Prendre les oeufs des poules relève de l’exploitation animale

Hier, nous parlions de L214, qui mène campagne notamment pour que la chaîne de distribution Monoprix stoppe de vendre des œufs de batterie.

Nous voulons parler justement de la question des œufs, qui revient de manière récurrente comme source de critique du véganisme. L’idée formulée à l’encontre du véganisme est en effet parfois la suivante :

a) les poules pondent des œufs de manière régulière ;

b) si les poules n’ont pas rencontré de coqs auparavant et eu des rapports sexuels, alors les œufs pondus ne sont pas fécondés ;

c) par conséquent, il n’y aurait pas de dommage pour la poule à prendre son œuf qui, de toutes manières, ne servirait à rien sinon.

Cela est faux de bout en bout, voici pourquoi. En fait, la raison est très simple, et semble échapper aux personnes critiquant le véganisme en prétextant que les œufs ce serait « moral », « naturel », etc.

Cette raison, c’est que les poules… sont des oiseaux. Et par conséquent, les poules savent voler. Cela signifie que, nécessairement, pour utiliser des poules « pondeuses », il y a deux alternatives :

a) les mutiler ;

b) les enfermer.

Il est évident ici que ces deux méthodes, incontournables pour « conserver » des poules « pondeuses » (sans qu’elles ne s’enfuient), relèvent absolument de l’exploitation animale.

On ne peut pas dire que quelque chose est « naturel » et « indolore » alors que la poule est placée dans un environnement décidé par l’être humain pour son propre intérêt. Et ne parlons pas de la mutilation, pratique courante chez les éleveurs « amateurs », c’est-à-dire ceux qu’il faut appeler des petits capitalistes s’appuyant sur l’exploitation animale.

Voici justement la définition donnée par Wikipédia de ce qu’on appelle l’éjointage.

L’éjointage est une pratique qui consiste à couper les rémiges des oiseaux, voire le bout de l’aile, afin de les empêcher de voler.

Les éleveurs de volailles domestiques (pintades, canards, oies…) utilisent cette technique pour empêcher les oiseaux de s’échapper. Cette pratique est également utilisée pour la chasse aux gibiers d’eau : un canard d’élevage est lâché au centre d’un plan d’eau, afin d’attirer les canards sauvages, tandis que les chasseurs restent à l’affût.

L’éjointage se pratique sur les oisillons de moins d’une semaine sans quoi l’hémorragie est importante. Il faut amputer l’oisillon au niveau du métacarpe ce qui le rend définitivement incapable de voler une fois adulte.

En France, cette pratique a été interdite pour les appelants [animaux utilisés par les chasseurs pour en attirer d’autres – NDLR] depuis décembre 2005 par le Conseil d’État en s’appuyant sur l’article 8 de la directive oiseaux qui interdit la mutilation d’oiseaux.

Cette décision fait suite à l’arrêt du 16 avril 1999 de la même cour annulant une circulaire de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage qui autorisait l’éjointage des appelants et la chasse de nuit. Seule la taille des rémiges, qui doit être renouvelée après chaque mue, est jugée compatible avec la directive Oiseaux.

On notera bien entendu que « l’éjointage » – un horrible terme « technique » pour ce qui est en fait une mutilation – est pratiquée sur les oisillons et les canetons, c’est-à-dire des bébés animaux !

Voici justement comment un site d’éleveurs présente cela :

En pratique, on tient le jeune oiseau dans le creux de la main, tout en saisissant l’aile à amputer entre le pouce et l’index de manière à effectuer un effet garrot. De l’autre main, on sectionne l’aile d’une manière franche et rapide.

Cette « manière franche et rapide » fait froid dans le dos.

Comme fait froid dans le dos l’hypocrisie des « petits producteurs », y compris « alternatifs » comme ceux installés dans le sud de la France. Cela se veut opposé à la grande industrie et au capitalisme, mais cela n’hésite pas à prendre un bébé oiseau pour le mutiler.

Ou bien à enfermer des animaux, les rendant captifs pour utiliser des œufs qui, sinon, ne « serviraient » à rien…

Notons ici l’hypocrisie assez incroyable de comment un éleveur justifie cette pratique :

Tout dabord, cest évident, pour éviter de perdre des animaux. Pour la plupart, ces échappés mourront dans un milieu inadapté et hostile. Ensuite, et cest un aspect peut-être moins connu, pour éviter dintroduire dans la nature des animaux exotiques.

Le même éleveur, de manière hallucinante, explique au sujet de « l’éjointage » :

Les avis divergent la plupart des éleveurs conseillent de le faire à lâge de 10-15 jours. Je considère qu’il est préférable de pratiquer léjointage à la sortie de l’incubation. Les animaux ne sont manipulés quune fois et, à cet âge, ils ne sentent rien et ne saignent pas.

Il est ici dit explicitement qu’un bébé oiseau ne sent rien ! Il faut avoir ici atteint le fond du fond du rejet complet de la réalité pour oser expliquer une chose pareille.

On peut lire, toujours du même éleveur, cette explication qui fait froid dans le dos…

Certains conseillent toute une panoplie : rasoir, bistouri électrique, fil électrique chauffant, etc. Il existe même dans le commerce des outils spéciaux. Personnellement, j’utilise une paire de ciseaux tout à fait ordinaire.

A LTD, nous pensons que l’humanité peut dépasser le stade où elle en est à utiliser un rasoir ou un bistouri électrique pour mutiler un oisillon… Qu’elle peut au contraire admirer cet oisillon, et protéger la vie sur toute la planète, parce qu’elle peut disposer de la compréhension de cette réalité.

Cependant, ce n’est pas tout. Il existe des moyens de contourner l’éjointage, car l’exploitation animale considère que cela coûte cher. Pour cela, sont utilisées les méthodes suivantes :

a) utiliser des grillages pour empêcher les oiseaux de s’enfuir

b) pratiquer une sélection afin que les animaux soient dans l’incapacité de voler en raison de surpoids, d’un problème génétique, etc.

c) tailler (deux fois par an) les plumes d’une aile, afin de déséquilibrer toute tentative de vol.

Cela signifie que même la petite exploitation animale qui n’utilise pas l’éjointage a intégré cette démarche de manière industrielle en faisant en sorte que son résultat soit là dès le départ !

L’exploitation de poules pondeuses va forcément de pair avec l’enfermement et / ou la mutilation et / ou la sélection selon des critères d’utilité décidés par l’exploitation animale.

Voilà la simple réalité ; appeler à consommer des œufs bio, c’est clairement participer à l’exploitation animale. La réalité présentée dans l’excellent film Chicken Run est ce qu’elle est : un enfermement, un emprisonnement, l’exploitation, la mort !