En parlant des animaux de compagnie, le philosophe américain Gary Francione considère qu’ils ne sont pas naturels, et que donc, ils ne devraient pas exister. Nous avions déjà abordé cette question (Francione et la vision des « animaux de compagnie » dans une nature « statique »)
Regardons de manière plus spécifique la question des chiens. En effet, les chiens ne sont pas liés aux humains depuis la grande période de domestication, marquée également par l’agriculture. Les chiens sont liés aux humains depuis que ceux-ci existent sous notre forme passée la plus proche, il y a plus de 10 000 ans.
Les chiens, ce sont les loups qui profitaient des restes de la chasse menée par les humains, et il y a eu symbiose…
Voici ce que nous raconte Jean-Denis Vigne, archéologue et biologiste, dans son petit ouvrage « Les débuts de l’élevage », en 2004.
« La présence des chiens domestiqués est attestée à partir de 18 000 à 12 000 avant J.-C. Cette période correspond aux cultures de la fin du Paléolithique supérieure, principalement la culture magdalénienne en Europe occidentale – la culture des derniers grands chasseurs des temps glaciaires – et la culture natoufienne au Proche-Orient (…).
La domestication du chien n’a pas été le premier événement d’une longue série comme on se plaît souvent à le dire. Les groupes humains qui ont domestiqué le chien n’ont pas forcément évolué vers la pratique de l’élevage des bovins, porcins, ovins ou caprins et, pour ceux qui l’ont fait, les deux événements, distants de plusieurs millénaires, apparaissent finalement déconnectés l’un de l’autre.
Le chien fut, durant plus de cent siècles, le compagnon des derniers chasseurs des temps glaciaires, les Magdaléniens ou les Natoufiens, et de leurs descendants du début de l’Holocène, les Mésolithiques, sans qu’aucune de ces cultures ne songe, apparemment, à domestiquer d’autres animaux.
Bien des groupes modernes de chasseurs-cueilleurs (en Australie ou en Nouvelle-Guinée, par exemple) possèdent encore des chiens sans pratiquer l’élevage alimentaire.
Cela que la domestication du chien est d’une autre nature que celle des animaux de rapport: dans ces temps anciens, elle est associée à la chasse et au mode de vie des chasseurs, non à l’élevage.
En outre, lorsque bien plus tard, est né l’élevage des animaux
à viande et à lait, le chien a conservé cette vocation majeure d’animal associé à la chasse et à la défense; ce n’est en effet que beaucoup plus tardivement, aux temps historiques, que la conduite des troupeaux lui a été confiée. »
Quand on lit cela, il y a une conclusion très simple: les chiens vivent désormais avec les humains. Les humains doivent donc les assumer, d’ailleurs ce qu’il faudrait, c’est une étude pour voir à quel moment il y a une rupture dans la coopération, à quel moment les chiens ont été dévalué pour l’humanité par rapport à avant: sans doute au moment de la domestication, puis lorsque le chien a été moins vital pour la survie.
Il faudrait également voir dans quelle mesure les chiens ont été victimes par la suite de l’égocentrisme consommateur (les fameuses semi-vérités du « chien sa memère », le coup du chien « ressemblant » à son propriétaire, etc.).
Il y a ici un grand horizon de réflexion pour le véganisme !