La polémique autour de l’italienne Caterina Simonsen

Une polémique a eu lieu en Italie, plusieurs médias en ont également fait part. Il s’agit d’une histoire à la fois simple et compliquée, et qui montre comment il faut toujours être rationnel pour ne pas desservir la cause des animaux.

L’histoire commence avec un post facebook – ce qui est déjà prétexte à beaucoup de réactions à vif, sans réflexion. On peut y lire :

«  Moi, Caterina S., j’ai 25 ans, je remercie la vraie recherche, qui inclut l’expérimentation animale; sans la recherche, je serais morte à 9 ans. »

Le post a été écrit par une jeune femme italienne du nom de Caterina Simonsen, atteinte de quatre maladies génétiques rares, et qui vit relié à un appareil respiratoire.

Faut-il alors comprendre sa situation dramatique, et donc « accepter » qu’elle puisse tenir de tels propos ? Certainement pas, même si cela peut faire mal au cœur.

Car en tout cas les centaines de messages d’insultes méprisantes qu’elle a reçu n’ont servi à rien, à part aider les médias et cette jeune femme à présenter les défenseurs des animaux comme des personnes inhumaines.

Il aurait été pourtant si simple d’expliquer que non, l’expérimentation animale n’est pas la seule voie, que c’est même une vision mécaniste de la vie. Que non, elle ne doit pas sa vie à l’expérimentation animale, mais à la science en général.

Cependant, il y a une escroquerie dans tout cela, voire même un coup monté car rappelons qu’il y a une énorme montée des campagnes anti-vivisection en Italie, ainsi que de très nombreuses actions de l’ALF et pas des petites.

En effet, Caterina Simonsen fait des études de vétérinaire à l’université de Bologne. Cela veut dire qu’elle sait de quoi elle parle quand elle met en avant la vivisection. Or, les médias la présentent surtout dans des photos qui appellent forcément à la compassion.

De nombreuses personnalités politiques italiennes l’ont ainsi publiquement soutenue, dont celui qui va sans doute être nommé premier ministre incessamment sous peu.

Ce n’est pas tout. Sur son facebook elle se dit amie des animaux, on peut la voir également en photo avec des animaux. Or, peut-on se dire amie des animaux, tout en saluant les expérimentations sur eux ?

Bien sûr que non, et cela a forcément joué sur les réactions. Ce qui fait que tout cela fait beaucoup en même temps.

Après tout, pas besoin non plus d’y voir un complot : pour les médias, il est facile de lancer quelque chose qui va faire « réagir » tellement dans la cause animale, cette cause si juste prédomine des réflexes à fleur de peau.

Cela ne veut dire pas qu’il faille mettre de côté sa sensibilité. Mais trop souvent quand les gens protestent, on dirait qu’ils le font pour eux-mêmes et leur vision des choses, et pas pour les animaux.

Si on aime les animaux, alors on raisonne en terme de stratégie de libération. Il est vrai ici que les mouvements comme L214, qui prévoient l’abolition de l’exploitation animale pour l’an 3000, au plus tôt, n’aident pas, car ils enlèvent toute possibilité de radicalité, faisant passer la sensibilité dans les réactions épidermiques.

L’affaire Caterina Simonsen est en tout cas une sacrée « connerie » dont on se serait bien passé. Mais malheureusement c’est une leçon dont il faut apprendre, car l’exploitation animale sait tendre des pièges.

Et tout le tapage autour d’elle a été un véritable rouleau compresseur : on peut imaginer les réactions des gens, et cela d’autant plus que les personnes ayant insulté Caterina Simonsen sont virtuelles : il y a ici un boulevard pour attaquer la cause animale.

Des portaits de chiens euthanasiés dans les refuges-mouroir

Chaque jour, des animaux se font abandonner, chaque jour, faute de place dans les refuges, des animaux sont euthanasiés. A croire les chiffres récents, par exemple, ce sont chaque jour 5 500 chiens qui seraient euthanasiés dans les refuges des Etats-Unis. L’équivalent de 2 millions par an, minimum !

Ce chiffre ne concerne que les États-Unis, et que les chiens…. Cela montre l’ampleur de la situation des animaux « de compagnie », qui ne sont traités que comme des jouets ou des biens de consommation jetables. Chaque jour, c’est le génocide, le meurtre à la chaîne de « marchandises » qui auraient été « produites » en « trop »!

Lorsque l’on a conscience de ces mises à mort – attention, tous les refuges ne s’adonnent pas à cette pratique-, la tristesse, l’incompréhension, la colère peuvent envahir les esprits et les cœurs. A cela s’ajoutera, normalement, une volonté d’informer sur la stérilisation, sur le refus ferme d’acheter un animal en animalerie et la promotion des adoptions dans les refuges.

L’association américaine An Act Of Dog est une initiative ici très intéressante. Créée par Mark Barone and Marina Dervan dans le but de promouvoir un nouveau modèle, une nouvelle mentalité à l’égard des animaux « de compagnie » basé sur la compassion et l’engagement, l’association se base sur un projet de 5500 tableaux représentant des chiens euthanasiés dans les refuges.

Les peintures de Mark Barone ne peuvent pas laisser indifférent et indifférente, le réalisme des regards des chiens, une tristesse et une angoisse terrible s’en dégage. Comment ne pas se sentir mal devant la lourdeur de ces portraits et de leur charge émotionnelle, devant cette masse d’exploitation et de meurtres ?!

Une telle initiative a besoin d’être soutenue, que ce soient par dons lorsque que c’est possible ou bien par diffusion de l’information. Un tel travail altruiste et respectueux des êtres subissant le passage par la case refuge-prison est à valoriser le plus possible, et c’est un exemple, cela ne peut qu’amener de l’émulation!

Voici quelques questions posées (de notre part, comme toujours dans les interview publiées).

Deux millions de chiens sont tués dans les refuges chaque année aux Etats-Unis, et également quatre millions de chats. Ainsi, 5500 chiens périssent chaque jour, et c’est le nombre de peintures de ces chiens qui ont été effectuées dans le cadre du projet « An act of dog ». Comment êtes-vous arrivés à ce projet ? Qu’est-ce que le mémorial que vous faites ?

Ma partenaire, Marina, pensait que ce serait le moment idéal pour moi pour adopter un autre chien, mais seulement six mois étaient passés depuis la perte de mon chien de 21 ans, Santina, et je n’étais pas prêt.

Elle est tout de même allée sur le net pour chercher des chiens adoptables et au lieu de trouver un chien, elle a découvert un système de refuge cassé, et tous les meurtres non nécessaires d’approximativement cinq millions dans les refuges chaque année.

Outrée par ce qu’elle a appris, elle a décidé de m’envoyer des images et des statistiques, jusqu’à ce que je les accepte vraiment. Cela a amené le début d’un intense dialogue entre nous quant aux solutions, parce que nous ne pouvions pas regarder ailleurs et ne rien faire.

Dans les deux jours suivants, je me suis réveillé avec une vision de comment je pourrais utiliser l’art pour le changement social, et attirer l’attention sur le problème, et la solution de ne pas tuer (« no kill solution »).

Je lui ai demandé le nombre de chiens tués chaque jour, parce que je voulais illustrer la valeur de seulement une journée, qui est de 5500. Très peu de temps après cela, j’ai créé « An act of dog ».

[Sur le tableau on voit ici Santina, le gardien du lieu symboliquement en quelque sorte.
Au centre il y a Batman, mort de froid dans un refuge, et là où le peintre est en action, on trouve Grant.]

Qu’est-ce que vous attendez comme résultats de votre campagne ?

Je suis un homme peignant 5500 chiens de refuges, utilisant l’art pour le changement social. Beaucoup des chiens n’ont pas de nom et sont juste un autre numéro.

Ce mémorial leur donne un nom, montre leur visage et permettra aux gens de voir et de ressentir le problème, afin qu’ils soient amenés à agir pour changer leur destin.

Nous sommes dans la phase de création des 5500 œuvres (j’en ai peint 4000 jusqu’ici). Ensuite nous trouverons un partenaire philanthropique pour les établir dans un mémorial permanent.

De là, nous récolterons des fonds pour construire. Nous aurons toutes sortes de marchandises, depuis les images, les adhésions, les droits d’entrée, les dons de bienfaiteurs, etc. Nous sommes non-profit, 100 % de l’argent récolté ira aux refuges et tous les groupes et gens impliqués dans leur sauvetage et la réforme des refuges.

Nous venons juste de signer avec un producteur de film documentaire (Sagacity Productions and PBS) qui fera un documentaire sur notre projet et nos vies, pour l’année prochaine. Cela devrait aider à ouvrir davantage de portes pour des partenariats possibles (sinon, nous le ferons nous-mêmes en vendant des produits).

Il existe une présentation de deux minutes du film à venir.

An Act of Dog from Sagacity on Vimeo.

Comment comprenez vous « l’équation no kill » ?

L’équation no kill est une formule en onze étapes pour réformer la manière dont opèrent les refuges, leur montrant comment arriver au-dessus de 90 % de sauvetages. Pour plus de détails, voir ici.

L’art contemporain est souvent abstrait, et déconnecté de la réalité sociale. Votre projet est une manière de revenir aux fondements dans l’utilisation de l’art pour le changement social. Comment comprenez-vous cela ?

Trop peu d’artistes aujourd’hui utilisent le pouvoir de l’art pour le changement social, et déjà ce projet inspire beaucoup d’entre eux de par le monde pour l’appliquer dans un but. Cela ne me satisfait pas de peindre pour mon auto-gratification ou l’adoration.

J’ai toujours été guidé par des causes et je voulais influencer la société / l’humanité d’une manière qui ait du sens. Ce projet me permet d’enregistrer visuellement où nous en sommes en tant que nation, et d’illustrer comment nous manquons d’humanité et ce que nous pouvons faire pour changer cela.

Votre projet se concentre-t-il seulement sur les chiens ? Quelle est votre compréhension des « animaux de compagnie » ?

Notre projet est une action de bienfaisance ayant comme vocation de sauver tous les animaux des refuges, les chats, les chiens, etc. J’aurais eu besoin de plus de sept années pour pendre les chats également.

Nous avons une zone spéciale dans l’exposition pour les chats et nous avons beaucoup de petits tableaux de chats et leurs histoires, et un tableau de 2,5 m sur 2,5 m représentant un chat appelé « Porkchop » qui a été tué dans un refuge en soixante secondes.

J’ai également peint un tableau de 2,5 m sur 2,5 m représentant « Lennox », comme manière d’attirer l’attention sur l’interdiction de la législation sur les interdictions de certains chiens.

Les gens peuvent sponsoriser un tableau d’un chien pour aussi peu que 25$, ou bien devenir bienfaiteur et choisir de donner dans le cadre de notre programme « Seven levels of kindness« .

Les transports radioactifs en France

La semaine dernière, un train transportant un wagon de déchets radioactifs a déraillé à la gare de triage de Drancy, en banlieue parisienne. Voici la situation des transports de déchets radioactifs expliquée par le réseau Sortir du nucléaire.

Si selon les discours officiels aucune fuite ne s’est produite cette fois-ci, cet accident est un signal d’alerte. Ce transport qui a déraillé ce lundi n’est que la partie immergée de l’iceberg de tout un système. Les installations et usine de l’industrie nucléaire étant disséminées sur tout le territoire, l’industrie nucléaire génère chaque jour des transports dangereux. De l’extraction du minerai jusqu’aux installations de stockage, l’uranium va suivre un long et dangereux périple, dans le plus grand secret.

Le long périple de l’uranium

Des substances radioactives circulent en permanence dans l’Hexagone : chaque année, des centaines de milliers de colis radioactifs sillonnent la France, par voies ferroviaires, fluviales ou routières.

Avant d’être utilisé dans les réacteurs, l’uranium va être transporté d’une usine à l’autre.

Au sortir de la mine, il est tout d’abord transporté par camion jusqu’aux ports pour être chargé dans des bateaux et rejoindre les ports français. De là, il est acheminé par train vers l’usine Comurhex Malvési près de Narbonne. Il rejoint ensuite, par camion, le site du Tricastin dans la Drôme, pour finalement être envoyé à l’usine FBFC à Romans-sur-Isère.

Une fois conditionné, le combustible nucléaire est envoyé vers les 19 centrales nucléaires françaises, le plus souvent par train dans des conteneurs appelés CASTOR (Cask for storage and transport of radioactive material).

Après utilisation dans les réacteurs, le combustible usé est expédié par le rail à l’usine de « retraitement » de La Hague (Manche). C’est également le cas de certains déchets étrangers. Après « retraitement », certains déchets restent sur place (les déchets vitrifiés français et une partie du plutonium). Les déchets traités et vitrifiés étrangers, eux, sont renvoyés dans les pays qui les ont produit.

Enfin, l’uranium issu du retraitement (URT) reprend lui aussi la route, ainsi qu’une partie du plutonium. Chaque semaine, des convois de cette substance extrêmement toxique traversent la France, partant de La Hague pour rejoindre l’installation MELOX, dans le Gard. Là-bas, elle entrera dans la composition du combustible MOX.

Des transports dangereux

Lors de ces va-et-vient radioactifs, ni la sécurité de la population ni la protection de l’environnement ne sont garanties. De nombreux problèmes ont déjà été enregistrés sur ces transports. Ainsi, en janvier 2013, un convoi d’uranium appauvri et de combustible usé a déraillé à Saint-Rambert, dans la Drôme, alors que le personnel SNCF de cette gare n’est pas formé à intervenir sur ces convois, ni informé des risques.

Ces convois sont plus ou moins radioactifs et ceux qui posent le plus problème sont les convois de combustibles usés, comme celui qui a déraillé aujourd’hui.

Hautement radioactifs, ils émettent des rayonnements importants malgré le blindage des CASTOR. Les tests effectués sur ces conteneurs ne sont d’ailleurs absolument pas satisfaisants, de nombreuses configurations n’ayant jamais été étudiées : collision avec un transport d’hydrocarbure, chute d’un pont sur une surface non plane, naufrage en haute mer… Ces scénarios extrêmes ne sont pourtant pas improbables.

Par ailleurs, c’est Areva elle-même qui procède à l’inspection de ses conteneurs. Comment assurer la sécurité avec un tel amalgame entre contrôleurs et contrôlés ? En outre, les tests concernent seulement les conteneurs, et non pas les voies empruntées, ce qui suggère que tous les moyens de transports et toutes les routes peuvent être empruntées… même les moins sûrs.

Transports radioactifs : le culte du secret

Officiellement, la politique de gestion des matières et des déchets radioactifs s’établit selon un plan de « mesures de transparence et de démocratie »… _Pourtant, les itinéraires de ces déchets sont gardés secret, à l’instar du convoi de combustible MOX envoyé vers le Japon le mardi 16 avril 2013, qui a été classé « secret défense » par Areva. La multinationale française justifie cette opacité par la prévention du risque terroriste.

En matière de transport nucléaire, ni les élus locaux ni les citoyens ne sont informés. Alors qu’en Allemagne, les agents assurant la sécurité des convois ont l’interdiction de s’approcher à moins de sept mètres des CASTOR, aucune mesure officielle n’est prise en ce sens en France. Lorsqu’un train de déchets traverse une gare, les cheminots sont exposés aux radiations… tout comme les usagers.

L’oiseau noir et l’oiseau blanc, chanson de Mike Brant

La Nature est une source d’inspiration universelle et universaliste, et les expressions culturelles qui y puisent leur source sont à la fois d’une simplicité et d’une densité frappantes. En voici une preuve, avec une chanson très basique, chantée par Mike Brant, celui qui a été un météorite dans le paysage musical français avant son suicide en 1975.

Le texte de la chanson est une véritable perle, combinant romantisme authentique et refus de tout racisme et de toutes frontières, les oiseaux chantent pour la Terre entière ; bref c’est un appel à l’harmonie comme n’en existe qu’en se fondant sur la Nature.

 

L’oiseau noir et l’oiseau blanc
Au ciel vivaient en paix
Ils ne font jamais semblant
De vivre en liberté

J’aimerais pouvoir le suivre
Tout là-haut, cet oiseau libre
Que j’entends chanter dans le bleu du ciel
Dès que je m´éveille

J’aimerais pouvoir le suivre
Tout là-haut cet oiseau libre
Pour voir au-dessus des nuages
Briller le soleil

Au royaume des étoiles
Au pays d’amour
Jamais une fleur du mal
Ne verra le jour

Ils partagent le meilleur
Dans un cri de joie
La différence de couleur
Ça n’existe pas

L’oiseau noir et l’oiseau blanc
Au-dessus des frontières
Quand ils chantent en même temps
C´est pour la Terre entière

J’aimerais pouvoir le suivre
Tout là-haut, cet oiseau libre
Que j’entends chanter dans le bleu du ciel
Dès que je m’éveille

J’aimerais pouvoir le suivre
Tout là-haut, cet oiseau libre
Pour voir au-dessus des nuages
Briller le soleil

L’oiseau noir et l’oiseau blanc
Sont faits pour s’aimer
Ils traversent l’océan
Pour se retrouver

Ils ne viennent pas au monde
Dans le même nid
Mais c’est dans la même ronde
Qu’ils tournent aujourd’hui

L’oiseau noir et l’oiseau blanc
Sont faits pour s´aimer…

« Refuser d’acheter des produits auxquels est attachée trop de souffrance »

Le journal Le Monde a une section idées – points de vue, et voici un article d’une professeur de faculté, publié à l’occasion de Noël, histoire de se donner bonne conscience. C’est un exemple parfaitement parlant de la grande offensive actuelle, allant de L214 à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, en faveur de la petite production, qui serait plus humaine.

C’est toujours la même chose: cela commence par de grandes envolées lyriques morales, voire révolutionnaires, et cela se conclue en disant non pas qu’il faut la révolution, qu’il faut bouleverser la production, non cela dit simplement, comme d’habitude, qu’il faut faire un tout petit peu, que « le consommateur peut refuser d’acheter des produits auxquels est attachée trop de souffrance »…

Un peu, mais pas trop, en somme.

Pour Noël, les animaux ne sont pas à la fête

Les fêtes de fin d’année ne sont guère réjouissantes pour les oies et les canards mulards qui, pendant trois semaines, doivent ingurgiter deux fois par jour 450 grammes de nourriture en quelques secondes afin que leur foie atteigne dix fois son volume normal. A la même période, on trouve dans les vitrines des manteaux avec des cols en raton laveur.

Ceux qui penseront que, pour moi, manger un animal ne va pas de soi et qu’ainsi je me sépare des autres humains n’ont pas tort, puisque chaque fois que je vois quelqu’un manger un sandwich au jambon, je pense à l’animal dont il provient. Ils se diront que je souhaite l’abolition de la corrida et la suppression de l’abattage rituel. A quoi bon les contredire ? Pourtant, il me semble que, sans me rejoindre sur tout, mes concitoyens pourraient s’abstenir de consommer du foie gras et de porter de la fourrure.

L’HÉDONISME PEUT ÊTRE AUTRE CHOSE QUE L’INDÉCENCE

L’éthique ne commence pas par la rencontre du visage de l’autre homme. Elle a un sens dès que je mange. Vivre, c’est vivre de. La matérialité de notre existence fait que notre usage des choses et des autres vivants est d’emblée une position éthique. Vivre de, c’est jouir, et c’est aussi dire quelle place on octroie aux autres hommes, présents et futurs, et aux autres vivants. Dans la jouissance, il y a déjà la justice.

Ainsi, les stylistes et les chefs pourraient rivaliser d’imagination afin que nous ayons du plaisir à manger et à nous vêtir avec le moins de souffrance possible pour les animaux. La gourmandise serait une vertu. L’élégance, au lieu d’être une manière d’afficher son rang, serait l’aveu plein de tact du plaisir que l’on a à être ensemble. Car l’hédonisme peut être autre chose que l’indécence. La multiplication des débats sur la condition animale et l’intérêt du public pour l’éthologie sont indéniables. Cependant, jamais la vie des animaux n’a été aussi misérable.

LE CAPITALISME EST INCOMPATIBLE PAR NATURE AVEC L’ÉCOLOGIE

Tant que le profit sera le critère absolu de l’économie, les hommes et les bêtes seront traités comme de simples forces de production, exploitables et jetables. Les salariés seront licenciés dès que leur entreprise ne sera plus rentable, ce qui, dans une logique exclusivement centrée sur le profit, arrive vite. Les petits abattoirs fermeront les uns après les autres. On réformera les vaches laitières ou les truies gestantes de plus en plus tôt, obligeant les autres animaux d’élevage à produire toujours plus.

André Gorz a dit que le capitalisme est incompatible par nature avec l’écologie, car il va de pair avec une surproduction de biens qui, dès qu’ils sont accessibles au grand nombre, sont remplacés par des biens plus sophistiqués, plus chers et plus gourmands en énergie. Ces biens créent à leur tour des besoins toujours nouveaux et toujours frustrés, et produisent une montagne de déchets. On peut aller plus loin : le capitalisme est inconciliable avec la prise en compte du bien-être animal, quoi qu’en disent les zootechniciens formés à prétendre le contraire.

Aucun livre de philosophie et aucune déclaration politique ne changeront quoi que ce soit tant que l’on ne placera pas le respect des êtres au cœur de l’économie et que l’efficacité sera pensée indépendamment du type de biens ou de services considérés. Il faut donc innover. Cela veut dire aussi que les animaux ont le pouvoir de nous réveiller.

LA TRANSITION VERS UN AUTRE TYPE D’ÉLEVAGE DOIT DEVENIR UNE PRIORITÉ POLITIQUE

En effet, penser, en plus des désastres sociaux engendrés par notre modèle économique, à ce qu’endurent les animaux pour que nous puissions assouvir des besoins en produits animaliers qui sont, du moins à cette échelle, artificiels et génèrent maladies et obésité, c’est reconnaître qu’il est grand temps de changer. Les changements peuvent se faire progressivement et surtout il est important qu’ils s’opèrent de concert avec les principaux acteurs, en particulier avec les éleveurs. La transition vers un autre type d’élevage doit devenir une priorité politique. De son côté, le consommateur peut refuser d’acheter des produits auxquels est attachée trop de souffrance. Le renoncement à son idéal de justice vient du sentiment d’impuissance dont on se convainc trop facilement. Pourtant, chacun peut contribuer au changement dès maintenant.

corine pelluchon (Professeure de philosophie à l’université de Franche-Comté)

Une nouvelle vidéo émouvante de Hope For Paws

Il y a quelques mois nous parlions de l’association Hope For Paws qui fait un travail de sauvetage remarquable, avec des chiens principalement.

Hope For Paws est une association américaine (basée à Los Angeles) à but non lucratif. Comme toutes les associations, les besoins financiers sont importants (les soins vétérinaires, la nourriture, les déplacements pour aller chercher un animal en danger coûtent chers etc.). Et sans moyens financiers adéquats, il sera difficile de tout mettre en œuvre pour continuer les sauvetages. Chaque don compte, même une petite somme symbolique a son importance.

Le dernier sauvetage concerne Miley, qui a été vue très malade et vivant dans un tas d’ordures depuis plusieurs mois. Sur le site de Hope For Paws il n’y a pas de lien direct pour chaque vidéo. La vidéo du sauvetage de Miley est celle qui s’ouvre directement lorsqu’on clique sur le logo du site (Hope For Paws) tout en haut. Sinon cette vidéo est visible sur Youtube.

La vidéo présente ensuite sa tendre rencontre avec Frankie, petit chien trouvé dans une bouche d’égout (deuxième vidéo en partant de la gauche, juste à côté de celle de Miley ou sur Youtube).

Après son sauvetage, Miley a passé un mois en centre vétérinaire à se faire soigner ses plaies, elle avait la gale, diverses infections bactériennes et souffrait de dénutrition !

Miley a maintenant rejoint sa famille d’accueil et attend une famille définitive aimante et douce, chaleureuse et responsable.

L’association Amazing Animal Rescues, a fait une petite vidéo hommage au travail accompli par l’équipe de Hope For Paws.

Mettre ainsi des sauvetages en vidéo est un acte émouvant mais surtout très intéressant. La misère des animaux, ici des chiens dits « de compagnie », qui est tellement banalisée et tellement grandissante, ne peut procurer que de la révolte. De la révolte pour se bouger pour que les choses changent, de la révolte pour informer et sensibiliser au cauchemar quotidien que les animaux endurent.

Sur chaque vidéo, la peur, l’angoisse et la souffrance sont on ne peut plus visibles sur les chiens. Que cela se traduire sur leur visage ou par leur agressivité ou par leur posture renfrognée.

Mais au-delà de toute cette souffrance, les vidéos mettent en avant la continuité de ces sauvetages : des chiens soignés, guéris, épanouis.

Partir de la détresse pour arriver à un stade de joie de vivre retrouvée, mettre en avant des êtres heureux (espérons que ces chiens arrivent à redevenir un minimum heureux à la suite de ces traumatismes) est tout à fait dans une logique positive et motivante, pour aider, une fois de plus !

Les vidéos, à l’instar d’Earthlings ont probablement un impact, mais des reportages sur des êtres vivants sortis de l’enfer et à qui l’on offre par la suite une vie agréable et décente devrait avoir un impact motivant, positif.

Tandis que les vidéos choquantes et très difficiles rebutent en général et poussent beaucoup à fermer les yeux, à cause de la brutalité insoutenable des images, rien ne veut être su. Des vidéos comme celles de Hope For Paws sont certes très tristes lorsque des chiens dans des états lamentables sont trouvés, mais elles se terminent toujours sur une note d’espoir, sur une note joyeuse pleine d’encouragement.

C’est pour cette raison qu’il est important de diffuser le plus possible les vidéos des sauvetages, de sensibiliser, d’informer, d’aller dans les refuges, de créer une nouvelle culture vegan basée sur l’espoir et la beauté de la vie retrouvée, loin de toute exploitation.

Voici ci-dessous quelques photos de Miley après ses soins, ses plaques sans poils ont disparu, elle est vive et semble contente !

Eldad Hagar est le fondateur de Hope For Paws, lui-même précise qu’il ne pose que rarement devant l’objectif. Mais il accepta cette fois car c’était une demande d’article dans un magazine.

L’idéologie malsaine du « sapin de Noël »

L’un des grands drames des lendemains des fêtes de Noël, c’est le sapin que l’on retrouve dans les rues, jeté aux ordures. Il y a ici un rapport à la Nature véritablement affreux qui s’exprime, cela reflète quelque chose de vraiment malsain.

Du point de vue individuel, cela peut apparaître comme exagéré de dire cela : c’est une tradition, c’est sympathique et convivial, etc. C’est un moyen, aussi erroné qu’il soit, de remettre les végétaux à l’honneur, pourrait-on même penser.

Sauf que déjà ce n’est pas une tradition. Historiquement ce sont les pays germaniques et protestants qui ont lancé la tradition du sapin de Noël présent à la maison, les catholiques utilisant eux la petite crèche symbolisant la naissance de Jésus ayant soi-disant lieu ce jour là (en réalité, c’est la fête païenne du solstice qui a été récupérée).

On peut arguer que cela ne change rien au problème, c’est vrai. Mais il y a lieu de constater que tout comme avec le fameux et désormais omniprésent Père Noël arrivé récemment et avec Coca Cola (l’Eglise catholique le rejetait encore catégoriquement il y a cinquante ans), il y a toute une idéologie du sapin, prétendant à une tradition historique etc. etc.

C’est faux et en pratique on comprend facilement ce qui se cache derrière : une telle production de masse n’a jamais pu être porté par autre chose que par le capitalisme. Et le capitalisme s’y connaît en mise en avant du « convivial », du pseudo traditionnel, afin de pouvoir tourner à plein à régime…

Car, si l’on regarde, le sapin n’a rien de convivial. Déjà ce n’est pas un sapin. Les sapins sont des arbres conifères, et le capitalisme ne peut pas les gérer. Ce qui fait que la grande majorité des sapins vendus jusqu’à il y a peu sont en fait des épicéas communs, des arbres résineux. C’est déjà une escroquerie culturelle.

D’ailleurs, en pratique l’épicéa commun version sapin de Noël est pratiquement programmé pour être jetable : il a une odeur agréable et il perd ses aiguilles en deux semaines… C’est un « produit de grande consommation ».

Cette dernière décennie, l’épicéa a toutefois cédé la place devant un nouveau « produit » plus cher car censé être meilleur, le sapin de Nordmann. Ce n’est pas non plus un sapin du grand Nord pays du père Noël, puisqu’il vient historiquement des régions tempérées d’Asie occidentale… En fait il a été choisi car ses aiguilles tombent moins vite, la résistance à la température élevée des appartements étant plus grande.

Ce qui fait que les capitalistes peuvent demander une somme supérieure… Les épicéas peu chers ont ouvert le marché, qui est désormais occupé par le Nordmann, plus rentables encore…Les épicéas continuent d’être vendus, un peu, pour les plus pauvres (30% environ du marché), pour les autres, qui ont les moyens ou qui se les donnent pour la fin d’année, il y a les Nordmann.

C’est là une évolution économique capitaliste sans originalité. Et il faut bien saisir la portée de ce commerce : l’année dernière en France, 5,4 millions de sapins de Noël se sont vendus, soit 300 000 de plus que deux ans auparavant.

Il est vrai que parmi ces sapins vendus, un peu plus de 15 % environ le sont avec des racines. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils vont rester en vie… Il faut en effet disposer d’un jardin, avoir la possibilité qu’il grandisse en 30 ans de manière massive, disposer du climat adéquat… Cela fait beaucoup de paramètres. Derrière, il y a toujours le profit, le fait de fournir un produit « de qualité », qui tiendra mieux pour les fêtes.

Les prix des « sapins de Noël » ont d’ailleurs augmenté de 7 % en un an entre 2011 et 2012, et on peut s’attendre à une évolution du même type cette année, vu que posséder un sapin vraiment grand est devenu une norme dans les quartiers chics.

Cela forme donc un marché de 135 millions d’euros l’année dernière, et on peut être certain que cette année sera encore plus rentable pour les entrepreneurs…

On passe donc là du sapin individuel sympathique à un arrière-plan tout à fait commercial. L’idéologie du sapin de Noël est tout sauf neutre !

Regardons maintenant un autre aspect, frappant les esprits. La plus grande « production » de « sapins de noël » se trouve dans le Morvan, en Bourgogne, avec pas moins d’un million d’arbres. Cela fait le quart de la production française.

Un million! C’est énorme! Plus de Nature, mais un million de sapins bien alignés, bien alimentés en divers produits chimiques pour pousser plus vite… Quand on pense à cela, on voit bien que l’idéologie du « sapin de Noël » est fondamentalement pourrie. Et dans un registre similaire, au Danemark, ce sont 10 millions d’arbres de type Nordmann qui sont « produits » chaque année… Ce sont des chiffres qui donnent le tournis…

On a une industrie massive, cultivant des millions d’arbres pour… les abattre et les jeter. On est là dans quelque chose de totalement aberrant, de quelque chose qui va à l’opposé des principes mêmes de la vie. On est dans la destruction, au nom du profit, le tout masqué par des pseudos traditions. C’est pratiquement un condensé de ce qu’endure notre planète.

Les dangers des repas de réveillon pour les animaux

Voici un article très intéressant du Figaro concernant les dangers des repas de réveillon pour les animaux dits de compagnie. Bien entendu, le repas en question n’est pas du tout vegan, on est là dans le schéma du réveillon « classique ». Il est en tout cas important de voir qu’un tel article soit mis en avant: il y a ici la question de fond du rapport aux animaux, qui sont souvent oubliés, mais particulièrement dans les « jours de fête », que ce soit Noël comme ici ou bien bien entendu pour des soirées comme le 31 décembre, particulièrement bruyantes dans un mode très agressif.

Pas de repas de réveillon pour les animaux

Chocolat, saumon fumé, foie gras Autant d’aliments festifs qui peuvent être très toxiques pour les animaux.

Si votre chien se lèche les babines devant du chocolat, «il faut résister à la tentation de lui en donner», prévient la vétérinaire Céline Moussour. Chocolat, marrons, saumon fumé dont nous nous régalons à Noël peuvent provoquer des intoxications chez les animaux et, dans les cas les plus graves, entraîner la mort. Il faut de même être attentif à certaines plantes décoratives qui sont elles aussi toxiques. Les vétérinaires alertent sur tous ces produits nocifs pour les animaux qui peuvent gâcher le réveillon.

• Le chocolat: Consommé en grande quantité, il peut causer le décès d’un chien, surtout le chocolat noir. «J’ai eu le cas d’un boxer mort d’un arrêt cardiaque après avoir volé et mangé un ballotin à Noël», se souvient Céline Moussour. En effet, le chocolat contient de la théobromine, voisine de la caféine et toxique pour les animaux.

• L’alcool: Ses effets sont également très nocifs pour les animaux qui ont un poids souvent bien inférieur à celui des hommes: une petite quantité absorbée suffit à saouler un chien ou un chat qui vomira ou souffrira de douleur abdominale.

• Les aliments salés: Le saumon fumé, comme le jambon cru ou les cacahouètes, consommés à haute dose peuvent entraîner déshydratation, vomissements et coliques.

• Marrons et châtaignes: Sur de nombreux sites animaliers, comme Wanimo, les vétérinaires recommandent également de les proscrire. Ils provoquent des ballonnements, des diarrhées et vomissements, voire une occlusion intestinale en bloquant le transit digestif.

• Foie gras, ail et autres aliments toxiques: Les pancréatites sont aussi très nombreuses à Noël. Il s’agit d’une «grosse inflammation du pancréas due à la consommation de foie gras mais aussi des intoxications à l’ail, l’oignon et au raisin» explique Laurent Gouardo, vétérinaire urgentiste à l’École vétérinaire de Maisons-Alfort (Val-de-Marne). «J’ai soigné un chien souffrant d’une pancréatite car sa maîtresse lui avait cuisiné un poulet à l’ail», se rappelle-t-il.

• Sapin de Noël et décorations végétales: Attention, les jeunes chiens et chats peuvent les mâchouiller pour s’amuser. «Le sapin de Noël naturel n’est pas dangereux, en revanche, les sapins blancs peuvent être toxiques, tout comme le gui, les baies de houx, le poinsettia», avertit Céline Moussour. Ces plantes ingérées en grande quantité peuvent provoquer une crise cardiaque et abîmer le système digestif.

Quant aux couronnes de l’Avent en if accrochées aux portes, elles représentent un réel danger. «Une dose de huit grammes de plante par kilo suffit pour entraîner la mort», selon les professionnels animaliers.

• Pour être tranquille, ne rien changer aux habitudes alimentaires

Plus l’animal est de petite taille, plus ces produits sont dangereux. Erwann Creac’h, vétérinaire urgentiste à domicile, souligne que ses malades «sont surtout des jeunes chiots et des animaux de petites races». Il rappelle aussi que «aujourd’hui, les chiens ont une alimentation standardisée à l’année et leur flore intestinale ne leur permet plus les écarts».

Céline Moussour ajoute que «le chien se moque des repas de fête. C’est un carnivore et il lui faut trois semaines pour s’adapter à un nouveau régime. Si on veut se faire plaisir, on peut lui donner un bout de viande maigre, mais pas d’os, ni de sauce», dit-elle. «On peut aussi lui acheter des friandises pour chiens ou lui mettre un petit cadeau au pied du sapin!».

« La nature ne fait pas de déchets »

Puisque nous parlions du télescope spatial Gaïa, impossible de ne pas mentionner le scientifique Hubert Reeves. Cet astrophysicien canadien est très connu et très apprécié en France pour ses oeuvres de vulgarisation scientifique; il est également, comme beaucoup de scientifiques s’intéressant à l’univers, tourné vers les animaux et la Nature.

Il prône ainsi un « végétarisme éthique » et préside Humanité et Biodiversité (anciennement Ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs). Cela signifie que Reeves est en fin de compte le plus progressiste des anthropocentristes; il n’assume pas le véganisme, ni la libération de la Terre, mais c’est un vrai démocrate, il a été une personnalité importante en France dans les années 1980, exigeant une culture scientifique populaire, s’opposant aux armements nucléaires…

Voici un de ses derniers articles, publiés dans Le point, montrant qu’il reste quelqu’un s’évertuant à aiguiller dans le bon sens, tout en étant prisonnier de conceptions anthropocentriques évidentes. Reeves constate par exemple ici que la Nature ne fait pas de déchets car tout se transforme de manière ininterrompue… Qu’est-ce qu’il lui manque alors pour comprendre que justement il faut se replacer au sein de ce système Terre, qu’il faut que l’humanité cesse son égocentrisme et revienne au sein de Gaïa?

La nature ne fait pas de déchets

Face aux problèmes qui se posent à nous au cours de la crise environnementale présente, nous cherchons des solutions dans les leçons que nous pouvons tirer du comportement de la nature (pour les besoins de la discussion, je distingue artificiellement les activités humaines des activités naturelles). Comment est-elle arrivée à gérer aussi habilement, depuis plusieurs milliards d’années, l’ensemble des activités infiniment diverses qui se passent sur la Terre. A-t-elle des secrets que nous pourrions lui emprunter ?

Elle en a à coup sûr ! Il en est un que nous pouvons résumer ainsi : la nature ne fait pas de déchets. Elle utilise et recycle tout. Par exemple, dans la forêt, les animaux morts deviennent la nourriture de charognards et de nombreux insectes. Les feuilles mortes sont happées dans le sol par les vers de terre qui les mangent et restituent à la terre ce que nous qualifions d’excréments et qui sont de fait des éléments fertilisants.

Celles qui restent en surface se décomposent sous l’action de bactéries et se transforment en humus qui nourrit les plantes mangées par les herbivores, eux-mêmes mangés par les carnivores … La chaîne est sans fin.

Chez les économistes, cet idéal s’appelle « économie circulaire ». Et notre ami Emmanuel Delannoy en est un grand partisan, lui qui dirige l’Institut Inspire pour « réconcilier développement économique et biosphère ». C’est un allié d’Humanité & Biodiversité dans les tables rondes qui abordent ce dossier. L’expression parfois utilisée « cradle to cradle » (du berceau au berceau) indique que rien ne se perd, il n’y a pas de matière inutilisée. Telle n’est pas, et de loin, la situation chez les humains.

La masse des déchets qu’ils accumulent atteint des proportions gigantesques et s’accroît à une vitesse telle que de nombreuses villes sont largement dépassées par la situation. Mexico et Rio de Janeiro en génèrent aujourd’hui plus dix mille tonnes par jour, ce qui représente une file de camions longue de dix kilomètres. Des décharges immenses sont souvent déjà débordantes dans plusieurs pays d’Asie et d’Afrique. Elles constituent des lieux de grande insalubrité. Ces paysages de désolation illustrent dramatiquement les difficultés des humains à gérer leur planète [sic].

À l’échelle mondiale, la quantité de déchets a été multipliée par dix par rapport au siècle dernier et, avec la hausse du niveau de vie dans les pays asiatiques, elle pourrait augmenter d’un facteur cinq avant la fin de ce siècle si des mesures drastiques ne sont pas prises.

Plusieurs villes ont déjà décidé de s’attaquer à la situation. En Californie, San Francisco s’est imposé un objectif de zéro déchet en 2020 par réduction et recyclage. Elle a déjà atteint la moitié de son objectif. Les échanges et la réutilisation des matériaux comme le papier, le verre, le ciment et l’acier sont déjà effectifs. Mais ces activités sont encore relativement peu présentes dans les pays défavorisés qui ont la plus grande augmentation du niveau de déchets.

Ces propos ont pour but de porter l’attention sur un des aspects généralement peu connus de la crise écologique contemporaine. Le mot « écologie » se réfère à la tenue de la maison (Oikos en grec est la maison). C’est bien de notre tenue de la maison terrestre qu’il s’agit ici.

Référence de la lecture qui m’a inspiré ce billet: « Waste production must peak this century  » : Nature vol 502 – oct 2013 – page 615.

Une chasse à courre bloquée en défense de la forêt de St-Gobain

Hier en Picardie, une cinquantaine de personnes ont répondu à l’appel de l’association Protéger et Défendre la forêt de St-Gobain pour bloquer une chasse à courre. Ce qu’il y a d’autant plus intéressant, c’est que l’association a une vision assez large de la lutte et a relié à cela à la question de la forêt:

Aujourd’hui, la forêt de Saint-Gobain est malmenée du fait d’un important programme d’abattage d’arbres, qui a pour conséquence de défigurer nos paysages, et de dégrader l’environnement forestier.
Les coupes à blanc s’intensifient, et cet état désastreux n’est pas cantonné au département de l’Aisne car c’est toute la forêt française qui est touchée. Notre inquiétude est très grande, mais nous sommes déterminés à poursuivre notre lutte. Nous sommes associés au Collectif SOS Forêts en Danger créé très récemment par des agents ONF du Nord-Est, eux-mêmes très inquiets.

Voici la présentation par le Courrier picard:

50 militants anti chasse à courre bloquent un chenil

Une cinquantaine de militants écologistes et altermondialistes bloquaient samedi les accès à un chenil de Folembray, dans le sud de l’Aisne pour empêcher la tenue d’une partie de chasse à courre.
Les militants, une cinquantaine selon la préfecture de l’Aisne et le collectif altermondialiste «Les désobéissants», sont issus de trois collectifs de défense de la forêt et de la biodiversité, de défense des animaux, et altermondialiste.

«Une cinquantaine de personnes s’opposent au départ d’une chasse à courre à Folembray et ont cadenassé les barrières conduisant au chenil. Tout se passe dans le calme», a indiqué à l’AFP le sous-préfet de permanence.

L’action des militants a commencé vers 9 heures samedi. La gendarmerie est sur place.

«Les activistes réclament d’une seule voix l’arrêt immédiat de la chasse à courre, cette pratique archaïque réservée à quelques privilégiés (15.000 euros la chasse), hautement destructrice de l’équilibre végétal et animal de la forêt», ont indiqué «Les désobéissants» dans un communiqué.

Selon Xavier Renou, membre de ce collectif joint au téléphone par l’AFP, les militants comptent empêcher la sortie des chiens du chenil jusqu’à 16 heures environ, l’heure à laquelle la partie de chasse à courre aurait dû commencer au plus tard.

«Nous sommes strictement non-violents», a précisé M. Renou, évoquant «la première grosse action d’une série». Les militants demandent à rencontrer le préfet pour «discuter du statut de la chasse à courre».

Dans leur communiqué, ils dénoncent une «souffrance infligée par plaisir» aux animaux sauvages lors de ces parties de chasse, dont «la course effrénée et le stress engendré rendent leur chair impropre à la consommation». Le chenil appartient selon les militants à une société de chasse à courre picarde, le Rallye nomade, qui ne pouvait être jointe dans l’immédiat.

Par la suite l’association a diffusé le communiqué suivant:

16h13 : VICTOIRE, les 3 cerfs désignés n’ont pas été chassés, nous avons gagné grâce à vous tous, comme quoi rien n’est impossible lorsqu’on se donne les moyens et que chacun y met du sien …

Nous espérons que ce SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2013 sera le début d’une forte mobilisation pour contrer et faire abolir la chasse à courre dans notre département et sur l’ensemble du territoire français afin de suivre l’exemple de nos pays voisins.

Nous sommes désolés si certaines vidéos et images publiées vous ont choquées mais la réalité est telle que nous ne pouvions garder le silence.

Les chasseurs ont essayé de détruire nos appareils photo et nos cameras, ils ont crevé les pneus de plusieurs véhicules des militants et en ce moment même ils sont en train, suite à leur défaite, de prendre en chasse l’un de nos militants à 9 contre un !!!

A présent vous êtes informés de ce qu’il se passe dans nos forêts plusieurs fois par semaine et si vous souhaitez soutenir ces actions contre la chasse à courre, rejoignez le profil facebook de foret vivra ou par mail à foret-vivra@riseup.net

MERCI DE PARTAGER CETTE DERNIÈRE INFO EN MASSE, nous vous tiendrons informés de l’état de santé de notre militant pourchassé.

18h20 La gendarmerie confirme que le militant est Sain et sauf ,il à été retrouvé dans une ferme non loin de Coucy-le-Chateau! ouf!

On peut bien sûr regretter le choix du chenil qui a été fait, puisque cela stresse les chiens, c’est bien sûr un aspect à prendre en compte. Toutefois, c’est une démarche ici vraiment très intéressante, notamment alors que la chasse à courre progresse et que les forêts sont de plus en plus considérés comme de simples marchandises. Il y a une juste compréhension de l’inter-relation des questions posées et des réponses nécessaires.

Voici d’ailleurs deux photos mises en avant par l’association et montrant les conséquences d’une chasse à courre…

Morbihan: appel pour retrouver Gaia, chienne abandonnée

Pour les personnes présentes en Bretagne ou ayant des contacts là-bas, voici un appel pour retrouver Gaïa, abandonnée sur une aire de repos ce vendredi 13 décembre lors d’un covoiturage. Les recherches s’organisent sur la page Facebook de l’association Oscar et Pilitte.

Elle a été vue pour la dernière fois avant- hier soir vers 20h sur le bord de la route sur la commune de Coët Mean (56120) situé a environ 2 km de Josselin. Elle porte toujours son harnais bleu.

Nous re-publions ici la présentation de la situation par gaRENNES:

Appel pour retrouver Gaia, chienne abandonnée lors d’un covoiturage

Aider les animaux, c’est s’engager, être sérieux. Et cela passe après les considérations égoïstes personnelles, comme le montre ce triste événement arrivé ce vendredi :

Gaïa est une chienne suivie par l‘association Oscar et Pilitte qui est partie en covoiturage ce matin.

Le covoitureur s’était arrêté sur l’aire de repos de La Pointe (sens Lorient – Rennes), avant la sortie de Guegon. La chienne est sortie de la voiture, et n’arrivant pas à la récupérer, le conducteur a décidé de l’abandonner sur place, et a scotché les papiers d’identification de Gaîa sur un panneau avant de partir.

L’association lance un appel toutes les personnes du Morbihan, de Lorient, Rennes, ou secteurs avoisinants :

APPEL A TEMOIN!!!

Nous avons besoin de votre aide.

Gaia a été laissé par son convoitureur sur la route nationale 24, avant la sortie de GUEGON, sur l’aire de repos DE LA POINTE.

La chienne est introuvable. les gendarmes sont sur place et n’ont retrouvés que ses papiers!!

A toutes les personnes du Morbihan, de Lorient, Rennes, ou secteurs avoisinants, MERCI de nous aider à la retrouver!!

L’association Oscar et Pilitte tient informé de l’avancement des recherches sur sa page Facebook.

A noter que l’association en question recherche également des familles d’accueil.

Le télescope spatial Gaïa

LTD est dédié à la planète dont nous sommes une partie, planète que nous appelons « Gaïa ». C’est un choix qui repose sur le fait que la planète est un système, un ensemble, pas simplement un gros caillou où l’humanité existerait par « miracle » ou par « hasard ».

Gaïa est également le nom choisi pour un télescope spatial de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), lancé hier depuis la Guyane. Voici une photographie de la partie de la fusée contenant ce télescope, où l’on voit une sorte de représentation de femme tournée vers les étoiles.

C’est, selon le gens du programme « Gaïa », la moins mauvaise manière trouvée pour représenter en même temps les étoiles, la Terre, le satellite (l’espèce de soucoupe volante à droite), la déesse et le nom Gaïa. Ce nom a été initialement choisi pour sa dimension poétique, formant qui plus est un acronyme qui n’est plus valable (Global Astrometric Interferometer for Astrophysics), mais le nom a été tout de même gardé.

Il est facile de voir pourquoi: la problématique de fond, c’est le rapport entre notre planète et l’univers. Au 21e siècle, impossible d’y couper!

Le télescope a une mission de cinq ans, durant lesquels il va procéder à la cartographie en trois dimensions d’une partie de la galaxie où nous sommes, la fameuse voie lactée, pour un total d’un milliard d’étoiles. Pour cela, il va se retrouver à 1,5 million de kilomètres de la Terre.

En gros, donc, le télescope va cartographier l’environnement de la planète Terre, et même tenter de calculer les trajectoires des astéroïdes risquant de venir la percuter.

Voici une représentation et des précisions à son sujet.

Quand on dit un milliard d’étoiles, cela peut sembler beaucoup, mais en fait cela ne fait que 1 % de la voie lactée… Et la voie lactée n’est qu’une galaxie parmi tant d’autres, parmi, pour ce qu’on en sait, plusieurs centaines de milliards…

Avec bien entendu, autant de possibilités que la vie se soit développée. Cela laisse à rêver, mais cela doit aussi laisser pensif. L’humanité qui la tête dans les étoiles, et c’est certainement très bien, mais cela ne saurait aller en opposition avec le fait de reconnaître la réalité de notre propre planète.

L’une des blagues tordues qui est régulièrement sortie d’ailleurs en ce domaine est qu’il est temps de chercher une nouvelle planète, car on a démoli celle où on est. Il y a là, outre une absurdité car en pratique ce n’est pas demain la veille, un anthropocentrisme complet.

Seule la vie humaine compterait ; d’ailleurs, on voit bien que la vie humaine est considérée comme « à part », « indépendante », etc. Il y a ici une prétention humaine extrêmement forte comme quoi l’humain ne dépend de rien, qu’il est sorti de la Nature, et c’est aussi la grande contradiction des films de science-fiction, qui montrent des humains vivant toutes leurs vies dans des bases spatiales : en réalité, ce serait à devenir fou, et personne ne tiendrait bien longtemps.

Le choix du terme de Gaïa est donc, si ce n’est étrange, au moins problématique, et en tout cas révélateur de comment la question de Gaïa se pose de plus en plus comme incontournable, à travers un processus chaotique. Cela se reflète dans la manière dont le journal gratuit Metronews tente d’expliquer le choix du nom du télescope. Voici ce qui est dit.

Gaia, et pourquoi pas Eros ? Tout simplement parce que les lettres qui forment le nom du télescope spatial européen lancé jeudi ont une signification précise. C’est l’acronyme de « Global Astrometric Interferometer for Astrophysics », soit Interféromètre Astrométrique Global pour l’Astrophysique, qui s’écrivait à l’origine en majuscules.

Des termes barbares qui désignaient les technologies de mesures spatiales choisies pour équiper les satellites. Bien que l’interférométrie, une technique optique, ne soit plus utilisée dans le cas du vaisseau spatial Gaia, l’acronyme a été gardé pour préserver la continuité du projet, débuté il y a des années. Il s’écrit désormais en minuscules.

L’Agence Spatiale Européenne (Esa) choisit des acronymes qui ont du sens. Dans la légende grecque, Gaia est la personnification de la Terre, en tout cas dans le système de formation de l’Univers d’Hésiode, un philosophe grec. Gaia est l’ancêtre maternel des races divines et des monstres. Toujours selon la légende grecque, au commencement était le Chaos, puis Gaia et ensuite Eros (l’amour).

Gaia demeure une exception car, en général, les télescopes spatiaux tirent leur nom d’hommes illustres dans le domaine spatial. Par exemple, la première mission lancée en 1989 a été nommée « the High Precision Parallax Collecting Satellite », en référence à l’astronome grec Hipparchus. Cet homme est le premier à avoir catalogué la trajectoire d’environ un millier d’étoiles, en 129 avant JC, et ce, uniquement grâce à l’observation à oeil nu et un peu de géométrie.

Au-delà des acronymes, de nombreux satellites portent simplement le nom des hommes auxquels ils font référence. Le nom du satellite européen « Planck », qui a cartographié le rayonnement thermique issu du Big Bang, vient de Max Planck, un physicien allemand du début du XXème siècle. Plus récemment, Edwin Hubble, astronaute américain de la même période, a donné son nom au télescope spatial en fonction depuis 1990. Si vous souhaitez que le prochain télescope spatial porte votre nom, il ne vous reste plus qu’à bien réviser vos sciences.

L’article explique que le nom n’a été gardé que pour la continuité, puis comme il s’agit tout de même de dire de quoi il en retourne, il a vite fait de passer à autre chose, afin de ne pas avoir à trop en dire sur la question de Gaïa. Ce n’est guère étonnant : c’est un sujet trop sensible, c’est un concept qui porte avec lui une telle exigence, une telle réflexion sur ce qu’est la vie et sa valeur, que forcément ceux qui défendent l’anthropocentrisme sont immédiatement mal à l’aise…

Animaux sauvages dans les cirques en Belgique: le parlement confirme l’interdiction

En Belgique, la loi est enfin passée: les animaux reconnus comme sauvages n’ont plus le droit de se retrouver dans des cirques. C’est un rude coup pour cette petite industrie fondée sur l’exploitation animale et dont le principe même – une sorte d’exhibitionnisme malsain et totalement dénaturé – plonge ses racines dans le moyen âge voire l’antiquité.

Voici le communiqué de l’association Gaia.be:

Animaux sauvages dans les cirques: le parlement confirme l’interdiction

18/12/2013

Bruxelles le 18 décembre 2013. Avec 127 votes pour, 3 contre (FDF) et 11 abstentions, le Parlement vient d’approuver le projet de loi de la ministre Laurette Onkelinx (en charge du Bien-être animal), interdisant les cirques avec animaux sauvages. Précédemment, le gouvernement avait déjà approuvé en faveur de cette mesure et il y a deux semaines, la Commission Santé publique de la Chambre avait également voté en faveur du projet.

La nouvelle loi empêchera l’utilisation et la détention d’animaux sauvages dans des cirques. En adoptant cette mesure, la Belgique suit l’exemple déjà donné par l’Autriche (en 2004) et la Grande-Bretagne (en 2013). L’organisation de défense des animaux GAIA se dit très satisfaite, et parle d’une importante avancée pour le bien-être animal dans notre pays.

Victoire pour les animaux

« Cette loi vient couronner une lutte longue de 10 ans menée par GAIA en faveur d’une interdiction belge des cirques avec animaux sauvages. Il est clair que le bien-être des animaux sauvages ne peut être garanti dans les cirques. Les tigres et les lions sont par exemple enfermés dans des cages de quelques mètres carrés, les éléphants sont constamment attachés à une chaîne…

Ces conditions de détention déplorables font qu’une interdiction est la seule mesure logique. Les exigences de bien-être de ces animaux sont trop hautes pour pouvoir les détenir de façon acceptable dans un cirque, sans parler des dangers que cela représente pour le dresseur et le public : des accidents – mortels et non mortels (en Belgique également) – se sont déjà produits. Nous sommes très satisfaits, c’est une nouvelle victoire dans le combat pour les animaux », explique Michel Vandenbosch, président de GAIA.

Bien-être animal pas garanti

Plusieurs rapports des enquêteurs de GAIA ont démontré que les cirques ne pouvaient d’aucune façon répondre aux besoins de bien-être des animaux sauvages, dont les besoins sont spécifiques. En cause principalement : les déplacements incessants et l’espace de vie réduit.

Souvent, par ennui et frustration, les animaux sauvages détenus dans des cirques manifestent en effet un comportement anormal et dérangé, un indicateur de leur mal-être : tigres qui tournent en rond dans leur cages, lions apathiques, éléphants se balançant en continu…

Un combat long de 10 ans

Entre 1995 et 2002, GAIA a réalisé des enquêtes dans 18 cirques. En janvier 2003, l’organisation de défense des animaux dévoilait pour la première fois les mauvaises conditions de vie des animaux sauvages utilisés pour les spectacles (images visibles ici).

A ce moment, il n’existait aucune loi sur les animaux de cirques. Leurs conditions déplorables de détention furent flagrantes lors de la publication du rapport de GAIA « La souffrance animale n’a rien d’amusant ». Pendant toutes ces années, l’organisation a milité pour qu’une interdiction soit adoptée, même suite à la décision du législateur en 2005 d’appliquer aux cirques les mêmes normes que les parcs animaliers. Cette loi n’est entrée entièrement en application qu’en 2012, mais GAIA constata à plusieurs reprises que ces normes minimales n’étaient pas respectées.

Exemple donné par les villes et communes

A mesure qu’étaient révélés les problèmes de bien-être des animaux sauvages dans les cirques, et dans l’attente d’une interdiction nationale, GAIA répercuta ces dernières années sa revendication sur les autorités locales. Non sans succès : plus de 130 villes et communes belges refusent actuellement la présence de cirques avec animaux sauvages sur leur territoire.

Par ailleurs, de plus en plus de cirques belges avaient arrêté d’utiliser des animaux sauvages. C’étaient essentiellement des cirques français qui enfreignaient délibérément la loi. Pendant toutes ces années, GAIA a toujours réclamé une interdiction à l’échelle nationale. L’année dernière, après analyse approfondie, le Conseil du Bien-être animal a avisé la ministre Onkelinx d’interdire les animaux sauvages dans les cirques. Un avis suivi par la ministre et le gouvernement, et qui est désormais également entériné par le Parlement.

« A la SPA, on se goinfre sur la bête »

Nous avons déjà parlé de la situation dramatique de la SPA parisienne, confrontée à une situation marquée par la corruption et une vision du monde erronée car non végane (La SPA: une bureaucratie corrompue faisant des placements immobiliers?, Les errements de la SPA (de Paris) continuent, Réflexions sur un nouveau reportage sur la corruption à la SPA, La présidente de la SPA raconte tout et (surtout) n’importe quoi sur le veganisme, Encore un scandale à la SPA (parisienne)…).

L’un des effets de cela a été le renforcement de la grande dispersion des refuges, les différentes SPA étant indépendantes ce qui nuit bien entendu à un travail planifié et à l’union des moyens mis en oeuvre. Parallèlement, une association comme la « Fondation Brigitte Bardot » prend de plus en plus la place de la SPA historique en se posant comme « l’association pour les animaux » qui porte plainte.

Rappelons qu’en se portant partie civile, une victoire au procès amène un gain financier pour les associations parties civiles. Il y a là une dimension financière pour le moins opaque.

Voici justement un article tiré du dernier Canard Enchaîné. C’est un article difficile, car il montre que des gens gagnent encore des milliers et des milliers d’euros sur le dos des animaux. Et le pire, c’est que tout cela est censé être encadré par la Cour des comptes, l’État ayant décidé d’intervenir et de surveiller tout cela! Et qu’est-ce qu’on voit: la corruption, le copinage, le tout sur le dos de la souffrance animale…

C’est une preuve de l’importance des valeurs pour la lutte. Sans une morale stricte, le capitalisme est une gangrène organisant la corruption des esprits. Et on remarquera le dernier passage, sur les « pétitions bidon » qui ne visent qu’à récolter des fonds au moyen de campagnes « chocs »: c’est une preuve de plus des errements du pragmatisme soi-disant au service des animaux.

Nouveau trafic de chevaux pour fournir les abattoirs

Le nouveau scandale au sujet des chevaux ayant subi la vivisection puis vendu dans des boucheries ne doit pas surprendre. Il n’y aucune surveillance, et les trafics pullulent. Prétendre le contraire c’est vouloir masquer une sordide réalité.

Voici un extrait de comment le quotidien le Figaro présente l’affaire :

Vingt et une personnes, dont quatre vétérinaires installés dans l’Aude, le Gard, la Drôme et le Cantal, ont été interpellées et placées en garde à vue lundi dans onze départements pour une affaire de vente de viande de cheval réputée impropre à la consommation.

Une information judiciaire pour «fraude aux normes sanitaires» est ouverte depuis novembre au pôle santé publique du tribunal de Marseille.
Ces chevaux, «plus d’une centaine», selon le parquet de Marseille, ont été réintroduits illégalement dans le circuit alimentaire après avoir été utilisés dans un laboratoire ardéchois de Sanofi-Pasteur, pour produire des sérums.

«Il y a eu un blanchiment de la traçabilité de ces animaux», a commenté le procureur de Marseille Brice Robin. Achetés sur pieds, notamment par un maquignon du Gard, pour la somme dérisoire de 10 euros auprès de Sanofi, ces chevaux, qui auraient dû être revendus comme chevaux de loisirs, ont ensuite été cédés à une société de Narbonne (Aude) avant d’être abattus pour certains en Espagne, et terminer, grâce à des falsifications de carnets d’abattage, sur les étals des boucheries chevalines.

L’information judiciaire ouverte doit déterminer quel a été le rôle des acteurs supposés du dossier, qu’ils soient maquignons, vétérinaires, ou grossistes.
La certitude des enquêteurs, c’est que la tête pensante de cette fraude se trouve à Narbonne. L’enquête a démarré fin 2012 suite à une dénonciation anonyme. Alertée par une mystérieuse lettre adressée à la direction départementale de la protection de la population de la préfecture de l’Aude, la section de recherches de la gendarmerie de Montpellier (Hérault) a, durant un an, travaillé sur la piste de ce trafic supposé.

Visé nommément par la missive, Patrick Rochette, gérant de la société La Narbonnaise des viandes et boucher à Narbonne (Aude), est soupçonné d’être au cœur du trafic alors qu’un membre de sa famille et un de ses employés sont également retenus en garde à vue. Au sein de la profession, la personnalité du grossiste fait débat.

Alors que la garde civile espagnole a déclaré lundi enquêter sur une possible ramification du scandale dans la province de Gerone, à la frontière avec la France, un boucher chevalin de la région Languedoc-Roussillon pointe anonymement: «On le soupçonne depuis longtemps de faire des choses… Il amène des chevaux français se faire abattre en Espagne et vend, au kilo, la viande 1 euro ou 2 moins cher que tous les autres bouchers. Il y a anguille sous roche.»

Ce qui se passe, c’est que les chevaux sont gardés pendant quelques années dans le laboratoire Sanofi Pasteur d’Alba-la-Romaine en Ardèche (en fait bien à l’écart et où l’on doit aller par de toutes petites routes), où on leur injecte des molécules afin qu’ils produisent des anticorps.

On leur pompe alors du sang, ce que le porte-parole de Sanofi Pasteur, entreprise visant le pur profit s’il en est, explique de la manière suivante :

« Les chevaux servent à produire des médicaments qui sauvent des vies, comme des sérums antitétaniques, antirabiques et antivenimeux. »

Les chevaux, donc, sont gardés trois ans à peu près ; il y en a 200 dans le laboratoire, et là en trois ans, 200 ont donc été revendus, à 10 euros le cheval.
De telles méthodes sont employées sur de nombreux animaux ; on peut consulter ici un document ministériel à ce sujet.

Maintenant, pour comprendre la dimension de tout cela, revenons en arrière, il y a quelques mois ; voici un extrait d’un communiqué AFP :

Après le scandale des lasagnes au cheval l’hiver dernier, la filière viande est de nouveau ébranlée par un trafic en Europe de viande chevaline impropre à la consommation qui concernerait au moins 3.000 chevaux, selon le procureur à Marseille.

« On estime à 3.000 le nombre de chevaux exportés par la filière mise en cause », a déclaré à l’AFP le procureur Brice Robin précisant qu’une information judiciaire avait été ouverte fin juin par le pôle santé de Marseille, qui couvre les régions Paca, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes.

« C’est une filière avec la Belgique », a-t-il précisé, ajoutant que « les chevaux proviennent apparemment de Hollande, de Belgique, de France, d’Espagne ».
« Il y a des irrégularités qui ont été constatées », notamment « sur les documents d’identification des chevaux qui étaient présentés à l’abattoir », a ajouté le procureur. « La traçabilité a été volontairement occultée, puisque souvent les chevaux possèdent deux identités différentes », a-t-il dit.

Selon une source proche de l’enquête, il s’agit de chevaux de toutes catégories (de trait, de sport, de courses…), jugés impropres à la consommation.

Selon des syndicats agricoles, « un réseau mafieux belge » aurait acheté des chevaux à des centres équestres ou des particuliers, en leur promettant une retraite paisible.

Ils auraient ensuite falsifié leurs carnets de santé et tenté de les faire abattre pour les écouler dans la filière de l’alimentation humaine, alors que beaucoup de chevaux de loisirs ont reçu un traitement médicamenteux qui les rend impropres à la consommation, rapportent la Coordination rurale (2e syndicat agricole français) et la Fédération nationale des éleveurs professionnels d’équidés (FNEPE).

Les abattoirs de Pézenas (Hérault) et d’Alès (Gard) seraient concernés, selon le procureur Robin.

Son homologue Daniel Bouriaud à Charleville-Mézières, où une enquête a aussi été ouverte, cite également les abattoirs de Valenciennes (Nord), Laon (Aisne) et Narbonne (Aude). Toutefois, le procureur à Narbonne, interrogé par l’AFP, précise qu' »aucune enquête n’est diligentée concernant les abattoirs » de sa ville.

Narbonne : c’est la ville qui est mentionnée dans le premier article. La police affirme donc aujourd’hui qu’elle enquête depuis une année, alors qu’en juin on mentionne déjà la ville de Narbonne au sujet d’un trafic…

Tout cela montre que c’est n’importe quoi : l’industrie de l’exploitation animale est criminelle à un point tel qu’elle part dans tous les sens ; sa modernité n’est que celle de la barbarie. Quant à l’État, il intervient seulement dans les moments où vraiment ce n’est plus tenable même en apparence…

Le Parlement européen, la « surpêche » et le chalutage en eaux profondes

La bande dessinée contre le « chalutage en eaux profondes » a eu un énorme succès. Nous n’en avions pas parlé avant hier, car l’esprit est plus que critiquable. Avant d’en parler plus précisément, voyons le contexte.

Sur le site du Parlement européen, on peut lire la chose suivante :

Lutter contre la surpêche
Le Parlement européen a adopté mardi le paquet de réformes de la politique commune de la pêche afin de créer un secteur de la pêche réellement durable avec des dispositions pour réduire les rejets de poissons et protéger la mer de la surpêche. Le Parlement européen a également appelé à l’interdiction du chalutage profond dans les zones vulnérables et a approuvé le renouvellement de l’accord de pêche UE-Maroc.

En fait, la question du « chalutage en eaux profondes » n’est qu’un aspect d’une question de fond, qui justement a été masquée par la pétition et la bande dessinée…

De quoi s’agit-il ? Selon le Parlement européen, voilà comment la question se posait :

Réforme de la politique commune de la pêche

En dépit de plusieurs améliorations faisant suite à la réforme de la politique commune de la pêche (PCP) menée en 2002, il a été communément admis que la PCP doit encore être réformée d’urgence, car elle n’a pas permis de rendre la pêche durable, les flottes des États membres de l’UE continuant à capturer des volumes beaucoup plus importants que ceux qui peuvent être remplacés par les écosystèmes marins.

À l’heure actuelle, 88% des réserves en Méditerranée et 39% des réserves dans l’océan Atlantique font l’objet d’une surpêche, en raison de capacités excédentaires de la flotte, de captures excessives et d’un respect inégal des règles de l’UE. L’on a également jugé inadmissible que le volume des « rejets » (les poissons rejetés en mer, souvent morts ou mourants) demeure si élevé.

En 2011, la Commission européenne a proposé une nouvelle législation sur la pêche dans l’UE, et les députés ont joué un rôle capital dans l’élaboration des réformes s’inspirant de cette proposition, étant donné que, pour la première fois, le Parlement était sur un pied d’égalité avec le Conseil en tant que co-législateur, suite à l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne.

Le 30 mai 2013, grâce à un accord conclu entre les négociateurs du Parlement et du Conseil, des mesures visant à mettre un terme à la surpêche et à interdire les rejets – qui sont les enjeux majeurs du Parlement dans la réforme de la politique commune de la pêche (PCP) – ont été garanties. L’accord doit permettre de mettre en place, début 2014, une politique commune de la pêche durable. Le vote final (deuxième lecture) sur le texte concernant cet accord se déroulera le 10 décembre 2013.

Et donc, justement, le 10 décembre, voici ce qui a été décidé, toujours selon le Parlement européen :

La politique commune de la pêche pour 2014 reçoit le feu vert du Parlement

Le paquet de réformes sur la politique commune de la pêche (PCP), qui inclut des mesures pour mettre fin à la surpêche et une interdiction de rejet de poissons en mer – les principaux objectifs du Parlement – a été approuvé lors d’un vote final en plénière ce mardi. Les règles d’étiquetage ont également été révisées afin de mieux informer les consommateurs. La nouvelle législation devrait permettre une pêche plus durable et entrer en vigueur début 2014.

« La réforme s’attaque au principal problème de la politique commune de la pêche: la surpêche. Le Conseil sera désormais tenu d’adopter une approche durable lors des négociations des quotas de pêche », a affirmé le rapporteur Ulrike Rodust (S&D, DE).

Les pêcheurs devront respecter le « rendement maximal durable » (RMD), c’est-à-dire ne pas pêcher plus que ce qu’un stock donné peut produire en une année déterminée. L’objectif est de reconstituer et de maintenir les stocks de poissons au-delà des niveaux de « rendement maximal durable ».

Interdire le rejet de poissons en mer

Les rejets en mer, c’est-à-dire les poissons rejetés en raison de leur espèce ou de leur taille, représentent près d’un quart des captures totales de l’UE. La plupart des espèces rejetées en mer meurent.

Pour mettre fin à cette pratique inutile, qui n’est actuellement pas interdite, les navires de pêche devront débarquer au moins 95% de leurs captures totales conformément à un calendrier pour les différents types de pêche, mis en place progressivement à partir de 2015. Le Parlement européen s’est battu pour maintenir ce pourcentage aussi élevé que possible, proche d’une interdiction totale.

Les captures débarquées de poissons qui n’ont pas la taille requise pourraient par exemple être utilisées à des fins autres que la consommation humaine.

Une réforme globale

La réforme modifie de nombreuses règles de la PCP. Par exemple, le principe de durabilité s’appliquera désormais aux navires européens qui pêchent en dehors des eaux de l’UE. Les pêcheurs européens pourront uniquement capturer les stocks excédentaires dans les eaux territoriales de pays tiers. De plus, les États membres qui ont des flottes de pêche surdimensionnées pourraient être sanctionnés en étant privés des subventions de pêche européennes.

Selon ces nouvelles règles de commercialisation, les consommateurs recevront des informations plus précises sur le poisson qu’ils achètent, notamment parce que les étiquettes devront contenir davantage de détails sur la zone de capture ou le type d’engin de pêche utilisé.

Prochaines étapes

Les représentants des États membres doivent encore approuver formellement la position de seconde lecture du Parlement avant la publication de la législation au Journal officiel de l’Union européenne.

Il y a ici une décision majeure : celle de combattre le « rejet » des poissons « inutiles », qui devra se réduire à au maximum 5 % (et non plus 25 % en moyenne!) de la pêche.

Y a-t-il lieu de se réjouir ? D’une certaine manière oui, mais de l’autre la logique reste meurtrière puisque cette décision a comme but simplement de « reconstituer les stocks ». C’est donc une modernisation de l’exploitation animale.

Et d’ailleurs, comme dans le cas des réglements sur la taille des cages, c’est une manière de renforcer les grandes entreprises contre les petites, ce qui va d’autant plus renforcer la pêche.

Seule l’abolition de la pêche est une affirmation cohérente du point de vue écologiste ; tout le reste est modernisation de l’exploitation animale.

Revenons justement ici sur la fameuse bande dessinée contre le chalutage en eaux profondes. En pratique, les médias ont salué cette manière moderne de faire passer le message, et la pétition est passée grâce à elle d’une vingtaine de milliers à pratiquement 800 000.
Ce qui n’a rien changé, bien entendu, à part que Casino et Carrefour cesseront de vendre dans le courant de l’année prochaine les principales espèces d’eaux profondes, bien entendu, on l’aura deviné, pour les remplacer par d’autres animaux… Pour les entreprises, tout cela n’est qu’une variable d’ajustement, sans conséquence aucune…

Et cela souligne d’autant plus la démagogie de la bande dessinée et son « Prends cinq minutes, copain, et signe ».

En fait, rien n’est plus faux que ces pseudos appels écologistes du type « un clic pour sauver un arbre », ces pseudos appels pour les animaux appelant à signer pour « changer les choses ». On est ici dans des postures du type catholique, dans des témoignages qui n’amènent rien d’autre qu’une satisfaction personnelle, ce qu’on appelle bien sûr la « bonne conscience ».

C’est pour cela que ce genre de démarche passe partout et donc, logiquement, n’aboutit à rien. A partir du moment où le magazine Glamour peut faire l’apologie d’une initiative, on peut bien se douter qu’il y a un problème.

Et il n’y a pas que Glamour : tout le monde a trouvé très bien cette pétition, absolument tout le monde. Sur le net, on retrouve partout des articles favorables à la bande dessinée en question, jusque sur des forums sur les aquariums, ou encore de chasse sous-marine…

Dans ce dernier cas, on peut par exemple lire l’explication suivante :

Même si nos apnées nous permettent pas d’y chasser, la mer est un ecosystème complet.

Ce n’est pas seulement notre loisir qui est impacté mais l’équilibre de notre planête.

Aussi choquant et lamentable que soient ces propos, ils sont parfaitement cohérents avec l’esprit de la pétition et de la bande dessinée. L’esprit est celui d’un appel « catastrophe », où les « tyrans » qui dominent de manière anonyme le monde mènent à la destruction, et où le bon peuple peut, sans se fouler et au moyen d’un clic, intervenir et affirmer son « refus ».

Les multiples remarques sur le net sont toutes d’esprit complotiste, alors que la destruction de la planète est en réalité partout ; il suffit de regarder par la fenêtre pour voir comment la Nature est attaquée. Nul complot dans cela: juste une manière de produire et de consommer, juste une certaine vision, erronée, de la Nature.

En ce sens, la pétition et la bande dessinée reflètent quelque chose de pourri, et rien d’écologiste. Dans un même registre, voici par exemple le commentaire élogieux que fait… Voile magazine :

Dans un premier temps, la pétition lancée par l’association Bloom pour obtenir l’interdiction du chalutage profond n’a pas obtenu un écho considérable. On peut supposer qu’elle ne touchait qu’un public déjà sensibilisé à la sauvegarde de la biodiversité marine, autant dire une cible finalement assez étroite à l’échelle du Web.

Et puis il y a eu cette petite bande dessinée militante réalisée par la talentueuse Pénélope. Un argumentaire très graphique, au ton humoristique mais pas satirique, concerné mais pas moralisateur, qui a fait un carton et porté la pétition des quelque 30 000 signatures où elle stagnait jusqu’à 749 635 ! L’objectif initial était de 600 000 signatures, il a été réévalué à 800 000 et pourrait bien être à nouveau dépassé…
Or 800 000 signatures, ce n’est pas rien.

Eh bien justement si, ce n’est rien, le vote au Parlement européen ne dépend en rien de pétition. Car les responsables politiques savent très bien que la bonne conscience, cela passe et puis ça s’oublie.

Une BD « humoristique », sans radicalité aucune, cela n’a rien de dangereux, c’est du divertissement. Et cela trompe les gens en leur donnant l’illusion qu’ils ont fait quelque chose du bien.

Le coup du « il faut du militantisme sympa et pas radical », pour « ne pas faire peur », « ne pas choquer », « ne pas culpabiliser » etc., c’est de la poudre aux yeux. Les faits sont des faits et l’humanité est en train d’assassiner la planète. Il n’y a pas à tergiverser, ou alors c’est qu’on est de mèche avec ceux qui détruisent et qu’on veut empêcher une révolution plus que nécessaire.

Un critère évident également pour évaluer un phénomène est de voir comment cela se développe. Une preuve que les signatures pour la pétition contre le chalutage en eaux profondes relèvent de l’irrationnel est que s’il y avait une base réelle, alors le mouvement se serait auto-dépassé et ne se serait pas arrêté en si bon chemin.

Cela n’irait pas forcément vers le véganisme, bien sûr, mais il existe une foule de causes diverses et multiples, notamment par exemple autour de cette question du chalutage en eaux profondes.

Comme le constate un article sur le net :

Aujourd’hui d’autres pratiques font beaucoup plus de ravages au niveau des écosystèmes comme la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (avec plusieurs milliers de palangriers asiatiques), la pêche avec des engins prohibés au niveau mondial (filets maillants dérivants utilisés par les Iraniens) et la pêche traditionnelle à la moustiquaire dans les mangroves ou les estuaires (Madagascar, Guinée Bissau, Sénégal, etc.).

Comme on le voit, ce ne sont pas les problèmes qui manquent, rien que sur ce point. Mais quand on voit les autres BD de la blogueuse ayant réalisé cette fameuse BD, on ne peut voir qu’un niveau plus qu’affligeant, avec une vision bisounours du monde et une culture vraiment anti-végan (elle justifie par exemple la pétition en disant que les poissons péchés n’intéressent personne, alors que les autres évidemment c’est différent…).

Tout cela relève de la bonne conscience et du divertissement. C’est l’un des aspects qui fait conséquence au rôle néfaste d’Europe écologie, au fait qu’en France on nie la Nature. Or, on ne peut pas défendre une cause écologiste en niant la Nature, sans inévitablement basculer dans quelque chose ne rimant à rien.

Est-ce que cela veut dire qu’il ne faille rien faire, en attendant de viser le maximum ? Pas du tout, cela veut simplement dire que tout ce qu’on fait doit faire boule de neige, et qu’il faut accepter que cela puisse prendre du temps. Boule de neige, et pas des petits coups de-ci de-là, de manière désordonnée!

L’échec de la campagne contre le chalutage profond

Ces derniers jours, le net a buzzé au sujet d’une sorte de petite bande dessinée plutôt bien faite et appelant de manière réformiste et non végane à s’opposer au chalutage profond, c’est-à-dire la pêche en eaux profondes. La voici, il suffit de cliquer pour agrandir les deux images (ou bien en cliquant ici et ).

L’idée de la BD, qui est tirée d’un simple blog de BD personnelle et égocentrique (« Ma vie est tout à fait fascinante« ), était de soutenir une pétition visant à faire pression sur les élus à l’occasion d’un vote au Parlement européen quant à l’interdiction du chalutage et des filets maillants au-dessous de 600 mètres dans les eaux européennes et dans l’Atlantique Nord-Est.

La pétition avait été lancée par une association pas du tout végane, qui demande d’ailleurs de  « consommer » seulement des poissons permettant… une pêche durable.

Il y a bien eu plus de 750 000 signatures, pour autant il y a quelques jours la proposition d’interdiction a été rejetée suite au vote au Parlement européen. Comment s’étonner? La campagne ne reposait que sur des « bons sentiments » sans esprit de conséquence… Car comment prétendre défendre l’océan, quand on le fait finalement par esprit utilitariste anthropocentrique?

« Il faut comprendre les animaux, mais sans sensiblerie »

Sur le site L’étudiant a été publiée hier une interview d’une vétérinaire, qui présente son métier. Il y a une question qui mérite particulièrement l’attention, de par la réponse donnée.

De quelles qualités faut-il faire preuve ?

Il faut une grande force de travail. Il n’y a pas que les consultations : on roule beaucoup, on téléphone pour prendre des nouvelles, on repasse à la clinique voir l’animal opéré…

Il faut donc être passionné. Il faut aussi être adroit, nos mains sont des outils précieux !

Et puis il faut comprendre les animaux, mais sans sensiblerie. Quand un chien doit être recousu, on ne peut pas se dire : « Le pauvre, il a mal. » On doit agir pour être performant.

Cela ne peut avoir l’air de rien, mais il y a dans ces dernières phrases une idéologie extrêmement puissante et dominante depuis 300 – 400 ans : celle qui considère que le critère de vérité est le résultat technique à court terme.

C’est une vision mécanique qui s’imagine que le vivant est compréhensible de manière mathématique. Quand la vétérinaire explique qu’il faut « agir pour être performant », elle prétend par là que la rapidité de l’action est essentielle et qu’elle demande forcément de mettre de côté tout le reste.

Bien entendu, il ne s’agit pas de remettre en cause la notion d’urgence. Il s’agit ici, au contraire, de comprendre que le principe même d’urgence présuppose la reconnaissance de la dignité du vivant.

Nous ne sommes plus au moyen-âge, ou bien au Far West, comme dans les films, où l’on doit amputer quelqu’un à la scie sans anesthésie.

En l’occurrence, le vétérinaire est tout à fait capable de donner des anti-douleurs ou de pratiquer une anesthésie mais surtout, et c’est là le point fondamental même si l’on ne peut rien faire, d’accepter la douleur, de la reconnaître, de ne jamais, absolument jamais, réduire le vivant à une question mécanique.

A ce titre, le terme de « sensiblerie » est odieux, d’une arrogance affreuse, et d’ailleurs absolument typique du vétérinaire ou du médecin blasé, qui à force de voir la souffrance, a fini par capituler et l’accepter tel quel, avec cynisme.

Quiconque a eu un rapport avec un vétérinaire sait à quel point cette tendance peut être marquée, forte, et triomphe inévitablement en raison d’une vision mécanique, répétitive.

Il est terrible de voir en 2013 un vétérinaire, comme dans l’interview citée, puisse oser expliquer que l’efficacité technique s’oppose à la sensibilité.

Cette conception, c’est celle de l’espion meurtrier, du gangster assassin, du tueur à gages. A aucun moment, on ne doit arriver à un point où l’on se dit :

on ne peut pas se dire : « Le pauvre, il a mal. »

On peut se dire : le pauvre, il a mal, mais malheureusement je ne peux rien faire, au pire. Mais nier la souffrance est une aberration, une abstraction intellectuelle. Et c’est très exactement là qu’on rejoint la conception de « l’animal-machine » fait par Descartes, qui se fonde sur son ridicule « je pense, donc je suis », etc.

La négation de la sensibilité au profit d’une pensée abstraite « pure » est le grand ennemi de la morale, et de la science, en général, mais encore plus en France.

Même les gens qui défendent les animaux basculent dans des raisonnements pragmatiques et utilitaristes, sans vue d’ensemble, sans reconnaissance de la sensibilité qui, si elle était authentique, en arriverait à la reconnaissance de la Nature.

Les gens qui nient la Nature sont les mêmes qui parlent de « sensiblerie », qui se prétendent « au-dessus » de la réalité sensible au moyen d’une pensée « pure », au nom d’une « technique » qui serait au-dessus de la réalité elle-même.

Quand une plaie est recousue, n’est-elle pas une partie d’un chien ? N’est-ce pas le chien qui doit être sauvé ? Pourquoi séparer la plaie du chien ? Pourquoi séparer l’opération du chien lui-même ?

On comprend tout à fait, quand on voit cela, pourquoi les vétérinaires acceptent par définition la vivisection. La « priorité » l’emporte sur le sensible. Et cela, c’est inacceptable !

« Qui proposent de réfléchir en terme d’arbitrage »…

Voici un article tellement mauvais qu’il en est pathétique, affligeant: c’est une démonstration de la barrière intellectuelle et morale qui borne les « philosophes ». En l’occurrence, c’est le rédacteur en chef de « Philosophie magazine » qui l’a écrit et qui a été publié dans le numéro de décembre. Nous ne reproduisons ici que la partie « philosophique », qui suit une présentation du « manifeste » – pétition organisée par 30 millions d’amis (voir « Manifeste » sur le statut juridique des animaux en France).

L’auteur mélange ici absolument tout, ne comprend pas ce qu’il raconte, bricole des conceptions inexistantes afin d’arriver à faire à croire qu’il comprend quelque chose. Tout cela pourquoi? Parce qu’il n’y aucune pratique, aucune morale: la « philosophie » est ici pure abstraction.

Cette pétition marque la (timide?) émergence, dans le débat français, de la question du droit animal.

S’il existe, aux États-Unis, de nombreux philosophes qui militent pour que l’on donne des droits aux animaux, leurs points de vue divergent. Certains ont une approche déontologique (du grec deon, « devoir »), d’inspiration kantienne. Pour Emmanuel Kant, un être humain ne peut jamais être considéré seulement comme un moyen, mais toujours aussi comme une fin en soi.

Ce respect dû à l’humanité, les déontologues proposent de l’étendre à l’ensemble des êtres vivants doués de sensibilité, qui sont donc « sujets-d’une-vie », selon l’expression de Tom Regan – auteur d’un livre de référence, Les Droits des animaux, qui date de 1983 mais dont la traduction française vient de paraître aux éditions Hermann.

Cela inclut donc les mammifères, les oiseaux et les poissons, mais pas les insectes ni les microbes.

D’autres prônent une approche utilitariste: celle-ci propose d’organiser la société de façon à maximiser le bien-être collectif, en incluant dans ce collectif les êtres humains mais aussi les autres vivants doués de sensibilité.

La figure de proue de ce mouvement est Peter Singer, auteur de la Libération animale (1975). Si Singer est favorable au droit des animaux, notamment dans le cas des grands singes, c’est seulement afin de faire avancer la cause.

Sur le fond, l’utilitarisme est moins enclin à raisonner en termes juridiques qu’à faire des arbitrages au cas par cas.

Ainsi, on peut selon Singer tuer des animaux pour protéger le bien-être des humains (dératiser une maison ou abattre un chien enragé), mais, inversement, on peut choisir de sauver des animaux bien portants plutôt que des humains gravement handicapés (par exemple, en cas de manque d’eau potable). Cette dernière affirmation a, bien sûr, été violemment critiquée.

En dernier lieu, les écoféministes, les théoriciens du care ou encore Élisabeth de Fontenay en France invitent à rompre avec la froideur rationnelle des approches déontologiques et utilitaristes, et préconisent de s’en remettre au sens commun, à la sagesse de l’amour, aux sentiments moraux que nous éprouvons envers les animaux.

De ces trois approches, seule la première est consistante pour créer un nouveau statut juridique de l’animal.

Cependant, les deux autres – qui proposent de réfléchir en terme d’arbitrage ou en tenant compte des liens affectifs qui se forment entre hommes et bêtes – seraient, dans un second temps, indispensables aux juges pour appliquer la loi avec discernement.

On voit très bien dans cette pseudo explication que l’auteur n’imagine pas que la libération animale puisse être un concept. Son horizon, c’est celui de la philosophie en classe de terminale: un gloubi boulga abstrait et contradictoire, n’engageant à rien mais permettant de faire semblant de briller intellectuellement.

Car quelle est la seule chose qui est ici retenue dans la question animale par l’auteur? Voilà tout ce qu’il dit: il y aurait des gens vaguement sérieux – car proches du philosophe libéral Kant – posant une question juridique, tandis que d’autres zozos trop sensibles et surtout des femmes seraient vaguement utiles pour qu’un juge comprenne éventuellement ce qui se passe.

Cela ne va pas plus loin. La réalité sensible est niée, effacée. L’anthropocentrisme et le confort intellectuel bourgeois apparaissent comme des limites infranchissables. C’est tout simplement affligeant.

Mais cette pathétique réduction à des sortes de remarques philosophico-juridiques est logique car il s’agit d’un recyclage des multiples thèses de ce type mises en avant par L214, Droit des animaux, etc. Tout ce qu’on retient de cet argumentaire dénaturé et réformiste, c’est non pas les animaux eux-mêmes, bien sûr, mais une sorte de pseudo évolution juridique qui dans le meilleur des cas prendrait plusieurs centaines d’années…

La planète est en train d’être assassinée et ces gens veulent qu’on se cantonne dans le droit d’une société soutenant les destructions…

« Réduction » et « compensation » de l’impact d’une ligne de métro à Rennes

Voici une présentation par le journal 20 minutes de comment des mesures écologistes sont prises lors de la construction d’une seconde ligne de métro à Rennes.

Cela a le mérite d’exister, mais ce qu’il est nécessaire de voir, c’est qu’il n’existe ni vérifications, ni contre-pouvoirs de la part de gens ayant des valeurs différentes, et surtout pas les entreprises comme employeurs…

Si la construction de la seconde ligne de métro a des incidences sur l’activité humaine, il en sera de même pour les animaux qui peuplent l’agglomération. Pour éviter qu’elles ne désertent leur habitat, les petites bêtes seront accompagnées par un écologue.

Il sera chargé de mettre en place « des mesures de réduction et de compensation des impacts du projet sur la faune et la flore », selon Thierry Courau, directeur de communication de la Semtcar, qui pilote le chantier de la ligne B.

Une mission qui sera assurée par Paul Bernard, écologue spécialiste de la faune au sein du bureau d’études DM Eau, basé à Janzé.

Parmi ses premières actions, l’installation d’une trentaine de nichoirs pour les oiseaux et les chauves-souris qui seront réparties sur l’ensemble de la ligne.

« Pour pallier à la destruction des arbres, nous allons récréer des habitats artificiels pour ces espèces », détaille Paul Bernard.

Au total, ce sont près de 1 000 arbres qui vont être abattus le long du tracé, la métropole s’étant engagée à en replanter plus.

Des clôtures seront par ailleurs érigées pour empêcher les populations d’amphibiens (salamandres, tritons et grenouilles) d’accéder aux zones de travaux.

Il est nécessaire de voir que ces mesures ne visent jamais à protéger les animaux en tant que tels, mais dans la logique dominante, à préserver la « biodiversité. » L’esprit est utilitariste, pas du tout écologiste !