C’est très représentatif : on parle beaucoup de Peugeot en ce moment, le ministère du « redressement productif » donnant finalement raison aux actionnaires et aux patrons de Peugeot pour mettre sur le carreau les ouvriers.
Et dans le Journal du Dimanche, il y a trois jours, on a une photographie d’un des deux patron de Peugeot à la chasse au lion, Robert Peugeot, alors que celui-ci est sur la liste de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature qui a justement rendu son rapport catastrophique hier…
On a là un parfait symbole de qui dirige notre monde, avec les conséquences qui s’ensuivent (on peut voir ici un article parlant de Robert Peugeot ou encore notre article sur la chasse et la très (haute) bourgeoisie).
L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) tient son congrès et a donc publié hier, à cette occasion, un document intitulé « Sans prix ou sans valeur ? » au sujet des 100 espèces les plus menacées d’extinction.
Bien évidemment, ce document n’existe qu’en anglais, de par la nullité complète des institutions françaises… et pourtant il y a un comité français de l’UICN… C’est quelque chose de récurrent et de vraiment très grave.
C’est d’ailleurs un document important qu’a produit l’UICN, parce qu’il officialise la grande contradiction de la « protection animale. » Il n’y en a en effet pas assez de moyens matériels et financiers, pas assez de reconnaissance culturelle par les sociétés.
Le point de vue des gens ayant fait le rapport est cash:
« Nous avons besoin d’un fonds pour prévenir l’extinction, financé par les gouvernements, et qui se traduise par des milliards et non des millions »
Ce qui a le mérite d’exposer clairement le problème… Et surtout, partant de là, la protection d’espèces face à l’extinction va commencer à rendre officiel le critère du rendement financier, de « l’utilité » pour les êtres humains. C’est le cauchemar fait réalité pour toute personne tentant de préserver Gaïa, la vie sauvage.
C’est non seulement absurde moralement et culturellement, mais également très concrètement, puisque sur Terre tout est relié, dans la grande chaîne de la vie…
Mais telle est la réalité dans une société fondée sur le profit. Il faut produire des marchandises, les animaux étant considérés comme des marchandises également. Tout le reste passe à la trappe.
L’UICN a donc deux leviers. Le premier, c’est l’argument moral, tendant finalement à assumer la position de la libération de la Terre. Ellen Boucher, co-auteur du rapport mais faisant partie de la Société zoologique de Londres qui a participé à l’établissement du document de l’UICN, explique ainsi :
« Toutes les espèces énumérées sont uniques et irremplaçables. Si elles disparaissent, aucune somme d’argent ne pourra les ramener. Cependant, nous pouvons leur donner une chance de survivre mais cela exige de la société de soutenir la position morale et éthique que toutes les espèces ont un droit inhérent à l’existence. »
L’autre levier a été exploité par le président de la Commission de survie des espèces de l’UICN, Simon Stuart :
« Bien que la valeur de certaines espèces pourrait ne pas paraître apparente en premier lieu, toutes les espèces contribuent en fait à leur façon au bon fonctionnement de la planète. »
C’est un appel à la rationalité, sauf qu’évidemment cela ne marche pas, parce la machine à profits ne raisonne qu’à court terme, comme le montre la photographie du responsable de Peugeot à la chasse au lion.
La chasse au lion, en 2012 ! Les ouvriers de Peugeot, dont le symbole est un lion, y verront une triste ironie, mais il est vrai également que pour ne pas avoir compris la dimension du problème, ils ne pourront pas s’attaquer aux véritables racines de ce qui les met sur la paille.
C’est le même mouvement qui engloutit le lion et les ouvriers, toute la nature sauvage et toute possibilité d’une vie digne. Soit on essaie de s’enfuir, de trouver un refuge, quelque part dans la Drôme ou dans les Cévennes, ou encore à la manière du personnage du film Into the wild. Soit on assume toutes ses responsabilités vis-à-vis de la planète et de tous ses êtres vivants !