Un salon de l’agriculture 2016 sous un horizon pétainiste

Avec le salon de l’agriculture, on ne parle en ce moment que des éleveurs, qui ont d’ailleurs insulté François Hollande lors de son passage là-bas et ont utilisé un extincteur et de la farine pour abîmer le stand de Charal, marque du groupe Bigard numéro un de l’abattage en France.

C’est que les pétainistes sont de retour : « nous voulons nos terroirs », « nous voulons nos traditions », « nous voulons notre capitalisme local », voilà en somme ce qu’ils disent et, d’ailleurs, ce que tout le monde dit.

Libération, le quotidien des bobos, publie un article intitulé « Crise de l’élevage : les six commandements » ; on y lit :

« L’agrobusiness va mal. La «course au toujours plus» asphyxie nombre d’éleveurs dans un contexte de production à tous crins. (…) 3- Se recentrer sur le marché national et les circuits courts (…) 4- Opter pour la qualité, les labels, le bio »

Le Point, l’hebdomadaire de droite, dit la même chose dans l’article « Crise de l’élevage : miser sur la qualité pour sortir la tête de l’eau ? » :

« Il faut se réapproprier les secteurs qu’on a abandonnés en relançant le porc bio et la segmentation haut de gamme de la salaisonnerie et la charcuterie, où on a perdu des parts de marché », explique Laurent Pinatel, de la Confédération paysanne. La coopérative porcine Cooperl comme les industriels Herta et Fleury Michon ont pris ce chemin en développant des gammes de produits sans antibiotiques (après quarante-deux jours d’élevage) et sans OGM.

« Ma première priorité, c’est de développer des filières qualité en France. Nous avons des problèmes d’approvisionnement, car il y a des problèmes de qualité de la viande », souligne ainsi Arnaud de Belloy, PDG de Herta, qui développe depuis trois ans une filière de qualité appelée « Préférences ».

« On a mis dans la tête des gens que manger sera toujours moins cher demain. Je crois qu’il faut sortir de ce paradigme. Ça favorise des productions de basse qualité. Ça crée la misère, que ce soit dans les systèmes de production ou chez les éleveurs », assure le directeur général de Fleury Michon, Régis Lebrun. »

Comme on le voit, c’est la course au terroir. Dans Libération est parue également une tribune, intitulée « Crise agricole : « Traduire la FNSEA en justice ? » et écrite par « Gilles Fumey, Géographe, université Paris-Sorbonne et Olivier Assouly, philosophe, spécialiste de l’alimentation ».

On y lit un éloge de l’autarcie du terroir :

« Les Français doivent avoir honte de traiter ainsi leurs paysans. Que n’entend-on pas ceux qui luttent pour une agriculture réellement paysanne, de qualité, peu encline à s’exposer aux marchés extérieurs ?

De plus en plus d’agriculteurs voulant croire en leur avenir se risquent, souvent avec succès, dans des voies dissidentes, alternatives, moins anonymes, – à l’instar de filières plus courtes ou locales – capables en plus de valoriser économiquement leur travail, de promouvoir un savoir-faire unique et à eux, trouvant dans l’opinion de leurs concitoyens des marques de reconnaissance et de solidarité.

Que ne voit-on pas les agriculteurs défendant des filières intégrées – à l’instar de Jeune Montagne dans l’Aveyron qui avait, dans les années 1960, à l’initiative d’André Valadier su prôner la singularité d’un terroir contre les sirènes de la croissance et ses impasses – la cogestion avec des coopératives réellement pluralistes se débattre face à des industriels dont les besoins et les désirs ne sont pas ceux d’une alimentation saine, durable, respectueuse de l’environnement ? »

Il y a quelques jours, voici ce que disait, tout pareillement… la Confédération Française de la Boucherie (boucherie-france.org) :

« Ce matin, les Français se réveillent une fois de plus en découvrant des images abominables de tortures infligées aux animaux.

Ces images cauchemardesques, ce sont celles de l’abattoir du Vigan, révélées par l’association L214.

On pensait, en octobre dernier, avoir atteint le sommet dans le registre de la cruauté avec l’abattoir d’Alès. Il faut malheureusement croire que non.

La coupe est pleine pour nous autres, les 20 000 artisans Bouchers-Charcutiers du pays et c’est pourquoi à travers la voix de notre Confédération Nationale, nous exigeons, à l’instar de L214, une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs. Une transparence totale doit être établie sur ce qui s’y passe afin que cessent ces actes ignobles.

Nous, Bouchers-Charcutiers, répétons inlassablement, isolément, bien trop souvent à contre-courant qu’il est plus qu’urgent de revenir à un modèle de consommation raisonnée car c’est l’industrialisation de la viande qui entraine de fait ces dérives.

Le consommateur est le seul à pouvoir changer véritablement cette situation ; c’est lui, et lui seul qui détient le pouvoir de faire cesser la souffrance animale.

Il est grand temps qu’il prenne conscience que le modèle productiviste est dépassé et que la viande n’est pas un produit comme un autre. »

Tous disent la même chose : le consommateur décide, il faut retourner en arrière aux « bonnes vieilles méthodes », car comme le disent les « bouchers-charcutiers » : « c’est l’industrialisation de la viande qui entraîne de fait ces dérives » soit disant…

Notons d’ailleurs au passage que l’abattoir en question était bio, de proximité, pratiquant l’étourdissement, bref l’idéal de ces gens en théorie, mais ils ne sont pas à une contradiction près.

Ce ce qui compte pour eux, c’est le terroir, le terroir, encore le terroir, une « révolte contre le monde moderne » exactement comme les fachos ; c’est la tendance du moment et il faut être aveugle pour ne pas le voir. Sur le site Vegemag, on lit par exemple que :

« Un sondage YouGov réalisé pour CIWF France à l’occasion du salon de l’agriculture 2016 montre que 87% des Français sont contre l’élevage intensif. »

C’est très hypocrite de présenter les choses ainsi, car l’envers de la médaille est que la très grande majorité veut bien des élevages, simplement non intensifs. Cela n’a rien de positif, c’est la culture pétainiste à la française, qui suinte absolument de partout en ce moment.

Mais il est vrai qu’il y a une sorte de grande convergence réactionnaire du type pétainiste en ce moment, où éleveurs subissant la crise avec la concurrence disent au fond la même chose que les zadistes voulant vivre en « autonomie », sans oublier ceux qui veulent des réformes à la L214.

La France rêve de vivre dans les années 1960… Elle est prête à tomber dans les bras d’un sauveur instaurant une dictature pour « remettre les choses en ordre ».

Les oeufs et le pseudo « véganisme conséquentialiste »

Il y a peu de temps nous parlions des oeufs (voir Le véganisme et les oeufs, ainsi que « Veggan », le nouveau et horrible concept) et voici justement que dans le Nouvel Observateur, on trouve une nouvelle « théorie » cherchant à « justifier » la consommation d’oeufs par des vegans.

Une aberration de plus, qui a comme nom le « véganisme conséquentialiste », qui s’opposerait à un « véganisme déontologiste ». On l’avait bien vu venir : les bobos et les universitaires ont pris le véganisme d’assaut…

Voici comment, dans le Nouvel observateur, ce « véganisme conséquentialiste » est formulé par Sébastien Arsac, co-fondateur et porte-parole de L214, justement au sujet des oeufs de poule.

Si les mots ont un sens, alors quand on mange des oeufs, qui plus est « sans problème », on ne pratique pas le véganisme.

Car les mots décrivent la pratique, et autant n’importe qui peut se prétendre révolutionnaire sans nécessairement l’être, le véganisme a une définition et la consommation d’oeufs ne rentre pas dedans.

Il n’existe donc certainement pas un « véganisme conséquentialiste », monstruosité qui, comme on le devine, n’est que le nouveau masque de « l’utilitarisme », ce produit idéologique direct de la ligne Peter Singer – Cahiers antispécistes – Veggie Pride – L214.

D’ailleurs, dans le même article, Sébastien Arsac assume également la vivisection, typiquement dans l’esprit utilitariste.

Peut-on faire plus anthropocentriste? Voilà où mènent « l’antispécisme » et le « végéta*isme » : au relativisme, à la négation de l’universalisme, aux discours tourmentés et morbides, à la justification de la torture et du meurtre d’une petite souris…

Cette sordide « justification », parfaitement ignoble en jouant sur la corde de la sensibilité en prétextant défendre un enfant, s’oppose formellement au principe de la défense de toute vie, avec l’amour des animaux.

Mais il est vrai que les « antispécistes » assument très bien de ne pas aimer les animaux et de nier la Nature (comme avec le fameux document antispéciste En finir avec l’idée de Nature)…

 

 

Brutal article anti-vegan de « m le magazine style du Monde »

On ne dira jamais assez à quel point la France est le pays de la demi-mesure. Cela tient au catholicisme : on peut faire des choses « mauvaises », mais du moment qu’on s’en repent… D’où les « végétariens » qui mangent des poulets, des vegans à la carte ou bien réfutant l’universalité du véganisme, etc.

Il faut dire ici que la base sociale compte énormément. Le véganisme entre les mains de grands bourgeois désireux de mener une carrière universitaire ou juridique sera forcément « lissé » ; pareillement des bourgeois ou petit-bourgeois qui refuseront de choquer, de rompre avec leur milieu…

Tout est prétexte pour tenter de contourner, de manière opportuniste, la pression énorme, dont voici un exemple assez éloquent.

Difficile de faire un article plus anti-végan que celui-ci : on a ici une théâtralité grand-guignolesque assez fascinante, avec une conclusion qui fera clairement partie des annales de la bouffonerie la plus grande (et la plus ignoble) dans le refus du véganisme.

Il est tiré de « m le magazine style » du Monde qui, rappelons le encore et toujours, appartient historiquement à la presse catholique.

Un exemple de plus comme quoi le véganisme doit être strict, se fonder sur la rectitude morale, le refus des compromis, avoir comme base non pas soi-même mais la défense de la Nature et de chaque vie.

Ces gens ont peur d’une révolution bouleversant le mode de vie : ils ont raison, c’est une gigantesque menace pour eux, et nous vaincrons, car cela est juste et nécessaire. L’humanité doit assumer le véganisme!

Végan, une histoire de culte

Avez-vous un profond respect des animaux et de leurs droits ? Avez-vous choisi de n’utiliser ni de consommer de produits d’origine animale pour des raisons éthiques ? Etes-vous végétarien ou végan pour des raisons éthiques ?

Si vous répondez oui à l’une de ces questions, vos choix sont en passe d’être reconnus comme une « croyance » (creed) et protégés selon la législation sur les droits de l’homme en Ontario (Canada).

Engagée dans une procédure de révision des textes sur les droits de l’homme (Human Rights Code), la commission ad hoc de la province a rendu ses conclusions selon lesquelles « une croyance non religieuse qui influence de manière substantielle l’identité, la vision du monde et le mode de vie d’un individu, peut être considérée à l’égal d’une religion ».

Autrement dit, les végans pourraient être assimilés à des catholiques ou à des bouddhistes et bénéficier des mêmes protections que celles en vigueur contre toute discrimination raciale, sexuelle ou religieuse.

Dans ses considérations, la commission ne mentionne pas spécialement le véganisme, mais ses adeptes ont été les premiers à se réjouir.

Ainsi Camille Labchuk, directrice exécutive de l’ONG Animal Justice, qui milite en ce sens, précise sur son blog que, si la mesure était votée, « une école ou une université aurait l’obligation d’« accommoder » [to accommodate] tout étudiant en biologie qui refuserait de pratiquer une dissection animale en raison de sa croyance ; un employeur aurait l’obligation d’« accommoder » un salarié qui ne pourrait porter une tenue comportant des éléments d’origine animale (cuir, laine, fourrure, etc.) en raison de sa croyance ; un employeur devrait développer une culture d’entreprise n’excluant pas les végétariens ou les végans lors d’événements professionnels qui auraient lieu dans un steakhouse et offrant une solution alternative tenant compte de leur croyance ».

Les opposants à cette « équivalence droit de l’homme » accordée aux végans soulignent que c’est la porte ouverte aux scénarios les plus absurdes.

Que va-t-on faire des allergiques au gluten, des intolérants au lactose ou de celui qui se fait embaucher dans un restaurant « BBQ » (barbecue) et se plaint de n’être pas « accommodé » ?

Plus sérieusement, l’absence de menu végétarien à un séminaire d’entreprise relève-t-elle des droits de l’homme au même titre que la discrimination raciale ou la persécution religieuse ? Il est permis d’en douter et on cherche en vain des agressions ou des attentats antivégans commis par des terroristes carnivores.

Cette nouvelle foi végane a pourtant le vent en poupe (le glacier Amorino vient de sortir des sorbets 100 % végans), portée par des arguments imparables – lutte contre la souffrance animale, préservation de la planète, principes éthiques – qui s’attachent plus à détruire un mode de vie séculaire qu’à décrire un futur végan.

On peut aisément en imaginer les grandes lignes en se fondant sur le dogme : ni viande, ni poisson, ni lait, ni œufs pour s’en tenir aux seuls versets alimentaires.

Ce qui signifie plus d’élevage, plus de pêche, plus d’aquaculture, plus de vaches dans les prés, plus de basse-cour dans les fermes. Ce qui entraîne la disparition des bouchers-charcutiers, des poissonniers, des pêcheurs, des conserveurs, des bergers, des fromagers, des pâtissiers, etc.

Et la perspective d’une alimentation à base de fruits et légumes, riz, algues, graines germées ou non, avec le soja comme principal gisement de protéines. Un univers de soupes, tofu et ersatz industriels bourrés d’additifs, tel le steak in vitro ou la mayonnaise sans œufs. Il faut effectivement avoir la foi pour y croire.

L’hymne socialiste « Changer la vie »

La polémique au sein du Parti Socialiste occupe beaucoup les médias, aussi jetons un regard sur le passé. Nous sommes en juin 1977 au Parc des expositions de la Beaujoire, à Nantes ; le PS tient son congrès et il présente un nouvel hymne : « Changer la vie ».

Les paroles ont été écrites par Herbert Pagani, d’origine libyenne juive et la musique composée par Míkis Theodorákis, artiste grec très connu.

On est là, bien sûr, extrêmement loin du Parti Socialiste d’aujourd’hui, mais là n’est pas l’intérêt de la chanson. En effet, les passages concernant la ville sont d’une très grande valeur, reflétant la vraie exigence démocratique pour l’écologie.

C’était il y a 40 ans… Cela fait 40 ans de retard dans cette nécessité de changer la vie !

Voici les paroles et la vidéo de la chanson ; la seconde vidéo est d’une meilleure qualité, mais ne présente pas les paroles.

Les voix des femmes et les voix des hommes
Ont dû se taire beaucoup trop longtemps
Ne croyons plus aux lendemains qui chantent
Changeons la vie ici et maintenant
C’est aujourd’hui que l’avenir s’invente
Changeons la vie ici et maintenant

Prendre la parole
Décider nous-mêmes
Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Écrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Ne versons plus au nom de leur puissance
Notre sueur, nos larmes, notre sang
Les travailleurs travaillent pour la France
Pas au profit de quelques possédants
Pour partager les fruits de l’abondance

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous mêmes

Libérer nos vies des chaînes de l’argent
Faire du bonheur notre monnaie courante
Maîtriser la science et dominer le temps

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Il nous faudra reprendre en main nos villes
Qui ne sont plus que des ghettos géants
Où le printemps n’a plus le droit d’asile
Où meurent les vieux, les arbres, les enfants
C’est dans nos propres murs qu’on nous exile

Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous-mêmes

Libérer nos vies des fleuves de ciment
pour ne plus mourir de l’air que l’on respire
Et pour pouvoir vieillir auprès de nos enfants

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant

Un siècle meurt, un millénaire commence
Plus de prisons, de cages et de camps
Tendons la rose rouge de l’espérance
Aux opprimés de tous les continents
L’histoire est là qui nous offre une chance

Changeons la vie ici et maintenant
Libérer la femme
Libérer l’école
Donner la parole aux frères émigrants

Ecrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments

France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant.

Tribune au sujet du projet « Europa City »

Voici un document très intéressant et important, au sujet du projet « Europa City », une initiative capitaliste de type pharaonique qui est ici bien présentée de manière paradoxale par un élu des Républicains, un parti soutenant pourtant entièrement ce type de démarche…

Il a été publié initialement en tant que tribune dans Libération.

Europa City : quand les galeries marchandes remplacent les terres agricoles

A quelques kilomètres de Paris, la filiale immobilière du Groupe Auchan a jeté son dévolu sur 300 hectares de terres agricoles où l’on cultive le blé, le colza, le maïs et la betterave afin d’y construire Europa City, un complexe à la fois gigantesque, démesuré et contre-nature.

En Ile-de-France, entre l’aéroport du Bourget et l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, on s’apprête à détruire, dans le silence le plus total, 300 hectares de terres agricoles parmi les plus fertiles de France. Cela se passera sur le «triangle de Gonesse», à moins de 7 kilomètres du Parc des Expositions de Paris-Le Bourget où fut signé, à l’issue de la COP21, l’accord de Paris sur le climat.

La filiale immobilière du Groupe Auchan a en effet jeté son dévolu sur ce terrain où l’on cultive aujourd’hui le blé, le colza, le maïs et la betterave afin d’y construire Europa City, un complexe à la fois gigantesque, démesuré et contre-nature.

Europa City, dont l’ouverture est envisagée entre 2021 et 2024, est un équipement qui nécessitera au minimum deux milliards d’euros d’investissement privé et près d’un milliard d’euros d’investissement public. Il s’agit d’y bâtir 230 000 m2 de galeries marchandes, 50 000 m2 de parc d’attractions, 2 700 chambres d’hôtel, un parc aquatique de 20 000 m2, une piste de ski, un cirque, un auditorium et plusieurs salles de spectacle.

Les terres agricoles du triangle de Gonesse accueilleraient ainsi d’ici quelques années plus de 30 millions de visiteurs par an, soit deux fois plus que Disneyland Paris.

Néfaste à plusieurs titres, ce projet constituerait d’abord une véritable catastrophe écologique s’il voyait le jour, puisqu’on ne peut construire Europa City sans détruire en même temps des sols qui ont atteint des niveaux de fertilité exceptionnels.

Selon les termes de Michel Isambert, pédologue retraité de l’INRA, «les sols couvrant la zone du triangle de Gonesse se sont développés pour l’essentiel dans des dépôts limoneux éoliens épais de plusieurs mètres.

Ils sont faciles à travailler, à forte réserve en eau accessible aux racines des cultures annuelles et assurent des récoltes abondantes».

C’est en définitive un véritable trésor que le groupe Auchan s’apprête à détruire de façon irréversible, un trésor lentement constitué à la suite de phénomènes géologiques et climatiques exceptionnels.

Si encore ce projet n’était porté que par une société privée, prête à détruire une partie du patrimoine de l’humanité pour assurer son développement de court terme, on pourrait aisément lui opposer avec force la poursuite de l’intérêt général.

Mais la puissance publique, sans doute par naïveté, prête avec zèle son concours à ce projet contre-nature. Ce faisant, elle contrevient de manière totalement irresponsable à l’article 6 de la charte de l’environnement qui dispose que «les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable».

Car le groupe Auchan dispose en réalité d’un véritable bras armé public, l’Etablissement Public d’Aménagement (EPA) Plaine de France, situé à la fois sur le département de la Seine-Saint-Denis et sur celui du Val-d’Oise et qui est chargé, par l’Etat, de procéder à toutes les opérations nécessaires à la réalisation du projet.

Le groupe Auchan dispose également de relais importants auprès des élus locaux, notamment dans le département du Val d’Oise.

Ces derniers, alléchés par les promesses d’emploi formulées par les porteurs du projet, sont prêts à toutes les concessions et n’hésitent pas, pour certains, à se transformer en véritables représentants de commerce au service de la famille Mulliez, propriétaire du groupe Auchan.

La ficelle est grosse et le procédé, en plus d’être malhonnête, est pour le moins détestable. En effet, les thuriféraires d’Europa City n’hésitent pas à faire miroiter la création de 17 000 emplois à des maires de communes où le taux de chômage est sensiblement plus élevé que dans le reste de l’Ile de France.

Europa City serait en quelque sorte la chance ultime d’un territoire économiquement dévasté : le chantage à l’emploi est ici à peine masqué.

Mais les promesses ne seront pas tenues. Sur les 17 000 emplois projetés on additionne en réalité des emplois qui correspondent à différentes phases du projet, de la construction à l’exploitation. En somme, on agrège artificiellement des emplois qui ne font que se succéder.

Par ailleurs, les métiers qui seraient proposés par Europa City correspondent à des métiers dits «en tension», sur lesquels il est déjà très difficile de recruter. Europa City ne créera pas d’emplois, il se contentera d’en déplacer.

Enfin, si les créations d’emplois sont pour le moins incertaines, les destructions d’emplois seront, elles, bien réelles.

Dans le contexte bien connu de l’hyperinflation des grands complexes commerciaux en France, les galeries marchandes déjà sur place, et qui peinent à attirer plus de la moitié du trafic projeté au moment de leur création, seraient vouées à une mort certaine.

Au moment où le débat public commence, il convient d’appeler nos concitoyens à la plus grande vigilance car nous ne voulons pas que les promesses d’aujourd’hui produisent les déceptions de demain. Nous appelons à la mobilisation citoyenne car nous croyons fermement que l’avenir et l’existence même de l’humanité sont indissociables de son milieu naturel.

Vijay Monany Conseiller Départemental (LR) de la Seine-Saint-Denis

« L214, l’association anti-abattoirs qui choque »

Le Figaro a publié un article au sujet de l’association L214, dont voici des extraits. Cela suit la dénonciation par l’association de maltraitance ignoble dans un abattoir relevant de l’industrie du bio, avec un appel au « respect de la loi » (la vidéo est disponible ici sans avoir à s’inscrire).

Le Figaro présente la stratégie de L214, qui tient à choquer afin d’exercer des pressions dans l’opinion publique pour obtenir des réformes. Il en ressort clairement que le principe de l’association n’est pas une culture démocratique, une mobilisation populaire, mais une pression réformiste utilisant les méthodes commerciales du marketing en jouant sur l’irrationnel.

On est ici dans le témoignage chrétien face à l’horreur des abattoirs, nullement dans un éloge de la Nature et l’appel à rejoindre sa cause.

L’association atteint d’ailleurs ici une apogée qui se révélera rapidement comme un cul-de-sac, comme un simple accompagnement local faussement combattif de ce qui est un fait : la croissance exponentielle et la généralisation de l’exploitation animale à l’échelle mondiale, et l’inévitable résistance qui lève et qui doit aller jusqu’à la révolution.

L214, l’association anti-abattoirs qui choque pour mobiliser

Le gavage des canards, le broyage des poussins, les lapins d’élevage mutilés, et les récents scandales autour des animaux abattus vivants dans les abattoirs à Alès ou au Vigan… Autant de dénonciations polémiques émanant d’une même organisation: l’association L214.

À l’origine, l’organisation est née d’un mouvement rassemblant une dizaine de militants déterminés à mettre fin au gavage des canards: Stop Gavage, lancée en 2003. Les bénévoles y mènent des actions de sensibilisation en arborant des photos choc de gavage industriel devant de grands hôtels et restaurants. Dès 2004, la campagne a recours à la diffusion d’images obtenues dans des industries afin de sensibiliser les consommateurs.

En 2008, les militants fondent l’association L214, à laquelle Stop Gavage est intégré. Ce nom intrigant fait référence à l’article L214-1 du Code rural, premier texte de loi à désigner tout animal comme «un être sensible» dont les «impératifs biologiques» doivent être pris en compte.

Un mot d’ordre emblématique de la finalité de l’association, dont la cause dépasse la question des abattoirs, qui est surtout transitoire: L214 encourage, dans l’idéal, à «se passer de produits d’origine animale» afin de limiter -et à terme, de cesser- l’exploitation des animaux par les humains. Nombre de ses militants sont d’ailleurs adeptes du végétarisme ou du veganisme (qui exclut toute consommation de produits issus de l’animal).

Depuis sa création, quelques faits d’armes ont forgé la notoriété de L214. En 2008, la première vidéo choc d’abattoir, tournée dans une usine Charal de Metz, est diffusée par l’association. En 2013, la campagne anti-gavage de l’association a poussé plusieurs grands chefs, dont Joël Robuchon et Alain Ducasse, à changer de fournisseur de foie gras.

À l’automne 2014, l’association a décliné la méthode en visant directement des enseignes vendant des œufs de poule élevées en batterie, comme Système U ou Monoprix, là encore par le biais d’une vidéo choc. Nouvelle réussite: Monoprix a abandonné les œufs de batterie; un chemin également suivi plus récemment par l’enseigne Michel et Augustin.

C’est toutefois en octobre dernier que l’association s’est imposée dans l’univers médiatique, avec la diffusion de la vidéo montrant de graves manquements à l’abattoir d’Alès, dans le Gard. Les images donnent lieu à la fermeture administrative immédiate de l’établissement (qui a rouvert en décembre) et le clip «Abattoir made in France», sous-titré en anglais, a atteint 1,6 million de vues. «

Il y a eu un avant et un après Alès», confirme au Figaro Sébastien Arsac, fondateur et porte-parole.

Le nombre de sympathisants a encore grimpé -l’association compte 10.000 adhérents et leur page Facebook affiche plus de 430.000 abonnés – et le ministère de l’Agriculture a adressé une lettre à l’association pour l’assurer de son action.

L’évolution du nombre de recherches des termes «L214» et «association L214» sur Google depuis 2008 montre un pic en octobre dernier:

L’éducation au goût comme opération de promotion de l’alcool

L’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie a publié un dossier très intéressant, intitulé « Education au Gout » et Educ’Alcool – Les miroirs aux alouettes du lobby de l’alcool.

Y est présenté l’opération « prévention » du lobby de l’alcool, qui prend les devants pour contrer les partisans de la santé, suivant l’adage : pour que rien ne change, tout doit changer. En prétendant éduquer le goût, c’est une opération de l’alcool qui est mise en place et ici décortiquée.

On apprend ainsi cette chose terrible, ce scandale absolu, qui en dit long sur la déliquescence de notre société :

« Vin & Société met en valeur la culture du vin dès le plus jeune âge. C’est ainsi qu’on peut trouver des mallettes ou kits pédagogiques pour les plus jeunes afin
de « permettre aux plus jeunes de découvrir l’univers de la vigne, les goûts et les terroirs. Cet apprentissage, dès le primaire, favorisera un comportement responsable chez ces adultes avertis de demain. »

En fait ces programmes d’éducation commencent dès la maternelle avec une mallette pédagogique du goût pour les 4-6 ans.

Mais on trouve aussi : Le petit Quotidien, à l’intention des 6-10 ans; Les incollables, un quiz pour les 6-12 ans ; Mon quotidien : pour les 10-14 ans. Ces outils pédagogiques, principalement à base de jeux et de questions/réponses sur le raisin et les métiers de la filière viticole ont pour objectif implicite de produire une norme sociale pour les générations futures. »

Le document est très intéressant, car il montre également comme il y a un discours relativiste s’appuyant sur le prétendu « bon sens », sur l’individu qui doit être « responsable » et existerait ainsi indépendamment de la société et de son influence. L’alcool comme aventure individuelle est ici bien démystifiée : il y a bien un romantisme de l’alcool à dénoncer.

Voici un passage limpide :

« La consultation du site Internet d’Educ’Alcool [au Canada], ou de celui de Vin et société, qui promeut la même démarche en France, ne permet pas de trouver un argumentaire scientifique, une référence aux données de la littérature internationale, qui donneraient un soubassement solide au postulat des bienfaits de l’éducation au goût. La justification du programme est celle du bon sens et de la tradition par exemple :

Pour Educ’Alcool : »Il faut préciser qu’une première consommation en famille, dans un cadre approprié où tous boivent avec modération, est fort différente de
la consommation entre pairs où la prise de risques et les excès sont valorisés. La mesure est la même, mais le résultat diffère totalement en ce qui touche les
habitudes de consommation. Dans le premier cas, le jeune apprend que la consommation modérée ajoute au plaisir d’être ensemble »

Pour Vin & Société : « Donnez l’exemple [à vos enfants], consommez avec mesure ».

A ce bon sens bien pratique pour éviter une argumentation sérieuse, le lobby de l’alcool, surtout celui du vin en France, ajoute celui de la tradition en se
référant à un passé mythifié et enjolivé.

Ainsi Jean-Robert Pitte, membre du conseil scientifique de l’IREB, regrette [Emission 360° le vendredi 6 novembre 2015 sur LCP] avec lyrisme l’époque bénie où les enfants buvaient du vin à table avec leurs parents, ce qui leur permettait, selon lui, d’affiner leur goût et de prévenir les excès futurs. »

Un autre aspect, très bien vu, est toute cette entreprise de jeu sur les mots, ici intelligemment vue et dénoncée :

« En ce qui concerne les éléments de langage du lobby de l’alcool, il s’agit d’imposer la substitution de mots porteurs de valeurs positives à d’autres plus ambigus, voire négatifs. Ainsi :

– La valorisation de la modération pour tenir à distance l’excès : Le concept de modération, qui signifie retenue, pondération, circonspection, est présenté comme porteur de sagesse, en opposition à l’excès, qui est la perte de contrôle, le désordre, voire la rébellion. Pourtant, chacun sait qu’il n’y a pas de frontière stricte entre l’un et l’autre, mais un continuum de comportement d’ailleurs variable pour une même personne et selon le contexte.

– Le goût plutôt que la consommation : le goût est une qualité qui suppose une démarche d’élévation dans la recherche de distinction, tandis que la consommation est une attitude quasi passive, qui renvoie à un comportement de masse.

– La dégustation plutôt que la consommation, pour les mêmes raisons.

– Le plaisir et non la froideur des données scientifiques.

– La convivialité pour occulter la part de violences sociales ou sexuelles qu’entraine globalement la consommation d’alcool par la population

– La responsabilité au lieu de l’ivresse : le qualificatif responsable est particulièrement employé pour atténuer la portée négative d’autres mots, par exemple la consommation responsable. (…)

Pour la même raison, les gêneurs, en particulier les acteurs de santé publique, seront dénigrés et désignés sans la moindre nuance comme des « intégristes », des « sectaires », des « hygiénistes », des « ayatollahs ». Ce traitement des opposants est d’autant plus efficace que ceux-ci se refusent à employer des moyens aussi peu éthiques. »

Voici un passage vraiment intéressant et on ne s’étonnera pas du scandaleux jeu du lobby de l’alcool :

« Aussi bien en France qu’au Canada, l’information sur la santé est soigneusement filtrée, le But est avant tout d’inquiéter le moins possible sur les effets de l’alcool, tout en prétendant informer par des phrases vagues ou des informations souvent incomplètes, parfois biaisées ou fausses. A cet égard, le site de Vin & Société, est le plus désinformatif :

– Inutile de chercher le nombre de morts dûs à l’alcool par an (49 000), il n’y figure pas.

– Inutile également de chercher celui des morts par cancer dûs à l’alcool (15 000 par an soit 41 par jour) il n’y figure pas non plus. – On y trouve en revanche les résultats d’une étude payée par Vin & Société, dont la méthodologie n’est pas publique, et qui conclut entre autres que l’alcool n’est pas responsable de certains cancers (personne n’a prétendu que l’alcool était responsable de tous les cancers), et même que sa consommation pourrait en prévenir certains et aiderait les cancéreux à récupérer plus rapidement…

On comprend en lisant de telles énormités que Vin & Société ne publie pas son « étude » in extenso, car elle permettrait certainement à des scientifiques sérieux de la passer au crible. L’information sur le risque de cancer est ainsi soigneusement édulcorée. On comprend très bien pourquoi. Le cancer effraie, et surtout, la consommation d’alcool augmente le risque de développer un cancer même pour une faible consommation. Le dire clairement irait à l’encontre de la mission de Vin & Société : inciter à boire de l’alcool. (…)

On remarque aussi que pour les Québécois, contrairement à Vin & Société, ce n’est pas le vin qui provoque cet effet protecteur, ce sont tous les alcools. Cela s’explique clairement, le Canada ne produit pas de vin. »

On voit bien ici qu’il y a une véritable lutte culturelle… Aux personnes conscientes de la situation d’être en première ligne!

7 Seconds – Young Till I Die

Cette chanson est un grand classique de la culture straight edge, témoignant du refus radical de s’intégrer à une vie d’ « adulte » pleine de compromis et de compromissions… d’incapacité à maintenir des valeurs alternatives, pleines d’utopie!

You waited long for 21.
For me the fight has just begun.
You get in clubs, drink alcohol,
It makes you feel you’re ten feet tall.
Tu as attendu longtemps tes 21 ans [âge légal pour l’alcool aux Etats-Unis].
Pour moi le combat a juste commencé.
Tu vas dans les clubs, tu bois de l’alcool.
Cela te fait sentir comme étant trois mètres de haut.

I don’t wanna grow up,
I’m never getting old.
I’d rather work from 9 to 5
Than drink to stay alive.
Je ne veux pas grandir,
Je ne vais jamais devenir vieux.
Je préfère bosser de 9 à 5
Que de boire pour me maintenir en vie.

I’m gonna stay young until I die!
I’m gonna stay young until I die!
You grew up fast, now you’ll die soon.
I’ll never fucking be like you.
You finish college, grab a wife,
You’re dead before you’re 35.
Je m’en vais rester jeune jusqu’à ce que je meurs!
Je m’en vais rester jeune jusqu’à ce que je meurs!
Tu as grandi rapidement, maintenant tu vas mourir bientôt.
Je ne serai foutrement jamais comme toi.
Tu as fini l’université, trouvé une femme,
Tu seras mort avant tu n’aies 35 ans.

La Picardie et l’urbanisme diffus

Avant on pouvait penser que la ville, c’était la culture, et la campagne, la nature. Selon ses possibilités, on choisissait l’un ou l’autre. Mais ça, c’était avant : aujourd’hui les villes ont de la culture en leur centre et c’est surtout du divertissement pour les gens aisés, alors que les campagnes ressemblent à champs gangrenés par du béton.

Si on se demande pourquoi le Front National fait de tels scores en Picardie, c’est justement parce que les gens là-bas ressentent de manière particulièrement forte cette situation intenable.

Voici comment la Direction Régionale de l’Equipement Picardie expose la situation en 2007, dans son document « La péri-urbanisation en Picardie : toujours plus loin des villes » (on se doute que la situation a empiré depuis) :

« La péri-urbanisation a touché la Picardie à compter des années 1970. Depuis lors, la population n’a cessé de s’établir de plus en plus loin des unités urbaines dans des communes de moins en moins bien desservies.

Il s’en est suivi une forte consommation d’espace, la péri-urbanisation ayant pour corrolaire la multiplication des zones pavillonnaires dans les villages. Parallèlement, les emplois se sont polarisés dans ces mêmes unités urbaines.

Ce double mouvement de report de la population en périphérie et de concentration de l’emploi en ville est à l’origine de trajets domicile-travail massifs. (…)

Le phénomène de péri-urbanisation n’a pas épargné la Picardie.

Déjà sous-dimensionnés au regard de l’armature urbaine des autres régions françaises, les pôles urbains picards ont eu beaucoup de peine à polariser la population régionale, une bonne part de celle-ci ayant choisi de s’installer à la campagne s’obligeant à des trajets domicile-travail de plus en plus longs.

Si on intègre les résultats provisoires du recensement de 2006 fournis par l’INSEE, dans le secteur d’Amiens, ce sont désormais les communes les plus éloignées de tout centre urbain (ce que certains sont tentés d’appeler le « rural profond »), celles situées à 25-30 km de ce pôle urbain qui sont les plus dynamiques. »

Quand on lit ces lignes, on voit que le développement urbain gangrène les campagnes et que les emplois se trouvent loin : on ne peut pas faire pire au plan écologique. On pollue, on détruit la Nature, le cadre de vie se bétonise et la culture se trouve dispersée, atomisée, inaccessible…

La particularité de la Picardie, c’est de ne pas avoir de vraies grandes villes pour drainer d’un côté, bloquer de l’autre, ce qui fait que ce n’est même plus un phénomène de péri-urbanisation qui se déroule, mais encore pire : d’urbanisme diffus !

Voici ce que constate un document du Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement analysant justement cet aspect. Ce qu’on lit aide vraiment à comprendre la situation et le document fournit plein d’informations.

« La recherche proposée est fondée sur une hypothèse centrale : une partie des territoires picards actuellement qualifiés de « périurbains », relève d’une ou plusieurs figures territoriales que nous qualifierons « d’urbain diffus ». (…)

L’émergence d’une périurbanisation ordinaire autour des grandes villes picardes, visible dans la confrontation entre la carte lumineuse de 1975 et celle de 2008, traduit un mouvement d’étalement par contiguïté. Les agglomérations d’Amiens, de Beauvais, et de Saint-Quentin se diffusent vers des communes périphériques, à dominante résidentielle, qui connaissent des dynamiques démographiques fortes et se développent sur le modèle de la tâche d’huile. L’espace bâti y est quas iexclusivement réservé aux activités résidentielles.

La constitution d’un espace métropolisé toute la frange sud de l’Oise, dégagé de l’analyse de l’occupation humaine, s’inscrit également dans cette dynamique d’étalement par contiguïté. Le développement résidentiel et économique de ces urbains diffus s’explique principalement par leur proximité à l’Ile-de-France, véritable ville-centre pour ces territoires-relais.

Les prix du foncier et le solide réseau de transports vers la région capitale expliquent le renforcement de la dynamique résidentielle ancienne. Le desserrement de l’activité francilienne concrétise l’élan économique.

D’après l’INSEE, l’aire urbaine de Paris englobe désormais la totalité du Pays de Valois et des abords du Creillois. La part des nouveaux habitants provenant de l’Ile-de-France y est de 60%.

Elle s’est également étendue de l’Oise vers l’est, dans l’Aisne, et touche désormais Soissons et Villers-Cotterêts. La dynamique est telle que certains « urbains diffus » de 1850 sont aujourd’hui devenus de véritables pôles urbains.

La médiane qui traverse la Picardie d’est en ouest, zone d’interface centrale, semble être sous l’influence de plusieurs moteurs : l’extension des dynamiques franciliennes et rémoises (étalement par contiguïté) ainsi que des impulsions internes (croissance endogène).

Alors que certaines zones diffuses entre Laon et Soissons connaissent aujourd’hui des dynamiques résidentielles importantes, dues à la proximité de Reims, certains territoires sont également influencés par les communes multipolarisées de cette zone, formant un maillage de villes et de bourgs forts, reliés par un réseau viaire solide. Depuis 2000, ces territoires multipolarisés prennent de l’ampleur et impulsent une dynamique d’urbanisation aux urbains diffus attenants. »

Et à l’intérieur de la périphérie, on a la périphérie, comme ici.

« Le long de l’estuaire de la Somme, de Saint-Valéry-sur-Somme jusqu’au périurbain amiénois, l’urbain diffus semble influencé par une dynamique littorale importante.

La carte de l’occupation de l’espace de 1911 met en avant l’apparition d’une poche humaine sur la côte littorale, concomitante avec le développement de stations balnéaires, pendant « la belle époque ».

Ce développement résidentiel traduit la diffusion par connexité de ce territoire, tourné vers une spécialisation touristique. »

« Si le sud de l’Aisne est désormais touché par l’extension de l’aire urbaine de Paris, les urbains diffus du nord du département sont poussés par un développement quasi-autonome, entretenant peu de liens avec les territoires voisins.

La faiblesse des navettes domicile-travail entre la Thiérache et ses voisins illustre un fonctionnement économique quasi-autonome.

Cette affirmation doit être nuancée car le taux de chômage y est élevé. Plus que d’un développement autonome, il faudrait ici parler d’un territoire à la recherche de moteurs. »

Quand on voit cela, on comprend tout de suite que le projet de libération de la Terre, de protection de la Nature, va de pair avec une remise en cause des tendances actuelles qui poussent les humains à connaître une vie quotidienne éloignée à la fois de la nature et de la culture…

Les humains le sentent bien, en Picardie on sait que le malaise est profond… et le désarroi ne disparaîtra que quand il y aura conscience de la nécessité de se tourner vers la Nature, d’organiser la société non pas contre elle mais avec elle, en abandonnant les règles et principes fondés sur le profit.

Ecocide de manchots : « La réalité est beaucoup plus nuancée »

Se moquer des défenseurs des animaux et les faire passer pour des gens « qui exagèrent » est un style traditionnel des ennemis de la cause animale. Il s’agit de faire passer les personnes aimant les animaux pour des gens « qui en font trop », qui seraient incapables de rationalité, etc.

Audrey Garric, tout sauf une amie de la cause animale et de l’écologie radicale, a publié justement hier sur son blog du Monde « chroniques pour une économie sociale et durable » un article intitulé « Non, 150 000 manchots ne sont pas morts en Antarctique à cause d’un iceberg ».

L’auteur reprend le thème dont nous parlions il y a quelques jours (Ecocide de manchots au Cap Denison en Antarctique) et utilise l’argumentaire classique : il y a sur-réaction, encore une fois les défenseurs des animaux ont réagi avec émotion et non raison, etc.

On lit ainsi des choses comme :

« La réalité est beaucoup plus nuancée, et les manchots sont plus probablement déplacés que morts. »

« Un des facteurs de confusion – au-delà de la tendance des médias à reprendre en boucle les mêmes informations – réside sans doute également dans le manque de clarté de l’étude, qui peine à établir des recensements précis et comparables. »

« Quand, en conclusion de l’étude, les auteurs préviennent que la colonie de Cap Denison pourrait être éteinte d’ici à vingt ans, cela signifie donc simplement que les manchots ne reviendront plus sur ce cap rocheux pour se reproduire et non pas leur extinction massive. »

Cerise sur le gâteau, on a le fameux relativisme à la française, avec ici le changement climatique bâclé au passage :

« Faut-il y voir un effet vicieux du changement climatique ? Difficile à dire, tant les facteurs qui régissent l’état de la glace de mer et le mouvement des icebergs sont nombreux et complexes. »

Nous ne savons pas si les autres journaux ont lu l’article scientifique en question, intitulé « The impact of the giant iceberg B09B on population size and breeding success of Adélie penguins in Commonwealth Bay, Antarctica », mais nous, nous y avons porté notre attention pour en parler justement.

Or, tout d’abord l’article parle bien de l’émigration des pingouins, à la fin de l’article, mais justement uniquement en passant. Car quel est le problème que n’a pas vu le blog lié au Monde qui fait partie, on ne le rappellera jamais assez, d’un groupe de presse catholique ?

Eh bien justement que les manchots se reproduisent. Les religieux, avec leur conception magique de la vie, oublient toujours cette question qui remet en cause leur conception, car en réalité la vie amène la vie, et non pas Dieu.

Si donc on passe, comme le tableau de la recherche l’indique, de 160 000 – 200 000 manchots à quelques milliers sur les îles Mackellar, ce n’est pas seulement qu’il y a eu émigration des manchots, et d’ailleurs cela reste encore à prouver.

Il y a eu au moins, au cours de ce processus, des naissances qui ont échoué.

Preuve de cela, l’article mentionne la présence, en 2013, de centaines d’oeufs abandonnés, de carcasses gelées de petits des années précédentes.

Sur une sous-colonie de 35 nids, furent retrouvés sept œufs intacts abandonnés et sept « restes » de petits, ainsi que d’autres restes d’oeufs et de petits aux alentours.

« During the census in December 2013, the impact of B09B on the penguins was considerably more dire than the census numbers alone would suggest. Hundreds of abandoned eggs were noted, and the ground was littered with the freeze-dried carcasses of previous season’s chicks. For example, in one sub-colony with 35 occupied nests there were seven still intact abandoned eggs and seven dead chicks from last season within the colony perimeter alone. Other dead chicks were found close by and eggshell fragments indicated even greater egg loss. It is probable that South Polar skuas had eaten or removed other eggs or chicks from the sub-colony. Observations in other nesting areas indicated a similar attrition rate of chicks and eggs, but due to time constraints no further such data was obtained. »

Le constat est donc sans appel. L’article du blog du Monde le sait mais cela n’empêche pas qu’il soit dit en même temps qu’il n’y a pas 150 000 manchots de morts. C’est juste que les petits ne sont pas comptés, aussi simplement que cela…

Mais au-delà des faits, qu’est-ce qui compte ? Qu’on a là un exemple patent d’attaque contre une affirmation en faveur des animaux. Une attaque, et non pas une critique constructive : c’est bien là, de la part du blog du Monde, une dénonciation s’appuyant sur la base des préjugés les plus classiques à l’encontre des défenseurs des animaux.

« Modèle animal » : « notion » et « critères d’évaluation de la validité »

La vivisection n’est pas qu’une pratique : c’est une idéologie. C’est une manière pseudo scientifique de justifier des choses pseudos scientifiques, de nier la réalité au profit de « calculs ».

Voici un exemple tout à fait récent de cette idéologie, qui se situe dans une thèse de 204, dont voici les caractéristiques:

Soutenue le 05-12-2014
à Bordeaux , dans le cadre de École doctorale des Sciences de la vie et de la santé (Bordeaux) , en partenariat avec Université de Bordeaux II (Etablissement d’accueil) et de Institut des Maladies Neurodégénératives (laboratoire) .

Voici donc ce qu’on y lit :

A. Notion de modèle animal

Les modèles animaux peuvent être définis comme des préparations expérimentales développées à partir d’une espèce pour étudier des phénomènes se manifestant au sein
d’une autre espèce (Geyer and Markou, 1995). En partant du principe qu’il existe une homologie, ou au moins une analogie, entre les caractéristiques physiologiques et comportementales de différentes espèces, il est possible d’extrapoler à l’homme, des résultats obtenus en étudiant l’animal.

L’utilisation de modèles animaux est bénéfique car elle permet aux chercheurs de tester des hypothèses spécifiques dans des conditions expérimentales très contrôlées, en employant des méthodes impossibles à utiliser chez l’homme pour des raisons techniques, pratiques ou éthiques.

Dans le cadre de l’addiction, l’objectif est de développer chez l’animal de laboratoire certains des symptômes de ce désordre psychiatrique, en se basant notamment sur les critères diagnostiques du DSM (Markou et al., 1993; Nestler and Hyman, 2010). Cela constitue un challenge car les critères diagnostiques de l’addiction sont subjectifs, difficilement quantifiables, et régulièrement révisés et redéfinis.

Ainsi, pour identifier chez l’animal des symptômes tels qu’un désir irrésistible de drogue ou une incapacité à s’abstenir, il est nécessaire d’opérationnaliser ces symptômes de sorte de les identifier sur la base du comportement (Markou et al., 1993). De plus, dans la mesure où certaines capacités cognitives sont propres à l’homme (ex ; langage articulé) certains aspects de l’addiction peuvent ne pas être modélisables chez l’animal.

Il est intéressant de voir qu’il soit affirmé qu’on ne pourrait pas employer la vivisection des humains « pour des raisons techniques, pratiques ou éthiques ». Cela montre à quel point on est ici dans la négation du réel et vraiment dans l’auto-justification de la science au moyen de cette méthode barbare et idéaliste qu’est la vivisection.

Le document est d’ailleurs obligé de jouer sur les mots et les concepts (« extrapoler », « homologie », « analogie », etc.) afin de prétendre trouver un rapport « utile ». Voilà pourquoi la suite des lignes précédentes consiste justement en l’idéologie de la vivisection, avec la théorie du « modèle » qui serait « valide »…

B. Critères d’évaluation de la validité d’un modèle

Afin d’évaluer la pertinence d’un modèle animal, il est nécessaire de garder en vue le but initial qui a motivé le développement de ce modèle. Les champs d’action du modèle doivent être rigoureusement définis par avance, tout en tenant compte des biais et des limites (Nestler and Hyman, 2010). Après de nombreux débats, la communauté scientifique s’est accordée sur des critères standardisés, nécessaires et/ou suffisants pour juger de la pertinence d’un modèle.

Ainsi, il a été convenu qu’un modèle animal pertinent doit être fiable et valide (Willner, 1984; Hitzemann, 2000; Belzung and Lemoine, 2011). Le critère de fiabilité se réfère à la stabilité et à la consistance d’une variable d’intérêt à plusieurs niveaux d’analyse. La variable doit pouvoir être mesurée de manière objective, avec une faible variabilité intra-individuelle et inter-individuelle.

De plus, le phénomène observé et les effets des manipulations sur la variable doivent pouvoir être reproductibles dans des conditions similaires, à de multiples reprises et par des expérimentateurs différents (Markou et al., 1993). Il est cependant important de noter que la variabilité inter-individuelle n’est pas forcément un frein à la validité du modèle et peut au contraire constituer un atout pour la compréhension d’un phénomène. Cette variabilité inter-individuelle existe en effet chez l’homme et peut permettre de découvrir des facteurs de résilience ou de vulnérabilité à un désordre psychiatrique, lorsqu’elle est étudiée chez l’animal.

La variabilité n’est donc pas toujours synonyme d’erreur expérimentale. Le critère de validité se décompose en différentes catégories. Parmi les nombreuses
catégories de validité décrites et définies, les critères de validité apparente ou phénoménologique, de validité prédictive, et de validité constructive, sont les plus couramment employés. Selon la nature du modèle et l’effet recherché, différents types de validité peuvent être plus ou moins pertinents.

Le critère de validité apparente ou phénoménologique se réfère au degré de similarité phénoménologique entre le comportement du modèle animal et le symptôme
humain d’intérêt. L’identité phénoménologique inclut des aspects comportementaux et cognitifs uniquement, et non leurs bases neurales ou physiologiques. Bien que ce critère de validité semble intuitivement important, il n’est en réalité pas indispensable, difficile à défendre et peut même se révéler source d’erreurs. En effet, deux espèces différentes, et phylogénétiquement éloignées (telles que le rat et l’homme par exemple) ne peuvent partager les mêmes capacités cognitives et le même répertoire comportemental.

Il est donc difficile d’envisager que ces deux espèces partagent la même phénoménologie. Au sens strict, le critère de validité prédictive définit la capacité du modèle à identifier des drogues pouvant avoir un potentiel thérapeutique pour traiter un désordre psychiatrique humain (isomorphisme pharmacologique) (Willner, 1984). Dans un sens plus large, la validité prédictive inclut également la capacité d’un modèle à prédire certains marqueurs spécifiques et observables de la pathologie.

Ainsi un modèle animal peut être considéré comme répondant au critère de validité prédictive, s’il permet de faire des prédictions vérifiées sur le phénomène humain, à partir des résultats obtenus. L’identification de variables pouvant influencer similairement le modèle animal comme le phénomène humain étudié, peut jouer un rôle déterminant dans la compréhension du phénomène en question.

La validité constructive est plus complexe à définir car les avis divergent quant à ce qu’elle doit inclure (Belzung and Lemoine, 2011). Pour certains auteurs, la validité constructive définit l’exactitude avec laquelle le modèle mesure ce qu’il est censé modéliser (Geyer and Markou, 1995). Pour d’autres, la validité constructive fait référence à la capacité du modèle animal à reproduire les processus dysfonctionnels cognitifs et/ou comportementaux du désordre psychiatrique, ainsi que son étiologie (Belzung and Lemoine, 2011).

Ainsi, le critère de validité étiologique peut être inclus ou non dans la catégorie de validité constructive. Ce critère plus spécifique, définit l’existence d’étiologies identiques entre le phénomène humain et le modèle animal. Cette validité est difficile à vérifier car les causes d’une maladie psychiatrique sont bien souvent méconnues, le but du modèle animal étant justement de les établir. Ainsi, il est difficile de considérer le critère de validité étiologique comme un critère nécessaire à la validation d’un modèle animal.

Ces lignes sont admirables tellement elles sont absurdes. Comme on ne sait pas ce qu’on doit trouver… tout est permis. Comme on ne sait pas, on peut tenter un peu tout! Comme on ne sait pas, on peut rapprocher comme on peut et tenter d’en déduire quelque chose. Qu’on justifiera… par la vivisection. Car le cercle est ici sans fin.

Certains rapprochements peuvent être pertinents, mais y avait-il besoin de la vivisection pour cela? On peut se douter que non. Car ce qui ressort de ces lignes, c’est que la vivisection semble servir d’expérience à la pensée « scientifique »… alors que c’est cette même pensée « scientifique » qui choisit les critères de la vivisection. Difficile de faire plus anti-scientifique!

Ce n’est même plus « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », c’en est le prolongement : ce n’est même plus de la science du tout.

Les douanes saisissent des animaux empaillés

Les douanes ont de nouveau saisi des animaux empaillés, dont le trafic est en hausse en ce moment, comme on peut s’en douter dans notre époque barbare. Voici un extrait du communiqué des Douanes :

Trois lions de Tanzanie et du Botswana, trois léopards du Zimbabwe et de Tanzanie, ainsi qu’un buste de crocodile du Nil sont remis le 16 février 2016 par la douane au Muséum national d’Histoire naturelle et viendront rejoindre la collection des grands animaux du Muséum.

La directrice générale des douanes, Hélène Crocquevieille, a été accueillie par Bruno David, président du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) de Paris, au sein du Muséum, pour lui remettre six grands fauves et un crocodile naturalisés, spécimens relevant d’espèces menacées d’extinction.

« Qu’il s’agisse d’animaux vivants ou naturalisés, ou tout autre spécimen, la douane considère qu’il est de son devoir de les confier à des entités susceptibles de leur apporter une seconde vie, soit au travers d’expositions pour les animaux naturalisés, soit en leur offrant une place dans un zoo lorsqu’il s’agit d’animaux vivants.
La douane reste ainsi mobilisée pour lutter, en partenariat avec tous les services partenaires et notamment le Muséum, contre les trafics et pour préserver la richesse de notre patrimoine, mais aussi et surtout pour les générations à venir. »

Hélène Crocquevieille
directrice générale des douanes et droits indirects

Un dossier de presse a été réalisé par les douanes à ce sujet. On y apprend cette chose très intéressante : c’est grâce à une personne conscientisée que le crime a pu être constaté.

Cette affaire a débuté grâce à un renseignement transmis par un particulier, sensibilisé à la protection animale, concernant de nombreux animaux sauvages empaillés stockés dans une maison en vente.

Sur la base de ce renseignement et à la suite de recoupements d’informations supplémentaires, les agents acquièrent la certitude que plusieurs de ces animaux empaillés proviennent d’espèces protégées par la convention de Washington et pourraient être détenus sans les permis justifiant leur détention. Une ordonnance de visite domiciliaire du TGI de Besançon est obtenue par les services douaniers de Besançon.

Le 28 mai 2015, les agents de la brigade des douanes de Besançon procède au contrôle du domicile de l’infracteur présumé et découvrent 64 animaux ou parties d’animaux provenant d’une collection de trophées de chasse, parmi lesquels 11 sont expertisés comme inscrits aux annexes I et II de la convention de Washington :
– une tête et des pattes de crocodile du Nil
– trois léopards naturalisés
– trois lions d’Afrique naturalisés
– deux défenses d’éléphant d’Afrique sur un socle
– deux défenses d’éléphant d’Afrique, chacune montée sur un socle
Selon le propriétaire, ces animaux, hérités de son père, sont issus de chasses réalisées en Afrique.
Cependant, en l’absence des justificatifs CITES applicables, permettant la détention des spécimens,
les animaux sont saisis et une amende lui est infligée.

L’importance des douanes en ce domaine est soulignée. Il va de soi que pour faire les choses vraiment bien, il faudrait bien plus de moyens, un choix totalement clair de la part de la société, une fermeté complète…

Les espèces protégées sont considérées comme des produits sensibles, au même titre que les stupéfiants ou les contrefaçons. Leur importation en contrebande est donc considérée comme un délit douanier entraînant leur confiscation totale et une amende. Le code des douanes est l’outil juridique le plus sévère concernant ce type de trafic.

De nombreuses constatations d’infractions sont réalisées à l’encontre de voyageurs, mais aussi dans le fret commercial (en majorité dans les aéroports franciliens), dans des magasins spécialisés ou encore dans des colis. Par ailleurs, les Services régionaux d’enquête (SRE) de la douane et les
agents de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), sont compétents pour initier des enquêtes CITES administratives dans le but de démanteler des trafics régionaux, nationaux et internationaux.

La douane conseille aux voyageurs de ne prélever, dans les pays de villégiature, aucune espèce animale ou végétale, dont certaines peuvent être en voie de disparition (coraux, ivoire, tortues notamment) ou dangereuses pour l’écosystème européen. Prélever des espèces animales ou végétales peut localement encourager le commerce de ces espèces au détriment de la biodiversité.

Voici les chiffres des saisies pour 2014.

– 1 392 animaux vivants [contre 554 en 2003 ! – NDLR]
– 269 animaux naturalisés
– 234 kg et 470 pièces d’ivoire
– 500 coquillages et coraux et 915 kg de mollusques protégés
– 6 146 articles et 993 kg de produits divers, issus d’espèces protégées (écailles de pangolin,
hippocampes séchés, ossements etc.) dont 2 477 articles en cuir ou peaux
– 840 kg de civelles [les petits de l’anguille européenne – NDLR]

Comme on le voit, on a ici une question d’une grande importance dans la défense des animaux. Cela montre que les réformes ne suffisent pas : il faut une rupture claire, à tous les niveaux, au plus bas comme au plus haut, pour que l’on puisse protéger les animaux il faut disposer de moyens et de volontés.

Fukushima 5 ans – Tchernobyl 30 ans

Le réseau Sortir du nucléaire appelle à une mobilisation à partir de mars et jusqu’à fin avril, pour « célébrer » les cinq années de Fukushima et les trente années de Tchernobyl. Deux événements marquants qui, il faut malheureusement le dire, ont frappé les esprits mais n’ont pas abouti pourtant à une remise en cause générale du nucléaire.

Dans les deux cas, des « conditions exceptionnelles » sont censées avoir été à la source du problème. C’est accepté par l’opinion publique qui, en même temps, sait bien que le monde du nucléaire est opaque, menteur, cherchant ouvertement à manipuler, à tromper.

Comme pour la COP21, il semble bien que l’écologie en reste – pour l’instant – à certains aspects, sans voir la question de manière générale, dans son rapport avec la Nature.

Appel à mobilisation

Fukushima 5 ans – Tchernobyl 30 ans

Du 11 mars au 26 avril 2016 : mobilisons-nous partout en France !

Cette année 2016 sera marquée par les 5 ans de la catastrophe de Fukushima, et les 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl. A l’occasion de ces tristes « anniversaires » mobilisons-nous partout en France, en solidarité avec les victimes du nucléaire, et pour que de telles catastrophes ne se reproduisent plus jamais.

Du 11 mars au 26 avril : exigeons une sortie en urgence du nucléaire

Entre l’opacité entourant ces catastrophes et les mensonges avérés des autorités et du lobby nucléaire concernant les conséquences sanitaires et environnementales, les raisons ne manquent pas pour exiger une sortie urgente du nucléaire et organiser des actions entre le 11 mars et 26 avril 2016.

À Tchernobyl et Fukushima, les catastrophes continuent

Aucune des situations n’est réglée, et nous sommes face à des réacteurs endommagés qui continuent de déverser dans l’environnement leur radioactivité : à Tchernobyl elle s’échappe par un sarcophage fuyard et à Fukushima elle s’infiltre partout jusqu’au Pacifique.

Les populations et les travailleurs de ces sites dévastés continuent ainsi d’êtres contaminés, notamment du fait de la désinformation des pouvoirs publics qui aimeraient bien « mettre la poussière radioactive sous le tapis »…

Déjà, de nombreuses actions s’organisent

Déjà de nombreuses initiatives émanant de groupes du Réseau sont organisées. La compagnie « Brut de béton » a lancé un appel à l’insurrection artistique, et plusieurs évènements sont inscrits à l’agenda.

La tournée d’un liquidateur de Tchernobyl sera aussi organisée entre Genève et Paris, ainsi que des conférences, projections et actions fleuriront entre ces dates anniversaires.

Retrouvez toutes les actions sur notre site :
http://sortirdunucleaire.org/Tchernobyl-Fukushima-plus-jamais-ca
Vous n’avez encore rien prévu ? Emparez-vous de notre proposition d’action !

De notre côté, pour mettre fin à l’omerta qui entoure ces catastrophes, nous vous proposons une action phare originale : organiser dans les lieux de pouvoirs et du lobby nucléaire des « fêtes d’anniversaire » en concoctant des gâteaux radioactifs et en y invitant « super menteur ».

Utiliser la dérision, c’est aussi ça la subversion !

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Au sujet de Huguette Gaulin

Nous avons déjà parlé de Huguette Gaulin, une poétesse canadienne qui s’est immolée par le feu, ses dernières paroles étant l’accusation terrible « Vous avez détruit la beauté du monde! », à l’origine de la très belle chanson « L’hymne à la beauté du monde » immortalisée par Diane Dufresne.

Le quotidien Ledevoir.com de Montréal a publié un bel article, donnant plein d’information au sujet de Huguette Gaulin qui mérite un respect ému et assumé quoi qu’on pense de sa démarche poétique.

Huguette Gaulin, soeur de feu
Vie et poésie imbriquées dans un quotidien porté par une grande colère

Vous avez détruit la beauté du monde ! » Tel est le cri ultime lancé par la poète Huguette Gaulin alors qu’elle s’immole sur la place Jacques-Cartier, à Montréal, le 4 juin 1972. C’est aussi sur ces mots insoutenables que renaît la série Point final consacrée cette fois aux disparitions marquantes d’écrivains québécois.

Le Vieux-Montréal des années 70, celui de l’hôtel Nelson, des bars, de la jeunesse étudiante, de la montée du féminisme et des mouvements écologiques dans l’insoutenable mémoire de ce fait divers à la une des journaux. Dans mes souvenirs d’adolescente : les objecteurs de conscience, la petite fille brûlée au napalm courant dans une rizière dans l’interminable guerre du Vietnam, l’étudiant tchèque qui répond par le feu contre l’entrée des chars dans son pays et le fantôme de cette jeune femme, Huguette Gaulin. Les événements ne subsistent parfois que par une certaine arrogance.

La poète n’a que 27 ans quand elle s’immole par le feu. À partir de ce geste, on fait d’elle un personnage public. Quelques mois auparavant, elle a quitté mari et banlieue, habite seule avec son fils un modeste logement du Plateau-Mont-Royal. En consultant son carnet de notes, demeuré jusqu’à aujourd’hui inédit, elle écrit parlant de ce temps vécu : « Elle frémit à voir son visage joliment découpé d’entre les appareils électriques de la cuisine. »

Ce portrait est celui d’une femme qui manifestement se sent à l’étroit dans son rôle d’épouse et de ménagère. Vie et poésie semblent être imbriquées dans ce quotidien porté par une grande colère. Entre « je » et « elle », ce moi soumis aux déchirures définit dans ses multiples images l’identité de cette jeune femme qui se pense en rupture avec son monde.

Une esthétique de la résistance

Contrairement à d’autres suicidés, la poète a laissé peu d’indices sur les raisons de son geste. Sans doute son projet est-il à l’état de sensations, de sentiments, d’images qui l’assaillent. Gaulin construit le deuil de soi dans ces fragments, matériau de l’écriture à venir ; certains sont tapés à la dactylo, d’autres écrits à la main multipliant les ratures, les reprises, les mises au point.

Ils oscillent entre récits oniriques, souvenirs d’enfance, journal intime qui accorde une large place à son fils et à son quotidien de femme à l’étroit dans un monde qui ne la satisfait pas. « J’allais faire l’amour avec le feu puisque je ne trouvais pas de compagnon plus puissant, plus tenace. J’allais me pervertir dans le feu, me laver à même les cendres », écrit-elle. Les blessures qu’elle s’infligera semblent provenir de cette difficile réunion entre le corps et l’esprit. Est-ce de se sentir déjà morte que de se voir ainsi touchée par les flammes ?

Les frères Marcel et François Hébert sont ses voisins et amis. Elle leur confie et travaille avec eux son premier manuscrit d’abord soumis à L’Hexagone puis aux éditions du Jour. Pour subvenir à ses besoins, elle occupe de petits emplois. Elle lit Lautréamont, Nicole Brossard, Anne Hébert, Jacques Ferron, Nelligan. De son vivant, ses poèmes ont été publiés dans les revues Les Herbes rouges et La Barre du jour. Son oeuvre courte et percutante, « Lecture en vélocipède » regroupe trois recueils — Nid d’oxygène (1970), Recensement (1971) et Lecture en vélocipède (1971) —, et paraît aux éditions du Jour à l’automne 1972, quelques mois après le triste événement.

Rien dans ses poèmes n’annonce sa mort. Des mots, des vers devenus squelettes, fantômes, restes, os polis, fondés sur une esthétique de la résistance. Le travail ascétique sur la langue révèle une écriture qu’on a souvent à tort qualifiée de formaliste. Ce recueil posthume ne peut être relu à travers le prisme de l’autobiographie mais plutôt avec l’ardeur de ce moi soumis aux déchirures luttant contre le silence, laissant l’indéchiffrable se découvrir. Les vers du premier poème de Nid d’oxygène : « no 588 / cimetière de la Côte-des-Neiges / le soleil ronge aérolithe à cinq heures » pointent la tombe d’Émile Nelligan, figure tutélaire, ange noir.

« Je lutte »

Le dimanche 4 juin, le temps est à l’orage. Avant de partir, dans cette manière d’être prête après un long et douloureux travail, elle laisse une note et un testament olographe à son ami : « François, amitiés. Je pars, il n’est pas onze heures […] un matin on enfile sa jupe, on sourit, on n’a plus envie de rien. » Sur un stationnement étagé adjacent au château Ramezay, là où Nelligan a triomphé en déclamant La romance du vin,, la jeune femme se réfugie sous un arbre, asperge d’essence ses vêtements et y met le feu devant des témoins impuissants.

Un policier en civil attablé à une terrasse de la place Jacques-Cartier accourt et tente d’éteindre les flammes avec des journaux. Le gardien d’un édifice de la rue Notre-Dame affirmera qu’il a vu une femme passer transportant avec elle avec un bidon d’essence bleu. Elle succombe à ses blessures à l’hôpital Saint-Luc. Demeurée lucide jusqu’à la fin, elle survit deux jours dans ce sacrifice qu’elle s’est imposé : « Je lutte contre la terre […] contre des forces meurtrières ; je lutte parce qu’il y a des façons indécentes de mourir », écrit-elle dans son carnet.

Pendant cet été 1972, la disparition tragique de la jeune femme donne lieu à une petite vague de suicides, l’effet Werther. En consultant les journaux de l’époque, récits et photos les raccordent de proche en proche ; un jeune homme s’exécute dans le métro en laissant un poème en guise d’adieu, une femme se condamne en mettant le feu aux rideaux de son appartement, une autre saute dans le vide depuis son immeuble sur la rue Papineau.

Dans son testament laissé le jour de son suicide, Huguette Gaulin demande à être incinérée réitérant son désir absolu d’amour. En lieu et place du stationnement où le drame s’est déroulé, un espace public vert et fleuri a été aménagé. Rien à cet endroit n’honore sa mémoire, mais ce qu’elle a imprimé en moi est suffisant pour que je la voie surgir chaque fois que j’y viens en pèlerinage.

D’après une idée originale du quotidien Le Temps

Ecocide de manchots au Cap Denison en Antarctique

C’est une information qui a été reprise par de nombreux médias francophones,  après avoir été diffusée par le journal anglais the Guardian, à partir d’une information de la revue scientifique Antarctic sciences.

L’arrivée d’un iceberg de 380 milliards de tonnes empêche aux manchots d’avoir un accès direct à l’océan. L’arrière-plan de cela est le réchauffement climatique, qui amène davantage d’évaporation, donc de pluie, et un renforcement par conséquent de la glace dans cette région du globe.

Voici une synthèse rapide faite par le média i24. On notera que la zone concernée est non pas seulement le Cap Denison, mais également les îles Mackellar qui sont juste à côté.

La population des manchots du Cap Denison est passée de 160.000 à seulement 10.000 depuis 2011

Environ 150.000 manchots Adélie ont péri depuis qu’un gigantesque iceberg s’est échoué près de leur colonie en Antarctique, les contraignant à un trop long détour pour trouver leur nourriture, selon une étude scientifique.

Cette colonie vit sur le cap Denison, un cap rocheux situé en baie du Commonwealth, dans l’est de l’Antarctique.

L’iceberg B09B, qui mesure 100 km2, soit une superficie proche de celle de la ville de Paris, s’est échoué en Baie du Commonwealth en décembre 2010, écrivent dans le journal Antarctic Science des chercheurs australiens et néo-zélandais.

La population de la colonie de manchots avait été dénombrée en février 2011 à environ 160.000 individus, qui n’étaient plus qu’environ 10.000 en décembre 2013, affirment les chercheurs.

L’arrivée de cette masse glaciaire et la formation d’une banquise côtière qui en a découlé a obligé les manchots à allonger de 60 km leur périple pour se rendre sur le lieu où se trouve leur nourriture, ce qui a entravé leur processus de reproduction.

« La population du cap Denison pourrait être éradiquée dans les 20 années qui viennent, à moins que B09B ne bouge, ou que la banquise côtière, désormais pérenne, ne se disloque », écrivent dans leurs travaux publiés début février ces chercheurs du centre de recherche sur le changement climatique de l’université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW) et du New Zealand’s West Coast Penguin Trust.

Contrairement à la banquise de mer, la banquise côtière ne dérive pas. Elle peut atteindre une épaisseur considérable.

Regardons plus précisément cela se passe, au moyen d’une carte.

Voici une courte vidéo présentant la situation.

Voici un manchot du Cap Denison.

Les chasses présidentielles à Chambord

Dans Le Figaro d’hier, deux pages étaient accordées aux chasses menées à Chambord, « paradis perdu des animaux politiques ». Allusion au fait qu’auparavant, bien davantage de responsables politiques et économiques – de la haute bourgeoisie – venaient chasser là-bas.

Voici comment le Figaro présente la chose.

Voici un petit exemple de la « mystique » de ces chasses, qui se font au tir.

Voici comment Valéry Giscard d’Estaing, qui a été président de la république, exprime sa « nostalgie »…

Voici une présentation de la situation actuelle…

La bien étrange position de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues

Nous avions parlé récemment des Inrockuptibles, dont un numéro faisait récemment l’apologie de la légalisation de la « weed ».

C’est à croire que la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives est désormais sur la même ligne, puisque son dernier document a comme titre « Risques sanitaires des consommations de cannabis à l’adolescence : les français bien informés ».

Il est pourtant évident que c’est faux, rien que par le fait que les parents ne savent pas le quart du dixième de ce que font les adolescents, tout en préférant par ailleurs ne pas le savoir…

Les parents n’ont donc aucun aperçu réel sur les drogues consommées, ni même sur leur nature ; rappelons aussi que le cannabis est désormais industrialisé, génétiquement modifié, avec un taux de THC bien plus haut qu’auparavant…

Le titre de la Mission interministérielle est d’autant plus révélateur que, derrière lui, le discours se prétend anti-drogues. On lit ainsi :

« Les Français connaissent les risques sanitaires liés aux consommations de cannabis à l’adolescence Le sondage présenté aujourd’hui confirme le bon niveau de connaissance scientifique des Français sur le cannabis et les risques liés à sa consommation, en particulier à l’adolescence.

La MILDECA souhaitait notamment mesurer leur connaissance du danger représenté par la précocité des consommations de cannabis des jeunes.

Les résultats attestent que plus de 90 % des personnes interrogées savent que le cerveau adolescent est plus vulnérable à l’apparition de maladies psychiatriques.

Ils ont également connaissance du fait que la consommation de cannabis à l’adolescence détériore les fonctions cognitives (concentration, mémoire, prise de décision…) et augmente le risque de développement de maladies pulmonaires et cardiovasculaires. »

Il est clair qu’un tel document sera utilisé, rien qu’avec le titre, par les partisans de la légalisation, qui argueront de la « maturité » des consommateurs.

On lit aussi dans le document la chose suivante:

« Plus de 95 % des Français surestiment le nombre de jeunes qui fument du cannabis tous les jours

En France, les fumeurs quotidiens de cannabis représentent 4 % des jeunes de 18 à 25 ans, selon les dernières données du Baromètre Santé, exploité par l’OFDT.

Or, selon le sondage réalisé par l’institut IFOP pour la MILDECA, 96 % des enquêtés pensent qu’ils sont bien plus nombreux que cela.

Ainsi, 43 % des Français estiment que 20 à 39 % des jeunes de cet âge fument quotidiennement. Ils sont même près de 25 % à estimer que plus de 50 % des 18-25 ans consomment du cannabis tous les jours. »

Là aussi il s’agit de dédouaner la jeunesse, en disant que peu de jeunes fume, que c’est une question d’adultes, qu’on peut donc légaliser, au nom du principe libéral-libertaire selon laquelle chaque personne est « libre » de ses choix, etc.

On peut lire les résultats statistiques de l’enquête ici,  mais il n’y a rien de scientifique : le document est seulement un appui à la future « légalisation » libérale-libertaire à laquelle il faut déjà se préparer à résister.

Pas seulement, d’ailleurs, pour s’opposer aux drogues : aussi pour empêcher que la « gauche » moderne libérale-libertaire, à la François Hollande et autres,  ne détruise la vraie gauche et donne un boulevard à l’extrême-droite…

La dirigeante d’EELV prend le large pour être ministre

Quel contraste saisissant entre la gravité de notre époque, ses exigences, la réalité de la guerre subie par notre planète… et l’opportunisme éhonté d’Europe Ecologie Les Verts depuis sa fondation.

S’il est nécessaire de parler de ces gens qui apparaissent comme les plus vils opportunistes, c’est pour bien se démarquer de l’opportunisme justement, pour bien saisir ce que c’est, pour en comprendre les leçons historiques.

Comment l’avenir jugera-t-il ainsi la trahison ouverte d’Emmanuelle Cosse? Dirigeante d’EELV, elle plaque tout pour être ministre, contre l’avis d’EELV…

Voici son « explication », avec un haut niveau d’hypocrisie, dans son mail aux personnes membres d’EELV. Il y en à peu près 4000 (soit autant que de « visiteurs individuels » sur LTD en deux jours, ou deux jours et demi).

EELV s’est fait totalement, résolument débordé. Deux communiqués ont été publié : le premier, juste avant le remaniement, pour dire qu’EELV se positionnait contre la participation au gouvernement… avec le lendemain un autre communiqué, pour « acter » la trahison de la dirigeante!

Au sujet du remaniement
Publié le 10 février 2016

Europe Ecologie-Les Verts prend acte de l’agitation croissante autour d’un possible remaniement ministériel. La question de voir entrer des membres d’EELV dans ce gouvernement est ainsi, selon certaines rumeurs, à l’ordre du jour. A ce jour, EELV n’a pas été contacté.

Les écologistes constatent que si les conditions n’étaient plus réunies pour faire progresser l’écologie en avril 2014 lors de la sortie de Cécile Duflot et de Pascal Canfin du gouvernement, elles ne le sont pas plus aujourd’hui.

Si une proposition du Président de la République et du Premier ministre était éventuellement faite à l’ensemble du mouvement, le Bureau exécutif l’étudiera avec responsabilité et rendra un avis, avant de soumettre une feuille de route au Parlement du parti (le Conseil fédéral) qui se prononcera rapidement.

EELV constate cependant que l’évolution de la politique gouvernementale ne laisse pas entrevoir un horizon favorable à des politiques plus écologistes, solidaires, compatibles avec le besoin de justice sociale et à même de construire une société apaisée dont l’une de nos valeurs cardinales, la fraternité, est profondément atteinte par le principe de déchéance de nationalité que le gouvernement souhaite inscrire dans la Constitution française.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

Voici la réaction « administrative » à la trahison d’Emmanuelle Cosse, qui n’est même pas vilipendée! EELV n’a aucune fierté, aucun principe, aucune valeur… Pour la petite histoire, le communiqué suivant est le fruit d’un… « bureau exécutif extraordinaire téléphonique »!

Réaction d’EELV suite au remaniement du 11 février 2016
Publié le 11 février 2016

EELV prend acte du remaniement intervenu ce jour et de l’entrée d’Emmanuelle Cosse au ministère du logement.

EELV désapprouve cette participation et regrette cette décision personnelle alors que la politique gouvernementale est malheureusement incompatible avec des orientations écologistes, de justice sociale, solidaires, et à même de construire une société apaisée.

En conséquence du départ d’Emmanuelle Cosse, et en vertu des statuts, David Cormand, jusqu’ici secrétaire national adjoint est désigné secrétaire national par interim dans le cadre d’une direction collégiale. Le bureau exécutif tiendra une conférence de presse vendredi 12 février 10h30 au siège d’EELV 6 bis rue Chaudron 75010 Paris.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

Pour ajouter à l’ignominie, Emmanuelle Cosse récupère le ministère du logement, comme Cécile Duflot auparavant. Une insulte symbolique à celle-ci, qui tente de faire carrière coûte que coûte de manière désespérée.

Désespéré, Jean-Vincent Placé l’était aussi, cherchant à tout prix à intégrer le gouvernement. Il est désormais secrétaire d’Etat chargé de la Réforme de l’Etat, ayant mis ce côté sa prétention à être ministre. En 2012, il disait encore, par exemple au Journal du Dimanche, qu’il serait ministre ou rien du tout…

Enfin, on a Barbara Pompili, qui a été nommée secrétaire d’Etat chargée des Relations internationales sur le climat. Désireuse pareillement être au gouvernement, elle avait quitté EELV en octobre 2015… Sans abandonner son poste de député, tant qu’à faire.

Que dire? Que dire, si ce n’est qu’il faut juger ces gens au regard des destructions en cours, au regard de l’avenir qui doit advenir : une planète bleue et verte, débarrassée des entreprises qui détruisent, des nations qui divisent.

Dans chaque pays, on doit prendre le meilleur de la culture, le meilleur de l’ouverture à la Nature, et se précipiter dans l’abnégation, en défense de chaque vie, en protégeant notre mère la Terre!

Les drogues comme « contre-culture »

Voici l’extrait d’une thèse universitaire, dont le titre est Intégration sociale et psychopathologie chez les usagers de drogues, faite à l’Université Lumière Lyon 2 en 1999.

On y retrouve exposée une thèse typiquement bobo : les drogues auraient été la composante d’une contre-culture, avant de se faire récupérer par le « mercantilisme » des années 1980.

La faute initiale en reviendrait à la criminalisation par les Etats, à la fin du 19e et au début du 20e siècles, qui aurait marginalisé ce qui représentait une possibilité de « rupture »…

C’est là une vision totalement idéalisée des consommateurs de drogues, qui loin d’être l’avant-garde d’une révolution, n’ont jamais été que le produit du pessimisme, de l’effondrement culturel…

La première apparition d’une sous-culture propre au milieu de la toxicomanie est la conséquence de la désignation sociale des conduites d’abus de drogues comme déviantes ou en d’autres termes, de l’identification d’un ensemble de comportements comme constituant un problème social.

Nous avons vu qu’historiquement, tout se passe comme si les sociétés occidentales à un moment donné (entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle) en étaient venues à créer activement une nouvelle catégorie de déviants en voulant à tout prix contrôler l’usage non médical des drogues.

La criminalisation de l’usage d’opiacés a non seulement créé la nouvelle catégorie sociale du toxicomane telle qu’on la connaît aujourd’hui, mais a également amené les personnes dépendantes à se regrouper afin d’échanger des informations propres à leur pratique.

Ils ont élaboré de cette façon une sorte de bulletin d’information informel et oral donnant par exemple des renseignements sur la qualité des drogues disponibles ou sur les techniques de consommation.

Il s’est créé ainsi une sous-culture leur permettant de nouer des contacts, d’assumer leur habitude proscrite à l’abri des instances répressives et d’apprendre comment échapper au contrôle qu’elles exercent. A ce titre elle possède donc avant tout une valeur adaptative.

Ainsi, la production d’un ensemble de représentations et de pratiques culturelles par la communauté informelle des toxicomanes a été initialement suscitée par le statut illégal de leur pratique.

Le deuxième temps de la genèse de la sous-culture drogue correspond à l’apparition du phénomène drogue chez les jeunes de la fin des années soixante.

Il s’est développé alors une contre-culture s’opposant aux valeurs matérialistes d’une société de plus en plus robotisée ressentie comme laissant peu de place à l’imaginaire et à la créativité.

La croyance dans les utopies hippies qui prônaient l’amour inconditionnel et le retour à la nature s’est toutefois estompé au fil des années.

A partir des années 80 le milieu de la toxicomanie s’est progressivement durci, les relations entre consommateurs se sont dégradées notamment sous l’influence d’une criminalité montante liée au trafic des stupéfiants.

Le milieu actuel de la drogue, et principalement de la drogue dure, se caractérise par un mercantilisme extrême qui reproduit certains aspects des sociétés capitalistes et par-là l’apparente plus à une forme de sous-culture, fruit d’une perte de cohésion au niveau de la culture globale, qu’à une véritable contre-culture.

La consommation de drogues a de la sorte progressivement perdu son statut d’acte politique orienté vers la contestation du système en place.

« Bien plus qu’une responsabilité individuelle »

« Addiction Suisse » vient de rendre public son rapport sur la situation en Suisse. Ce qui est très intéressant, c’est qu’on ne trouve pas que l’alcool et le tabac, ainsi que les drogues illégales mais également le jeu et l’usage d’internet.

Nous n’avons d’ailleurs jamais parlé des jeux d’argent, alors que cela fait longtemps que nous considérons que là aussi il y a une grande bataille à mener.

Voici donc la présentation de la situation faite par Addiction Suisse, avec un vrai effort de mise en perspective des responsabilités de la société.

Le discours sur la « responsabilité individuelle » est très bien démasqué dans ce qu’il représente, avec une vision tout à fait réaliste du rôle du marché et de son influence grandissante sur la société.

Au-delà de l’aperçu sur la Suisse, c’est un document dont il y a beaucoup à apprendre concernant son approche.

Addictions: bien plus qu’une responsabilité individuelle

En Suisse, une personne sur quatre fume, plus d’une personne sur cinq boit de l’alcool trop souvent ou en trop grande quantité et 3 % de la population a fumé du cannabis au cours du dernier mois.

Ces comportements de consommation au sein de la population générale n’ont guère évolué. La situation est différente chez les jeunes, chez qui l’on observe des tendances contrastées.

Avec son Panorama des Addictions 2016, Addiction Suisse publie pour la deuxième fois une analyse des développements dans le domaine de l’alcool, du tabac, des drogues illégales, des jeux de hasard et, c’est une nouveauté, de l’usage d’internet.

Chaque année, les problèmes liés aux addictions entraînent plus de 11 000 décès et des coûts de l’ordre de 10 milliards de francs, ce qui constitue un défi pour l’ensemble de notre société.

La responsabilité de ces problèmes n’incombe pas seulement aux individus, mais aussi à l’Etat et à l’économie – une perspective qui ne va pourtant pas de soi, comme on peut le constater en analysant l’évolution actuelle de la politique des addictions.

Des problèmes toujours conséquents

Tabac : pas de nouveau recul du taux de fumeurs

L’objectif de continuer à réduire le taux de fumeurs n’est toujours pas atteint. Le tribut payé au tabac a même légèrement augmenté, avec 9500 décès par an, ce qui traduit avec du retard la hausse du nombre de fumeuses au cours des dernières décennies. Si la part de fumeurs est restée stable, le marché, lui, a évolué : les consommateurs achètent moins de cigarettes traditionnelles et se tournent davantage vers les cigarettes roulées à la main, la pipe à eau et la cigarette électronique ; pour cette dernière, il s’agit pour l’instant surtout de consommations expérimentales.

Alcool : des dommages qui persistent avec une répartition inégale de la consommation

La consommation annuelle d’alcool a continué à baisser légèrement, ce qui est notamment dû au recul de la consommation quotidienne de vin, et se monte désormais à 8.1 litres d’alcool pur par habitant. La consommation totale reste toutefois très iné-galement répartie : la moitié de la quantité totale d’alcool bu est consommée par un peu plus de 11 % de la population adulte.

Cela se reflète dans les dommages liés à l’alcool qui sont toujours élevés : toutes les cinq à six heures, une personne meurt des suites de la consommation d’alcool. On estime que quelque 250 000 personnes sont dépendantes de l’alcool, qu’un autre demi-million souffre de l’alcoolisme d’un proche et que 100 000 enfants grandissent avec un père ou une mère alcoolique.

Drogues illégales : consommation de cannabis largement répandue et nouveaux modèles de régulation en débat

Le cannabis reste de loin la substance illégale la plus consommée, surtout chez les 15 à 34 ans : dans ce groupe d’âge, une personne sur quatorze fume du cannabis. Les bénéfices et les risques possibles d’une régulation du marché se trouvent ainsi au cœur du débat, d’autant plus que l’on dispose maintenant des premières expériences faites avec de nouvelles approches dans ce domaine dans quatre Etats américains et en Uruguay.

Jeux de hasard : une évolution incertaine avec l’élargissement prévu du marché

Un peu plus de 1 % de la population joue de façon problématique ou pathologique. Une part considérable des recettes engrangées par les opérateurs de jeux et par l’Etat vient du portemonnaie de ces joueurs excessifs. Or la nouvelle loi sur les jeux d’argent prévoit d’ouvrir ce commerce lucratif aux jeux en ligne. Sans mesures d’accompagnement appropriées pour assurer la protection des joueurs, on s’achemine vers une augmentation des problèmes liés aux jeux d’argent.

Des tendances opposées chez les jeunes

Baisse de la consommation d’alcool, de tabac et de cannabis jusqu’à 15 ans, hausse dans la classe d’âge suivante
Chez les jeunes, l’évolution de la consommation d’alcool et de tabac montre des développements importants : la dernière enquête auprès des écolières et écoliers montre que les adolescent-e-s de 15 ans boivent moins que par le passé, alors qu’à l’inverse, l’ivresse ponctuelle est en augmentation chez les 15 à 19 ans depuis 2011.

On constate un phénomène similaire pour le tabac : alors que la part de fumeurs est en baisse depuis 2002 dans le groupe des 11 à 15 ans, il semblerait que la consommation de tabac reparte à la hausse chez les 15 à 19 ans. Pour ce qui est du cannabis, on observe également un recul, quoique moins marqué, chez les jeunes de 15 ans, alors que dans le groupe des 15 à 19 ans, la tendance reste stable ou va en direction d’une légère hausse. Il est intéressant de noter que des tendances similaires se dessinent à l’étranger, notamment en France et aux Etats-Unis.

Des questions en suspens, une évolution incertaine

Les baisses de consommation chez les plus jeunes sont-elles liées à de nouveaux modèles éducatifs, à une sensibilisation croissante aux questions de santé, au succès de la prévention des addictions et de la protection de la jeunesse ou encore à un changement de comportement en matière de sorties? La question reste encore sans réponse.

Selon des études récentes, il existe certains signes que la jeune génération se montre plus « casanière », ce qui réduit ou retarde le contact avec des substances psychoactives. Le rôle des nouveaux médias dans cette évolution reste peu clair. Si les jeunes ont accès au monde virtuel toujours plus tôt – plus de la moitié des 6 à 13 ans possèdent leur propre smartphone et les jeunes de 15 ans indiquent passer plus de trois heures par jour durant leur temps libre devant l’ordinateur, la télévision, le téléphone portable ou la console de jeux –, des études récentes montrent que ces activités dans l’univers virtuel n’ont pas entraîné de recul des occupations et des amitiés « réelles ».

Les addictions, un défi pour la société tout entière

Se focaliser uniquement sur les jeunes, comme la politique a trop tendance à le faire, ne suffit pourtant pas. D’une part, les adolescents s’inspirent du monde des adultes et, d’autre part, les problèmes liés aux substances psychoactives sont principalement imputables aux modes de consommation des adultes. I

l faut par conséquent considérer la prévention et la politique des addictions comme une tâche qui concerne la société dans son ensemble et qui relève de la responsabilité de tous : les consommateurs, mais aussi l’Etat et l’économie.

La responsabilité individuelle est importante, mais tous ne partent pas avec les mêmes chances

L’initiative parlementaire « Coma éthylique. Aux personnes en cause de payer les frais des séjours hospitaliers et en cellule de dégrisement », que le Conseil national a heureusement classée l’an dernier, est révélatrice de l’esprit qui prévaut actuellement dans le domaine de la politique de santé.

Non seulement ce texte remettait en cause le principe de solidarité mais il pointait du doigt une fois de plus les jeunes, alors qu’ils ne constituent qu’une minorité (moins de 10 %) des personnes hospitalisées pour intoxications alcoolique.

Les partisans de l’initiative ont beaucoup parlé de responsabilité individuelle, un argument de plus en plus populaire non seulement dans les cercles proches de l’industrie, mais aussi dans les milieux de la politique de santé – et qui néglige la responsabilité de la société et des politiques face à un marché de plus en plus dérégulé.

En Suisse, environ 100 000 enfants grandissent avec un parent alcoolique. Ces enfants ont un risque jusqu’à six fois plus élevé de développer eux-mêmes une dépendance durant leur vie. Ils ne peuvent pas non plus choisir s’ils veulent ou non être confronté à un problème de dépendance.

C’est donc à la société de mettre en place les conditions nécessaires pour que les enfants aient la possibilité de se développer sainement et de devenir des citoyens responsables.

Pourtant, bien souvent, l’argument de la responsabilité individuelle est invoqué par les milieux politiques pour bloquer les investissements qui servent à promouvoir la santé. On ne peut pourtant décemment demander aux autres de se montrer responsables si on n’assume pas sa propre responsabilité vis-à-vis des mineurs et des groupes les plus vulnérables.

Ne pas confondre liberté personnelle et liberté du marché

Argumenter que les mesures de régulation portent atteinte à la responsabilité indivi-duelle et à la liberté personnelle est un raisonnement un peu court : il ne s’agit pas d’interdire la consommation de substances psychoactives ou de stigmatiser les consommateurs, mais de mettre en place un environnement qui favorise les compétences en matière de santé et non la consommation.

C’est normal avec des biens de consommation qui, parce qu’ils tuent chaque année plus de 10 000 personnes et entraînent des coûts de quelque 10 milliards de francs, ne sont à l’évidence pas des biens de consommation ordinaires.
Des enquêtes récentes montrent que la majorité de la population serait favorable à une interdiction de la publicité pour le tabac et à des mesures pour lutter contre l’alcool bon marché.

Ces mesures passeraient quasiment inaperçues pour la plupart des gens, tout en permettant de protéger les jeunes et les personnes qui ont une consommation problématique. N’est-ce pas contradictoire de vouloir convaincre les jeunes des risques du tabagisme alors que, dans le même temps, la publicité pour les produits du tabac dans les lieux qu’ils fréquentent le plus, comme les festivals et les médias sociaux, les incite à penser que fumer est cool et synonyme de liberté ?

La nouvelle loi sur les produits du tabac, qui sera examinée cette année, offre l’occasion d’éliminer ce genre de contradictions. Le Parlement aura également la possibilité, dans le cadre de la réglementation sur les jeux de hasard, de restaurer l’équilibre entre les intérêts de la politique de santé et ceux de l’économie, en réintégrant dans la loi le renforcement de la protection des joueurs initialement prévue.

Parallèlement aux débats en cours sur les révisions de lois dans le secteur des subs-tances légales, on réfléchit à de nouvelles approches vis-à-vis du cannabis, avant tout à l’échelon des cantons et des villes. Il est important de ne pas considérer isolément les développements dans le domaine des drogues légales et illégales : les expériences faites avec la dérégulation du marché de l’alcool et des produits du tabac nous enseignent que, pour le cannabis, un modèle axé essentiellement sur le profit, comme c’est le cas actuellement aux Etats-Unis, ne serait guère dans l’intérêt de la prévention des addictions.

Mais il faut aussi rappeler les incohérences de la politique des addictions où l’on peut promouvoir par le biais de la publicité un produit comme le tabac, qui tue une personne par heure, alors que la simple consommation de drogues illégales constitue elle un délit. On doit donc espérer que cette politique sorte des débats idéologiques pour s’appuyer sur des analyses factuelles des expériences faites à ce jour. Le présent Panorama des Addictions entend y contribuer.

Les milices républicaines irlandaises contre les dealers et les barons de la drogue

On appris hier que l’action menée lors d’une pesée de boxe à Dublin, en Irlande le 5 février 2016, avait été revendiquée à la BBC par l’Armée républicaine irlandaise (Continuité), la Continuity IRA.

Cette action fait partie de la lutte générale contre « les trafiquants de drogue et les criminels » et visait David Byrne, impliqué il y a quelques années dans l’assassinat d’Alan Ryan, une figure de l’IRA véritable.

Les républicains irlandais sont en effet aux premières loges contre les mafias et les importants trafiquants de drogues et c’est une guerre qui est menée aux barons de la drogue, ainsi qu’aux dealers.

Voici une vidéo, sous-titrée en français, au sujet d’Alan Ryan et de son combat, de la « Republican Action Against Drugs », qui a rejoint l’IRA qui s’est maintenue.

Il est impressionnant de voir un ancien trafiquant reconnaître qu’il a été juste qu’il ait été puni militairement et que grâce aux milices républicaines, les dealers ne pullulent pas partout.

Vu de France, tout cela a l’air extrême, encore que cela soit très discutable, car l’ambiance devient parfois tout à fait similaire à la situation terrible de l’Irlande ou encore des États-Unis.

Quand on voit le poids des drogues à Marseille par exemple, on ne peut pas dire qu’on soit dans un modèle tout à fait différent. Rien qu’hier quelqu’un a été tué à la Kalachnikov, avant-hier une autre personne s’est faite tirée dessus, le tout avec les trafics à l’arrière-plan.

Il n’est pas difficile de voir également que les mafias gagnent toujours plus du terrain, que les drogues gangrènent des territoires toujours plus grands. L’affrontement avec cela est inévitable et si cela a l’air radical pour les gens dans les centre-villes, c’est que le confort de leur vie quotidienne est totalement éloigné de cette situation…

Les straight edge européens ont toujours eu du mal avec le slogan « kill your local drug dealer » souvent utilisé aux Etats-Unis. Mais c’est que là-bas, les mafias occupent les rues et c’est pourquoi la chanson classique d’Earth Crisis, Firestorm, dénonce la collusion police-mafias et appelle à lutter pour reprendre rue par rue le terrain, face aux barons de la drogue.

La situation est différente ici, mais on peut tout à fait craindre qu’elle devienne la même ! Il est ironique d’ailleurs de voir les libéraux et les libertaires prétendre que lutter contre les mafias est quelque chose de « facho », alors que justement l’extrême-droite des groupes violents a historiquement toujours été liée aux trafics de drogues.

En Turquie, l’organisation d’extrême-gauche DHKC a d’ailleurs la même démarche que les milices républicaines irlandaises, montrant des vidéos de dealers de drogues se faire tabasser, tirant dans les genoux des importants vendeurs, voire s’affrontant militairement aux mafias.

On dira, à juste titre, qu’en France c’est différent : on peut aller à la police quand on a à faire face à la mafia et la justice pourchasse les dealers. Cela est vrai, au moins en partie, mais chacun sait que les situations sont parfois vite compliquées, que la corruption avance, que le goût du crime se propage et qu’il en faut peu pour que les mafias aient souvent le dessus!

L’église Sainte Rita, des « messes pour animaux » aux fachos

Nous avions déjà parlé des « messes pour animaux » organisées par l’église Sainte-Rita, à Paris. Cette église, qui dépendait de l’église gallicane (une sorte de catholicisme romain « francisé ») tout en appartenant à l’Église catholique, subissait un processus d’expulsion afin d’être détruite, provoquant  beaucoup de protestations.

Rappelons que ce type de messe est en contradiction formelle avec la religion catholique (comme toutes les religions monothéistes d’ailleurs), puisque les animaux n’ont pas d' »âme ». C’est là de la démagogie typiquement catholique.

L’absence de fond réel à cet engagement se voit désormais clairement. A partir de 2015, dans le cadre des protestations, l’église s’est vue mise dans les mains d’une « association paroissiale catholique » dirigée par Guillaume de Tanoüarn, un fervent traditionaliste… En clair, tout un bataillon d’extrême-droite s’est mis à la tête de la défense de l’église construite en 1900 et en ont pris le contrôle…

Le site Streetpress a accordé un article à ce sujet, dont voici quelques passages :

Cela fait 2 ans que l’église Sainte Rita est menacée de destruction. Mais depuis octobre, les paroissiens ont laissé place à la crème de l’extrême droite parisienne. L’église squattée accueille catho’ tradis, islamophobes et « dissidents ».

Paris 15e, rue François-Bonvin – Pour entrer dans l’église Sainte Rita, mitoyenne aux bureaux de l’Unesco, il faut passer par une porte de chantier gardée par 2 hommes. L’un d’eux, le visage caché par un masque de V pour Vendetta, tend une pétition contre la démolition de cet édifice religieux néo-gothique.

Bohrt Mignolet, le vigile improvisé à l’accent belge prononcé, fait partie des « irréductibles » du Mouvement du 14 juillet. Dans la nuit du 5 au 6 octobre, une poignée de militants de ce collectif débarque pour « libérer » l’église promise à la démolition. Ils glissent une échelle au-dessus de la palissade et se faufilent par la fenêtre du 1er.

Ils s’ajoutent à la longue liste des défenseurs de l’église, connue par le passé pour ses bénédictions d’animaux. Ainsi, ex-mégrétiste, fondateurs de Riposte laïque, animateurs de Radio Courtoisie, « soralien » ou cathos tradis, se mobilisent au gré des opportunités pour sauver l’édifice. 2 ans déjà que l’église doit être détruite pour laisser place (link is external) à un parking et des logements sociaux.

Dans le presbytère, une quinzaine de personnes se revendiquant du mouvement « putschiste » vaquent, un spliff à la main. « Ici, c’est plus ou moins une Zone à défendre (ZAD), une ZAD à mi-temps », explique David Pastor, santiags et cheveux longs. (…)

Pull couleur crème, regard perçant, Stoquer se définit d’abord comme un défenseur du patrimoine. Il n’en est pas à son premier combat : Engagé pour la défense de la nécropole des rois de France à Saint-Denis -93) mais aussi contre l’installation du Starbucks Café, place du Tertre à Montmartre, en 2013. Une action soutenue, à l’époque, par le Bloc identitaire.

Nicolas Stoquer n’est pas qu’un simple protecteur des vieilles pierres. C’est aussi un fervent catholique – il le revendique lui-même – proche des courants traditionalistes. Le 15 novembre, c’est sur son invitation que l’abbé Guillaume de Tanouärn, ancien de la fraternité tradi’ Saint-Pie-X de Mrg Lefebvre, donnait à Sainte Rita une messe en hommage aux victimes des attentats.

Le nouveau boss de la rue François Bonvin ne cache pas non plus ses engagements politiques à la droite de la droite. Stoquer est en effet secrétaire général du Rassemblement, un micro-parti souverainiste. Un lundi sur 4, il anime avec son pote Alain Bournazel une émission sur Radio Courtoisie. Au micro du « Libre journal de l’indépendance » défile la hype de la droite réactionnaire. Béatrice Bourges, du Printemps français, et l’ex-député homophobe Christian Vanneste y sont passés le mois dernier.

Mgr Dominique Philippe, l’archevêque de l’église catholique gallicane qui officiait à Sainte Rita depuis 1987, confirme le background politique de l’assos de défense de l’église.

Dans un café près de Nation, ce grand bonhomme, soupçonné par ses détracteurs d’avoir quitté les lieux en mars avec toute la déco intérieure de la paroisse – « ses biens à lui », jure-t-il, se souvient de l’entrée en piste de Stoquer et Bournazel lors des vœux aux paroissiens de janvier 2014. Ils auraient été invités par un paroissien, François Lusinchi, fidèle de l’église de la rue François-Bonvin depuis une vingtaine d’années. Ce dernier nie en bloc. Cet ancien militaire de carrière, président des « Arches de Sainte Rita », a pourtant lui aussi un passé politique chargé : ancien mégrétiste, il a été candidat aux législatives de 2007 (link is external) dans le 9e circo du Val-d’Oise à Gonesse pour le MNR, avant de passer chez Les Républicains pour les municipales à Fosses (95) en 2014.