Quand des offrandes polluent une rivière indienne sacrée

Depuis le 1er septembre, les membres de l’ONG environnementale Yamuna Jiye Abhiyan http://www.yamunajiyeabhiyaan.blogspot.com/ surveillent les bords de la rivière Yamuna, à New Delhi, pour empêcher les hindous de jeter leurs offrandes dans la rivière.

Photos de divinités, pièces de monnaie, noix de coco etc. sont régulièrement jetées dans la Yamuna. Pushp Jain, membre de cette ONG,  tente de convaincre les hindous de lui remettre leurs offrandes  qui polluent la rivière.

Les deux principales occasions pendant lesquelles les hindous font des offrandes à cette rivière sacrée sont les festivals de Ganesh et de Durga. Des idoles colorées, mesurant plusieurs mètres de haut, faites de glaise et recouvertes de peintures contenant des éléments fortement cancérigènes, notamment du plomb, sont immergées dans la Yamuna. Une fois les statues plongées dans l’eau, le plomb se répand dans la rivière et ses affluents.

« Les éléments toxiques s’accumulent dans l’eau et contaminent les êtres humains à travers leur alimentation tout au long de l’année. Ces substances sont ensuite transmises de génération en génération » précise Fatma Tasneem, professeur d’écologie à l’université de Jamia Millia Islamia à New Delhi.

En 2006, ce sont en moyenne 200 tonnes de déchets par jour qui ont été déversés dans la rivière sacrée. Les offrandes, ces cadeaux empoisonnés, ne sont pas les seules responsables. Les industries situées aux alentours et le mauvais traitement des eaux usagées contribuent largement au taux de pollution très élevé de la Yamuna.

Dans un pays où la pratique religieuse est très forte, il n’est pas évident de faire comprendre que des offrandes puissent nuire à l’environnement : « La population comprend qu’il est nécessaire de lutter contre la pollution. Certaines personnes ont même accepté de nous remettre leurs offrandes, bien que la plupart aient refusé » raconte Pushp Jain.

La Yamuna, fille du dieu du soleil, est considérée comme une déesse. Certains croyants, comme ce brahmane (prêtre hindou) renoncent donc à leurs offrandes afin de la protéger. Pour lui, « La divine Yamuna doit être nettoyée. »

La preuve d’une certaine continuité des valeurs matriarcales opposées à l’appropriation barbare et destructrice, même au travers de la religion et ses fétiches.