Nous avons constaté l’ouverture de la « conférence environnementale », mais nous avons en vain attendu qu’elle se termine officiellement et qu’il y ait des points de vue d’exprimés, et puis bien sûr des décisions prises, pour les comprendre.
Eh bien c’est raté puisque si les médias ont parlé de l’ouverture, rien n’a filtré sur la conférence elle-même, et nous avons donc attendu en vain.
En fait, la conférence n’a duré que deux jours, les 14 et 15 septembre, ce fut surtout une opération de communication. Il y avait 300 participants, mais il faut voir qui : des députés et des sénateurs, des ministres, des syndicats et des représentants des patrons, des « personnes morales » (qui ? pourquoi?), des associations… d’élus, et des ONG concernant l’environnement (donc des « machins » à la Greenpeace).
Mais donc une liste, il n’y en a pas, et encore moins une explication du processus de choix… On est là dans un manque de transparence absolument complet.
A cela s’ajoute le fait que quand nous disons que la conférence a duré deux jours, en fait… c’est inexact. Elle a duré bien moins longtemps que cela. Voici le programme, au contenu édifiant tellement c’est vide par ailleurs :
Vendredi 14 septembre
10h30 : Discours d’ouverture du Président de la République
13h30 : Ouverture des tables rondes.
- Préparer le débat sur la transition énergétique.
- Faire de la France un pays exemplaire en matière de reconquête de la biodiversité.
- Prévenir les risques sanitaires environnementaux.
- Financement de la transition et fiscalité écologique.
- Améliorer la gouvernance environnementale.
18h30 : Suspension des tables rondes
Samedi 15 septembre
9h00 : Reprise des tables rondes
12h00 : Fin des tables rondes
13h30 : Restitution en séance plénière des cinq tables rondes par les cinq facilitateurs
14h30 : Discours de clôture du Premier ministre
A l’issue : Fin de la conférence
Les « tables rondes » des 300 participants ont donc duré… huit heures. Il n’est pas difficile de comprendre que tout cela n’était qu’un outil de promotion et qu’absolument aucun travail concret n’a été effectué…
Et comme toujours, la palme de l’hypocrisie revient à Duflot, qui a donc décidé de faire en sorte de liquider l’écologie à coups d’opportunisme et de ridicule.
De manière absolument incroyable, voici ce qu’elle a expliqué quant au discours de François Hollande :
« J’ai été extrêmement à la fois surprise et émue par le discours du président de la République »
« Je pèse mes mots: ce discours du Président de la République est historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste »
Surprise, émue, historique, infiniment émouvant. On croit rêver et pourtant.
D’ailleurs, qu’est-ce que Hollande a donc déclaré pour émouvoir Duflot ? Voici une explication, car c’est important à comprendre.
Commençons par le début, avec un extrait très parlant, car Hollande se veut lyrique, mais même pas pour la Nature : uniquement pour les générations futures pour qui il faut en quelque sorte limiter la casse.
Voici ce qu’il e expliqué :
« L’enjeu, celui qui nous rassemble, c’est de faire de la France la Nation de l’excellence environnementale. C’est un impératif pour la planète. Comment admettre la dégradation continue des ressources et du patrimoine naturel du monde, comment ne pas voir les effets du réchauffement climatique qui n’est pas une opinion ou une hypothèse, mais un fait scientifique ?
Comment ne pas comprendre que le creusement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres constitue à l’échelle du monde un risque majeur ? Comment rester impassible face aux atteintes irréversibles à la biodiversité ? Comment laisser croître notre dette écologique envers les autres ? La question se résume finalement ainsi : serons-nous solidaires des générations à venir ou trop cupides, trop avides pour laisser à nos enfants un fardeau encore alourdi du poids de nos égoïsmes ?
Cette prise de conscience nous oblige au plus haut sommet de l’Etat, et la France va construire durant les cinq prochaines années une diplomatie environnementale car il y a urgence. Il y a urgence parce qu’il y a eu recul.
Des engagements de réduction des émissions de CO2 avaient été pris à Rio il y a vingt ans ; le protocole de Kyoto pour la période 2008-2012 avait marqué une avancée majeure. Mais depuis, aucun accord international n’est venu prendre le relai de Kyoto. Ni Copenhague en 2009, ni Cancun en 2010, pas davantage Durban en 2011 n’ont permis d’avancées décisives susceptibles de limiter l’augmentation de la température à deux degrés à la fin du siècle. »
En fait, on l’aura compris, ce dont il s’agit, c’est de défendre la possibilité de faire du business :
« Le nouvel ordre commercial que nous devons construire doit être aussi un nouvel ordre écologique. Mais c’est en France que nous devons être exemplaires. D’abord en insufflant un nouvel état d’esprit. Accepter le constat de la fragilité de notre planète, de ses éco systèmes, de sa biodiversité, c’est admettre l’idée que le progrès de l’humanité, à l’heure de la mondialisation, ne peut se concevoir sur les schémas nés de l’ère industrielle du siècle dernier. L’avenir, l’avenir économique, l’avenir productif appartient aux Nations qui l’auront compris. »
Et par conséquent, une exploitation animale modernisée. François Hollande le dit de manière explicite :
« Préserver la biodiversité, c’est protéger les milieux et les habitants ; plus de 30% des 60 000 espèces vivantes sur notre terre sont aujourd’hui menacées. 13% des oiseaux, 35% des mammifères.
Nous devons créer de nouvelles réserves naturelles et faire appliquer la loi.
Préserver la biodiversité, c’est lutter contre la consommation rapide des terres agricoles. Les terres agricoles, c’est un patrimoine commun, pas simplement pour les agriculteurs, pour la capacité que nous devons avoir d’avoir des territoires équilibrés entre les productions animales et végétales. »
Et c’est cela qui émeut Duflot ? On voit bien qu’elle n’est pas écologiste : au lieu de défendre la Nature, elle s’émerveille devant Hollande parlant de protéger « la diversité de nos paysages. »
Le « paysage » est un terme utilisé par les ennemis de la Nature, par ceux qui veulent agencer la vie sauvage comme un décor domestiqué.
Évidemment, on peut s’extasier, si on veut, devant la délirante conclusion de Hollande, délirante car d’une hypocrisie sans limites :
« Je vous remercie donc par votre présence ici, par votre participation, en toute indépendance et par-delà vos sensibilités d’avoir compris que l’enjeu pouvait nous rassembler, nous, la Nation tout entière au service de la planète . »
On croit quand même rêver devant cela.
On notera également que dans son discours de clôture, le lendemain, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a également parlé du « paysage » ; pour le reste il a surtout lancé une nouvelle « chasse au gaspi », comme dans les années 1970, avec en pratique le même mot d’ordre, sauf que cette fois au lieu du « En France on a pas de pétrole, mais on a des idées », on a un le pétrole coûte cher trouvons autre chose.
Car il ne faut pas se voiler la face : la « transition écologique » prôné par Hollande et la « sobriété » prônée par Ayrault, ce sont juste des raccomodages : les vieux logements seront mis à de nouvelles normes, il y aura un peu de solaire par-ci, de la chasse au gaspi par-là, une promotion du « développement durable » dans les écoles et des lois protectionnistes au niveau européen à moyen terme.
Est-ce là quelque chose d’émouvant ? Rien pour la Nature. Les animaux ne sont même pas pris en considération. On a systématiquement de l’anthropocentrisme à tous bouts de champs (« notre biodiversité », etc.).
Rien face à l’urgence. C’est cela le problème.