Conférence internationale sur la biodiversité de l’IPBES à Paris

A Paris vient de commencer un travail de discussion sur la biodiversité mené par un groupe intergouvernemental issu de l’ONU. Cela durera jusqu’au 4 mai, avec un document final publié le 6 mai.

Il s’agit de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES). Il s’agit d’une sorte de GIEC, mais pour la biodiversité, fondé en 2012.

La réunion parisienne doit en fait valider un document d’évaluation générale de la situation de 1800 pages, qui n’est malheureusement pas encore disponible, et ne le sera jamais. Il est réservé aux « experts », ce qui est une honte. Seule la version finale, qu’on devine relativisée en bien des aspects, sera accessible.

On voit encore comment les questions en rapport avec la Nature sont soigneusement contrôlées en amont par les États, afin d’éviter toute saisie démocratique, toute analyse réelle et conséquente.

Et même ce qui est simplement évalué pourrait suffire à transformer les consciences. Les informations diluées diffusées dans les médias parlent de jusqu’à un million d’espèces animales et végétales qui vont disparaître, souvent dans les prochaines décennies.

L’IPBES a pour cette raison même publié un communiqué de démenti ! Les médias s’appuient sur un document non validé par les 132 États membres, ils utilisent un document confidentiel réservé aux gouvernements et aux experts… et ce serait une bonne chose pour en conserver… la « transparence » ! L’IPBES n’a peur de rien !

L’organisation explique également que les médias auront droit à la version finale le 4, mais sans le droit d’en parler avant la publication publique le 6.

Il va de soi également que les discussions ne seront pas publiques… Le déni de la démocratie est total. Et la paralysie face à cela totale. On devine bien sûr que les États ne vont pas crier sur tous les toits qu’ils soutiennent un massacre planétaire… Mais, à cela s’ajoute le fait que, il faut bien le dire, les opinions publiques sont bien contentes de ne pas trop en savoir et de pouvoir déléguer toute responsabilité.

Quant aux gens conscients, ils ne sont pas engagés suffisamment à fond, pas prêts à la rupture totale, à partir en guerre. Il le faudra bien, pourtant.

Pour se faire une idée sur l’IPBES à Paris, voici une vidéo de plusieurs heures de vidéo en français de la conférence introductive (une « journée des parties prenantes), qui s’est tenue la veille de l’ouverture officielle.

Cette incapacité à affronter ne serait-ce que l’opinion publique quant au désastre concernant la biodiversité en dit donc très long. Mais le rapport final du 6 mai lui-même ne pourra-t-il pas présenter autre chose qu’une perspective d’effondrement ?

Il est impossible qu’il n’y ait pas une prise de conscience, ne serait-ce qu’a minima, à la suite de la publication du rapport. Nous entrons dans une période nouvelle où cela va être le tout pour le tout, où la bataille pour le soulèvement des consciences va être décisif.

Quelqu’un comme Bruno Retailleau, membre du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers et président du groupe UMP puis Les Républicains au Sénat, l’a bien compris…

Les gilets verts d’Extinction Rébellion

Les réseaux sociaux sont désormais parfaitement maîtrisés par des experts en faisant un business lié à des « causes » : l’exemple de la jeune suédoise Greta Thunberg est un parfait modèle de ce type d’escroquerie. Elle vient d’ailleurs de rencontrer le pape, qui l’a naturellement salué chaleureusement, le Vatican s’empressant d’informer la chose suivante :

« De son côté, Greta Thunberg, qui avait demandé à rencontrer le pape, l’a remercié pour son grand engagement en faveur de la création. »

C’est littéralement honteux pour qui a étudié l’encyclique du pape sur l’écologie, qui est d’un vide abyssal (voir notamment ici, , encore , ainsi que ). Rappelons que c’est Nicolas Hulot qui avait écrit la préface de la traduction française.

Par la suite, Greta Thunberg a rejoint Londres, épicentre d’une « première semaine internationale de la rébellion », qui vient de se terminer. Elle était organisée par « Extinction Rébellion », une nouvelle structure née en octobre 2018 en Angleterre. Greta Thunberg y était bien entendu déjà présente…

« Extinction Rébellion » est appuyée par grosso modo toute la mouvance équivalent en France au quotidien Le Monde. C’est une sorte de Greenpeace version réchauffement climatique, avec donc un appui financier et médiatique important.

Lors de la semaine de désobéissance civile, des centaines de personnes ont occupé plusieurs places centrales de Londres, aboutissant par ailleurs à plus d’un millier d’arrestations. En France, le vendredi 19 avril, c’est à La Défense que pareillement deux mille personnes (avec plusieurs ONG se mobilisant) ont bloqué les sites du ministère de la Transition écologique, de la Société générale, d’EDF et de Total. Il y a également l’entrée du ministère de l’agriculture qui a été bloquée en « soutien au monde paysan », etc.

La question est évidemment : qui sont ces gens ? D’où viennent-ils ? Depuis quand la France dispose-t-elle de tellement d’activistes engagés dans un combat ouvert contre le réchauffement climatique et la destruction des espèces qui en découle ? Surtout que « Extinction Rébellion » revendique pour la France 900 membres en janvier 2019, 3 000 en avril.

En fait, on l’aura compris, c’est une mode passant par les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’activistes menant un patient travail de fond, sur des bases solides, durables, avec des perspectives morales et culturelles fortes.

« Extinction Rébellion » profite de cet engouement passager et « radical » pour une cause indéniablement juste, mais qui est totalement desservie par des attitudes consommatrices consistant à « témoigner ». On s’inscrit par internet, on suit sur Facebook et Twitter (voire Instagram), on vient témoigner lors d’une action, et on s’imagine activiste ou militant. Des structures comme L214 ou 269 n’agissent pas différemment.

Voici le document de naissance de cette structure en France, rendu public lors de l’occupation le 24 mars 2019 d’une salle du Muséum d’histoire naturelle à Paris. L’étudier avec un regard approfondi apporte un éclairage significatif.

« À l’aube de la seconde guerre mondiale, le 1er ministre britannique Winston Churchill alerte les grandes puissances européennes qui ne réagissent pas à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les forces nazies parce qu’elles espèrent, par leur inaction, maintenir la paix. Il leur dit : “Vous avez voulu éviter la guerre au prix de la honte. Vous avez choisi la honte mais vous aurez la guerre.”

Aujourd’hui, à l’aube d’un basculement sans précédent des équilibres écologiques de la planète, le mouvement international Extinction Rebellion alerte les citoyens et les gouvernements qui ne réagissent pas à l’emballement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Il alerte ceux qui espèrent, par leur inaction, maintenir la paix sociale.  ”Vous avez voulu sauver un système et son mode de vie au prix de la survie de vos propres enfants. Vous avez choisi la honte mais vous aurez la guerre” – car vous serez inévitablement contraint de vous adapter à des conditions impossibles – et chaque mois perdu à repousser les dures décisions qui s’imposent rendra cette transition plus titanesque encore. C’est d’un effort de guerre dont nous avons besoin aujourd’hui.

Les faits sont là. Le dernier rapport du GIEC, qui acte de l’état actuel de nos connaissances scientifiques sur le climat, élève une nouvelle fois la voix. Il nous exhorte à des changements sociétaux rapides, profonds et de grande envergure pour limiter l’impact d’une augmentation mondiale de la température, dont les conséquences frappent déjà les plus démuni.e.s : montée des eaux, inondations, sécheresses, phénomènes météo extrêmes, épidémies, famines, conflits et migrations.

Notre logique industrielle expansionniste détruit en ce moment même tout ce dont nous dépendons. L’eau, l’air et les sols sains se raréfient. Toutes nos ressources s’épuisent. La Vie s’effondre partout autour de nous. Ce n’est pas une crise passagère. C’est un changement irréversible. Toutes les espèces qui disparaissent ne réapparaîtront pas. Le charbon, le pétrole, le gaz partis en fumée ne se régénèreront pas. Pour nous, il n’y aura pas de retour en arrière.

Mais tout doit être tenté car on aperçoit déjà la conséquence de ce chemin, conséquence à la fois logique et inimaginable : allons-nous être les témoins de l’effondrement de notre population, et peut-être de notre propre disparition ? En ce jour de Déclaration de Rébellion, nous sommes ici, au Muséum National d’Histoire Naturelle, pour proclamer notre rébellion symbolique contre notre extinction et notre rébellion politique contre tout ce qui nous y mène à grands pas.

Nous sommes ici pour remettre notre espèce à sa juste place, au sein de cette fragile toile du Vivant sans laquelle rien n’est possible, cette toile qu’il faudrait honorer et qu’à la place nous détricotons consciencieusement. Ici, dans ce lieu de culture qui tente de rappeler la magie et la diversité du Vivant, où est l’humain ? Où est l’humain dans cette grande fresque de la Vie ? Sera-t-il lui aussi bientôt empaillé, prêt à rejoindre toutes les espèces qui disparaissent à cet instant, et qui disparaitront demain et après demain encore ?

Nous laissons à nos enfants l’enfer en héritage. Ce n’est pas une image. Nous les envoyons vers une mort prématurée si nous ne changeons pas les règles du jeu.

Nous commençons par adresser avec humilité nos excuses à la génération qui aujourd’hui fait ses premiers pas, et nous nous engageons, avec une créativité sans fin, à repeupler nos imaginaires, pour inventer un monde vivable et souhaitable.

Nous savons, qu’au fond de nous, c’est l’instinct de survie qui nous pousse enfin à faire face à notre déni, à nos peurs, à notre colère et à notre désespoir. Nous sommes reconnaissant.e.s envers cet instinct. Mais nous restons lucides.

Nous voyons autour de nous l’impératif de survie devenir une entreprise individuelle et prendre le dessus sur notre dimension collective. S’il se répand, ce réflexe de repli sur soi écrasera les enjeux de justice sociale, d’équité, de transformation de notre modèle économique. S’il se répand, il rendra impossible les choix de société qu’il est vital de faire.

Nous combattons ce repli, conscients que la survie individuelle est une chimère, que les dictatures vertes sont un vrai risque pour la démocratie, et que notre seule solution réaliste est de nous imposer collectivement de nouvelles règles. ​​​​​​​

Nous n’avons plus confiance en la capacité, ni en la volonté de ce gouvernement comme des prochains, de porter et d’encourager cette transformation profonde.  C’est pourquoi, nous, membres d’Extinction Rebellion, appelons tous les arrières-grands-parents, les grands-parents, les parents, les étudiants, et les plus concernés par le climat de demain – les jeunes et les enfants – à entreprendre des actions directes de désobéissance civile, ouvertes à tous, créatives, déterminées, et non-violentes.

Nous sommes pleins de rage contre un système qui organise la destruction du vivant. Nous sommes emplis d’amour pour cette planète.

Nous nous engageons à entrer en rébellion contre des adversaires qu’il est possible d’identifier. Car pendant que des citoyennes, des citoyens et des élu.e.s se battent sur leur territoire pour préserver forêts, montagnes et rivières, de « grands » projets industriels délirants soutenus par les finances publiques continuent de voir le jour. Car pendant que les accords climatiques se succèdent en vain, des banques, des assureurs, des entreprises, des gouvernements criminels continuent d’extraire les énergies fossiles qu’il faut pourtant bannir et garder sous terre pour espérer survivre. Nous viserons ces cibles sans fléchir.

Enfin, en refusant de reconnaître qu’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées est suicidaire, nos gouvernements sont complices. Quand l’État abandonne délibérément sa responsabilité de protéger ses citoyennes et citoyens, il rompt ses engagements. La révolte devient alors notre droit le plus sacré, et notre devoir le plus indispensable.

Parce que chaque dixième de degré compte, parce que chaque espèce disparue compte, parce que chaque minute compte, parce qu’agir nous ramène à la Vie, nous appelons à la désobéissance civile à grande échelle.

Nous avons tous la responsabilité et le devoir de passer à l’action, nous devons nous rébeller pour la vie. La désobéissance civile non violente est notre dernière chance, notre meilleure option, la voie plus efficace pour forcer un changement de système.

Nous sommes désormais prêtes et prêts à enfreindre la loi et à en subir les conséquences. Nous sommes prêtes et prêts à inonder les prisons pour que tout ce que l’on aime ne disparaisse pas sous les eaux. Quand l’espoir meurt, l’action commence.

L’action commence maintenant.

-XR France, 24 mars 2019 »

En réalité, ces gens ne sont prêts à enfreindre rien du tout. Ils sont un phénomène de mode. Dures paroles ? Nous avons dit la même chose au moment de la « grève » pour le climat dans les lycées français et force est de constater que nous avions alors vu juste. Tout cela est du cinéma et des pitreries conformistes, sans aucune analyse de fond des enjeux.

Pour qu’un mouvement dure, il faut des valeurs et une culture. Sinon, cela peut faire du bruit, mais c’est passager et cela n’apporte rien. Et il est difficile de produire des valeurs et une culture! Cela demande du temps, un engagement énorme. Qui est dans un esprit consommateur n’a aucune chance d’y parvenir.

Tout ce que dit d’ailleurs « Extinction Rébellion », c’est qu’on va à la catastrophe et que les gouvernement doivent impérativement cesser les énergies fossiles le plus rapidement possible. C’est là une expression de panique, pas un projet réel. Et il est marquant que cette désobéissance passe sous silence de manière radicale le véganisme.

Il est pourtant parlé de la destruction en cours de nombreuses espèces. Mais il n’en découle rien de positif, aucune reconnaissance positive des animaux, de la Nature dans son existence sauvage, de la planète comme système.

Tout comme les antispécistes font comme si le véganisme n’avait pas existé depuis les années 1990, « Extinction Rébellion » fait comme si l’écologie engagée de manière absolue n’existait pas pareillement depuis les années 1990, voire bien avant. C’est comme si les hippies ou Earth first !, l’ELF ou la scène vegan straight edge n’avaient jamais existé, comme si le biocentrisme était un concept jamais formulé.

Cela étant, ce n’est guère étonnant. Ce que dit « Extinction Rébellion » c’est qu’il faut préserver la possibilité de faire comme avant. Il y a une critique des grandes entreprises polluantes, d’un mode de vie trop consommateur en énergie polluantes ou productrices de Co2, mais aucune remise en cause du rapport à la Nature en général. Il faut juste stopper les pollueurs. Il faudrait un capitalisme « durable ».

« Extinction Rébellion » a pour cette raison pris comme logo un sablier placé au milieu d’un cercle représentant la planète, avec le vert pour l’écologie et le noir pour le deuil de la situation. C’est une expression de panique, sans ambition révolutionnaire ni volonté d’assumer une morale nouvelle et une identité non anthropocentriste. Pour tout dire, on peut les qualifier de gilets verts.

Ils expriment une panique, celle d’un monde changeant inévitablement de manière totale. Et ils ne veulent pas d’une Nouvelle Gaïa, ils veulent retourner en arrière.

Réflexion sur le délit d’obstruction à la chasse

La nouvelle loi sur l’obstruction à la chasse qui va être mis en place impose une grande réflexion. Le présent article est une contribution à cela et il ne prétend pas résoudre toutes les questions à ce sujet, loin de là, surtout que si l’on observe bien la forme et le contenu de la loi, on voit qu’il existe de nombreuses zones floues.

A cela s’ajoute également que tout est une question de rapport de force. Il est évident que si certains vont par exemple faire les malins dans la forêt en disant « on est végan on bloque la chasse à courre ! », ils vont se faire mettre en pièce par l’État. On ne caricature pas un mouvement populaire comme AVA impunément.

Il existe un État avec ses institutions, il existe une société, il existe un peuple. Croire qu’il existe un « spécisme », sorte de domination abstraite flottant au-dessus de tout, et qu’on peut la renverser en affirmant une idée fixe, ce n’est pas qu’être improductif, c’est aller au casse-pipe.

Cette parenthèse nécessaire étant faite, passons aux choses sérieuses avec la loi sur l’obstruction à la chasse comme tentative de casser tout caractère populaire à l’opposition à la chasse. Faisons immédiatement un rappel important quant au fonctionnement du droit en France. Aucun activiste pour les animaux, et cela que ce soit dans le cadre de légalité ou de l’illégalité (la frontière étant ici faussée qui plus est), ne peut échapper en effet à un aspect très particulier du droit de notre pays, à savoir la dimension interprétative très grande dont dispose le juge.

En effet, pour qu’il y ait une contravention, un délit ou un crime, il faut qu’il y ait à la fois un élément matériel et un élément moral, ainsi qu’une loi à ce sujet. Si l’on préfère, pour être condamné pour quelque chose en tant que tel, il faut une loi disant que c’est interdit, une preuve matérielle que la chose a été faite, et la preuve que « moralement » on a voulu le faire.

Cela ne signifie pas qu’on ne puisse pas être condamné pour quelque chose qu’on n’a pas fait exprès, ou bien parce qu’on ne savait pas que c’était interdit (nul n’est censé ignorer la loi !). Mais on est là dans un autre cas de figure, puisque la question est la suivante : la loi sur l’obstruction de la chasse impose-t-elle réellement une preuve de la volonté de nuire à la chasse pour qu’on tombe sous son joug ?

Ou, si l’on veut, suffit-il que quelqu’un dise qu’on a cherché à « empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours, individuelle ou collective, par quelque moyen ou agissement que ce soit », pour être condamné ?

Les termes d’empêcher, entraver, gêner sont en effet très vagues, surtout le terme de « gêner ». Gêner, c’est mettre dans une situation embarrassante, difficile, c’est donc extrêmement large.

En Droit pénal, on connaît par exemple le « fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté d’expression, du travail, d’association, de réunion ou de manifestation ou d’entraver le déroulement des débats d’une assemblée parlementaire ou d’un organe délibérant d’une collectivité territoriale ». Pour la chasse, si on fait une comparaison avec le droit du travail, entraver, c’est empêcher le fonctionnement régulier.

Cependant, une chasse n’a pas une régularité comme le fait de travailler. On travaille tous les jours et on travaille grosso modo comme on l’a fait hier et comme on le fera demain. La chasse est un processus plus aléatoire, par définition même.

De plus, la loi sur la chasse dirait « par quelque moyen ou agissement que ce soit ». Dans cette logique, en théorie, il suffit d’être dans une forêt et n’importe quel chasseur peut dire qu’on le gêne. La simple présence correspond bien à ce qu’on peut entendre par « par quelque moyen ».

Et autant pour « bloquer les véhicules des chasseur » ou bien « utiliser des produits ou substances destinés à empêcher l’action normale des chiens de chasse ou à les détourner de leur utilisation cynégétique », cela semble assez flagrant, ce sont des choses claires, autant gêner ne veut rien dire.

Mais la théorie n’est pas le droit, aussi faut-il regarder ce qu’il en est. Pourquoi justement « bloquer un véhicule » est-il un cas flagrant ? Car la situation matérielle est évidente et parce que l’intention va de paire aussi.

Il faut ici mentionner deux choses au niveau du droit. Tout d’abord l’article 121-3 du code pénal qui dit :

« Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre. »

Ensuite, le fait que pour la Cour de cassation, il est considéré que :

« La seule constatation de la violation, en connaissance de cause, d’une prescription légale ou réglementaire implique, de la part de son auteur, l’intention coupable exigée par l’article 121-3, al. 1 du Code pénal » (Crim., 11 mai 1995, pourvoi n° 94-82.748 ; voir aussi, Crim., 12 mars 1970, pourvoi n° 69-90.644, Bull. crim. 1970, n° 103, D. 1970, p. 385, note M. Delmas).

Si on bloque une voiture, on a choisi de le faire, selon le droit. Mais qu’en est-il de quelqu’un sciant un mirador de chasse ? Comment le juge peut-il considérer que cela relève d’une entrave de la chasse, et non pas simplement d’une action gratuite ? Comment peut-il justifier l’élément moral dans son rapport à la chasse ?

C’est là techniquement le droit français est problématique.

Imaginons qu’une personne inconnue des personnes de police soit arrêtée pour avoir scié un mirador. Il y a des preuves certaines que c’est elle. Si elle dit qu’elle a fait cela par amusement, elle est juste coupable de dégradations.

Si par contre, il y a marqué ALF sur les restes du mirador, cela pose-t-il un souci, en toute logique ? Non, car il faudrait la preuve en flagrant délit que la même personne ait inscrite les lettres en question, ou bien qu’on retrouve chez elle la même peinture.

Sauf qu’il y a justement un cas de figure, propre à la France : celui où intervient alors le « faisceau » d’indices.

En clair, imaginons que cette même personne milite pour les droits des animaux. L’enquête le prouve. La question est de savoir dans quelle mesure le juge peut ou non alors affirmer que c’est une action anti-chasse.

Dans les pays anglo-saxons, où s’applique ce qu’on appelle la common law, il faut que le juge ait un certain niveau de conviction ; il lui faut des « preuves prépondérantes » dans un procès civil et dans un procès pénal qu’il soit convaincu « au-delà de tout doute raisonnable ».

La personne militant pour les animaux pourrait, dans un tel contexte, tout à fait dire qu’elle a détruit un mirador par amusement, que d’autres personnes sont passées inscrire quelque chose dessus. Le juge doit, normalement, prouver qu’il y a une intention organisée de mener une action dans un but concret.

D’où par exemple aux États-Unis l’autorisation qu’a le FBI d’utiliser des preuves lors de coups montés par elle-même, au moyen d’agents infiltrés, par exemple en enregistrant une discussion où une personne affirme vouloir saboter la chasse.

En France, c’est différent. La preuve de la liaison entre l’intention et l’action n’a pas besoin d’être aussi forte. Il suffit que le juge pense qu’il y ait un lien pour que cela soit considéré comme tel. L’article 427 du Code de procédure pénale affirme en effet que :

« Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve et le juge décide d’après son intime conviction. »

Ce « tout mode de preuve » est la boîte de Pandore de la possibilité de condamner n’importe qui n’importe comment si la loi a des contours trop lâches. Ce qui est le cas avec gêner, et même avec empêcher et entraver.

Pourquoi ? Parce que le juge peut chercher des preuves de manière très vague, et même les rassembler pour former ce qu’on appelle un faisceau d’indices, qui sert alors de preuve. Ainsi, un juge peut dire : on a trouvé des badges en faveur de l’ALF chez vous lors d’une perquisition et on sait que vous avez scié un mirador. Donc, en plus du vandalisme, il y a obstruction à la chasse.

Regardons maintenant cependant quelque chose relevant de la simple légalité, par opposition à une action clandestine et illégale. Prenons la situation suivante : un tel a été à un rassemblement contre la chasse à courre, il a été un autre jour dans une forêt alors qu’une chasse à courre s’y déroulait. Le juge peut dire en France : c’est un faisceau d’indices indiquant une intention de la gêner.

Sur le plan de l’élément moral, c’est l’arbitraire. On peut accuser n’importe qui d’être au mauvais endroit au mauvais moment et de l’avoir fait en réalité sciemment. C’est cela qui a amené la possibilité d’interdire de gens de manifester, en raison de la « présomption » qu’ils auraient des intentions morales hostiles.

Cependant, comme nous ne vivons pas sous un régime fasciste, le juge ne peut pas non plus affirmer tout cela aussi simplement que cela, au sens où même s’il peut affirmer l’intention n’importe comment, il faut prouver matériellement les choses pour condamner matériellement.

Et là le terme gêner si négatif pour l’élément moral devient paradoxalement relativement favorable pour les défenseurs des animaux en ce qui concerne l’élément matériel. La suite directe de l’article 427 du Code de procédure pénale mentionnée plus haut dispose en effet que :

« Le juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement discutées devant lui. »

Ce qui signifie que, tant qu’on est pas dans un régime fasciste (qui suivrait toujours ce que dit le juge), il faut que le juge se justifie en disant : telle preuve a été montrée. Or, comment justement prouver qu’il a eu entrave, empêchement, gêne ?

C’est d’autant plus flagrant que la loi fait passer l’obstruction à la chasse de la contravention au délit. Cela change tout. La contravention est prononcée par un juge de proximité ou un juge de police et il n’y a pas d’instruction judiciaire ou quasiment. C’est un peu le principe de : on a fait quelque chose de non-légal, on paie une amende, l’histoire s’arrête.

Mais un délit, cela exige le tribunal correctionnel. L’instruction judiciaire y est facultative, elle est gardée pour les affaires dites complexes. Mais quoi de plus complexe qu’une histoire d’empêchement ? Car en droit les faits doivent correspondre à la définition légale d’une infraction.

Les magistrats vont faire face à une situation où ils devront plonger dans une bataille de définition de dictionnaires pour savoir s’il y a eu ou bien entrave ou bien empêchement ou bien gêne.

Car ils doivent le dire, et le motiver ! Surtout qu’un tel procès implique un avocat, avec une plaidoirie. Les preuves d’un empêchement, ou d’une entrave, ou bien d’un gêne, devront être sacrément bétonnées, c’est du sérieux, il y a un schéma contradictoire au procès qu’il n’y a pas pour une contravention.

C’est donc en apparence plutôt positif pour les anti-chasse. A moins que l’État contourne le problème et fasse un saut qualitatif dans la question. Comment ? En faisant sorte qu’il y ait un procès et qu’une jurisprudence en sorte, disant que n’importe quel acte en rapport avec le déroulement d’une chasse dans ce qu’on attend qu’elle soit consiste justement en un empêchement, une entrave, un gêne.

Ce qui serait inattendu dans une chasse serait condamnable. Il ne serait pas logique, par exemple, de voir un regroupement de 30 personnes se retrouver subitement sur le parcours d’une chasse à cours.

Il y a toutefois deux soucis ici. Tout d’abord, le droit français ne raisonne pas en termes de ce qui est logique ou pas (contrairement au droit pénal latino-américain). Ensuite, il faudrait que le tribunal pose une interaction entre l’individu sur le parcours de la chasse à courre et le groupe, car le principe du groupe prouverait le délit. Sauf que le délit n’est pas posé comme étant en réunion dans la loi…

On aurait alors dans l’idée 30 personnes étant des promeneurs, mais un groupe de 30 promeneurs relevant du délit, sauf que le délit vise les personnes, pas le groupe. C’est là quelque chose compliqué.

Un autre souci se pose, dans la même idée, et de manière problématique pour les anti-chasse. Imaginons qu’on arrête X pour entrave à une chasse. Le juge va vouloir établir les preuves. Pour cela il va convoquer des gens, et même qui il veut, dans l’esprit de l’article 10, alinéa 1er du Code civil dit que :

« Chacun est tenu d’apporter son concours à la justice en vue de la manifestation de la vérité.

Celui qui, sans motif légitime, se soustrait à cette obligation lorsqu’il en a été légalement requis, peut être contraint d’y satisfaire, au besoin à peine d’astreinte ou d’amende civile, sans préjudice de dommages et intérêts. »

Dans le code pénal, cela donne avec l’article 109 :

« Toute personne citée pour être entendue comme témoin est tenue de comparaître » 

Seulement il va y avoir, pour exemple pour une situation en rapport à la chasse à courre, que deux types de gens : les chasseurs, les opposants. Or, il ne sera pas possible d’écouter les opposants, car l’article 105 du code de procédure pénale dit que :

« Les personnes à l’encontre desquelles il existe des indices graves et concordants d’avoir participé aux faits dont le juge d’instruction est saisi ne peuvent être entendues comme témoins. »

Cela impliquerait non seulement de ne pas écouter les opposants, mais même par définition de devoir tous les poursuivre… C’est là faire du droit une véritable machine de guerre. La magistrature suivra-t-elle dans une telle démarche la transformant en appendice répressif mécanique ?

Et on en revient à la question posée précédemment, car la loi parle de chasse individuelle ou collective, mais pas d’entrave en réunion. Faut-il alors faire un seul procès, ou plusieurs ? Et le procès ne pourra-t-il écouter que les chasseurs, sans perdre toute crédibilité ?

Pour un magistrat, il n’y a pas forcément l’envie de s’embarquer dans une histoire pareille. Et en même temps il y a ici un boulevard pour les avocats pour sabrer la répression, à condition bien entendu de s’appuyer sur une base populaire. Si l’on est dans le cas de plusieurs individus contre l’État, c’est plié d’office, car il n’y a plus d’arrière-plan lié à la société. Dans ces cas-là, l’État raisonne froidement et applique mécaniquement.

Évidemment, ce cas où les opposants seraient exclus comme témoin implique par contre qu’il faut une instruction judiciaire. Mais c’est clairement inévitable dans une telle situation, dont on devine la complexité rien que pour définir ce qu’est une « gêne » et trouver des preuves.

Sans cela, cela bascule donc comme déjà dit au niveau d’une contravention jugée à la va-vite car c’est flagrant et il va y avoir un gouffre entre le fait de prétendre juger un délit, avec un avocat et toute une procédure) et le fait de réduire le procès à un simple acte de contravention sauf que cela se déroule lors d’un procès au tribunal correctionnel…

C’est évidemment possible, mais cela impliquerait un chambardement du droit et un niveau de répression étatique extrêmement élevé. Les magistrats deviendraient des auxiliaires d’une répression de proximité.

Et s’il n’y a pas d’instruction ? Alors on accusera le tribunal de bafouer le droit à un procès équitable en s’appuyant uniquement sur une enquête préliminaire, et de vouloir pénaliser l’activisme anti-chasse en s’appuyant par exemple sur la multiplication des arrestations dans le cadre du flagrant délit. Et c’est le début d’un processus allant même jusqu’à Cour européenne des droits de l’Homme…

Le tout étant évidemment lié à la nécessité, encore une fois, d’une campagne populaire.

Ainsi, pour résumer cet aspect d’une question complexe, même si les juges peuvent forcer le passage pour l’élément moral, grâce à leur « intime conviction » qui peut les amener facilement à affirmer qu’il y a une liaison entre l’acte et l’identité du prévenu, il ne suffira pas de dire qu’une personne a cherché à « empêcher, entraver ou gêner », il faudra dire si elle a empêché, ou entraver, ou gêner, et le montrer. Et cela, c’est très compliqué, en tout cas, on le souhaite, encore plus à un tribunal correctionnel.

Il faut donc s’attendre à ce que les chasseurs réorientent leur stratégie, vraisemblablement vers une interdiction pour trouble de l’ordre public. Une série de procès pour obstruction à la chasse, même perdue par eux, pourrait être un argument utilisé par eux en ce sens.

A moins que, et c’est une hypothèse qui se tient largement, les chasseurs le savent déjà.

Qu’est-ce que cela donne dans ce cas de figure ? Le délit sera considéré non pas sur dépôt de plainte a posteriori par les chasseurs, mais par constatation directe de l’infraction par l’exécutif, la police ou la gendarmerie, voire même en présence du Préfet, de la presse et de tout le tintouin. S’en suivront des arrestations massives et des comparutions immédiates.

En fait, il faut craindre des arrestations sous forme de coups de filet. Beaucoup de personnes interpellées d’un coup, histoire de casser la dynamique populaire. On se souvient d’ailleurs que les gardes mobiles étaient mécontents de faire du maintien de l’ordre en forêt, arguant que ce n’est pas leur boulot. Mais les gendarmes, eux, relèvent d’une logique militaire et ils procéderont à des arrestations sans problème, c’est leur travail, leur identité.

Cela se tient car on voit que cette notion de délit d’obstruction à la chasse est très bancal, au point qu’on peut penser qu’il ne s’agit pas de faire du droit dans la durée, d’opposer une règle stable à une infraction qui travaille la société dans son tréfonds, comme le fait le droit normalement. Il s’agit bien plutôt de trouver une parade sensationnelle à une demande particulière, celle de l’économie de la chasse et de la gestion des forêts.

Le scénario serait alors quelque chose du genre :

1. 34 arrestations tel jour, telle heure, à tel point de la forêt ,alors que la chasse était organisée de notoriété publique et que le Préfet et les services de police avaient rappelé la loi.

2. On cherche sur les 34 personnes arrêtées des dispositifs de communication, de filmage, des équipements laissant penser qu’ils ne pouvaient se trouver là par hasard et pas pour une simple balade en forêt.

3. La chasse est considérée comme n’ayant pu avoir un déroulement normal du fait de l’activité des 34, par exemple avec le ralentissement des chiens à tel croisement, certains étant passé devant les chevaux à tel endroit, etc. Ceux qui ne sont pas coupables seront jugés comme complices de l’obstruction en général.

4. Le délit est donc constitué et l’affaire est dans le sac, les 34 sont considérés comme coupables.

Tout cela ne forme qu’une réflexion et il peut, il doit y en avoir d’autres. Il y a beaucoup d’aspects à prendre en compte. C’est une véritable partie d’échecs qui se joue ici. Qui veut se faire simplement plaisir ne peut que contribuer à l’effondrement général de la Cause, car en face cela ne plaisante pas.

Les chasseurs veulent écraser toute opposition, avant que la société – qui est contre la chasse – ne se saisisse de ce thème, ce qui aboutirait à une réaction en chaîne concernant la compréhension de toute une série d’aspects réactionnaires de la France d’aujourd’hui. Et le véganisme apparaîtrait comme une proposition utopique tout à fait concrète et cohérente.

C’est ce là qu’il faut partir pour comprendre la question.

« L’Office français de la biodiversité et de la chasse »

C’est une information très importante pour tous les amis des animaux, mais en particulier pour les personnes engagées dans la lutte contre la chasse. Il y a de très profondes modifications dans les institutions françaises, avec un pouvoir accru des chasseurs, une plus grande protection juridique pour leurs activités.

Il y a en effet la « création de l’Office français de la biodiversité et de la chasse, modifiant les missions des fédérations des chasseurs et renforçant la police de l’environnement ». Il y a eu en 2016 une « agence français de la biodiversité » qui a été mise en place : elle va fusionner en janvier 2020 avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Cela devait s’appeler l’Office français de la biodiversité, cela s’appellera l’Office français de la biodiversité et de la chasse. Cette mise en place institutionnelle a déjà été votée par l’Assemblée nationale le 24 janvier 2019 et le Sénat a validé cela le 11 avril 2019, en première lecture, à l’unanimité.

Le Monde décrit ainsi ce à quoi on a assisté :

Au Sénat, le projet de loi a été profondément remanié, à l’avantage des chasseurs. On a entendu des élus défendre bec et ongles le monde cynégétique, se livrer à un vibrant plaidoyer en faveur d’une activité « populaire », ou encore se lever pour « la liberté de chasser ».

Pour donner le ton en effet, la chasse à la glu ou au lacet sont reconnus par les institutions, avec une formulation très terroir :

« Les modes de chasse consacrés par les usages traditionnels à caractère régional appartiennent au patrimoine cynégétique national. À ce titre, ils sont reconnus et préservés. »

C’est là une sacralisation de la barbarie. Avec un appui politique énorme. L’unanimité vient du fait qu’ont voté pour les 235 sénateurs présents. Les Républicains ont voté pour, ainsi La République En Marche (sauf deux), le Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (des centristes, sauf deux), le Groupe Union Centriste (sauf un), les autres se sont abstenus, sauf deux du PS ayant voté pour également.

Voyons en les points les plus importants, outre l’invention d’un « patrimoine cynégétique national », même si justement et très franchement on est très loin d’en avoir fini avec cet Office tellement il y a ici la boîte de Pandore favorisant les chasseurs et l’exploitation animale en général.

Déjà, pour bien souligner quelles sont les forces à l’arrière-plan, voyons déjà que les représentants des organisations professionnelles aquacoles sont intégrées à son conseil d’administration. C’est une reconnaissance officielle de l’aquaculture, ce cauchemar se généralisant en ce début de 21e siècle.

Voyons ensuite qu’il est créé un :

« délit d’obstruction à la chasse en punissant d’un an d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende le fait d’empêcher, entraver ou gêner, par des actes d’obstruction concertés, le déroulement d’un ou plusieurs actes de chasse »

On devine évidemment qu’ici c’est AVA qui est dans la ligne de mire : c’est la criminalisation qui est est visée et elle est assumée.

Un des amendements est justement présenté comme suit, parlant ouvertement de réprimer les anti-chasse à courre :

« À la sous-section 3 de la section 1 du chapitre VIII du titre II du livre IV du code de l’environnement, il est ajouté un article L. 428-3-… ainsi rédigé :

« Art. L. 428-3-…. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait de s’opposer à un acte de chasse en commettant un ou plusieurs des faits suivants :

« – empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours, individuelle ou collective, par quelque moyen ou agissement que ce soit ;

« – utiliser des produits ou substances destinés à empêcher l’action normale des chiens de chasse ou à les détourner de leur utilisation cynégétique ;

« – bloquer les véhicules des chasseurs, leurs chiens ou leurs chevaux afin d’entraver une action de chasse à venir ou en cours. »

Objet

Depuis un décret du 4 juin 2010, codifié à l’article R 428-12-1 du code de l’Environnement, le fait d’empêcher, par des actes d’obstruction concertés, le déroulement d’un ou plusieurs actes de chasse tels que définis par l’article L 420-3 est puni d’une simple contravention de 5ème classe.

Validé par un arrêt du Conseil d’Etat du 11 juillet 2012 (n° 344938, ASPAS), rejetant un recours de l’ASPAS, ce texte a  trouvé à s’appliquer dans quelques cas à l’occasion de chasses à courre.

Aujourd’hui, il est évident que l’infraction n’est pas réprimée à la hauteur de sa fréquence récente et des actes de violence qu’elle représente.

L’extrême violence des attaques organisées par des groupuscules extrémistes s’est soldée non seulement par des maltraitances envers les chiens de chasse (vaporisations de citronnelle dans les yeux), les chevaux, mais aussi par des agressions de chasseurs ou de garde-chasse particulier ou même de suiveurs.

Aujourd’hui, des agressions physiques et des actes de vandalisme  ne sont plus uniquement dirigés contre les veneurs mais touchent également depuis ces derniers mois des chasseurs à tir. La situation ne se limite plus aux forêts domaniales de la région parisienne mais s’est aussi propagée à l’ensemble des régions de France telle que la Bretagne, la Nouvelle Aquitaine, en Occitanie ou l’Auvergne- Rhône-Alpes.

La fédération nationale des chasseurs a d’ailleurs attiré l’attention de la Présidence de la République et du Chef du Gouvernement sur l’urgence à intervenir pour éviter que ne surviennent de véritables drames.

Le reclassement en délit est devenu nécessaire pour permettre aux agents en charge de la police de la chasse ainsi qu’aux forces de l’ordre d’intervenir pour sanctionner les auteurs de ces obstructions violentes dont sont victimes les chasseurs.

La répression de l’acte d’obstruction à la chasse considéré comme un délit suppose d’adopter un texte législatif conformément à l’article 111-3 du Code pénal, et de supprimer par décret en Conseil d’Etat l’article R 428-21-1 du Code de l’environnement. Tel est l’objectif de cet amendement. »

L’argumentaire est sciemment démagogique, car comme le note AVA à ce sujet :

En deux ans de sorties en forêt avec AVA, pas une seule entrave à la chasse n’a été constatée par les forces de l’ordre. Il s’agit là donc de criminaliser à tout prix une opposition populaire pour freiner son inéluctable avancée. Le but de ce durcissement de la loi est tout simplement d’intimider les personnes opposées à la chasse à courre, de les dissuader de s’engager.

En outre, tout démocrate sincère ne peut qu’être révolté par la forme de cet amendement, dont l’objet mensonger a été sciemment tourné de manière à tromper les élus (texte complet ci-joint).

Voici donc une ligne de fracture pour les élus : renforcer aveuglément la toute-puissance d’un groupe d’intérêt ultra-minoritaire en votant une loi basée sur du mensonge, ou refuser de jouer ce jeu qui rabaisse leur fonction, affirmant ainsi leur indépendance et leur rigueur démocratique.

La population saura être attentive aux voix qui émergeront de ce débat. De son côté, AVA continuera son action en faveur des animaux et de la Nature, comme toujours de manière raisonnée et pacifique, aussi longtemps que les habitants nous porteront ! 

Il n’y a pas d’entraves à la chasse, mais comme il y en aurait il faudrait renforcer la loi, telle est donc la logique du gouvernement, appuyé par Emmanuel Macron…

On ne s’étonnera donc pas que pour le congrès de la fédération nationale de la chasse à Paris, qui s’est tenu fin mars à la salle de la Mutualité, il y avait comme intervenants :

  • le ministre de la Transition écologique François de Rugy,
  • le ministre de l’agriculture Didier Guillaume,
  • le ministre des Collectivités locales Sébastien Lecornu,
  • la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.

Willy Schraen, le président de la fédération des chasseurs y a notamment affirmé que :

« Le président de la République, Emmanuel Macron, a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs. »

Ce qu’a voté le Sénat est également d’autant plus dangereux que « l’obstruction » est quelque chose de flou, qui risque d’être laissé à l’appréciation du juge. Il n’est pas parler simplement d’entrave, mais de « gêne » : gêner un chasseur devient passible du pénal !

En fait, même se balader à tel ou tel endroit ou tel moment pourrait, en forçant, être considérée comme une obstruction. Même éternuer serait une obstruction et pour la preuve il suffira au juge de dire qu’on a fait semblant d’éternuer !

C’est là quelque chose de très grave ; il sera nécessaire de bien étudier les contours de ce que cela peut donner. On est là dans une répression anti-démocratique de très grande envergure. Surtout qu’il y a ce point qui dit :

« mettre les professionnels des fédérations des chasseurs en capacité de rechercher et de constater toutes les infractions de chasse sur l’ensemble du territoire départemental pour lequel ils sont assermentés »

Cela vise normalement les chasseurs eux-mêmes, puisque c’est une infraction. Mais qu’en est-il dans le rapport au délit d’obstruction ? Il faudrait ici peu de choses pour que les chasseurs puissent eux-mêmes décider que telle ou telle personne fait de l’obstruction… Un professionnel nommé par la fédération pourrait ainsi se voir assermenté à ce niveau et accuser qui il veut comme il veut.

Les cadeaux faits aux chasseurs sont également innombrables, pour le reste. Il est ainsi parlé de :

« Encadrer la pratique de l’agrainage sans en interdire le principe »

Cela signifie que l’État reconnaît que les chasseurs nourrissent certains animaux sauvages pour après dire : il y en a trop, il faut qu’on intervienne ! Mais qu’en même temps l’État se contente de dire de son côté : n’en faites pas trop quand même. C’est là d’une hypocrisie sans nom.

Une autre triste blague est l’affirmation comme l’Office doit :

« Lutter contre l’engrillagement des espaces naturels et forestiers »

Cela signifie ni plus ni moins : portes ouvertes aux chasseurs, partout ! Et le premier à faire tomber les grilles sera l’État lui-même.

L’idée de faire des cadeaux est d’ailleurs même inscrit dans les principes mêmes de l’Office :

« prévoir l’appui de l’Office français de la biodiversité et de la chasse à l’ensemble des acteurs, publics et privés, dans leurs actions en faveur de la lutte contre les espèces invasives et la coordination des mesures mises en œuvre »

En clair, l’Office pourra littéralement faire des chasseurs des saints venant rétablir l’équilibre troublé par la prétendue folie de Dame Nature… Des saints qu’il faudra matériellement soutenir, évidemment.

A cela s’ajoute que la chasse des oiseaux migrateurs pourra se voir prolongée au-delà des périodes légales prévues, puisque le principe de la chasse « adaptative » est désormais de rigueur.

Tout cela est donc pour le début de l’année 2020. Il reste encore une étape juridique, puisqu’il doit y avoir une commission mixte paritaire de députés et de sénateurs pour accepter le tout, et sinon un retour à l’Assemblée nationale pour forcer le passage.

Autant dire qu’il va falloir redoubler d’intelligence et d’activisme ! Et être prêt à assumer la confrontation avec la répression, tout en veillant toujours à préserver les espaces populaires ouverts. Sans cela, cela sera un échec, une vanité, comme pour les antispécistes, qui gâchent les énergies et vont dans le mur, en étant qui plus est fiers d’être anti-sociaux et de mépriser la population…

Verdict du procès des antispécistes de Lille

Il fut un temps où le fait d’être vegan en France suscitait une incompréhension, surtout que le mot n’était même pas connu. L’incompréhension est une chose mauvaise bien entendu, mais il y a pire : c’est l’indifférence. Et c’est là où nous amène l’esprit consumériste bobo et « l’antispécisme ».

Car la France est un pays ultra-moderne, avec une économie extrêmement puissante. Elle a largement les moyens d’avoir une petite minorité désobéissante sur certains principes, et cela d’autant plus que, finalement, cela renforce le libéralisme et de nouvelles formes de consommation.

C’est pour cela que l’émergence du véganisme en France est un échec complet. Arrivé avec 20 ans de retard dans notre pays, le véganisme a été happé par les bobos et le sentimentalisme infantile. On ne peut plus ouvrir un magazine féminin sans y avoir l’éloge de tel ou tel produit vegan, alors que les commerces et les restaurants font du véganisme un argument de mode, de modernité.

Quant à l’antispécisme qui croit avoir découvert quelque chose, il se réduit de plus en plus à une sorte de néo-anarchisme, soit tolstoïen comme Aymeric Caron, soit propagandiste par le fait comme « 269 » ou, donc, les fameux antispécistes peinturlurant « stop spécisme », cassant des vitrines, voire mettant le feu.

Il faut bien parler ici de propagande par le fait, car les accusés du procès de Lille ont bien souligné qu’ils visaient à « visibiliser » la lutte. Ce qui n’a rien à voir avec, donc, une lutte qui vise à avoir un effet sur la société, au-delà du symbole.

L’ALF, par exemple, n’a jamais été une organisation utilisant le principe de la propagande par le fait. Cela a toujours relevé soit d’une libération directe d’animaux, soit d’une attaque à des intérêts économiques bien précis, dans un plan d’ensemble.

C’est important de le souligner, car le néo-anarchisme, cela fait du bruit mais tout le monde s’en moque. Et on le voit avec l’extrême mansuétude et le timing du procès des « antispécistes » de Lille, qui n’aura été que pour les médias qu’une petite anecdote pittoresque.

Le verdict est en effet tombé le lundi 8 avril 2019. Cela donne la chose suivante :

– C. : 18 mois de prison, dont 10 ferme, mise à l’épreuve de trois ans ;

– M. : 15 mois de prison, dont 6 ferme, mise à l’épreuve de trois ans ;

– E. : mise à l’épreuve de trois ans, mise à l’épreuve de trois ans ;

– J. : mise à l’épreuve de trois ans.

Il n’y a pas eu de mandat de dépôt, ce qui signifie que les deux condamnés à la prison ferme sont ressortis libres et qu’elles devront voir en mai 2019 comment leur peine va être mise en place. C’est très intelligent, car il va se poser la question de l’accessibilité à une alimentation végétalienne pour les personnes emprisonnée. Ici la question est repoussée, noyée dans les détails administratifs. L’État français a ici très bien joué la carte de la neutralisation de tout antagonisme.

Le tribunal a également demandé l’indemnisation des victimes pour les préjudices subis, à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros, cependant on ne saura qu’en décembre 2019 quelles sommes seront à verser aux parties civiles.

Là encore, c’est très bien tourné, puisque cela empêche une actualité de l’information à ce sujet. Bien que, de toutes façons, le procès de Lille a été pratiquement oublié par les médias, alors qu’au moment où les vitrines étaient brisées, cela faisait une grande actualité nationale. Mais c’est là le propre de la propagande par le fait d’agiter vainement, sans résultat au bout.

Les personnes condamnées ne savent pas encore si elles vont faire appel, ce qui est logique, car de par la situation actuelle, le rapport de forces, leurs aveux, ces peines sont les plus faibles qu’elles auraient pu obtenir.

Il y a naturellement l’épée de Damoclès de la somme à rembourser, mais on aura compris qu’il s’agit là d’un moyen pour l’État de faire pression sur ces personnes, afin qu’elles « rentrent dans le droit chemin » individuellement, et également de voir à quoi ressemble la situation dans six mois, pour savoir s’il faut cogner ou pas une éventuelle activité « antispéciste ».

Cela montre la toute-puissance de l’État, qui a balayé cette affaire « antispéciste » d’un revers de la main, comme un simple fait-divers bruyant, mais sans aucun impact sur la société, tout en organisant l’intégration de cette vague de violence au moyen d’un dispositif juridique bien rôdé.

Naturellement, si les « antispécistes » avaient assumé leurs actes, s’ils avaient levé le drapeau de l’ALF, là tout aurait été différent. On aurait eu un engagement inébranlable et décidé, avec un horizon bien déterminé, un état d’esprit facile à cerner, une démarche facile à comprendre.

Là, la situation se serait renversée et cela aurait été un véritable manifeste pour la libération animale. Cela aurait fait vaciller l’idéologie dominante, cela aurait galvanisé les activiste, cela aurait présenté un horizon très clair.

Figure de l’ALF, puis de l’ARM, Barry Horne est un exemple d’opiniâtreté et de politisation de ses procès.

Cependant, c’est là de la politique-fiction, dans la mesure où ce n’était pas d’actualité à Lille. Les « antispécistes » méprisent ce qu’il y a eu avant leur apparition récente, au point d’ailleurs que pour eux rien n’a existé avant eux.

Aymeric Caron a d’ailleurs répondu il y a peu de temps de cela à une critique d’un végétarien, Hugo Clément, qui vient de publier un ouvrage : « Bon, ben heureusement que t’es arrivé Hugo ». Sauf qu’Aymeric Caron a fait exactement la même chose, débarquant en prétendant tout découvrir, en niant par conséquent tout ce qu’il y avait avant lui, en profitant de son aura de beau gosse passant à la télévision…

C’est bien le problème : déconnecté de l’amour pour les animaux d’un côté, d’un engagement pour objectif très clair de l’autre (la libération animale!), les antispécistes vivotent en se racontant des histoires, en niant la société. Ils sont une expression immédiatiste et sans envergure, et ils n’assument pas, parce qu’ils ne peuvent pas assumer, parce qu’ils ne savent même ce qu’il y aurait à assumer !

Les « antispécistes » sont en fait les gilets jaunes du véganisme : ils ont le même rapport aux idées, à l’organisation, à l’histoire de la lutte, et c’est un rapport inexistant. Les « antispécistes » sont comme les gilets jaunes : ils pensent qu’il y a une sorte de déluge, et qu’ils arrivent dans un monde neuf, n’ayant jamais existé, qu’ils seraient les seuls à comprendre.

Pure illusion ! Car les antispécistes ne sont que le sous-produit sociologique du triomphe de l’exploitation animale, de sa généralisation. Ils n’ont aucun recul, aucune continuité, simplement du volontarisme véllétaire, aboutissant à des choses marquantes mais sans effet.

D’où un procès qui n’aura été qu’un fait-divers, sans dimension politique, sans envergure nationale. Une anecdote réglée administrativement par l’État qui siffle la fin de la récréation. Tout est neutralisé, aseptisé.

Naturellement, la Fédération des Bouchers – Charcutiers du Nord est par contre déçue de son côté. Elle espérait que cela aille plus loin. Car les partisans de l’exploitation animale savent que, par définition, les choses ne peuvent pas en rester là. Ils auraient donc bien aimé avoir comme ennemis des « antispécistes » sans envergure, anthropocentristes, socialement marginalisés, incapables d’assumer leur combat au tribunal.

Voici le communiqué de la la Fédération des Bouchers – Charcutiers du Nord.

Les partisans de l’exploitation animale auraient largement appréciés avoir une série de petits procès de ce type, non pas pour assécher le terrain au maximum, mais au contraire pour le remplir d’antispécistes, cet ennemi qui ne menace rien. Au grand désespoir des bouchers et charcutiers, éleveurs et chasseurs… ils vont s’effacer, bien trop vite !

Afin de laisser la place à une vraie démarche d’affrontement pour la libération animale, de manière ancrée dans la société, portant un projet écologiste d’ampleur par la reconnaissance de la Nature. Une lutte à la fois sans compromis, mais cherchant et trouvant des brèches pour mobiliser la population, pour renverser d’un côté, produire une nouvelle culture de l’autre !

« Les animaux n’ont personne à part nous, nous ne les abandonnerons pas. » (Barry Horne)

Compte-rendu des rassemblements anti-chasse à courre du 30 mars 2019

Il y a un an, AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui) réussissait à rassembler mille personnes à Compiègne pour marquer le refus de la chasse à courre (voir ici et ). La seconde édition s’est déroulée le samedi 30 mars 2019, avec un objectif évidemment très clair : ancrer l’initiative, prolonger ce qui a été lancé. Sur ce plan, c’est indéniablement un succès.

Avant de voir ce qu’ont donné concrètement les quatre rassemblements, voici la retranscription du discours tenu à la fin de celui de Pont-Sainte-Maxence. Il a été tenu là où un cerf avait été sauvé, l’année précédente.

« J’ai eu les chiffres officiels, on est officiellement 1100 aujourd’hui !

On n’est pas vraiment des activistes qui arriveraient de manière subjective avec des grandes valeurs, c’est vraiment un mouvement plus de résistance avec des habitants des villages forestiers qui se lèvent contre des invasions un peu barbares, qui viennent dans leur ville ici comme à Pont sainte Maxence il y a quelques semaines où un cerf s’est réfugié dans le quartier derrière, où des habitants sont sortis, le maire est venu, ils ont réussi à repousser les veneurs, on espère que ce sera comme ça maintenant dans tout le pays !

Ils ont répondu avec des mensonges dans la presse de manière systématique, des violences, des agressions, toutes les semaines on se prenait des coups de pied, des coups de poing, des coups de fouet, on nous a foncé dessus, au galop à cheval, et vraiment l’un d’entre nous, en Bretagne était dans le coma et il s’est réveillé il y a deux semaines.

Je tiens à féliciter le grand courage des gens qui sont sortis en forêt avec AVA, on a fait le compte, c’était plus 700 personnes qui se sont relayées en forêt.

Chaque coup que les veneurs essayent de nous porter, chaque sursaut qu’a eu cet espèce de zombie qu’est la vénerie pour rester en vie cette année se retourne contre eux, chaque coup a retourné la population un peu plus contre eux, les a condamnés un peu plus aux yeux des gens, aux yeux de l’histoire qui avance malgré eux, eux qui voudraient rester en 1450 etc… tenir toutes les campagnes françaises dans le formol.

On a réussi à exploser ça petit à petit et ça c’est une grande réussite morale, on a 19 groupes en France, 700 personnes en forêt, 1100 personnes et qui sait le nombre de gens dans les villages qui n’osent pas encore s’exprimer mais qui soutiennent ce mouvement, on sait qu’on est 84 % en France, disons que le mouvement ne pourra plus s’arrêter, maintenant aujourd’hui, on est là pour leur dire, et peut être pour six mois seulement avant qu’on revienne plus nombreux, plus forts, plus sûrs de nous encore ! »

Ajoutons une précision encore avant de voir ce qu’il est pour les rassemblements. Car le même samedi, il y a des faits notables qui se sont déroulés en parallèle. Ainsi, ce fut la première sortie d’AVA Poitou ! Et AVA Normandie et AVA Touraine étaient également dans la forêt.

Il y a quelque chose d’admirable là-dedans, il faut le souligner. Ces gens auraient pu rejoindre les autres rassemblements, même s’ils étaient loin. Cela aurait été plus convivial. Mais ils ont préféré assumer de protéger des animaux dans la forêt. N’est-ce pas là ce qu’on appelle répondre à l’appel d’un devoir moral ? C’est là exemplaire.

On notera aussi, le lendemain, un pique-nique avec une quinzaine de personnes organisé par AVA Normandie (avec le Collectif Animaliste de l’Orne).

Regardons maintenant chacun des rassemblements. Celui de Pont-Sainte-Maxence était le plus important, regroupant cinq cent personnes. Il était d’une grande signification, car cela se situe dans l’Oise, le berceau historique du mouvement. L’identité AVA allait-elle savoir se maintenir, se perpétuer ?

Ce fut bien le cas. L’ambiance bon enfant et populaire a prédominé ; c’était une initiative ancrée dans la réalité française : celle des couples, des enfants et des personnes âgées.

Une batucada était en action, le slogan majeur fut « chasse à courre : abolition », sur les pancartes on pouvait lire « cerf moi fort », « tant que la chasse a courre existera, les opposants seront là », « tuer n’est pas un loisir », « veneurs tueurs aucun honneur »…

Ce fut quelque chose de très printanier, comme les gens d’AVA le souhaitaient. Il y a quelques « personnalités » politiques qui furent présentes également. Il y a ainsi le maire de la commune, Arnaud Dumontier, qui a annoncé être contre la chasse à courre, ce qui a pu peut-être surprendre mais en tout cas plaire.

Le député de la Seine-Saint-Denis, Bastion Lachaud (LFI) a été présent ; la sénatrice (socialiste) Laurence Rossignol a malheureusement eu un empêchement de dernière minute et s’est excusée de ne pas pouvoir être là.

Comme anecdotes sympathiques ou pas du tout, il y a le Parti animaliste qui a cherché par tous les moyens à se faire remarquer, alors que des gens de « défendre la vénerie aujourd’hui » cherchaient à provoquer, prendre des photos, noter des noms, etc. mais se sont fait éjectés par les gendarmes.

On notera également qu’il y a eu des délégations de gilets jaunes d’un peu partout dans l’Oise, ce qui est un bon signe d’une réflexion qu’on peut considérer comme hautement nécessaire chez eux. Enfin, un conseiller municipal de chez Marine Le Pen s’est également débrouillé pour taper l’incruste, comme on dit, sans se faire remarquer, à part du Courrier Picard.

On notera d’ailleurs qu’afin de couper court à toute ambiguïté – on sait quelle est notre époque, malheureusement – il y a eu une petite prise de parole pour affirmer notamment : « jamais nous ne ferions partie d’un mouvement où ont lieu des actes antisémites!! ».

Il y eut également des stands par antennes (Chantilly, Retz, Compiègne, Saint-Gobain), de quoi manger et boire (avec malheureusement en raison d’un souci technique seulement une partie végétalienne), un stand de marchandises (sacs en tissu, t-shirts, des porte-clés artisanaux, etc.).

Tout cela se termina par un pique-nique d’une soixantaine de personnes, alors que cinq veneurs jouaient, par provocation, du cor non loin de là, avant de devoir déguerpir à la demande des gendarmes !

Pas de course en forêt, car le préfet avait pris les devants et fait en sorte que les chasses du jour soient reportées à la veille…

Le rassemblement de Rambouillet fut bien fourni également, puisque 350 personnes se sont déplacées. Là vue l’ambiance (toxique), il n’a pas été possible de faire une sortie en forêt, mais des prises de parole engagées, comme celle de Laurence Abeille (EELV, ancienne députée), alors qu’étaient également présents des figures d’EELV (ou du Parti animaliste).

Le rassemblement à Paimpont fut lui statique, sur ordre de la préfecture. L’avantage c’est qu’avec un grand parc, il y a aisément des stands thématiques. Il a rassemblé 150 personnes et il faut noter que le lendemain 25 personnes étaient là alors que se tenait la dernière chasse à courre traquant les sangliers (elle fut heureusement un échec!).

Le rassemblement à Castelnau-de-Montmiral fut également statique, mais là n’est pas l’aspect principal. Les activistes locaux étaient malheureusement sceptiques quant aux possibilité de réalisation d’une telle initiative, mais leur courage a payé, puisque une centaine de personnes était présente, et possiblement même davantage potentiellement.

Là aussi, le lendemain a été marqué par une présence en forêt d’une vingtaine de personnes, alors que se tenait la dernière chasse à courre du rallye Grésigne, visant les cerfs (là-bas aussi, heureusement, aucune victime).

Enfin comme remarquéil y a eu des initiatives de soutien à la chasse à courre, organisées dans un esprit d’unité de tous les affreux (bouchers, charcutiers, chasseurs, éleveurs, etc.). A Rambouillet, la mobilisation en ce sens a été relativement un succès, avec 400 personnes. On remarquera au passage la présence temporaire mais cordiale auprès du préfet des Yvelines, ainsi que du maire de la ville…

Cependant, cette mobilisation n’a pas osé la défense frontale de la chasse à courre, préférant comme mot d’ordre « les veneurs s’engagent pour la ruralité », « les veneurs mobilisés : halte à la dictature anti-chasse et anti-ruralité ». C’est tout un état d’esprit réactionnaire, ce que Le Parisien, comparant ce rassemblement et celui d’AVA, résume par la formule : « Tambours contre trompes. Jeans contre pantalons en velours. ».

Il en va de même pour Paimpont, où là la mobilisation fut autrement marquante, avec entre 1800 et 2000 personnes, avec beaucoup d’hommes d’un certain âge. Cependant, là aussi, la ruralité fut le grand thème et face à la presse, la chasse à courre a soigneusement été évitée comme sujet.

Concluons par le communique d’AVA à la suite de cette journée du 30 mars :

« Voici que s’achève la deuxième saison d’AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), et ce sur une mobilisation nationale unique, pour la première fois : 1100 personnes sont sorties fêter avec nous la fin de saison de chasse à courre, et le retour du calme dans les forêts. 

Le parti pris par AVA s’avère donc payant : celui d’implanter le mouvement localement, partout où la barbarie a lieu, d’en donner les clés à la population vigilante et sûre de sa force, et non à une poignée d’activistes.

Nous étions donc plus nombreux que l’année passée, répartis sur quatre villes, malgré une pression très forte des veneurs. A deux endroits, ils avaient organisé des « contre-manifestations », même si celles ci étaient hypocritement tournées autour de la « ruralité » et des « traditions », car impossible pour eux de mobiliser franchement en défense d’une pratique telle que la vénerie, rejetée par tous !

Nos adversaires, qui tentent toujours désespérément de nous caricaturer en « antispécistes violents radicalisés etc…», s’enfoncent chaque jour un peu plus dans le mensonge pour sauver la face : ils ont bien face à eux une résistance populaire solide, basée sur des valeurs positives.

C’est le besoin de civilisation en général qui s’exprime à travers notre mouvement contre la barbarie et le féodalisme dans nos campagnes.

Nous avons, encore aujourd’hui, marqué un jalon dans notre avancée, sous forme d’une célébration de la Nature sauvage pour ce qu’elle est, du printemps et de la quiétude retrouvée en forêt, libérée de la chasse à courre pendant 6 mois !

Avant de revenir plus nombreux, plus forts, et plus sûrs de nous encore, le message est passé : Bye Bye la chasse à courre !

Merci à tous de votre abnégation et de votre engagement ! Merci aux associations amies ainsi qu’aux élus engagés autour de cette cause et présents aux rassemblements ! »

Voilà donc une très bonne nouvelle pour les animaux des forêts ! Car c’est là l’aspect qui compte le plus. Il y a de la joie dans tout cela et beaucoup d’enseignements à tirer pour l’avenir.

Espérons justement qu’il y aura tout de même dans notre pays le niveau suffisant sur le plan militant de la part des activistes pour saisir qu’il s’agit désormais de produire ses propres initiatives, en apprenant de l’expérience d’AVA… Pas de copier ou de se précipiter… On sait à quel point beaucoup de gens raisonnent malheureusement en termes de modes activistes, sans chercher à effectuer le travail dans la population qui est justement la clef du succès d’AVA…

Il ne s’agirait pas que les avancées soient démolies par des gens cherchant à bien faire, mais déconnectés d’une réelle mise en perspective. Et que des énergies soient gâchées, alors que les animaux en ont tant besoin !

AVA