« Il ne faut pas chercher une responsabilité qui n’existe pas »

Entre février et avril, on a trouvé 900 cadavres de dauphins sur des plages du nord du Pérou (nous en parlions il y a 10 jours). Voici l’information diffusée hier par de nombreux médias à ce sujet :

« Nous sommes parvenus à la conclusion que les causes de la mort des dauphins sont naturelles et ne sont dues à aucune activité humaine », a affirmé la ministre de la Production Gladys Triveño, sur la radio RPP, sans préciser quelles étaient ces causes.

Les conclusions du gouvernement s’appuient sur l’enquête menée par l’Institut de la mer du Pérou (IMARPE, public), selon la ministre.

Les ondes sismiques provoquées par des activités en mer d’entreprises pétrolière « ont été écartées », de même que la responsabilité d’un virus ou de bactéries, a-t-elle ajouté.

Selon la ministre, la mort massive de dauphins se produit périodiquement.

« Ca n’est pas la première fois que cela se produit. C’est arrivé en Nouvelle-Zélande, en Australie et dans d’autres pays. Il ne faut pas chercher une responsabilité qui n’existe pas », a-t-elle souligné.

Cette dernière phrase est un symbole impressionnant du déni complet qui domine dans les médias, l’idéologie dominante, l’éducation.

En fait, cette phrase est même tellement énorme que personne ne peut y croire sérieusement. Toute personne un tant soit peu sensée se doute bien que Mère Nature ne fait pas en sorte que 900 dauphins meurent subitement, arrivant comme par hasard d’un coup sur les mêmes plages.

Vraiment, oser dire :

Il ne faut pas chercher une responsabilité qui n’existe pas

Ce n’est même plus un mensonge, c’est une sorte de mot de passe qui appelle à faire comme si de rien n’était.

Car, finalement, de par leur passivité, l’immense majorité des gens acceptent encore la destruction de la planète, perçu avec mauvaise foi ou inconscience comme un grand chambardement inévitable, contre lequel on ne peut rien, etc.

Partant de là, si l’on voit ainsi, les responsabilités n’existent plus vraiment ; elles sont tellement diluées qu’en fin de compte, il n’y en a plus.

C’est un raisonnement que l’on trouve énormément en France. Feignant d’être raisonnables, des personnes disent : oui, c’est vrai, il faut agir contre le réchauffement climatique, mais que peut faire la France, seule, à son échelle ?

Ce qui est une manière de se dédouaner pour ne pas assumer la bataille jusqu’au bout, et de ne pas montrer l’exemple !

De la même manière, de nombreuses personnes qui connaissent le véganisme disent qu’à leur « petite » échelle cela ne change qu’elles soient véganes ou pas, qu’elles attendent que tout le monde fasse le pas.

Ce souci comme quoi toute la société devrait devenir vegan est honorable, mais cela n’explique en rien en quoi il ne faudrait pas déjà le devenir soi-même !

Voilà pourquoi cette simple phrase qu’est « Il ne faut pas chercher une responsabilité qui n’existe pas » représente quelque chose de très important : ce n’est pas que du mensonge ou du déni, c’est aussi une mauvaise foi très élaborée, très « raffinée. »

Aussi « raffinée » et malsaine que l’effacement de la frontière entre végétarisme et véganisme, que la propagande contre la « viande » halal sans pour autant critiquer la « viande » en général, etc.

Cette mauvaise foi a une cause facile à comprendre : pousser le raisonnement jusqu’au bout serait, forcément, appeler au rejet de l’exploitation animale.

La mort des dauphins fait se poser la question de fond : quel est le rapport à l’océan ? Mais comme cet océan est censé être un « capital environnemental », alors forcément il n’est pas possible de reconnaître ouvertement le rôle néfaste de la production humaine.

Il y a là une véritable production idéologique afin de cadenasser le système de l’exploitation animale. Sans briser ce verrou, la libération animale ne pourra jamais se développer !