« Nous le faisons dans l’intérêt des animaux. Pour nous, c’est la suite logique d’un élevage ‘humain' »

Les abattoirs sont des lieux cloîtrés et fermés, où tout ce qu’il se passe dedans relève presque du top secret. Et à juste titre, si les consommateurs voyaient ce qu’il s’y passe, ils auraient une autre vision de la consommation de « viande »…

Comme la réalité de ces lieux se connaît de plus en plus, il y a des tentatives de changer les apparences. Avec la mode du biologique, de l’écologique, des consommateurs à l’esprit bobo, se croyant ainsi responsables et « éthiques », veulent manger de la « bonne viande ». De la « viande » issue d’un animal qui n’a pas souffert.

Le texte ci-dessous, présente une ferme du nord de l’Allemagne qui a bien compris ce raisonnement et propose donc de tuer les bovidés sur leur lieu de vie. Ou du moins, sur leur lieu d’exploitation! L’animal est tué par un chasseur, en tirant directement dans la tête, et il mourrait sur le coup : « Notre principal objectif est de faire en sorte que les animaux meurent là où ils ont vécu, et sans stress« .

A lire cette phrase, on comprend qu’il s’agit pour ces gens de faire croire que tout cela serait un acte de générosité et de pur respect… Dans cette démarche hypocrite, tuer un être vivant en pleine santé, qui a la vie devant lui, sur son lieu de vie et sans stress, n’est qu’un moyen idéal pour rassurer les consommateurs en mal de bonne conscience, voilà tout.

La réalité est que l’animal voit sa vie s’arrêter parce qu’une société consumériste avide de toujours plus de viande, de toujours plus d’exploitation, le décide.

Cela se passe en l’occurrence dans une ferme biologique (en Allemagne), et cela montre parfaitement l’hypocrisie abjecte de l’élevage biologique, car la finalité reste la même, malgré la fausse prétendue bonne volonté, comme quand il est dit: « Nous le faisons dans l’intérêt des animaux. Pour nous, c’est la suite logique d’un élevage ‘humain’  »

Tout cela vise à masquer l’exploitation, la mise à mort de l’animal afin de le manger. Car l’intérêt des animaux c’est la vie… pas une mise à mort « humaine »!

Prétendre que cette manière de faire n’occasionnerait pas de stress, et jouer sur le fait que c’est ainsi respectueux de l’animal, est juste ignoble et purement faux. Respecter une vie ce n’est pas la tuer « en douceur », ce n’est pas faire semblant d’avoir de l’égard pour elle alors qu’on va la supprimer plus ou moins rapidement!

Tous les coups sont bons pour pouvoir continuer à manger les animaux ; stress ou pas, souffrance ou pas, l’animal est exploité dès sa naissance, réduit à l’état d’objet de consommation et meurt sous la main de l’être humain.

Nous ajoutons deux images sous le texte, à titre d’exemple, qui illustrent parfaitement la mauvaise foi dont fait preuve l’industrie de l’élevage biologique, qui est un capitalisme comme un autre. Il s’agit de deux publicités d’une grande enseigne de magasins biologiques.

Alternative aux abattoirs: tirer sur les bêtes dans leur habitat

Les animaux tués dans des abattoirs doivent endurer un énorme supplice. Une ferme du nord de l’Allemagne propose une alternative: tirer sur les bêtes dans leur habitat. Beaucoup estiment que la méthode permet d’éliminer le stress des bêtes, écrit Der Spiegel.

Ce matin là, sept vaches Galloway pesant chacune facilement une demi-tonne, sortent de leur abri en bois pour aller brouter tranquillement. En entendant les coups de feu, les vaches lèvent brièvement la tête, surprises par le bruit, mais continuent presque aussitôt à brouter. La mort d’un jeune boeuf ne semble pas particulièrement les perturber. À peine une minute plus tard, le boeuf abattu est retiré par un tracteur situé à quelques mètres de là et le sang est récupéré dans un seau.

La mort a frappé à deux reprises ce jour là dans cette ferme biologique de Schleswig. Chaque étape du procédé est effectué avec fluidité et dans le calme. Moins d’une heure après le début de l’opération, une remorque contenant les deux animaux sans vie quitte la ferme, direction l’abattoir local.

« Tout se passe vite et de façon fluide ». Après les deux coups de feu, Stefanie Retz, 28 ans, s’accroupit près des animaux morts pour vérifier qu’ils ne montrent plus de réflexes ou de signes de vie. « Avec ce froid et cette humidité, c’est facile de s’aperçevoir qu’elles ne respirent plus; on ne voit plus de condensation devant leurs naseaux », explique-t-elle. Stefanie Retz, scientifique agricole (université Kassel) mène une étude avec Katrin Juliane Schiffer et les agriculteurs de cette ferme biologique.

Une mort sans stress

« Notre principal objectif est de faire en sorte que les animaux meurent là où ils ont vécu, et sans stress ». D’autant plus que ces bêtes n’ont pas l’habitude d’être confinées dans des espaces réduits.

L’alternative de cette ferme est une « méthode coup de feu, adaptée et optimisée » en collaboration avec les chercheurs de l’université de Kassel, comme l’explique Gerd Kämmer, directeur commercial.

La distance maximale entre la vache et le tireur, positionné dans une cachette de chasseur surélevée, est de 10 mètres. Les bêtes connaissent le champ et y sont donc habituées; leur dernier jour débute comme n’importe quel autre jour.

Le tireur doit en règle générale attendre pendant quelques minutes avant qu’une des vaches ne se trouve au bon endroit. « Le tireur doit connaître l’anatomie des vaches et être en mesure de viser un certain endroit du front afin que l’animal soit tué sur le coup », explique Mme Retz. « Ce n’est pas une opération accessible à n’importe quel chasseur amateur ».

Les chercheurs ont assisté à plus de quarante opérations. « D’après nos résultats, les vaches ne souffrent pas ». De plus, étonnamment, les autres vaches ne paniquent pas en voyant tomber l’une des leurs.

Intérêt des agriculteurs

Depuis le mois de novembre, les agriculteurs allemands peuvent faire une demande auprès de leur vétérinaire pour obtenir la permission de tirer sur leur bête et de les saigner directement sur place.

Dans la profession, l’intérêt pour cette méthode est immense mais la méthode semble ne pas toujours bien fonctionner. « Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de tireurs ne sont pas réguliers dans leurs résultats. Dans certains cas, le tireur ne réussissait qu’un coup sur quatre », raconte Martin von Wenzlawowicz, vétérinaire.

Beaucoup demandent des contrôles plus stricts. « Si ce n’est pas fait correctement, mieux vaut ne pas le faire du tout », conseille le vétérinaire participant à l’étude.

M.Kämmer n’est pas inquiet. Depuis que les gens ont entendu dire que ces vaches étaient tuées sans subir le moindre stress, les ventes ont augmenté. « Tout à coup de nouveaux clients sont apparus », raconte M.Kämmer.

Une fois que l’étude sera terminée, la ferme envisage de continuer la méthode. « Nous le faisons dans l’intérêt des animaux. Pour nous, c’est la suite logique d’un élevage ‘humain’. »