« et Dieu ou la nature ne fait rien de mal »

Voir que certaines personnes accusent LTD d’être « religieux » parce qu’il est parlé de Gaïa ne peut faire que sourire quand on connaît l’histoire des idées. En effet, soit on croit en Dieu, soit on reconnaît la Nature, entre les deux il n’y a strictement rien…

La reconnaissance de la Nature est le véritable athéisme, et inversement le véritable athéisme est la reconnaissance de la Nature…

Voici quelques exemples très pertinents de Denis Diderot, tirés de son « Addition aux Pensées philosophiques ou Objections diverses contre les écrits de différents théologiens. »

III.

Lorsque Dieu de qui nous tenons la raison en exige le sacrifice, c’est un faiseur de tours de gibecière [sorte de sac dans lequel les escamoteurs, les joueurs de gobelets mettent leurs instruments, et qu’ils attachent devant eux quand ils font leurs tours] qui escamote ce qu’il a donné.

V.

Si la raison est un don du ciel, et que l’on en puisse dire autant de la foi, le ciel nous a fait deux présents incompatibles et contradictoires.

VI.

Pour lever cette difficulté, il faut dire que la foi est un principe chimérique, et qui n’existe point dans la nature.

VIII.

Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n’ai qu’une petite lumière pour me conduire. Survient un inconnu qui me dit : Mon ami, souffle ta bougie pour mieux trouver ton chemin. Cet inconnu est un théologien.

X.

Le mérite et le démérite ne peuvent s’appliquer à l’usage de la raison, parce que toute la bonne volonté du monde ne peut servir à un aveugle pour discerner des couleurs. Je suis forcé d’apercevoir l’évidence où elle est, et le défaut d’évidence où l’évidence n’est pas, à moins que je ne sois un imbécile ; or l’imbécillité est un malheur et non pas un vice.

XI.

L’auteur de la nature, qui ne me récompensera pas pour avoir été un homme d’esprit, ne me damnera pas pour avoir été un sot.

XII.

Et il ne te damnera pas même pour avoir été un méchant. Quoi donc ! N’as-tu pas déjà été assez malheureux d’avoir été méchant ?

XIII.

Toute action vertueuse est accompagnée de satisfaction intérieure ; toute action criminelle, de remords ; or l’esprit avoue, sans honte et sans remords, sa répugnance pour telles et telles propositions ; il n’y a donc ni vertu ni crime, soit à les croire, soit à les rejeter.

XVI.

Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants.

XVII.

Ôtez la crainte de l’enfer à un chrétien, et vous lui ôterez sa croyance.

XVIII.

Une religion vraie, intéressant tous les hommes dans tous les temps et dans tous les lieux, a dû être éternelle, universelle et évidente ; aucune n’a ces trois caractères. Toutes sont donc trois fois démontrées fausses.

XX.

Les faits dont on appuie les religions sont anciens et merveilleux, c’est-à-dire les plus suspects qu’il est possible, pour prouver la chose la plus incroyable.

XXI.

Prouver l’évangile par un miracle, c’est prouver une absurdité par une chose contre nature.

XXXVII.

In dolore paries (Genèse). Tu engendreras dans la douleur, dit Dieu à la femme prévaricatrice. Et que lui ont fait les femelles des animaux, qui engendrent aussi dans la douleur ?

XLI.

Dire que l’homme est un composé de force et de faiblesse, de lumière et d’aveuglement, de petitesse et de grandeur, ce n’est pas lui faire son procès, c’est le définir.

XLII.

L’homme est comme Dieu ou la nature l’a fait ; et Dieu ou la nature ne fait rien de mal.