La « théorie du genre » à l’école primaire

La question du genre qui fait débat dans les écoles primaires montre encore une fois une chose assez flagrante… Nous vivons une époque pathétique, où les gens rationnels sont coincés entre l’ultralibéralisme « moderne » d’un côté et l’obscurantisme religieux et nationaliste de l’autre.

D’un côté, il y a les partisans fanatiques du capitalisme, qui voient tout avec les yeux de l’individu, supprimant toute notion de société, de culture, et évidemment de Nature. Ultra-libéruxl, ils disent même qu’on doit « choisir » son sexe, devenu un « genre ».

De l’autre, il y a les nostalgiques d’un passé idéalisé et de type religieux, ou encore nationaliste, qui prônent l’obscurantisme au nom du refus de l’ultralibéralisme.

Tous ces gens ont en commun de refuser le principe même de progrès et de cracher sur l’humanisme et les Lumières, de rejeter l’athéisme et la Nature. On n’est pas près de pousser l’humanisme jusqu’au bout, jusqu’au véganisme, avec tous ces gens…

Et comment s’étonner que les uns nourrissent les arguments des autres ? Il est tellement facile pour l’extrême-droite de critiquer la théorie du genre !

Voici un premier extraits de l’appel, justement, qui a lancé le mouvement de refus de l’école par les parents.

« L’heure est grave…

Le ministre de l’Education Nationale, Vincent Peillon, sur les traces de son prédécesseur Luc Châtel, veut généraliser et officialiser l’enseignement de la « théorie du genre » dans les écoles publiques et privées sous contrat à partir de la rentrée 2014.

Vincent Peillon nie totalement l’existence de ce prétendu projet pédagogique. Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, prétend elle aussi que la « théorie du genre » n’existe pas.

En réalité, cette théorie contre-nature, sous des formes diverses, intègrera définitivement les programmes officiels de l’Education Nationale à partir de la rentrée 2014 avec la complicité de plusieurs syndicats enseignants.

Des centaines d’écoliers sont déjà victimes de ces programmes à titre expérimental.

Sous couvert de « lutter pour l’égalité et contre les discriminations homophobes », l’Education Nationale considère que ces questions sont des priorités. C’est pourquoi désormais enseignants et militants LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transsexuels) abordent en classe l’homosexualité, la bisexualité et la transsexualité.

La pudeur et l’intégrité de nos enfants sont profondément attaquées par « la théorie du genre ».

Cette théorie prétend que nous ne naissons pas homme ou femme mais que nous le devenons à cause des pressions sociales. A leurs yeux, c’est la société qui « construirait » le genre masculin ou le genre féminin, la nature n’y serait pour rien.

Cette théorie dissocie ainsi notre corps sexué de notre identité de genre. Un homme qui se sent femme est du « genre féminin » peu importe son sexe…

Une femme qui se perçoit homme est du « genre masculin » indépendamment de son corps. Pour les tenants de la « théorie du genre », on peut être par exemple de sexe masculin et de genre féminin ! Ce ne serait au fond qu’une question de choix personnel ! »

Ce qui est dit là est vrai. Il est tout à fait exact que la théorie du genre existe de manière très développée, que les gens du Parti Socialiste nient qu’elle existe, et que cette pilule ultra-libérale où chaque personne devient sa propre « petite entreprise » est censée passer en douce.

Et là où en plus de la Nature, il y a un thème straight edge très important, c’est avec la question de la pudeur et de l’intégrité. Ce sont des termes très bien choisis.

Lorsque des vegans queer ont produit leur vidéo porno (en se moquant au passage de LTD), ils ne montrent aucune radicalité à part dans la crucifixion de leur propre dignité, de leur propre pudeur. En 1967 croire que le porno est libérateur peut à la limite relever du débat, en 2014 c’est ridicule d’ultra-libéralisme…

Voici par contre un second extrait de l’appel. On y voit que la défense des valeurs d’intégrité et de pudeur n’est qu’un paravent pour l’obscurantisme, pour le retour au moyen-âge.

Les collégiens et les lycéens eux-mêmes sont encouragés à douter de leur identité sexuelle sous prétexte qu’ils doivent être libres d’user de leur corps (…). L’Education Nationale entend mettre les parents devant le fait accompli.

Nous, Pères et Mères, sommes ainsi déclarés incompétents pour éduquer nos propres enfants. L’Etat veut s’en charger à notre place. Allons-nous accepter que l’école nous dépossède de ce qui nous appartient en premier lieu, à savoir l’éducation ? Nous devons protéger nos enfants. Coûte que coûte (…).

A partir de janvier 2014, retirons nos enfants de l’école un jour par mois : choisissez ce jour en concertation avec le comité local dont vous dépendez sans prévenir les enseignants. Vous justifierez l’absence de votre enfant le lendemain par le motif suivant : journée de retrait de l’école pour l’interdiction de la théorie du genre dans tous les établissements scolaires.

Nous, Pères et Mères, sommes les garants de l’innocence de nos enfants. Leur pudeur et leur intégrité sont leurs biens les plus précieux.

Nous, Pères et Mères, sommes les protecteurs de nos enfants. Nous en sommes les seuls responsables.

Nous, Pères et Mères, sommes les authentiques éducateurs de nos enfants, seuls légitimes à décider pour eux en attendant leur maturité.

Nous, Pères et Mères, aimons nos enfants et nous nous sacrifions chaque jour pour eux.
Nous, Pères et Mères, organisons une Journée de Retrait de l’Ecole (J.R.E.) une fois par mois pour sauver nos enfants.

Tout cela revient à nier la société et la culture, tout autant que la Nature, pour prôner comme valeur suprême la « famille », et plus exactement les « parents. » Ce qui revient en pratique à revenir au moyen-âge, voire à la tribu, bref à l’époque patriarcale la plus bornée, la plus violente.

La critique de la théorie du genre masque ici une apologie de la soumission des femmes au patriarcat.

Il n’est donc guère étonnant que cet appel ait eu du succès dans les structures familiales les plus arriérées, les plus patriarcales : celles liées à l’immigration turque ou maghrébine, ou encore gitanes.

Les journaux témoignent des réactions de type obscurantiste et arriéré, comme

« Est-ce que des associations gay et lesbiennes vont venir à l’école parler de sexualité? Allez-vous montrer des films porno? Est-il vrai que des juifs vont venir à l’école pour savoir si nos enfants sont des garçons ou des filles? C’est quoi la théorie de genre? »

Il n’est guère difficile de comprendre que ce sont dans ces mêmes couches sociales qu’on trouve la fascination pour la « radicalité » de Dieudonné…

Donc au final, on est coincé entre les ultra- « modernes » pour qui l’individu est au-dessus de la Nature, et les ultras-réactionnaires pour qui la Nature n’est qu’une création de Dieu et obéit aux lois patriarcales… On est coincé entre les moyen-âgeux et ultra-libéraux…

C’est glauque ! Et c’est une raison de plus d’affirmer la possibilité et la nécessité du progrès, des améliorations de la vie humaine dans la compréhension de son intégration dans la Nature en général, avec un pacifisme complet, une citoyenneté mondiale, un partage complet, le culte de la vie, de notre si belle planète…