Des locaux du PS peinturlurés en soutien à la ZAD

Il y a plus de trente ans, le mouvement nucléaire avait rassemblé tout ce qui restait de mouvement contestataire issu de mai-juin 1968. C’est la même chose avec la ZAD en ce moment. C’est cela qui fait que le mouvement a beaucoup d’écho, mais c’est aussi cela qui fait que vient se greffer dessus de nombreuses conceptions et points de vue.

Nous avons déjà parlé de la dimension en partie réactionnaire des vœux d’auto-détermination de gens dont l’idéal est finalement la petite ferme dans le terroir.

Du point de vue des gens trouvant positif le principe de la « décroissance », cette critique que nous faisons est déplacé. Dans notre logique pourtant, quand on est pour l’émancipation, alors on assume la bataille pour l’émancipation en général.

Et là en ce moment, d’une bataille non végane mais avec un contenu écologiste très marqué, on passe à une lutte alternative au véganisme, prônant le repli sur des petites communautés utilisant l’exploitation animale.

Comme illustration de cette question du contenu de la bataille de la ZAD, voici une liste d’actions illégales menées ces derniers jours, à l’encontre de locaux du Parti Socialiste.

Ces actions ont été d’une grande ampleur, et à l’échelle nationale, cela fait justement pratiquement depuis les années 1970 qu’on a pas vu une telle ampleur à ce genre d’actions.

Le porte-parole du Parti Socialiste, David Assouline, est d’ailleurs scandalisé et l’a fait savoir aux médias, car à ses yeux « Aucune pseudo-cause ne peut justifier de tels actes de vandalisme politique. »

Il appelle d’ailleurs à la répression – pour quelques graffitis, au final, en expliquant sur un ton tragique tout à fait ridicule : « Il doit y avoir maintenant une réaction énergique pour arrêter là cette dérive qui constitue une atteinte insupportable à la démocratie. »

La vérité c’est que ces actions dérangent le Parti Socialiste qui prétendait ne pas avoir d’ennemi à gauche, cela dérange son consensus et cela remet en question toute prétention de légitimité à être « simple » et proche des gens, vu que l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est un grand projet du premier ministre Ayrault, maire de Nantes à la base.

La question est bien entendu : y a-t-il un projet alternatif ? Le mouvement portant la ZAD considère que le projet d’auto-suffisance locale suffit en lui-même. De notre point de vue, cela ne marchera pas, car c’est un projet réactionnaire, qui culturellement se fera inévitablement avaler par l’extême-droite.

Ce qui sauve pour l’instant le mouvement, ce n’est pas tant ses valeurs que sa radicalité. Si celle-ci s’atténue, tout cela risque de ne pas peser bien lourd et de se faire engloutir rapidement dans la célébration du « terroir » !

Voici donc une petite liste des actions illégales menées.

Rennes

19 et 26 octobre : A deux reprises en l’espace d’une semaine, des tags anti-aéroport Notre-Dame-des-Landes ont recouvert la vitrine de la permanence du parti socialiste.

Angers

17 octobre : La façade de la fédération du Maine-et-Loire a été la cible de jets d’oeufs et de peinture et l’inscription « Vinci-PS même combat, solidarité ZAD » a été taguée au sol.

Dijon

19 octobre : La permanence PS a été recouverte d’huile de vidange et de tags «Vinci, dégage, PS on t’oublie pas !».

Limoges

21 octobre : La fédération PS de la Haute-Vienne a été recouverte de peinture rose, ainsi que d’un tag « Expulsons les socialistes. »

Besançon

30 octobre : Trois vitres de la permanence PS ont été brisées. Au total, trois tags ont été inscrits sur le local : «ZAD VAINCRA», « Stop AyraultPorc »[sic] et un «(A)», symbole anarchiste.

Tulle

2 novembre : Les murs de la fédération PS de Corrèze, fief de François Hollande, ont été tagués à trois reprises à la peinture noire : « PS = Vinci = CRS », « collabo » et « Non à l’Ayraultport. »

Bordeaux

2 novembre : Les murs de la fédération de Gironde ont été tagués de deux inscriptions à la peinture bleue : « UMP-PS-Vinci dégagent » et « Ayrault vendu. »

La Rochelle

5 novembre : Le sigle ZAD (Zone à défendre), du nom du des groupe qui milite contre le projet d’aéroport, et les inscriptions « Non à l’Ayraultport » et « Tremblez » ont été tagués sur la façade de la permanence des Charentes-Maritimes.

Arles

24 novembre : La permanence du Parti Socialiste d’Arles a été taguée d’un « ZAD vaincra. Mon peuple survivra. On fait voler le PS en éclat ». Michelle Vauzelle, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a condamné un « acte lâche » « qui aurait pu avoir des conséquences plus graves témoigne d’un mépris pour les élus qu’on ne peut admettre. »

Brest

29 octobre : Les locaux de la fédération PS ont été tagués d’inscription de soutien au mouvement anti-aéroport.

Douarnenez

5 novembre : La façade de la permanence du Parti Socialiste a été vandalisée. L’une des deux vitrines a été brisée et sur l’autre a été taguée une inscription à la peinture blanche : « Ayrault-porc [sic], ce n’est pas ça le progrès. »

XXe arrondissement de Paris

22 octobre : La permanence de la députée socialiste de la XVe circonscription, Fanélie Carrey-Conte, a été vandalisée. Plusieurs vitres ont été cassées et des tags comme « pourriture sociale » ou « la ZAD est partout » ont été inscrits

IIIe arrondissement de Paris

7 novembre : Plusieurs tags ont été inscrits sur le sol devant la permanence du PS: « Non à l’Ayrauport » et « PS gare à tes fesses » en rose ou encore « Des légumes pas du bitume » en vert.

V et VIe arrondissements de Paris

2 novembre : Les locaux de la permanence des V et VIe arrondissements ont été dégradés.

XIe arrondissements de Paris

31 octobre : Les locaux de la permanence PS du XIe arrondissement ont été vandalisés.

Métro parisien

Les stations de métro Solferino (le siège du Parti Socialiste n’est pas loin) et Assemblée Nationale ont été grafités de slogans.

Millau

19 octobre : La double porte vitrée de la permanence socialiste a été brisée, vraisemblablement à l’aide d’une machette. Une inscription « Solidarité avec Notre-Dame-des-Landes » signée « Zad » a été taguée sur la façade.