« Anti-spéciste » sans être végan?!

Comme nous parlions hier du véganisme « intégrable » dans le paysage institutionnel, dans une interprétation bobo, voici une petite citation illustrant cette philosophie.

Elle est tirée d’un article, il en s’agit d’ailleurs de la conclusion, de Anne-Sophie Novel, sur un blog du monde (elle-même est « spécialisée » dans l’écologie, les initiatives « alternatives », etc.).

Si l’homme est devenu ce qu’il est aujourd’hui en consommant de la viande, il lui est aussi possible aujourd’hui être anti-spéciste et plus raisonnable sans forcément devenir végétarien/végétalien. A quand de vraies mesures et un vrai débat sur le sujet ?

Cette citation veut absolument tout dire. Le véganisme sans le véganisme, tel est l’objectif des bobos, qui comptent bien intégrer coûte que coûte la question animale.

De manière fort juste, la personne à l’origine de cette citation appelle à la rescousse le très médiatique Michel Onfray. Ce philosophe libéral – libertaire est très utile pour ces gens, car il se veut athée mais rejette la Nature.

C’est-à-dire que c’est un philosophe qui « modernise » la pensée de Descartes, sans la renverser. Il est pour s’ouvrir aux animaux, mais en maintenant leur statut « à part », tout en prétendant avoir une attitude différente.

Là où l’antispécisme allemand se revendique d’Adorno et exige une rupture immédiate avec une « totalité aliénante », assimilant le meurtre industriel de l’exploitation animale à Auschwitz, Michel Onfray prône une rébellion libérale de l’individu aliéné… La révolte verbale de l’antispéciste mangeant du foie gras !

Voici des réponses significatives qu’il donne à deux questions qu’on lui pose dans une interview mise en avant par la personne du blog du Monde :

Au-delà du combat juridique, comment pourrions-nous introduire plus de respect dans la façon dont l’homme traite les animaux ?

En étant exemplaire dans la punition des mauvais traitements infligés aux animaux… Mais aussi en éduquant.

En popularisant le débat qui inviterait à réfléchir au sujet du statut des animaux dans notre société. En faisant entendre une voix pacifique, raisonnable et militante pour défendre les animaux.

En se désolidarisant des outrances de certains discours de militants qui assimilent la batterie de poulets d’élevages (une abjection morale…) au système concentrationnaire nazi.

L’homme est devenu ce qu’il est aujourd’hui en consommant de la viande (les paléo-anthropologues estiment que la consommation de viande a permis le développement du cerveau de l’hominidé, et notre dentition aurait aussi évolué avec la modification de notre régime alimentaire)… Peut-on donc être anti-spéciste et ne pas être végétarien/végétalien ?

Vous posez une question importante… Je ressens pour ma part une contradiction (or, comme j’essaie de travailler à la cohérence de mon existence, je la ressens avec énervement…) dans le fait de penser ce que je pense et de manger tout de même de la viande.

Même si je n’achète jamais de viande pour moi, il m’arrive d’en acheter pour des amis auxquels je fais à manger – ou pour ma compagne qui en mange, alors que je préfère le poisson – qui , je ne l’ignore pas, est aussi un animal… Mais on parle aussi de viande de poisson…

Au restaurant, je mange toujours du poisson. Mais j’aime le foie gras, ce qui, je le sais, est une hérésie quand on pense ce que je pense et que l’on sait qu’il a fallu faire souffrir un animal par le gavage… Le comble pour un hédoniste…

La viande n’est pas seulement un aliment, elle est aussi un symbole et parfois un symbole festif  dont ne se défait pas facilement : le chapon ou la dinde de Noël, les huîtres (des animaux mangés vivants et tout crus…)  et le foie gras des fêtes, le poulet rôti ou le gigot des familles du dimanche, la côte de boeuf grillée ou les merguez des repas de copains…

Je suis victime de la logique perverse que je décris, ce qui nomme tout cru, si je puis me permettre l’expression, l’aliénation !

Il faut être « raisonnable » et athée : en réalité, c’est contradictoire, car la « raison » relève de l’esprit et considérer qu’il y a un « esprit » c’est faire de l’être humain un être « pensant », ayant un « esprit », une « âme », etc.

Le véritable athéisme ne distingue pas le corps et l’esprit, il appelle à être soi-même, naturel, et certainement pas… « raisonnable » !

Face à l’exploitation animale, il ne faut pas être raisonnable avec Descartes, il faut être plein d’émotion, en insurrection pour la Nature !