Rétropédalage maximum de Brigitte Bardot

Bardot est allée trop loin, comme nous le constations il y a trois jours (Bardot l’identitaire face à la France anti-animaux). Alors il lui a fallu – mais elle a été aidée, c’est évident – pratiquer un rétropédalage complet.

Il est évident que ce texte est le produit d’un long brainstorming dans un esprit marketing. La moindre ligne est soupesée afin de déminer. Poutine ? C’était pour défendre l’ours polaire ? Hollande ? Elle n’a rien contre lui, mais il serait trop mou ! La mise en avant du halal et du casher ? C’est pour que la société évolue !

Finalement, toute l’attitude de Bardot n’aurait été qu’un « coup de gueule », afin de frapper les esprits…. A d’autres ! Comme nous l’avions constaté, les positions de Bardot sont parfaitement cohérentes avec ses valeurs, qui ne sont pas celles de la libération animale.

Mais cette lettre, bien entendu, vise à rassurer, dans une vaste opération marketing, les véritables amiEs des animaux qui pouvaient avoir des illusions sur Bardot et qui ont été, forcément, choqué par ses dernières sorties.

Le message qu’elle fait passer : Bardot aurait juste poussé « un cri du coeur » ! Mais nous nous disons : en 2013, alors que le véganisme est une démarche pratiquable, ne pas en parler est de la part de Bardot hautement révélateur d’un discours populiste coupé de la réalité et ses exigences.

Bardot prétend vouloir des « résultats pour les animaux », mais le seul résultat que l’on peut et doit revendiquer en ce domaine, c’est la libération animale !

Voici donc le texte de ce rétropédalage complet, rendu public par le nouvel Observateur.

La protection animale est ma seule politique !

Le 7 janvier 2013, notre présidente Brigitte Bardot publie une tribune dans le Nouvel Obs.

Pour avoir menacé de quitter ce pays que je ne reconnais plus, on me traite de vieille folle, d’hystérique ou je ne sais quoi. Depuis plus de 60 ans je suis traînée dans la boue, on me crache dessus parce que je dérange la morale des bien-pensants, jusqu’à ce « con Bendit » qui souhaiterait m’envoyer dans un camp de concentration ou une prison de Sibérie… Mais qu’a-t-il fait cet imbécile d’écolo pour les animaux ? Rien. D’ailleurs il n’a rien d’un écolo, juste un opportuniste qui passe du rouge au vert en se foutant pas mal des valeurs qui devraient être défendues par le mouvement écologiste si mal représenté en France.

Alors oui, j’en ai ras-le-bol de ce pays où les « grands » se foutent comme de l’an 40 de la souffrance animale que je combats depuis si longtemps et que je combattrai jusqu’à mon dernier souffle, et au-delà même grâce à ma Fondation, reconnue d’utilité publique, qui me survivra et continuera à porter le flambeau de la protection animale.

En attendant je suis vivante, bien vivante, même si cela dérange, alors je n’ai pas l’intention de baisser les bras et de laisser ces deux éléphantes se faire abattre près de Lyon parce qu’elles sont potentiellement tuberculeuses. Je demande une contre-expertise, ce n’est quand même pas l’impossible, d’autant que ma Fondation est prête à participer au coût des soins à apporter aux animaux comme elle le fait souvent dans des cas similaires.

Ces pauvres bêtes ont été esclaves du cirque Pinder pour lequel je n’ai aucune sympathie, ce combat je le mène pour elles et uniquement pour elles, alors on a le devoir de leur épargner la mort et de leur offrir une fin de vie digne, ce n’est pas un cadeau c’est un dû.

Et si je suis en colère contre le gouvernement actuel et contre notre Président, là encore ce n’est pas par choix politique car si François Hollande faisait un geste pour améliorer le sort des animaux en France je serais la première en le remercier publiquement, je suis en colère car son équipe traite par le mépris toutes nos interventions, et elles sont nombreuses.

Face à la généralisation de l’égorgement des bêtes dans nos abattoirs, sans étourdissement préalable, j’ai saisi le Président de la République et son ministre de l’Agriculture. Hollande ne m’a pas raconté d’histoires comme l’a fait Sarkozy mais il n’a rien fait du tout ce qui n’est pas plus glorieux. En attendant, chaque jour, des millions d’animaux se font trancher la gorge dans des conditions ignobles, en France, pour répondre à la demande du halal et du casher mais surtout pour approvisionner tous les circuits sans aucun étiquetage.

C’est une horreur, une honte, et c’est d’autant plus insupportable que j’ai obtenu le soutien du recteur de la Mosquée de Paris, le Docteur Dalil Boubakeur, qui m’a reçue et m’a assurée que rien dans le Coran n’impose l’égorgement des bêtes à vif… Alors évoluons, sortons de la barbarie !

Je ne suis pas la seule, Sylvie Rocard qui est administrateur de ma Fondation a également écrit à Stéphane Le Foll, pourtant ami de Michel Rocard, mais là encore c’est le silence total, le mépris le plus complet, c’est inacceptable.

Voilà ce qu’est la France aujourd’hui, le pays de l’UE qui sacrifie le plus grand nombre d’animaux chaque année dans des laboratoires de recherche, où les chasseurs font la loi et où les opposants n’ont pas la liberté de s’opposer justement aux tueurs qui pillent la nature, la France est un immense cimetière animalier où la corrida est encensée par des ministres, cette torture immonde qui fait honte à l’Espagne et qu’on nous impose comme on nous impose aussi l’Aïd-el-Kebir, ce sacrifice rituel cruel qui fait de la France une terre de non droit où n’importe qui fait n’importe quoi en toute impunité, alors oui, ce pays me fait honte, me fait vomir !

Mais si j’ai tellement mal au cœur face à cette décadence, ce bordel généralisé, c’est d’abord parce que j’aime la France et que je ne supporte pas de voir ce je-m’en-foutisme s’imposer devant toutes les situations d’urgence que je dénonce et qui ne reçoivent aucune réponse en retour. Je demande à mon pays de soutenir les Etats-Unis, comme l’a fait la Russie, pour protéger l’ours polaire et le classer à l’Annexe 1 de la CITES*, mais rien, aucune réponse de la ministre de l’Ecologie qu’on entend d’ailleurs jamais intervenir sur quoi que ce soit…

Alors ce coup de gueule contre le gouvernement et notre Président c’est d’abord un cri du cœur et une supplique pour que mon combat en faveur des animaux soit entendu, soutenu, et non plus ridiculisé par des ministres comme l’a fait Benoît Hamon qui ne me connait pas mais qui se permet de sortir des imbécilités déplacées.

Peut-être que François Hollande va enfin sortir de son hibernation, que ses ministres vont se mettre au travail, je ne demande que cela et mon équipe est prête à travailler à leurs côtés, j’en ai ma claque des polémiques je veux obtenir des résultats pour les animaux, c’est mon seul combat, le seul sens que je veux donner à ma vie.

Brigitte Bardot

* Convention sur le Commerce International des espèces sauvages menacées d’extinction (la Fondation Brigitte Bardot participera, du 3 au 14 mars 2013 à Bangkok, à la seizième session de la Conférence des Parties).