Fin de la conférence de Varsovie sur le réchauffement climatique

Cela devait être la fin du début de la lutte contre le réchauffement climatique, en pratique c’est le début de la fin. La conférence de Varsovie, en Pologne, sur le réchauffement climatique, avait comme but de préparer « la » grande conférence, celle de Paris en 2015 : ce qu’on a vu c’est une incapacité complète à prendre des décisions.

En pratique, la conférence avait mal commencé : le gouvernement polonais a été modifié et le ministre de l’environnement de Pologne, Marcin Korolec, s’en est fait éjecté ! Alors qu’il présidait la conférence ! C’est un sacré symbole…

Dans le même genre, l’Australie et le Japon ont directement annoncé qu’ils ne respecteraient pas leur engagement et que leur production de Co2 allait se renforcer… Cela donne le ton !

Bien entendu, les irresponsables chargés du débat – 190 responsables gouvernementaux, 800 membres d’association – ont perpétué leur tradition de donner le change.

Ainsi, la conférence s’est terminée hier soir, au lieu de vendredi soir, histoire d’arriver coûte que coûte à un accord. Sur le papier, la carte est encore de faire semblant, pour faire croire à l’humanité que des responsabilités sont prises.
La commissaire européenne au Climat, Connie Hedegaard, a ainsi osé dire :

« Cela a demandé beaucoup d’efforts, il y a eu beaucoup de drames et des intérêts différents, mais à la fin, les gens ont vu qu’il y avait un vrai risque si nous ne faisions pas les progrès dont nous avions tellement besoin. »

Et bien entendu, il y a des ONG pour claquer la porte vers la fin, de manière médiatique, afin de préserver leur maigre crédibilité et apparaître comme plus « volontaristes. »

Du pur cinéma, de l’hypocrisie de haute voltige, surtout quand on sait que parmi les sponsors de la conférence on trouvait des producteurs de charbon et de pétrole…

Car bien sûr, en réalité tout le monde s’en moque et l’objectif est d’ailleurs simplement de limiter la casse du réchauffement climatique, sans plus. D’ailleurs, les responsables des 190 pays ont fabriqué une sorte de texte n’engageant à rien mais disant que, cette fois ce serait sûr, la prochaine fois serait la bonne !

En fait de prochaine fois, cela sera plutôt, comme dit plus haut et selon ces sires à la triste figure, lors de la conférence de Paris, en 2015. Auparavant, il y en aura une au Pérou, en 2014, mais apparemment cela n’intéresse personne, la conférence de Paris étant censée être « la » conférence ultime, et il s’agit donc de vendre du rêve.

Que sera-t-il dit au Pérou ? Il n’en est pas parlé, il n’en est jamais parlé, c’est tout simplement passé sous silence.

Le fait est que tout le monde sait que le « rêve » d’une lutte contre le réchauffement climatique est bien limité, et il ne faut pas croire d’ailleurs qu’à Varsovie on ait parlé de la Nature.

Non, on a parlé profit. Les pays servant d’usines du monde du moment, comme la Chine et l’Inde, refusent tout abaissement de leur production de Co2.

Les autres pays pauvres du « Sud » s’aperçoivent que les transformations écologiques vont leur coûter très cher, et que les fonds de soutien sont inexistants ; le négociateur du Bangladesh, Qamrul Chowdhury, a ainsi simplement expliqué que « Cette conférence devait être la conférence des finances. Tout ce qu’on a, ce sont des cacahuètes. »

Le texte de la conférence de Varsovie appelle de fait chaque État à préparer pour mars 2015 des « contributions sans préjuger de leur nature légale » : cela signifie que tout cela reste virtuel.

Il ne s’agit pas d’engagements, fixes, assumés, non : seulement des contributions, sans même se soucier de si elles seront appliquées ou pas ! Aucun État n’est appelé à s’engager !

Ce qui n’empêche pas le ministre français du Développement Pascal Canfin dire que cette formulation ne serait pas « moins forte qu’un engagement. »

Il faut sacrément manier la langue de bois pour oser dire cela…

Et on voit mal comment le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon pourra convaincre, le 23 septembre 2014, les chefs d’État lors d’une conférence à New York, alors que le climat de concurrence et de guerre économique se sera encore plus renforcé…

Nous vivons un moment clef, un moment où l’humanité montre qu’elle est divisée, qu’elle ne sait pas comment surpasser sa division, que sa dynamique obéit au profit, à la logique du chacun pour soi, sans aucune reconnaissance de notre planète comme système global abritant la vie.

C’est, au sens strict, de la folie, un égocentrisme humain délirant, un anthropocentrisme à la fois criminel et aberrant. Il y a là toute une époque de résumée.