Walter Bond se convertit à l’Islam et devient Abdul Haqq

Nous avions parlé de Walter Bond à l’occasion du clip d’Earth Crisis sur son incendie d’un laboratoire de drogues, puis avec son arrestation en raison d’incendies de lieux liés à l’exploitation animale (Interview autour de « To ashes », L’usine, les animaux et le véganisme, Lettre de Walter Bond – libération animale et libération de la Terre, Walter Bond réitère sa position et est salué par les elfes végans, Déclaration finale de Walter Bond au tribunal, Du nouveau sur Walter Bond, et quelques réflexions, etc.).

De la même manière, nous avions parlé de l’Islam : comme avec toutes les religions, on ne peut suivre la religion musulmane et être végan. Toutes les religions s’opposent au véganisme, non seulement dans la vision du monde, mais également sur le plan des rites (voir: Judaïsme, christianisme et islam contre le véganisme, Aïd-el-Kébir, Eid al-Adha et sacrifice, le mouvement Hardline, l’interview du label Path of Perfection, etc.).

Cela ne veut pas dire qu’il faille rejeter l’apport des religions à la culture humaine, car les religions ont été un moyen de sortir des âges barbares, mais adorer un Dieu dans l’au-delà c’est forcément insulter la Terre « ici-bas. »

Si nous parlons de cela, c’est que les deux thèmes s’entrecroisent : Walter Bond explique dans un article en ligne ici pourquoi il devient musulman. Il considère qu’il y a des « signes » qui l’ont amené sur cette voie, où il doit considérer qu’il y a quelque chose « d’au-dessus » de lui.

Il explique également que le déclic est venu en raison du fait que la moitié des détenus de sa prison sont musulmans (Walter Bond est emprisonné dans une « Communication Management Unit », une prison où les rapports entre prisonniers et les communications avec l’extérieur sont restreintes et hautement surveillés).

Voici son raisonnement au sujet de sa philosophie :

« Avec l’âge, j’ai perdu toute foi en l’existence d’un « Dieu. » Mon processus de pensée est que s’il y avait un Dieu, pourquoi permettrait-il un tel mal dans le monde?

J’ai appris à travers mes propres difficultés diverses qu’il y a plus que les forces du mal à l’œuvre dans ce monde. Pourquoi et comment toutes les choses dont le déséquilibre et le mal existent, je ne suis pas en mesure de le comprendre totalement. Ce qui me revient, c’est de vivre pour Allah, de me battre pour la justice, la morale et de la libération. »

Walter Bond a donc abandonné Gaïa pour vénérer Allah. Il apprend l’arabe, lit le Coran ainsi que les hadiths de Mouhammad al-Boukhârî, les hadiths étant les dires de Mahomet rassemblés et formant la base juridique.

Une base juridique qui n’a rien à voir avec la libération animale et la libération de la Terre, malgré tous les bricolages que l’on peut inventer. Qu’il y ait des éléments de cela, oui bien sûr, comme dans toute idéologie populaire! La religion n’aurait jamais pu exister sans avoir une base opposée à la barbarie.

Mais c’était bon il y a 2000 ans, et encore. Aujourd’hui, contrairement à ce que prétend Walter Bond, on voit bien qu’il n’y a pas le « mal » mais ceux qui profitent de l’exploitation animale et de l’écocide. Il y a d’énormes profits en jeu. Rien à avoir avec le « mal » ou quelque chose qui nous dépasserait, serait incompréhensible.

Cela ne veut nullement dire que la solidarité avec Walter Bond doive s’arrêter, évidemment. Il faut respecter son choix, mais il faut aussi être très clair sur le cul-de-sac où cela va l’amener. Walter Bond ne peut que s’éloigner de la culture vegan et vegan straight edge.

Pour prendre un exemple concret sur le plan culturel : la religion islamique interdit la modification corporelle. Walter Bond, en tant que musulman, doit forcément regretter ses tatouages. Ce qui reviendrait à balancer par dessus-bord toute une partie de la culture vegan straight edge.

Nous ne disons pas qu’il faut que les vegan straight edge doivent avoir des X tatoutés sur les mains, ou même des tatouages tout court. Mais il n’y a rien contre et cela fait partie d’un certain « folklore » et en tout cas il n’y a pas a en avoir honte.

En assumant l’Islam, Walter Bond veut vivre une nouvelle vie. Personne ne l’en blâmera sur le plan personnel : dans les prisons américaines, l’Islam est souvent un refuge progressiste pour les gens les plus pauvres cherchant une expression contestataire et sociale. Quand on voit la liste de livres sur Amazon créée par Walter Bond, on reconnaît ce mélange Islam, Djihad, Black Panthers.

Il faut donc respecter son choix et son nouveau nom, qui est Abdul Haqq, Abdul voulant dire le serviteur et Haqq la vérité. Notons d’ailleurs une contradiction : il dit qu’il apprécie son ancien nom, or le nouveau est censé symboliser son accession à une nouvelle « conscience. »

Cela fait beaucoup de contradictions, et personne ne blâmera Walter/Abdul. Mais cela ne veut pas dire que les faiblesses de son raisonnement, de sa difficile situation provoquée par son engagement pour les animaux et la planète, ne soient à accepter telles quelles. Notre fidélité et notre abnégation ne va pas à un Dieu dans un au-delà, mais à la planète vivante ici et maintenant!