Game of thrones et l’éloge de la barbarie

Nous avons souvent parlé de cette tendance à l’apologie du terroir, qui est naturellement une menace terrible planant sur la prise de conscience du véganisme et de la Nature.

Comment pousser les gens à aller de l’avant, si en même temps il y a une intense propagande expliquant que c’était mieux avant ?

Nous avons à ce sujet souvent mentionné le rôle pernicieux des films dont le scénario est une mise en avant d’une communauté idéale, plutôt agraire, ethniquement homogène (pour autant que cette expression ait un sens), pseudo égalitaire, etc.

On y trouve systématiquement développé la thèse comme quoi l’exploitation animale à petite échelle est correcte, naturelle, dans l’ordre des choses, etc. Cette fantaisie de pacotille, on la retrouve bien entendu à Notre-Dame-des-landes, mais aussi dans la série Game of Thrones / Le trône de fer, qui fait un tabac en ce moment.

Car malheureusement, c’est dans l’air du temps, et cela se reflète dans ce qui intéresse les gens, sur leur démarche, leur manière de voir le monde.

Le succès de Game of thrones est ici très révélateur. La série, qui fait un tabac, est fondée sur le sexe et la violence, dans un monde où tout change tout le temps et apparaît comme incompréhensible… avec cependant quelques valeurs « éternelles », bien entendu totalement anti-vegan.

Afin de recréer une ambiance faussement médiévale, pas moins de 31 000m² de « fourrures » et de « cuir » ont été utilisées, rien que pour la saison 3 qui vient de sortir…

Il n’est guère surprenant que les bobos des inrockuptibles, dans leur dernier numéro, trouvent cela très bien. Voici par exemple l’apologie malsaine du meurtre d’animaux :

Il ne faut pas croire que cela s’arrête aux animaux. Dans une société tendant au social-darwinisme, tous les faibles sont visés. C’est une tendance générale, propre à une époque, car l’exploitation animale fait partie de la société dans son ensemble, ce n’est pas un élément isolé.

Que dire d’une société qui présente cela comme si de rien n’était? Et des gens qui regardent cela comme si de rien n’était?

Le paradoxe de cet éloge du culte de la force de l’époque barbare est aussi que cela forme toute une culture qui, à travers la démarche racoleuse avec beaucoup de sexe et de violence, se veut ultra-moderne, ou comme on dit, « tendance. »

C’est glauque, mais cela marche, ou plutôt c’est glauque et donc ça marche. C’est un reflet de l’impression que donne la société… mais alors pourquoi s’y complaire, au lieu de refuser un bloc? C’est une tendance très négative, et évidemment les gens pauvres ne deviendront pas vegans tant qu’ils considéreront que leur seule alternative (en plus, irréaliste) est de devenir riche individuellement par tous les moyens, c’est-à-dire de rejoindre les rois du système au lieu d’abolir celui-ci.

Ainsi, le succès d’une série comme Game of thrones témoigne largement que les choses ne vont pas dans ce sens. Ce qui prédomine, c’est la fuite dans un monde imaginaire, et en plus ce monde imaginaire reflète le nôtre ! C’est triste. Et là où cela nous concerne directement, c’est l’influence néfaste sur ce que nous mettons en avant.

Quand la vie n’a pas de sens, et aussi très peu de valeur, comme le montre Game of thrones, comment s’étonner des abandons d’animaux (dits « de compagnie »), ou bien de la paralysie populaire par rapport à la réalité de l’exploitation animale?

« Il faut ce qu’il faut », dit cyniquement, voilà le leitmotiv qui revient…

Il ne faut pas s’étonner après si, après une telle propagande, le véganisme apparaît comme une proposition décalée, « hippie », revenant à un « ressentiment » de la part de faibles, pour parler comme Nietzsche.

Pourtant, et évidemment, la défense des animaux (tout comme des « faibles ») est la condition obligée pour que l’humanité soit éclairée et sorte de la barbarie (où elle s’enfonce d’ailleurs toujours plus).

La barbarie saluée par Game of thrones doit être un douloureux rappel de tout un chacun ayant conscience de ce qui est nécessaire de faire… et vite !