démanteler le réacteur et empêcher toute réaction incontrôlable liée à l’infiltration d’eau. L’ensemble des coûts de sécurisation du site atteint le milliard et demi d’euros.

Actuellement, Bouygues et Vinci se partagent le juteux contrat de construction d’une arche métallique visant à protéger le sarcophage délabré existant. En février dernier, la neige a d’ailleurs provoqué l’effondrement d’un des bâtiments annexes du réacteur.

Les travaux auraient dû être achevés l’an dernier, ils ne le seront qu’en 2015 en raison de complications liés à la nature de l’ouvrage : 18 000 tonnes de métal (la moitié du poids de la tour Eiffel) doivent être assemblées, érigées et déplacées au-dessus du sarcophage existant grâce à des rails traités au téflon et des vérins hydrauliques.

A Fukushima, Tepco est toujours incapable de gérer le site au quotidien et l’emplacement côtier de la centrale rendra la sécurisation autrement plus compliquée. Inquiétant.

Mais ce qui nous inquiétait le plus depuis tant d’années c’était l’absence de considération pour les victimes actuelles. Après une longue bataille institutionnelle, nous avons su obtenir des avancées bien tardives. Lors du dépôt d’un amendement dans les propositions de budget en 2008, les eurodéputés écologistes ont demandé qu’une partie substantielle des fonds investis dans la sécurisation du site de Tchernobyl puisse être affectée à la protection des populations voisines.

L’amendement fut validé par le Parlement européen et la Commission européenne fit le nécessaire en matière d’appel d’offres, sous notre impulsion.

Les processus administratifs et bureaucratiques sont longs. Suite à un marathon institutionnel de 5 années, et de multiples rendez-vous pris avec la Commission pour assurer le suivi de la mise en œuvre, nous inaugurons aujourd’hui un programme de recherche médicale visant à assurer le suivi des victimes de Tchernobyl.

Quatre millions d’euros vont être investis, notamment pour la construction de serres visant à cultiver des aliments en «terre sainte», ainsi que la construction d’un incinérateur disposant de filtres pour brûler le bois contaminé sans atteinte à l’environnement, tout en permettant la production d’électricité pour les riverains.

Deux millions sur les quatre viseront à soutenir des mesures dédiées à la population de la région d’Ivankiev : mise à jour d’une carte des zones contaminées, programme de nutrition visant à prévenir la contamination interne et enfin programme sanitaire spécialement dédié à la protection des femmes enceintes et des enfants. L’accumulation de nouvelles données et leur analyse permettra de mieux comprendre l’impact de Tchernobyl sur les nouvelles générations et offrira la possibilité de mettre en place un protocole de vie (pour ne pas dire de survie) des populations en territoires contaminés.

Le bilan mortifère de Tchernobyl a toujours fait débat. L’Organisation mondiale de la santé avance une cinquantaine de morts par irradiation et 4 000 cancers de la thyroïde, mais l’accord de 1959 liant l’OMS à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) laisse planer un doute concernant l’objectivité de tels chiffres.

D’autant plus que des travaux publiés en 2009 par l’Académie des Sciences de New York évaluent à près d’un million le nombre des morts causés par Tchernobyl. Et le bilan est loin d’être définitif.

La controverse touche aujourd’hui surtout aux conséquences de la contamination interne à faibles doses. Le travail de Yury Bandazhevsky a démontré que la contamination chronique avait des effets sanitaires (cardiovasculaires, hormonaux…) dépassant les paradigmes scientifiques existants.

Nous espérons donc que les recherches médicales initiées grâce aux financements européens permettront de mieux identifier les risques liés à la vie en territoires contaminés. Et permettront aux populations affectées de cesser de vivre une fatalité insupportable.

Les 40 ans du périphérique parisien

Les 40 ans du « périphérique parisien » sont une excellente occasion de rappeler ce dont nous ne voulons plus. Car cette construction est un condensé de tout ce qui est insupportable.

Le périphérique parisien est une voie rapide (80 km/h autorisés) de 35 km de long et de 40 m de large. Elle est empruntée par 1,1 million de véhicules par jour, ce qui en fait l’axe le plus fréquenté d’Europe !

C’est polluant, bruyant, mais c’est aussi une barrière sociale. Le périphérique a été construit sur l’emplacement des anciennes fortifications parisiennes, et il sert désormais de « frontières » avec les 29 communes avoisinantes.

« Passer le périphérique » semble impossible à beaucoup, ce qui dérange grandement les plans capitalistes d’un « grand Paris » (en surface, Paris intra-muros est bien plus petite que les autres « grandes villes »).

Et évidemment les abords du périphérique sont pour les pauvres, qui se tapent la pollution. Le journal Le Monde donne des informations assez folles sur le mélange pollution / grand nombre de crèches, d’écoles, de stades… Et même du « Parc des princes », construit en même temps que le périphérique…

Principale nuisance pour les 100 000 riverains qui vivent à moins de 200 m du boulevard périphérique : des concentrations de polluants atmosphériques qui dépassent deux, trois ou quatre fois les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Airparif, l’association de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, a ainsi relevé sur l’année 2012, à sa station de mesure à la porte d’Auteuil, une moyenne de 108 microgramme de dioxyde d’azote par mètre cube d’air (µg/m3), alors que la valeur limite s’établit à 40 µg/m3.

Elle a en outre enregistré 135 jours de dépassement de la valeur limite journalière de 50 µg/m3 de particules fines PM10, bien au-delà du seuil de 35 jours par an.

« Ces taux entraînent des problèmes sanitaires pour les riverains, notamment les personnes sensibles », explique Arthur de Pas, ingénieur chez Airparif. Or, à proximité du périphérique, les tours d’immeubles – essentiellement des HLM – côtoient pas moins de 20 crèches, 32 écoles, 11 collèges, 13 lycées, 2 hôpitaux et 27 stades.

On croit rêver : des endroits rassemblant des jeunes, des malades, des personnes sportives, qui sont établis dans des zones polluées…

Et les environs du périphérique, ses entrées-sorties, sont également des lieux où s’établissent des personnes sans abris, formant des mini favelas, donnant à l’ensemble une image assez terrible.

La mairie de Paris aurait aimé recouvrir le périphérique, mais d’abord cela coûterait trop cher, et de plus avec la misère, les parcs qui seraient mis en place deviendraient des refuges pour les sans abris, ce que la mairie veut éviter, bien entendu.

Il y a en fait un précèdent : dans la seconde partie du 19e siècle, les fortifications avaient été abandonnées, et c’est devenu « la zone », avec des « zonards » vivant dans des bidonvilles…

Une terrible preuve qu’on en revient à cette époque, avec un capitalisme moribond tentant de se sauver en engloutissant la Nature.

Car en fait, la réalité capitaliste du travail fait que les voyages sont innombrables, une obligation, même si bien entendu les bobos aimeraient disposer de la ville pour eux seulement…

Voici la carte de la construction en plusieurs années du périphérique, et en-dessous la carte actuelle des liaisons du périphérique avec d’autres routes…

Donc soit on change tout, soit tout s’effondre: le périphérique, cette aberration anti-Nature, en est une preuve assez terrible !

On note avec ironie ce que disait le premier ministre Pierre Messmer, dans son Discours pour l’inauguration du dernier tronçon du boulevard périphérique de Paris, le 25 avril 1973 :

Et, puis enfin, on peut dire que c’est un succès car ce Boulevard périphérique s’est, dans l’ensemble, bien intégré dans le paysage parisien. Certes, tout n’est pas parfait, mais on peut dire que dans les sections les plus récentes et en particulier la section que nous inaugurons aujourd’hui, les ouvrages ont été réussis non seulement techniquement mais artistiquement, et l’on peut dire aussi que l’environnement a été, dans l’ensemble, sauvegardé ou à peu près reconstitué.

La seule solution est de tout changer, radicalement, de tout réorganiser, afin que le périphérique soit le lieu d’un réseau ferré, c’est la seule solution pratiquable, mais dans l’état actuel, c’est bien sûr impossible…

« C’est un être entier, qui mérite le respect »

Voici un article vraiment très intéressant et bien documenté de la Voix du Nord. Nous avons à maintes reprises parlé de cette culture populaire consistant à enterrer les animaux dont on a la responsabilité, et quoi d’étonnant à ce que cela se retrouve fortement ancré dans le Nord, région très populaire.

A LTD, nous accordons une grande importance à ce phénomène, évidemment directement parce qu’il nous touche, en tant qu’activistes prônant l’adoption, mais aussi parce que cela prouve que l’humanité, malgré ses prétentions, ne peut tout simplement pas mener à la guerre à la Nature.

Le témoignage suivant est populaire et authentique, il est très émouvant.

Forest-sur-Marque: le nombre de candidats au Paradis des animaux en élévation constante

Les propriétaires d’animaux de compagnie sont de plus en plus nombreux à venir enterrer leur chien, chat, voire lapin au Paradis des animaux. Une quinzaine d’inhumations ont lieu chaque mois dans ce cimetière unique dans le département.

Même lui n’en revient pas : « Vous verriez le samedi et le dimanche, y’a des fois plus de monde ici qu’au cimetière humain à côté. ­» Gérant depuis trois ans du Paradis des Animaux, créé par son oncle en 2003, Jean-Michel Desmulliez est un homme occupé. «­ Je fais une quinzaine d’enterrements par mois, raconte-t-il. C’était pas du tout le cas au départ, et ça augmente tous les ans. »

Le Paradis des animaux se situe au bout d’une voie pour le coup pénétrable, au 167, Rue principale, à Forest. Plus de 400 bêtes à poils ou à plumes y reposent en paix sous les 3­000­ m² de verdure. « J’ai l’autorisation pour m’étendre sur 9­000 m², précise le Saint-Pierre local. Pour l’instant je ne l’utilise pas car il reste de la place, mais ça va devenir assez urgent. ­» Les «­ clients­ » viennent de la métropole, mais aussi de l’Avesnois, l’Arrageois, le Valenciennois ou la Belgique.

Il n’existe que deux cimetières de ce type dans la région,­ l’autre se situant à Saint-Martin-Boulogne. Sans surprise, l’immense majorité des éternels résidants sont chiens et chats.

« Mais il y aussi quelques lapins, des cochons d’inde, des tourterelles, des rats », énumère Jean-Michel Desmulliez. Lequel reçoit aussi «­ énormément de sollicitations pour des chevaux » : « Malheureusement, c’est impossible, vous ne voyez pas le trou qu’il faudrait faire ? »

Nom de famille

Le coût de l’inhumation et de l’emplacement s’élève à 99­ €. Mais le défunt peut aussi être enterré dans un cercueil, dont les prix varient selon la taille, la nature du bois (sapin ou chêne), et la présence ou non de capiton. Certains maîtres ou maîtresses optent pour le caveau (459­ €) afin d’ensevelir plusieurs animaux, d’autres y ajoutent des pierres tombales, et surplombent le tout d’objets funéraires.

En vogue, la petite lampe à énergie solaire qui s’éclaire la nuit. « ­Il y a aussi un phénomène que je rencontre depuis environ un an, ce sont les gens qui font graver leur nom de famille à côté du prénom de l’animal », observe le quinquagénaire.

En fait, la seule chose défendue est l’affichage de signes religieux ou confessionnels extérieurs. Mais Jean-Michel Desmulliez s’accommode des rites de chacun. «­ L’autre jour, des gens de confession musulmane sont venus enterrer leur chien, raconte-t-il. Il était enveloppé dans un drap blanc, avec une cordelette, et ils ont rebouché avec les mains. Je m’adapte à tout. »

Un Grec vivant à Lille a quant à lui demandé une stèle en forme de chat, avec des inscriptions en français et en grec gravées à la feuille d’or, que le gérant du Paradis des animaux a dû commander à un marbrier du sud de la France­ : ­« ­Le monsieur ne parlait pas un mot de français, j’ai dû faire venir une interprète.­ »

Outre l’absence de concurrence, l’une des raisons du succès du Paradis des animaux vient sans doute de la compassion naturelle dont fait preuve Jean-Michel Desmulliez, dont le bureau est orné d’une photo de ces deux chiens. « ­Il faut savoir être à l’écoute des gens, les accompagner dans ce moment difficile », résume celui qui, dans une autre vie, était directeur commercial pour des concessions non pas funéraires, mais automobiles.

Dans son petit local, une pièce remplie de petits cercueils est mise à disposition le jour des enterrements : «­ Les gens peuvent se recueillir avant l’inhumation, indique-t-il. Je les laisse tranquille. Ca peut durer 10 minutes, une heure, même deux heures…» Une éternité.

«C’est comme un membre de la famille»

C’est un petit carré de terre entretenu avec soin et surplombé de fleurs, de bibelots et d’une plaque. Ci-gît Max, un caniche disparu le 14 décembre 2012. Mohamed et sa maman Viviane ont appris l’existence du Paradis des animaux par le vétérinaire qui a euthanasié leur animal de compagnie, et n’ont pas hésité. « J’ai gardé mon chien pendant 14 ans, raconte la maman, on ne voulait pas l’incinérer. »

Mohamed et Viviane ont donc déboursé pas loin de 500 € pour inhumer dignement leur compagnon, qui repose aujourd’hui dans un cercueil en pin capitonné. « On a même fait une plaque qui vient d’Italie, précise le jeune homme, on avait envie de lui faire ce plaisir-là, il méritait bien ça. » « Quand on aime les animaux, reprend Viviane, c’est comme un enfant, un membre de la famille. »

Une question de respect

Un peu plus loin, au-dessus d’un caveau, de la pelouse synthétique, des petits bouddhas, des plantes et des galets blancs. « On a mis ça parce que c’était un chien joyeux », précise Véronique en parlant de Tina, un basset hound – « un chien Télé Z » – mort à la mi-janvier. « On était partis sur une petite tombe simple, puis comme on a d’autres animaux comme ce gros bétail, dit-elle en montrant Elioss, un dogue de bordeaux. On a pris un caveau. »

Après coup, la Wattrelosienne ne regrette pas du tout son choix ni l’effort financier consenti – plus de 400 € –, et vient régulièrement se recueillir sur la tombe de Tina avec sa fille, Amandine. Elle aussi considère que « c’est un être entier, qui mérite le respect » après avoir partagé la vie du foyer pendant dix ans. Elle sait que certains trouvent cette attention ridicule. Elle s’en moque : « Si ça les fait rire, ça les fait rire, moi ça ne me touche pas. Chacun fait ce qu’il veut. »

« C’est ainsi que tous les animaux eussent alors obéi à l’homme d’eux-mêmes »

Il y a peu nous avions parlé de la position de (Saint) Thomas d’Aquin sur la mise à mort des animaux, parfaitement légale et valable aux yeux du catholicisme (« Est-ce un péché de mettre à mort les animaux et même les plantes? »).

La question suivante se pose alors: si les humains étaient « innocents », le rapport aux animaux changerait-il? C’est une question très importante pour le véganisme en France, malgré les apparences peut-être. En effet, d’où vient l’argument « l’homme est mauvais (par nature) » qui revient si souvent dans le mouvement pour les animaux, si ce n’est du catholicisme?

Et, à côté de cela, les religions proposent la venue d’un Paradis final où tout irait bien, rejetant la transformation de la société actuelle. Mais dans la définition même du catholicisme, les animaux servent d’outils, Dieu les aurait créer afin d’aider les humains, etc. Pour le catholicisme, même les humains « innocents » domineraient « naturellement » les animaux.

Voici comment Thomas d’Aquin, un « père de l’Eglise » (donc un avis officiel), présente cette question:

Article 1 — L’homme dans l’état d’innocence aurait-il dominé sur les animaux ?
Objections :

1. S. Augustin dit que c’est par le ministère des anges que les animaux furent amenés à Adam pour qu’il leur assignât des noms. Mais ce ministère des anges n’eût pas été nécessaire si par lui-même l’homme avait dominé sur les animaux. Donc l’homme dans l’état d’innocence n’avait pas de pouvoir sur les autres animaux.

2. Il n’est pas bon de réunir sous une même domination des êtres en discorde. Mais il y a beaucoup d’animaux qui par nature sont en discorde, tels la brebis et le loup. C’est donc que tous les animaux n’étaient pas englobés sous le pouvoir de l’homme.

3. D’après S. Jérôme , Dieu donna la domination sur les animaux à l’homme qui n’en avait pas besoin avant le péché, parce qu’il savait d’avance qu’après la chute l’homme devrait se faire aider par le renfort des animaux. Donc à tout le moins l’homme n’avait pas avant le péché à user de sa domination sur les animaux.

4. L’acte propre de celui qui domine c’est, semble-t-il, de commander. Mais il n’est pas juste d’adresser un commandement à un être sans raison. Donc l’homme n’avait pas de domination sur les animaux non raisonnables.

En sens contraire, la Genèse (1, 26) dit au sujet de l’homme :  » Qu’il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et les bêtes de la terre.  »

Réponse :

Comme on l’a dit plus haut, la désobéissance envers l’homme de ce qui doit lui être soumis, est une suite et un châtiment de sa propre désobéissance envers Dieu. Et c’est pourquoi dans l’état d’innocence, avant la désobéissance dont on vient de parler, rien ne lui résistait, de ce qui par nature devait lui être soumis.

Or tous les animaux sont par nature soumis à l’homme. C’est là une chose qu’on peut établir à partir de trois données. La première est l’ordre même de la nature.

De même que, dans la genèse des choses, on saisit un certain ordre selon lequel on passe de l’imparfait au parfait, car la matière est pour la forme et la forme plus imparfaite pour celle qui est plus parfaite, de même en est-il aussi de l’usage qui est fait des choses de la nature, car les êtres plus imparfaits sont mis à la disposition des plus parfaits ; les plantes se servent de la terre pour leur nourriture, les animaux des plantes, et les hommes des plantes et des animaux.

Ainsi est-ce par nature que l’homme domine sur les animaux. Et c’est pourquoi Aristote dit que  » la chasse faite aux animaux sauvages est juste et naturelle « , car par elle l’homme revendique ce qui lui appartient par nature.

La deuxième donnée est l’ordre de la providence divine, laquelle gouverne toujours les inférieurs par les supérieurs. Aussi, comme l’homme est au-dessus des autres animaux, puisqu’il a été fait à l’image de Dieu, est-il très convenable que les autres animaux soient soumis à sa conduite.

La troisième donnée consiste dans les propriétés respectives de l’homme et des autres animaux.

Chez les autres animaux, en effet, on trouve au niveau de leur pouvoir naturel d’estimation une certaine participation de la prudence concernant quelques actes particuliers ; tandis que chez l’homme on trouve une prudence universelle, qui fournit le plan de tout ce qu’il y a à faire. Or tout ce qui existe par participation est soumis à ce qui est par essence et de façon universelle.

Et ainsi il est clair que la sujétion des autres animaux envers l’homme est naturelle.

Solutions :

1. Il y a beaucoup de choses qu’une puissance supérieure peut obtenir de ses sujets, et qui restent impossibles à la puissance inférieure. Or l’ange, par nature, est supérieur à l’homme. Aussi y a-t-il tel effet qui pouvait être produit chez les animaux par la vertu des anges et qui ne pouvait être réalisé par le pouvoir de l’homme : ainsi, que tous les animaux fussent rassemblés en un instant.

2. Certains disent que les animaux qui maintenant sont féroces et tuent d’autres animaux auraient été, dans cet état, pacifiques, non seulement avec l’homme, mais aussi avec les autres animaux. Mais cela est tout à fait déraisonnable. En effet, la nature des animaux n’a pas été changée par le péché de l’homme au point que ceux qui maintenant, par nature, mangent la chair d’autres animaux, comme les lions ou les faucons, eussent alors été herbivores.

D’ailleurs, la Glose tirée de Bède ne dit pas à propos de la Genèse (1, 30) que les fruits et l’herbe aient été donnés en nourriture à tous les animaux et oiseaux, mais à certains d’entre eux. Par conséquent l’hostilité eût été naturelle entre certains animaux.

Pour autant, ils n’auraient pas été soustraits à la domination de l’homme, pas plus qu’ils ne le sont maintenant à la domination de Dieu, par la providence de qui tout cela est disposé. L’homme eût été l’exécuteur de cette providence, comme cela se voit encore maintenant pour les animaux domestiques ; en effet, les hommes fournissent des poules aux faucons domestiques pour leur nourriture.

3. Les hommes dans l’état d’innocence n’avaient pas besoin des animaux pour leurs nécessités corporelles, ni pour se couvrir parce qu’ils étaient nus et n’en éprouvaient pas de honte, étant à l’abri de tout mouvement de convoitise désordonnée ; ni pour s’alimenter, car ils se nourrissaient des arbres du Paradis ; ni pour se déplacer, car ils avaient un corps vigoureux.

Ils avaient pourtant besoin des animaux afin de prendre une connaissance expérimentale de leurs natures. Cela est signifié par le fait que Dieu amena à l’homme les animaux, pour qu’il leur assignât des noms, lesquels désignent leurs natures.

4. Tous les animaux ont, dans leur pouvoir naturel d’estimation, une certaine participation de la prudence et de la raison. C’est en vertu de cela que les grues suivent leur guide et que les abeilles obéissent à leur reine.

Et c’est ainsi que tous les animaux eussent alors obéi à l’homme d’eux-mêmes, à la façon dont le font maintenant certains animaux domestiques.

« Y’aurait-il que les vaches qui peuvent être inséminées? »

Comme nous en reparlions il y a peu, la question de la Nature est au cœur de l’argumentaire des catholiques contre le mariage en version gay et lesbienne. Bien évidemment, il s’agit d’une Nature « soumise » aux humains, comme l’expliquait (Saint) Thomas d’Aquin.

Et comme nous le disions, les pseudos athées ont la même vision. Florilège de tout cela avec quelques photos tirées de manifestation pour et contre le mariage gay et lesbien.

Nous commençons par la photographie suivante, car à nos yeux c’est vraiment très triste. Au lieu d’assumer une juste cause, celle de l’égalité, et d’aller à l’universalisme, on a ici l’affirmation d’une vie égocentrique totalement dénaturée.

Comment peut-on oser transporter une pancarte faisant l’apologie de l’élevage industriel ? Il faut vraiment vivre dans son monde et avoir une vision totalement égocentrique, ultra-individualiste. Cela fait peur. Surtout quand on voit que la personne a été assez loin dans sa démarche, puisque la pancarte a un design « vaches »…

Même si c’est surtout complètement idiot, car les fachos, comme on le voit sur la photographie juste en-dessous, eux, font bien peur. On a ici la violence, l’amalgame dans un grand n’importe quoi homophobe et réactionnaire. Et ces gens s’imaginent représenter quelque chose de culturel…

Pour revenir à quelque chose de plus développé, voici le fond de la conception religieuse parfaitement bien développée. Cette pancarte a l’air simple, voire stupide (et elle l’est), mais en fait toute la vision du monde catholique est parfaitement présentée.

Deux fondements à la base même du catéchisme de l’Eglise catholique sont ici résumés.

En effet, dans la religion catholique, l’animal est un serviteur que l’on peut choisir d’avoir, alors que comme nous l’avions expliqué, l’enfant serait un don « magique » de Dieu qui permettrait de donner la vie, de manière mystérieuse, métaphysique, etc. (voir Le catholicisme et sa conception magique et homophobe du « don » de la vie).

Si on ne comprend pas cela, on rate pourquoi il y a eu une telle mobilisation contre le droit des gays et des lesbiennes à se marier. C’est toute la mystique catholique qu’il s’agit de défendre, pour les conservateurs.

La pancarte suivante est également très intéressante, car elle montre que de la même manière, la plupart des activistes les plus fervents du modèle individualiste ont la même approche, mais inversée. A leurs yeux, l’être humain serait au-dessus, ou plutôt au-delà de la Nature.

D’où le slogan insultant, du même esprit dans le fond que le slogan sur l’insémination artificielle, « Soyez pas chiennes, aimez les lesbiennes. » Cela se veut une simple rime, mais en réalité il y a l’idée selon laquelle la Nature est « barbare », que la culture et le droit s’opposent par essence à la Nature, etc.

Tout cela est bien lamentable. Alors finissons sur un slogan vraiment lamentable, qu’on pouvait lire dans le cortège des « jeunes écologistes », la jeunesse d’EELV…

Simple accident ? Hasard de la photographie? Pas du tout, voici une affiche, homophobe si elle en est, des « jeunes écologistes »…

Dans 250 ans, quand l’humanité sur la planète terre sera végane, elle sera atterrée en portant un regard en arrière sur cette période de l’histoire française…

L’ONF donne des conseils aux « promeneurs », entre deux parties de chasse

Le Parisien a publié un article sur la nouvelle charte de l’Office National des forêts, charte placardée à l’entrée des forêts, et à destination des personnes allant dans celles-ci. Nous aurions aimé publier ici la charte directement, mais elle n’est même pas sur leur site.

Et pour cause: les « visiteurs » sont à la limite des « usagers », mais ils sont secondaires par rapport à la gigantesque opération commerciale qu’est l’ONF. La forêt, en France, c’est la filière bois, et aussi l’organisation des chasses sur le territoire public. En clair, cela veut dire que l’Etat permet aux chasseurs de tuer sur le domaine public, en soutenant leur discours de régulation, etc.

Le tout avec une démarche très commerciale, ouvertement pro-chasse. L’ONF propose des « chasses de qualité« , pour « faire partager une passion et un savoir-faire« , dans le respect de « l’art cynégétique« .

La chasse est un art, ben voyons!

Voici un exemple de ce qu’on a dans ces plaquettes commerciales.

Et voici l’article du parisien, reprenant en fait la charte, ce qui nous intéresse ici. Et qui rappelle, de par sa démarche tant que par ce qui est critiqué, que la culture écologiste en France est totalement misérable.

L’ONF veut mettre les promeneurs sur le droit chemin

Le ciel brille, les oiseaux chantent, les fleurs éclosent. L’appel de la forêt se fait ressentir pour des milliers de citadins. L’office national des forêts (ONF) en a profité cette semaine pour rappeler ses principes de bonne conduite résumés dans une charte placardée à l’entrée des sites.

« Dans la forêt de Sénart (à cheval sur l’Essonne et la Seine-et-Marne), nous avons 3,5 millions de visiteurs chaque année.

Il faut respecter certaines règles pour que tout le monde puisse en profiter », insiste Guillaume Larriere, employé à l’agence interdépartementale de Fontainebleau (Seine-et-Marne) de l’ONF.

Petit portrait imaginaire de Guy, le flâneur idéal.

Guy est fan de moto. Mais il la laisse au garage pour arpenter les sentiers arborés. Il sait que son bolide tasse le sol, peut laisser des coulées d’huile et fait du bruit. « Des agents assermentés verbalisent », met en garde Guillaume Larriere.

Guy a toujours un sac plastique sur lui pour ramener ses déchets à la maison. « Nous avons supprimé les dernières poubelles en 2005 à Sénart. Cela créait des tas de détritus et ne responsabilisait pas les gens », assure un agent de l’ONF. Le ramassage des 100 tonnes d’ordures abandonnées coûte chaque année 100 000€ à l’ONF rien que sur Sénart.

Guy tient son chien en laisse jusqu’au 30 juin. « C’est la pleine période de reproduction des animaux. L’an dernier, trois chiens avaient grièvement mordu un chevreuil. Il a fallu l’abattre », raconte l’agent de l’ONF.

Les enfants de Guy trouvent les jonquilles « trop jolies pour maman ». Mais ils en ramassent juste une poignée pour leur bouquet.

« Pour reconnaître une espèce de plante protégée, il suffit de regarder s’il y en a seulement un ou deux plants. Dans ce cas là, on ne cueille pas », prévient Guillaume Larriere.

Les bambins laissent également tranquille l’oisillon « tout mignon ». « Après un contact humain, la mère risque d’abandonner ses petits. Et une bête qui se laisse approcher est souvent malade », prévient-on à l’ONF.

Guy laisse aussi les têtards barboter. Ramassés dans un seau d’eau et placés à la maison dans un aquarium, ils ne gigotent que quelques heures avant de mourir.

Guillaume Larriere justifie ces mesures  : « Nous ne mettons pas la forêt sous cloche. Il faut juste y faire attention, pour le bien de tous ». Et celui des têtards.

« Est-ce un péché de mettre à mort les animaux et même les plantes? »

Nous avons déjà parlé régulièrement des religions, et puisque en ce moment c’est le catholicisme qui est à l’offensive, autant rappeler certaines vérités.

Voici un extrait de la Somme théologique, œuvre écrite à la fin du 13ème siècle par Thomas d’Aquin.

Thomas d’Aquin est plus qu’un « saint », c’est un « père de l’Eglise » ; la « somme théologique », qui fait deux millions de mots, est un « classique » dont les valeurs sont incontournables quand on est catholique (romain).

Nous soulignons cela, car le catholicisme, comme toutes les religions, prétend représenter la vraie compassion. Cela n’est bien entendu pas vrai.

On remarquera également que ce que dit Thomas d’Aquin correspond exactement à ce que pensent bon nombre de gens s’imaginant athée…

ARTICLE 1: Est-ce un péché de mettre à mort les animaux et même les plantes?

Objections:

1. Il semble qu’il soit illicite de tuer n’importe quel être vivant. En effet, S. Paul écrivait aux Romains (13, 2): « Celui qui résiste à l’ordre voulu de Dieu, attire sur lui-même la condamnation. » Or c’est l’ordre providentiel qui conserve tous les êtres en vie, selon ce mot du Psaume (147, 8): « Dieu fait croître l’herbe sur les montagnes et donne au bétail leur nourriture. » Donner la mort à un être doué de vie est donc illicite.

2. L’homicide est un péché parce qu’il prive un homme de la vie. La vie est commune à tous les animaux et à toutes les plantes. Il semble donc que pour la même raison ce soit un péché de tuer des animaux et des plantes.

3. La loi divine ne fixe de peine déterminée que pour le péché. Or elle établit une peine déterminée pour celui qui tue le boeuf ou la brebis d’autrui, comme le montre l’Exode (22, 1). Donc le meurtre des animaux est un péché.

Cependant, S. Augustin déclare « Quand nous entendons le précepte « Tu ne tueras pas », nous ne croyons pas que cela concerne les arbres fruitiers, qui n’ont aucun sentiment, ni les animaux, qui n’ont pas la raison en commun avec nous. C’est donc de l’homme qu’il faut entendre cette parole: « Tu ne tueras pas. » »

Conclusion:

On ne pèche pas en utilisant une chose en vue de la fin pour laquelle elle existe. Or, dans la hiérarchie des êtres, ceux qui sont imparfaits sont créés pour les parfaits; comme aussi dans la génération d’un seul être, la nature va de l’imparfait au parfait.

De même donc que dans la génération de l’homme ce qui existe d’abord c’est ce qui a vie, puis un animal et en dernier lieu l’homme; ainsi les êtres qui n’ont que la vie, comme les végétaux, existent tous ensemble pour tous les animaux, et les animaux eux-mêmes existent pour l’homme.

Voilà pourquoi, si l’homme se sert des plantes pour l’usage des animaux, et des animaux pour son propre usage, ce n’est pas illicite, comme le montre déjà Aristote.

Parmi tous les usages possibles, le plus nécessaire est que les plantes servent de nourriture aux animaux, et les animaux à l’homme, ce qui comporte inévitablement leur mise à mort. Voilà pourquoi il est permis de tuer des plantes pour l’usage des animaux et des animaux pour l’usage de l’homme, en vertu de l’ordre divin.

Car on lit dans la Genèse (1, 29): « Voici que je vous donne toutes les herbes et tous les arbres; ce sera votre nourriture, et tous les animaux… »; et encore (9, 3): « Tout ce qui se meut et tout ce qui vit vous servira de nourritures. »

Solutions:

1. Si l’ordre divin conserve la vie des animaux et des plantes, ce n’est pas pour elle-même, mais pour l’homme. Aussi S. Augustin peut-il écrire: « Par la disposition très juste du Créateur, la vie et la mort de ces êtres sont à notre service. »

2. Les bêtes et les plantes ne possèdent pas cette vie rationnelle qui leur permettrait de se conduire par eux-mêmes; ils sont toujours menés par l’instinct naturel comme par une force étrangère. C’est là le signe qu’ils sont par nature esclaves, et destinés à l’usage d’autres êtres.

3. Celui qui tue le boeuf de son prochain pèche, non parce qu’il tue un boeuf, mais parce qu’il porte préjudice à autrui dans ses biens. Ce n’est donc pas un péché de meurtre, mais de vol ou de rapine.

« Je suis ici à cause de qui je suis, de ce que je crois et de ma position de non-repenti »

Cela fait bien longtemps que nous n’avons pas parlé de Walter Bond! Voici une lettre de lui, et rappelons l’adresse du site de soutien : Supportwalter.org. Les gens qui n’aiment pas LTD n’en parleront jamais, alors si vous appréciez notre travail, n’oubliez pas la solidarité avec Walter Bond, quelles que soient les différences de conception, ou de stratégie.

WALTER EDMUND BOND (37096013)

Merci pour votre soutien

Il y a bien entendu les pouvoirs qui font souvent que mes communications sont une impossibilité bureaucratique.

Je fais de mon mieux pour répondre à toutes les lettres que je reçois et à tous ceux et toutes celles qui ont contribué à rendre mon temps plus facile en m’aidant avec des fonds, de sorte que je puisse avoir les quelques objets et le confort de créature qui me sont permis [allusion au court-métrage et à la série en pâte à modeler Creature Comforts, où des animaux critiquent leur captivité].

La prison est, comme vous pouvez peut-être l’imaginer, pleine de difficultés et de frustrations.

Mais je suis très chanceux d’avoir autant de personnes très grandes et attentionnées dans mon coin. Je veux vous dire merci du fond de mon cœur pour les mouvements à travers le monde pour la libération animale et la libération totale.

Chaque fois que j’ai lu vos lettres, à la fin cela m’a renforcé et dans un système carcéral qui tient sans cesse à vous faire intérioriser les attitudes négatives à votre sujet, vous m’avez rappelé maintes et maintes fois quant à la compassion de notre cause.

Loin d’être des « terroristes » comme les gouvernements essaient de nous dépeindre, nous sommes les obstacles à leur terrorisme parrainé par l’Etat et les grandes entreprises contre les Animaux, la Terre et les humains.

Je remercie chaque jeune Straight Edge qui m’a écrit pour me dire que je ne suis pas oublié, chaque Vegan qui a partagé ses histoires de triomphe et de frustration.

Merci pour toutes les images d’Animaux et pour chacune de leurs vies qui a été sauvée et enrichie grâce à vos soins ou votre inquiétude.

Comme beaucoup d’entre vous savent que je suis sous oppressions restrictives.

Même au sein de la prison, je suis distingué parmi des centaines de milliers de détenus et mis à l’écart dans une unité comme « terroriste domestique. » J’ai été dans cette situation depuis mon arrestation en 2010, pas à cause de ce que j’ai fait.Le crime d’incendie est doux par rapport aux agresseurs d’enfants et de meurtriers qui jouissent du statut de population générale dans les prisons fédérales.

Je suis ici à cause de qui je suis, de ce que je crois et de ma position de non-repenti.

Je m’attends à passer le reste de ma peine de prison dans la CMU [Communication Management Unit, où les communications sont étroitement surveillées].

Parce que si une stipulation de ma libération de ces unités est d’arrêter de se préoccuper et de cesser de me prononcer, je crains bien que ce sont les deux choses que je ne peux tout simplement pas faire.
Et vous, de votre côté, ne cessez pas de vous préoccuper et de parler non plus !

Si je peux prendre soin [des animaux] et continuer à le faire à partir d’une cage, et si les animaux se soucient encore de leur vie dans une cage, alors vous pouvez en prendre soin aussi!
Encore une fois merci à vous tous et toutes, grands et petits, pour me suivre, jusqu’à ce que tous et toutes soient libres.

Pour la Libération,

Walter Bond

37096-013

USP Marion CMU

PO Box 1000

Marion IL 62959

USA

« La fête de la nature », 7ème édition

A LTD, nous parlons de la Nature, avec un « N » majuscule; la fête de la nature utilise quant à elle un « n » minuscule, ce qui n’est guère étonnant, car c’est de « l’écologie » institutionnelle, d’ailleurs soutenue par EDF. Bientôt se tient sa 7ème édition, et consulter le programme est toujours intéressant, car les initiatives sont très décentralisées, et ainsi il y a peut-être par chez soi quelque chose d’intéressant, malgré l’insupportable conception « utilitaire » des animaux et des végétaux.

LA FÊTE DE LA NATURE

7ème édition

Créée en 2007 sur l’initiative du Comité Français de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) et du magazine Terre Sauvage, la Fête de la Nature bénéficie depuis sa création du soutien du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable.

Plus de 40 partenaires impliqués dans la préservation de la nature, parmi lesquels de grandes associations, des entreprises comme EDF, la Mutuelle Générale Environnement & Territoires, RTE ou des institutions, des acteurs territoriaux comme Natureparif, l’Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Île-de-France, soutiennent l’édition 2013 de la Fête de la Nature.

22 mai 2013

Le 22 mai, Journée mondiale de la biodiversité, est l’occasion de donner le coup d’envoi de l’édition 2013 de la Fête de la Nature.

5 jours de Fête…

Chaque année au mois de mai, la Fête de la Nature propose aux Français de métropole et d’Outre-Mer, de célébrer la nature durant cinq jours, à travers des milliers de manifestations gratuites organisées dans la nature et sur l’ensemble du territoire.

A l’initiative de naturalistes professionnels et bénévoles, de collectivités locales, d’associations,

mais aussi de particuliers passionnés, d’enseignants, de jardiniers…, ces manifestations sont l’occasion pour chacun de (re)découvrir la nature et de s’émerveiller à son contact.

5 jours de fête pour permettre une participation de tous ; grand public, familles, écoles, centres de

loisirs, salariés des entreprises, établissements publics…

Chaque participant est invité s’il en a l’envie, à devenir organisateur en proposant à son tour sa propre manifestation nature.

Voici l’explication, assez affreuse bien entendu, du thème de cette année.

2013 : cap sur les petites bêtes

Les enjeux de leur préservation

Comme les années précédentes, la septième édition de la Fête de la Nature démontrera que la nature est là, tout près, à portée de regard. Nous avons envie cette année de vous emmener à côté de chez vous, rechercher et découvrir les petites bêtes.

Parce que certaines sont de vrais bijoux: les cétoines vert métallisé, dans les fleurs de cerisiers ou dans les roses, les agrions aux ailes mordorées… Parce qu’il y a parmi elles des champions aux performances incroyables: comment le gosier du troglodyte, ce tout petit oiseau rond à la queue dressée qui se perche au ras du sol, est-il capable de produire un chant aussi puissant?

Comment font les argyronètes, ces araignées aux longues pattes, pour respirer dans leur bulle d’air accrochée aux plantes aquatiques sous la surface de la mare? Si les petites bêtes méritent que nous fassions attention à elles, c’est surtout à cause du rôle qu’elles jouent dans tout le fonctionnement de la nature, autour de nous.

Ces petites bêtes participent à une multiplicité d’échanges, d’entraides avec les autres formes du vivant, sur terre, dans la mer…

Tenez, par exemple, les Azurés, ces petits papillons bleus que vous avez sans doute vu voleter. Leurs chenilles se transforment en nymphes en forme de petits œufs blancs, qui ressemblent beaucoup aux larves de fourmis. Aussi celles-ci les rapportent à leur fourmilière, et les nourrissent comme leurs propres petits.

D’autant mieux que (on l’a découvert cette année) elles utilisent une autre ruse: elles imitent le bruit imperceptible que font les larves de reines des fourmis, et sont donc nourries en priorité! Pas de fourmis, pas de papillons!

Et c’est sans compter les services que les petites bêtes nous rendent directement. Sans les abeilles et bien d’autres insectes spécialisés, qui mettent le pollen en contact avec le pistil de la plupart des fleurs, pas de fécondation et donc de naissance des fruits.

Sans les têtards des grenouilles et des crapauds, sans les larves de libellules, pas de limite à l’éclosion de nuées de moustiques. Sans les lombrics, et tous les autres petits habitants du sol, qui aident à décomposer et à mélanger l’humus, la terre demeurerait compacte et stérile.

Pollinisation, dégradation des matières mortes, fabrication d’engrais, recyclage du bois… Les rôles essentiels de ces petits animaux sont indéniables. Sans oublier les bactéries que contient notre corps et qui nous aident à digérer, synthétiser des vitamines, vivre… tout simplement !

Alors, et c’est le défi que nous vous proposons de relever ensemble cette année, aménageons des coins de tranquillité pour les petites bêtes, dont la vie est rendue si difficile par les pesticides, le béton, et tant d’autres agressions.

François Letourneux

Président de la Fête de la Nature

« Ils sont chasseurs mais avant tout ils sont amoureux de la nature »

Cela se passe à Névian, dans le Languedoc-Roussillon, tout au sud de la France, et c’est raconté par le journal L’indépendant :

Un dimanche tôt le matin, une quinzaine de chasseurs se sont retrouvés à la cave coopérative armés de cisailles et sécateurs pour nettoyer le territoire néviannais.

Pendant que certains coupent les branches, d’autres placent des panneaux d’informations (offert par la fédération des chasseurs de l’Aude) pour sensibiliser les promeneurs sur la protection de la faune et de la flore.

Ils placent aussi, près des abreuvoirs, des égreneuses pour perdreaux.

Ce garde-manger est créé avec une sorte d’entonnoir muni d’une grille au fond pour que les oiseaux puissent picorer à volonté le blé qui sera posé régulièrement par chaque chasseur, qui gère son morceau de territoire.

Marc Camus, responsable du gros gibier, a utilisé son tractopelle pour le gros nettoyage. Au milieu de la matinée, tous se retrouvent pour un déjeuner conséquent.

Les grilladins, Rémi et Domi, ont préparé un délicieux repas. Ensuite, ils repartent vérifier si les abreuvoirs sont propres et surtout remplis d’eau.

Tous dans leur véhicule transportent des bidons d’eau et ne laisseront aucun abreuvoir vide. Ils sont chasseurs mais avant tout ils sont amoureux de la nature.

On est ici dans une combinaison impressionnante, comme seule l’idéologie du « terroir » sait en produire. Il faut un sacré culot pour oser tenir un discours aussi faux, aussi arriéré, en 2013.

C’est dire tout de même si la France est arriérée culturellement pour oser accepter que des chasseurs puissent tenir un discours où il est expliqué que ce sont eux qui prennent soin de la Nature, ou pour reprendre l’argument – massue des fédérations de chasseurs, qui maintiendraient son « équilibre » !

La vérité est pourtant simple : les chasseurs interviennent dans la Nature pour la déséquilibrer, afin de profiter de ce déséquilibre. Il faut être d’une naïveté confondante pour croire les chasseurs…

Ou alors il faut avoir accepté toutes les conceptions dénaturées de l’anthropocentrisme dominant. Et, en fait, c’est bien le cas, c’est pour cela que les chasseurs peuvent former un véritable mouvement social, et pourquoi des cathos fachos peuvent intervenir dans la société en prétendant défendre un certain « ordre naturel. »

Dans l’article du journal, il faut également noter cette phrase :

« qui sera posé régulièrement par chaque chasseur, qui gère son morceau de territoire »

C’est très impressionnant de voir à quel point on a ici une conception de la « propriété » sur la Nature qui relève pratiquement de la mentalité qui devait régner au Far West !

Et il en faut du cran pour oser affirmer en conclusion que:

« Ils sont chasseurs mais avant tout ils sont amoureux de la nature. »

 

L’Equipe magazine contre les requins à la Réunion

C’est une sacrée propagande que livre l’hebdomadaire « L’équipe magazine » de cette semaine. Une propagande anti-requins, forcenée, tout cela au nom du droit égoïste à pratiquer « son » sport, extrême de préférence, comme on l’entend.

Le titre est « La menace« , vraiment lamentable, tout autant que l’explication, révélatrice de l’esprit assumant l’individualisme et le business:

« A cause des attaques mortelles de requins, l’île de la Réunion est devenue la zone la plus dangereuse au monde pour surfer. Champions, pratiquants, commerces… tous souffrent de cette situation. »

Le requin est présenté comme quelqu’un venant déranger les surfeurs présents sur l’île de la Réunion, surfeurs qui n’ont aucune envie de pratiquer « leur » activité avec un « lourd » appareil servant à éloigner les requins. La mer leur appartiendrait, ils auraient tous les droits!

Mais naturellement, le racolage sert à masquer qu’en fait, les surfeurs ne représentent rien à part une poignée d’individus, portée à bout de bras par toute une économie du spectacle, du sport extrême, du virilisme, etc.

L’équipe met en avant les arguments suivants: le surf permet d’avoir des médailles…

Le surf professionnel représente aussi une (petite) économie, qui doit fonctionner, et tant pis pour les requins… Dans l’article, il y a même une personne exigeant que soit annulée la décision de faire d’une zone une réserve marine!

Mais la vérité, l’équipe est obligée de la mentionner. L’île de la Réunion est pauvre, et dans un esprit colonial, les surfeurs veulent des moyens pour pratiquer « leur » sport, aux dépens des requins, aux dépens de la population locale… Ce que l’Equipe magazine est obligée d’avouer est absolument édifiant.

Un caprice de gosses de riches: c’est bien dit. Les surfeurs sont ici un exemple d’individualisme, de mépris de la réalité maritime, de la réalité sociale même. Tous les surfeurs ne sont pas ainsi, fort heureusement, et ils seront tout autant choqués que nous de ce que défend l’Equipe magazine. Mais force est de constater que leur voix est bien trop faible comparée aux autres, qui disposent de l’industrie, de l’idéologie du loisir individualiste et extrême, etc.

C’est un véritable rouleau compresseur qu’il y a contre Gaïa, alors les amiEs de la Nature, ceux et celles qui la reconnaissent (et reconnaissent en faire partie), doivent prendre la parole, doivent agir pour que la planète redevienne bleue et verte!

Borloo veut faire de la France « le premier pays écologiste »

Après Mélenchon qui avait récemment organisé une réunion sur « l’écosocialisme » (dont on a plus entendu parler), on a désormais Jean-Louis Borloo qui s’y met. L’écologie est ici une sorte de petit « plus » servant simplement à masquer l’esprit « réformateur » traditionnel.

Voici comment le Parti Radical fournit l’information sur son site :

Borloo appelle une unité nationale pour faire de la France « le premier pays écologiste »

« Je suis venu vous parler d’emploi, de pouvoir d’achat, d’économie et de précarité, de stratégie de croissance, de fraternité, de République et d’unité nationale », a lancé l’ancien ministre de l’Ecologie en clôture du Forum auquel participaient entre 400 et 500 personnes.

« N’attendez pas de moi un discours partisan », a poursuivi le leader centriste expliquant ne pas vouloir faire de « l’UDI le premier parti écologiste mais de la France le premier pays écologiste ».

L’ancien ministre s’est ensuite lancé dans un vibrant plaidoyer pour la méthode qui a fait le succès du Grenelle de l’Environnement qu’il avait initié en 2007, en formulant des propositions pour relancer « le système ».

Il a notamment suggéré « de revenir à une gouvernance à cinq avec l’Etat, les entreprises, les syndicats, les collectivités locales et les ONG » et proposé la création d’un grand ministère d’avenir regroupant l’énergie, les transports, l’urbanisme, le logement, la mer et les océans et l’écologie avec à sa tête un « vice-premier ministre ».

Il a également souhaité un « audit par un cabinet indépendant » pour établir un point sur l’exécution des 268 programmes du Grenelle de l’environnement et de la mer. « La loi Grenelle, on l’applique ou on l’abroge », a-t-il lancé.

Enfin, le député du Nord a indiqué vouloir défendre quatre projets écologistes qu’il juge essentiels.

Ils concernent « la création d’une agence pour piloter un programme national de rénovation écologique des bâtiments français, un changement d’état d’esprit avec une union républicaine et l’appui des médias pour porter ces projets, la mise en place d’une stratégie française et européenne pour l’Afrique et les océans et la défense d’un programme exemplaire sur la bio-diversité et les énergie marine en outre-mer ».

Auparavant, l’ancienne juge Laurence Vichnievsky (EELV), invitée surprise du Forum, avait expliqué que pour elle l’écologie n’était « ni de droite ni de gauche » et appelé à établir « des passerelles » entre les différentes sensibilité ».

Pour le délégué général de l’UDI, Yves Jégo, l’UDI souhaitait également à travers ce forum « dire à l’électorat écologiste: vous n’êtes pas obligé de voter à gauche » et « se démarquer » de l’UMP qui ne considère pas l’Ecologie comme une priorité.

« On n’est pas dans le débauchage », a-t-il cependant affirmé, tout en indiquant que les trois quarts de l’association de Corinne Lepage Cap21 ont déjà rejoint les rangs de l’UDI.

Venu en observateur, le sénateur UDI Jean Arthuis s’est cependant dit « préoccupé par la cohérence » du projet centriste. « On ne doit pas succomber au catégoriel. Il faut que l’écologie soit compatible avec la compétitivité, la croissance, le plein emploi et l’équilibre des dépenses publiques », a-t-il plaidé.

Les participant au Forum ont débattu de la capacité d’action de la France au niveau européen et mondial sur les grands enjeux écologistes, des grands défis environnementaux de demain et de la possibilité à utiliser la croissance verte comme un axe de développement pour sortir de la crise.
Outre jean-Louis Borloo, plusieurs anciens ministres ou secrétaires d’Etat à l’Environnement ont assisté aux débats, dont Serge Lepeltier, Chantal Jouanno et Brice Lalonde, qui est intervenu dans un message enregistré.

« Il faut qu’il y ait un parti en France pour défendre le long terme, l’intérêt de la planète », a lancé celui qui avait co-fondé Génération Ecologie en 1990 avec Jean-Louis Borloo, en saluant l’initiative de l’UDI.

Comme on le voit, on est dans une logique comptable, pas dans une révolution sur le plan de la démarche. Il n’y a pas d’esprit écologiste, aucun appel à un changement non seulement de mentalité, mais de perspective.

Et on voit qu’il y a déjà des gens d’EELV prêts à jouer les transfuges… Rappelons au passage que Jean-Vincent Placé vient de ce même milieu centriste…

La ville de Paris et « ses » pigeons

C’est un paradoxe qui saute aux yeux : d’un côté, c’est la guerre contre les pigeons, et de l’autre, une ville comme Paris sait très bien que sans les pigeons, ce n’est plus pareil, ce n’est plus la « ville de l’amour. »

On a donc droit à une initiative de la ville de Paris avec une affiche édifiante d’hypocrisie. Les pigeons sont méprisés, considérés comme ne méritant pas de vivre ; les gens qui les soutiennent sont harcelés, et on a droit à cela: une initiative sur Twitter très particulière, puisque liant l’oiseau de Twitter au fameux pigeon « parisien »…

Rappelons la situation de Giuseppe, qui est à la rue à Paris parce qu’il a aidé les pigeons !

Même le site du compte Twitter de la ville de Paris utilise l’image des pigeons (dessinés dans l’esprit du graphisme à la Twitter), ces oiseaux condamnés chaque jour par la ville de Paris !

Cette utilisation des pigeons rentre dans le cadre d’une sorte de bizarrerie bobo, en liaison avec Twitter. Voici la présentation :

En 2013, la ville de Paris a souhaité inviter les Parisiens, les visiteurs de Paris et tous les amoureux de Paris à s’associer et à reproduire l’exercice de Perec tous ensemble et en 140 caractères, chacun depuis le point particulier où il se trouve dans la ville.

Les participants partageront ainsi le temps d’une journée, de midi à minuit, leur perception de la vie parisienne sur le réseau social Twitter grâce au hashtag #jdtap, correspondant au nom de l’opération : Un jour de tweets à Paris.

Crieurs de tweets

Chaque contributeur participera selon son style littéraire, poétique ou cocasse, à la création d’un instantané d’une journée parisienne en 2013.

Les tweets postés avec la hashtag #jdtap seront déclamés à l’intention des passants tout au long de la journée par des crieurs de tweets postés sur différentes places de la ville.

Des comédiens, habillés en gavroche des temps modernes, perchés sur de petites caisses en bois et munis d’une tablette numérique, déclameront toute la journée les plus beaux tweets de Parisiens, célèbres ou inconnus et des amoureux de Paris de passage.

Installés en 6 lieux de Paris très fréquentés, ils partageront cette twittérature avec les passants, les invitant à écouter et bien sûr à participer à leur tour à l’opération.

Ces tweets seront également lus en direct à l’heure du déjeuner entre 12h et 13h depuis la web-radio de la ville.

Ce qu’on retient, c’est que l’image de Paris est indissociable des pigeons. Sans préjuger de l’intérêt inexistant de cette initiative bobo, les amiEs des oiseaux sauront utiliser cet argument culturel à l’avenir.

En effet, pour défendre les pigeons à Paris face aux décisions de la mairie, on pourra arguer que la ville de Paris elle-même a utilisé l’image des pigeons pour se définir. Cela peut être utile, et dans tous les cas culturellement, c’est très révélateur des contradictions que vit l’humanité!

« Filmer la cruauté envers les animaux, un crime aux Etats-Unis »

Parallèlement à l’éloge de la petite exploitation et à la propagande – confusion, il y a bien sûr la répression. Cet article du Monde est très parlant; il montre le caractère idéaliste de la « protection animale », sa naïveté face à l’exploitation animale.

Filmer la cruauté envers les animaux, un crime aux Etats-Unis

Sur une vidéo filmée en caméra cachée, des ouvriers agricoles brûlent les chevilles de chevaux du Tennessee avec des produits chimiques. Une autre montre des éleveurs dans le Wyoming donner des coups de poings et de pieds à des porcs et porcelets, les bousculer ou les jeter en l’air.

Et chez l’un des principaux fournisseurs d’œufs du pays, on découvre des poules en cage aux côtés de cadavres en décomposition d’oiseaux, tandis que des ouvriers brûlent et cassent le bec de poussins.

Ces films d’une cruauté extrême, réalisés au cours des deux dernières années par des militants de la cause animale, essentiellement Mercy for Animals, The Humane Society of the United States et PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), ont choqué l’opinion publique et entraîné une réaction rapide : le dresseur de chevaux du Tennessee a été reconnu coupable d’avoir enfreint la loi.

Des autorités locales du Wyoming ont inculpé neuf ouvriers agricoles de cruauté envers les animaux. Et le fournisseur d’oeufs a perdu l’un de ses plus gros clients, la chaîne de restauration McDonald.

« LOIS BÂILLONS »

Pourtant, depuis quelques mois, une douzaine d’Etats américains ont proposé ou adopté des lois criminalisant la dénonciation de ces pratiques dans les élevages et abattoirs.

Avec quelques différences selon les Etats, ces législations interdisent de filmer ou de prendre des photos secrètement au sein de fermes d’élevage et de postuler pour un emploi dans l’un de ces établissements sans divulguer des liens avec des groupes de défense des animaux – un délit punissable d’un an d’emprisonnement et de 1 500 dollars d’amende en Utah.

Elles contraignent aussi les ONG à livrer les vidéos dénonçant des abus aux autorités dans les 24 ou 48 heures qui suivent leur réalisation. Le plus extrême de ces textes, en Arkansas, va même jusqu’à proposer d’interdire à quiconque d’autre que les autorités d’enquêter sur les animaux.

La plupart de ces projets de loi punissent non seulement les militants qui prennent des photos et des films, mais aussi les médias et les organisations de défense des droits des animaux qui diffusent les documents.

Ces futures lois, surnommées « agriculture bâillonnée » (« ag-gag » en anglais), sont actuellement débattues dans les Etats de l’Arkansas, la Californie, l’Indiana, le Nebraska, la Pennsylvanie, le Tennessee et le Vermont.

Elles ont d’ores et déjà été votées dans l’Iowa, l’Utah et le Missouri, à la fin de l’année dernière. Dans le New Hampshire, le Nouveau-Mexique et le Wyoming, par contre, leur examen a été reporté en raison de l’opposition des défenseurs des droits des animaux, mais également des organismes veillant sur la sûreté sanitaire, comme le Food and Water Watch.

THINK-TANK CONSERVATEUR

Selon le New York Times, ces tentatives de l’industrie de l’élevage de mettre fin aux enquêtes dans leurs enclos ont en partie été chapeautées par l’American Legislative Council (ALEC), un think-tank conservateur connu pour ses travaux législatifs controversés – comme la loi « Stand your Ground » (« Défends-toi ») qui autorise tout citoyen à utiliser la force, quitte à tuer, s’il se sent menacé.

Cet organisme avait aussi proposé le premier texte en matière de bien-être animal, en 2002, le Animal and Ecological Terrorism Act (AETA), qui interdisait de pénétrer « dans une ferme pour prendre des photos ou vidéos avec l’intention de porter atteinte à l’image de l’établissement ou de son propriétaire », les contrevenants se voyant placer sur un « registre terroriste ».

Plusieurs législateurs des récentes lois « ag-gag » sont liés à l’industrie agro-alimentaire et l’ALEC, confirme le journaliste d’investigation indépendant Will Potter. « Ces lois ne portent aucune trace de leurs auteurs, et il est impossible de savoir si elles proviennent de l’ALEC, mais cet organisme fait sans aucun doute partie du contexte général qui a permis de les promulguer », affirme l’enquêteur.

« DROIT DE SAVOIR »

Selon les représentants des firmes d’élevage, ces tournages, dont ils mettent en cause l’honnêteté, nuisent injustement à la réputation de la filière.

« C’est aussi une question de droits à la propriété et à la vie privée, estime, dans les colonnes d’Associated Press, Bill Meierling, porte-parole de l’ALEC. Vous ne voudriez pas que je vienne dans votre maison avec une caméra cachée. »

« Ces projets de loi pourraient créer un précédent dangereux dans le pays en fermant les portes de fermes d’élevage industriel et en permettant aux abus d’animaux, aux atteintes à l’environnement, et à la contamination de la nourriture de passer inaperçus », rétorque Nathan Runkle, directeur exécutif de Mercy for Animals, interrogé par ABC.

Car pour les ONG, les agences officielles, dont le nombre d’inspecteurs est réduit par les coupes budgétaires, ne disposent pas de ressources suffisantes pour empêcher l’ensemble des cas de maltraitance animale et de manquements aux normes sanitaires.

« Les fermes industrielles, comme toutes les maisons et entreprises, sont déjà protégées par la loi contre les intrusions. Les lois « ag-gag » n’ont en réalité rien à voir avec la protection des biens, dénonce le New York Times dans un éditorial engagé, mardi 9 avril. Leur seul but est de maintenir les consommateurs dans l’obscurité, afin de s’assurer qu’ils en savent le moins possible sur le fonctionnement sombre de l’élevage industriel. Ces projets de loi sont poussés par le lobbying intensif des sociétés de l’agrobusiness. A la place, nous avons besoin de lois qui garantissent notre droit de savoir comment notre nourriture est produite. »

La ZAD et l’Exploitation Animale

Voici un article sur la libération animale, publié dans un fanzine distribué sur la ZAD.

C’est un point de vue synthétique qui est le fruit de la réflexion et de la pratique de gens qui ont tenté et qui tentent encore courageusement de diffuser là-bas les valeurs de la libération animale, refusant le compromis de la « petite exploitation » censée être « humaine », « acceptable », etc.

C’est donc quelque chose de très intéressant, à quoi il faut porter toute son attention.

La ZAD et l’Exploitation Animale

Depuis quelques mois, on est un bon nombre de végétarien-ne-s, végétalien-ne-s ou végan-e-s sur la ZAD à assister à une explosion assez folle du nombre de repas collectifs composés principalement voire exclusivement de viande, c’est-à-dire d’animaux morts, ainsi que de produits issus de leur exploitation (laits, œufs, miel…).

Ca s’accompagne d’une indifférence totale à l’égard à la fois des conditions de vie des animaux en général et des opinions de celles/ceux qui tentent de se battre pour aider à leur libération, parfois même d’une fierté sanguinolente vis-à-vis de ce mode d’alimentation.

A l’heure où j’écris ce texte deux moutons viennent de se faire assassiner sur la ZAD pour être cuisinés et mangés à la Châtaigne ; il y a deux jours un sanglier a subi le même sort.

Ces deux événements ont été annoncés de longue date comme des fêtes où chacun-e était convié-e à se détendre et s’amuser en se délectant littéralement du meurtre de ces animaux. Et il se trouve qu’on est beaucoup à trouver ça ultra-gerbant et à se demander comment on a pu en arriver là.

Tout d’abord parce que faire des repas où souvent rien n’est même prévu pour ceux/celles qui refusent de manger des produits animaux, ça revient de fait à les exclure de ces espaces.

Parce que nous, végan-e-s et végétarien-ne-s, ça nous le fait de toute façon juste pas de manger « notre » repas végan dans notre coin en regardant un animal mort rôtir au-dessus d’un feu, centre de toute l’attention et source de réjouissances.

En fait on fait peut-être chier les gens qui mangent de la viande avec notre mode d’alimentation et nos idées – oui parce que c’est des idées en plus, pas une maladie mentale, c’est dingue hein ? Sauf qu’en fait on vit ici ensemble, qu’on lutte ensemble, même si c’est pas toujours pour les mêmes choses.

Y’a un truc hyper hypocrite chez pas mal de personnes qui clament sur tous les toits qu’« il faut être unis dans la lutte », mais qui à côté de ça râlent dès qu’il faut faire à manger « pour les végan-e-s » et du coup ne prévoient rien pour elles/eux, ce qui de fait équivaut à les empêcher de venir dans ces endroits et de s’y sentir bien.

Je comprends tout à fait que certain-e-s veuillent exclure les végan-e-s de leurs luttes et de leurs vies, même si je trouve ça hyper trash et que je laisserai jamais faire ça ; mais alors qu’ils/elles assument ça ouvertement au lieu de faire en sorte que ça arrive par leur négligence et leur mauvaise volonté, comme si ça n’était pas de leur responsabilité.

Manger des animaux n’est pas plus naturel que se nourrir uniquement de végétaux, ça fait juste partie de la myriade de choses qu’on trouve « normales » parce qu’on nous les a mises dans le crâne sans nous demander notre avis depuis notre naissance.

Et merde, vous les gens qui bouffez de la viande, les « omnivores » comme beaucoup d’entre vous aiment se définir, vous pouvez tout à fait manger des repas végans alors que vous savez très bien que nous on touchera pas à des plats préparés avec des produits animaux.

La bouffe végan c’est pas dur à faire et ça donne pas de carences, sinon on serait un bon paquet à être mort-e-s ou à l’hosto et je pourrais pas écrire ces lignes, à part ça moi ça va la santé merci ; y’a bien moyen de faire un effort et de prévoir les repas en fonction, non ?

De notre côté, nous les « non-mangeurs/euses » de viande, si on a choisi de s’alimenter comme ça c’est pas par fascisme existentiel ni par religion (du moins sur la ZAD j’espère), c’est juste que la consommation de viande et de produits animaux sont la cause et la conséquence directes de l’exploitation animale à grande et petite échelle, qui représente exactement tout ce qu’on combat.

Et quand je dis nous, je parle de tous les gens qui sont ici pour lutter contre les oppressions en général, anarchistes, autonomes et autres pirates des bois.

Y’a une grosse incohérence à vouloir lutter contre la domination et à refuser de prendre en compte les milliards d’animaux qui tous les jours souffrent et meurent pour le plaisir humain. Y’en a une encore plus grosse à collaborer à ça directement en les assassinant soi-même pour se servir de leur corps (viande, cuir…) ou de ce qu’ils produisent (œufs, lait…).

L’élevage pour la consommation ça implique l’enfermement, le meurtre, la torture physique ou psychologique, dans certains cas le viol (insémination artificielle), bref tout ce qu’on proclame combattre ici, et ce quel que soit le mode d’élevage (à part quelques très rares exceptions que perso

j’ai jamais eu l’occasion de rencontrer).

Dans les élevages laitiers, les petits mêles, non-productifs économiquement, sont systématiquement tués et mangés afin de prendre le lait de leur mère ; les vaches, poules, brebis…trop vieilles ou infirmes, incapables de continuer à enrichir leuréleveur/euse, subissent le même sort.

Y compris sur la ZAD.

Seulement ouais, ces êtres n’ont pas eu la chance de naître humain-e-s, ce qui fait que tout le monde trouve normal de les faire souffrir et de les assassiner. Et pourtant, qui peut sérieusement prétendre avoir vu une truie, un chien, une chèvre blessé-e, enfermé-e ou en train de mourir, et dire qu’il/elle ne souffre pas ou n’a pas conscience de son existence ?

Sur la ZAD cependant, comme on est quand même vachement alternatifs/ves, on se trouve des bonnes raisons de continuer à participer à cette merde qu’est l’exploitation animale : on « fait attention » aux « bêtes » (tu parles !), on tue éthique en donnant beaucoup d’amour aux animaux avant de les mener sur l’échafaud pour les égorger, comme si ça changeait que ce soit à l’horreur de leur sort.

Ça donne un truc assez fou où des personnes qui s’extasient devant les tritons crêtés et les merveilles de la nature se retrouvent, trop contentes, devant le cadavre étripé et cuisiné d’un

mouton que certaines d’entre elles ont contribué à assassiner, et qui n’a pas eu le bonheur d’appartenir à une espèce qui fait rêver et par conséquent mériterait un peu d’empathie.

Moi mon projet de vie, le monde nouveau que j’essaie de faire surgir dans les endroits où je vis, je n’en ai qu’une vague idée ; mais je sais qu’il consiste avant tout à faire en sorte que chacun-e puisse vivre comme elle/il l’entend sur cette planète, humain-e ou animal-e.

Ça implique de se débarrasser de tous les systèmes d’oppression auxquels on a appris à contribuer depuis toujours, et qui pourrissent la vie de trop d’êtres : capitalisme, racisme, mais aussi sexisme, homophobie, validisme, exploitation animale, parmi tant d’autres.

Changer le monde c’est aussi changer nos rapports entre nous, entre tous les êtres vivants, même celles/ceux qui n’ont pas la même couleur de peau, le même sexe ou le même système digestif. Sur la ZAD, je me bats pas juste pour le bien-être des habitant-e-s humain-e-s d’ici et d’ailleurs, mais aussi pour sauver les innombrables animaux et végétaux qui menacent d’être génocidés par leur aéroport morbide.

Ouais ouais ouais (me direz-vous), mais bon quand même, vous les végans, pourquoi aller emmerder les zadistes qui contribuent juste un tout petit peu à la domination sur les animaux, au lieu de s’attaquer à l’industrie de la viande qui est bien plus trash ?

Ben parce qu’on vit ici. Parce que les comportements d’oppression qui se produisent ici sur des animaux, ils sont exercés en grande partie par des camarades, des ami-e-s avec qui on partage par ailleurs plein de trucs hyper chouettes dans cette lutte, et que ça, ça fait mal.

Parce qu’on veut plus de l’exploitation animale dans nos luttes et qu’on fera tout pour la jarter, comme le sexisme, comme plein de comportements de merde qu’on y voit trop souvent. Notre rêve à nous, celui qu’on a en partie en commun avec plein de personnes ici, il peut pas accepter qu’on fasse souffrir des animaux au nom de la révolution.

Beaucoup de gens ici justifient l’élevage au nom de la tradition et de la culture paysannes. C’est pratique. Moi, même si j’ai envie de me ressaisir de ce qu’il y a d’émancipateur dans la culture des campagnes d’ici et de partout, je trouve que s’en revendiquer dans leur intégralité et sans autre raison qu’elles-mêmes ça rappelle bien des discours réactionnaires et nationalistes puants, qui justifient bien des dominations en évitant qu’on aille trop creuser sur pourquoi les choses sont ce qu’elles sont.

Tuer et manger des animaux en prétendant perpétuer une coutume populaire, donc forcément trop géniale, c’est surtout conserver ses privilèges d’humain-e mangeuse/eur de viande sans avoir à prendre en compte l’être qu’on assassine.

Ceci dit j’ai pas l’intention d’exclure des lieux où je vis et lutte les gens qui mangent des animaux, en fait même si je le voulais je pourrais pas. Tout dans ce monde est fait par et pour les mangeur/euses de viande, et les anormales/aux qui refusent de se conformer à cette norme sont priés de pas trop la ramener en bousculant les privilèges établis.

Et sur la ZAD, en fait, c’est la même chose dans la plupart des endroits… Il y a celles/ceux qui rejettent systématiquement les végan-e-s et véget’ à cause de leur alimentation : « oh vas-y, on fait griller des merguez pour les végans, ha ha ! ».

Il y a ceux/celles qui, si tu l’ouvres trop sur la question animale, te sortent des discours du genre : « ouais mais moi j’respecte ta manière de vivre, alors respecte la mienne ». Oui, sauf que ma manière de vivre à moi n’implique pas d’infliger douleur et mort perpétuelles à des animaux.

Y’a un côté super consumériste et libéral à vouloir mettre la tienne et la mienne sur le même plan, comme deux options de vie qui n’auraient aucune différence de valeur ou de conséquence.

Alors qu’on parle d’un côté d’une norme imposée par un ordre social qu’on est nombreux/ses à combattre, qui tue et fait souffrir des êtres à une échelle massive ; et de l’autre, d’un mode de vie qui n’est certes pas parfait, mais qui cherche à respecter le plus possible les êtres vivants dans leur ensemble.

Alors non, je peux pas respecter tes habitudes alimentaires avec leur fleuve de sang et de cadavres, que tu l’assumes ou non, et je me refuserai à le faire tant qu’il me restera une once d’empathie et de considération pour les autres.

Et j’aimerais que les gens qui ont ce genre d’attitude réfléchissent au moins un peu dessus et se rendent compte des souffrances que leur mode de vie engendre.

C’est pas facile pour moi de vivre au milieu de gens qui participent à cette exploitation omniprésente sur les animaux et qui le captent même pas, alors j’essaie de trouver des moyens pour que ça se passe le mieux possible.

Faire en sorte que les bouffes collectives soient véganes, que nos fêtes ne soient pas des rituels centrés sur la mort d’un animal, ça me paraît un minimum qu’il serait vraiment chouette de rétablir. Parce que ouais, pendant longtemps sur la ZAD on a fait comme ça et ça fonctionnait plutôt bien.

Moi et les quelques personnes sur la Zone qui nous positionnons contre l’exploitation animale, nous ne sommes pas des nazis réfractaires à tou-te-s celles/ceux qui ne pensent pas comme nous.

Nous sommes simplement ici, comme beaucoup de monde, pour combattre les oppressions qui rendent ce monde invivable, par la propagande et l’action directe. L’exploitation animale en fait partie, sur la ZAD comme ailleurs.

Perso, j’ai pas envie de devoir me mettre à utiliser les mêmes moyens de lutte contre mes camarades que contre Vinci et l’État parce qu’ils exercent le même type de domination. Ça voudrait dire que cette lutte est vraiment devenue pourrie.

« Escale à Bornéo »

On ne soulignera jamais assez l’ignominie de la propagande effectuée en direction des enfants de la part de l’exploitation animale. Ce qu’on a pu voir hier sur France 5 est une véritable démonstration de ce genre manipulateur et littéralement ordurier.

Dans la série télévisée « Les Sauvenature » (rediffusée très partiellement ici), on voit une famille qui parcourt le monde pétri de bons sentiments, mais toujours dans le respect des lois, des mœurs, de l’idéologie dominante, depuis le cirque jusqu’à… la destruction des forêts primaires à Bornéo afin de produire de l’huile de palme.

Hier, en effet, c’est à Bornéo que se déroulait l’épisode « Escale à Bornéo » (qui dure un peu plus de dix minutes). Les enfants de la famille découvrent un bébé orang-outan blessé par balles, dans une forêt décimée.

La famille le récupère, et tente de le placer. On est déjà placé dès le départ sous l’angle de la compassion typiquement chrétienne, c’est-à-dire individuelle, fondée sur le hasard, quasiment le « signe » (j’étais là pour le sauver, etc.).

La famille va alors cacher le bébé singe dans un hôtel, un enfant s’amusant avec lui: on voit la configuration, totalement dénaturée.

Pendant ce temps, la famille interviewe alors un patron d’une production d’huile de palme qui explique qu’il est triste, mais qu’il n’a pas le choix. Il demande en effet aux enfants : « êtes-vous prêts à arrêter le chocolat, les gâteaux, les céréales… ? »

Il leur remet alors l’adresse d’un refuge pour orang-outan, et la famille y va après être allé recherché le singe.

Seulement le refuge doit fermer le lendemain, pour cause de manque d’argent!

Les enfants qui ont leur blog (c’est un élément central dans la série) font alors une demande de dons. Puis un mystérieux personnage donne beaucoup d’argent au tout dernier moment, alors que les bulldozers sont déjà là, prêts à détruire le refuge !

Et qui est le généreux donateur, bien sûr ? Le patron de la production d’huile de palme, qui explique : « j’ai été touché par votre reportage. Je vais continuer à produire de l’huile de palme, mais Bornéo est mon île et je l’aime, je ne veux pas que les Orang-outan disparaissent. Voilà pourquoi j’ai donné pour le refuge. »

L’épisode se termine là-dessus, sur cette perspective d’esprit chrétien: on y peut rien, à part mettre un peu de sien, à son échelle, etc. Et à côté de l’acceptation de la destruction – la forêt est ainsi réduite aux orang-outans – il y a la mise en valeur des zoos, car en fait de refuge il s’agit d’un intermédiaire pour les zoos, ce qui est d’ailleurs dit dans l’épisode, et même pas d’un sanctuaire!

On retrouve ici toute l’hypocrisie ambiante sur la question si importante de l’huile de palme. Cet épisode s’imagine critique, mais en fait il reflète totalement l’idéologie dominante! C’est l’exact inverse du film Green, qu’il faut impérativement diffuser.

Cet épisode des « Sauvenature » est une mise en avant de l’exploitation, de l’enfermement, de la rébellion individuelle qui prend les choses finalement pas si au sérieux que cela!

 

« Nous le faisons dans l’intérêt des animaux. Pour nous, c’est la suite logique d’un élevage ‘humain' »

Les abattoirs sont des lieux cloîtrés et fermés, où tout ce qu’il se passe dedans relève presque du top secret. Et à juste titre, si les consommateurs voyaient ce qu’il s’y passe, ils auraient une autre vision de la consommation de « viande »…

Comme la réalité de ces lieux se connaît de plus en plus, il y a des tentatives de changer les apparences. Avec la mode du biologique, de l’écologique, des consommateurs à l’esprit bobo, se croyant ainsi responsables et « éthiques », veulent manger de la « bonne viande ». De la « viande » issue d’un animal qui n’a pas souffert.

Le texte ci-dessous, présente une ferme du nord de l’Allemagne qui a bien compris ce raisonnement et propose donc de tuer les bovidés sur leur lieu de vie. Ou du moins, sur leur lieu d’exploitation! L’animal est tué par un chasseur, en tirant directement dans la tête, et il mourrait sur le coup : « Notre principal objectif est de faire en sorte que les animaux meurent là où ils ont vécu, et sans stress« .

A lire cette phrase, on comprend qu’il s’agit pour ces gens de faire croire que tout cela serait un acte de générosité et de pur respect… Dans cette démarche hypocrite, tuer un être vivant en pleine santé, qui a la vie devant lui, sur son lieu de vie et sans stress, n’est qu’un moyen idéal pour rassurer les consommateurs en mal de bonne conscience, voilà tout.

La réalité est que l’animal voit sa vie s’arrêter parce qu’une société consumériste avide de toujours plus de viande, de toujours plus d’exploitation, le décide.

Cela se passe en l’occurrence dans une ferme biologique (en Allemagne), et cela montre parfaitement l’hypocrisie abjecte de l’élevage biologique, car la finalité reste la même, malgré la fausse prétendue bonne volonté, comme quand il est dit: « Nous le faisons dans l’intérêt des animaux. Pour nous, c’est la suite logique d’un élevage ‘humain’  »

Tout cela vise à masquer l’exploitation, la mise à mort de l’animal afin de le manger. Car l’intérêt des animaux c’est la vie… pas une mise à mort « humaine »!

Prétendre que cette manière de faire n’occasionnerait pas de stress, et jouer sur le fait que c’est ainsi respectueux de l’animal, est juste ignoble et purement faux. Respecter une vie ce n’est pas la tuer « en douceur », ce n’est pas faire semblant d’avoir de l’égard pour elle alors qu’on va la supprimer plus ou moins rapidement!

Tous les coups sont bons pour pouvoir continuer à manger les animaux ; stress ou pas, souffrance ou pas, l’animal est exploité dès sa naissance, réduit à l’état d’objet de consommation et meurt sous la main de l’être humain.

Nous ajoutons deux images sous le texte, à titre d’exemple, qui illustrent parfaitement la mauvaise foi dont fait preuve l’industrie de l’élevage biologique, qui est un capitalisme comme un autre. Il s’agit de deux publicités d’une grande enseigne de magasins biologiques.

Alternative aux abattoirs: tirer sur les bêtes dans leur habitat

Les animaux tués dans des abattoirs doivent endurer un énorme supplice. Une ferme du nord de l’Allemagne propose une alternative: tirer sur les bêtes dans leur habitat. Beaucoup estiment que la méthode permet d’éliminer le stress des bêtes, écrit Der Spiegel.

Ce matin là, sept vaches Galloway pesant chacune facilement une demi-tonne, sortent de leur abri en bois pour aller brouter tranquillement. En entendant les coups de feu, les vaches lèvent brièvement la tête, surprises par le bruit, mais continuent presque aussitôt à brouter. La mort d’un jeune boeuf ne semble pas particulièrement les perturber. À peine une minute plus tard, le boeuf abattu est retiré par un tracteur situé à quelques mètres de là et le sang est récupéré dans un seau.

La mort a frappé à deux reprises ce jour là dans cette ferme biologique de Schleswig. Chaque étape du procédé est effectué avec fluidité et dans le calme. Moins d’une heure après le début de l’opération, une remorque contenant les deux animaux sans vie quitte la ferme, direction l’abattoir local.

« Tout se passe vite et de façon fluide ». Après les deux coups de feu, Stefanie Retz, 28 ans, s’accroupit près des animaux morts pour vérifier qu’ils ne montrent plus de réflexes ou de signes de vie. « Avec ce froid et cette humidité, c’est facile de s’aperçevoir qu’elles ne respirent plus; on ne voit plus de condensation devant leurs naseaux », explique-t-elle. Stefanie Retz, scientifique agricole (université Kassel) mène une étude avec Katrin Juliane Schiffer et les agriculteurs de cette ferme biologique.

Une mort sans stress

« Notre principal objectif est de faire en sorte que les animaux meurent là où ils ont vécu, et sans stress ». D’autant plus que ces bêtes n’ont pas l’habitude d’être confinées dans des espaces réduits.

L’alternative de cette ferme est une « méthode coup de feu, adaptée et optimisée » en collaboration avec les chercheurs de l’université de Kassel, comme l’explique Gerd Kämmer, directeur commercial.

La distance maximale entre la vache et le tireur, positionné dans une cachette de chasseur surélevée, est de 10 mètres. Les bêtes connaissent le champ et y sont donc habituées; leur dernier jour débute comme n’importe quel autre jour.

Le tireur doit en règle générale attendre pendant quelques minutes avant qu’une des vaches ne se trouve au bon endroit. « Le tireur doit connaître l’anatomie des vaches et être en mesure de viser un certain endroit du front afin que l’animal soit tué sur le coup », explique Mme Retz. « Ce n’est pas une opération accessible à n’importe quel chasseur amateur ».

Les chercheurs ont assisté à plus de quarante opérations. « D’après nos résultats, les vaches ne souffrent pas ». De plus, étonnamment, les autres vaches ne paniquent pas en voyant tomber l’une des leurs.

Intérêt des agriculteurs

Depuis le mois de novembre, les agriculteurs allemands peuvent faire une demande auprès de leur vétérinaire pour obtenir la permission de tirer sur leur bête et de les saigner directement sur place.

Dans la profession, l’intérêt pour cette méthode est immense mais la méthode semble ne pas toujours bien fonctionner. « Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de tireurs ne sont pas réguliers dans leurs résultats. Dans certains cas, le tireur ne réussissait qu’un coup sur quatre », raconte Martin von Wenzlawowicz, vétérinaire.

Beaucoup demandent des contrôles plus stricts. « Si ce n’est pas fait correctement, mieux vaut ne pas le faire du tout », conseille le vétérinaire participant à l’étude.

M.Kämmer n’est pas inquiet. Depuis que les gens ont entendu dire que ces vaches étaient tuées sans subir le moindre stress, les ventes ont augmenté. « Tout à coup de nouveaux clients sont apparus », raconte M.Kämmer.

Une fois que l’étude sera terminée, la ferme envisage de continuer la méthode. « Nous le faisons dans l’intérêt des animaux. Pour nous, c’est la suite logique d’un élevage ‘humain’. »

Non à la vente aux enchères à Paris des objets sacrés Hopis

Le scandale de la vente aux enchères à Paris de masques de la tribu amérindienne appelé Hopi est non seulement une honte, mais aussi le prétexte à de nombreuses questions.

Déjà s’il est nécessaire, indiscutablement, de soutenir la tribu Hopi, c’est que son mode de vie n’est pas agressif. Que des objets sacrés soient mis en vente à Paris relève non pas de l’absurde, mais d’une logique capitaliste terriblement classique.

Quand on voit cela, on ne peut penser qu’avec émotion au magnifique film de 1982 Koyaanisqatsi, le très grand classique de l’écologie radicale. Rappelons que le nom du film est un terme Hopi, venant de « Ko-yaa-nis » signifiant déséquilibre ou folie et de « qatsi » qui signifie la vie.

Koyaanisqatsi veut donc dire vie folle, vie tumultueuse, vie en déséquilibre, vie se désagrégeant, un mode de vie qui appelle une autre philosophie de l’existence.

Nous ne pouvons que rappeler l’importance culturelle de ce film, qu’il faut absolument voir. C’est une œuvre extrêmement impressionnante, qui a été évidemment également entre autres au cœur de notre identité pour donner naissance à LTD.

Pour en revenir à la question des masques Hopis qui sont mis en vente aux enchères à Paris le 12 avril (à moins qu’elles ne soient empêchées), il s’agit donc d’une question de perspective, du fait d’aller dans le bon sens.

Ces masques Hopis ne sont au sens strict végans, et pourtant ils s’en rapprochent de par leur démarche. Voici une petite présentation faite par Le Figaro :

« Comment expliquer aux commissaires-priseurs français qu’ils s’apprêtent à mettre aux enchères des «êtres vivants»?

La tribu amérindienne des Hopi en Arizona est indignée et veut à tout prix faire annuler une vente de 70 masques, estimée à près d’un million de dollars, le 12 avril prochain à Drouot par la maison Néret-Minet.

Pour les Hopi, les «Katsinam» ne sont pas des masques, mais des «amis», des figures spirituelles utilisées lors des cérémonies religieuses, qui représentent les animaux, les plantes, le feu, les nuages, la pluie ou encore incarnent les qualités humaines.

Ils sont souvent décorés de plumes d’oiseaux, de crins de cheval et de peau de mouton.

La vente suscite une «immense colère, de la tristesse et de l’anxiété parmi les tribus concernées», a écrit à la maison Néret-Minet Robert Breunig, directeur du Museum of Northern Arizona, qui avec un autre musée local s’est associé à la réclamation des Hopi.

«Pour eux, les amis-kastina sont des êtres vivants (…) qu’ils soient ainsi désincarnés dans votre catalogue est sacrilège et insultant», écrit-il encore. »

Nous voyons déjà ici certains critiquer encore LTD avec l’accusation ridicule de « mysticisme », etc. Au contraire, justement, c’est parce que nous sommes parfaitement athées que nous reconnaissons la vie en mouvement, sans « source » divine. Et les Hopis ont une démarche qui est ici bien plus rationnelle que celle des religions monothéistes…

Pour preuve, il y a le refus que ces objets soient montrés « hors contexte », hors de leur portée symbolique. Ces masques sont des symboles, utilisés lors de cérémonies religieuses secrètes ; il existe des effigies vendues de manière commerciale, pour les touristes, etc., mais ce ne sont pas les mêmes. On touche là à quelque chose de « sacré », et si le mot n’est gère plaisant, il se pose la question du respect, celui du rapport à la Nature.

Sur le site du Point, on lit ainsi :

« La tribu amérindienne Hopi, qui compte 18.000 membres, soutenue par deux musées de l’Arizona (sud-ouest des Etats-Unis) a réclamé l’annulation de cette vente d’objets « Katsinam » représentant des esprits amis.

Portés par des danseurs Hopis lors de cérémonies religieuses interdites généralement aux blancs, ces objets sont considérés comme « des êtres vivants » et leur exposition de façon « désincarnée », dans un catalogue et sur internet, constitue « une offense profonde, un sacrilège », a considéré le directeur du Museum of Northern Arizona, Robert Bruenig dans une lettre ouverte publiée sur la page Facebook du musée. »

C’est une explication à comparer avec le tour de passe-passe totalement ridicule d’un des experts de la vente, Eric Geneste, qui ose prétendre que la protestation de la tribu Hopi serait « surtout un message politique adressé en interne aux dirigeants américains pour obtenir une meilleure reconnaissance de leur culture. »

On a là une vision étroite et typiquement capitaliste du marchandage. Alors qu’évidemment, c’est la question universelle du respect de la culture qui se pose, et cela est bien sûr encore plus vrai quand la question est liée à celle de la Nature.

Si nous n’apprécions pas la démarche de l’association internationale « Survival », qui n’est pas universaliste et célèbre un clair relativisme ethnique. Il faut noter cependant que leur intervention est fort utile, même si malheureusement, la vente est parfaitement légale…

« Survival International a mandaté Pierre Servan-Schreiber, avocat aux Barreaux de Paris et New York et responsable du cabinet Skadden Arps à Paris, pour s’opposer à la vente aux enchères d’une collection rarissime d’objets hopi par l’étude Néret-Minet Tessier & Sarrou, devant avoir lieu le 12 avril à l’hôtel Drouot.

Dès son annonce, la vente a fait l’objet de plusieurs courriers et de communiqués de presse émanant de chercheurs spécialistes et de représentants de la tribu hopi demandant à ce que la vente soit suspendue.

Les Hopi d’Arizona ont demandé à l’étude Neret-Minet Tessier & Sarrou d’annuler la vente au motif que ces objets étaient la propriété culturelle de la tribu et que leur présentation publique et leur vente constituaient pour eux une grave offense. Cependant, les commissaires-priseurs sont restés sourds à ces revendications et semblent vouloir procéder à la vente.

Maître Pierre Servan-Schreiber a déposé aujourd’hui un recours auprès du tribunal de grande instance de Paris demandant l’interdiction temporaire de la vente en attendant un examen adéquat de la légalité de la collection et de sa vente.

Les Hopi sont ‘farouchement opposés’ à cette vente aux enchères et demandent que ces objets leurs soient immédiatement retournés.

‘La tribu hopi doit protéger ses croyances culturelles enracinées depuis des siècles et qu’elle perpétue jusqu’à aujourd’hui’, a déclaré le leader hopi LeRoy N. Shingoitewa. ‘Nous pensons que ces objets sacrés nous ont été volés et qu’ils doivent être retournés à leurs détenteurs et conservateurs légitimes, les chefs Kachina, au sein de leurs villages respectifs’.

Leigh Kuwanwisiwma, directeur du Bureau de la préservation culturelle hopi, a déclaré: ‘Le simple fait qu’une étiquette de mise à prix ait été placée sur des objets d’une aussi grande importance culturelle et religieuse constitue la plus grave des offenses. Ces objets n’ont aucune valeur marchande’.

Jean-Patrick Razon, directeur de Survival International (France), a déclaré aujourd’hui: ‘Il devrait être assez clair pour les commissaires-priseurs que la vente de ces objets constituerait une très grave offense envers le peuple hopi. Pour eux, ce ne sont pas des objets de musée, mais la partie intrinsèque d’une culture vivante et florissante qui doit être traitée avec le plus grand respect.

Devant le désastre immédiat que constituerait pour les Hopi la dispersion de ces objets, ils devraient réfléchir à deux fois avant de procéder à cette vente aux enchères’.

Note aux rédacteurs:

Les Hopi, qui sont environ 18 000, vivent dans 12 villages au nord Arizona. Ils appellent leur patrie Hopituskwa. »

Espérons que cette vente n’aura pas lieu. Et c’est un témoignage de plus sur la catastrophe que nous connaissons dans le monde concernant tout ce qui a trait à la Nature, de près ou même de très loin, comme c’est le cas avec ces masques, qui dans de nombreux cas représentent des animaux, la pluie, des plantes…

« Être boucs par les pieds et hommes par les mains »

Si on cherche l’éloge de la Nature, il faut la chercher en France surtout dans la poésie, et encore est-ce rare, la Nature n’étant surtout qu’un paysage prétexte à l’expression du sentiment du poète tourmenté du romantisme du 19ème siècle.

Raison de plus de se tourner vers Ronsard ; nous avions déjà parlé de sa protestation contre les bûcherons de la forêt des Gâtines, mais voici également un hymne à l’automne très expressif.

Nous avons coupé comme s’il y avait des strophes, bien qu’il n’y en ait pas à l’origine, afin que cela soit plus lisible.

Hymne à l’automne, Ronsard

Je n’avais pas quinze ans que les monts et les bois
Et les eaux me plaisaient plus que la cour des Rois,
Et les noires forêts en feuillage voûtées,
Et du bec des oiseaux les roches picotées ;

Une vallée, un antre en horreur obscurci,
Un désert effroyable était tout mon souci ;
A fin de voir au soir les Nymphes et les Fées
Danser dessous la lune en cotte par les prées

Fantastique d’esprit, et de voir les Sylvains
Être boucs par les pieds et hommes par les mains,
Et porter sur le front des cornes en la sorte
Qu’un petit agnelet de quatre mois les porte.

J’allais après la danse, et craintif je pressais
Mes pas dedans le trac des Nymphes, et pensais
Que pour mettre mon pied en leur trace poudreuse
J’aurais incontinent l’âme plus généreuse ;

Ainsi que l’Ascrean [le poète grec Hésiode] qui gravement sonna
Quand l’une des neuf Sœurs du laurier lui donna.
Or je ne fus trompé de ma jeune entreprise ;
Car la gentille Euterpe [muse de la musique] ayant ma dextre prise,

Pour m’ôter le mortel par neuf fois me lava
De l’eau d’une fontaine où peu de monde va,
Me charma par neuf fois, puis d’une bouche enflée
(Ayant dessus mon chef son haleine soufflée)

Me hérissa le poil de crainte et de fureur,
Et me remplit le cœur d’ingénieuse erreur,
En me disant ainsi : « Puisque tu veux nous suivre,
Heureux après la mort nous te ferons revivre

Par longue renommée, et ton los [louange] ennobli
Accablé du tombeau n’ira point en oubli.»
« Tu seras du vulgaire appelé frénétique,
Insensé, furieux, farouche, fantastique,

Maussade, malplaisant, car le peuple médit
De celui qui de mœurs aux siennes contredit.
Mais courage, Ronsard ! les plus doctes poètes,
Les Sibylles, Devins, Augures et Prophètes,

Hués, sifflés, moqués des peuples ont été,
Et toutefois, Ronsard, ils disaient vérité.
N’espère d’amasser de grands biens en ce monde :
Une forêt, un pré, une montagne, une onde

Sera ton héritage, et seras plus heureux
Que ceux qui vont cachant tant de trésors chez eux.
Tu n’auras point de peur qu’un Roi, de sa tempête,
Te vienne en moins d’un jour escarbouiller la tête

Ou confisquer tes biens, mais, tout paisible et coi,
Tu vivras dans les bois pour la Muse et pour toi. »
Ainsi disait la nymphe, et de là je vins être
Disciple de Dorat, qui longtemps fut mon maître ;

M’apprit la poésie, et me montra comment
On doit feindre et cacher les fables proprement,
Et à bien déguiser la vérité des choses
D’un fabuleux manteau dont elles sont encloses.

J’appris en son école à immortaliser
Les hommes que je veux célébrer et priser,
Leur donnant de mes biens, ainsi que je te donne
Pour présent immortel l’Hymne de cet automne.

Il est vraiment intéressant de voir qu’en France il y a eu des gens pour se tourner vers la Nature et considérer qu’elle représentait la vie, la créativité, bref ne voyant pas de contradiction entre la Nature et la culture.

Il est assez frappant de voir que Ronsard souligne bien que ceux qui se tournent vers cette créativité seront « hués, sifflés, moqués » et que les refuges seront « une forêt, un pré, une montagne, une onde. »

Quand on s’intéresse à l’écologie en France, on ne peut qu’être frappé par cette contradiction entre des gens voulant se tourner vers la Nature et considérant les villes comme insupportables (Paris en étant l’exemple le plus typique), alors que de l’autre par individualisme ils reprennent le principe de l’étalement urbain, engloutissant la Nature dans une sorte de gigantesque banlieue.

« Gaïa fait référence à la somme de tous les organismes vivants »

« Gaïa, le terme grec ancien pour la planète Terre, de nouveau employé comme nom d’une théorie de la planète vivante, est représentée sur l’image 8.1 [datant de 1969] et définie ici.

Le terme « biote » se réfère à toute la flore (les plantes), la faune (les animaux) et le microbiote (les fungi [les champignons], les protistes et les bactéries), c’est-à-dire qu’il est équivalent à la somme totale de toute la biomasse sur la planète.

Le biote est peut-être mieux compris comme la matière vivante aujourd’hui.

Le biote commence et termine intégré dans la biosphère – les environ 33 kilomètres depuis le fond des abysses océaniques jusqu’au sommet de la troposphère, où existe la vie.

Soit plus de trente millions de types d’organismes, d’espèces et de souches bactériennes, descendant d’ancêtres communs.

Tous interagissent. Tous produisent et retirent des gaz, des ions, des métaux et des composés organiques.

Le métabolisme, la croissance, et les interactions de ces myriades d’êtres, en particulier dans les solutions aqueuses, conduisent à la modulation de bien davantage que la température, le caractère alcalin et la composition atmosphérique de la surface de la Terre.

Clairement, alors, Gaïa fait référence à la somme de tous les organismes vivants, plutôt qu’à un seul organisme intégré dans son environnement à la surface de la Terre et choisi de manière arbitraire [qui serait l’être humain].

La vision gaïenne de la vie inclut également l’environnement de toutes ces autres formes de vie.

Gaïa – au total – est le sélecteur naturel de tout organisme, y compris de l’organisme qui serait choisi de manière arbitraire [par l’humanité, de manière anthropocentriste].

Gaïa, en général, est ce qui empêche les populations d’un tel organisme d’atteindre leurs potentiels biotiques. Comme toutes les populations, depuis la bactérie de l’anthrax dans un poumon jusqu’aux rats de New York dans des caves, la croissance par reproduction qui amène à toujours davantage de croissance par reproduction continue encore et encore jusqu’à ce qu’elle soit stoppée – par la sélection naturelle.

Le fait que Gaïa nous sélectionne naturellement nous aide à comprendre comment la Terre est un système vivant intégré. » (Lynn Margulis et Dorion Sagan, Acquiring genomes, a theory of the origin of species, 2002)