Les végétarienNEs s’indignent contre la vilaine « végéphobie »

Il y a presque un an, dans le journal Le Figaro, on pouvait lire :

Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé la mise en place d’un programme national pour l’alimentation avec pour objectif prioritaire de défendre le secteur agricole, en grande difficulté en France mais qui fait aussi l’objet de controverse au niveau européen. »Nous devons donner un sens politique à l’agriculture en mettant l’alimentation au coeur de notre action », a déclaré M. Le Maire à l’occasion de ses voeux à la presse.

Le ministre n’a pas précisé la date de lancement de ce programme qui vise aussi à freiner l’impact de certains discours, comme celui de l’ex-Beatle Paul McCartney qui a appelé en décembre, en marge du sommet de Copenhague, à une journée hebdomadaire sans viande pour lutter contre le réchauffement climatique.

Cet appel avait suscité une levée de boucliers chez les éleveurs qui avaient souligné que la consommation française de viande était « raisonnable ». Pour améliorer l’information et l’éducation des Français, parmi lesquels on décompte 6,5 millions d’obèses et 14,5 millions d’adultes en surpoids, M. Le Maire souhaite faire « évoluer l’étiquetage » des produits alimentaires et fixer des « règles nutritionnelles » pour la restauration scolaire et universitaire. Ces deux points devraient figurer dans la prochaine loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche (LMAP) dont la discussion commencera après les élections régionales.

Ainsi, le Décret n° 2011-1227 du 30 septembre 2011 relatif à la qualité nutritionnelle des repas servis dans le cadre de la restauration scolaire (que l’on peut consulter intégralement sur cette page) stipule en annexe I, que premièrement, les produits laitiers sont quotidiennement obligatoires, et deuxièmement, que sur 20 repas successifs, la chaire des animaux est omniprésente :

― plat protidique : plat principal à base de viandes, poissons, œufs, abats ou fromages.
(…)
― 10 repas avec, en garniture ou accompagnement du plat protidique, des légumes cuits, autres que les légumes secs ;
― 10 repas avec, en garniture ou accompagnement du plat protidique, des légumes secs, féculents ou céréales.

Produits laitiers et chaires animales sont donc obligatoires, le tout pour rassurer les lobbies exploitant et tuant les animaux qui avaient peur de voir leur chiffre d’affaire chuter, avec la prise de conscience grandissante que les animaux ne doivent pas être dans les assiettes (et attention à ne pas oublier la dimension « laïc » de ces initiatives, comme nous en avons parlé ici).

Ce qui est tout aussi terrifiant dans cette histoire, c’est que les végétarieNEs passent pour des victimes !! comme le montre ce texte de l’Initiative Citoyenne pour les Droits des Végétariens :

Manger les animaux devient une obligation légale !

Communiqué de presse

Les végétariens(1) défendent
leur liberté de conviction

Un décret vient d’être publié rendant obligatoires des règles de composition des repas dans l’ensemble de la restauration scolaire publique comme privée. Ces règles imposent à six millions d’enfants en âge scolaire la consommation de la viande, du poisson, des produits laitiers et des œufs.Des décrets analogues sont en préparation pour la quasi-totalité de la restauration collective en France, depuis la maternelle jusqu’aux établissements pour personnes âgées, en passant par les restaurants universitaires, les hôpitaux et les prisons.C’est ainsi que la loi française, sous couvert d’une mesure de santé publique, interdit l’expression concrète d’une conviction.Les citoyens végétariens se mobilisent pour défendre leur droit au choix alimentaire.

Une bonne nouvelle ? Pas pour les végétariens !

Un décret et un arrêté publiés au Journal officiel du 2 octobre dernier(2) imposent aux cantines scolaires le respect d’un ensemble de normes censées garantir l’équilibre nutritionnel des repas. Chaque repas doit obligatoirement comporter un « plat protidique », dont les protéines sont exclusivement d’origine animale (viande, poisson, œufs ou fromage), en ignorance de l’existence de sources abondantes de protéines végétales, ainsi qu’un produit laitier, supposé représenter le seul moyen de couvrir les besoins en calcium, en ignorance de l’existence d’alternatives végétales et minérales.

Une fréquence minimum obligatoire de certaines viandes (bœuf, veau, agneau ou abats de boucherie) et de poisson est spécifiée.Il sera donc désormais impossible pour les usagers réguliers des cantines d’être végétariens, c’est-à-dire de l’être tous les jours. Quant à être végétalien, ce ne sera pas possible ne serait-ce que le temps d’un seul repas.L’enfant végétarien qui parviendrait malgré tout à laisser la viande sur le bord de l’assiette serait contraint de consommer des repas carencés ; aucune alternative équilibrée n’étant proposée.

Une attaque contre la liberté de conviction

De nombreuses personnes dans le monde ont la conviction profonde que la consommation des animaux et des produits de leur exploitation n’est pas légitime. Le végétarisme et le végétalisme sont l’expression concrète incontournable de cette conviction.

Le décret gouvernemental porte atteinte aux libertés individuelles fondamentales en restreignant le libre exercice des convictions personnelles tel qu’il est proclamé par les Nations Unies :Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté d’avoir une religion ou n’importe quelle conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement(3).

Le traitement des animaux fait l’objet d’un débat d’opinion croissant en France, comme en témoigne la parution de plusieurs ouvrages récents mettant en cause, ou au contraire défendant, la légitimité de la consommation de la viande(4).La volonté du gouvernement d’imposer dans ce contexte ses propres choix idéologiques et économiques est ouvertement admise :Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé la mise en place d’un programme national pour l’alimentation qui vise aussi à freiner l’impact de certains discours, comme celui de l’ex-Beatle Paul McCartney qui a appelé en décembre, en marge du sommet de Copenhague, à une journée hebdomadaire sans viande pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet appel avait suscité une levée de boucliers chez les éleveurs …(5).

La poursuite d’un mensonge nutritionnel institutionnel

Depuis plusieurs années, à travers notamment des éditions successives du Plan National Nutrition Santé (PNNS) et de son visage public mangerbouger.fr, les pouvoirs publics diffament le végétarisme et le végétalisme.Il est au contraire reconnu par de nombreuses autorités médicales et sanitaires dans le monde que l’on peut vivre, et bien, sans consommer de la viande et des produits animaux.

Par exemple :La position de l’Association Américaine de Diététique est que les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien conçues sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies.

Les alimentations végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie, y compris pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence, ainsi que pour les sportifs(6).Le débat sur la légitimité de l’exploitation des animaux est de nature philosophique, éthique et politique et doit pouvoir se poursuivre. Il n’est pas acceptable que l’État français, sous couvert d’une mesure de santé publique fondée sur des contre-vérités nutritionnelles, veuille interdire ce débat par la mise hors-la-loi de l’expression concrète d’une conviction.

Les végétariens se mobilisent

Des collectifs et associations végétariens s’organisent partout en France pour exprimer leur indignation face à ce décret, alerter l’opinion publique et contester les affirmations nutritionnelles diffusées par les pouvoirs publics.Ils appellent toutes les personnes et organisations soucieuses de défendre la liberté de conviction, quelles que soient leurs propres positions concernant l’exploitation animale, à joindre leur voix à ces protestations.L’Initiative Citoyenne pour les Droits des Végétariens a déjà contacté les Nations Unies en mai dernier pour signaler des épisodes concrets de discrimination à l’encontre de personnes végétariennes en France(7). Si le décret n’est pas retiré, l’ICDV annonce une nouvelle plainte contre la France pour violation de la liberté de conviction.

L’ICDV se définit ainsi : « Nous sommes des individus résidant en France. Nous avons choisi de refuser la consommation des animaux dans notre alimentation parce que nous ne voulons pas participer à leur exploitation. »

Il y a comme un très gros hic car produits laitiers, produits de la ruche, oeufs sont synonymes d’exploitation des animaux… on croit toujours rêver avec les végétarieNES !! Entre leur « fierté végétarienne » et ici leur volonté de revendiquer leur « conviction », on se croirait dans un autre monde, où en fin de compte les animaux sont bien secondaires. Comme illustré avec ça : « Une bonne nouvelle ? Pas pour les végétariens ! »

Et les animaux dans tout ça ? Continuer de les exploiter et de les tuer pour leur chair mais aussi pour leur lait serait une mauvaise nouvelle uniquement pour les pauvres végétariens victimes de cette intolérante société !?

Ce qui est tout aussi horripilant dans cet article, c’est que, comme précisé à la note n°1(en bas de la page), le texte en question met honteusement dans le même sac végétariens et vegans :

1. Les végétariens comprennent les végétaliens et les vegans. Les simples végétariens ne mangent pas de chairs : ni viandes ni poissons. Les végétaliens refusent tous produits alimentaires d’origine animale, ce qui inclut les œufs et les laitages. Les vegans refusent d’utiliser des produits animaux également dans les domaines autres qu’alimentaire : ils ne portent par conséquent ni cuir, ni fourrure, n’utilisent pas de produits industriels testés sur des animaux, etc.

Ce que semble ne pas admettre l’ICDV, c’est que végétarisme et véganisme n’ont pas du tout les mêmes pratiques, les mêmes revendications, les mêmes buts car contrairement aux végétariens, les vegans ne causent ni exploitations ni meurtres des animaux… Une fois que l’on s’intéresse au végétarisme, les conséquences meurtrières de la consommation de produits laitiers/oeufs ne sont un secret pour personne..

Mais le pire dans tout ça, c’est que les végétarieNEs, qui participent au massacre des animaux en consommant œufs, produits laitiers etc, pleurent avant tout sur le manque total de considération, car en effet « Les citoyens végétariens se mobilisent pour défendre leur droit au choix alimentaire. »

Alors effectivement ce décret est révoltant et liberticide, mais où est-il question de la prolongation incessante de l’exploitation, de la souffrance, de la torture, de la mort de milliards d’animaux avec ce nouveau décret ?

Ouvrir se yeux et son cœur aux animaux en devenant végétarienNE est un bon début et une très bonne chose bien sûr !

Mais se lamenter encore et toujours que les végétariens sont des victimes qui n’ont aucun droit est lamentable, égoïste et méprisant envers les animaux. Entre la Veggie Pride qui ne se consacre plus qu’au végétarisme et l’ICDV qui expose sa frustration de ne pouvoir jouir de ses « convictions », il est légitime de se demander si c’est la végéphobie ou les animaux qui sont la priorité de certainEs végétarienNEs…