Nicole Bricq, débarquée du ministère de l’écologie par les industriels

C’est un premier « scandale » anti-écologiste pour le tout nouveau gouvernement socialiste au pouvoir dans la foulée de l’élection de François Hollande. C’est une histoire tellement édifiante qu’on a du mal à croire que tout cela se soit passé de manière aussi franche !

Ce qui se passe donc, c’est que la socialiste Nicole Bricq est nommée ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie dans le gouvernement Jean-Marc Ayrault. Nous en avions alors parlé, nous sommes le 16 mai 2012, dans la foulée de la victoire électorale de François Hollande à la présidentielle.

Puis, pratiquement un mois plus tard, le 13 juin 2012, elle prend une décision qui va amener tout le reste : elle amène la suspension du permis de Shell à pratiquer des forages exploratoires d’hydrocarbures au large de la Guyane, dans le bassin pétrolier de Zaedyus, à 150 kilomètres des côtes, à 6 000 mètres de profondeur.

La raison en est, de son point de vue, que la faune marine et l’environnement sont menacés par la technique des boues à l’huile ; elle dénonce au passage un code minier « inadapté et obsolète » qui s’accompagne d’un « permis exclusif de recherches à un consortium privé sans contrepartie suffisante pour l’intérêt national. »

La réaction ne s’est pas fait attendre. Sont montés au créneau l’Union française des industries pétrolières, les entreprises Shell et Total, la présidente du MEDEF Laurence Parisot… qui ont toutes directement appelé  le premier ministre et le président de la république!

Pour leur expliquer naturellement ce qui prime : le profit, et pas l’environnement… Pas une, pas deux, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem explique alors : « Je confirme que les forages ont été autorisés. »

Et Nicole Bricq est débarquée illico presto, sous prétexte de remaniement ministériel, mais c’est la seule à changer de poste (elle devient Ministre du Commerce extérieur). Et le préfet de Guyane donne à Shell les autorisations nécessaires au démarrage de sa campagne de forages, démarrage dont les préparatifs n’avaient d’ailleurs jamais été stoppés…

C’est un exemple très parlant, très riche d’enseignement. On fantasme beaucoup en France comme quoi aux États-Unis, le « lobby du pétrole » pèse de tout son poids sur les décisions du gouvernement là-bas, mais c’est exactement la même chose ici !

A partir du moment où il y a du profit, inévitablement il y a de la corruption, tout à fait légale d’ailleurs le plus souvent, par différents organismes, différentes initiatives faisant que l’argent circule ici et là !

Cela s’appelle « graisser la patte » dans le jargon économique, c’est souvent long et fastidieux, mais efficace de par la dimension énorme des bénéfices dans certains secteurs agro-industriels… Et comme le pétrole est un élément très important pour un capitalisme qui tourne à plein régime, la balance pèse forcément immédiatement en faveur du camp de la destruction. Ce n’est pas EELV qui va s’opposer, alors que ce parti a tout fait pour avoir des postes dans le gouvernement…

Duflot expliquait qu’elle ne signerait rien avec les socialistes sans une sortie du nucléaire, naturellement elle a tout abandonné de ses exigences, c’est la même chose au sujet des forages en Guyane. EELV est comme pieds et poings liés, le tout au nom d’un pragmatisme qui ne sert qu’à masquer la bataille pour les places dans les institutions.

Qu’en France Nicole Bricq soit débarquée du ministère de l’écologie par les industriels sans que cela ne provoque de véritable scandale, en dit en tout cas très long sur la situation de l’écologie dans notre pays !