« En quoi notre consommation d’huile de palme tue les orangs-outans »

Voici un article publié par une primatologue qui, en plus de rappeler la nature de l’huile de palme, est pathétique. Pathétique parce qu’au lieu de basculer dans la libération de la Terre – seule conclusion logique -, l’article se conclut sur… une apologie des zoos, et une vision du monde encore et toujours anthropocentriste (« S’il n’y a plus rien sur terre, il n’y aura plus non plus d’êtres humains »).

C’est une preuve que ces gens, qui veulent vivre comme avant, défendront jusqu’au bout leur manière de vivre, ils refusent les conclusions – mais la réalité de Gaïa va les rappeler à l’ordre, comme elle le fait déjà. Et seule une humanité capable de respecter et de vivre en harmonie avec Gaïa est viable… Assumer la libération animale et la libération de la Terre, c’est demain qui commence aujourd’hui!

En quoi notre consommation d’huile de palme tue les orangs-outans

> Par Delphine Roullet Primatologue
Publié dans le Nouvel Observateur

L’huile de palme va, d’ici quelques dizaines d’années, engendrer la disparition de l’orang-outan. Attention, ce n’est pas la consommation de cette huile par les grands singes qui est en cause, mais bien la nôtre.

Huile bon marché, déforestation et chasse aux singes

Comme c’est une huile bon marché et qu’elle résiste bien aux traitements de conditionnement des aliments, elle est très avantageuse pour l’industrie agro-alimentaire et donc fortement commercialisée –même si ses effets sur la santé humaine sont discutés.

Les palmiers à huile sont essentiellement cultivés en Indonésie. Or c’est là que se trouvent les dernières populations d’orangs-outans. À Sumatra, la population d’orangs-outans est de 7000 individus, tandis qu’à Bornéo, les effectifs de l’autre espèce sont plus importants et se situent dans une fourchette de 45.000 à 70.000 individus.

L’ennui, c’est que les orangs-outans sont très dépendants de leur milieu. Ce sont les mammifères les plus arboricoles qui soient : ils vivent dans la forêt et y trouvent leur alimentation. Si l’espèce qui vit à Bornéo va parfois au sol, celle de Sumatra vit essentiellement dans les arbres, arbres qui sont abattus au profit des plantations de culture d’huile de palme. Ces abattages entraînent la destruction et la fragmentation de l’habitat des orangs-outans, qui se retrouvent prisonniers de reliquats de forêt.

Ils tentent comme ils peuvent de s’adapter, mais leur seule solution est d’aller coloniser les cultures de palmiers à huile. Ils se retrouvent donc en conflit avec la population locale et, après avoir été chassés de leur habitat naturel, ils vont être chassés par l’homme. S’ajoutent à cela les catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique et tout est réuni pour que les orangs-outans ne soient bientôt plus qu’un souvenir.

Le problème est quasiment insoluble. Il n’est pas tant question de remettre en cause la législation indonésienne et les faibles poursuites et condamnations en cas d’abattage d’orangs-outans. Après tout, en France, quelle est la peine pour maltraitance d’animaux ? Et puis, il s’agit de pays pauvres où les industriels donnent de l’argent. Je ne veux donc pas jeter la pierre aux populations locales, mais plutôt pointer du doigt les dérives de l’industrie agro-alimentaire.

Consommateurs, vous pouvez sauver l’orang-outan

En tant que consommateurs, nous avons la possibilité d’impacter sur la consommation d’huile de palme, présente dans l’agro-alimentaire, les cosmétiques et même les biocarburants.

Le problème est médiatisé depuis un certain nombre d’années et les gens commencent à faire attention. Encore faut-il trouver l’information. En effet, si sur certains paquets les producteurs jouent carte blanche en mentionnant la présence d’huile de palme, d’autres utilisent le terme plus générique d’ »huile végétale », derrière lequel peut se cacher de l’huile de palme.

Certes, il existe des industriels qui mettent en avant des filières certifiées. C’est le cas en Colombie, où les plantations de palmiers à huile ne se font pas suite à une déforestation, mais sur des terres auparavant dédiées à l’élevage. Mais les fournisseurs les plus importants se trouvent en Indonésie et ne suivent pas cette chaîne de certification.

Il y a tout de même des choses qui changent : suite à la campagne de Greenpeace, bien relayée par les réseaux sociaux, Nestlé a annoncé l’arrêt de l’utilisation d’huile de palme dans ses produits ; des grands distributeurs comme Casino mettent en avant des produits certifiés sans huile de palme.

Alors, même si on ne peut demander à tout le monde d’être un éco-citoyen modèle (il faut encore voir l’impact sur le porte-monnaie qu’a cette consommation responsable), chacun peut apporter son petit grain à la machine et contribuer à la survie de l’orang-outan.

Les populations captives, ambassadeurs des populations sauvages

Si ces changements d’habitude de consommation peuvent autant influer, c’est parce que la déforestation et la chasse s’additionnent à un autre problème de l’orang-outan : sa faible capacité de renouvellement. La reproduction est très lente : une femelle ne se reproduit pas avant l’âge de 10 ans (et 15 ans pour l’espèce de Sumatra) et met au monde un seul petit tous les six à huit ans. Le nombre de petits par femelle sur une vie d’approximativement 40 ans est ridicule.

Or, si certains programmes d’élevage en parc zoologique ont pour but, à terme, la réinsertion et le renforcement des populations locales, c’est assez rare chez les primates. Pour autant, les zoos ne sont pas impuissants face à la menace qui pèse sur les orangs-outans. Non seulement ils permettent de conserver les espèces, de les étudier dans un but de protection, mais aussi de communiquer sur ces espèces[1]. Les populations captives sont de très bons ambassadeurs pour les populations sauvages.

Certains se demandent encore pourquoi sauver l’orang-outan. À ceux-là, je réponds que la destruction des forêts tropicales, de l’habitat des orangs-outans et des espèces qui y vivent a un impact direct sur la survie de l’homme. Tous les projets de conservation ont un volet humain et intègrent à bon escient les populations locales.

Il ne s’agit pas seulement de sauver une magnifique espèce. Finalement, même si nous habitons en ville et avons du mal à percevoir les liens entre les orangs-outans et nous, ils existent. Notre consommation a un impact sur la survie de leur espèce, laquelle a des répercussions sur la survie de l’être humain. S’il n’y a plus rien sur terre, il n’y aura plus non plus d’êtres humains.

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[1] C’est ce que nous faisons à la ménagerie du Jardin des plantes, où l’on peut voir des orangs-outans. De plus, l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA) a dédié en 2011 sa campagne annuelle de sensibilisation à la conservation des grands singes, ce qui a permis de récolter des fonds pour des projets de conservation, notamment pour les orangs-outans. Retour au texte.