Les 30 ans des Verts – EELV

On ne peut pas dire qu’on se soit cassé la tête à Europe Ecologie Les Verts, mais en même temps vu le bilan au bout de trente années, il n’y a pas de quoi pavoiser…

Enfin tout de même, on aurait pu s’attendre à au moins un petit document bilan, pas à un semble petit texte de trois phrases…

 

Il y a 30 ans, les 28 et 29 janvier 1984, des femmes et des hommes animé-e-s par les valeurs écologistes décidaient de créer un parti politique sous le nom des Verts. Bon anniversaire et bravo aux fondateurs et fondatrices !

En 2014, l’aventure continue.

Quelle aventure, on ne se le demande plus : EELV est un parti d’élus, collant au Parti Socialiste et tentant de grapiller ici et là quelques « trucs. » Ce que sont ces « trucs » est tout autant flou que les valeurs d’EELV.

Prenons par exemple José Bové, qui va être l’une des deux têtes de liste aux élections européennes, et comparons à la seconde tête de liste, Ska Keller. Cette dernière est végétarienne et considère que partout les végétaliens devraient disposer de la possibilité d’avoir un plat. Elle n’a aucun problème avec le véganisme. Imagine-t-on Bové faire cela ?

Le problème d’EELV est donc simple : c’est un parti de bobos et de partisans de la petite production, de gens n’en ayant rien à faire des animaux, ni même de la Nature comme le montre amplement la liste des documents d’EELV, qui n’en parle jamais…

Pourtant, comment un parti écologiste peut exister sans les animaux ni défense de la Nature ? Ce que n’ont pas compris les gens d’EELV en regardant vers les pays où les écologistes sont puissants et incontournables, c’est que justement la défense des animaux et de la Nature est un fond culturel puissant.

Les écologistes profitent de cette base arrière culturelle, traditionnellement forte dans les pays germaniques et nordiques (ou encore baltes). Les écologistes français, pétris de l’idéologie mécaniste de Descartes et d’opportunisme, ont contourné cette question… et ils ont brûlé leur propre identité écologiste.

Ne leur reste plus que les discours « sociétaux » en se posant à gauche du Parti Socialiste. C’est un opportunisme classique des gens qui n’ont rien à dire, qu’ils se prétendent écologistes ou même végans. A défaut de savoir parler des animaux et de l’écologie, on soutient les revendications sociétales et on s’intègre, doucement mais sûrement, au paysage réformiste traditionnel…

Il suffit de lire les documents disponibles en ligne des Verts avant EELV pour voir que dès le départ, tout est très étriqué dans la matrice ; il n’y a pas d’ambition complète de modifier l’ordre dominant.

Il n’y a pas de philosophie, ni de morale ; il y a des points de vue, souvent justes, parfois très « petite production », et dans tous les cas rien qui ne s’insère dans un plan général.

D’où le paradoxe, terrible, qu’alors que chaque jour l’écologie est une urgence impérative, quelque chose qui doit s’imposer, on a une dynamique écologiste portée par EELV qui s’effondre toujours davantage.

Le prix à payer va être énorme. Déjà sur le plan de l’écologie, mais également moralement. En refusant les exigences morales les plus strictes – et le constat est le même dans le mouvement pour les animaux – on a toléré le relativisme.

Cela ne peut amener que l’échec à court terme. Et un sacré degré de violence à l’avenir. Car parmi les prochaines générations, il y en a une qui va se lever, tapant du poing et en fin de compte renversant tout.

Cela sera un chamboulement complet, parce qu’il ne faut pas s’attendre à ce qu’un monde bétonné et fondé sur l’exploitation animale soit acceptable tant par les humains du futur, que par la planète… Ce qui se profile est une gigantesque convulsion.

Et c’est là qu’on verra si l’humanité a été une sorte de cancer finalement éradiqué, ou bien un outil produit pour une planète soucieuse de se préserver verte et bleue.