Le diesel, un problème de santé de même ampleur que l’amiante

Hier, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classé le diesel dans les carcinogènes. Cela signifie que ce carburant provoque des cancers (du poumon et peut-être de la vessie), par les gaz d’échappement des moteurs.

En 2005, un institut sur la pollution de l’air, le programme Aphekom, avait réalisé une étude dans 25 grandes villes (dont Paris, Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Rouen, Le Havre, Toulouse) qui estimait par exemple que la pollution due à l’excès de particules fines provoquait la mort de 19000 personnes en France, mais les estimations sont d’habitude de 42000 morts par an!

En fait, le problème est compliqué, car les polluants se combinent, et en plus des cancers, il faut compter les maladies cardio-vasculaires et les bronchites chroniques…

Voici une interview réalisée par le quotidien Le Parisien, interview qui a eu un grand impact sur internet, ainsi que dans les médias.

On notera cependant qu’ici, comme toujours, les animaux non-humains et les végétaux (ou encore l’océan) ne sont jamais pris en compte! La pollution n’est considérée que par rapport aux humains, dans une perspective anthropocentriste totalement irréaliste.

Europe Qualité Expertise est l’un des grands réseaux d’experts automobiles français. C’est un des principaux interlocuteurs des pouvoirs publics sur les grands dossiers du transport ces dernières années, et notamment du diesel.

Les particules fines émises par les moteurs Diesel sont responsables de 42000 morts par an en France. Depuis quand connaît-on le danger des particules fines ?

BRUNO GUIBEAUD. Depuis toujours! Les constructeurs et les pouvoirs publics connaissaient dès le début du diesel, dans les années 1960, le danger des particules fines.

Un simple torchon sur le pot d’échappement et l’on récolte des suies que l’on n’a pas avec un moteur essence. Mais à l’époque, les intérêts de l’Etat étaient plus importants que la santé publique et l’écologie n’existait pas…

Le lobby du diesel a toujours été très puissant car il s’agit d’une technologie parfaitement maîtrisée par les Français. Quand on a une longueur d’avance, on n’a aucun intérêt à perdre son avantage compétitif…

Les constructeurs mettent en avant que le pot catalytique et le filtre à particules permettent de réduire les émissions de particules fines. Ces dispositifs sont-ils efficaces ?

Ce qui est vrai, c’est qu’en vingt ans, les moteurs Diesel sont passés de l’âge de pierre à la haute technologie et polluent un peu moins.

Sauf qu’entre-temps, le parc automobile a été multiplié par cinq et que les deux parades aux particules fines, le pot catalytique et le filtre à particules, présentent chacune de grosses faiblesses.

Quelles sont ces faiblesses ?

Le filtre à particules ne s’attaque qu’aux particules sans faire de chimie fine. Or le diesel émet aussi des oxydes d’azote (NOx) très dangereux pour les bronches. Le pot catalytique, lui, ne fonctionne qu’à partir d’une certaine température… que les voitures n’atteignent pour ainsi dire jamais en ville.

Résultat, les moteurs Diesel s’encrassent et émettent encore davantage de particules fines.

Peut-on parler d’un véritable problème de santé publique comparable à celui de l’amiante ?

Oui, car nous n’avons pas trouvé de solution et une partie des dispositifs antipollution mis en place ne font qu’accentuer le problème. La pollution est moins visible qu’autrefois, quand le diesel fumait noir, mais les particules fines et les gaz NOx sont toujours là et tuent tous les jours.

Le diesel en ville aujourd’hui est une gigantesque bombe à retardement. Ceux qui roulent peu, moins de 10000 km par an, et ils sont nombreux, ne devraient jamais rouler avec un diesel. C’est criminel.

Les zones d’actions prioritaires pour l’air (Zapa), en interdisant les véhicules polluants à l’intérieur de certaines villes, peuvent-elles permettre de résoudre le problème ?

Les Zapa ne résoudront rien du tout. Elles ne feront qu’ajouter un clivage de plus entre les gens qui ont de l’argent — et une voiture récente — et ceux qui n’en ont pas. Côté pollution, un diesel récent au moteur encrassé pollue autant qu’un vieux.

Dans notre réseau, nous voyons chaque année des milliers de ces véhicules au moteur encrassé et c’est de pire en pire. On dit que le diesel « souffre en silence », ça ne se voit pas, ça ne s’entend pas, mais ça pollue terriblement!