L’importance de pucer les chats

C’est une histoire qui vient de se passer en Suisse et qui est riche d’enseignements sur comment les « propriétaires » d’animaux peuvent s’avérer égoïstes, égocentriques, considérant un chat comme « leur » peluche vivante, dans le déni de toute responsabilité.

L’histoire est simple. Une femme a perdu « son » chat et la SPA locale qui l’avait retrouvé l’a fait adopté. Voici comment cela commence :

« C’était en juin dernier. Doui, jeune mâle par la saison des chaleurs alléché, s’en va du domicile de sa maîtresse, situé en pleine campagne. «Il n’est pas castré. J’ai décidé qu’il pouvait bien vivre sa vie de chat dans la nature.

C’est la raison pour laquelle il n’est pas non plus tatoué ou pucé. Et puis ce n’était pas la première fois qu’il fuguait», explique Y. La jeune Vaudoise appelle, elle guette le retour de Doui, qui reste introuvable.

C’est à ce moment, hasard de la vie, qu’un événement vient suspendre ses recherches: son frère est victime d’un grave accident de moto. Brûlé au deuxième et au troisième degré, il est hospitalisé au CHUV. «J’y passais mes matins, mes midis et mes soirs. J’avoue que la disparition de Doui est passée au second plan. Je me le reproche aujourd’hui, mais la santé de mon frère était ma priorité.» Une semaine passe. Y. reprend ses recherches. »

Stériliser les animaux est cruel, mais ne pas le faire c’est contribuer à une surpopulation, à l’enfermement et à la mort. Et que dire que du fait de ne pas mettre de puce électronique : c’est absolument lamentable.

Si l’animal est récupéré blessé, personne ne s’occuperait de lui, à part dans une situation où des bénévoles qui paieraient de leurs poches les frais de vétérinaires !

Et s’il est important de se préoccuper d’une personne proche qui est blessée, pourquoi opposer cela au fait de s’occuper d’un animal dont on a la responsabilité ?

Opposer cela, construire de telles hiérarchies, c’est fictif et une expression de mauvaise foi (on notera qu’en Suisse un bureau des animaux perdus et trouvés existe a un standard qui fonctionne 24 h/24, au 021 784 80 00).

C’est encore plus flagrant avec la suite.

Car, à force d’affiches, la personne apprend que le chat a été retrouvé, mis à la SPA local qui, au bout de 10 jours, l’a proposé à l’adoption. Coup de chance pour le chat, il a été adopté, et la femme qui le « possédait » auparavant fait la demande pour le récupérer.

Voici la suite :

« Et le verdict tombe enfin: la famille ne veut pas rendre Doui à la jeune femme. «On ne m’a donné aucune explication.

C’est tombé comme ça.» En dernier recours, le refuge a proposé à Y.… d’adopter un autre animal. «S’il était passé sous les roues d’une voiture, je me ferais une raison. Là, j’ai l’impression qu’on me l’a volé.» »

La réaction est sidérante : au lieu d’être heureuse que le chat soit sain et sauf, ce qui est le principal pour lui, la femme est déçue, car elle n’a plus « son » chat. Le fait même de proposer une autre adoption est considérée par l’article comme du n’importe quoi.

Or, si on peut comprendre bien sûr les liens d’affection qui pouvaient exister, on doit voir surtout que la personne ne s’est nullement vraiment préoccupé de son chat auparavant, le laissant sortir sans le pucer, ce qui est une sacrée preuve d’irresponsabilité.

C’est un exemple typique de personne vivant à côté de « ses » animaux, considérés comme des sortes de peluche plus ou moins utiles et indépendantes, devant n’exister que selon sa propre réalité personnelle.

Mais les animaux ont tous leur personnalité, leur histoire, leur propre vie. C’est une vision anthropocentriste que de considérer que leur existence tourne autour de la nôtre. La femme qui a perdu « son » chat le découvre à ses dépens sur le plan des sentiments, mais c’était à elle d’assumer sa responsabilité et de penser à ce que son chat soit protégé avant tout.

Ce n’est pas bien difficile de savoir que les chats qui peuvent se promener dehors se voient placer un petit collier avec dedans un numéro de téléphone. Seulement, il est vrai que cela demande une sorte d’effort qui est en contradiction avec le fait de vivre de manière purement « spontanée. »

Car se mettre au service de nos amis que sont les animaux, qui ont leur propre vie, leur propre histoire, n’est pas forcément facile et demande de la réflexion, de la pratique. Mais là où on est sûr de se tromper, c’est quand on est égocentrique, quand on raisonne en termes individuels.

C’est pourquoi l’humanité ne pourra avoir un rapport correct qu’en saisissant la réalité dans sa globalité, quand elle comprendra que c’est Gaïa qui compte, la vie sur la planète, pas des fausses exigences individuelles.

Enfin, pour finir sur la Suisse, un faux site d’achats d’animaux a été monté par la SPA locale, toumimi.com, et quand on veut cliquer sur les « promotions », on tombe sur l’image suivante, qui nous rappelle qu’aimer, c’est protéger !