Refused se reforme, pour le pire

Nous avions déjà parlé du groupe suédois Refused, et de manière élogieuse. Ce groupe de musique hardcore du nord de la Suède a non seulement produit des albums de grande qualité durant les années 1990, mais il a été au cœur d’une vague énorme de culture vegan straight edge en Suède, marquant très profondément la jeunesse (nous en parlions dans l’article Umeå et son rôle dans l’émergence de la culture vegan straight edge).

Malheureusement, Refused s’est vendu. A l’époque, les albums faisaient référence à des groupes de contestation, notamment aux États-Unis, à mai 68, le tout se voulait sans compromis.

Le dernier concert avait eu lieu aux États-Unis dans un sous-sol avec une intervention de la police, et à la dissolution du groupe il a été demandé aux journalistes de brûler toutes les photos du groupe, car le passé c’est le passé, ce qui compte c’est le futur, les cocktails molotovs, la révolution !

On pouvait cependant déjà reprocher une certaine « stylisation » très forcée, le chanteur jouant d’ailleurs les rebelles glamour et anarchiste avec le groupe (sympathique tout de même) « the international noise conspiracy. »

Et là la tendance l’a emporté : Refused s’est reformé, 14 ans après avoir annoncé que « refused are fucking dead. »

Pourquoi ? Bien évidemment pour se faire de l’argent sur l’exceptionnel album « The shape of punk to come », ressorti même en coffret deluxe. Les journalistes et les bobos reconnaissant sa valeur, Refused s’est vendu pour une série de concerts, dans de très grands festivals, histoire de faire leur promotion !

Ils ont même une page facebook ! Quand on sait ce que représente Facebook en termes de business et de contrôle, cela veut tout dire. Le pire étant le chanteur demandant leurs avis politiques aux gens sur facebook, histoire de les griller définitivement et d’inclure la « révolution » dans la culture facebook (ou inversement!).

Cette initiative des gens ayant fait partie de Refused doit être boycottée, elle n’a aucun sens car le passé c’est le passé ! Quelle idée d’acheter un t-shirt venant de sortir avec inscrit « Refused are fucking dead » ?

Sans doute même malheureusement que cela va porter un coup fatal à l’identité vegan straight edge de Refused en tant que groupe historique des années 1990, il ne va en rester qu’une aventure « hardcore. » Exactement comme en France la culture alternative des Béruriers Noirs des années 1980 a été saccagée par une reformation réduisant l’histoire des « bérus » à des clowneries punko-contestataires.

Cela est bien triste, mais logique dès le moment où l’on abandonne les exigences alternatives !

Voici une traduction (sans prétention) du communiqué (plein de mauvaise foi) de reformation du groupe:

Nous avons eu un groupe, il y a un temps, à Umeå. Nous nous empilions dans une camionnette, comme tous les autres groupe punks, et partions en vrombissant à la poursuite d’amis et de gloire dans des sous-sols devant 20 personnes, 50 personnes, dans des villes à 4-5 heures de route.

Parfois, il y aurait plus d’une centaine de personnes et plus tard dans la semaine nous penserions à cela comme un « grand show.

Nous étions ambitieux, mais nous n’avions pas considérer comme une carrière. Nous n’avons jamais eu aucun sens financier que ce soit pendant 7 années de tournées. Comme la plupart des groupes punks, il n’a jamais été question même d’essayer. Nous avons eu une scène, nous avons eu un peu de politique et nous avons eu juste un soupçon d’ambition artistique.

Fidèles à nos racines suédoises nous sommes devenus très vite très sérieux. Et puis tout à coup nous avons eu ma bonne. C’est un chemin délicat que de marcher pour de jeunes précoces d’une vingtaine d’années partout sur la planète, mais ce regroupement là ne l’a pas fait. Et c’était bien. La plupart des entreprises dans la vie ne sont pas liés à la musique rock d’une violence inouïe.

Cela fait quelques 14 ans depuis que c’en est fini de notre groupe. Nous avons tous été bien occupés dans nos efforts respectifs, mais nous sommes tous restés amis et en contact. Il y a eu des offres, et beaucoup de blagues au sujet de ces offres. Nous avons regardé vers le bas depuis nos grands chevaux et on s’est moqué des gens qui ont juste voulu faire partager l’intensité psychopathe que nous offririons sur une base quotidienne dans notre époque post-pubère. Une réunion nous semblait juste illogique. Trop d’autres conneries à faire.

Puis, alors, Kristofer a obtenu son diplôme de l’Académie suédoise d’opéra, les études médicales de Jon se terminaient et Dennis et David ont commencé ensemble un nouveau groupe de hardcore. Enfin, après une décennie et demi de hiatus [pause dans le groupe], Kristofer a repris la guitare. Ce qui a fait que David a voulu jouer de la batterie à nouveau. Ce qui à son tour nous a tous les quatre conduit a soudainement faire de la nouvelle musique dans des constellations assortis.

Comme tout cela se préparait, Coachella est entré en contact. Il y a eu quelques coups de téléphone, beaucoup de scepticisme, un certain enthousiasme hésitant avant qu’un de nous a dit basiquement: « -C’est ridicule. Il y a des amis à nous qui tueraient des proches juste pour aller voir des groupes là-bas. Faisons le, simplement, une dernière fois. » Et avec ça, les salauds de pédés socialistes adeptes du politiquement correct étaient à nouveau sur la route.

 Nous n’avons jamais rendu justice à « The shape of punk to come » quand il est sorti, nous étions trop empêtrés dans des querelles intestines pour vraiment se concentrer sur le travail. Et soudainement, il y a cette possibilité de le faire comme il a été prévu. Nous voulons le faire, bien faire les choses. Pour les gens qui ont gardé la musique vivante à travers les années, mais aussi pour nous-mêmes.
Nous pensons que vous le méritez et nous espérons que le sentiment est mutuel.

Rendez-vous dans le pit.

//Refused