« Moi j’ai besoin de manger » : c’est ainsi qu’un employé des abattoirs du groupe Gad, à Josselin dans le Morbihan, a justifié sa participation à l’intervention musclée pour briser le blocage organisé par les grévistes de l’abattoir de Lampaul-Guimiliau dans le Finistère, qui lui doit fermer.
« Je ne veux rien savoir, je n’y suis pour rien » dit-il encore, alors que par la suite lui et ses collègues (à peu près 200) forçaient le barrage de manière musclée, jetant par la force, violemment, la soixantaine de bloqueurs venus de l’autre usine, puis formant une chaîne humaine de 200 ouvriers pour empêcher le blocage et laisser passer les camions.
Cela signifie que ces ouvriers ont choisi d’écouter leur patron, de dégager manu militari leurs collègues eux licenciés et de reprendre comme si de rien n’était leur activité meurtrière. C’est dire le désespoir pour sauver son job, mais aussi surtout l’individualisme le plus complet et la soumission à l’exploitation animale, le capitalisme en général.
Dans le genre catastrophique, honteux et traître, il est difficile de faire pire que d’abandonner ses propres collègues de travail pour ouvertement sauver sa propre peau…
Les ouvriers licenciés du Finistère ont alors bloqué une route, puis passé la nuit devant l’abattoir en étant rejoint par d’autres venus par la suite. Et ce sont les gendarmes qui surveillent les deux « camps » ouvriers pour éviter les affrontements…
Mais ce n’est pas tout ! Car si Gad ferme un abattoir et supprime 889 postes (sur 1700), le matériel de celui-ci va aller à l’autre.
Et les personnes qui vont s’occuper de cela, ce sont… des intérimaires venant de Roumanie, au nombre d’une centaine.
Gad justifie cela en disant dans un communiqué :
« Les emplois proposés dans les abattoirs sont des emplois difficiles, physiques, qui attirent malheureusement peu. »
On voit bien que personne ne veut travailler dans un abattoir, et que ceux qui le font n’ont pas le choix. L’exploitation animale est tellement absurde qu’elle doit utiliser des moyens de pression très grands pour exister.
Et on voit comment l’aliénation est forte. L’intervention anti-bloqueurs à l’abattoir de Josselin est une honte, une infamie, qui exprime une soumission complète au chantage à l’emploi. Déjà qu’il n’y a pas de dignité dans un tel travail, là on touche le fond !
C’est quelque chose dont il faut se rappeler, pour avoir une critique radicale des abattoirs, cette monstruosité qui engloutit la vie. Ce système ne tient tout simplement pas, il n’existe que comme fuite en avant, par la pression toujours plus grande sur les animaux et les travailleurs, il court à sa perte.
D’ailleurs on peut être certain que le second abattoir de Gad ne tiendra pas longtemps non plus, et que les anti-bloqueurs deviendront eux-mêmes des victimes des patrons qu’ils ont soutenu de manière totalement honteuse.
Le système de l’exploitation animale est ce qu’il est et il n’y a aucune raison que cela s’arrête ; la course au profit est toujours plus grande, la quantité de « viande » vendue à l’échelle mondiale est toujours plus grande.
C’est une course folle à l’exploitation, au meurtre, jusqu’à l’effondrement.