Quand l’AFP prend la parole au nom de « l’écologie »

Les suites de la conférence environnementale prennent un tournant toujours plus bizarre et ridicule. Ainsi, c’est l’AFP qui a informé d’une « lettre » qui a été envoyé au ministère de l’écologie.

Les auteurs en sont le syndicat CGT (par ailleurs très farouchement pro-nucléaire) et six associations : les Amis de la Terre, la Fondation Nicolas Hulot, la Ligue pour la Protection des Oiseaux, Surfrider Foundation Europe, France Nature Environnement et Réseau Action Climat.

Et cette lettre, donc, n’a pas été rendu public. C’est-à-dire qu’on en connaît le contenu uniquement par le communiqué de l’AFP, repris tel quel par tous les médias.

Est-ce démocratique ? Est-ce populariser l’écologie ? Non, bien sûr, on est là dans les tractations, dans les affaires par en-haut. On est dans la fausse écologie, totalement incantatoire.

Car cette démarche par en haut est en rapport avec une nouvelle réunion ayant lieu dans une semaine, le 9 octobre. Il s’agit en l’occurrence d’une « séance » du « Conseil national de la transition écologique. »

Ce « conseil national » n’est bien entendu que facultatif, comme l’indique la loi dans le Code de l’environnement :

Le Conseil national de la transition écologique est consulté sur :

1° Les projets de loi concernant, à titre principal, l’environnement ou l’énergie ;

2° Les stratégies nationales relatives au développement durable, à la biodiversité et au développement de la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises.

Il peut se saisir de toute question d’intérêt national concernant la transition écologique et le développement durable ou ayant un impact sur ceux-ci.

Et ce « conseil national » est composé de telle manière à ce que les revendications soient bien encadrés.

Voici ce que dit le ministère à ce sujet :

Le CNTE, présidé par le ministre chargé de l’écologie, est composé de 50 membres répartis comme suit :
le président du Conseil économique, social et environnemental, membre de droit
le commissaire général au développement durable, membre de droit
un collège d’élus assurant la représentation des collectivités territoriales, comprenant 8 membres
un collège assurant la représentation des organisations syndicales interprofessionnelles de salariés représentatives au plan national, comprenant 8 membres
un collège assurant la représentation des organisations d’employeurs, comprenant 8 membres
un collège assurant la représentation des associations de protection de l’environnement et des fondations ou organismes reconnues d’utilité publique exerçant, à titre principal, des activités de protection de l’environnement, comprenant 8 membres
huit membres au titre de diverses associations
huit parlementaires, qui voient ainsi leur présence renforcée par rapport au CNDDGE, où ils disposaient de deux sièges.

Pour que cela soit plus clair : les entreprises et les syndicats ont 8 sièges chacun.

Les collectivités territoriales (maires, départements, etc.) en ont 8, et deux autres sièges sont pris par des organismes para-étatiques : le Conseil Économique, Sociale et Environnemental et le Commissariat Général au Développement durable.

8 sièges sont accordées au Sénat, au Parlement et au Parlement européen, et 8 autres à divers organismes d’Etat (conférences des présidents des universités et de grandes écoles, chambres du commerce, de l’agriculture, etc.).

8 sièges sont données à ce qu’on peut considérer comme « les consommateurs » : UFC que choisir, chasseurs, pêcheurs, associations familiales, etc.).

Et enfin, il y a justement les six associations mentionnées plus haut, à quoi s’ajoutent deux autres (pour faire 8 comme dans les autres cas) : le WWF (World Wildlife Fund) et Humanité et Biodiversité.

On ne va pas s’étaler dessus, mais rappelons que ces associations sont portées à bout de bras par les institutions, avec aussi les entreprises (L’Oréal aide financièrement la fondation Nicolas Hulot, Norauto aide Humanité et biodiversité, etc.).

Et il est facile de voir que ces associations « doivent » justifier leur place. Citons par conséquent ici ce fameux communiqué de l’AFP :

« Objectifs vagues », « peu d’engagements concrets », « moyens non précisés »…

« La feuille de route de la conférence environnementale » rendue publique le 27 septembre « ne nous paraît pas acceptable en l’état »

« Sur la grande majorité des sujets, la rédaction ne dépasse pas les bonnes intentions déjà maintes fois affichées », poursuivent les signataires qui dénoncent des « objectifs vagues, peu d’engagements concrets, chiffrés ou d’éléments de calendrier » et des « moyens non précisés ».

« Plus préoccupant encore, la feuille de route ne nous semble pas traduire une volonté politique forte d’engager résolument la France dans la transition écologique »

Autant dire que niveau contenu, c’est le flou artistique… C’est juste de la rhétorique pour faire « opposant constructif » et justifier sa place.

De plus, et il fallait s’y attendre, Europe Ecologie les Verts s’est alors mis de la partie, soutenant la dite lettre !

EELV a expliqué que :

EELV souscrit dès lors aux remarques formulées conjointement par six associations environnementales et par la CGT dans une lettre ouverte à Philippe Martin, ministre de l’Ecologie. EELV attire par ailleurs l’attention du gouvernement sur le caractère inédit d’une telle démarche conjointe, qui témoigne de la prise de conscience, au delà du mouvement écologiste, des enjeux économiques et de création d’emplois portés par la transition écologique.

Europe Écologie Les Verts réitère donc ses demandes de voir précisées, dans le cadre des instances de la conférence nationale de la transition écologique (CNTE), les mesures issues de la conférence environnementale.

La boucle est bouclée: ces gens font partie des institutions, qui d’ailleurs les porte à bout de bras financièrement et médiatiquement, mais ils font leur cinéma pour se présenter comme un groupe de pression.

Le pathétique résultat du 9 octobre en sera une triste preuve de plus.