Interview du Vegan Black Metal Chef

Nous avions parlé de sa première recette: le vegan black metal chef vient de sortir une autre vidéo, toujours aussi délirante, où il cuisine toujours dans une atmosphère typiquement black metal. Voici une interview de lui republiée sur le site de la TV Quécoise (elle n’est donc pas de nous, nous le précisons car d’habitude c’est le cas). Pour voir les vidéos du Vegan Black Metal Chef, il suffit d’aller sur sa page youtube.

Il y a de cela un an, Brian Manowitz a mis sur YouTube le premier épisode de sa série culinaire Vegan Black Metal Chef, un clip de 14 minutes où il cuisine du pad thai végétalien avec une narration de chant criard et une atmosphère de black métal en portant du maquillage corporel, une cotte de mailles et une armure d’épines végétaliennes. Sa vidéo a atteint la marque du million de visionnements.

Manowitz, qui a deux groupes de métal en Floride, a mis en ligne le deuxième épisode de son émission (voir ci-dessous) où il écrase des pommes de terre avec une massue et prépare des légumes sur un autel pentagramme. Qu’est-ce que le succès de cette vidéo virale dévoile à propos du futur de la télévision culinaire? Nous ne le savons pas.

Le constat est que Brian Manowitz sait comment faire rire les gens en exploitant le côté kitsch et théâtral du black métal dans le contexte aseptisé de la télévision culinaire. Nous avons parlé au seigneur des ténèbres du végétalisme dans sa maison d’Orlando et lui avons demandé comment il a construit son décor de cuisine métal, s’il a des groupies, et s’il croit que son succès durera.

Pensiez-vous que votre premier épisode atteindrait la marque d’un million de visionnements?
Non. Bien sûr, je voulais qu’il soit populaire et j’y ai mis beaucoup de temps, mais je n’avais aucune idée que ce serait si rapide.

Pensez-vous que votre succès sera éphémère ou durable?
Le deuxième épisode est sorti et il est déjà couronné de succès. Ce n’est pas qu’une blague. Si c’était une blague, l’affaire se serait essoufflée après une minute et demi dans la première vidéo.

L’accent est mis sur l’enseignement de bonnes recettes végétaliennes et sur la bonne musique, et je crois que si on continue sur cette lancée, on continuera à avoir du succès. Je prends très au sérieux musicalement le black métal que je fais, mais si on ne peut pas y voir l’humour, on doit moins prendre la vie au sérieux. L’émission parle à trois types de personnes se prenant trop au sérieux : les chefs culinaires, les végétaliens et les métalleux, et on se moque d’eux.

Expliquez-nous comment vous créez un épisode.
Ce que je fais, c’est avoir une idée et faire une vidéo à partir de cette idée. Je fais tout cela moi-même. J’ai une petite caméra digitale Canon SLR avec un trépied et un écran pivotant où je peux me voir. Le tournage prend beaucoup de temps, certes. Je crois commencer pendant la nuit pour éviter qu’il y ait des rayons de soleil dans la vidéo, et je termine habituellement au milieu de la nuit, soit à quatre ou cinq heures du matin. J’essaie d’en faire le montage autant que possible, puis je fais la musique. L’audio prend entre dix et quinze jours à faire. Je mets le micro devant l’ordinateur et chante pendant que la vidéo joue. Je fais absolument tout, c’est la production d’un seul homme.

Quelle expérience culinaire avez-vous? Êtes-vous un chef professionnel?

Non. J’ai appris à l’école de l’expérimentation et je veux vraiment manger de la nourriture qui goûte très bon. J’aime vraiment cuisiner, et c’est quelque chose à laquelle je crois exceller. Je suis végétalien depuis onze ans. J’ai commencé ma première année d’université, je n’étais pas végétalien ou végétarien avant cela, mais j’avais une copine au secondaire qui est devenue végétarienne. J’ai cru que c’était bien, mais que ce n’était pas tout à fait pour moi encore. Lentement, j’ai pris plus conscience de mes gestes et de ce que je mange et je suis devenu végétalien.

Comment décririez-vous l’approche culinaire du Vegan Black Metal Chef?
Premièrement, j’aime que le goût soit très bon à condition que les ingrédients soient dénués de cruauté animale. On examine chaque couche de subtilité et on met beaucoup d’intention et d’énergie dans le processus culinaire, ce qui influence les aspects plus subtiles de la cuisine et ce qu’on met dans notre corps. C’est cela qui influence ma philosophie culinaire en général.

Parlez-nous de votre cuisine. Est-ce qu’elle a toujours été un antre au style métal ou l’avez-vous décorée pour en faire un plateau de tournage?
J’ai dû tout la décorer. Lorsque je me suis dit : «Hé, je vais le faire», la préparation et le décor m’ont pris environ un mois. J’ai fait plusieurs marchés aux puces et antiquaires pour trouver des trucs pas chers.

Vous l’avez donc peinte en noire et remplie de vieux trucs?
[Rires] Oui, c’est cela, juste un tas de vieux trucs. J’ai un ami, qui est aussi dans un de mes groupes, qui travaille comme cascadeur sur des films et s’y connaît un peu en design de décor, et il m’a aidé à construire le mur de château en arrière-plan dans ma deuxième vidéo. Sinon, nous avons trouvé du caoutchouc dans une usine, puis nous l’avons coupé et clouté pour les meubles. C’est génial parce qu’honnêtement, c’est à cela que je voulais que ma cuisine ressemble. En incluant tout, cela m’a coûté environ 250 dollars.

Si on en juge par le succès extrêmement viral de votre émission, où se dirige la cuisine à la télévision?
Ce qui est drôle, c’est que je n’ai même pas de télé alors je ne regarde pas vraiment d’émissions de cuisine. De ce que j’ai vu de ces émissions récemment, je ne pense pas manquer grand chose. Je crois que mon succès est plutôt drôle, il en dévoile beaucoup. Une des choses que j’essaie de faire avec l’émission est de ne pas avoir une liste fixe de recettes et d’ingrédients. Certes, je pense que les proportions sont importantes, mais je crois que la cuisine est avant tout un processus créatif et expressif duquel on en tire une œuvre. Si nous suivons une recette stricte, nous imposons notre œuvre à autrui sans lui permettre de créer. Internet est le médium tendance par défaut parce que n’importe quel «jackass» avec un costume de style black métal et une caméra peut se montrer et faire une émission de cuisine.

Quel est donc le but ultime de votre émission?

J’irai où elle me mènera, en autant que ce soit juste et intègre : le moment où quelque chose perd en intégrité, c’est terminé. Honnêtement, MTV m’ont contacté pour faire quelque chose, mais ils ne savent pas quoi encore. Ils m’ont demandé des suggestions, mais rien n’est fait encore. Je ne dévoilerai pas tout ce que j’ai dit à MTV, mais l’émission aurait certainement une nouvelle formule.

Je ne suis pas intéressé à faire une émission de cuisine seulement pour exploiter la «gimmick». Bien sûr, cette «gimmick» est ce qui fait rire les gens, et à mon avis, le rire est intégral au spiritualisme de la chose. Il y a un philosophe qui a dit que lorsqu’on rit, on ne pense pas, alors dans l’état de rire notre soi ultime a la chance de se dévoiler pendant quelques instants sans que la conscience se mette dans son chemin. Si nous n’avions que la «gimmick» de l’humour, nous nous essoufflerions très rapidement.

Avez-vous des groupies?
J’ai reçu plus de demandes en mariage le mois dernier que je n’aurais jamais cru recevoir. (J’ai déjà une femme.)