« Cette nuit nous allons créer un nouvel interstice : les fenêtres deviendront des portes, les champs des routes vers la liberté »

Sur LTD, nous avons comme principe de toujours publier les communiqués de l’ALF en France, et parfois dans d’autres pays, mais jamais en tant que premier article. Nous considérons en effet qu’il faut éviter toute célébration romantique, dégradant la libération animale en du symbolisme.

Voici une exception confirmant la règle, en raison du fait que le communiqué (qui est italien) est long et aborde par ailleurs cette question, tout comme il rejette de manière explicite l’extrême-droite.

Soulignons également pour conclure que l’ampleur de l’action ne tient pas seulement en le « vol » de 407 cochons d’Inde, mais également en le fait de les placer.

Les personnes qui ont par exemple rendu leur nom public dans le soutien à « ALF le film » sont totalement « grillées » et ne peuvent, éventuellement, plus adopter de tels animaux sans risquer la vie de ceux-ci. C’est bien la preuve de l’hypocrisie de tout ce genre de choses.

Précisons aussi que le communiqué ne vient que d’être rendu public alors que l’action a eu lieu le mois dernier, pour des raisons bien entendu de sécurité.

Par ce communiqué, nous prenons la responsabilité de la libération de 407 cochons d’Inde de la ferme d’élevage « Bettinardi », située rue Cascinini à Alzate di Momo, dans la province de Novara, qui s’est déroulée le 5 septembre 2013.

Depuis plus de dix ans, la ferme de cochon d’Inde et de lapin possédée par Giuseppe Bettinardi fournit l’industrie de la vivisection, dans l’anonymat le plus complet.

Nous ne sommes pas surpris que juste après la libération, les médias ont tenté de cacher la vérité au sujet de ce complexe, décrit comme une « ferme d’animaux de compagnie. » Malheureusement pour Bettinardi, nous avons toutes les informations nécessaires pour révéler finalement ses liens avec les tests sur les animaux.

Bettinardi élève des lapins (principalement des « New Zealand white ») et des cochons d’Inde « Dunkin Hartley », un type de cochon d’Inde exclusivement utilisé pour des méthodes de recherche.

Nous sommes parvenus à recueillir des informations sur les innombrables expérimentations cruelles de « recherche fondamentale » dans différentes universités italiennes et nous savons de manière certaine que cette ferme fournit sur une base régulière les universités de Milan et de Pavie.

Nous avons connaissance d’expérimentations dans lesquelles des cochons d’Inde élevés par Bettinardi ont été tués uniquement pour retirer des bandes de muscles de leur estomac, afin de voir si ceux-ci pouvaient être stimulés électriquement, dans la tentative d’établir si le médicament « Levolsulpiride » avait ou non un effet procinétique (ce qui signifie qu’un certain médicament est capable d’activer la fonction motrice de l’intestin).

Durant deux autres expérimentations, la cage thoracique de 40 lapins venant de cette ferme ont été ouverts, une canule a été insérée à l’intérieur alors que les animaux étaient encore vivants et conscients, et une solution spéciale a été injectée dans leurs poumons.

Les animaux ont finalement été tués, afin que les échantillons liquides de leurs poumons puissent être collectés durant la recherche sur le fonctionnement de cet organe.

Durant deux autres expériences, cette fois juste il y a quelques mois, 38 puis 22 lapins élevés dans ce complexe ont été tués par exsanguination (ce qui signifie que leur gorge a été tranchée et qu’on les a laissé se vider de leur sang jusqu’à la mort), seulement pour que les vivisecteurs puissent enlever leur cage thoracique et leurs poumons dans une expérience sur la lubrification du système respiratoire.

Ce sont seulement quelques exemples d’expériences que cette ferme a rendu possible en fournissant les laboratoires au fur et à mesure des années.

Même si une partie du mouvement, et la plupart des gens, se concentrent souvent sur les autres animaux utilisés dans la recherche (comme les chiens ou les singes), les espèces plus petites sont toujours le plus utilisées dans la vivisection.

Rien qu’en Italie, 13870 cochons d’Inde sont utilisés en moyenne par les laboratoires chaque année, alors que le nombre moyen de chiens utilisés est de 950.

Les réactions sont souvent plus fortes quand nous parlons des chiens, probablement parce que les gens peuvent plus facilement se relier avec ces animaux, ou simplement parce qu’ils leur semblent plus familiers.

Mais les individus souffrant et mourant à l’intérieur des laboratoires de recherche sont bien plus nombreux et notre lutte vise à la libération de tout un chacun d’entre eux.

La vivisection, à l’intérieur d’un système capitaliste et mondialisé comme le notre, représente un des secteurs de l’exploitation animale le plus profitable, pour une des industries les plus puissantes du monde : l’industrie pharmaceutique – chimique.

La confiance aveugle dans le progrès scientifique et technologique, poussée en avant par les chercheurs et les multinationales, c’est l’expression ultime de la mentalité capitaliste et anthropocentriste.

Cette idéologie, qui se présente à nous comme un chemin inévitable de l’espèce humaine vers une supposée amélioration de nos conditions de vie, est utilisée comme justification pour la domination sur la nature, la torture et le meurtre d’innombrables animaux non-humains, mais également d’être humains utilisés comme « objets de recherche » dans les pays pauvres, les prisons ou les hôpitaux psychiatriques.

La ferme Bettinardi se compose de deux bâtiments centraux reliés l’un à l’autre, formant une structure divisée en plusieurs sections, certaines étant utilisées pour les lapins et une pour les cochons d’Inde.

Tous les lapins emprisonnés dans cette ferme sont gardés dans d’étroites cages vides, où ils n’ont pas la possibilité de se tenir debout, de se retourner ou de faire un quelconque mouvement.

La plupart des cochons d’Inde sont gardés dans des boîtes en bois en groupes relativement grands, alors que des petits nombres d’animaux sont enfermés dans des cages en plastique, en groupes de 3 à 5.

Dans aucun des endroits où les animaux vivent, ils n’ont la possibilité de trouver aucun type de refuge, alors même que c’est un de leur besoin primaire ; ils sont forcés à demeurer constamment exposés ce qui est une énorme source de stress.

Durant la libération, nous avons trouvé l’évidence de procédures de chirurgie sur les animaux déroulées déjà dans la ferme elle-même. Beaucoup de cochons d’Inde ont des cicatrices ou des plaies récentes sur des parties du corps.

Ces animaux ont été gardés dans une partie séparée de la pièce, ensemble avec d’autres avec des zones rasées sur le dos ou des marques d’identification sur leur pelage.

Nous avons choisi de décrire ces conditions pour révéler les horreurs de cela, comme dans toute autre ferme d’élevage, mais nous n’éprouvons pas d’intérêt pour les tailles des cages, puisque nous visons pour rien de moins que la destruction de la cage elle-même.

Le foyer des propriétaires est une grande maison de campagne située juste à quelques mètres des hangars. Tout autour il y a d’autres maisons et des champs, que l’on traverse pour atteindre la ferme. L’herbe touche nos jambes lorsque l’un derrière l’autre, nous prenons un chemin non tracé.

Les animaux n’ont pas d’issue qui leur est accordée, mais cette nuit nous allons créer un nouvel interstice : les fenêtres deviendront des portes, les champs des routes vers la liberté. Nous donnerons un air frais à nos rêves et aux animaux qui ne savent pas encore ce que c’est.

Combien y en aura-t-il ? Serons-nous en mesure de prendre beaucoup d’entre eux ? Auront-ils peur ?

Nous, nous avons peur, nous ne sommes pas des héros au sang-froid avec un cœur sans peur. Les doutes et les erreurs sont présents, mais la rage est trop grande, la haine trop forte. Rien ne peut enlever la volonté d’agir, afin que nos ennemis commencent à être ceux qui ont peur.

En nous rapprochant de la ferme, nous voyons une étoile filante, pour le moment juste un vœu : revenir sains et saufs, avec beaucoup et beaucoup de museaux autour de nous.

Une personne pour surveiller prend position pour vérifier les mouvements à l’intérieur de la maison et durant l’action nous bougeons en essayant de minimiser le bruit, alors qu’à l’intérieur quelqu’un allume la lumière et l’éteint, regardant un écran, ignorant de ce qui se passe juste à quelques mètres.

Pour couvrir un peu le bruit de nos mouvements et les sifflements de cochons d’Inde, il y a le système de ventilation de la ferme et de temps en temps l’aboiement du chien du propriétaire, ou d’un des voisins, ou encore le bruit d’un train passant au loin.

Nous enlevons la moustiquaire d’une fenêtre, sur la face arrière du hangar, du côté opposé de la maison, que nous avons repéré dans la préparation de l’action. La fenêtre est haute de plus de deux mètres, aussi nous plaçons deux escaliers, un à l’extérieur et un à l’intérieur de la pièce, où des centaines de cochons d’Inde sont emprisonnés.

Une fois dedans, nous nous familiarisons avec l’environnement nous commençons immédiatement à remplir les containers que nous utiliserons pour le transport des animaux.

La nuit avant l’action, notre groupe a discuté longtemps quant à la possibilité de libérer également certains lapins, mais pour des raisons pratiques nous avons été amené à une décision extrêmement difficile.

En fait, en raison de la dimension étroite de la fenêtre, d’où nous prenions les animaux, ainsi que des conditions particulières dans lesquelles notre action se menait, nous avons choisi d’enlever le plus grand nombre possible d’individus, et cela signifie, pour des raisons évidentes de temps, d’espace et de poids, de se concentrer sur les cochons d’Inde, réussissant finalement à vider pratiquement tout le hangar.

Nous sommes véritablement désolés de ne pas avoir pu tous les libérer. Ceux qui sont venus avec nous sont maintenant dans des foyers sûrs, avec tous les soins nécessaires, ils auront tout le temps du monde pour oublier la ferme et ils ne connaîtront pas les froides mains des vivisecteurs.

Avant de partir, nous avons laissé un message à Bettinardi, écrit à l’intérieur, sur les murs du hangar presque vidé : « Leur cauchemar est fini, le tien a juste commencé », signé ALF avec A dans un cercle.

Et maintenons, fuyons d’ici avant l’aube ! Nous courons, mais lentement… Parce que 407 cochons d’Inde sont plutôt lourds !

Une fois que nous sommes en sûreté, nous nous regardons, nous voyons un millier d’yeux, et il n’y a pas de doutes : l’ALF a de nouveau gagné.

Cette libération, comme toute autre action directe, ouvre des brèches de liberté que le système n’est pas en mesure de recouvrir, frappant directement la cible. L’action directe est un outil efficace, mais pas seulement cela, nous le revendiquons politiquement en tant qu’elle contient en soi une critique de l’exploitation et notre volonté de frapper en retour.

Les sabotages, les attaques et les libération sont hors de la triste dynamique de « l’activisme légale », nous montrant le potentiel subversif de nos rêves, et ce que nous pouvons réellement faire si nous décidons de nous placer sur la ligne de front.

Force et solidarité à ceux et celles qui, dans la lutte pour la libération animale et de la Terre, ont dû faire face avec la répression de l’État et résistent toujours.

Cette libération est dédiée à vous et à ceux et celles qui, avec la complicité de la lune noire sont en train de conspirer, d’être en mouvement en silence, afin de détruire avec rage la tranquillité de ceux qui violent, et d’ouvrir les cages avec amour.

Front de Libération Animale

PS : avec le nombre grandissant de personnes intéressées par la « question animale » en Italie, nous avons fait l’expérience du développement de quelques phénomènes inquiétants, dont nous sentons malheureusement la nécessité de parler dans cet espace.

En premier et surtout, nous voulons exprimer notre répulsion pour la tentative de groupes et d’individus d’extrême-droite de détourner la « cause de la libération animale », essayant de devenir des porte-paroles de cela, en Italie et dans d’autres pays.

Les fascistes ont toujours essayé de voler et d’utiliser en leur faveur de nombreuses luttes sociales et de libération, de les déformer et de les vider de tout contenu, dans la tentative d’avoir davantage de suiveurs et de trouver de l’espace dans des environnements qui, historiquement, sont opposés à leurs idéaux fondés sur l’autoritarisme et la haine de ce qui est « différent. »

C’est leur devoir de toute personne qui véritablement se préoccupe de la lutte pour la libération animale de s’opposer, avec les mots, mais encore plus avec leurs actions et leur détermination, à tout type de fascisme.

Nous n’avons rien d’autre que de la haine et du dégoût pour les ministres « amis des animaux », les nazis habillés comme des black blocks et ceux utilisant le nom ALF pour déformer la vérité quant à son histoire et ses racines antifascistes.

PS2 : Une autre problématique est représentée par un nombre grandissant de sites internet ou de profils de réseaux sociaux qui apportent de la confusion quant aux contenus de la lutte pour la libération animale et à la théorie de la base de l’action directe, par l’intermédiaire d’une représentation grotesque d’un « commando de héros aux masques noirs. »

Ce sont principalement deux de ces plate-formes qui ont attiré notre attention : le site fronteliberazioneanimale.weebly.com et leur profil « ALF – Fronte Liberazione Animale Italia. »

Ces gens sont allés tellement loin qu’ils ont commencé à demander de l’argent pour d’hypothétiques campagnes de soutien aux prisonniers, mais aucun centime n’est jamais arrivé à personne en prison.

Leur « relation presse » est une arnaque et le niveau le plus bas a été atteint quand ils ont diffusé de fausses informations quant à un prisonnier qui n’a jamais existé, avec comme seul but d’obtenir davantage de dons.

Pour nous, vous n’êtes rien d’autre que des ennemis, vous n’êtes pas différent des mouchards et de ceux qui violentent les animaux et vous méritez le même traitement. Ne publiez pas, ne partagez pas de communiqué, vous n’êtes pas une composante de cette lutte.