La consommation de cocaïne a augmenté de 50 % en cinq ans

« Au cours des cinq dernières années, la consommation de cocaïne dans notre pays a augmenté de 50 %. » C’est un constat absolument terrifiant fait hier par la ministre des affaires sociales et de la santé lors du débat parlementaire concernant l’ouverture d’une « salle de shoot » expérimentale à Paris, à côté de la Gare du Nord.

Dans l’ordre des choses, cette question de la cocaïne devrait faire la une des journaux, cela devrait être une question culturelle de grande importance, mais au lieu de cela, il n’y a rien du tout. Le racisme, cette autre drogue, est bien plus utile pour les médias et les populistes, car finalement que tout soit anesthésié socialement en France arrange beaucoup de monde…

Voici le débat parlementaire retranscrit, pour bien montrer l’idéologie sous-jacente à la « dénonciation » des drogués et inversement l’urgence sanitaire, avec des socialistes qui jouent les pompiers en se voilant la face.

Nous avons de notre côté déjà exprimé notre position, et nous le rappelons, car c’est important : nous sommes contre toutes les drogues, mais nous ne pratiquons pas le social-darwinisme, nous sommes pour aider les personnes basculant dans les drogues, pas les ostraciser, ni nier les origines sociales des dépendances.

Nous sommes pour que dans les couches populaires il y ait une prise de conscience sur l’emprise des drogues (la chanson culture et dépendances est un bon exemple) et nous savons que la fuite dans les religions ne permet pas de dépasser les causes de la prise de drogues.

Nous sommes conscientEs de la terrible situation dans les prisons, nous sommes conscientEs du populisme conservateur sur la question des drogues et des salles de shoot… et nous savons quelle est la seule option : la culture positive, straight edge, vegan straight edge !

Expérimentation d’une salle de shoot à Paris

M. le président. La parole est à M. Philippe Goujon, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.

M. Philippe Goujon. Monsieur le Premier ministre, la nécessité d’amener des toxicomanes (« Ah ! » sur les bancs du groupe SRC) à quitter le chemin de souffrance et de désespérance qui les conduit inéluctablement à la détresse et à la maladie est une conviction que nous partageons tous. Mais les sortir de la drogue, ce n’est pas les accompagner dans la drogue, prétendument proprement, et encore moins leur en faciliter l’accès. C’est pourtant ce que vous avez décidé hier, en autorisant l’expérimentation d’une salle de shoot à Paris,…

Plusieurs députés du groupe UMP. Scandaleux !

M. Philippe Goujon. …aveu tragique de vos insuffisances en matière de santé publique. Tout médecin sait bien que nulle intoxication ne peut être traitée par le produit qui l’a créée.

La première priorité est de réduire la consommation, et non de l’organiser. Le seul objectif médical est le sevrage, qui doit bien entendu aller de pair avec la réduction des risques, ce qui ne saurait conduire à installer le confort des addictions et à rendre l’usage incitatif.

Vous prenez le risque d’aggraver la toxicomanie par la banalisation de la drogue (« Oh ! » sur les bancs du groupe SRC), dispensée sous la supervision de l’État – pour un coût d’un million d’euros par salle de shoot – et premier pas vers la légalisation. En légitimant ainsi l’usage de la drogue, vous faites douter de votre détermination à lutter contre le trafic (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) et vous envoyez un message contradictoire aux éducateurs et aux familles, comme aux milliers d’usagers qui cherchent à rompre avec leur addiction.

Alors que votre ministre de l’intérieur a affirmé à juste titre « qu’en matière de lutte contre la drogue, les interdits sont essentiels », est-il besoin de vous rappeler que la loi française punit ceux qui facilitent l’usage de stupéfiants ? Monsieur le Premier ministre, l’État et la ville de Paris se mettront-ils hors-la-loi ? Vous apprêtez-vous, en violation des conventions internationales et de la loi française, à dépénaliser l’usage de la drogue ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur plusieurs bancs du groupe UDI.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé.

Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé. Monsieur le député, en effet, le Premier ministre a confirmé hier qu’il répondait favorablement à la demande de la ville de Paris (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et écologiste) de permettre l’expérimentation d’une salle de consommation réduite (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI) dans le 10e arrondissement de la capitale. Il s’agit de procéder à une expérimentation, qui sera suivie d’une évaluation et prend appui sur les expériences menées dans de très nombreux pays, en Europe et ailleurs, notamment en Espagne, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg et au Canada.

Il ne s’agit pas de banaliser l’usage de la drogue. (Mêmes mouvements.)

M. le président. S’il vous plaît, mes chers collègues !

Mme Marisol Touraine, ministre. Nous vous le répétons, le Gouvernement affirme très fortement qu’il n’y a aucune tolérance à avoir à l’égard des trafiquants et de la consommation de drogue.

M. Christian Jacob. Soyez cohérents, alors !

Mme Marisol Touraine, ministre. Le bilan en matière de drogue, n’est pas si réjouissant que l’on puisse ne pas en tenir compte. (Protestations sur les bancs des groupes UMP et UDI.) Au cours des cinq dernières années,…

M. Jean Glavany. C’est vous !

Mme Marisol Touraine, ministre. …la consommation de cocaïne dans notre pays a augmenté de 50 %. (Mêmes mouvements.) Comment faut-il répondre à ce phénomène, monsieur le député ? Par l’idéologie ou par la volonté de soigner et d’accompagner ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP. – Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

Le Gouvernement fait le choix d’une politique de dignité, parce que les personnes concernées sont les plus précarisées et les plus marginalisées. Il fait le choix d’une politique de santé publique, pour accompagner et soigner, et d’une politique de sécurité, pour que les voisins, les enfants, ne soient pas gênés (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI) par la présence de seringues dans la rue.

M. Philippe Vitel. Vous vous enfoncez !

Mme Marisol Touraine, ministre. Monsieur le député, vous faites le choix de l’idéologie ; nous faisons celui de la santé publique ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP. – Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)