« Les Roms sont des animaux »

En Hongrie, l’homme politique Zsolt Bayer, l’un des fondateurs du parti au pouvoir en hongrie (et une personnalité très proche du président de ce pays), a tenu des propos qui relèvent très précisément de ce que nous appelons le social-darwinisme.

Ses propos ont été tellement violents qu’ils n’ont pas été traduits de manière complète dans les médias français. Ce n’est pas étonnant : en France, de telles opinions existent dans une grande mesure dans la société.

Voici ce qu’a dit Zsolt Bayer, dans la Gazette hongroise (Magyar Hirlap) :

« Les Roms sont des animaux, et ils se comportent comme des animaux. Ils veulent tout de suite baiser ceux qu’ils voient à l’instant même. S’ils rencontrent de la résistance, ils tuent. Ils chient, quand et là ils en ont envie. S’ils se sentent empêcher de cela, ils assassinent. »

« Et c’est là qu’on a le plus grand péché de la partie idiote, politiquement correct du monde occidental : par pur calcul et par intérêt, il fait comme si l’on devait respecter ces animaux, comme si leur revenait de la dignité humaine. »

« Ils ne devraient pas exister, ces animaux. On doit se débarrasser d’eux, par tous les moyens » !

Ce qu’on a là, c’est l’appel à l’extermination des plus faibles, extermination allant systématiquement de pair avec l’assimilation aux animaux, comme si justement les animaux seraient des ennemis dans une grande bataille social-darwiniste pour la suprématie planétaire.

C’est l’idéologie des films Alien, Les dents de la mer, Les oiseaux, etc. C’est l’idéologie nazie, dont d’ailleurs Zsolt Bayer n’est pas loin puisqu’il est déjà connu pour ses diatribes antisémites (expliquant par exemple que les juifs hongrois « mouchaient leurs nez dans les piscines de la Hongrie », etc.).

La situation en Hongrie est connue pour être catastrophique. Des personnalités artistiques hongroises avaient déjà lancé un appel en 2011, intitulé « Aux artistes d’Europe et du monde », signé notamment par le pianiste Andras Schiff et le chef d’orchestre Ádám Fischer, où il est expliqué que « la vie quotidienne de la Hongrie est marquée d’une manière terrifiante par le racisme contre les Roms, l’homophobie et l’antisémitisme. »

La compréhension de ce phénomène est incontournable quand on est végan. Car lorsque apparaît une idéologie exterminatrice, entendant résumer le monde à un affrontement du fort contre les faibles qui seraient des « parasites », la question animale est aux premières loges.

Il n’y a pas 36 visions du monde possible, en effet. Soit on considère que la Nature est « méchante », hostile, qu’elle se résume au combat perpétuel du fort contre le faible, pour la survie et la suprématie. Soit on considère que la Nature est un système, en construction peut-être, une grande combinaison où la vie appelle la vie, où tout devient inter-relié de manière toujours plus complexe – ce qu’on appelle Gaïa.

Lorsque nous avons critiqué la scène punk française comme réactionnaire pour avoir laissé passé une chanson anti-vegan, une personne nous a reproché de ne pas connaître la Nature, nous demandant si nous avions déjà observé celle-ci, car y régnerait la pire cruauté, etc. Sans le savoir, cette personne tient le même discours que les fachos.

Car le social-darwinisme, c’est l’idéologie de la guerre de tous contre tous, de chacun contre chacun, avec le fort affirmant sa puissance, sa supériorité, son « droit à la vie. »

Dans les citations de l’homme politique hongrois, on reconnaît ce principe de « supériorité », cette conception exterminatrice, car le « faible » doit disparaître, pour permettre au fort de s’affirmer le plus largement possible.

Inévitablement, on a le mépris le plus complet pour les animaux qui va avec, car les animaux non-humains sont considérés comme ayant été en « concurrence » et ayant été vaincus.

Par conséquent, toute « race » vaincue rejoint le sort des animaux, et ne mérite que l’esclavage ou l’extermination.

Ce qui fait que sont tout autant réactionnaires les propos défendant les Roms en expliquant qu’ils ne seraient pas des animaux : cela défend les Roms mais cela maintient le principe social-darwiniste.

En fait, toute personne progressiste ne peut pas faire autrement qu’être végan, car c’est l’affirmation du refus du social-darwinisme, c’est une position absolument élémentaire pour qui refuse le fascisme et la guerre de tous contre tous !