« La Nature attend également la révolution »

Nous avons déjà parlé de l’association Dämmerung [crépuscule], qui en Allemagne a pris le relais du groupe « tierrechts-aktion-nord », actif pendant 25 ans. Leur manifeste est disponible ici: Théorie sociale, critique de l’idéologie et lutte de classe.

Voici leur initiative ayant lieu à Hambourg, les 8 et 9 novembre 2013, et qui montre une démarche et une approche que nous trouvons, de notre côté, bien entendu intéressantes.

Sur l’affiche, on lit : « La Nature attend également la révolution. »

Les rapports mondiaux sur la faim dans le monde de ces dernières années ou le scandale actuel quant aux œufs, tout cela indique clairement que sont discutés de manière critique dans l’opinion publique les excroissances de la production capitaliste de nourriture, en particulier celle de la viande.

Le véganisme comme « lifestyle » connaît un véritable boom, et les opportunités d’informer avec succès sur la misère du massacre industriel des animaux étaient bien plus faibles par la passé.

C’est, pour le mouvement des droits des animaux et de la libération animale, une situation favorable pour poser, ensemble avec les mouvements écologistes et sociaux, des exigences anticapitalistes radicales.

Mais cela ne se produit pas. Le mouvement des droits des animaux et de la libération animale ne dispose d’aucun concept de théorie politique, d’aucune analyse de la société et n’est pas clair quant au dénominateur commun avec d’autres mouvements de gauche.

Leur critique de la production de masse de la marchandise animal reste bourgeoise et morale et maintient à distance des approches anti-capitalistes – et à cela « l’antispécisme autonome » n’est pas une alternative.

Lorsque le mouvement est actif, il agit dans de nombreux domaines comme directement critique du système – mais il n’en est pas conscient.

D’autre part, les mouvements socialistes traditionnels ont souvent des réserves de principe contre le mouvement des droits des animaux et de la libération animale.

Il y a non seulement le fait qu’il est perçu comme un mouvement « à un seul thème », auquel manque la perspective de surmonter l’ordre social dominant, mais il y a également que la libération des animaux est totalement exclue de l’agenda de gauche.Cette distance mutuelle erronée est ce nous voulons réduire à notre académie.

Nous voulons faire comprendre pourquoi la libération des êtres humains et des animaux ne saurait être obtenue sans critique du capitalisme et pourquoi d’autre part, la critique du capitalisme n’est pas fondamentale si elle ne prend pas en compte le rapport à la nature (et les animaux, en particulier).

Dans les ateliers et les tables rondes avec des représentants des organisations de gauche, nous espérons identifier les dénominateurs communs et ainsi fonder les bases sur lesquelles peut être construite une politique concrète révolutionnaire, pour dépasser les conditions sociales dans lesquelles, depuis longtemps, il n’y a pas que l’être humain qui soit un être abaissé, asservi, abandonné, un être méprisable.

Le premier jour a lieu un débat sur le principe « one struggle one fight », sur le rapport entre la libération animale et l’extrême-gauche.

Samedi matin a lieu un atelier sur l’antispécisme autonome, avec la critique de la négation des rapports sociaux par l’antispécisme, qui se fonde sur un point de vue moraliste individuel et qui méconnaît la réalité des travailleurs de l’industrie de l’exploitation animale, les voyant unilatéralement comme des ennemis.

Ensuite ont eu lieu deux ateliers : un sur la situation de l’industrie de l’exploitation animale en Allemagne, un autre sur la morale révolutionnaire et la politique anticapitaliste.

Le soir a lieu une conférence sur le mouvement pour la libération animale et la gauche, ensuite différents concerts, avec notamment Albino (voir son interview ici).