« Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire »

Hier, le nouveau premier ministre a été officiellement nommé, ainsi que le nouveau gouvernement.

Nous ne parlerons pas ici de la carriériste Duflot, qui est ministre de l’Égalité des territoires et du logement. EELV a bazardé tout contenu pour ne plus consister qu’en des plans de carrière.

Disons cependant un petit mot sur la spécialiste du droit Nicole Bricq, qui devient ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.

Ses derniers dossiers au Sénat étaient les suivants :

Projet de programme de stabilité. communication (7 interventions)

Audition de mme valérie pécresse ministre du budget des comptes publics et de la réforme de l’etat (9 interventions)

Projet de programme de stabilité (2 interventions)

Audition de mm. philippe parini directeur général des finances publiques chargé de la fiscalité jean-marc fenet directeur général adjoint des finances publiques chargé de la fiscalité et jean-louis gautier conservateur général des hypothèques ancien chef du service du contrôle fiscal de la direction générales des finances publiques (2 interventions)

On a la (très longue) liste complète de ses dossiers ici, et on ne trouvera rien sur l’écologie. C’est très parlant.

On peut d’ailleurs bien se demander pourquoi France Nature Environnement explique par son porte-parole que Nicole Bricq a « une culture ‘écolo’ et une culture du dialogue. »

Greenpeace dit pareillement à son sujet, par l’intermédiaire de son directeur général :

« Ce qui nous intéresse particulièrement dans le profil de Nicole Bricq, c’est son profil de spécialiste des questions financières »
« Elle va pouvoir faire le lien entre le monde économique et le monde écologique, un lien qui n’est pas souvent fait »

Du business « vert » donc. Le WWF ne dit pas différemment en expliquant que « la nomination de Nicole Bricq représente un gage de sérieux et de crédibilité pour mieux intégrer l’environnement au coeur du budget et des politiques publiques. »

Mais il y a quelque chose qui nous intéresse bien plus et qui est très révélateur d’une tendance de fond.

On a en effet Stéphane Le Foll qui a été nommé « ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire. »

Or, qui dit « agroalimentaire » dit agro-business et exploitation animale. C’est dit franchement, ouvertement.

Car il faut savoir que les définitions des ministères changent, selon les vœux des présidents. Et jamais le mot « agroalimentaire » n’a été utilisé…

Voici la liste complète, pour la cinquième république :

Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire

Ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche

Ministre de l’Agriculture et de la Pêche

Ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales

Ministre de l’Agriculture et de la Pêche

Ministre de l’Agriculture, la Pêche et l’Alimentation

Ministre de l’Agriculture et de la Pêche

Ministre de l’Agriculture et du Développement rural

Ministre de l’Agriculture et de la Forêt

Ministre de l’Agriculture

Ministre de l’Agriculture et du Développement rural

Ministre de l’agriculture

Pour la 4ème république, ainsi que la troisième, on employait l’expression « Ministre de l’Agriculture », avec parfois « et du ravitaillement » de rajouté.

On a donc jamais « agroalimentaire. »

L’agriculture était déjà un concept comprenant l’élevage des animaux et les cultures agricoles.

Mais ajouter le terme d’agroalimentaire, c’est aller plus loin et ouvertement mettre en avant la « transformation » des animaux issus de l’élevage (ainsi, donc, que des cultures agricoles).

C’est un signe vraiment important qu’il faudra prendre en compte, et qui montre que nous vivons bien dans une société où la vie quotidienne est façonnée par l’industrie agroalimentaire, fondée sur le pur profit et dont l’exploitation animale est un pilier quasi-central.

C’est le passage à une époque où l’exploitation animale n’est plus seulement en expansion et en voie de généralisation, mais bien où elle est une composante en tant que telle de l’idéologie dominante !