« Escale à Bornéo »

On ne soulignera jamais assez l’ignominie de la propagande effectuée en direction des enfants de la part de l’exploitation animale. Ce qu’on a pu voir hier sur France 5 est une véritable démonstration de ce genre manipulateur et littéralement ordurier.

Dans la série télévisée « Les Sauvenature » (rediffusée très partiellement ici), on voit une famille qui parcourt le monde pétri de bons sentiments, mais toujours dans le respect des lois, des mœurs, de l’idéologie dominante, depuis le cirque jusqu’à… la destruction des forêts primaires à Bornéo afin de produire de l’huile de palme.

Hier, en effet, c’est à Bornéo que se déroulait l’épisode « Escale à Bornéo » (qui dure un peu plus de dix minutes). Les enfants de la famille découvrent un bébé orang-outan blessé par balles, dans une forêt décimée.

La famille le récupère, et tente de le placer. On est déjà placé dès le départ sous l’angle de la compassion typiquement chrétienne, c’est-à-dire individuelle, fondée sur le hasard, quasiment le « signe » (j’étais là pour le sauver, etc.).

La famille va alors cacher le bébé singe dans un hôtel, un enfant s’amusant avec lui: on voit la configuration, totalement dénaturée.

Pendant ce temps, la famille interviewe alors un patron d’une production d’huile de palme qui explique qu’il est triste, mais qu’il n’a pas le choix. Il demande en effet aux enfants : « êtes-vous prêts à arrêter le chocolat, les gâteaux, les céréales… ? »

Il leur remet alors l’adresse d’un refuge pour orang-outan, et la famille y va après être allé recherché le singe.

Seulement le refuge doit fermer le lendemain, pour cause de manque d’argent!

Les enfants qui ont leur blog (c’est un élément central dans la série) font alors une demande de dons. Puis un mystérieux personnage donne beaucoup d’argent au tout dernier moment, alors que les bulldozers sont déjà là, prêts à détruire le refuge !

Et qui est le généreux donateur, bien sûr ? Le patron de la production d’huile de palme, qui explique : « j’ai été touché par votre reportage. Je vais continuer à produire de l’huile de palme, mais Bornéo est mon île et je l’aime, je ne veux pas que les Orang-outan disparaissent. Voilà pourquoi j’ai donné pour le refuge. »

L’épisode se termine là-dessus, sur cette perspective d’esprit chrétien: on y peut rien, à part mettre un peu de sien, à son échelle, etc. Et à côté de l’acceptation de la destruction – la forêt est ainsi réduite aux orang-outans – il y a la mise en valeur des zoos, car en fait de refuge il s’agit d’un intermédiaire pour les zoos, ce qui est d’ailleurs dit dans l’épisode, et même pas d’un sanctuaire!

On retrouve ici toute l’hypocrisie ambiante sur la question si importante de l’huile de palme. Cet épisode s’imagine critique, mais en fait il reflète totalement l’idéologie dominante! C’est l’exact inverse du film Green, qu’il faut impérativement diffuser.

Cet épisode des « Sauvenature » est une mise en avant de l’exploitation, de l’enfermement, de la rébellion individuelle qui prend les choses finalement pas si au sérieux que cela!