« Les êtres humains sont dotés d’une âme immortelle et sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est pourquoi, il existe des dimensions de l’existence humaine qui vont au-delà des limites des compétences des sciences naturelles.
Si l’on dépasse ces limites, il existe un risque sérieux que la dignité et l’inviolabilité de la vie humaine deviennent subordonnées à des considérations purement utilitaristes. »
Tel est un extrait du message du pape Benoît XVI aux participants du congrès international « Adult Stem Cells, Science and the future of Man and Culture. »
Et cela n’a l’air de rien, mais il y a toute une idéologie qui est ici plaquée sur la Nature, et qui est au cœur de la manifestation anti-mariage homosexuel d’hier à Paris.
Pour les athées, dont nous par conséquent, la Nature est production, elle est tout un système et rien ne vient de rien, tout se transforme. La vie est un processus global, où tout s’appuie sur tout.
Bien entendu, dans la Nature il y a souvent de la violence, mais ce n’est qu’un aspect car la tendance est à l’entente et l’entraide, la vie appelant la vie et non pas la mort.
Évidemment, pour des gens bornés cela semble « mystique », mais ce qui est mystique, c’est de s’imaginer que l’humanité serait, pour on ne sait quelle raison, sortie de la Nature. D’ailleurs, les idéologies de Descartes ou de Freud ont besoin pour justifier cela d’inventer quelque chose : l’âme, l’inconscient, etc.
Et ils disent que ce petit quelque chose fait que l’humanité est totalement sortie ou différente de ce qu’ils appellent « l’animalité. »
L’Église catholique, qui a été hier en pointe du mouvement contre le mariage des gays et des lesbiennes, fait exactement de même. A la Nature qui se produit elle-même, à la vie qui se produit elle-même, elle oppose le principe de création.
L’idée est simple : Dieu est à l’origine de la création de l’humanité, donc l’humanité doit obéir à un « ordre naturel divin » et elle-même donne la vie par une « création. »
Rappelons que le principe de création s’oppose totalement à celui de production: la création se fait toujours « ex nihilo », à partir de rien, comme lorsqu’il est dit: Dieu dit: que la lumière soit!, et la lumière fut.
On est là vraiment dans le magique. Voici par exemple ce que dit l’un des documents les plus importants du catéchisme catholique :
« Tandis qu’ils se donnent l’un à l’autre, les époux donnent au-delà d’eux-mêmes un être réel, l’enfant. » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction « Donum vitae » sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation).
L’enfant est vivant et la vie est « magique », c’est un « don » de Dieu. Pour cette raison, le couple est censé reproduire ce « don. »
Voici ce que dit par exemple Jean-Paul II :
« L’acte par lequel les conjoints mettent en œuvre les conditions pour qu’une nouvelle personne existe est le seul et même acte par lequel ils se témoignent réciproquement de leur amour et de leur don. » (Jean-Paul II, Exhortation post synodale Familiaris consortio, 1981, n°14)
La conclusion de cela est que l’Eglise catholique refuse tout ce qui n’apparaît pas comme étant ce don, et par conséquent non seulement le mariage homosexuel, mais également la procréation médicale assistée.
L’Église catholique rejette, très logiquement vu son raisonnement, toutes formes d’inséminations et de fécondations artificielles concernant les êtres humains, car cela sort du « don. »
Naturellement, on voit très bien que de l’autre côté l’Eglise catholique accepte tout ce qui est artificiel pour ce qui touche à l’exploitation animale. Il y a bien quelques réticences ici et là sur les modifications génétiques, mais jamais l’Eglise ne critiquera la sélection faite par les éleveurs, le caractère non naturel au possible des élevages, etc.!
Seule l’humanité se verrait doté d’une vraie dignité et d’un pouvoir magique. On est dans l’anthropocentrisme le plus complet, avec le masque de Dieu.
Pour parler de manière magique comme Olivier Bonnewijn, prêtre du diocèse de Malines-Bruxelles et professeur d’éthique à l’Institut Théologique de Bruxelles :
« L’union conjugale possède une beauté, une lumière, une valeur et une signification infinies. Parmi ses fruits, il en est un de particulièrement prodigieux : la procréation d’une nouvelle personne. »
Tout cela pour dire qu’il est bien triste justement que l’homosexualité ne soit pas reconnue comme naturelle par des gens sans préjugés à l’encontre de l’homosexualité, mais réduite à une question « sociale. »
C’est non seulement abandonner le terrain de la Nature et basculer dans une mystique « sociale », mais c’est également laisser à l’Église la possibilité d’émettre des critiques ayant l’air justes en apparence.
Aucune personne sérieuse ne peut en effet accepter le principe des « mères porteuses », une réalité particulièrement glauque et odieuse. Or, c’est justement l’Eglise qui intervient le plus souvent pour critiquer ce principe, l’assimilant à tout le reste…
De la même manière, le droit à l’avortement est une conquête féministe, pour autant cela ne veut nullement dire qu’il faille considérer le corps humain comme une machine et réduire un bébé naissant à un simple déchet.
Il y a là une négation mécanique de la vie, tout à fait dans l’esprit d’un capitalisme victorieux, mais totalement éloigné du respect pour la vie. Et là encore l’Eglise a le champ large pour raconter tout et n’importe quoi et faire de l’avortement une question de « défense de la vie » fondée sur le chantage, la culpabilité, l’irrationalisme, l’anti-féminisme…
Des milliards d’êtres vivants meurent chaque année et l’Eglise prétend défendre la vie, chose « magique » et par contre respectable que si elle est humaine. N’y a-t-il pas là une contradiction ô combien facile à comprendre pour qui a compris le véganisme ?
Et le véganisme n’est-il pas alors un formidable appui pour la reconnaissance de l’homosexualité, réalité naturelle produite par Mère Nature ?
La volonté de protéger la vie, de la défendre, cette réalité au coeur du véganisme, n’est-elle pas le meilleur appui pour revendiquer le droit à l’adoption des personnes homosexuelles, le droit à la procréation médicale assistée pour les lesbiennes?