La fameuse citation de Bentham

Voici un très intéressant article de Vean, au sujet de la question de la philosophie utilitariste par rapport aux animaux.

Avant-hier nous avons publié, sans commentaire, une citation de Bentham.

La question n’est pas :

peuvent-ils raisonner ?

ni : peuvent-ils parler ?

mais : peuvent-ils souffrir ?

Il est  nécessaire de revenir sur cette publication, et de donner des explications, car nous voulons être bien compris.

Nous avons eu tort de publier une phrase d’un auteur que nous ne connaissons pas, et,  il faut l’avouer, hors contexte, car nous l’avons recopiée d’une brochure animaliste.

Nous sommes mobiliséEs pour la cause animale parce que les animaux sont des êtres sensibles qui souffrent individuellement et collectivement du sort que leurs font subir les humains, en particulier dans le cadre de la société capitaliste.

Nous sommes d’accord avec Bentham en ce sens : les animaux souffrent. Ceci étant, il est évident pour nous que les animaux peuvent raisonner, et il est certain qu’ils peuvent parler entre individus d’une même espèce voire au delà de leur espèce. Ces faits sont prouvés par la science et toute personne sensible ayant observé des animaux en groupe ne peut qu’être convaincue de cela.

Bentham a donc tort, et nous le savions en reprenant la citation. Mais Jérémy Bentham (1749-1832) a l’excuse d’être d’un autre siècle, d’une époque historique moins avancée scientifiquement que la notre.

Mais alors, pourquoi avoir cité cette phrase, si Bentham a tort?

La réponse est que nous avons compris la chose comme cela : il n’est pas nécessaire d’avoir la certitude qu’un animal puisse raisonner, il n’est pas nécessaire d’être convaincu qu’un animal puisse parler, pour s’abstenir de le faire souffrir. Car tous les animaux sont des êtres sensibles à la douleur, qu’elle soit morale ou physique.

Trop de personnes, y compris parfois dans le milieu militant, ne sont révoltées que parce que les animaux opprimés, emprisonnés, torturés et assassinés ont des caractéristiques humaines. Pour ces personnes, tel animal est digne d’intérêt (à l’exclusion d’un autre) parce qu’il est d’une intelligence rare, ou parce qu’ »il ne lui manque que la parole ».

Combien d’opposants à l’hippophagie mangent-ils la chair du poulet? Combien d’opposants à la corrida chassent-ils les mouches chez eux à grands coup d’insecticide?

Nous avons été touchéEs par cet argument de Bentham : la souffrance existe, même chez les animaux qui nous semblent éloignés de l’espèce humaine. Mais là encore, à bien y réfléchir, nous avons eu tort.

Et c’est Bentham qui nous a mis dans le mur.

Jérémy Bentham est un penseur, et il a inventé un courant de pensée appelé « utilitarisme ». Pour ce courant de pensée, toute chose doit être jugée en fonction des conséquences qu’elle a. Une chose est positive, ou négative, non pas en elle-même, mais en fonction des conséquences qu’elle a.

Si on applique ce principe à la cause animale, la mise à mort d’un animal doit être évaluée en fonction des conséquences qu’a l’acte de mise à mort.

On se trouve alors à entrer dans les considérations sur la souffrance de l’animal, comme cela était le cas il y a quelques mois avec le débat autour de l’abattage rituel des animaux. Si on suit la logique utilitariste de Bentham, le fait de tuer un animal est plus acceptable sans souffrance.

C’est cette idée de Bentham qui a inspiré le courant « welfariste » qui cherche à réduire les souffrances des animaux.

A VEAN,  nous voulons la liberté pour les animaux!

La nature a une valeur en elle-même. Les animaux ne méritent pas notre respect parce que dans le cas contraire, ils souffrent.  En réalité, les animaux doivent être respectés car ils sont vivants.

Il faut corriger la citation :

La question n’est pas :
peuvent-ils raisonner ?
ni : peuvent-ils parler ?
ni même : peuvent-ils souffrir ?
mais : sont-ils vivants ?