Conférence environnementale : transition énergétique ou transition écologique ?

Si la Conférence environnementale du gouvernement n’a abouti à rien, c’est pour une raison de fond, une raison française : la négation de la Nature, qui existe dans notre pays.

Si on est passé de la transition écologique à la transition énergétique, c’est parce que sur le plan écologique, il n’y a pas de contenu.

Il suffit de voir les communiqués d’EELV pour voir qu’il est en fin de compte surtout parlé de questions sociales et énergétiques, voire d’environnement, c’est-à-dire de pollution, mais jamais de la Nature.

Or, l’écologie c’est la défense de la Nature, pas simplement du paysage, pas plus que ce n’est simplement une question de refus de la pollution, par souci pour l’humanité future.

Voilà pourquoi la Conférence environnementale est nulle : elle n’aborde pas les grands thèmes authentiquement écologistes, notamment le fait que les villes s’étalent sous des formes rurbaines… alors que c’est une question brûlante !

En France, chaque jour, la ville – y compris sous sa forme rurbaine ou périurbaine, banlieusarde, etc. comme on voudra – engloutit 165 hectares de terrains agricoles et de milieux naturels.

Pour utiliser une métaphore, on peut dire que les terrains de golfe et les pavillons sont à l’offensive… Voici une photo montrant bien le triomphe des « lotissements. »

Alors, bien sûr, le rêve du pavillon est présent chez pratiquement tout le monde pour des raisons également compréhensibles parfois : les villes sont invivables, les transports en commun un calvaire, la vie en commun rendu difficile par la pauvreté et sa violence, etc.

Seulement les lotissements n’apportent pas que des solutions, et en tout cas pas du tout la solution dont on a besoin… Car le pavillon est une catastrophe énergétique, il avale la Nature, il produit l’isolement culturel, pour les jeunes c’est un enfer d’ennui…

Est ici intéressant la remarque du ministère du Développement durable (qui s’occupe aussi de l’écologe, de l’énergie, de l’équipement et des transports), dans l’article Etalement urbain et artificialisation des sols en France de 2010 :

« Aujourd’hui, nombreux sont les nostalgiques de la ville-centre compacte du Moyen Age, fustigeant les banlieues-dortoirs et les barres HLM nées des Trente Glorieuses. »

Si la nostalgie nous sommes totalement contre, force est de constater que les centre-villes d’Amsterdam, Stockholm, Paris ou Barcelone font davantage rêver que justement les banlieues-dortoirs de n’importe quelle grande ville française… Et ce n’est pas pour rien : les bâtiments ont un style, la vie culturelle est présente, les interactions humaines sont possibles, etc.

Bien entendu aujourd’hui, comme d’ailleurs hier, tout cela est pour les riches, et il y a même la marche forcée des grandes enseignes, qui fait qu’on trouvera forcément un Starbucks et un Mc Donald précisément dans les centre-villes des grandes métropoles…

Et en plus, bien naturellement, il y a la question de la Nature, car les villes sont nées au Moyen-âge en tournant le dos à la Nature, puisqu’elles ont été fondées par des commerçants pour y tenir leur marché à destination des paysans. Dans les villes, on étouffe! Il manque la combinaison avec la Nature… Ce n’est pas pour rien que nos villes sont en droite ligne, sans heurts, des villes du Moyen-âge justement…

Mais il y a quelque chose de plus parlant que des barres HLM, évidemment ! Et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les gens qui votent Marine Le Pen le font aussi par peur d’être déclassé, se précipitant dans la petite propriété pour s’imaginer éviter la pauvreté (alors que l’entretien d’un pavillon coûte très cher!), et puis bien entendu pour éviter l’environnement du tout béton…

Toute personne dira qu’avec son pavillon, elle veut son fameux « lopin de terre »… Ce qui est clairement une exigence dévoyée de Nature. D’ailleurs, alors que 2/3 des logements neufs sont des pavillons, celles qui se situent dans un lotissement ne forment que 35 % du tout.

Un exemple inverse très parlant également : on sait que de 1990 à 2000, l’urbanisation a été trois fois plus grande sur le littoral qu’ailleurs. On s’installe au bord de la mer pour, en quelque sorte, la Nature, et on s’inscrit dans un phénomène de bétonnage…

C’est le paradoxe : on veut être loin des gens, mais en même temps quand même avec, on veut la Nature mais aussi la culture du centre-ville… Plein de rêves contradictoires, qu’il faut comprendre, et que bien sûr la Conférence environnementale ne voit pas, ne comprend pas, car elle est seulement préoccupée de gérer les questions énergétiques futures du capitalisme… Alors que l’avenir qui nous attend, inévitablement, c’est la transition écologique!