Pour aider les animaux de la SPA de Beauvais

Les refuges animaliers sont débordés, c’est pour cette raison que sur la Terre d’abord, il est toujours rabâché – encore et encore – à quel point il est indispensable d’adopter, de faire du bénévolat et de la prévention (en mettant en avant la stérilisation par exemple). Le forum Rescue, par exemple, publie tous les jours, à n’en plus finir, des annonces d’adoption pour chiens, chats, rongeurs, oiseaux etc.

Or, la plupart des SPA sont des associations qui ne subsistent que grâce aux subventions et aux dons. Le personnel est composé d’une petite poignée de personnes salariées et surtout de bénévoles, qui vont aider sur leur temps libre. L’Etat n’aide en rien – et naturellement les raisons sont faciles à comprendre: la place est libre pour l’exploitation animale.

Donc, la situation des SPA est grave, catastrophique. Cela marche souvent avec des bouts de ficelle, avec l’abnégation, le don de soi. Parfois la situation devient par contre intenable, tellement grave, comme celle en ce moment de la SPA de Beauvais. Cette SPA, comme le relate cet article du Courrier Picard, a décidé de lancer une opération terriblement révélatrice de la situation catastrophique que subissent les animaux « de compagnie ».

Ceux-ci vont être « bradés. » Le terme est terrifiant. Réfléchissons à ce qu’il y a derrière: la situation est très grave, et la SPA de Beauvais a pensé: on peut effectivement réduire les coûts d’une adoption plutôt que de tuer un animal.

Ceci étant, il y a de nombreux problèmes qui se posent.  Déjà, si le suivi post-adoption était présent, il y aurait certainement moins d’abandons, et la culture de l’adoption en sortirait renforcée. Officiellement les associations proposant l’adoption ont un droit de regard, en pratique il n’y a aucun suivi et aucune information, alors que cela pourrait être facile, surtout avec internet.

Dans certains cas cela pose encore plus problème, par exemple lorsqu’un animal est perturbé par un abandon, par une arrivée en refuge, puis un départ vers un autre lieu d’accueil. Par ailleurs, si dans la maison des adoptantE il y a d’autres animaux, le nouvel animal aura besoin d’un temps d’adaptation plus ou moins long. Et ça le personnel des refuges ne met pas en garde les personnes adoptantes, qui doivent pourtant avoir la patience d’attendre que le nouvel arrivé prenne ses marques. Ce manque de patience – à critiquer bien sûr – se manifeste parfois par un retour à la case départ pour l’animal : le refuge-prison.

A cela s’ajoute un autre terrible problème. Evidemment les frais d’adoption servent à rembourser les frais vétérinaires (stérilisation, identification et autres), l’alimentation, ces frais d’adoption restent élevés. Cependant, cela n’est pas pour faire du bénéfice: c’est le reflet de véritables coûts. Les gens qui adoptent doivent avoir conscience que les frais de vétérinaires peuvent monter très haut et cela très vite!

Si l’ on dit qu’on « brade », alors c’est qu’on pouvait « brader »… Alors qu’en réalité, derrière ce sont les bénévoles et les dons qui vont rattraper le coup! Si les gens n’en ont pas conscience, cela contribue aux illusions sur le caractère « marchandise » des animaux…

Voici l’article du Courrier Picard; inutile de s’attarder sur le terme « bradés » employé par l’auteur de ce texte qui veut faire dans le sensationnel au lieu de saisir le fond le fond du problème, où les animaux souffrent à cause de l’irresponsabilité ambiante et généralisée :

Les chats bradés à moitié prix

La Société protectrice des animaux de Beauvais « casse les prix » pour éviter d’avoir à euthanasier des animaux. Durant cette semaine, les chats sont vendus à moitié prix.

En trois quarts d’heure, on vient de nous apporter huit chatons », annonce, dépitée, Françoise L’Hoste, présidente de la SPA de Beauvais.

La chatterie de l’association affiche archi-complet : « On déborde, il y a 40 chats dans la chatterie alors que normalement on ne peut en accueillir que 30, explique la présidente, il faut aussi compter les 39 qui sont à la fourrière, la zone de transit entre le moment où les félins arrivent, avant de rejoindre la chatterie. Et enfin douze sont placés dans des familles d’accueil. Ça ne peut plus continuer, il faut désengorger la chatterie. À l’heure actuelle, on ne peut plus accueillir de bêtes, les chats qui arriveront devront être euthanasiés », affirme, la mort dans l’âme, Françoise L’Hoste.

Comment expliquer ces arrivages massifs de chats ? « C’est la période des chatons, souligne la présidente, les propriétaires de chattes ne pensent pas à les stériliser, ça devient vraiment problématique pour nous. Et puis la crise se ressent aussi, encore plus cette année que les années précédentes, les gens n’ont plus d’argent pour s’occuper d’un animal de compagnie. »

Une autre raison est aussi avancée : deux refuges ont fermé dernièrement, à Bury et Montdidier. « Or, toutes les mairies doivent signer des conventions avec des refuges. Depuis ces fermetures, on a signé 125 conventions avec des mairies, dont des grosses villes comme Chantilly, Creil ou encore Nogent, souligne la présidente. Aujourd’hui, nous sommes le refuge de 325 communes. »

Lors de son récent déménagement, la SPA de Beauvais n’aurait-elle pas vu trop petit ? « Ce n’est pas le problème, si on agrandissait, on pourrait accueillir plus d’animaux mais ce n’est pas pour cela qu’il y aura plus d’adoptions. On en serait au même point. »

Une offre exceptionnelle pour attirer les futurs maîtres

Alors, aux grands maux les grands remèdes, Françoise L’Hoste et son équipe ont lancé, depuis samedi, une opération exceptionnelle : « Jusqu’au week-end prochain, tous les chats adultes seront vendus à 75 euros au lieu des 150 euros habituellement demandés. On perd de l’argent mais on ne peut pas faire autrement. »

Pour 75 euros, les nouveaux propriétaires pourront donc repartir avec un matou en bonne santé, pucé et vacciné. Une offre qui pour l’instant concerne les chats adultes qui ont moins de chances d’être adoptés que les chatons. Pourtant, ils ont des avantages : « Nous connaissons leur caractère, s’il vous en faut un câlin ou plutôt un indépendant, on peut vous orienter. Un chaton, c’est difficile de savoir quel genre de chat il sera plus grand, son caractère n’est pas encore affirmé. » Alors avis aux amateurs, Lee, le gentil pot de colle, Noiraud, le joueur et bien d’autres félins attendent impatiemment des nouveaux maîtres…
HÉLÈNE GRAFFEUILLE

Renseignements au 03 44 48 02 50 ou sur place au 55, rue de la Cavée- aux-Pierres à Beauvais, du lundi au dimanche de 10 h 30 à 12 heures et 14 heures à 17 h 30.

Ici, il y a débat. Certains pensent que les gens adopteront par bon coeur, et qu’ils paieront le vétérinaire au cas où. Les prix de l’adoption les bloquaient. D’autres pensent qu’au contraire, cela renforce de manière unilatérale la dimension « jetable » de l’animal. C’est une question très compliquée, avec beaucoup d’aspects.

Mais, dans tous les cas, que les prix d’adoption baissent est peut-être une bonne chose pour pousser à l’adoption, sauf que les propos de la responsable du refuge piquent les yeux lorsqu’on lit que « Jusqu’au week-end prochain, tous les chats adultes seront vendus à 75 euros au lieu des 150 euros habituellement demandés. ».

« Vendus », elle parle de biens de consommation ou d’êtres dans le besoin ?

On vend des objets dans les commerces, pour se faire de l’argent ; les refuges n’ont pas pour but le business mais le placement d’animaux. Réduire les frais d’adoption, afin d’aider au placement des adultes, des âgés, c’est un acte normal – bien que terrible car cela montre bien qu’il y a trop peu d’adoptions face aux abandons, qui eux ne font qu’augmenter – mais tourner cet acte, qui part d’un bon principe, en marchandage, là ça devient malsain.

Il y a là un glissement très mauvais, et inévitable quand on n’assume pas la libération animale. Même s’il est évident que le désarroi des bénévoles (ou l’erreur de transcription des journalistes) a pris le dessus, car sur la page d’accueil du refuge on y lit que :

UN ANIMAL N’EST PAS UN JOUET

Vous souhaitez abandonner votre animal… posez-vous quelques questions
Voici une petite liste des raisons, évoquées par des personnes lorsqu’elles viennent abandonner leur jouet devenu obsolète :

– Déménagement : un animal sera bien plus heureux en appartement avec ses maîtres qu’en box.

– Départ en vacances : si vous vous y prenez suffisamment à l’avance, vous trouverez sûrement une pension ou un dog-sitter.

– Allergie : vous êtes-vous renseigné sur les nombreuses thérapies très efficaces ?

– Arrivée d’un enfant : que ferez-vous de celui-ci à l’arrivée d’un deuxième enfant ?

– Plus de temps pour s’en occuper : le temps, on le trouve forcément. Une journée compte 24h, votre animal ne vous en demande qu’une environ.

– Perte de poils : brossez-vous votre animal régulièrement ?

– Il est trop vieux maintenant, il ne nous amuse plus : vos grands-parents ont intérêt à se faire du soucis.

– Il aboie trop : un chien n’aboie jamais sans raison, à vous de l’éduquer pour que l’aboiement ne soit pas continu.

– Il est tombé malade : mince c’est vivant ces machins ?

– Il a fait des bêtises : jouez-vous assez avec lui, le sortez-vous assez souvent ?

– Raisons familiales : justification la plus souvent donnée, elle ne signifie rien à part que les maîtres ont suffisamment honte pour ne pas donner la vrai raison mais pas assez pour abandonner leur animal

L’abandon reste un geste banal pour beaucoup de personnes, l’animal est considéré comme un jouet, lorsqu’il ne sert plus, lorsque l’on s’en lasse, lorsqu’il est cassé, on s’en sépare.
Ca fait mal sur le coup, on pleure puis on oublie. Oui, mais le jouet abandonné lui n’oublie pas, son monde s’écroule, ceux à qui il avait donné sa confiance le trahissent et il ne le comprend pas, il espère, attend mais, non, ils ne reviennent pas.

Face à cette situation désespérante, les mots ont leur importance, l’impact du discours est primordial. Ce n’est pas parce que la responsable du refuge aura parlé de « vente » d’un animal que les adoptions s’arrêteront, mais quand on côtoie au quotidien des êtres psychologiquement blessés, il s’agit d’avoir un minimum de respect pour eux.

Un animal ne se vend pas, il s’adopte. Les mots ont toute leur importance et c’est tomber de Charybde en Scylla que de chercher des solutions pragmatiques.

Rappelons pour finir qu’à défaut de pouvoir adopter (et c’est un devoir pour les personnes véganes!), il y a la possibilité de faire du bénévolat, de faire un don au refuge, ou de parrainer un animal. Les dons sont déductibles d’impôt à 50 %. « La SPA de Beauvais est une association loi 1901 créée en mars 1957, dont l’objectif est d’améliorer le sort des  animaux qui lui sont confiés et de favoriser leur placement dans un nouveau foyer chaleureux. »