L’encyclique « Humani generis »

Hier nous parlions  de l’Eglise catholique par rapport au véganisme, voici un petit élément de plus. Humani generis est une encyclique du pape Pie XII, c’est-à-dire un document officiel de l’Eglise catholique, écrit en latin et rappelant les « grands principes » et donnant des directives.

Datant de 1950, elle nous intéresse particulièrement puisque la « nature humaine » y est définie. Les religions accordent toutes un statut particulier aux humains, ce qui est logique puisqu’en fait les religions ne sont que le miroir des humains pour se voir eux-mêmes, à un certain moment de l’histoire.

Or, pour le succès de la libération animale, il faut se débarrasser de l’anthropocentrisme, ce qui n’est possible que si on assume Gaïa. Ce qui n’a rien de religieux, mais est au contraire dans la droite ligne de la science, de la compréhension de la Nature en mouvement, de l’évolution…

La religion catholique refusant cela refuse logiquement l’évolution : l’être humain serait « pur » et aurait toujours existé sous la même forme. S’il évolue, et que tout évolue, comment justifier sa « supériorité » ?

Voici donc un extrait de l’encyclique, avec les aspects les plus importants. On notera au passage que dans l’encyclique, il est expliqué que :

« les théologiens et les philosophes catholiques, auxquels incombe la lourde charge de défendre la vérité divine et humaine et de l’inculquer à toutes les âmes, n’ont pas le droit d’ignorer ni de négliger les systèmes qui s’écartent plus ou moins de la droite voie. Bien plus, il leur faut les connaître à fond »

Il ne faut pas croire que la question animale n’est pas étudiée au Vatican, qui dispose même d’un observatoire de haut niveau et d’un préposé – José Gabriel Funes – à christianiser les extra-terrestres si on en rencontre, en leur apportant le message du Christ (ce qui est surtout une manière offensive d’éviter une remise en cause de la religion si la vie est découverte ailleurs que sur Terre).

L’anthropocentrisme a cela de particulier qu’il est dominant, mais aussi diffus et mutant. Il sait s’adapter, comme on le voit très bien avec l’idéologie des magasins bios (hypocrisie de la viande biologique) ou encore le « welfarisme » qui entend « améliorer » les conditions de l’exploitation animale.

« Quiconque observe attentivement ceux qui sont hors du bercail du Christ découvre sans peine les principales voies sur lesquelles se sont engagés un grand nombre de savants.

En effet, c’est bien eux qui prétendent que le système dit de l’évolution s’applique à l’origine de toutes les choses; or, les preuves de ce système ne sont pas irréfutables même dans le champ limité des sciences naturelles.

Ils l’admettent pourtant sans prudence aucune, sans discernement et on les entend qui professent, avec complaisance et non sans audace, le postulat moniste et panthéiste d’un unique tout fatalement soumis à l’évolution continue.

Or, très précisément, c’est de ce postulat que se servent les partisans du communisme pour faire triompher et propager leur matérialisme dialectique dans le but d’arracher des âmes toute idée de Dieu.

La fiction de cette fameuse évolution, faisant rejeter tout ce qui est absolu, constant et immuable, a ouvert la voie à une philosophie nouvelle aberrante, qui, dépassant l’idéalisme, l’immanentisme et le pragmatisme, s’est nommé existentialisme, parce que, négligeant les essences immuables des choses, elle n’a souci que de l’existence de chacun (…).

Car Dieu a donné à son Eglise, en même temps que les sources sacrées, un magistère vivant pour éclairer et pour dégager ce qui n’est contenu qu’obscurément et comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n’est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l’a confié pour en assurer l’interprétation authentique, mais au seul magistère de l’Eglise (…).

On sait combien l’Eglise estime la raison humaine dans le pouvoir qu’elle a de démontrer avec certitude l’existence d’un Dieu personnel, de prouver victorieusement par les signes divins les fondements de la foi chrétienne elle-même, d’exprimer exactement la loi que le Créateur a inscrite dans l’âme humaine et enfin de parvenir à une certaine intelligence des mystères, qui nous est très fructueuse.

La raison cependant ne pourra remplir tout son office avec aisance et en pleine sécurité que si elle reçoit une formation qui lui est due : c’est-à-dire quand elle est imprégnée de cette philosophie saine qui est pour nous un vrai patrimoine transmis par les siècles du passé chrétien et qui jouit encore d’une autorité d’un ordre supérieur, puisque le magistère de l’Eglise a soumis à la balance de la révélation divine, pour les apprécier, ses principes et ses thèses essentielles qu’avaient peu à peu mis en lumière et définis des hommes de génie (…).

Tout ce que l’esprit humain, adonne à la recherche sincère, peut découvrir de vrai ne peut absolument pas s’opposer à une vérité déjà acquise; Dieu, Souveraine Vérité a créé l’intelligence humaine et la dirige, il faut le dire, non point pour qu’elle puisse opposer chaque jour des nouveautés à ce qui est solidement acquis, mais pour que, ayant rejeté les erreurs qui se seraient insinuées en elle, elle élève progressivement le vrai sur le vrai selon l’ordre et la complexion même que nous discernons dans la nature des choses d’où nous tirons la vérité (…).

C’est pourquoi le magistère de l’Eglise n’interdit pas que la doctrine de l’  » évolution « , dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante – car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu – soit l’objet, dans l’état actuel des sciences et de la théologie d’enquêtes et de débats entre les savants de l’un et de l’autre partis : il faut pourtant que les raisons de chaque opinion, celle des partisans comme celle des adversaires, soient pesées et jugées avec le sérieux, la modération et la retenue qui s’imposent; à cette condition que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l’Eglise à qui le mandat a été confié par le Christ d’interpréter avec autorité les Saintes Ecritures et de protéger les dogmes de la foi.

Cette liberté de discussion, certains cependant la violent trop témérairement : ne se comportent-ils pas comme si l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante était à cette heure absolument certaine et pleinement démontrée par les indices jusqu’ici découverts et par ce que le raisonnement en a déduit; et comme si rien dans les sources de la révélation divine n’imposait sur ce point la plus grande prudence et la plus grande modération. »

C’est évidemment particulièrement rébarbatif. Mais il y a deux idées essentielles : celle comme quoi les humains auraient la capacité de « comprendre » un prétendu message de Dieu, ce qui leur confère un statut particulier.

Et l’idée essentielle à toute religion comme quoi tout est statique, comme quoi la Nature est purement passive, comme quoi finalement… Gaïa n’existe pas.