Le projet 2012 d’EELV

Europe Écologie – les Verts a validé son projet 2012. Il nous est nécessaire d’en parler, car si EELV ne se préoccupait auparavant strictement jamais des animaux, cette fois le thème est abordé.

Et pas à moitié: avec EELV en France, la vivisection sera aboli, 50% de la nourriture sera végétalienne! Pas moins!

Avec EELV, les supermarchés déborderont de nourriture végétalienne! Pareil pour les restaurants!

Incroyable, n’est-ce pas?

D’ailleurs il ne faut pas croire à ces prétentions. Au-delà d’une simple escroquerie intellectuelle et morale, il y a également un esprit commun à la protection animale et à un esprit réformiste qui prétend, de manière mensongère, aider les animaux.

Mais c’est dire à quel point ces gens osent mentir!

Voici donc les passages concernant les animaux du projet 2012 d’EELV (c’est nous qui soulignons lorsque le passage est en gras), avec de petites explications.

2 NATURE, EAU, AGRICULTURE, ALIMENTATION, SANTE, LOGEMENT : AU CŒUR DE NOTRE PROJET

I Protéger et restaurer la nature, respecter l’animal

La biodiversité constitue le tissu vivant de la planète avec deux dimensions indissociables : la richesse du catalogue – très incomplet – des formes du vivant, la complexité et l’organisation des interactions entre toutes les espèces ainsi qu’entre ces espèces et leurs milieux naturels.

Les dégâts causés aux écosystèmes risquent d’être irréversibles. La nature rend pourtant gratuitement un nombre considérable de services : or 40% de l’économie mondiale repose sur ces services et 60 % d’entre eux sont en déclin.

Dans l’Union européenne, ce déclin se manifeste sous la forme de l’effondrement des stocks halieutiques [=la pêche, note de LTD], de l’appauvrissement des sols, de dégâts dus aux inondations et de la disparition de la vie sauvage.

La France possède un “capital naturel” exceptionnel, notamment en outre-mer. Elle est au 8e rang des pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées.

On a ici le cœur du raisonnement et de l’identité d’EELV : la nature est un capital à prendre en considération. EELV ne dit strictement rien d’autre ; l’écologie d’EELV ce n’est pas la nature pour la nature, mais la nature en tant qu’elle est un capital, comme le serait un bâtiment, un terrain, une imprimante, etc.

50 à 75 % des nappes et rivières sont fortement dégradées, 27 % de ses eaux sont à jamais déqualifiées. Des dizaines de milliers d’hectares de milieux naturels disparaissent chaque année. Le changement climatique vient perturber en profondeur cet agencement biologique déjà fortement déséquilibré. La biodiversité agricole est particulièrement importante pour le maintien d’une agriculture de qualité, pour la protection des sols et de l’environnement rural en général.

Pourtant, le budget 2011 prévoyait une réduction de moitié du montant du crédit d’impôt dont pouvaient bénéficier les agriculteurs convertis en agriculture biologique.

L’état d’urgence doit être déclaré ! C’est maintenant qu’il faut réorienter en profondeur les politiques publiques en intégrant la biodiversité dans toutes les politiques sectorielles, notamment les infrastructures de transport, l’urbanisme, l’agriculture, l’eau, etc.

Cela passe par un “Plan National Stratégique pour la biodiversité” accompagné d’un calendrier.

(…)

La valeur des services rendus par la nature ainsi que l’impact des activités sur les écosystèmes seront évalués notamment via une expertise propre organisée au sein du secteur de la recherche.

On a ici le même principe : la biodiversité est à préserver non pas pour elle-même, mais uniquement en tant que possibilité de faire tourner la machine industrielle. C’est clair, net, indiscutable.

Une loi sur les Droits et la protection des Animaux définira un nouveau statut de l’animal dans le Code civil. Il passera du statut de “bien meuble” ou “immeuble” à celui d’être vivant. Il est nécessaire d’agir contre le trafic d’animaux et de mobiliser les forces de Police (douanes, gendarmerie, police). Un plan de sortie de l’expérimentation sur animaux sera engagé.

On a ici une affirmation quasi révolutionnaire en apparence, et évidemment mensongère. Il n’est en effet pas possible de prétendre que l’expérimentation des animaux sera aboli – d’ailleurs il n’est pas dit quand ! – alors que l’Union Européenne a mis en place le projet REACH de tests des produits chimiques, qui se fonde sur une vague massive d’expérimentation animale…

De plus, que l’animal change de nom dans le jargon juridique ne change strictement rien à son statut : là aussi c’est de l’escroquerie. Meuble ou être vivant, il sera possible tout autant de le vendre, de le tuer, etc.

Une remise en ordre de la législation sur la chasse : la chasse s’accompagne trop souvent de pratiques inacceptables, voire délictueuses : déterrage, occupation privative d’espaces naturels, dérive dans la régulation de la faune. Des efforts ont été faits dans le milieu et certaines fédérations de chasse ont pris un tournant positif en matière de gestion de protection de l’espace et de la faune. Reste qu’un certain nombre de réformes sont indispensables : statuts et financement des fédérations, fiscalité, octroi des permis, réexamen de la notion de “nuisibles”, partage de l’espace entre usagés, jour de non chasse, droit de non chasse et de retrait des propriétés du domaine chassable, extension des règles de la protection animale à la faune sauvage (contre les chasses particulièrement cruelles).

Ici on a l’un des aspects les plus formidables d’EELV. Alors que la chasse est vraiment abhorrée par les personnes progressistes des villes et des écologistes en général, EELV n’est même pas capable d’assumer ici une rupture culturelle, et accorde à la chasse une valeur…

IV Contre la faim et la malbouffe, manger tou-te-s et manger mieux

(…)

Il faut 10 à 15 fois plus de terres pour produire un kg de protéines animales que pour un kg de protéines végétales. Pour nourrir la planète, il conviendrait donc de diminuer en France de 50 % la part des produits d’origine animale au profit des protéines végétales.

Les écologistes prônent une politique qui réponde aux besoins nutritionnels de la population, tenant compte de la capacité de la planète à y répondre, des ressources en terres agricoles, de la préservation des milieux naturels et du bilan énergie-carbone des aliments, qui repose sur une meilleure utilisation des protéines végétales, une réorganisation de la production au plus près des lieux de consommation et au développement de l’agriculture biologique.

(…)

En restauration collective : proposer un repas végétarien hebdomadaire pour éduquer les enfants à la diminution de la consommation de produits carnés. Accroître la part des produits de l’agriculture biologique dans la restauration collective, passer à 100 % dans les crèches et les écoles maternelles. Favoriser la ré-installation des cuisines en liaison chaude. Lutter contre le gaspillage. Développer les circuits courts et locaux.

On a ici un grand n’importe quoi. EELV touche ici de près la question du végétalisme, mais évidemment n’y comprenant rien, transforme un changement révolutionnaire – 50% des protéines devenant végétales en France – en un ridicule « repas végétarien hebdomadaire » en restauration collective.

De fait, vue la culture dominante, pour que l’ensemble du pays passe aux protéines animales, même pas à 50%, mais même à ne serait-ce que 10 ou 20%, il faudrait une lame de fond vegan qui viendrait secouer toute l’exploitation animale et son industrie.

L’esprit réformiste d’EELV est totalement décalé par rapport à la réalité. Cela se voit d’autant plus à ce qu’on lit plus loin :

A. LES PRIORITES DE L’EDUCATION POUR LA SANTE ET LA PROMOTION DE LA SANTE

Promouvoir une alimentation plus saine, diversifiée, locale, de saison. Rétablir la part de végétal nécessaire à un bon équilibre nutritionnel, sélectionner viandes et produits laitiers selon un mode de production de qualité respectant le bien-être animal, promouvoir l’éducation à l’équilibre alimentaire, les produits bio…

On peut bien se demander ce que signifie « sélectionner viandes et produits laitiers selon un mode de production de qualité respectant le bien-être animal » – ou alors et évidemment c’est cela : EELV voit l’écologie de la même manière que les magasins bios.

L’écologie rabaissée au niveau du capitalisme bio !

VI Une forêt mieux protégée, gérée durablement

La forêt de France, c’est 30 % du territoire, une grosse partie du stock national de biomasse, la moitié des espaces classés Natura 2000, un poumon social irremplaçable. C’est 450 000 emplois dans la filière. C’est surtout un rôle écologique essentiel de retenue des sols, d’écrêtage des crues, de retenues des avalanches, de filtration de l’air et des eaux…

Stock national, poumon social… La forêt comprise d’une manière nationale et sociale ? Inquiétant !

VII La mer et le littoral, objets d’un soin constant

L’avènement d’une pêche soutenable. La politique actuelle ne répond pas aux besoins de préservation de la ressource et de maintien de l’activité à moyen terme. Une pêche durable, soucieuse des générations futures et réduisant le déséquilibre Nord-Sud peut naître.

Elle passe par l’amélioration de la sélectivité des engins de pêche. Le développement des circuits courts de commercialisation et le perfectionnement de la traçabilité et de l’étiquetage des produits de la pêche, tout comme l’éducation du public à une consommation halieutique plus responsable, sont à promouvoir. La diversification des revenus pour les pêcheurs est enfin indispensable afin de maintenir la pêche artisanale et la petite pêche côtière.

l‰ Une sortie rapide de la crise de l’ostréiculture, qui dure depuis trois ans, par l’application du principe de précaution, une plus grande transparence sur la production et la commercialisation, ainsi que sur les recherches menées, en dialogue permanent avec les professionnel-le-s.

On a ici quelque chose de totalement criminel : la mer se meurt, et EELV prétend qu’un aménagement est possible.

C’est totalement révélateur de l’absence de compréhension par EELV de la dimension du problème, de l’absence de compréhension des assauts que subit Gaïa.

Dans ce qu’on lit ici et dans ce qu’est EELV, on voit bien qu’il s’agit de gens tentant de sauver le monde tel qu’il est, qui font tout pour ne pas céder aux exigences de Gaïa.

Or, rien ne peut avancer sans être en phase avec Gaïa… Ce n’est qu’en servant Gaïa que les pensées et les actions trouvent un sens et une réalisation !