Pas sérieux, velléitaire et mensonger : voilà les termes qui décrivent de manière adéquate le médiatique « manifeste » non vegan appelant à changer la juridiction française concernant les animaux.
Velléitaire, car ce manifeste lancé par la fondation 30 millions d’amis ne changera strictement rien. Ce n’est pas le droit qui change la réalité, mais la réalité qui change le droit.
On est là dans la pose intellectuelle, pas dans une démarche militante exigeant la morale et la victoire. D’ailleurs, ici rappelons le, disons le haut et fort : on n’a pas le droit de parler de la cause animale avant d’être soi-même vegan. C’est sinon de l’hypocrisie, du mensonge, une insulte aux animaux.
Or, on voit facilement à la liste qu’il s’agit de gens venant de l’univers feutré de la bourgeoisie bien tranquille, bien comme il faut, un univers pas vegan pour un sou, voire même ouvertement anti-écologie comme avec Luc Ferry…
Et ce manifeste est mensonger, car s’il prétend être pour les animaux, il est dit que ceux-ci seraient « entre les personnes et les biens. » Cela veut dire quoi ? Que les animaux sont des semi-personnes ? Des semi-biens ?
Ce manifeste n’a qu’un but : tenter d’arrondir les angles, afin de contrer l’inévitable mouvement à venir, celui de la libération animale et de libération de la Terre, qui va fracasser l’ordre dominant et renverser des valeurs criminelles, exprimant les besoins d’une planète qui en a assez des destructions et de l’exploitation !
Les animaux sont encore définis par le Code civil comme des choses, sur lesquelles l’homme peut par conséquent exercer un droit absolu.
Nous n’ignorons pas que toute tentative de faire évoluer cette classification se heurte à la force des habitudes et soulève invariablement des objections d’ordre économique.
Nous l’ignorons d’autant moins que c’est le cas chaque fois qu’est réclamée la légitime considération due à un groupe exploité ou opprimé.
Certes, les animaux ne sont pas des êtres humains. Ce n’est pourtant pas la proclamation d’une dignité métaphysique, mais certains attributs – capacité à ressentir le plaisir et la douleur notamment – que les humains partagent avec au moins tous les vertébrés, qui enracinent les droits les plus fondamentaux.
Et bien que dans diverses réglementations françaises et européennes les animaux soient reconnus pour leur qualité d’ « êtres sensibles », encouragées en ce sens par les progrès de la connaissance scientifique, ils demeurent de manière de plus en plus contradictoire des biens meubles dans notre Code civil.
POUR QUE LES ANIMAUX BÉNÉFICIENT D’UN RÉGIME JURIDIQUE CONFORME À LEUR NATURE D’ÊTRES VIVANTS ET SENSIBLES ET QUE L’AMÉLIORATION DE LEUR CONDITION PUISSE SUIVRE SON JUSTE COURS, UNE CATÉGORIE PROPRE DOIT LEUR ÊTRE MÉNAGÉE DANS LE CODE CIVIL ENTRE LES PERSONNES ET LES BIENS
Christophe André, psychiatre et psychothérapeute
Florence Burgat, philosophe
Didier van Cauwelaert, écrivain
André Comte-Sponville, philosophe
Boris Cyrulnik, éthologue et neuropsychiatre ;
Didier Decoin, de l’Académie Goncourt
Philippe Devienne, vétérinaire et philosophe
Luc Ferry, philosophe
Alain Finkielkraut, philosophe
Elisabeth de Fontenay, philosophe
Irène Frain, écrivain
Marie-Angèle Hermitte, de l’Académie française
Jacques Julliard, historien et journaliste
Frédéric Lenoir, philosophe et écrivain
Jean-Pierre Marguénaud, professeur de droit
Edgar Morin, sociologue et philosophe
Michel Onfray, philosophe
Erik Orsenna, de l’Académie française
Pierre Rahbi, philosophe
Hubert Reeves, astrophysicien et président de Humanité et Biodiversité
Matthieu Ricard, docteur en génétique cellulaire
Danièle Sallenave, de l’Académie française
Enrique Utria, philosophe
Frédéric Vitoux, de l’Académie française