Journée mondiale de la lutte contre l’abandon en mode Buena Media Plus

La question des animaux de compagnie a toujours été très complexe pour le véganisme. Il va de soi que lorsqu’on est vegan par amour des animaux, l’adoption est une norme et l’animal est considéré comme faisant partie de la famille. C’est un être cher avec qui on partage sa vie et qu’on ne veut pas perdre. Il y a un lien, réel, concret, sensible, bref c’est une famille.

Du côté de ceux pour qui les animaux ne sont qu’un prétexte à la misanthropie, le pessimisme, etc., les animaux de compagnie ne sont que des individus devant vivre leur vie. L’animal devient un objet à repousser, tel un reflet inversé de la consommation massive de ceux qu’on appelle les « animaux de compagnie ».

Pour autant, on ne peut pas voir autrement que de manière très critique l’appel à une Journée mondiale de la lutte contre l’abandon, ce 29 juin. C’est la première initiative du genre, lancée par solidarite-refuges.com et animaux-online.com.

Solidarite-refuges.com est un site utile de mise en contact des refuges avec les personnes désireuses de les soutenir, mais c’est une initiative qui a un arrière-plan commercial. Elle est portée par l’entreprise Buena Media Plus, « spécialisée dans l’édition plurimédia de contenus relatifs à l’animal de compagnie ».

Ce n’est pas le pire des capitalismes, dans la mesure où le thème est vital et où tout est utile, mais ce n’est donc pas une initiative démocratique, par en bas. Ce n’est pas une initiative des refuges ou des grandes associations. C’est une initiative portée par une entreprise.

Et donc forcément cela déforme les choses dans le sens du capitalisme. Car la question animale est en effet un marché, si on rejette le véganisme et qu’on fait des animaux des marchandises.

Nous-mêmes à LTD recevons très régulièrement de beaux graphiques d’explications utiles pour aider les animaux, produits par diverses entreprises, notamment d’assurances pour animaux. Très gentiment, il est proposé que ces graphiques soient publiés… Une manière de pénétrer indirectement le milieu, en se la jouant utile, mais avec des arrières-pensées pragmatiques.

Il va de soi que de telles méthodes sont inacceptables. Elles sont manipulatoires, dans le sens où c’est la négation de la démocratie. Et elles sont un obstacle tant à la mobilisation la plus large qu’au développement de la libération animale.

Regardons maintenant le second signataire de l’appel, Animaux-online.com, qui consiste en le site de la rédaction du magazine 30 millions d’amis. Là encore, business is business, car le site appartient… à Buena Media Plus. Le magazine appartient en effet lui-même à Buena Media Plus !

Mentionnons au passage d’autres sites possédés par l’entreprise : Photos-Animaux.com, Eleveurs-Online.com, Cynofeli.com, Annonces-Animalieres.com, Furty.com, Tribus-Animaux.com. On l’aura compris, l’entreprise se veut le média dominant dans la question animale.

Et pour maintenir sa domination, on a donc une composante de Buena Media Plus et une autre composante de Buena Media Plus qui organisent une Journée mondiale de la lutte contre l’abandon… C’est inacceptable. Comment des associations très importantes – pas la peine de les citer, il ne s’agit pas de les critiquer en soi – peuvent-elles accepter cela ?

Il y a, bien entendu, la question des moyens. Les vegans ne mettant pas les pieds dans les refuges, à part des petites exceptions près, quand ils ne cherchent pas à faire les leurs en mode « sanctuaire pour individuEs » (comme 269, ce qui implique le rejet des autres refuges), il ne reste que des gens engagés avec un grand courage, une abnégation incroyable. Et comme il n’y a aucun moyen, on prend ce qu’on a…

Si l’on ajoute à cela un puissant isolement social dans une société indifférente aux animaux et un taux d’apolitisme quasi maximum (lié clairement à la prédominance quasi totale de femmes sensibles et courageuses mais sans réflexion sur la Cité), forcément…

Pour bien saisir cet arrière-plan, voici les propositions faites par les deux sites de Buena Media Plus. Ce n’est pas absurde, il y a un véritable effort de synthèse des revendications des associations et des refuges. Avec évidemment, des limites patentes, comme la protection des éleveurs et de leurs droits légaux sur les animaux, pour la reproduction…

Mais outre, donc, que cela n’a rien à voir avec le véganisme, le problème de fond est surtout que ce n’est pas le fruit d’un travail à la base.

C’est une action menée par en haut. Cela renforce l’absence de réflexion à la base, cela donne l’impression qu’il y a une réflexion, cela empêche de faire progresser le vivier des gens aimant les animaux, de les amener à s’organiser de manière meilleure, à saisir la question de la libération animale.

13 propositions pour lutter contre l’abandon des animaux de compagnie

A l’occasion de la première Journée mondiale contre l’abandon des animaux de compagnie, Solidarite-refuges.com et animaux-online.com proposent 13 mesures pour lutter contre ce fléau qui, chaque année, envoie derrière des grilles de refuges ou à la mort des milliers de chats et de chiens.

  1. Que la lutte contre l’abandon des animaux de compagnie devienne une cause nationale
  2. Qu’un recensement national et centralisé soit réalisé auprès de tous les refuges, fourrières et associations qui recueillent des animaux perdus et/ou abandonnés
  3. Que l’animal de compagnie soit considéré dans le droit comme une personnalité juridique non humaine.
  4. Que les commerces et organismes de vente d’animaux de compagnie soient contraints d’informer leurs acheteurs des risques encourus en cas d’abandon ou de maltraitance de leur animal.
  5. Que les contrôles soient renforcés pour les sites d’annonces de ventes et de dons d’animaux de compagnie (réseaux sociaux compris)
  6. Que les programmes scolaires de primaire sensibilisent les enfants à l’animal et à l’empathie envers les animaux
  7. Que des contrôles d’identification soient assurés et le manquement à cette obligation sanctionné afin de lutter contre les trafics et les abandons sauvages.
  8. Qu’un vaste plan de stérilisation des chats errants soit engagé au niveau national
  9. Que la stérilisation des animaux non destinés à la reproduction soit obligatoire.
  10. Que les villes soient dans l’obligation de soutenir par des subventions les associations qui recueillent les animaux abandonnés issus des fourrières (qui elles, sont rémunérées).
  11. Que les villes répondent toutes à l’obligation de fourrière (article L. 211-24 du code rural et de la pêche maritime). Aujourd’hui 1 commune sur 4 n’y répond pas.
  12. Que les Ehpad et autres établissements chargés de l’accueil des personnes âgées et dépendantes favorisent le maintien du lien avec l’animal en acceptant le résident et son animal.
  13. Que les villes développent des structures d’accueil temporaire des animaux de compagnie des personnes fragilisées hospitalisées (haltes canine et féline), en lien direct avec les services d’urgence (pompiers, Samu, etc).

Tout cela n’a rien d’étonnant dans la situation présente, où toute aide est bonne à prendre. Mais se mettre à la remorque d’une entreprise pour une telle initiative, c’est vraiment capituler sur toute la ligne quant à la possibilité d’une perspective concrète. C’est offrir à Buena Media Plus toutes les clefs : les données, la direction à suivre, la manière de voir les choses, de les exprimer, etc.

Même en admettant qu’on a besoin d’aide, là c’est véritablement un suicide sur le plan de l’autonomie des idées et de la structuration, sans parler de la question démocratique.

Nouvelle offensive pro-légalisation du cannabis

Nous y sommes donc. La légalisation du cannabis – que nous annonçons comme une grande menace depuis quelques temps déjà – vient de passer une étape fondamentale, celle de son introduction théorique dans le cadre juridique. L’ennemi approche et se montre.

En fait, la campagne intense en faveur de la légalisation du cannabis ces dernières années avait fini par s’enliser, parce que la majorité des gens est finalement contre. Le pourcentage de gens sondés refusant cette légalisation s’amenuisait, mais restait au-dessus des 50 %. Cela est vrai y compris pour la jeunesse.

Cependant, l’esprit libéral du « moi je fais ce que je veux » est une constante traversant toute la société. C’est par là que la légalisation du cannabis compte justement passer, jouant sur la passivité générale des gens par rapport aux questions de morale universelle, de principes, de normes.
Car le cannabis est un problème de grande ampleur.

Et là il n’y a pas quarante chemins possibles. Il n’y en a que trois. Le premier chemin, c’est celui de la capitulation et donc la légalisation. Il est soutenu par une vaste industrie et par l’esprit libéral en général.

Le second chemin, c’est l’envoi de l’armée briser les « fours » diffusant cette drogue. Cette option n’aura jamais lieu. La police et les ministères sont trop libéraux, passifs ou bien simplement corrompus, ce dernier aspect étant important.

D’ailleurs, si l’on appliquait la loi sur l’interdiction de la promotion du cannabis, la police pourrait frapper un nombre très significatif de fois Or, elle ne le fait pas. Elle accepte, parce que l’État accepte, parce que tout le monde s’en moque et qu’il y a du business de possible.

Le troisième, c’est un vaste mouvement de la société faisant s’abattre un déluge de feu sur les dealers et liquidant de manière expéditive les grands barons de la drogue. En clair, cela veut dire bastonner les dealers, briser par la violence les points de vente, anéantir les réseaux et détruire leurs têtes.

Utopie ? Mais que croit-on qu’il se passera inéluctablement aux États-Unis, par exemple ? Il y a un moment où la vie quotidienne devient tellement impossible qu’il faut bien un grand nettoyage face à des criminels nés de la décadence de toute une société. Le cortège armé anti-drogues à Athènes, ou le très long communiqué d’un groupe d’extrême-gauche grec, ayant exécuté un mafieux, sont ici très utiles pour comprendre comment une situation peut aboutir à une rupture nécessaire avec le cannibalisme social.

Paradoxalement, c’est justement pour éviter d’arriver à cela que des gens disent qu’il faut légaliser, pour briser les mafias. C’est l’argument de « L’Obs », anciennement Le nouvel Observateur, l’hebdomadaire bobo, qui se revendique de gauche mais parle achat de logements et de montres de luxe.
Voici son « appel », qui vient de paraître.

L’appel de « l’Obs »

Il faut en finir avec le statu quo. La France doit légaliser le cannabis, qu’il soit utilisé à des fins thérapeutiques comme récréatives, pour les consommateurs de plus de 18 ans. Alors que ses voisins (Belgique, Allemagne, Espagne, Portugal, Pays-Bas…) ont tous assoupli leur législation, que le Canada, l’Uruguay et plusieurs Etats américains ont légalisé la substance, la France est à la traîne.

Elle s’arc-boute sur une loi répressive datant de 1970, totalement inefficace puisque nous sommes le pays de l’Union européenne où la consommation est la plus élevée. De 18 à 64 ans, un Français sur deux a déjà expérimenté le cannabis, et un adulte sur neuf est un usager régulier. A 17 ans, 48 % des jeunes en ont déjà pris. Au même âge, presque un sur dix en est un usager régulier et un sur douze est estimé dépendant ou souffrant d’un usage problématique (1).

D’un point de vue de santé publique, cette interdiction semble difficile à justifier. alors que le cannabis est moins dangereux, une fois le cerveau formé (2), que l’alcool, qui tue prématurément 41 000 personnes chaque année et le tabac, 73 000 (3). Nous savons que ce n’est pas un produit neutre, mais c’est précisément parce qu’il est nocif pour la santé, particulièrement celle des mineurs, qu’il faut en contrôler la production et la distribution.

La prohibition contribue à engorger inutilement l’activité des magistrats et des policiers : plus de 130 000 personnes sont interpellées chaque année pour en avoir consommé (4).

Aux Etats-Unis, la légalisation dans plusieurs Etats a fait chuter la criminalité le long de la frontière mexicaine (5). Quand la France acceptera-t-elle de regarder la réalité en face, de faire preuve de pragmatisme, face à cette impasse ? Les pouvoirs publics doivent agir. Et vite.

(1) Chiffres clés de l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies 2017.
(2) Rapport de Bernard Roques, directeur de recherche à l’Inserm, sur la classification des psychotropes (1998).
(3) Christophe Bonaldi (Santé publique France), Catherine Hill (épidémiologie Gustave-Roussy).
(4) Office central pour la Répression du Trafic illicite des Stupéfiants.
(5) « Is Legal Pot Crippling Mexican Drug Trafficking Organisations ? The Effect of Medical Marijuana Laws on US Crime », « The Economic Journal ».

Les signataires

Patrick Aeberhard Cardiologue, ex-président de Médecins du Monde 
Kenza Afsahi sociologue économiste, Université de Bordeaux-Centre Emile Durkheim 
Ingela Alger Economiste, chercheuse à la TSE, directrice de recherche au CNRS 
Stefan Ambec Chercheur à la TSE, directeur de recherche à l’Inra 
Gil Avérous Maire de Châteauroux (LR) 
Jean-Paul Azam Chercheur à la TSE, professeur d’économie, université Toulouse-I Capitole 
Laurent Baron Maire du Pré-Saint-Gervais (PS) 
Jacques Bascou Président (PS) de la communauté d’agglomération de Narbonne
Julien Bayou Conseiller régional, porte-parole (EELV) 
Esther Benbassa Sénatrice de Paris (EELV) 
Christian Ben Lakhdar Professeur d’économie à l’université de Lille  Amine Benyamina Addictologue 
Ugo Bernalicis Député du Nord (LFI) 
Yann Bisiou Maître de conférences en droit privé à l’université Paul-Valéry Montpellier-III 
Jacques Boutault Maire du 2e arrondissement de Paris (EELV) 
Jean-Paul Bret Maire de Villeurbanne (PS) 
Frédéric Cherbonnier Economiste, chercheur à la TSE, professeur à l’Institut d’Etudes politiques de Toulouse 
Renaud Colson Juriste, maître de conférences à l’université de Nantes 
Alexis Corbière Député de Seine-Saint-Denis (LFI) 
David Cormand Député européen, secrétaire national d’EELV 
Magali Croset-Calisto Psycho-addictologue 
Gérard Cosme Président d’Est Ensemble 
Jean-Pierre Daulouède Psychiatre addictologue 
Marie Debrus Pharmacienne, Médecins du Monde 
Philippe De Donder Chercheur à la TSE 
William Delannoy Maire de Saint-Ouen (UDI) 
Karima Delli Députée européenne (EELV) 
Jacques Delpla Economiste, professeur associé à la TSE 
Tony Di Martino Maire de Bagnolet (PS) 
Caroline Fiat Députée de Meurthe-et-Moselle (LFI) 
Michel Fourcade Maire de Pierrefitte-sur-Seine (PS) 
Robert Gary-Bobo Professeur d’économie Crest-Ensae 
Stéphane Gatignon Ancien maire de Sevran 
Raphaël Glucksmann Député européen (PS-Place publique) 
Christian Gollier Directeur général de la TSE 
Benoît Hamon Ancien ministre de l’Education nationale 
Mathieu Hanotin Conseiller départemental de la Seine-Saint-Denis, ancien député de la Seine-Saint-Denis (PS) 
Olivia Hicks Médecin et première adjointe au maire du 2e arrondissement de Paris 
Touria Jaaidane Professeure d’économie à l’université de Lille 
Yannick Jadot Député européen (EELV) 
Pierre Jouvet Président de Porte de DrômArdèche, porte-parole du PS  Laurent Karila Psychiatre 
Michel Kazatchkine Ancien directeur exécutif du Fonds mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme 
Bertrand Kern Maire de Pantin (PS) 
Olivier Klein Maire de Clichy-sous‑Bois (PS) 
Gaspard Koenig Président du think tank GenerationLibre 
Bernard Kouchner Ancien ministre de la Santé 
Annie Lahmer Conseillère régionale d’Ile-de-France (EELV) 
François-Michel Lambert Député des Bouches-du-Rhône (UDE, x-LREM)  Bertrand Lebeau Addictologue 
William Lowenstein Médecin, président de SOS Addictions 
Thierry Magnac Chercheur à la TSE, professeur d’économie à l’université Toulouse-I Capitole 
Patrick Mennucci Conseiller municipal de Marseille 
Alain Morel Psychiatre, addictologue, directeur général de l’association Oppelia 
Claire Nouvian Militante écologiste 
Danièle Obono Députée de Paris (LFI) 
Mathilde Panot Députée du Val-de‑Marne (LFI) 
Thierry Pech Directeur général du think Tank Terra Nova
Pierre Person Député de Paris (LREM) 
Emmanuelle Peyret Médecin addictologue, hôpital Robert-Debré 
Eric Piolle Maire de Grenoble (EELV) 
Collectif Police contre la Prohibition (PCP) 
Adrien Quatennens Député du Nord (LFI) 
Jérôme Renault Chercheur à la TSE, professeur en mathématiques appliquées à l’université Toulouse-I Capitole 
Régis Renault Professeur d’économie à l’université de Cergy-Pontoise  Sabine Rubin Députée de Seine-Saint-Denis (LFI) 
Hervé Saulignac Député de l’Ardèche (PS) 
Paul Seabright Chercheur à la TSE 
Guy Sebbah Médecin, membre du directoire du Groupe SOS Solidarités 
Béatrice Stambul Psychiatre 
Jennifer Stephenson Responsable de la communication de la Fondation JJ Laffont et de la TSE* 
SUD Intérieur Syndicat de policiers 
Aurélien Taché Député du Val-d’Oise (LREM) 
Bénédicte Taurine Députée de l’Ariège (LFI) 
Magalie Thibault Vice-présidente du département de Seine-Saint-Denis 
Sylvine Thomassin Maire de Bondy (PS) 
Khalid Tinasti Secrétaire exécutif de la Commission globale en matière de drogues 
Ludovic Toro Médecin et maire de Coubron (UDI), conseiller régional d’Ile-de-France, membre de la commission de coordination des politiques de santé auprès de l’ARS 
Marie Toussaint Députée européenne (EELV) 
Stéphane Troussel Président du département de la Seine-Saint-Denis (PS) 
Daniel Vaillant Ancien ministre de l’Intérieur (PS) 
Thierry Verdier Professeur d’Economie (ENPC-ParisTech et Ecole d’Economie de Paris) 
Michèle Victory Députée de l’Ardèche (PS)
*Toulouse School of Economics

Notons pour l’anecdote cette couverture du même hebdomadaire, en 2005, avant le virage totalement libéral sur le plan des moeurs…

Cet appel ouvertement bobo est également en collusion directe avec les économistes du Conseil d’analyse économique (CAE), qui dépend du premier ministre. Le rapport de ceux-ci au sujet du cannabis propose en effet également sa légalisation. Son rapport « Cannabis : comment reprendre le contrôle ? » reprend les thèmes classiques :

  • il y aurait une prohibition du cannabis qui ne marcherait pas. C’est faux : il suffit de se balader à Paris pour voir que les gens fument partout sans être inquiété. Internet regorge de promotion du cannabis, comme la série de Konbini interviewant des gens racontant comment ils mangent leur sandwich, sans même faire semblant qu’en fait ils parlent du cannabis ;
  • la légalisation aurait eu lieu dans d’autres pays, donc on pourrait et le devrait faire ;
  • le cannabis médical peut s’avérer très utile donc il faut le légaliser sans réfléchir, d’ailleurs plusieurs pays l’ont fait ;
  • cela créerait des emplois, mais en fait l’évaluation d’une filière française parle d’une fourchette de création d’emplois d’entre 27 000 et 80 000. C’est extrêmement faible. Le chômage en France, c’est pratiquement trois millions de personnes, et plus de six millions inscrits à Pôle emploi…
  • cela rapporterait de l’argent pour l’État :  2,8 milliards de dollars de recettes fiscales par an. Et donc bien plus pour les entreprises : voilà la réelle motivation !
  • la question « En finir avec les dealers: à quel prix ? » est prétexte à une explication des plus fumeuses, dont voici un exemple. C’est juste incroyable.

Et tout cela pour expliquer, à coups de chiffres hypothétiques et de calculs pseudos scientifiques, qu’en fait on en sait rien, car les exemples montrent que dans la pratique, malgré la légalisation, il reste 30 % du marché restant dans les mains des mafias opérant en toute illégalité !

L’argument de l’asséchement des mafias ne tient pas. Et d’ailleurs, vue leur ampleur, les mafias se reconvertiraient dans d’autres trafics, tout aussi dangereux.

Non, franchement, tout cela est ridicule. Les bobos veulent légaliser, car eux-mêmes fument et y voient une possibilité de business. Les libéraux, les anarchistes y voient une extension de la liberté. Les fachos s’en moquent, car ils sont eux-mêmes décadents.

Reste les gens normaux, qui ne veulent pas du cannabis. Cela va être à eux de faire le ménage.

« La contestation animaliste radicale »

Depuis six mois le véganisme a connu des changements très profonds et pour tirer un bilan, rien de tel que de se confronter à une étude un peu poussée. La Fondation pour l’innovation politique, un « think tank libéral, progressiste et européen » avait publié il y a quelques mois un document d’une cinquantaine de pages, « La contestation animaliste radicale ». Il est disponible au format pdf (en cliquant ici ou sur l’image).

Ce n’est pas très bon, très approximatif, mais ce qui est vraiment marquant, c’est qu’il est clairement compris qu’au-delà de L214 d’un côté et des « antispécistes » de l’autre, il y a le fantôme de l’ALF et de l’ARM qui pour le coup inquiète véritablement, de par la dimension réellement complète que cela implique.

Il y a matière à réflexion, alors que L214 et les antispécistes n’apportent aucun résultat dans la société, avec leur autosatisfaction et leurs jérémiades.

Straight edge : la discipline

Être straight edge, c’est une discipline. Celle du corps et de l’esprit, suivant l’adage mens sana in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain. C’est une philosophie de la vie, au sens où ce que l’on fait est décidé ou non en fonction de règles bien précises, qu’on applique soigneusement.

Beaucoup de straight edge sont d’ailleurs des gens qui ont été déboussolés dans leur vie à un moment, qui n’avaient plus aucun repères, basculant dans une vie quotidienne de drogues, d’alcool, de promiscuité sexuelle. Ils ont considéré à un moment que cette survie au jour le jour était insupportable et ils se sont arrachés à cela.

Finies les drogues, fini l’alcool, finis les rapports sexuels hors du cadre bien normé du couple. Parce que sinon, on n’aboutit à rien à part à s’auto-humilier et à faire semblant de vivre alors qu’on ne fait qu’accumuler des choses sans intérêt où, en plus, on perd à chaque fois un peu de soi-même.

Et plus on est allé loin dans la destruction physique ou la déchéance morale, plus on a besoin d’une coupure franche. Et même, étant donné qu’on vit dans une société du libéralisme culturel, où rien ne se construit et tout se déconstruit, alors on ne peut pas faire les choses à moitié. Il faut couper court à toute décadence.

C’est en cela que la mentalité straight edge, résolument stricte, est un point d’appui fondamental. Grâce à la méthode straight edge, qui signifie zéro tolérance avec ses propres faiblesses, on surmonte une situation insupportable. On construit des choses dans sa vie et ce sur le long terme. D’ailleurs, tous les gens qui construisent quelque chose dans leur vie sont straight edge sans le savoir.

Tous les gens qui construisent quelque chose sur le long terme y parviennent, car ils sont loyaux. Sans loyauté à ce qui est réel, concret, sensible… on tombe du côté du choix et là on commence à faire n’importe quoi, en croyant « choisir » alors qu’on est porté par une frénésie de consommation et une orgie d’egotrip.

Dire qu’on est straight edge, c’est savoir qu’on est faillible, et donc se mettre des garde-fous, en sachant qu’il faudra se plier soi-même à ces règles. On sait évidemment que le fait d’accepter des normes est plus que mal vu dans une société libérale… Mais il n’y a pas le choix et d’ailleurs ces règles exprime la normalité.

Car il y a des choses qui sont normales et ces choses normales sont bonnes, elles sont déterminées par la Nature. Rien de plus affreux à affronter comme idée lorsqu’on est formaté par une société affirmant la toute-puissance du « choix personnel » !

En ce sens, être straight edge n’est pas un choix, c’est une obligation naturelle. Beaucoup de gens l’acceptent et s’en portent justement bien. Quand on ne boit pas, quand on ne prend pas de drogues, quand on s’établit dans un couple, on est straight edge. Rien de plus normal au final! Au sens strict, rien de plus naturel que ne pas basculer dans les paradis artificiels et ses fuites en avant.

Pourquoi le straight edge, alors ? C’est simplement malheureusement que la société où l’on vit empêche de pouvoir le faire de manière tranquille. Parce que la société veut que l’on consomme tout, y compris les rapports humains, y compris soi-même.

Avec le straight edge, on dit stop! Et on pare les coups à venir. Et c’est nécessaire. La moindre faiblesse est traquée, pourchassée, éliminée. On se force à triompher sur soi-même, pour pouvoir être soi-même. Être straight edge, c’est pouvoir être soi-même, en étant soi-même, un soi-même qui se protège d’un environnement néfaste malheureusement dans les conditions actuelles.

Le straight edge est donc bien une fin en soi. Ce n’est pas un moyen, un levier, un outil pour simplement sortir de quelque chose ou bien en fonction d’un objectif. Ce n’est pas un savant calcul où l’on dit qu’on ferait mieux d’être straight edge pour telle ou telle raison. La mentalité straight edge, ce n’est pas celle du médecin ou du pompier qui se dit qu’il a des responsabilités dans plusieurs heures et ne peut pas ne pas avoir l’esprit clair à ce moment-là.

La mentalité straight edge, c’est simplement être soi-même et le rester. C’est un état d’esprit où l’on est conscient de ce qu’on fait, des phénomènes qui nous entourent, et où on dit non à la dépendance. C’est un processus ininterrompu.

Le groupe Earth Crisis, dans sa chanson « Discipline » qui rappelle la définition du straight edge, a trouvé les mots justes, avec un certain sens de la formule :

« Straight edge – la discipline. La clef de la libération de soi est l’abstinence de l’évasion destructrice par l’intoxication. (…) Par mon refus de prendre part je me suis sauvé. L’abstinence a été le commencement. Ce qui est important est ce qui est fait avec la liberté, pas à pas je surmonte. Seul je grimpe les escaliers de l’édification. »

Le straight edge se rattache ainsi à de nombreuses philosophies du passé, comme l’épicurisme ou le stoïcisme, avec leur sens de la sobriété, de la préservation de l’intégrité psychologique, de l’abstinence de ce qui embarque dans des choses négatives.

Aller quelque part sans réfléchir à ce que cela signifie ? Consommer quelque chose sans savoir ce que cela signifie ? Ce n’est pas straight edge. C’est exactement la raison pour laquelle le straighr edge s’est très rapidement ouvert au végétarisme, puis au véganisme. C’était juste un regard strict porté sur quelque chose : le clip « No more » de Youth of Today le résume parfaitement.

Être straight edge, c’est se désengager, pour soi, et également pour les autres en témoignant de l’importance de la vie menée naturellement. C’est un état d’esprit concernant tous les actes du quotidien et certains diront que cela se passe sur le même plan que la religion, mais de manière athée. C’est tout à fait vrai et d’ailleurs Jeff Nelson, l’un des principaux membres du groupe Minor Threat (à l’origine des mots « straight edge ») a ainsi pu dire :

« Le straight edge est devenu une religion. C’est un sentiment très étrange d’être l’un des fondateurs involontaires de cette religion. »

Le straight edge, c’est une religion qui n’en est pas une, mais qui pose pareillement des exigences de normes, de valeur, mais pas pour l’au-delà : pour la vie réelle, sensible !