Delphine Batho, une politicienne qui utilise l’écologie

Le budget du ministère de l’écologie a baissé de 7 % et la ministre qui a fait part de son mécontentement a été « limogée. » Regardons comment tout cela s’est passé, maintenant qu’on peut avoir un bon aperçu de cela, ce qui est nécessaire pour bien voir les hypocrisies ici et là.

Car il faut déjà voir que la ministre de l’Environnement Delphine Batho n’avait rien dit lorsque le budget de l’État a été préparé, à part sur quelques points (par exemple sur la sécurité du nucléaire, ou sur la biodiversité).

Tout cela a été une surprise pour elle, ou tout au moins une semi-surprise. Car cela fait plusieurs mois que des ministres ont des propos très critiques sur leur propre gouvernement. Delphine Batho pensait pouvoir faire son faux pas…

Elle ne s’attendait pas à être viré, tellement c’est la cacophonie au gouvernement. Sauf que sa petite phrase a frappé les esprits :

« C’est vrai que c’est un mauvais budget. »

Pourquoi ? Parce que l’écologie, c’est un thème explosif. C’est un thème nié, mis de côté, mais tout le monde sait bien que c’est la grande question du 21ème siècle. Dans ce domaine, il faut garder le silence, à tout prix, ou bien ne balancer que des « bonnes nouvelles. »

C’est ce que Ségolène Royal a expliqué en disant de manière simple :

« L’écologie ne se résume pas à un budget. »

Exact : cela se résume à de la poudre aux yeux, comparé aux exigences de notre temps. Delphine Batho a joué avec le feu et risque de faire sortir le spectre de l’écologie, et quand il va s’exprimer il va faire très mal… Il va faire pas moins que littéralement faire sauter toute l’idéologie dominante.

Quand l’écologie va se concrétiser comme forme culturelle, cela ne fera pas dans la demi-mesure, ce sera pour la libération de la Terre… Ce sera : ou bien la planète doit redevenir bleue et verte, ou bien le triomphe complet du béton, entre les deux il n’y a rien…

Et justement il faut voir ici que Delphine Batho n’est pas une écologiste radicale, même pas une écologiste historique : c’est une spécialiste de la « sécurité » !

Pur produit de la gauche version années 1980 (SOS racisme, FIDL, etc.), elle a rejoint le bloc « sécuritaire » du Parti Socialiste (Ségolène Royal, Julien Dray…), devenant la spécialiste « sécurité » du PS !

Elle a beau jeu de se présenter comme quelqu’un de limogé en raison de sa volonté d’une part moins grande du nucléaire… Accusant même certains « lobbys » industriels, afin de se revaloriser politiquement, en lien avec EELV…

Voici en effet ce qu’a dit Batho :

«Certaines puissances économiques n’acceptaient pas le niveau d’ambition que je fixais pour la transition énergétique (…) Ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête, mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n’y seraient pas parvenues. »

« Est-il normal que le patron de l’entreprise Vallourec directement intéressé par l’exploitation des gaz de schiste ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l’avance devant des responsables de son entreprise aux USA? De quelles informations disposait-il pour le savoir? Comment se fait-il que des conseillers de Matignon et de l’Élysée disent du mal de moi dans la presse? »

C’est cela dont il s’agit, et le magazine économique « Challenges » explique l’arrière-plan de cela :

« Le mois dernier, lors d’un voyage aux Etats-Unis, le président du directoire de Vallourec, Philippe Crouzet, avait dit devant l’état-major américain de son groupe, qu’elle était “un vrai désastre”. »

Philippe Crouzet, qui est aussi l’époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet de François Hollande, avait ajouté que le problème Batho était en passé d’être réglé, car son influence au gouvernement allait désormais décroître. Un propos prémonitoire qui montre que cela faisait belle lurette que la ministre de l’Ecologie n’était plus en odeur de sainteté auprès des proches du président. »

Comme on le voit, on est là dans une « tambouille » politique, pas dans du contenu. Car ce n’est pas tout, car Batho a aussi expliqué cela :

« Ce que je n’accepte pas, c’est le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l’extrême-droite. »

« Ce dont il est question, ce n’est pas d’un poste ministériel, c’est du droit de ma génération à avoir des espoirs et à agir. Le temps est venu de reprendre la main du changement, j’appelle la gauche à un sursaut en faveur de l’écologie de l’espoir et des générations futures. »

« Ce que je n’accepte pas, c’est l’abandon le fatalisme le renoncement à l’espoir du 6 mai. »

L’écologie de l’espoir ? Cela ne veut rien dire. Delphine Batho se place du côté de chez EELV, voilà tout. Elle prévoit déjà un nouveau gouvernement, elle se place, grâce à l’écologie, mais sans assumer aucun contenu.

Le seul qui n’est pas dupe, peut-être, dans cette histoire, est Noël Mamère. Il a bien constaté que :

« Quand vous avez deux ministres de l’Écologie en un an qui sont virés comme des malpropres (…) vous êtes quand même en droit de vous interroger si vous devez continuer de jouer le rôle d’idiot utile ou faire tapisserie dans un gouvernement (…) qui n’a que faire de la transition écologique. »

Eh oui l’ancienne ministre de l’écologie s’était fait virée aussi… C’était en juin 2012, François Hollande venait de se faire élire (Nicole Bricq, débarquée du ministère de l’écologie par les industriels).

Tout cela est une insulte à la Nature qui subit de terribles assauts, chaque jour davantage !