Les commentaires édifiants de l’article du Monde

L’article du journal Le Monde concernant la condition animale est tellement lamentable, qu’évidemment les anti-animaux s’en sont donnés à coeur joie.

C’était un peu fait exprès, il faut dire, parce que forcément quand on défend les animaux, soit on a une vision du monde complète et on rembarre le reste, soit on se met en position de faiblesse sur tellement de points que forcément on se fait rattraper par l’idéologie dominante…

Le journal Le Monde ne pouvait pas ne pas le savoir, et tout cela l’arrange bien pour sa défense du catholicisme « de gauche »!

Voici donc quelques commentaires ô combien parlant pour illustrer les réactions à l’article.

Il y a ainsi la posture classiquement libérale, et d’ailleurs tant Le Monde que L214 ne savent pas dépasser ce point de vue traditionnellement bourgeois des 18ème-19ème siècles:

Nos philosophes oublient que, PHILOSOPHIQUEMENT, tout être humain est libre : libre de faire travailler un animal, de le diviniser (Apulée, L’Âne d’or), de lui imposer sa loi (rester toujours prisonnier en sa compagnie), de l’habiller de vêtements humains (manteaux), de le ridiculiser (Pirandello, « La Brouette »), de le martyriser (Maupassant, L’Âne), de le tuer et même de le manger. L’homme est même libre de le faire souffrir. Que cela ne plaise pas à tout le monde est une autre affaire.

Il y a l’inévitable relativiste qui s’imagine au-dessus de la mêlée alors qu’il n’a rien compris:

Est ce que vous vous rendez compte des conneries que vous écrivez? Mangeurs d’animaux comme veg. Qui sont les plus extrémistes? D’un côté, les carnivores partent au front parce que soit-disant les vég veulent leur retirer une liberté. Ils ont oublié qu’ils ont eux mêmes contribué à enlever le droit aux vég de l’être. De l’autre, des végétariens très violents contre ceux qui mangent de la viande… Essayez de comprendre l’autre bordel!!

Il y a celui qui arrive avec son vécu, en s’imaginant fin observateur:

Oui, mille fois oui,dans mon enfance, on tuait à la maison, le poulet, le lapin, le cochon, l’agneau. On achetait aussi un veau à plusieurs et on emmenait les enfants dont moi au petit abattoir assister à l’exécution. Je sais tuer un poulet, un lapin, pas un cochon ni un agneau. Je n’éprouve aucune répulsion et aucun plaisir. Je commettais à l’époque un acte utile. D’ailleurs, on récupérait le sang que ma grand-mère cuisinait pour moi. C’était délicieux sur une tranche de pain et un petit piment.

Toujours du même, cette fois en mode bien facho terroir:

Je me souviens du cri du cochon qu’on tuait par une journée grise d’automne. Un vent chaud du sud soufflait dans la vallée. On le dépeçait, on faisait des saucisses, du boudin, du pâté, des rillettes. Ca sentait bon, c’était la fête. Le soir on avait droit, les enfants, à un gros morceau de viande bien grillée. Il y avait un gros gâteau. Les jambons recouverts de piment étaient pendus au plafond. Il y avait comme une sérénité dans cette montagne : on ne connaîtrait pas la faim. Heureux temps!

Il y a… eh bien, le végétarien quoi:

C’est la phrase qui m’avait enervé dans ce reportage, je suis végétarien mais je n’en veux pas aux non végétariens, ils font ce qu’ils veulent! Ca regarde chacun.

Il y a le type qui se croit marrant en faisant la blague du type compréhensif qui se révèle à la fin:

Ma pauvre mémé, elle m’encourageait à manger un bon steak pour être costaud ou bien un bon  » poultiaud » comme elle disait avec son accent de Touraine. C’est vrai qu’elle avait vécu la guerre. Dans tous les cas il ne faut pas d.excès et là messieurs les penseurs végétariens vous êtes excessifs. Moi ce soir je mange du foie malade (foie gras) et un bon canard (d’élevage) au sang. Après quelques jours de diète je m’en irai tuer un sanglier pour m’en faire de la daube. Bon appétit et joyeux Noël

Il y a le terroriste intellectuel, pratiquant l’intimidation et le coup de la « folie »:

D’autres encore expliquent leur dégoût de la viande par un traumatisme subi pendant leur enfance; (l’un d’entre eux m’a expliqué avoir assité au « meurtre » d’un oiseau) Un autre m’a dit que pour lui manger un gigot d’agneau (succulent avec des flageolets) c’était pour lui comme manger du cadavre. Là je comprends mieux et je compatis, mais on est dans le domaine de la psychiatrie.

Le bourgeois traditionnel, plein de morgue et d’attitude hautaine:

Je connais quelques végétariens; à table ils sont souvent ennuyeux et se font remarquer plus ou moins ostensiblement par la pratique rigoureuse de leur religion. Par ailleurs sans vouloir être moi-même excessif, leur dégoût de la viande s’accompagne souvent de sectarisme. On y trouve mêlés de l’écologie et aussi un regret d’être contraint de vivre dans une société qui ne leur convient guère; ou encore, un rejet visceral, comme pour la viande, de la hiérarchie et de l’autorité.

Le bourgeois, mais de gauche, et s’imaginant même très à gauche:

les prétendus penseurs nous gonflent tout simplement. que l’on se préoccupe des conditions d’élevage et d’abattoir, rien de plus normal car on y constate des horreurs non justifiables. mais qu’on remette en cause le caractère omnivore de l’être humain me consterne. Désolé, mais je tiens à mon steak bien saignant et je préfère qu’on s’intéresse à la disparition des hommes voyous en cols blancs ou des malades religieux qui massacrent leurs congénères, cela, oui est odieux!

Bien sûr, il y a le social-darwiniste:

Un Lynx a bien le droit de dévorer un agneau sans subir de leçons de morale, pourquoi un Homo , carnivore parmi les carnivores aurait il moins de droits qu’un Lynx ?

Il ne faudrait pas oublier celui qui a compris la menace vegan straight edge et fait l’éloge de son égocentrisme pseudo-agréable et en réalité totalement anti-naturel:

je ne lis ici aucun commentaire qui simplement fasse référence au PLAISIR de déguster une bonne viande grillée ou bien préparée. les francais auraient-ils oublié l’art de la cuisine et le fait qu’on ne se nourrit pas seulement pour subsister! je trouve cela consternant de ne parler que du besoin en protéines ou autres apports. c’est le même refus de goûter aux bonnes choses sur terre que celui de fumer un bon cigare et boire un bon armagnac. non, à une société de robots bouffeurs de salades!

Ici, tout est dit. Pour ces gens, le projet vegan straight edge, c’est une « société de robots bouffeurs de salades ». Parce que pour eux, l’individualité ne peut s’exprimer que dans l’aventure « personnelle » à la mode de l’existentialisme.

Innombrables sont les films et romans racontant comment un individu s’arrache à un monde robotisé se voulant sain: THX1138, 1984, The Island, Le meilleur des mondes, etc. etc.

C’est le propre de l’idéologie dominante, et c’est le paradoxe: dans une société où tout est façonné par les grandes entreprise qui décident ce qui est produit et ce qui est consommé, les individus s’imaginent libres de leur choix et exister de manière irréductiblement différente les uns des autres…

Les réactions à l’article du monde, aussi écoeurantes qu’elles soient, doivent donc nous rassurer: ces gens ont peur, ils savent que la libération animale est la grande actualité du 21ème siècle, ils savent qu’ils vont être balayés!

L’hypocrisie du Monde par rapport aux animaux

« Tuer les animaux, c’est mal, mais j’aime trop les lasagnes »: la contradiction de tels propos saute aux yeux. C’est incohérent, et par conséquent une telle pensée n’a pas de sens. Quelqu’un dit cela est disqualifié d’office.

Pourtant, le quotidien Le Monde a publié un long article, intitulé « La philosophie à l’épreuve de la viande ». Et les gens qui « défendent » les animaux suivent cette démarche incohérente consistant à dire: je pose un problème mais de toutes manières moi-même je n’y réponds pas et je n’appelle à personne à le faire.

C’est-à-dire que le journal Le Monde – lié au catholicisme comme tout le monde le sait ou devrait le savoir – se permet de donner la parole non pas aux personnes favorables au véganisme, mais aux gens qui justement le réfutent, tout en prétendant poser la question animale sous un jour progressiste.

En faisant ainsi, le journal Le Monde fait le contraire de partout dans le monde, car bien évidemment, il n’y a qu’en France où un tel procédé grossier ne choque pas. La France est le dernier pays « occidental » où la question animale est tellement brûlante que le terme « vegan » ne dépasse pas les pages fashion d’articles pour les bobos.

Et le journal Le Monde contribue à cette entreprise de démolition de la libération animale, dans le même esprit que l’association L214. Et il faut des réformes, et la morale de chacun suit son rythme lent, et patati et patata.

Ce qui passe naturellement par une vision historique propre aux quartiers bourgeois: aucune culture humaine depuis 2000 ans n’aurait pas été carnivore (pas de jaïn, pas de bouddhisme indien, pas de Bishnoïs, etc.),  ignorance de la classe ouvrière anglaise qui rejette la vivisection à la fin du 19ème siècle, l’ALF apparaissant dans les années 1970 n’en parlons même pas, etc.

La philosophie à l’épreuve de la viande

LE MONDE CULTURE ET IDEES | 24.12.2014 à 12h36 • Mis à jour le 29.12.2014 à 11h29 |

Certes, la Journée internationale sans viande (Meat Out Day), fixée chaque année autour du 20 mars, suscite l’intérêt croissant du grand public et des médias. Certes, scientifiques et politiques sont chaque jour plus nombreux à dénoncer l’aberration pour l’environnement que représente la production mondiale de viande (302 millions de tonnes en 2012, soit cinq fois plus qu’en 1950), l’une des grandes causes de la déforestation, du réchauffement climatique et de la pollution de la planète. Certes, de grands chefs cuisiniers prennent position, tel le Français Alain Ducasse, qui a supprimé la viande de la carte du Plaza Athénée, son restaurant parisien. Certes, le nouveau livre du moine bouddhiste Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux, est un joli succès de librairie… Et après ?

Après, rien. Ou presque. On sait, et on continue. On évoque avec pessimisme la crise écologique, on s’indigne du scandale des élevages industriels, mais on ne renonce pas à son bifteck. Ni à sa dinde de Noël. Tout juste réduit-on un peu sa consommation… Mais si peu ! Un effort infime au regard de l’essor fulgurant qu’a connu l’industrie de la viande depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En France, alors que la population est passée de 40 millions d’habitants à près de 70 millions aujourd’hui, la quantité de viande consommée par personne a presque doublé entre 1950 et 1980, grimpant de 50 à près de 100 kg par an. Elle a, depuis, légèrement régressé, mais avoisine toujours les 90 kg par personne et par an. Soit près de 500 000 bovins, ovins et porcins tués chaque jour dans les abattoirs, tandis que les végétariens plafonnent à 2 % de la population.

« Défi majeur à la cohérence éthique des sociétés humaines »

« Tous les ans, 60 milliards d’animaux terrestres et 1 000 milliards d’animaux marins sont tués pour notre consommation, ce qui pose un défi majeur à la cohérence éthique des sociétés humaines », constate Matthieu Ricard. Dans un livre choc paru en 2011, le romancier américain Jonathan Safran Foer allait plus loin encore. Faut-il manger les animaux ?, s’interrogeait-il à l’issue d’une longue enquête, en partie clandestine, dans cet enfer insoutenable qu’est l’élevage industriel. « Les animaux sont traités juridiquement et socialement comme des marchandises », conclut-il. Nous le savons tous, comme nous devinons tous l’horreur des traitements qu’on leur inflige. Sans vouloir nous en souvenir. Car c’est un fait : « La majorité des gens semble avoir accepté le fait de manger les animaux comme un acte banal de l’existence. »

En avons-nous moralement le droit ? Le 30 octobre, l’Assemblée nationale adoptait un projet de loi visant à reconnaître aux animaux, dans notre Code civil, le statut d’« êtres vivants doués de sensibilité ». Pouvons-nous, pour notre plaisir ou par simple habitude, faire souffrir et mourir des êtres vivants capables de souffrance, d’émotions, d’intentions, alors même que notre survie alimentaire n’est pas en jeu ? Et si non, pourquoi continuons-nous à le faire ? Pour tenter de comprendre, nous avons voulu interroger la philosophie. Et nous devons avouer notre surprise : la philosophie, jusqu’à un passé (très) récent, ne s’est jamais posée cette question. Elle ne s’est jamais demandé si cette pratique était acceptable. C’était une évidence.

« Tuer les animaux pour les manger, cela allait de soi. On n’en parlait même pas »

« Dans l’Antiquité grecque, on ne pouvait pas tuer un animal ni manger de la viande n’importe comment, tempère la philosophe Elisabeth de Fontenay, auteur de l’ouvrage somme Le Silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité (Fayard, 1999). Pour les Anciens, comme pour Aristote et Platon, cette pratique était très codifiée par les sacrifices religieux. Mais tuer les animaux pour les manger, cela allait de soi. On n’en parlait même pas. » A quelques exceptions près : Pythagore (571-495 av. J.-C.), pour qui tuer un animal pour le manger était un crime ; et longtemps après, Plutarque (45-120 apr. J.-C.), dont le traité S’il est loisible de manger chair est un vibrant plaidoyer pour l’abstinence de nourriture carnée. Mais, dans leur immense majorité, les Anciens ne se sont intéressés à l’animal que pour démontrer combien l’homme en était différent. Combien il leur était supérieur.

C’est ce qu’on nomme l’humanisme anthropocentrique : une conception fondée sur l’idée de l’exceptionnalisme humain, que la tradition judéo-chrétienne n’a fait que renforcer. Notamment le christianisme, selon lequel la bête a été créée pour le bien de l’homme, centre et maître de la création. Toute la tradition philosophique occidentale sera marquée par cette coupure ontologique entre l’homme et l’animal. Et il faudra attendre Jacques Derrida, et sa déconstruction du propre de l’homme, pour qu’enfin la question soit posée : comment a-t-on pu à ce point légitimer la violence envers l’animal ? Précisément en le nommant « l’animal », plutôt que de parler des animaux, répond-il. Car « l’animal » n’existe pas, si ce n’est pour désigner l’ensemble des vivants pouvant être exploités, tués et consommés hors du champ de la morale et de la politique. Le meurtre de « l’animal » n’est pas reconnu comme tel. Alors qu’il y a bel et bien « crime contre les animaux, contre des animaux ».

Comme Derrida, Elisabeth de Fontenay l’affirme : « Il n’y a aucun fondement philosophique, métaphysique, juridique, au droit de tuer les animaux pour les manger. C’est un assassinat en bonne et due forme, puisque c’est un meurtre fait de sang-froid avec préméditation. » Elle-même, pourtant, n’est pas végétarienne. « Je n’en suis pas fière, mais comment faire autrement ? Je ne mange pas de la viande tous les jours, mais j’adore les lasagnes ! J’adore la sauce tomate à la bolognaise ! Les goûts de chacun, c’est compliqué. C’est idiosyncrasique, c’est l’histoire de l’enfance… » Elisabeth de Fontenay a le courage de cette contradiction majeure, qu’elle analyse à l’aune de notre histoire. « Manger de la viande, c’est un héritage du néolithique ! Vous vous rendez compte ? Du néolithique ! Et toutes les cultures, toutes, sont carnivores ! » Même en Inde, où le végétarisme hindouiste compte nombre d’exceptions.

Changer une habitude plurimillénaire, source de protéines animales et d’un plaisir gustatif singulier ? S’interdire l’accès à un aliment qui, de tout temps, fut considéré comme un mode de distinction sociale ? Pas si facile. Cela coûte du temps, de l’argent, cela oblige dans nos sociétés modernes à se priver d’innombrables produits fabriqués. Pour une famille nombreuse à revenus modestes, cela frise vite le sacerdoce. « Je peux très bien comprendre que certains trouvent trop compliqué d’être végétarien, et que ces mêmes personnes affirment être contre le fait d’élever les animaux pour les tuer », estime la philosophe Florence Burgat, devenue végétarienne « après avoir été hypercarnivore ». « Cela ne me semble pas incohérent. Beaucoup tentent de réduire leur consommation de viande, ou de la rendre plus éthique. L’important est de tendre vers quelque chose. »

Auteur de plusieurs ouvrages sur la question animale, elle consacrera son prochain ouvrage à « l’option carnivore de l’humanité ». Car une question la fascine. « Nous sommes une espèce omnivore, ce qui signifie que nous avons le choix de notre alimentation, rappelle-t-elle. Pourquoi alors l’humanité, au moment où elle arrive à un niveau de développement suffisant pour s’émanciper de l’alimentation carnée – vers la fin du XIXe siècle, quand les connaissances scientifiques et techniques libèrent les bêtes d’un certain nombre de tâches, et que surviennent les premières lois de protection des animaux –, pourquoi fait-elle au contraire le choix de l’instituer ? De l’inscrire dans les techniques, dans les pratiques ? » Un droit désormais devenu, dans la plupart des pays dont le développement le permet, celui de manger de la viande tous les jours.

Depuis quand ? Symboliquement depuis 1865, date à laquelle furent inaugurés les abattoirs de Chicago. En 1870, les Union Stock Yards (littéralement, les « parcs à bestiaux de l’Union ») traitaient déjà 2 millions d’animaux par an. En 1890, le chiffre était passé à 14 millions, dont la mort et le dépeçage fournissaient du travail à 25 000 personnes – Ford, dans ses Mémoires, affirme s’être inspiré de ces abattoirs pour créer sa chaîne de montage à Detroit. C’est ainsi, aux Etats-Unis, que démarre véritablement la démocratisation de la nourriture carnée. Et la production de masse d’une viande issue de ce que l’historien américain Charles Patterson, dans son ouvrage Un éternel Treblinka (Calmann-Lévy, 2008), qualifie de génocide animal. Un génocide qu’il n’hésite pas à comparer à celui du peuple juif dans les camps de concentration nazis.

C’est aussi ce que fait le philosophe Patrice Rouget, auteur d’un récent essai sur La Violence de l’humanisme. « Cette passerelle tendue d’entre deux horreurs est installée aujourd’hui, écrit-il. Des noms dignes de respect, non suspects de mauvaise foi ou de parti pris idéologique, l’ont bâtie pièce à pièce pour que nous osions la franchir. Singer, Lévi-Strauss, Derrida, Adorno, Horkheimer, des victimes revenues des camps de la mort y ont apporté leur contribution. » Ce qui fait de l’extermination perpétrée par les nazis un événement irréductible à tout autre événement de l’Histoire, et ce qui rapproche ce crime de masse de l’enfer de l’abattoir, c’est le processus industriel qui est à l’œuvre. Un processus qui, à la différence des autres génocides, rend le meurtre « identiquement interminable, au moins dans son principe ».

Qu’ils soient végétariens ou « carnistes », tous les philosophes s’accordent donc sur ce point : la production et la mise à mort des bêtes à la chaîne sont une abomination, indigne d’une civilisation évoluée. « Le problème éthique majeur aujourd’hui, ce n’est pas celui de la consommation de viande, affirme Dominique Lestel, philosophe et éthologue à l’Ecole normale supérieure de Paris. C’est l’ignominie de l’élevage industriel. Il y a une dégradation non seulement de l’animal, mais aussi de l’humain à travers ces pratiques. » Auteur d’une provocante Apologie du carnivore, il estime cependant que les végétariens « éthiques » – ceux qui refusent de manger de la viande au nom de la souffrance des bêtes et de leur droit à la vie –, se trompent de cible en s’obstinant à combattre « le méchant carnivore ».
Le concept de la « viande heureuse »

« Par rapport à l’enjeu qu’est la fermeture des élevages industriels, ces végétariens éthiques seraient infiniment plus efficaces s’ils s’alliaient avec ce que j’appelle les carnivores éthiques : des carnivores qui refusent de manger de la viande industrielle, ou qui considèrent que cela ne se fait pas à n’importe quel prix, ni de n’importe quelle façon, précise-t-il. La moindre des choses que l’on puisse faire pour un animal que l’on tue, c’est de le cuisiner convenablement… C’est-à-dire avoir un rapport avec cet animal mort qui n’est pas celui que l’on a face à une barquette de supermarché. » Dominique Lestel, et il n’est pas le seul, opte pour le concept de la « viande heureuse » – une viande provenant d’animaux bien élevés, bien tués, que nous pourrions ainsi consommer en toute bonne conscience. Un compromis auquel Florence Burgat s’oppose totalement.

« Quelle que soit la manière dont on s’y prend, la violence qui consiste à tuer les animaux pour les manger demeure, observe-t-elle. Elle renvoie à la question de fond : qui sont les animaux ? Est-ce que le fait de vivre leur importe ? Pourquoi tuer un homme serait grave, et pourquoi tuer un animal ne le serait pas ? Je n’arrive pas à comprendre ce qui motive cet argument, et je le comprends d’autant moins que les animaux d’élevage, y compris en élevage bio, sont tués très jeunes. Qu’est-ce que cela signifie d’offrir à des bêtes de bonnes conditions de vie dans laquelle elles peuvent s’épanouir, puis de les tuer en pleine jeunesse ? » Vinciane Despret, philosophe à l’université de Liège (Belgique), n’explique pas cette contradiction manifeste. Mais elle rappelle que « l’acte de manger est un acte qui requiert de la pensée », et que la mise en œuvre de cette pensée a été précisément supprimée par notre alimentation moderne. Ce qui a permis que soit instaurée, « sans plus de révolte, la folie furieuse que constitue l’élevage industriel ».

« Au fur et à mesure des années, ce qui constituait un animal domestique vivant a progressivement disparu de tout état de visibilité », souligne-t-elle. La plupart des gens ne mangent plus que sa chair – laquelle, une fois dans l’assiette, évoque de moins en moins la bête dont elle vient. Le comble est atteint avec le hamburger : à Chicago, une étude a mon­tré que 50 % des enfants des classes moyennes ne faisaient pas le lien avec un animal. « La conséquence de cette logique, qui est en connivence avec l’élevage industriel, c’est que l’acte de manger est devenu totalement irresponsable : c’est un acte qui ne pense pas », conclut Vinciane Despret.

Penser plus, donc, pour enrayer cette tuerie et ces souffrances de masse ? Et manger moins de viande, bien sûr. Mais encore ? Fermer les élevages industriels ? A moins de se payer de mots, il n’y a guère d’autre solution. Mais il s’agirait d’une solution ultraradicale. Supprimer la production intensive et favoriser l’élevage artisanal, même en augmentant les surfaces dévolues aux bêtes, cela reviendrait à disposer d’une quantité de viande infinitésimale à l’échelle des 7 milliards de personnes qui peuplent la planète. A en faire à nouveau un mets de luxe, rare et accessible seulement à une petite partie de la population… L’inverse de la poule au pot du bon roi Henri IV, en quelque sorte. Pas très satisfaisant pour qui espère réduire les inégalités.
La planète ne pourra pas supporter longtemps les humains et leurs élevages

Reste une évidence, non plus philosophique mais écologique : au train où s’épuisent nos ressources naturelles, la planète ne pourra pas supporter longtemps les humains et leurs élevages. En 2001, alors que l’épidémie d’encéphalopathie spongiforme bovine (EBS) battait son plein, Claude Lévi-Strauss publiait un texte magnifique, La Leçon de sagesse des vaches folles (revue Etudes rurales, 2001). Citant les experts, il y rappelait que « si l’humanité devenait intégralement végétarienne, les surfaces aujourd’hui cultivées pourraient nourrir une population doublée ». Les agronomes se chargeraient d’accroître la teneur en protéines des végétaux, les chimistes de produire en quantité industrielle des protéines de synthèse, les biologistes de fabriquer de la viande in vitro – elle existe déjà en laboratoire.

Mais alors, plus de bêtes ? C’est ce que redoute Jocelyne Porcher, ancienne éleveuse devenue sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui vient de coordonner un Livre blanc pour une mort digne des animaux. Un avenir sans élevage est un avenir sans animaux, du moins sans ces animaux avec lesquels nous avons une relation de travail, prévient-elle. Ce qui ne convainc guère la philosophe Anne Frémaux, auteur de La Nécessité d’une écologie radicale (Sang de la Terre, 2011). « C’est là un argument qui s’appuie sur la préférence abstraite pour l’existence plutôt que la non-existence, et qui ne prend pas en compte la vie réellement et concrètement vécue par l’individu », estime-t-elle, en suggérant de réensauvager les animaux domestiques et d’agrandir l’espace dévolu aux espèces naturelles.

Florence Burgat, elle, n’en démord pas : « Tant que l’homme mangera les animaux, rien ne pourra changer dans sa conduite envers les autres hommes. On ne peut pas éduquer à la non-violence envers son prochain quand des espèces très proches de nous restent tuables. »

Les « adorateurs des merveilles de Gaïa » et la ZAD

Voici un article très construit, avec une argumentation étayée bien que parfois un peu (voire franchement) obscure, intitulé « Devant, et sur les flancs. (Lettre un peu péremptoire mais amicale au mouvement zadiste) ». Il s’agit d’une de ces multiples lettres ouvertes qui sont une tradition dans la scène anarchiste, et qui servent d’aiguillons sur le plan des idées.

L’idée est très simple: il n’a échappé à personne que les zadistes n’ont aucun projet de société en tant que tel, et qu’en pratique ils risquent rapidement de terminer en ex-bras armé d’EELV priés de se recycler dans autre chose.

L’article tente ici de formuler une option concrète: ne pas faire des ZAD un fétiche mais se transformer en alternative de transformation de toute la société. En gros, éviter de se faire happer par un réformisme néo-rural ainsi que par les bobos.

Il y a ici le mérite de chercher une option globale et de ne pas s’enfermer dans des zones restreintes. Sauf que, malheureusement, cela ne va pas jusqu’à une vision du monde, et on ne dépasse pas la critique sans projet du capitalisme. Au point que l’article explique qu’il ne faut pas s’embarrasser de l’image que donne la ZAD, comme par exemple l’image « d’adorateurs des merveilles de Gaïa ».

Sauf qu’alors, c’est quoi le projet de société? Renverser le capitalisme très bien, mais pour faire quoi, si ce n’est une humanité en harmonie avec la Nature?

« Les classes moyennes […] ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices ; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels ; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat. » (Manifeste du Parti Communiste, 1848)
« Il réfléchit et commence à comprendre » (Kashima paradise,1973)

Après avoir annoncé d’une seule voix la création d’un « nouveau Sivens » à Roybon, dernièrement la presse a tenté de comprendre qui étaient ces zadistes de Chambaran. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, que veulent-ils ? Malgré le regain de tension avec certains habitants, elle s’est peu penchée sur une autre question, non moins cruciale : qui sont les « pro ». Qui sont ces locaux qui soutiennent les chantiers du Center Parcs à Roybon, du barrage à Sivens, ou de la LGV Lyon-Turin du côté de la Maurienne, pour ne prendre que des exemples médiatiques et récents. Ce que les journalistes ne font pas, faisons-le nous-mêmes : essayons de comprendre.

Allons-y. Hypothèse n°1 : ce sont tous des fascistes, des mafieux, des ripous ? Non, on conviendra que c’est un petit peu plus compliqué. Alors prenons les choses autrement, commençons par nous demander ce qu’ils ne sont pas, et par définir les forces en présence dans le conflit des nouvelles ZAD. Ce texte propose de profiter du répit relatif dont nous disposons, suite à la mort d’un camarade, et grâce aux demi-victoires juridiques des écologistes et des légalistes, pour forger notre analyse et notre discours politique. Car d’autres ne nous attendront pas pour parler à notre place.

1. Le Parti du Progrès progresse partout.

Revenons un instant dans les années 80 : après une phase de grandes luttes sociales, le reflux politique impose de trouver de nouvelles formes de subversion. À la marge du système, des militants et des artistes ouvrent des brèches dans les grandes villes en voie de désindustrialisation, où les bâtiments vides ne manquent pas : c’est l’expansion du mouvement des squats politiques et culturels. C’est aussi le début d’un processus qui portera, 20 ans plus tard, à l’implantation d’une nouvelle bourgeoisie dans les faubourgs. Le modèle de la gentrification des quartiers populaires est bien connu aujourd’hui, et peut être résumé comme ça :

Squat et modes de vie alternatifs > Abandon des luttes sociales et populaires, prédominance de la culture, de l’écologie et de la technologie attirant la petite bourgeoisie > Flambée immobilière et embourgeoisement.

Ces forces sont hétérogènes, le phénomène n’est pas linéaire, et les groupes sociaux qui y participent sont parfois concurrents, voire opposés. Mais chaque phase est sous-tendue par un même fil rouge, une même idéologie (d’après moi, celle de la cybernétique, de la gouvernance, c’est à dire de l’organisation optimale du corps social, sous des formes différentes telles que l’ingénierie sociale, ou l’écologie). Résultat du processus : l’émergence d’un nouveau groupe social à fort capital immatériel, qui engage une guerre de classe dans l’espace, puis l’emporte à la fois géographiquement et politiquement.

Cette classe sociale qui émerge puis s’impose (à Grenoble, nous l’appelons parfois ironiquement celle des « écotechs »), c’est ce que nous pourrions définir comme « le nouveau Parti du Progrès », ou plus précisément « la nouvelle avant-garde du P.d.P. ». Elle se nourrit de culture (de gauche, libérale), d’écologie (soft) et de (high) technologie, de préférence au sein de la métropole. Elle est individualiste, mais dit le contraire, et sait défendre ses intérêts de classe. Son progrès est celui de la croissance verte et du capitalisme 3.0., celui qui assure la continuité du système et ne réserve au peuple que chômage et consommation factice. Elle a déjà gagné beaucoup de terrain dans les grandes villes, et repoussé les pauvres dans les campagnes rurbaines.

Imaginons un instant – pure fiction – qu’une partie de cette avant-garde, déjà un peu à l’étroit en ville, commence à s’étendre au-delà des métropoles, et que certains conflits – au hasard, par exemple, les nouvelles luttes locales et parmi elles les ZAD – leur serve d’avant-poste pour s’implanter dans les territoires périphériques.

2. Prospective zadiste.

Imaginons. Comme les salles de spectacle et les casabio ont fleuri en ville sur les pas des gentrifieurs, les réseaux de petits agronomes bio et de néo-ruraux entreprenants apparaissent dans certains territoires périphériques, mais stratégiques (comme dans les quartiers populaires, l’avant-garde choisit les zones où le potentiel de fructification de son capital est le plus fort), et transforment les structures économiques et sociales locales. La chose est banale, et déjà en cours. Des héritiers gentrifiés, chassés des villes, des écotechs attirés par l’image du retour à la terre et les prix du foncier, parsèment pour le moment ces zones périphériques. Ils sont d’ailleurs généralement mal accueillis, même après des années, par les communautés post-agricoles auprès desquelles ils s’installent. C’est la guerre de basse intensité entre purin d’ortie et agro-chimie.

Ces gentrifieurs des champs sont plutôt sensibles à l’écologie, mais aussi au développement personnel, entretiennent parfois des rapports fétichistes à la nature, sont empreints de libéralisme postmoderne (chacun fait ce qu’il veut, tout dépend du point de vue), et votent volontiers pour une démocratie plus efficace. Mais surtout : ils ont renoncé à la lutte politique antagoniste, sauf par procuration. Ce qui est pratique, puisque ça permet d’être à la fois zadiste et au hammam.

Les ZAD sont les avant-postes par lesquels ces catégories pourraient acquérir enfin une légitimité locale. Même si leur position dans les ZAD est secondaire, restreinte soit à une partie de la contestation légale (que nous leur laissons bêtement), soit au soutien indirect via internet – moi aussi, je suis zadiste ! – elles pourraient en tirer profit, et obtenir une position dominante après le conflit. Par exemple, simple hypothèse, en gagnant des recours juridiques, et en s’emparant du leadership politique, aidés par le manque de discours de notre côté. Elles pourraient même avoir intérêt à ce que l’occupation ne dure pas trop.

Ces manipulateurs prolongeraient ainsi leur guerre de classe dans l’espace pour préserver et préparer, en marge des métropoles dont ils sont issus et dont ils tirent leur richesse (télétravail, laboratoires sociaux et économiques), leur futur cadre de vie.

3. Ce qui nous attend, et ce que nous voulons.

Que la petite bourgeoisie s’allie un temps au peuple dont elle est issue pour se forger une position dominante, n’est pas une première. Mais revenons à nos moutons : ce petit détour permet à présent de répondre à notre question initiale : qui sont les « pro ». C’est par opposition à cette partie du mouvement que nous avons définie ensemble comme la nouvelle avant-garde du P.d.P., que nous pouvons définir l’alliance hétérogène des « pro », à Roybon, à Sivens, ou en Maurienne : vieux souteneurs de l’industrie, agriculteurs forcés à l’intensif depuis 50 ans et ne voyant plus d’autre voie, commerçants sans plan B, suivis d’une partie de leur main-d’oeuvre prolétaire, et des partis qui les représentent ; ils forment l’arrière-garde du Parti du Progrès, ceux qui ont nourri la France d’après-guerre, mais qui ont loupé le virage des années 80, de l’innovation et de l’information.

Ils ne sont pas fascistes, même si la xénophobie les traverse allègrement ; même pas forcément de droite, mais certainement tous productivistes. Laissés pour compte de la mondialisation, pas rentables, tout tout aussi sous perfusion de subventions étatique que les allocataires RSA qu’ils montrent du doigt, ils vomissent les réformes sociétales et les taxes. Et s’ils se mobilisent, c’est parce qu’ils sentent bien que, derrière les zadistes, les peluts, les anti-tout, il y a le nouveau modèle des dominants, intéllos, verts et technophiles, avec un vrai projet de société, leur relève en quelque sorte, qui va s’approprier leur territoire. Ce sont ces « extérieurs » qui représentent une menace réelle pour les pro.

Avant et arrière-gardes, ces deux composantes encerclent les ZAD, et tout en l’ignorant, forment deux appendices du même animal : le Parti du Progrès, alias le capitalisme nouvelle vague. Nous, les anarchistes, les militants, les zadistes, nous sommes, pour l’instant, les mercenaires aveugles (et gratos) du P.d.P. On défriche, on ouvre une brèche, et on la tient un temps, comme dans les villes depuis 20 ans. Et contrairement à ce que nous laisse supposer la situation aujourd’hui, « pro » et « anti » peuvent très rapidement s’entendre sur plusieurs points :

– un point technique d’abord : les écotechs expliqueront aux pécores qu’il faut opter pour un projet alternatif et durable ; qu’il faut plus de zones compensatoires, plus de CNDP ; ils négocieront via la FRAPNA, la FNSEA ou d’autres (tiens, c’est le cas en ce moment même, sous l’égide du gouvernement), et s’entendront sur un modus vivendi. Souvenons nous que EELV a soutenu le TAV jusqu’en 2011, puis changé de camp pour réclamer, depuis, une autoroute maritime à la place d’une autoroute ferroviaire. Techniquement, tout devient possible.

– pragmatique : les zadistes sont encombrants et ingouvernables. Bref, pro et anti diront bientôt, et à l’unisson : « foutez le camp, on est chez nous », ou des variantes de gauche : « maintenant, il faut laisser place à la démocratie ». S. Royal, dans le Monde du 22/12/14 : « Quand une solution sera trouvée, il faudra que les occupants partent ». Nous sommes prévenus.

On sait ce qui nous attend. À ce moment là, on sera seuls contre les réacs, les flics et les légalistes. Once again. Inutile de patienter poliment, de se forger une image médiatique de gentils jeunes, ou d’adorateurs des merveilles de Gaïa, on ne se fera balayer que plus rapidement. Si on rentre sur le champ de bataille de l’opinion publique, c’est toujours par tactique, non pour la gagner.

Entre un front et l’autre, notre position est courageuse, mais glissante. Pour rester offensive, elle doit chercher la stratégie qui nous permette de gagner la bataille politique, derrière la bataille géographique. La ligne de crête que l’on doit voir dès maintenant dans le brouillard, entre pro et anti, c’est celle où l’on assume nos ambitions : la ZAD est un moyen de faire face au capitalisme, à l’industrie des flux, aux avant-postes de la métropole, auxquels nous opposons nos forces, en mettant en pratique notre idée du commun, la fusion de la vie collective et de la lutte politique.

Chacun peut nous rejoindre, mais qu’ils sachent que nous ne serons ni les sauveurs de la France périphérique, ni les larbins des bourgeois métropolitains.

Pierrette Rigaux

Grenoble, Décembre 2014.

Vos remarques amicales à pierrette.rigaux at laposte.net

Vagabond, le labrador noir qui attend sa famille, présidentielle ou pas

Au refuge de la SPA de Loire-Atlantique, il y a un chien qui a été appelé Vagabond. C’est un labrador, croisé il est vrai, mais cela ne change rien : c’est un beau chien tout noir.

Évidemment, comme il est dans un refuge, si François Hollande était allé le chercher, Europe 1 n’aurait pas pu titrer « Hollande a eu son labrador pour Noël ! ». Un chien issu d’un refuge, ce n’est pas assez glamour pour le superficiel et le spectaculaire.

Pour cela, il est plus efficace de faire venir un animal par avion, tel un colis express, exprès pour Noël !

Vagabond, lui, le pauvre, en a déjà connu plusieurs des Noël, si l’on peut dire. Car il est au refuge…. depuis juillet 2008. Cela fait six Noël que Vagabond attend la famille prête pour lui.

C’est le plus vieux pensionnaire du refuge où il est ; certainement que sa couleur y est pour quelque chose. Les animaux de couleur noire sont moins adoptés que les autres ; c’est pour cela que le site Seconde chance mène chaque année une campagne appelée « perle noire », pour favoriser leur adoption.

Il y a beaucoup de chiens comme Vagabond. Tous méritent qu’on s’arrête sur eux et qu’on les aide. On ne peut y arriver qu’ensemble, en formant une large opinion publique, en faisant de l’adoption une culture, présente partout.

Cela passe par soutenir les refuges, et il faut rappeler ici que les gens dans les refuges mènent un travail difficile, en raison des très faibles moyens. Parfois, cela amène des soucis, des incompréhensions, des malentendus, des erreurs peut-être, voire des fautes et il y a par conséquent des conflits qui en ressortent (comme à Nantes récemment justement).

Mais il faut savoir dépasser cela, chercher des solutions, ensemble, trouver des voies nouvelles, chercher à mobiliser toujours plus largement. Ce n’est pas facile, toutefois c’est nécessaire, car on n’a jamais le droit de baisser les bras, et il faut toujours se donner les moyens de bien faire.

Voici la fiche de présentation de Vagabond ; en cliquant sur les photos de lui, on arrive sur la page qui lui est consacrée sur le site du refuge.

Né le 01/07/2006.
Au refuge depuis le 01/07/2008.
Tatoué: 2FZL661
COUP DE COEUR pour Vagabond car c’est un chien EXTRA qui passe malheureusement inaperçu aux yeux des adoptants… C’est vraiment dommage car Vagabond est un chien plein de qualités : Il est calme et posé, il aime jouer, il est docile, obéissant et ne tire pas en laisse en ballade.

Bref Vagabond est un chien exceptionnel qui fera le bonheur de toute la famille. Vagabond attend au refuge depuis JUILLET 2008!
avec les chats : à tester.
avec les autres chiens : sociable uniquement avec les femelles.
avec les enfants : OK (avec les précautions habituelles).
en appartement : OK.
en maison : avec jardin clôturé.



Le labrador noir de l’Elysée

C’est un très mauvais signe que ce « cadeau de Noël » consistant en un être vivant qui a été reçu par l’Elysée. En plus, cela a une certaine tradition puisque c’est un Français présent au Canada depuis 1969, le vétérinaire François Lupina, qui a l’air d’être celui toujours à l’origine des labradors noirs comme « cadeaux » à chaque nouveau président de la république….

Cela signifie que les associations mènent campagne chaque fin d’année pour dire : non, un animal n’est pas un jouet et il ne s’offre pas comme « cadeau de Noël », et là on a pu voir un battage médiatique sans précèdent saluant le « cadeau » qui a été « livré » par avion…

Dans le genre mauvaise indication culturelle, il est difficile de faire pire. On est vraiment dans le cinéma bien mesquin, bien populiste, aux dépens des animaux encore une fois.

C’est ici l’occasion, comme beaucoup de médias l’ont fait, de rappeler la chanson de Renaud consacrée à Baltique, le labrador « appartenant » à François Mitterrand. Renaud dénonce avec verve l’indifférence humaine portant atteinte à la dignité de l’amour du chien laissé sur le perron de l’Église lors de la cérémonie religieuse pour Mitterrand…

Z’ont peut être eu peur que je pisse
Sur le marbre du bénitier
Ou, pire, que je m’accroupisse
Devant l’autel immaculé

Peur que je ne lève la patte
Quelque part dans les allées
Où siège cette foule ingrate
Qui nous parle d’humanité

Ils ont considéré peut être
Qu’c’t’un amour pas très catholique
Que celui d’un chien pour son maître
‘Lors ils m’ont privé de cantiques

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Me voilà devant la chapelle
Sous cette pluie qui m’indiffère
Tenu en laisse par un fidèle
Allergique aux lieux de prières

Les gens parlent à côté de moi
Tu as de la chance toi au moins
La souffrance ne t’atteint pas
L’émotion c’est pour les humains

Et dire que ça se veut chrétien
Et ça ne comprend même pas
Que l’amour dans le cœur d’un chien
C’est le plus grand amour qui soit

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Je pourrais vivre dans la rue
Être bourré de coups de pieds
Manger beaucoup moins que mon dû
Dormir sur le pavé mouillé

En échange d’une caresse
De temps en temps d’un bout de pain
Je donne toute ma tendresse
Pour l’éternité ou plus loin

Prévenez-moi lorsque quelqu’un
Aimera un homme comme moi
Comme j’ai aimé cet humain
Que je pleure tout autant que toi

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens…

Noël et l’alcool

Ce n’est peut-être qu’une impression, mais cette année il semble tout de même que les médias ont vraiment mis l’accent sur le soir de Noël comme prétexte à l’alcool, ainsi qu’aux repas prétendument « luxueux ».

Le plus souvent, les médias prenaient comme prétexte la santé pour justifier d’aborder le sujet de cette manière, le plus souvent dans le lyrisme, comme ici BFMtv :

« Ça y est, c’est le jour J ! Ce jeudi, des millions de personnes fêtent Noël à travers le monde. Mais pour certains, les réjouissances ont débuté dès ce mercredi soir.

Entre l’alcool, les plateaux de fruits de mer, les dindes et autres gibiers ou la multitude de sucrerie, l’estomac et le foie sont mis à rude épreuve avec ces repas gargantuesques. »

Dans la même veine, le Figaro racontait « Gueule de bois : beaucoup de recettes, peu de preuves », expliquant les diverses manières inventées pour soigner les lendemains difficiles, tandis que de son côté, le site d’extrême-droite Fdesouche faisait un sondage plus « traditionnel » sur son site : « Qu’avez-vous envie de manger comme plat pour le réveillon de Noël ? », avec comme réponses proposées : « chapon, pintade, canard, poulet/poule, dinde, gibier ».

Le journal Le Monde a fait dans le déculpabilisateur, avec un article le 23 décembre en tête de gondole sur le net, titré « Comment la population mondiale boit-elle de l’alcool ? ».

Histoire de faire encore plus sympa, l’article n’utilise que des évaluations fondées sur les sondages… Quand on sait qu’il faut multiplier par 2,4 en moyenne pour retrouver la réalité de ce qui est bu, on peut imaginer le décalage…

Sur le site TopSanté, c’est encore plus fort ! L’article « Alcool: nos conseils pour passer les fêtes sans gueule de bois » donne les traditionnelles recettes pour faire passer l’alcool, mais agrémenté d’une sorte de tableau relativiste typiquement à la française…

C’est bien français: quand on sait gérer, tout est relatif! A quoi il faut ajouter le coup du « boire un petit coup c’est agréable » etc.

De manière beaucoup plus intéressante, Radio Canada présente la situation des gens dépendants devant faire face à la vague des fêtes où l’alcool est un passage « obligatoire ».

Cela montre à quel point l’alcool est une idéologie massivement présente, prenant bien souvent largement le pas sur le caractère festif. Une fête, c’est aussi beaucoup de pression…

Les Fêtes vécues par une personne dépendante à l’alcool

Pour la plupart d’entre nous, Noël est un moment pour célébrer en famille et entre amis, en levant peut-être notre verre à la santé des autres. Mais pour ceux qui doivent composer avec l’alcoolisme, cette période est particulièrement difficile à traverser.

Les Alcooliques anonymes (AA) de Gatineau ont trouvé une façon d’aider ceux qui veulent maintenir leurs résolutions. Ils se rassemblent pour éviter de sombrer de nouveau dans l’alcool.

Gabriel* fait partie des AA. Il y a 26 ans, son alcoolisme l’a mené à l’itinérance. « D’une personne apparemment normale, en dedans de quelques semaines, je suis devenu un itinérant », rapporte-t-il.

Les AA l’ont sauvé et l’aident encore pendant la période des Fêtes. Ce qu’il trouve particulièrement difficile, ce sont les émotions qui surgissent du passé.

« Un alcoolique a dérangé beaucoup de personnes dans sa vie. […] Un alcoolique n’est pas équipé pour gérer ces émotions-là. » — Gabriel, membre des AA à Gatineau
« Ce que je faisais, tout simplement, c’est que je les gelais, je noyais mes émotions. […] Il y a à peu près juste moi qui ne savais pas que j’étais un alcoolique », avance-t-il.

Se rassembler pour être plus fort

Gabriel se réjouit de pouvoir vivre Noël avec les autres membres des Alcooliques anonymes, avec qui il partage une expérience semblable. « Reste avec le groupe et ça va être plus facile de passer à travers », résume-t-il.

Les 24, 25, 31 décembre et le 1 janvier, des journées de partage sont ainsi organisées dans différentes régions du Québec.

Ces rencontres rappellent que composer avec l’alcoolisme est un engagement quotidien, qui dure toute la vie.
« 68 ans sans boire, ça va être long en tabarnouche. Mais on m’a appris à vivre une journée à la fois. Ne fais pas cette promesse-là pour 68 ans, fais-la juste pour aujourd’hui », soutient Gabriel.

C’est l’occasion de le rappeler : être straight edge, ce n’est pas que l’être pour soi. C’est montrer aux autres qu’on peut l’être, qu’on peut le rester.

L’alcool est massivement accepté, et en même temps la société considère qu’il faut regarder d’un oeil noir les gens ayant basculé dans l’alcoolisme, alors qu’en définitive, elles sont des victimes.

Cela ne signifie nullement qu’il faille idéaliser des situations ou des gens ayant plongé souvent dans les violences sociales. Mais il faut avoir une perspective générale et savoir affirmer les tendances positives… Dire non à l’alcool, c’est dire oui à la vie!

Hanoucca, Noël et le solstice d’hiver

La fête de Noël ne provient nullement de Jésus, bien entendu. C’est une fête populaire datant des débuts de l’humanité, lorsque celle-ci célébrait la fin de l’obscurité conquérant la planète et le retour triomphal du soleil synonyme de vie, dans le cadre du solstice d’hiver.

Cette fête fut au coeur d’un culte à l’époque de Rome, dans la religion appelée le mithraïsme (voir l’article La victoire sur le taureau qui présente cette religion). Le catholicisme devenant hégémonique a simplement repris cette fête, y plaçant la naissance de Jésus, lui-même symbole de « vie » (de la même manière les tombes sont tournées dans ce cadre vers l’est, là où le soleil se lève).

Voici un article traitant de cette question, qui tente de démêler le rapport avec la fête juive de Hanoucca, qui est naturellement d’une nature tout à fait similaire, même si l’article (de l’association juive Adath Shalom d’esprit semi-libéral pourrait-on dire) tente de l’admettre tout en le niant afin de sauver le caractère « divin » de la religion, etc.

Ce qui est intéressant notamment, c’est que l’origine de la fête est attribuée… à Adam lui-même. Mais pourquoi Adam aurait-il vénéré la Nature s’il savait que tout avait été fait par Dieu? En réalité, c’est bien la preuve qu’il n’y a pas eu d’Adam, et que les êtres humains découvrant le monde ont pris conscience de la Nature…

Les fêtes de Noël et Hanoucca célèbrent chacune à leur manière la lumière. Les juifs allument la Hanouccia (candélabre à neuf branches) chaque soir durant huit jours. Les chrétiens, après les quatre semaines de l’Avent où sont également allumées des bougies, accrochent des lampes qui illuminent les sapins et ils consomment des «bûches», de Noël à Nouvel an, soit durant huit jours également.

Cette concordance est-elle pur hasard? Non. Certes, pour les juifs, il s’agit de référer à l’événement du rallumage de la Menora (candélabre du Temple, à sept branches) retenu comme célébration de la dédicace (c’est le sens du mot «Hanoucca») du Temple de Jérusalem en – 164, après avoir été repris aux Séleucides qui l’avaient souillé par un culte idolâtre.

Tandis que pour les chrétiens, c’est la naissance lumineuse du Christ qui est au cœur de la célébration. Aucun rapport,en apparence. Néanmoins, par delà la signification propre à chacune des religions, une même symbolique associée à la victoire sur les ténèbres relie les deux traditions (…).

«Rav Hanan fils de Rabba enseigne: Les Calendes, ce sont les huit jours après le solstice d’hiver; les Saturnales, les huit jours qui le précèdent. On s’en souvient par (l’interprétation du) le verset: ‘‘Tu m’as formé/éprouvé (tsartani) en un arrière (ahor) et un devant (va-kédem)…’’ (Psaumes 139, 5).

Les Sages enseignent: Adam, le premier homme, voyant que la longueur du jour allait en déclinant (de jour en jour) se dit: ‘‘Malheur à moi, sans doute est-ce parce que j’ai failli (de par la faute originelle) que le monde s’obscurcit et qu’il régresse vers le chaos primordial; telle est la mort qui m’a été assignée par les Cieux.’’

Il se mit à jeûner et à implorer (Dieu) durant huit jours. Lorsqu’il s’aperçut qu’à partir du solstice d’hiver, les jours commençaient à rallonger, il se dit: ‘‘Tel est (en fait) l’ordre de la nature!’’ et il célébra (la découverte) durant huit jours.

L’année suivante, il fixa ces deux périodes de huit jours comme jours de célébration. Il le fit pour la gloire divine mais eux (les païens, ultérieurement les Romains) le firent dans un but idolâtre» (Avoda zara 8a).

Selon cet enseignement, il y aurait eu antérieurement à la célébration de la dédicace du Temple une fête saisonnière du renouveau de la lumière instaurée par Adam, autrement dit, une pratique universelle remontant à la «nuit des temps»!

Le Talmud décrit notamment les festivités romaines de fin d’année, du moins telles qu’elles furent fixées dans le calendrier à une certaine époque, les Saturnales du 17 au 24 décembre (huit jours), suivies des Calendes du 25 décembre au 1 janvier (huit jours), appelées ainsi car débouchant sur la nouvelle année.

C’est cette fête de lumière dont le point charnière et l’apothéose se situait la nuit du 24 au 25 décembre qui est à l’origine de la célébration de Noël et Nouvel an.

En effet, dans l’ancienne religion iranienne, Mithra était le dieu de la lumière, le symbole de la chasteté et de la pureté combattant les forces maléfiques. Dès le IIe siècle, le culte de Mithra se répandit dans l’Empire romain, surtout au sein de l’armée. Le solstice d’hiver célébré le 25 décembre (mais qui tombe en réalité le 21 décembre) était la fête la plus importante de l’an mithraïen, célébrant la renaissance de Mithra.

Finalement, l’empereur Aurélien (270-275) le proclama fête du «Deus Sol Invinctus» (dieu soleil invaincu) et le Mithraïsme devint religion d’État. Plus tard, en 321, le dimanche, «Dies solis» (jour sous l’influence du soleil), fut adopté comme jour de repos dans tout l’empire romain, suite à un décret promulgué par l’empereur Constantin qui voulait tout à la fois contenter chrétiens et païens.

Et au début du IVe siècle toujours, pour enrayer le culte païen des Saturnales et promouvoir le christianisme à l’encontre du paganisme, l’Église romaine fit avancer, sous le magistère du pape Sylvestre I, du 6 janvier au 25 décembre la commémoration de la naissance du Christ. Le Christ devint ainsi le nouveau «Dieu invaincu» en lieu et place de Mithra ou du dieu Soleil.

Pas d’animaux comme cadeaux de Noël

Demain et après-demain, ce sont les fêtes de Noël, et de nombreux médias ont lancé des avertissements au sujet de la fausse bonne idée consistant à offrir des animaux de compagnie.

Les divers articles ont le plus souvent été accompagnés de petites interviews de personnes travaillant dans les refuges, et expliquant que ces « cadeaux » ne sont pas des objets, mais bien des êtres vivants, qui ont leurs exigences, leurs besoins.

L’achat « coup de coeur », facilité par les « crédits » et autres entourloupes des « animaleries », s’avère souvent une « mauvaise surprise » pour des personnes ayant été aveuglées à la fois par l’égoïsme du consommateur et la philosophie faisant des animaux des machines.

La conséquence en est que de très nombreux animaux sont abandonnés, après avoir été maltraités.

Il y a donc lieu d’informer à ce sujet, mais également de porter des accusations contre des personnes irresponsables. Le problème étant ici que les fêtes de Noël se veulent tellement consensuelles que les critiques sont mal vues, par principe interdites… Et cela au nom de l’esprit de Noël !

Inversement, soyons pleins de compassion et rappelons-nous d’être là pour tous ceux et toutes celles qui ont besoin de nous. Et en voici justement quelques un qui ont besoin de nous !

Stuart le hamster a été récupéré à la suite d’un abandon et de maltraitances, il vous attend en Seine-et-Marne!

Dolly est une femelle Welsh Corgi de sept ans,
qui vous attend en Eure-et-Loir!

Pandora est une ratte qui a été retrouvée sur la voie publique, alors qu’elle attendait onze petits! Elle vous attend à Marseille!

Levy a été trouvé dans une cour avec ses frères et soeurs…
Il vous attend en Picardie!

Chipie était arrivée en triste état au refuge, mais elle s’est requinquée et vous attend dans la Sarthe!

Paupiette a été trouvée dans la rue avec son frère alors qu’elle venait de mettre au monde ses neuf petits…. Elle était alors encore enceinte et a re-accouché de sept autres petits… Elle vous attend à Aix-en-Provence, où elle est à adopter avec sa copine Padmé!

Zaza a douze ans et a vécu quelques temps sans soins dehors… Elle attend en Dordogne que vous lui fournissiez tout le confort!

Iris est une vieille chatte adorable, qui n’attend que vous en Hérault!

Nounou est une chatte de huit ans dont la « propriétaire » est décédée… Elle vous attend dans le Nord-Pas-de-Calais!

Costi a été trouvé errant;
il est très sociable et vous attend en Seine-Saint-Denis!

Article fanatisme de Voltaire

Le fanatisme religieux n’a rien de nouveau, et il n’est propre à aucune religion: toutes les religions, quelles qu’elles soient, croient en l’au-delà. Et par conséquent, la réalité compte moins que l’au-delà. La vie sur terre est dépréciée de par l’existence d’une vie « meilleure » après la mort…

Fanatisme
Article du Dictionnaire philosophique portatif de Voltaire

Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère.

Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu.

Barthélemy Diaz fut un fanatique profès. Il avait à Nuremberg un frère, Jean Diaz, qui n’était encore qu’enthousiaste luthérien, vivement convaincu que le pape est l’antéchrist, ayant le signe de la bête. Barthélemy, encore plus vivement persuadé que le pape est Dieu en terre, part de Rome pour aller convertir ou tuer son frère : il l’assassine; voilà du parfait : et nous avons ailleurs rendu justice à ce Diaz.

Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et casser les statues et les ornements, est un fanatique moins horrible que Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de Guillaume prince d’Orange, du roi Henri III, du roi Henri IV, et de tant d’autres, étaient des énergumènes malades de la même rage que Diaz.

Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n’allaient point à la messe. Guyon, Patouillet, Chaudon, Nonotte, l’ex-jésuite Paulian, ne sont que des fanatiques du coin de la rue, des misérables à qui on ne prend pas garde : mais un jour de Saint-Barthélemy ils feraient de grandes choses.

Il y a des fanatiques de sang-froid : ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n’ont d’autre crime que de ne pas penser comme eux; et ces juges-là sont d’autant plus coupables, d’autant plus dignes de l’exécration du genre humain, que, n’étant pas dans un accès de fureur comme les Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu’ils pourraient écouter la raison.

Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les moeurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dés que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié.

Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l’esprit l’exemple d’Aod qui assassine le roi Eglon; de Judith qui coupe la tête d’Holopherne en couchant avec lui; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc., etc., etc.

Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l’antiquité, sont abominables dans le temps présent : ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.

Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre.

Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?

Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J’ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s’échauffaient par degrés parmi eux : leurs yeux s’enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.

Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient : Il faut du sang. Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes.

Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait.

Il n’y a eu qu’une seule religion dans le monde qui n’ait pas été souillée par le fanatisme, c’est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède; car l’effet de la philosophie est de rendre l’âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité.

Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c’est à la folie des hommes qu’il faut s’en prendre.

Triste apologie du « cannabis business »

Le libéralisme, sous toutes ses formes, part du principe qu’on peut faire ce qu’on veut. Derrière ce discours sur la liberté se cache surtout la liberté du business…

Voici un article de Capital.fr qui est édifiant, et surtout sacrément cocasse, car la présentation de drogues sous un jour favorable est interdite. Or, là, on a tout un panorama fabuleux du point de vue capitaliste, qui après avoir lu cet article n’a qu’une envie: légaliser au plus vite le cannabis pour accumuler toujours plus de richesses…

Cannabis business, de l’or vert en barrettes

Dans les pays où le cannabis est dépénalisé, PME artisanales, industriels et grands labos appliquent déjà des business models florissants. La France laissera-t-elle cette manne partir en fumée ? Enquête sur un marché prometteur, alors qu’une étude du think-tank Terra Nova relance le débat sur la dépénalisation de cette drogue douce.

A l’occasion de cette journée spéciale, nous avons le plaisir de vous annoncer que nos élèves de deuxième année auront, dès la rentrée de septembre, la possibilité de s’inscrire à notre nouvelle chaire, Pers­pectives et enjeux du can­na­­bis business.» La scène se déroule à Jouy-en-Josas, un mardi ensoleillé de juillet 2024.

Le ban et l’arrière-ban du monde politico-économique se sont donné rendez-vous sur les pelouses de HEC : il y a soixante ans, jour pour jour, que la prestigieuse école de commerce s’est installée dans ce coin reculé des Yvelines, rattrapé depuis par l’expansion du plateau de Saclay.

L’ou­verture d’un séminaire consacré au marché du cannabis ? L’informa­tion ne provoque que quel­ques sourires dans l’assemblée : la légalisation n’attend plus que la publication du décret au Journal officiel et des centaines de jeunes entrepreneurs en herbe piaffent d’impatience, prêts à se lancer dès que le feu vert sera donné.

Ecoles de commerce.

Vous vous dites que Management a dû fumer la moquette pour échafauder un tel scénario ? Eh bien non ! A observer le mouvement de libérali­sa­tion en cours dans près de la moitié des Etats américains, au Canada, en Uruguay, mais aussi en Espagne et aux Pays-Bas, il n’est pas absurde d’imaginer que, dans dix ans, la production, la vente et l’utilisation du chanvre seront autorisées, de manière plus ou moins encadrée, dans notre pays.

Avec, entre autres retom­bées, la mul­­tipli­cation de formations spécialisées : le magazine Bloom­berg Businessweek, pas vraiment réputé pour sa fan­taisie, a publié cet été un guide des meil­leures écoles de commerce de marijuana.

Des formations payantes à l’utilisation pharmaceutique en passant par la traçabilité digitale, les produits dérivés ou les salons, le pot business, comme disent les Américains, a tout d’un véritable or vert, dont le potentiel économique dépasse de très loin la seule culture des plants. Les (rares) experts qui se sont penchés sur le sujet estiment que le marché légal représente environ 1,5 mil­liard de dollars rien qu’aux Etats-Unis.

Et qu’il pourrait être multiplié par cinq dès 2018 ! Il n’en fallait pas plus pour attirer des investisseurs. Les Etats qui dépénalisent y trouvent aussi leur compte : en taxant l’herbe à 44%, celui de Washington s’est déjà assuré un bonus fiscal de 50 millions de dollars en 2013. Autre argument choc : la création d’emplois.

Au Ca­na­da, la Colom­bie-Bri­tan­nique est devenue en quelques années le grenier à chanvre du pays. On estime que la filière y emploie déjà plus de 100 000 person­nes, pour une population de 35 millions d’habitants.

Manipulations génétiques.

Faut-il en déduire que la France pourrait créer 200 000 emplois ? Ce type d’extrapolation est certes sujet à caution, d’autant que la taille du marché reste par définition invérifiable.

Mais on peut affirmer que le chiffre d’affaires du cannabis dépasse chez nous le milliard d’euros. Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), le fumeur de cannabis est surtout un homme jeune, de 17 à 34 ans, même si les auteurs du rapport 2014 notent qu’«un tiers des person­nes âgées de 15 à 64 ans en ont con­sommé au moins une fois dans leur vie».

Près de 4 millions de Français déclarent toucher au cannabis occasionnellement et environ 1,2 mil­­lion sont des consommateurs réguliers.

Pour ceux-ci, le budget «herbe» peut représenter jusqu’à 150 euros par mois. Toujours selon l’OFDT, le gramme de cannabis se négocie autour de 8,50 euros, avec des pics à 10 euros. C’est 2 euros de plus qu’il y a cinq ans, soit une hausse de 25% !

«Il y a sans doute une forme d’embourgeoisement qui explique ce phénomène, commente un producteur artisanal. Les gens demandent des produits de meilleure qualité, pour lesquels ils sont prêts à mettre le prix. Un peu comme les amateurs de vin.»

Une autre tendance pèse sur les tarifs : la préférence de plus en plus marquée pour l’herbe de cannabis au détriment de la résine, moins chère, mais moins concentrée en THC, la molécule psychotrope, autrement dit celle qui provoque les effets euphorisants. Les plus habiles des producteurs sont déjà sur les rangs pour accroître encore la teneur en THC du chanvre par des manipulations génétiques.

Business plan simplissime.

Ils seraient plus de 80 000 en France à braver la loi en se faisant ainsi producteurs en chambre. Il est vrai que le chanvre est très facile à faire pousser et que le business plan, simplissime, tient sur une feuille de papier à cigarette.

Des graines, un bac de terre, des lampes puissantes, un arrosoir, et le tour est joué : à raison de quatre ou cinq plants au mètre carré, on peut viser un chiffre d’affaires d’environ 5 000 euros.

Une économie du cannabis dépénalisée entraînerait certes une industrialisation, mais l’expérience américaine montre que les investissements restent accessibles à des entreprises modestes.

La contrainte principale concerne l’acquisition (ou la location) du sol et l’aménagement de serres. Les sociétés qui se sont montées à Denver, dans le Colorado, ont occupé à bon compte les entrepôts laissés à l’abandon par les compagnies pétrolières et les ont transformés et équipés pour des coûts très raisonnables, de l’ordre de 15 000  euros pour 100 mètres carrés utiles.

A Belvidere, dans le New Jersey, une entreprise agricole, Terra Tech Corp., a créé cette année une filiale spécialisée dans la culture du cannabis pour le marché médical. Le PDG, Derek Peterson, a fait ses cal­culs : «Avec nos produits classiques, fleurs et légumes, nous dégageons environ 4,5 millions de dollars par hectare, a-t-il expliqué au journal local, le NorthJersey.com. Avec le cannabis, le rendement devrait être de 37 à 60 millions de dollars !»

Pas étonnant qu’on prête depuis des années aux multi­nationales du tabac l’intention de miser sur la culture du chanvre.

Grands labos à l’affût.

Pour le cannabis à usage médical, le volet production (l’extraction du THC à partir des feuilles ou de la résine) nécessite, à l’échelle industrielle, des investissements importants. Le prix des machi­nes s’évalue en centaines de milliers d’euros, mais il en faut plus pour effrayer les grands labos pharmaceutiques, dont les besoins se mesurent en tonnes et qui cherchent à sécuriser leur approvisionnement.

C’est le cas du britannique GW Pharmaceuti­cals. Son spray à base de cannabis, le Sativex, a reçu en janvier 2014 de notre Agence nationale de sécurité des médicaments une autorisation de mise sur le marché. Une première en France.

Même si on est encore loin de toute légalisation, un entrepreneur français, Thomas Du­chêne, a décidé de parier sur l’avenir. Installée en Andalousie (la vente de graines et la consom­­­mation de cannabis sont autorisées en E­spa­gne), sa société, Planta Sur, commercialise graines et accessoires de «jardinage», mais il a aussi créé Expogrow, un salon spécialisé organisé à Irún… à portée de fumée de la France.

Conscient des risques qu’il prend avec cette initiative – la grande majorité des 17 000 visiteurs de la seconde édition étaient français –, il tient à préciser qu’il ne fait en aucun cas l’apologie du cannabis. Il n’en reste pas moins que sa petite entreprise propose un catalogue aussi varié que soigné, preuve que le marketing du cannabis est déjà en train de s’inventer. De la Big Buddha, en version Bubble Cheese ou Blue Cheese, à la Bomb, option Berry ou Buzz, le client a le choix entre des dizaines de graines aux effets et aux parfums variés.

De quoi donner du grain à moudre aux critiques «marijuaniques», un nouveau métier dans une filière en devenir… qui en intéresse beaucoup d’autres : le réseau des pharmacies et celui des avocats sont sur les rangs, mais aussi les secteurs de l’emballage et du transport, car le produit nécessite des contenants sécurisés.

Du coffret de luxe pour fumeurs raffinés au vaporisateur façon e-cigarette, on voit aussi débouler sur les marchés ouverts des kyrielles de produits dérivés. Voilà qui devrait inspirer les étudiants des écoles de commerce…

« Alcool et grossesse »

Le magazine « Elle » a changé de rédactrice en chef en septembre. Vous n’y accordez que peu d’importance ? C’est une erreur ! Puisqu’on parle des bobos en ce moment, il faut voir justement l’importance symbolique du changement fait.

Auparavant, le magazine « Elle » était le magazine représentant les femmes qui appartenaient à une bourgeoisie décomplexée mais avec encore un vernis engagé socialement. Son intense propagande en faveur d’un certain individualisme avait des limites.

La nomination à la direction de Françoise-Marie Santucci a tout fait sauter. Car ici on a quelqu’un qui dans Libération en février 2012 célébrait Zahia (connue par l’intermédiaire de l’affaire de mœurs concernant le footballeur Ribéry) comme figure de la révolte sociale :

Quel comble de la jouissance ce doit être de disposer de tout cela, d’avoir accès à tant de luxe quand on vient d’où elle vient. D’une certaine manière, l’ascension de Zahia, en ce qu’elle oppose de choquant et de peu respectable à une société parisienne confite dans l’ère des héritiers est en soi une immense respiration. Un pied de nez et un plaisir qu’on partage volontiers avec elle.

Le Nouvel Observateur lui a d’ailleurs accordé un grand portrait au début du mois, présentant son parcours de « lesbienne, radicale, intello » liée à Karl Lagerfeld, etc. Et voici donc ce qu’on peut lire dans le « Elle » de la mi-novembre, dans un éloge de l’ultra-individualisme en guerre avec la nature :

C’est très fort : on dénonce ici la grossesse comme une sorte d’ennui empêchant de mener sa vie de manière ultra-individualiste. Et on le fait au nom de la liberté des femmes, du « libre-arbitre », et soi-disant en critique de l’ultra-libéralisme alors que justement c’est de l’ultra-libéralisme…

Au nom de l’alcool, tout est permis! Y compris de nier la Nature et de mettre en danger son propre enfant, au nom prétendument des droits des « femmes »… à l’auto-destruction!

Editorial du Monde: « Cannabis : pour la légalisation »

Il n’y a pas que les fachos à l’assaut : les bobos aussi. On l’a vu tout récemment avec l’appel à défendre la « GPA » il y a quelques jours, voici maintenant pas moins que l’éditorial du quotidien Le Monde qui hier appelait à la légalisation du cannabis.

Les raisons ? Pour résumer : la répression ne marche pas alors que la vente du cannabis comme marchandise peut rapporter beaucoup d’argent. Des raisons pragmatiques, qui puisent dans l’ultra-libéralisme.

Au lieu de démystifier le cannabis, d’en exposer la nature comme paradis artificiel, d’en montrer les effets négatifs, les bobos tentent ici de contribuer au relativisme ambiant où la vie naturelle est dévalorisée, où tout devient possiblement une marchandise…

Cannabis : pour la légalisation
LE MONDE |

Editorial du Monde. Faut-il dépénaliser la consommation de cannabis, voire la légaliser ? Deux rapports très solides viennent de reposer la question : celui du Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques, consacré à la lutte contre l’usage de substances illicites, déposé à l’Assemblée nationale le 20 novembre, et une étude réalisée par le think tank Terra Nova, dont nous publions aujourd’hui les conclusions.

Ce débat a le don de tétaniser les responsables politiques : quiconque s’avise de remarquer que la prohibition en vigueur n’a pas empêché la banalisation de la consommation de cannabis en France est immédiatement voué aux gémonies et accusé de grave irresponsabilité, notamment à l’égard de la jeunesse. Le dernier à en avoir fait l’expérience, à ses dépens, est l’ancien ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, en 2012.

La question est pourtant tout sauf anecdotique. La France est, en effet, l’un des pays développés qui disposent de la législation la plus sévère contre le trafic et l’usage de stupéfiants. Depuis la loi de 1970, la consommation de cannabis est un délit pénal, passible d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende.

Cette politique répressive est justifiée par des impératifs de santé publique : la consommation précoce et, plus encore, régulière de cannabis est dangereuse, tout particulièrement pour les jeunes ; selon toutes les études scientifiques récentes, elle provoque un ralentissement du développement intellectuel et accentue les risques de troubles psychiques.

Une politique inefficace

Pourtant, malgré son arsenal législatif, la France est (avec le Danemark) le pays européen où l’usage du cannabis est le plus répandu. Un Français sur trois en a fait l’expérience – un collégien sur dix et deux lycéens sur cinq –, tandis que 550 000 personnes en consomment quotidiennement. Bref, la politique répressive en vigueur est inefficace.

En outre, elle est coûteuse, car elle mobilise une part significative de l’activité de la police (interpellations et gardes à vue) et de la justice, pour une dépense publique évaluée à 500 millions d’euros par an. Enfin, la prohibition a favorisé le développement d’un marché clandestin de type mafieux.

Comment sortir de l’impasse ? Plusieurs pays qui, comme la France, avaient déclaré la « guerre à la drogue » ont assoupli leur législation, ou y réfléchissent. Soit en dépénalisant la consommation et la détention de petites quantités de cannabis (Pays-Bas, Espagne, Portugal, République tchèque, une vingtaine d’Etats des Etats-Unis), soit même en organisant, et en contrôlant, de véritables filières de production et de distribution de cannabis (dans l’Etat de Washington ou au Colorado, par exemple). La Commission mondiale sur les drogues de l’ONU elle-même travaille sur le sujet et a souligné l’intérêt d’une légalisation contrôlée.

De fait, si la dépénalisation permet une répression mieux calibrée et plus applicable, elle présente le risque d’encourager la consommation et n’élimine pas le marché noir. En revanche, à l’instar de ce qui existe pour le tabac, une légalisation contrôlée par la puissance publique pourrait permettre de contrôler les prix – donc une bonne part de la consommation –, de mettre en place une vraie politique de prévention, d’assécher l’essentiel du marché clandestin, enfin, par effet ricochet, de générer des recettes fiscales.

Au-delà des postures mécaniques et des anathèmes moralisateurs, le sujet mérite un débat public : la légalisation du cannabis doit désormais être envisagée en France.

Voici le tableau servant de « justificatif », suivant les indications du « think tank », libéral et lié au Parti Socialiste, appelé « Terra Nova »:

« Sinceridade… Honestidade… CONVICÇÃO!!! »

Voici les paroles de 2 chansons du groupe « Children of Gaia » (« Enfants de Gaïa »), un groupe de musique brésilien des années 2000.

Vidas Inocentes Entregues à servidão
Manipuladas por almas sanguinárias
Fazem da vida o ciclo da morte
Nuvens negras dspejam ódio sobre a terra
Des vies innocentes livrées à la servitude
Manipulées par des âmes sanguinaires
Faisant de la vie le cycle de la mort
Des nuages noirs versent la haine sur la terre

Flores derramam pétalas ressecadas
O sangue brota, oceanos definham
Des fleurs déversent des pétales desséchées
Le sang coule, les océans déclinent

De olhos abertos
O egocentrismo perpetua entre nós
Foi quebrada
Les yeux ouverts
L’égocentrisme perpétué entre nous
A été brisé

Segue agora o caminho da destruição
Foi quebrada a corrente da vida
O Império do mal lança suas garras contra nós
Criação contra o criador
Maintenant le chemin de la destruction
A été brisé par le courant de la vie
L’empire du mal lance ses griffes contre nous
Création contre le créateur

Surge o momento da revanche
A esperança une nossas mãos
Pérfidos plocramarão piedade a Gaia
Gaia
Traída por seus próprios filhos
Vient le moment de la vengeance
Une espérance rejoint nos mains
Les perfides implorent pitié à Gaïa
Gaïa
Trahi par ses propres fils

Convicção – Conviction

Rejeitando seus venenos
Caminho de cabeça erguida
Sem propagar esta idéia
de autodestruição.
Rejetant leurs poisons
Chemin de la tête haute
Sans propager cette idée
de l’auto-destruction.

Sóbrio torno-me mais consciente
Consciente, torno-me mais forte
Para poder lutar contra
corporações que manipulam o vício de forma lucrativa.
Sobre je suis plus conscient
Conscient je deviens plus fort
Pour pouvoir lutter contre
les grandes entreprises qui manipulent le vice de manière lucrative

Sinceridade… Honestidade… CONVICÇÃO!!!
STRAIGHT EDGE
STRAIGHT EDGE
Sincérité… Honnêteté… CONVICTION !!!
STRAIGHT EDGE
STRAIGHT EDGE

Minha convicção nasce como chave de esperança
Sem medo nem comoções
Rejeite a idéia imposta de conformismo
Aqui nos revelamos guerreiros em um inferno social
Onde a alienação acaba roubando sua liberdade
Ma conviction est née comme clef de l’espoir
Sans peur ou troubles
Rejeter l’idée de conformité imposée
Ici, nous nous révélons guerriers dans un enfer social
Lorsque l’aliénation vient de voler sa liberté

170 personnalités oeuvrent à la reconnaissance de la GPA

Révoltant: il n’y a pas d’autres mots. Voici que 170 personnalités prennent partie en faveur de la reconnaissance de la « filiation » des enfants issus de la Grossesse par autrui, la « GPA », c’est-à-dire de « mères porteuses ».

Elles sont, bien entendu, issues du milieu « bourgeois de gauche » ou franchement bobo, qui célèbrent le décadentisme et le libéralisme « cultivé ». C’est une sainte alliance de gens du milieu du théâtre et de la télévision, de députés et de sénateurs, d’universitaires, assumant une idéologie ayant l’air de gauche mais qui n’est rien d’autre que l’apologie de l’ultra-libéralisme au nom de l’égalité des individus dans la négation de toute morale!

Au nom de la modernité libérale, ces gens participent à la négation de la Nature, et ils aident les fachos qui peuvent après se poser en défenseurs de la morale!

La France doit appliquer sans tarder les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme. Nous vivons dans un Etat de droit où l’on ne marchande pas les décisions de justice ni les droits fondamentaux.

Qu’elles soient opposées à toute légalisation de la gestation pour autrui (GPA), comme Roselyne Bachelot, ou favorables à une GPA éthique, comme Elisabeth Badinter, 17O personnalités appellent à dépasser le climat de haine et de passions qui sévit depuis deux ans sur ce sujet. Le Conseil d’Etat vient de reconnaître le droit des enfants nés de GPA à la nationalité française, mais la question de la reconnaissance de leur filiation reste entière. Rassemblés pour la première fois par-delà leurs divergences, les signataires appellent à respecter l’essentiel : l’intérêt supérieur de l’enfant.

Le 26 juin, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France pour avoir porté atteinte à l’identité de trois enfants, en refusant de reconnaître dans notre droit leur état civil valablement établi à l’étranger. Les trois filles concernées par ces deux décisions font partie des milliers d’enfants qui naissent chaque année par GPA (gestation pour autrui) dans le monde, dont environ 200 de familles françaises. Dans leur pays de naissance, les Etats-Unis, elles disposent d’un acte de naissance où figure le nom de leurs deux parents français, conformément à la loi locale. Mais en France, toute reconnaissance de leur filiation a été refusée, au motif de l’interdiction de la GPA sur le territoire national. Ce refus pose d’immenses problèmes dans toutes les démarches administratives (carte d’identité, école, prestations sociales) et si rien n’est fait, cette situation risque d’empirer, par exemple si leurs parents se séparent ou s’ils décèdent.

Pour ces raisons, les deux familles se sont battues pendant plus de dix ans en justice pour leurs enfants jusqu’à obtenir ces décisions de la plus haute juridiction garante des droits fondamentaux, décisions qui, il faut le souligner, ne remettent pas en cause la souveraineté de chaque Etat à interdire ou non la GPA.

Deux mois après l’entrée en vigueur des décisions de la CEDH et cinq mois après leur publication, la violation des droits fondamentaux des enfants persiste et s’amplifie : ces derniers n’arrivent toujours pas à obtenir la transcription de leur acte de naissance, ni le droit de figurer sur le livret de famille de leurs parents. Selon les associations, 2 000 enfants seraient dans le même cas en France.

Cette situation est insupportable, elle doit cesser. Les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme s’imposent dans les 47 pays membres du Conseil de l’Europe et signataires de la convention européenne des droits de l’homme. L’application du droit n’est pas à géométrie variable. Le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant ne doit pas être subordonné aux postures politiciennes ou idéologiques.

La responsabilité républicaine est d’appliquer les décisions de la Cour européenne parce que nous vivons dans un Etat de droit où l’on ne marchande pas les décisions de justice ni les droits fondamentaux. La peur irraisonnée d’une vague de naissances par GPA qui résulterait du respect des droits de ces enfants est infondée : les pays qui ont suivi les premiers cette voie, comme l’Autriche ou la Hollande, n’ont pas vu une explosion des cas.

Voulons-nous continuer à faire de ces enfants des «sous-enfants» sans droits ? Voulons-nous accorder aux enfants des droits qui varient selon leur mode de conception ? Voulons-nous les rendre coupables en les distinguant à vie des autres enfants parce qu’ils sont simplement nés autrement ? Cette situation nous replonge immanquablement dans une autre époque : celle des enfants naturels ou des enfants de divorcés. Ces discriminations d’un autre temps doivent cesser et nous demandons au président de la République et au gouvernement de s’engager à faire respecter le droit en ce moment symbolique du 25e anniversaire de la convention de New York relative aux droits de l’enfant.

Quelles que soient nos opinions envers la GPA, que nous soyons favorables à sa légalisation ou non, nous voulons que ces enfants obtiennent enfin la transcription de leur acte de naissance sur les registres de l’état civil en France et cessent ainsi d’être discriminés et traités en petits fantômes de la République.

Nous demandons instamment que toutes les mesures nécessaires soient prises pour que les droits de ces enfants soient enfin respectés et que les décisions de la CEDH soient appliquées.
Signataires :

Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre ; Roselyne Bachelot, ancienne ministre ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France ; Geneviève Fraisse, philosophe, ancienne déléguée interministérielle aux droits des femmes ; Dominique Versini, ancienne défenseure des enfants ; Michèle André, sénatrice du Puy-de-Dôme ; Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne ; Luc Carvounas, sénateur du Val-de-Marne ; Alain Milon, sénateur du Vaucluse; Christian Assaf, député de l’Hérault ; Erwann Binet, député de l’Isère ; Patrick Bloche, député de Paris ; Colette Capdevielle, députée des Pyrénées-Atlantiques ; Marie-Anne Chapdelaine, députée d’Ille-et-Vilaine ; Sergio Coronado, député des Français établis hors de France ; Pascale Crozon, députée du Rhône ; Olivier Dussopt, député de l’Ardèche ; Elisabeth Pochon, députée de Seine-Saint-Denis ; Christine Revault d’Allonnes, députée européenne ; Serge Blisko, député honoraire ; Jean-Yves de Chaisemartin, maire de Paimpol ; Rémi Féraud, maire de Paris Xe ; Christophe Girard, maire de Paris IVe ; Bruno Julliard, premier adjoint à la maire de Paris ; Caroline Mécary, avocate et conseillère de Paris ; Christine Frey, conseillère régionale d’Ile-de-France ; Jean-Luc Romero, conseiller régional d’Ile-de-France ; Marc Mancel, secrétaire national du PS à la santé, la famille et la petite enfance ; conseiller régional d’Ile-de-France ; Marie-Pierre de la Gontrie, secrétaire nationale du PS à la Justice et aux libertés ;

Elisabeth Badinter, philosophe et historienne ; Philippe Besson, écrivain ; Geneviève Brisac, écrivain ; Pascal Bruckner, écrivain ; Annie Ernaux, écrivain ; Ladislas Chollat, metteur en scène ; Olivier Ciappa, photographe ; Stéphane Facco, metteur en scène ; Clément Hervieu-Léger, pensionnaire de la Comédie française ; Nathalie Kuperman, écrivaine ; Brigitte Lefèvre, ancienne directrice de la danse de l’Opéra de Paris ; Dominique Noguez, écrivain ; Véronique Olmi, romancière ; Daniel San Pedro, metteur en scène ; Marianne Théry, éditrice ; Daniel Auteuil, comédien ; Aurore Auteuil, comédienne ; Djamel Bensalah, cinéaste ; Shirley Bousquet, comédienne ; Yannick Debain, comédien ; Thierry Frémont, comédien ; Hélène de Fougerolles, comédienne ; Isabelle Gélinas, comédienne ; Sara Giraudeau, comédienne ; Rebecca Hampton, comédienne ; Christophe Honoré, cinéaste ; Sam Karmann, comédien et réalisateur ; Axelle Laffont, comédienne ; Jalil Lespert, comédien et réalisateur ; Elodie Navarre, comédienne ; Natacha Régnier, comédienne ; Sonia Rolland, comédienne et réalisatrice ; Bruno Solo, comédien ; Alice Taglioni, comédienne ; Marc Lavoine, chanteur et comédien ;

Fabienne Servan-Schreiber, productrice ; Melissa Theuriau, journaliste et productrice ; Michèle Fitoussi, journaliste et romancière ; Nicolas Martin, journaliste et réalisateur, Estelle Denis, journaliste et animatrice TV ; Juliette Arnaud, comédienne et animatrice TV ; Valérie Damidot, animatrice TV ; Laurent Petitguillaume, animateur TV ; Karine Lemarchand, animatrice TV ; Christophe Michalak, chef pâtissier et animateur TV ; Nagui, animateur radio/TV et producteur ; Stéphane Plaza, animateur TV ; Julia Vignali, animatrice TV ;

Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste ; Corinne Ehrenberg, psychanalyste ; Caroline Eliacheff, pédopsychiatre ; Serge Héfez, psychanalyste ; Elisabeth Roudinesco, psychanalyste ; Serge Tisseron, psychanalyste ; Véronique Fournier, directrice du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin ; Daniel Guerrier, endocrinologue ; Claire Fekete, gynécologue obstétricienne ; Juliette Guibert, gynécologue ; Bernard Hédon, président du Collège national des gynécologues obstétriciens de France ; Brigitte Letombe, présidente d’honneur de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale ; Israël Nisand, gynécologue obstétricien ; François Olivennes, gynécologue obstétricien ;

Laurent Barry, anthropologue ; Simone Bateman, sociologue ; Marianne Blidon, sociologue ; Michel Bozon, sociologue et démographe ; Fabienne Brugère, philosophe ; Anne Cadoret, anthropologue ; Jérôme Courduriès, anthropologue ; Alain Ehrenberg, sociologue ; Arlette Farge, historienne ; Agnès Fine, anthropologue ; Marie Gaille, philosophe ; Maurice Godelier, anthropologue ; Isabelle Grellier, philosophe et théologienne ; Martine Gross, sociologue ; Danièle Hervieu-Léger, sociologue ; Laurent Jaffro, philosophe ; Laurence Hérault, anthropologue ; Sandra Laugier, philosophe ; Didier Le Gall, sociologue ; Agnès Martial, anthropologue ; Dominique Mehl, sociologue ; Jennifer Merchant, politologue ; Jeanine Mossuz-Lavau, politologue ; Valérie Nicolet-Anderson, philosophe et théologienne ; Ruwen Ogien, philosophe ; Mona Ozouf, historienne ; Michelle Perrot, historienne ; Enric Porqueres i Gené, anthropologue ; Alain Prochiantz, neurobiologiste, professeur au Collège de France ; Pierre Rosanvallon, historien, professeur au Collège de France ; Bertrand Pulman, anthropologue ; Violaine Sebillotte, historienne ; Alfred Spira, épidémiologiste ; Sylvie Steinberg, historienne ; Irène Théry, sociologue ; Laurent Toulemon, démographe ; Georges Vigarello, historien ;

Pénelope Agallopoulo, juriste ; Sophie-Marie Barbut, juriste ; Régine Barthélémy, avocate ; Alain Blanc, magistrat honoraire ; Florian Borg, président du Syndicat des Avocats de France ; Hubert Bosse-Platière, juriste ; Laurence Brunet, juriste ; Aurore Chaigneau, juriste; Géraud de la Pradelle, juriste ; Pierre Emaille, avocat ; Stéphanie Hennette-Vauchez, juriste ; Aurélie Lebel-Cliqueteux, avocate ; Anne-Marie Leroyer, juriste ; Françoise Martres, présidente du Syndicat de la Magistrature ; Eric Millard, juriste ; Marc Nicod, juriste ; Serge Portelli, magistrat ; Laurence Roques, avocate ; Valérie Sebag, juriste ; Françoise Thouin-Palat, avocate ; Michel Troper, juriste ; Alain Vogelweith, magistrat ;

Yeshaya Dalsace, rabbin ; Rivon Krigier, rabbin ; Philippe Lachkeur, président du Beit Haverim ; Corinne Lanoir, théologienne ; Stéphane Lavignotte, pasteur, président du Mouvement du christianisme social ; Marc Pernot, pasteur ; Marina Zuccon, présidente du Carrefour des Chrétiens Inclusifs ; Salima Naït-Ahmed, Musulmans Inclusifs de France ; Ludovic-Mohamed Zahed, imam, fondateur de Musulman-es progressistes de France ; Jean-Pierre Mignard, avocat et codirecteur de Témoignage chrétien ; Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France ;

Nathalie Allain-Djerrah, présidente des Enfants d’Arc-en Ciel ; Jérôme Beaugé, président de l’inter-LGBT ; Frédérick Getton, président de Centr’égaux ; Nicolas Gougain, ancien porte-parole de l’inter-LGBT ; Sylvie et Dominique Mennesson, coprésidents de l’association CLARA ; Catherine Michaud, présidente de Gaylib ; Laëtitia Poisson-Deléglise, présidente de l’association MAIA ; Denis Quinqueton, président de Homosexualité et Socialisme ; Yohann Roszéwitch, président de SOS Homophobie; Alexandre Urwicz, président de l’Association des Familles Homoparentales ; Vincent Violain, président du collectif Tous unis pour l’égalité.

Earth Crisis : Stand by / Wither

Voici les textes de deux chansons d’Earth Crisis, avec une consacrée au véganisme, l’autre au straight edge. La première consiste en l’affirmation de la libération animale, sans compromis, tandis que la seconde cherche à décrire l’impact de la prise d’héroïne et le combat (difficile) contre sa tyrannie.

Stand By (Se tenir là) [1992]

There will be no compromise, no more negotiating.
If you refuse to change, then you’re guilty and must be destroyed.
Thoughts of superiority, your supremist crimes must end.
You’re a demon with blood on your hands, your death will bring their freedom.
Il n’y aura pas de compromis, plus de négociations.
Si tu refuses de changer, alors tu es coupable et dois être détruit.
Les pensées de supériorité, tes crimes suprémacistes, tout cela doit prendre fin.
Tu es un démon avec du sang sur les mains, ta mort apportera leur liberté.

I can’t stand by and let the innocent die.
By opressing innocent life you’ve lost your rights so now your end is justified.
There will be no compromise, no more negotiating.
If you refuse to change, then you’re guilty and must be destroyed.
Je ne peux pas rester là et laisser l’innocent mourir.
En opprimant la vie innocente tu as perdu tes droits et ainsi désormais ta fin est justifiée.
Il n’y aura pas de compromis, plus de négociations.
Si tu refuses de changer, alors tu es coupable et dois être détruit.

Thoughts of superiority, your supremist crimes must end.
You’re a demon with blood on your hands, your death will bring their freedom.
I can’t stand by and let the innocent die.
By opressing innocent life you’ve lost your rights so now your end is justified.
Les pensées de supériorité, tes crimes suprémacistes, tout cela doit prendre fin.
Tu es un démon avec du sang sur les mains, ta mort apportera leur liberté.
Je ne peux pas rester là et laisser l’innocent mourir.
En opprimant la vie innocente tu as perdu tes droits et ainsi désormais ta fin est justifiée.

Don’t think that you’ve been given a choice.
Your actions serve as your voice.
Your selfishness destroys the earth, so you’ve left us with no other choice.
For the fetus, for the cat, for the cow, for the rat.
For innocent victims we will attack, we will attack, we will attack.
Ne pense pas qu’un choix t’a été donné.
Tes actions servent en tant que ta voix.
Ton égoïsme détruit la planète, alors tu ne nous laisses pas d’autres choix.
Pour le fœtus, pour le chat, pour la vache, pour le rat.
Pour les victimes innocentes, nous attaquerons, nous attaquerons, nous attaquerons.


La chanson est à 9:59.

Wither (Se flétrir)

Near lifeless skin stretched over a prone skeleton.
An image branded for all time within my memory.
Pursuit began seeking pleasure delivered with a price,
through an illusion of instant bliss enticed.
Une peau pratiquement sans vie tendue sur un squelette prostré.
Une image marquée pour toujours dans ma mémoire.
La quête a commencé dans la recherche du plaisir délivré avec un prix,
séduite par une illusion de bonheur instantané.

Toyed with what immediately only overpowered.
Chased the dragon
thinking that it would not turn to devour.
Steel driven into skin. Contamination forced in.
Jaws of death close together. The haze that surges must not win.
Joué de ce qui a immédiatement pris le dessus.
Ayant chassé le dragon [inhaler les vapeurs d’héroïne]
en pensant que cela n’aboutirait pas à être dévoré.
L’acier enfoncé dans la peau. La contamination forcée dans la peau.
Les mâchoires de la mort se serrant. La brume qui surgit ne doit pas gagner.

Wither. Body given to the vortex, awake in a synthetic dream.
Time and meaning fades, life drains far faster than it seems.
Drawn to the brink by thoughts of invincibility
to give into what beckons constantly.
Pulled back across the threshold.
Se flétrir. Le corps abandonné à un tourbillon, éveillé dans un rêve synthétique.
Le temps et la signification s’estompent, la vie s’épuise bien plus vite qu’il ne semble.
Porté au bord du précipice par les pensées d’invincibilité
Amené dans ce qui fait constamment signe.
Tiré vers l’arrière à travers le seuil.

Loved by the ones who helped bring salvation.
The future is in the hands of a once self-made victim.
Steel driven into skin. Contamination forced in.
Jaws of death close together. The haze that surges must not win.
Wither.
Aimé par ceux qui ont aidé à apporter le salut.
L’avenir est dans les mains de celui qui s’est amené lui-même à être une victime.
L’acier enfoncé dans la peau. La contamination forcée dans la peau.
Les mâchoires de la mort se serrant. La brume qui surgit ne doit pas gagner.
Se flétrir.

EELV sur l’échec de la conférence de Lima

L’année prochaine, François Hollande compte mettre le paquet sur la promotion de la conférence sur le climat à Paris en décembre. C’est très important à ses yeux, car il y voit (si l’économie repart) la possibilité de fédérer des gens autour de lui pour un nouveau mandat.

Il est également ici en bons termes avec Cécile Duflot, et on devine ce qui va se passer: d’un côté il y aura une position pragmatique, mais accolée à une pseudo critique réalisée par Europe Écologie Les Verts (EELV). Par la suite, Duflot se présente comme candidate à la présidentielle, etc. etc.

Il faut espérer que les choses ne seront pas aussi simples, mais pour cela il faut une véritable bataille pour l’opinion publique. L’hypocrisie d’EELV, qui ne parle jamais que de « sociétal » et méprise totalement la Nature, doit être démasquée…

Le présent communiqué d’EELV est donc intéressant. EELV reconnaît le fiasco de la conférence de Lima, et souligne d’autant plus l’importance de la conférence de Paris. Mais EELV ne s’avance pas trop, sachant que c’est très mal parti pour que ce soit un succès…

Et pourtant, EELV y participera complètement, parce que refusant la Nature et acceptant les institutions, elle n’a pas le choix. D’une certaine manière, EELV va à contre-coeur à ce qui ne pourra être que son suicide en tant que force prétendument écologiste…

Climat : après une conférence de Lima en demi-teinte, cap sur Paris 2015

Publié le 15 décembre 2014

La 20ème conférence de l’ONU sur le climat à Lima n’a pas dérogé aux règles de ces grands rendez-vous : négociations chaotiques, lentes et difficiles, accord de dernière minute, défiance entre pays développés et en développement, manque de précisions flagrantes sur les moyens d’atteindre les objectifs climatiques.

Il est encore trop tôt pour tirer toutes les leçons de cette COP 20 – semi-succès ou semi-échec. Tout dépendra dans les mois à venir des dépôts des contributions nationales au cours du premier semestre 2015 et de la synthèse de celles-ci le 01 novembre.

EELV tient néanmoins à saluer un accord a minima qui a le mérite de poser les bases des discussions pour l’année à venir et de réaffirmer la nécessité d’un accord mondial en 2015. La capitalisation du fonds vert à hauteur de 10,14 milliards qui doit permettre aux pays les plus vulnérables de s’adapter aux effets du changement climatique est une autre bonne nouvelle.

Une conclusion s’impose pourtant : après cette conférence en demi-teinte, tout se jouera à Paris en décembre 2015. Comme prévu, ce rendez-vous sera décisif.

Dans cette optique, la France porte une responsabilité historique. La COP 21 a en réalité déjà débuté, et la France, pays hôte, doit désormais être à la manœuvre pour engager des négociations en vue d’un accord ambitieux.

“Si elle veut être légitime pour convaincre, la France doit être exemplaire en matière de réduction de ses émissions et engager la transition énergétique sur l’ensemble de son territoire“ explique Julien Bayou, porte-parole d’EELV.

L’ampleur du chemin qui reste à parcourir est en effet considérable. A ce stade, toutes les options restent ouvertes en vue d’un accord à Paris, de la plus ambitieuse à la plus minimaliste. “Les écologistes appellent les citoyens et l’opinion publique à se mobiliser massivement pour peser sur les négociations tout au long de l’année afin de mettre une pression sans précédent sur les décideurs“ déclare Sandrine Rousseau.

L’urgence climatique presse l’action. 2014 risque d’être l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, les phénomènes naturels se multiplient, le nombre de réfugiés environnementaux explose. Rien ne justifierait un nouveau rendez-vous manqué à Paris en 2015 et romprait définitivement la confiance que placent les citoyens dans l’action des Etats pour régler la question climatique.

Le temps est compté. Il reste un an pour préparer ce premier accord international, ambitieux et contraignant de réduction de gaz à effet de serre, qui permettra de limiter la hausse des températures à 2 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle, dont nous avons tant besoin.

Les écologistes appellent à faire cause commune face à ce défi de civilisation.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

La conférence sur le climat de Lima ne débouche sur rien

Il y a donc eu tout de même un accord à la conférence sur le climat de Lima. Nous pensions avoir le temps de constater les points faibles, avant de parler de cet accord. Mais finalement il a été réalisé samedi, alors que le désaccord était complet.

Et sa base, c’est de dire que… l’année prochaine, il faudra se mettre d’accord. A la place de François Hollande, qui compte sur le prestige de la conférence à Paris l’année prochaine, on commencerait à paniquer.

Et surtout, pour les personnes entendant défendre la Nature, il y a lieu de comprendre le drame que va être cette conférence. Car bien entendu, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, peut se vanter de la réussite prochaine de la conférence à Paris, et affirmer que « Le fantôme de Copenhague s’éloigne et l’espoir d’un succès à Paris se rapproche. » EELV fait la même chose.

En pratique, ce qu’on va voir à Paris l’année prochaine, c’est que l’humanité est incapable de procéder à des décisions relevant d’un gouvernement mondial. Les intérêts particuliers priment ; ce qui se passe au niveau social avec les individus se répète avec les États.

L’objectif de décisions acceptées par tous les pays, avec des contraintes sur le plan légal, est définitivement abandonné. L’ONU est coulée, incapable d’unifier pour contrer la catastrophe en cours.

Et il va de soi ici que les grandes entreprises donnent le ton. L’écrasante majorité des fonds qui vont être rendus disponibles iront aux entreprises proposant des « alternatives » vertes, pratiquement rien n’ira aux pays du tiers-monde pour affronter la nouvelle situation.

Ce qui n’empêchera d’ailleurs pas de polluer à côté de cela : en 2012, 775 milliards de dollars de subventions sont allées dans les poches des entreprises pour les énergies fossiles, alors que le chiffre pour les énergies renouvelables, en 2013, était de 101 milliards.

En comparaison, la « Green fund » dont parle la COP20, est de… 10 milliards, et encore est-ce seulement de vagues promesses !

Quant à la Nature en elle-même, elle est totalement absente de la problématique. La seule chose que la COP20 à Lima a fait, c’est de reconnaître que le réchauffement climatique existait, et que si on ne fait rien l’élévation de la température va continuer et qu’on ne parviendra pas en l’état actuel à bloquer cela à une augmentation de 1,5°-2°.

En attendant, la COP20 a organisé le parcours balisé suivant : discussions à Genève en Suisse en févier, puis avant la fin mars, annonce des mesures pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre par… les pays qui souhaitent annoncer leurs mesures.

Avant fin mai un texte de base pour discuter à Paris est censé sortir, puis en juin à Bonn en Allemagne il y a une réunion, puis de nouveau un peu plus tard, on ne sait ni quand ni où !

La patate chaude arrive alors début novembre, lorsque le secrétariat de la Convention de l’Onu sur le climat doit résumer tout cela, avant donc la catastrophe à prévoir que va être la conférence à Paris, du 30 novembre au 11 décembre 2015…

Pour conclure, citons ici un philosophe des Lumières, Emmanuel Kant. La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a dit la chose suivante le 12 décembre, en séance plénière de la Conférence Climat de Lima :

« Enfin, sur la démocratie et les droits humains, le climat sera Grande cause nationale en France en 2015, et surtout, je souhaite que la France joue un rôle, pour imaginer l’émancipation et préparer démocratiquement les esprits au changement, comme l’ont fait au XVIIIe siècle les philosophes des Lumières pour faire advenir une nouvelle représentation du monde et des droits humains. »

Sauf que, justement, les philosophes des Lumières reconnaissait la Nature, et ils étaient dans un esprit universaliste. C’est Kant qui a souligné, ainsi, la nécessité d’une gouvernance mondiale de la raison :

« La nature a donc aussi utilisé l’incapacité à se supporter [que manifestent] les hommes, et même les grandes sociétés et les grands corps politiques composés d’individus de ce genre, comme un moyen de découvrir, au sein-même de l’inévitable antagonisme, un état de repos et de sécurité.

C’est-à-dire que, par les guerres, par ses préparatifs extravagants et jamais relâchés, par la souffrance qui s’ensuit et qui doit finalement être ressentie par chaque État même en pleine paix intérieure, la nature pousse [les États] à des tentatives d’abord imparfaites, mais finalement, après beaucoup de dévastations, de renversements, et même après un épuisement intérieur général de leurs forces, [les pousse] à faire ce que la raison aurait pu aussi leur dire sans une si triste expérience; à savoir sortir de l’état sans lois des sauvages pour entrer dans une société des nations, dans laquelle chaque État, même le plus petit, pourra attendre sa sécurité et ses droits non de sa force propre ou de son appréciation juridique personnelle, mais seulement de cette grande société des nations (Foedus Amphictyonum), de l’union des forces en une seule force et de la décision, soumise à des lois, de l’union des volontés en une seule volonté.

Aussi enthousiaste que puisse aussi paraître cette idée, et bien qu’une telle idée ait prêté à rire chez un abbé de Saint-Pierre ou chez un Rousseau (peut-être parce qu’ils croyaient la réalisation d’une telle idée trop proche), c’est pourtant le résultat inévitable de la souffrance où les hommes se placent mutuellement, qui doit contraindre les États (aussi difficile qu’il soit pour eux de l’admettre) à adopter cette résolution même que l’homme sauvage avait été contraint de prendre d’aussi mauvais gré, à savoir : renoncer à sa liberté brutale et chercher dans une constitution réglée par la loi le repos et la sécurité. »

Cela a été écrit en 1784. Plus de deux cent après, on attend encore cette société des nations réalisant la paix mondiale. Elle ne pourra se réaliser que lorsque l’humanité sera unifiée, ayant brisé son anthropocentrisme, ayant compris la réalité de la Nature !

La conférence sur le climat de Lima ne parvient pas à un accord

Comme d’habitude, la conférence sur le climat se prolonge. C’est une sorte de « tradition », le journal Le Monde définissant cela poétiquement si l’on peut dire comme « l’épais brouillard qui est devenu sa marque de fabrique à quelques heures de la clôture officielle des négociations ».

Sauf que cette fois cela coince encore plus, car la conférence de Paris de l’année prochaine est censée aboutir à l’équivalent du protocole de Kyoto : une sorte de programme valable pour 15-20 ans.

Vu les complications posées par le réchauffement climatique qui sont de plus en plus nombreuses, on comprend que ce soit un peu la panique. Surtout que l’objectif est censé être le suivant pour maintenir à 2°C l’augmentation de la température d’ici 2100 : réduire les gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici 2050 !

On imagine le bouleversement que cela induit. On voit mal des sociétés tournées vers le profit, dirigées par en haut, mener une révolution en ce domaine…

Voici l’évolution du réchauffement climatique jusqu’à cette année, pour bien qu’on comprenne la tendance.

Et voici celle du Co2.

Les gens ont compris que cela allait mal tourner, ce qui fait que les dominants jouent de plus en plus gros : ils savent qu’ils doivent préserver les apparences. En l’occurrence, il s’agit de faire bonne figure lors de la conférence de 2015. Mais justement, ici, il apparaît que les négociations de la conférence sur le climat à Lima montrent que personne ne veut s’engager vraiment.

Pas de chiffres donnés, et surtout pas de promesses d’argent ! Telle est la ligne générale.

Par exemple, à partir de 2020, 100 milliards de dollars d’aide annuelle sont censés être distribués aux pays particulièrement victimes du réchauffement climatique. Qui paiera ? Rien n’est arrêté.

Il faut dire ici qu’on a une sorte de gigantesque « blague » jouée par le capitalisme. Par exemple, l’Arabie saoudite est un pays très riche de par ses ventes de pétrole. Pourtant, ce pays réclame des « aides » dans le futur, alors que son mode de vie, comme on le sait, est dépendant d’une toute petite clique de gens vivant de manière délirante, typique des petits États pétroliers.

En 1965, la production de Co2 par habitant était de 0,9 tonne dans ce pays, elle est désormais de 17… Tout cela pour quoi ? Certainement pas pour un vie naturelle et agréable !

De la même manière, la Chine est très critiquée comme étant le premier émetteur de gaz à effet de serre. Mais pour qui produit la Chine, si ce n’est notamment pour l’Union Européenne qui est la première à critiquer ?

En gros les pays riches utilisent d’autres pays pour certaines productions, et de manière hypocrite arrivent avec une critique derrière. Cela amène un gros chaos d’où rien ne sort, car chacun cherche à tirer son épingle du jeu dans la concurrence internationale.

Il y a 195 pays de représentés à Lima, avec des grosses équipes (parfois 200 diplomates!), mais leurs intérêts sont trop différents à leurs yeux.

Pourtant, il n’y a qu’une seule planète, un seul ensemble abritant la vie, une seule humanité qui doit cesser sa guerre à la Nature.

Voici trois exemples parlant, autour du thème de la déforestation, qui n’a nulle autre cause que l’incapacité de l’humanité à sortir de l’anthropocentrisme, à vivre de manière harmonieuse.

La région brésilienne de Rondônia est passée de 500 000 à 1,5 million d’habitants en 30 ans, et au sein de l’Amazone, le résultat est que c’est là où le taux de déforestation est au plus haut au Brésil. Plus de déforestation pour faire de la place pour davantage de gens, qui eux-mêmes travaillent dans des entreprises… de déforestation.

Ici on voit l’évolution de la forêt de Baban Rafi entre 1976 et 2007, au Niger. La forêt se situe au point le plus au sud du Sahel; elle disparaît devant l’agriculture, la population humaine de cette zone géographique ayant quadruplé en 40 ans. La forêt actuelle est elle-même exploitée en continu comme source d’approvisionnement.

La forêt atlantique en Amérique latine est l’une des grandes victimes de la déforestation. A la base, sa superficie faisait 1 290 700 km², pour 95 000 km² aujourd’hui (soit un petit peu plus que 7%). Les deux images illustrent l’évolution au Paraguay, où la déforestation est la plus active: la partie orientale de ce pays a vu sa forêt passer de 8,8 millions d’hectares à 1,7 million, notamment pour la production de soja pour les élevages.

Car ce n’est pas la surpopulation le problème : celle-ci est elle-même le produit des déséquilibres dans l’humanité qui ont leur source dans le mode de vie destructeur, anthropocentriste, fondé sur l’individualisme le plus complet.

La France reconnaît la « gestation par autrui » effectuée à l’étranger

C’est une catastrophe et le mot n’est pas trop faible. En pratique, on peut dire que la « gestation par autrui » a été légalisée. Désormais, toute famille disposant de moyens financiers conséquents peut revendiquer son rejet de la Nature en payant une femme dans le besoin pour porter un enfant.

C’est la conséquence de tout un processus, non pas technologique, mais moral. A partir du moment où l’on enferme des êtres vivants, où on les sélectionne, où on les mutile, où on les torture, alors forcément la perception de la vie devient mécanique, horrible.

Évidemment, il existe une critique – celle des religions – qui dit que cela va trop loin. Cependant, cette critique ne touche pas le fond du problème. Le catholicisme romain, par exemple, critique d’un côté qu’un fœtus avorté soit simplement jeté à la poubelle, mais de l’autre côté ne trouve rien à redire à ce que les poussins mâles soient exterminés.

En apparence, cela n’a rien à voir, mais pourtant c’est un seul phénomène, qui s’appelle la vie. Soit on accepte la vie dans son ensemble, soit on la rejette. Mais séparer l’humanité du reste des êtres vivants, au nom de l’âme, c’est trahir la réalité de la vie.

Et on a beau parler d’âme, de Dieu, etc., en attendant il y a les faits, et ces faits ce sont une industrie, une science, des moyens technologiques, une production bien déterminée.

D’ailleurs, à quoi répond le principe de « gestation par autrui », si ce n’est à la loi du marché ? Et on ne peut pas dire, comme le fait le Vatican, qu’une partie de la vie peut être commercialisée, et pas une autre. C’est une contradiction complète, et si on dit que tuer est un acte mauvais, alors pourquoi tuer une poule ne serait pas mauvais ?

On ne peut pas pratiquer le relativisme dès qu’il s’agit d’une question non humaine ! On peut justement voir que les manifs pour tous n’ont en rien empêché cette vague de fond de la commercialisation de la vie.

Il y a en effet des entreprises qui mènent campagne en faveur des « mères porteuses », visant évidemment un public CSP++. Le problème de ces entreprises étaient qu’officiellement l’Etat français ne reconnaissait pas ces naissances et n’accordait pas la nationalité française aux enfants concernés.

En pratique, c’était faux : cinq années de résidence en France pour l’enfant concerné et le tour était joué. Mais le caractère non immédiat posait tout de même un souci commercial. Heureusement pour ces entreprises, le libéralisme triomphant est intervenu en juin 2014, lorsque la Cour européenne des droits de l’homme rendait un arrêt disant que la France ne pouvait pas refuser de transcrire les actes de filiation réalisés aux États-Unis à la suite de naissance issue de la « gestation par autrui ».

Des députés UMP ont alors cette dernière semaine tenté de faire passer une loi pour condamner de six mois de prisons et 7500 euros d’amende le simple acte « d’effectuer des démarches auprès d’agences ou d’organismes, français ou étrangers, permettant ou facilitant, contre un paiement, la pratique de la gestation pour le compte d’autrui ».

A cela s’ajoute le renforcement de la loi concernant le « délit de provocation à l’abandon d’enfant », dont la peine passerait à une année de prison et 15 000 euros d’amende.

Bien entendu, au pays du libéralisme, cet interventionnisme d’esprit catholique n’est pas passé. Et surtout, hier, le Conseil d’État a approuvé la circulaire incitant à délivrer des certificats de nationalité aux enfants nés de la « gestation pour autrui ».
Désormais, les différentes juridictions – parquet, parquet général et greffiers des tribunaux d’instance de France et d’outre-mer – reconnaîtront la demande de nationalité pour les enfants issus de la « gestation pour autrui » et dont un parent « officiel » au moins est de nationalité française.

Cela signifie que si la « gestation pour autrui » est interdite en France, la France la reconnaît désormais si elle est effectuée à l’étranger. C’est d’une hypocrisie complète. Tout cela est effectué… au nom des droits de l’enfant.

C’est-à-dire qu’on fait de l’enfant un être juridique séparé du reste du monde, existant « en soi » et partant de là monnayable selon les circonstances – en France catholique on préfère éviter, donc on laisse faire cela dans les pays étrangers.

C’est la même chose pour la procréation médicalement assistée à l’étranger, validée le 23 septembre par la Cour de cassation.
Bien évidemment, lorsque cette pratique sera « banalisée », elle sera sans doute légalisée en France. Un enfant deviendra alors, officiellement, ouvertement, non plus un être naturel issu d’une relation naturelle, fondée sur les sentiments, mais une marchandise relevant d’un choix individuel.

N’importe quel individu, homme ou femme, pourra à n’importe quel moment prétendre dominer la Nature, en « acquérant » la vie.
On est dans l’antrhopocentrisme le plus total, dans l’égocentrisme le plus complet. C’est le capitalisme absolu, avec l’individu comme entreprise et l’enfant comme capital. C’est tout simplement l’horreur, et c’est le fruit inévitable du rejet de la Nature.

De la COP20 de Lima à la COP21 de Paris

Aujourd’hui se conclut la Conférence sur le climat de Lima (au Pérou), qui fait partie de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Commencée le 1er décembre et vingtième du genre, elle est censée apporter la base de « grandes » décisions qui seront prises l’année prochaine lors de la conférence suivante.

Un texte va sortir, comme toujours, au dernier moment. Mais que dira-t-il ? Car le problème est gigantesque. Le réchauffement climatique n’a pas été freiné. Les chiffres sont toujours plus alarmants.

Et pourtant, il ne se passe rien. La crise économique, la bataille pour le profit, la logique anthropocentriste… forment une dynamique de l’anéantissement des mondes végétaux et animaux.

La machine s’est emballée et la concurrence est telle que le nouveau protocole qui doit être décidé l’année prochaine risque bien d’être le dernier. Aussi y verra-t-on compromis sur compromis, afin de ne risquer de froisser personne tout en maintenant, face à l’opinion publique mondiale, l’illusion d’une gestion de la question.

Et nous serons en France aux premières loges, puisque la « COP 21 » accueillera au Bourget, en banlieue parisienne, des milliers de délégués internationaux.

Cela signifie bien entendu que tout doit être parfaitement encadré, et les ennemis de l’écologie sont bien organisés. Par exemple, à Lima, la ministre de l’écologie Ségolène Royal n’a trouvé rien de mieux à dire que « la mesure principale est de lutter contre les gaspillages, tout le monde peut le faire », c’est-à-dire la même chose que le collectif « écologiste » du Front National fondé hier.

Il y a également, à coté de cela, « Solutions COP21 ». C’est une structure fondée en juillet, avec comme but d’influer massivement sur la COP21.

Elle se présente ainsi :

« Initié par le Comité français pour le développement durable, le Comité 21, avec le Club France Développement durable (regroupement de plus de 70 réseaux français), cette initiative a vocation à présenter les solutions et initiatives des entreprises, institutions, centres de recherche, collectivités et associations impliqués dans la lutte contre le dérèglement climatique.

L’objectif: montrer à un large public les multiples produits, services, process et innovations existants et en projet à travers le monde pour lutter contre le dérèglement climatique et ses impacts. »

Le Comité 21 est un regroupement de 500 structures telles que des entreprises, des fédérations professionnelles, des collectivités territoriales, des associations, etc.

Le Club France développement durable représente également une liste énorme de structures, telles que la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises, l’Association des Maires de France, la Fondation Nicolas Hulot, la Conférence des présidents d’universités, la CFDT, etc.

N’oublions pas de citer « Entreprises pour l’Environnement » où l’on trouve , AXA, La Poste, Saint Gobain, Renault, Société Générale, Thalès, Vinci, Total, etc.

En pratique cela veut dire que c’est la sainte-alliance des grandes entreprises et des institutions, mélangeant Veolia et Carrefour, GDF Suez et le CRNS, Schneider Electric et Generali, Rexel et Sofiprotéol, la ville de Paris et Suez environnement, etc.

C’est un projet alliant institutions et capitalisme pour gérer au mieux la COP 21… Et le Grand Palais à Paris sera leur base pendant une semaine en décembre, sur 4000 m², pour des « espaces pédagogiques », des « expositions » et des « conférences », bref toute la propagande possible.

Y aura-t-il un contre-projet ? Y aura-t-il une bataille pour l’opinion publique menée depuis le camp des personnes voulant défendre la Nature ? Ou bien en décembre 2015 y aura-t-il une vague unilatérale en faveur de cette pseudo écologie comme simple gestion par en haut du « gaspillage » ?

Tout cela va dépendre de nous !

Le « Collectif Nouvelle écologie patriote »

Hier a eu lieu le « lancement » d’une nouvelle structure se revendiquant écologiste, du nom de « Collectif Nouvelle écologie patriote » lors d’une conférence de presse en présence de Marine Le Pen. Il s’agit, on l’aura deviné, d’une de ces nouvelles structures de type « front » assemblées au sein du « Rassemblement Bleu Marine ».

C’est une sorte de tournant pour le Front National, mais pas comme on le pense.

Aux yeux de Jean-Marie Le Pen en effet, ce qu’il appelait « l’écologisme » ne consistait qu’en une « nouvelle religion des populations urbaines aisées, ‘bobos gogos’ de l’Occident ». Mais en même temps, en 1981 lorsqu’il faisait campagne, son programme avait cinq points, dont un appelé « Ecologie ».

La différence ne tient donc pas à la « découverte » d’une forme d’écologie, car le FN a toujours utilisé plus ou moins l’écologie, de manière démagogique, par exemple avec Bardot.

Non, elle tient à son utilisation non pas simplement comme gadget, mais comme vecteur de la transformation économique de la France, dans un sens précis. Car le « Collectif Nouvelle écologie patriote » n’est ainsi pas une structure là pour faire joli.

Son dirigeant est un économiste âgé de 46 ans, appelé Philippe Murer. Il est le co-auteur avec Jacques Sapir d’une brochure de la fondation Res Publica de Jean-Pierre Chevènement sur «Les scénarii de la dissolution de l’euro ».

Le Front National le présente officiellement ainsi :

« En tant que conseiller économique de Marine Le Pen, il sera chargé de travailler sur le projet économique du Front National ainsi que sur les problématiques liées à l’écologie et au développement durable. A la demande de Marine Le Pen, ses premiers travaux seront d’ailleurs orientés vers les moyens de relancer la croissance en France, tout en réalisant la transition énergétique nécessaire au pays. »

En avril, il avait justement publié chez Fayard un ouvrage intitulé « La transition énergétique – Une énergie moins chère, un million d’emplois créés ». Et s’il rejoint le FN, c’est justement :

« Parce qu’il est le seul capable de réussir cette transition énergétique. Nous devons avoir la main sur la banque centrale et sur notre monnaie pour y parvenir tout en pratiquant un protectionnisme économique. »

C’est le sens de « l’écologie patriote » : on quitte l’euro et l’Union Européenne afin de pouvoir faire du protectionnisme et financer l’innovation permettant des économies. La Banque de France devra ainsi fournir 1500 milliards d’euros aux entreprises pour la « transition énergétique. »

Et la meilleure économie selon lui, c’est dans le domaine de l’écologie que l’on peut le faire, un thème permettant pareillement de justifier au mieux le protectionnisme : au nom de la lutte contre la pollution, on prône le nationalisme. Naturellement, on ajoute une touche d’ethno-différentialisme afin de se la jouer protection de la « diversité » (des peuples, des ethnies, etc., c’est un vieux thème de la « nouvelle droite »).

Parler d’écologie c’est donc tout bon pour le FN, qui combine alors programme économique (les économies!) et le programme politique (le nationalisme).

Bien entendu, on garde le nucléaire parce que c’est tout bon pour les entreprises. On l’aura compris, il n’y aura pas de contenu à part « l’écologie » qui est utilisée comme prétexte au protectionnisme et donc au nationalisme et donc au fascisme, dans une savante construction.

Voici une vidéo où lors d’une conférence à Lyon, on voit l’approche du collectif.

Il est vrai que jusqu’à présent, cette vidéo a fait 70 vues en une semaine. Mais c’était avant la fondation officielle du « collectif » en question, et surtout il faut voir ce que dit Philippe Murer. Mais elle vaut le coup d’oeil par ce qu’elle révèle: l’écologie ici n’est qu’une « chasse au gaspi », rien de plus.

Voici une vidéo de 1979, avec le fameux personnage « gaspi » de la grande campagne lancée alors en France. C’est un condensé de « l’écologie » telle que le FN la conçoit.

Le FN pourrait même reprendre directement le slogan de l’époque: « en France on n’a pas de pétrole mais des idées », sachant que ces idées ce sont justement le nucléaire, la chasse au gaspi, la direction du pays par des technocrates, etc.

Earth Crisis – The order that shall be

Nous vivons une époque de terrible destruction, et les cinquante prochaines années vont être marquées par une guerre complète, finale, contre les couleurs bleue et verte de notre planète… A moins que l’on refuse cela.

L’humanité prend le chemin allant de la soumission de la Nature par la destruction à la destruction générale de celle-ci, emportée dans son élan anthropocentriste. Saurons-nous y faire face ?

Voici les paroles de la chanson « The order that shall be » (L’ordre qui sera) du groupe Earth Crisis.

Fuck this hell that man has made, it’s time for it to end.
Nature must endure, until death I will defend.
This fight relentless, an apostle of the order that shall be.
Nature will be left in peace, the animals set free.
Envoyons se faire foutre cet enfer que l’homme a fait, il est temps que ça finisse.
La nature doit endurer, jusqu’à la mort je vais la défendre.
Cette lutte acharnée, un apôtre de l’ordre qui doit être.
La nature sera laissée en paix, les animaux libérés.

The final end of wildlifes’ habitat destruction.
A future for species once pushed towards extinction.
Animal murderers, violators of the innocent must die for their crimes.
Driven by avarice, this world is a fucking nightmare.
Blackened skies, deforestation, poisoned seas.
La fin finale de la destruction de l’habitat de la vie sauvage.
Un avenir pour les espèces une fois poussées vers l’extinction.
Les meurtriers des animaux, les violeurs des innocents doivent mourir pour leurs crimes.
Guidé par l’avarice, ce monde est un putain de cauchemar.
Ciels noircis, la déforestation, les mers empoisonnées.

This civilisation’s price isn’t worth the fee.
Perpetrators of this madness, your right to live is gone.
Your burning bodies shall light the path to a glorious new dawn.
Le prix de cette civilisation ne vaut pas le prix.
Perpétrateurs de cette folie, votre droit de vivre a disparu.
Vos corps brûlant doivent éclairer le chemin à une nouvelle aube glorieuse.

If warnings go unheeded and pleas for mercy are ignored,
our alternative to militant resistance is a half life in a dead world.
Peace cannot exist without justice, they are one in the same.
Perpetrators of this madness, your right to live is gone.
Your burning bodies shall light the path to a glorious new dawn.
Si les avertissements restent lettre morte et les supplications ignorées,
notre alternative à la résistance militante est une demi-vie dans un monde mort.
La paix ne peut exister sans la justice, ils sont une seule et même chose.
Ceux qui perpétuent cette folie, votre droit de vivre a disparu.
Vos corps brûlant doivent éclairer le chemin à une nouvelle aube glorieuse.

La défense de la zone humide de Hainburg en Autriche

Il y a 30 ans commençait en Autriche quelque chose qui ressemble à ce qui s’est passé à Notre-Dame-des-Landes, sauf que cela s’est développé totalement différemment, donnant un élan formidable à l’écologie. Voici un petit aperçu de ce petit épisode historique lourd de sens.

Tout s’est déroulé à un peu plus de 40 kilomètres à l’est de la capitale viennoise, à côté de la toute petite ville de Hainburg. On y trouvait en effet un coin de nature appelé Hainburger Au, la zone humide de Hainburg.

Or, le gouvernement autrichien entendait y construire une centrale électrique (en Autriche le nucléaire est interdit constitutionnellement). Cela signifiait la destruction de l’endroit. La décision fut prise en décembre 1983.

La résistance commença à se développer, notamment avec le WWF. Une « conférence de presse des animaux » se tint en mai 1984, dans le club de la presse de Vienne, avec des politiciens de tous les horizons s’étant déguisés en animaux : en cerf, en cigogne noire, en héron pourpré, en sonneur à ventre de feu, en cormoran et en coléoptère !


Est alors lancé un appel à un référendum. Deux semaines plus tard, 3000 personnes se réunissent à Hainburg, prêtant « serment » :

«Nous promettons que nous ne laisserons pas tomber jusqu’à ce que les zones humides de Hainburg soient sauvées. Nous nous engageons: dans ce pays il doit enfin y avoir d’instaurés des parcs nationaux, dans les zones humides du Danube, du March, de la Thaya et partout où il s’agit de préserver la beauté de la nature. »

Voici une photographie montrant le grand peintre Hundertwasser présent lors de la lutte à Hainburg. Sur l’affiche on lit: « la nature libre est notre liberté ».


En novembre, le nombre de signatures de soutien est de 60 000, alors que le 8 décembre 8 000 personnes manifestent à Hainburg, plusieurs centaines campant dans la zone humide. Les travaux sont alors bloqués plusieurs jours, la répression s’enclenche, au bout de plusieurs jours il y a 5 000 personnes dans la zone humide.

Le 19 décembre, l’État annonce que la zone devient interdite et envoie à 6h00 du matin 1 000 policiers et gendarmes dégager les opposants au moyen de matraques et à l’aide de chiens, dans ce qui va être appelé le « jour de la honte », faisant des dizaines de blessés. Le soir même, 40 000 personnes défilent à Vienne en protestation.



Le lendemain, les opposants présent sur la zone humide sont 7 000. Il faut avoir en tête que passer la nuit dans la zone humide signifie affronter une température de -17°C…

L’État recule alors et proclame une pause. En mars 1985, la pétition des opposants a déjà 353 000 signatures. En 1986, l’État abandonne le projet, en 1996 la zone devient une réserve naturelle.

Quant au mouvement de Hainburg, il amena la fusion des écologistes en 1986, dans « l’alternative verte » qui récolte 4.82% des voix la même année, et devint l’un des principaux partis politiques, sur une base ultra-alternative (aujourd’hui sa principale figure historique dirige la SPA autrichienne et son mari tient un restaurant vegan).

Une belle réussite, très loin dans ses principes, son contenu, sa dimension populaire, de ce qu’on voit dans les « ZAD » françaises, qui ont utilisé l’écologie pour la mise en avant d’un mode de vie « autogestionnaire » en « autonomie locale ».