Les religieux sont des « naturalistes hérétiques et schismatiques »

Puisqu’il vaut mieux avoir raison avec Diderot que tort avec les gens ne comprenant pas ce qu’est la Nature, voici des extraits très parlants de De la suffisance de la religion naturelle, de Denis Diderot .

Les religions, dans ce qu’elles peuvent avoir de bien, ne consistent alors qu’en une tentative – qui est un échec – de formuler les principes de la Nature.

Quand Diderot dit que les religieux, comme les païens, sont des « naturalistes hérétiques et schismatiques », il a tout à fait raison.

Les personnes ayant comme religion le judaïsme ou l’Islam, mais c’est vrai du catholicisme ou des païens (folklos ou fachos!), considèrent toutes vivre « en conformité » avec la réalité naturelle (d’où le casher, le halal, le refus de l’homosexualité, les rites, etc.).

 IX.

Cicéron, dit l’auteur des Pensées philosophiques, ayant à prouver que les Romains étaient les peuples les plus belliqueux de la terre, tire adroitement cet aveu de la bouche de leurs rivaux.

Gaulois, à qui le cédez-vous en courage, si vous le cédez à quelqu’un ? aux Romains. Parthes, après vous, quels sont les hommes les plus courageux ? les Romains. Africains, qui redouteriez-vous, si vous aviez à redouter quelqu’un ? les Romains.

Interrogeons à son exemple le reste des religionnaires, dit l’auteur des Pensées. Chinois, quelle religion serait la meilleure si ce n’était la vôtre ? la religion naturelle. Musulmans, quel culte embrasseriez-vous, si vous abjuriez Mahomet ? le naturalisme. Chrétiens, quelle est la vraie religion si ce n’est la chrétienne ? la religion des Juifs.

Et vous Juifs, quelle est la vraie religion si le judaïsme est faux ? le naturalisme. Or ceux, continuent Cicéron et l’auteur des Pensées, à qui l’on accorde la seconde place d’un consentement unanime et qui ne cèdent la première à personne, méritent incontestablement celle-ci.

X.

Cette religion est la plus sensée au jugement des êtres raisonnables, qui les traite le plus en êtres raisonnables, puisqu’elle ne leur propose rien à croire qui soit au-dessus de leur raison et qui n’y soit conforme.

XI.

Cette religion doit être embrassée préférablement à toute autre, qui offre le plus de caractères divins ; or la religion naturelle est de toutes les religions celle qui offre le plus de caractères divins ; car il n’y a aucun caractère divin dans les autres cultes qui ne se reconnaisse dans la religion naturelle, et elle en a que les autres religions n’ont pas, l’immutabilité et l’universalité.

XII.

Qu’est-ce qu’une grâce suffisante et universelle ? Celle qui est accordée à tous les hommes, avec laquelle ils peuvent toujours remplir leurs devoirs et les remplissent quelquefois.

Que sera-ce qu’une religion suffisante, sinon la religion naturelle, cette religion donnée à tous les hommes, et avec laquelle ils peuvent toujours remplir leurs devoirs et les ont remplis quelquefois ?

D’où il s’ensuit que non seulement la religion naturelle n’est pas insuffisante, mais qu’à proprement parler c’est la seule religion qui le soit ; et qu’il serait infiniment plus absurde de nier la nécessité d’une religion suffisante et universelle, que celle d’une grâce universelle et suffisante. Or, on ne peut nier la nécessité d’une grâce universelle et suffisante sans se précipiter dans des difficultés insurmontables, ni par conséquent celle d’une religion suffisante et universelle. Or la religion naturelle est la seule qui ait ce caractère.

XXIV.

Il faut rejeter un système qui répand des doutes sur la bienveillance universelle, et l’égalité constante de Dieu. Or le système qui traite la religion naturelle d’insuffisante, jette des doutes sur la bienveillance universelle et l’égalité constante de Dieu.

Je ne vois plus qu’un être rempli d’affections bornées, et versatile dans ses desseins, restreignant ses bienfaits à un petit nombre de créatures, et improuvant dans un temps ce qu’il a commandé dans un autre : car si les hommes ne peuvent être sauvés sans la religion chrétienne, Dieu devient envers ceux à qui il la refuse un père aussi dur qu’une mère qui aurait privé ou qui priverait de son lait une partie de ses enfants.

Si, au contraire, la religion naturelle suffit, tout rentre dans l’ordre, et je suis forcé de concevoir les idées les plus sublimes de la bienveillance et de l’égalité de Dieu.

XXV.

Ne pourrait-on pas dire que toutes les religions du monde ne sont que des sectes de la religion naturelle, et que les juifs, les chrétiens, les musulmans, les païens mêmes ne sont que des naturalistes hérétiques et schismatiques ?